En cours au Siège de l'ONU

FEM/1077

UNE VERITABLE PARTICIPATION DES FEMMES A TOUS LES NIVEAUX DE DECISION PERMETTRA DE MIEUX CIBLER LES STRATEGIES D'EGALITE ENTRE LES SEXES

29 février 2000


Communiqué de Presse
FEM/1077


UNE VERITABLE PARTICIPATION DES FEMMES A TOUS LES NIVEAUX DE DECISION PERMETTRA DE MIEUX CIBLER LES STRATEGIES D'EGALITE ENTRE LES SEXES

20000229

Les délégations ont continué, ce matin, de présenter les mesures prises par leurs gouvernements pour atteindre les objectifs fixés dans les douze domaines critiques identifiés lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, 1995). Cette Conférence a introduit une nouvelle conception de la promotion de la femme qui devient un véritable partenaire dans les efforts de développement. L'intégration de la femme dans le développement, comme l'a caractérisé la représentante de l'Afrique du Sud, a conduit les gouvernements à réfléchir à des politiques fondées sur les besoins véritables des communautés dont les femmes constituent le cœur. Dans le même esprit, plusieurs délégations ont encouragé une participation accrue des femmes à la vie politique, estimant que seules celles-ci sont en mesure d'élaborer des stratégies susceptibles d'améliorer réellement la condition de toutes les femmes. Ainsi, la représentante d'Israël a appelé à la solidarité entre les femmes. Les femmes élues devraient pousser des législations ouvrant plus largement les portes du pouvoir à d'autres femmes, a-t- elle suggéré. En excluant les femmes des processus de décision, on les prive de leur droit à décider elles-mêmes de leur avenir et à en assumer la responsabilité. Outre leur participation aux affaires publiques, le rôle des femmes dans l'élimination de la pauvreté, dans l'amélioration des prestations sociales et dans l'élargissement de l'accès à l'éducation, ont aussi été largement évoqués par les délégations.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Kazakhstan, Azerbaïdjan, Bolivie, Espagne, Ghana, Rwanda, Croatie, République-Unie de Tanzanie, Yémen, Afrique du Sud, Kenya, Namibie, Israël, Grèce et République dominicaine. Les Observateurs des organisations non gouvernementales suivantes sont également intervenus : Caucus des femmes de la région Asie-Pacifique, Caucus des femmes de la région d'Amérique latine et des Caraïbes, Caucus des femmes africaines, Caucus des femmes arabes, Commission économique pour l'Europe et l'Amérique du Nord, Caucus de la santé mentale et Caucus des femmes âgées.

En début de réunion, il a été annoncé que Mme Misako Kaji (Japon), Vice-Présidente de la Commission, assumait également les fonctions de Rapporteur.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

SUIVI DE LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES

Examen et évaluation approfondis de l’application du Programme d’action de Beijing

Débat général

Mme HEYZER, Directrice adjointe du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a estimé que pour rendre plus efficace l’évaluation de l’application du Programme d’action de Beijing et les mesures qui s’ensuivront, il convient de tenir compte du contexte de mondialisation de l’économie, qui est vu par certains non pas comme un agent du progrès mais comme une force approfondissant les inégalités dans la répartition des chances et des ressources. Il faut aussi tenir compte du phénomène de fragmentation par lequel le tissu social se désintègre entraînant un accroissement de la violence contre les femmes et les filles. La Directrice adjointe a, par la suite, insisté sur la nécessité de remettre au premier plan le sentiment de responsabilité qui seul conduira au renforcement de l’ordre du jour de l’égalité entre les sexes. Le défi actuel, a-t-elle estimé, est de rassembler un ensemble de meilleures pratiques des communautés et des pays en se concentrant sur celles qui ont permis de véritablement progresser dans le sens de la promotion de la femme. Il faut aussi renouveler l’engagement en faveur du Programme d’action de Beijing et apporter aux femmes un appui structurel adéquat par des réponses holistiques.

Mme MADINA JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a estimé que tous les organes du système des Nations Unies devraient participer au processus préparatoire de la session extraordinaire. La représentante a souligné l'importance du débat sur la coordination au sein du Conseil économique et social pour la promotion du suivi intégré des grandes conférences mondiales des années 1990. Un examen approfondi du suivi de la Conférence de Beijing permettra de lancer de nouvelles initiatives mieux ciblées en faveur de la promotion des femmes. La représentante s'est également félicitée du travail accompli par la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l'égalité entre les sexes et la promotion de la femme et a souhaité que celle-ci poursuive ses efforts.

Pour sa part, le Kazakhstan a fait de la santé, de l'éducation et du bien-être de ses citoyens des priorités. Des efforts sont déployés en vue de renforcer la participation des femmes dans tous les domaines. La situation des femmes reste toutefois complexe. En effet, la transition vers l'économie de marché a eu des effets néfastes sur leur situation. Ainsi, la santé des femmes ne s'est guère améliorée et les taux de mortalité maternelle et infantile restent élevés. La représentante a souhaité que la situation des femmes dans les pays en transition économique soit prise en considération lors de la session extraordinaire.

Mme LALA IBRAHIMOVA (Azerbaïdjan) a indiqué que dans son pays, un Comité d’Etat pour la promotion de la femme travaille en collaboration avec quelque 23 ONG. Elle a ensuite expliqué que l’application du décret présidentiel sur le renforcement du rôle des femmes dans la vie publique a été suivie par l’élaboration d’un Plan d’action en conformité avec le Programme d’action de Beijing. Se fondant sur ce document, le Comité d’Etat a lancé une Plate-forme nationale sur l’égalité des sexes dans le cadre du développement du pays. En janvier 1999, cette Plate-forme est entrée dans sa deuxième phase. Elle est essentiellement centrée sur le renforcement des capacités pour l’égalité des sexes. Les objectifs principaux incluent la création de centres sur l’égalité des sexes, l’initiation et l’appui à la recherche en la matière, la composition de cours de formation et la fourniture d’une assistance technique au Comité d’Etat. Malgré ses efforts, l’Azerbaïdjan continue de faire face à des problèmes graves dans le domaine économique et sur le plan de la stabilité avec l’occupation de 20% de son territoire. La majorité des réfugiés sont, en effet, des femmes et des enfants. La situation des filles – 947 pour 1000 garçons - continue d’être le problème principal du pays. Le Gouvernement est d’ailleurs en train d’étudier la mise sur pied d’un programme national sur “les enfants d’Azerbaïdjan”.

Mme JARMILA M. DE CERRUTO, Vice-Ministre des affaires relatives à l'égalité des sexes de la Bolivie, a indiqué que le Ministère auquel elle est attachée consacrait ses efforts à l'élaboration de politiques publiques visant à éliminer les discriminations à l'égard des femmes dans les domaines politique, économique et social. La Bolivie a été le deuxième pays à souscrire au Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La politique nationale en matière d'éducation prévoit l'égalité entre les sexes dans le respect des différences culturelles. Cette politique a permis de réduire le taux d'analphabétisme à 18% et d'assurer une scolarisation régulière dans les zones rurales. Une autre priorité a été l'élaboration et l'adoption de plans et de politiques de lutte contre la violence familiale et la violence fondée sur le sexe. Dans ce cadre, des Brigades de protection de la famille ont été créées dans les 9 départements du pays et il existe 42 Centres de services juridiques, 150 défenseurs de l'enfant. Une loi pour la protection des victimes de délits sexuels et une loi contre les agressions sexuelles sont, en outre, en cours de préparation.

La modification du Code électoral a permis aux femmes d'avoir un meilleur accès aux postes politiques et dans les partis, a poursuivi la représentante, indiquant que leur taux de participation dans ce domaine s'élève actuellement à quelque 30%. En matière de santé, le Ministère de la santé tient compte de l'égalité entre les sexes dans ses politiques de réforme du système. La violence est prise en compte comme étant un problème de santé publique. Une attention particulière est également donnée à la santé sexuelle des femmes et l'on cherche à promouvoir des comportements responsables. La lutte des femmes est la lutte de l'humanité tout entière. Les deux tiers des personnes pauvres dans le monde sont des femmes, a encore déclaré la représentante. Elle a invité les Etats Membres à adopter l'esprit de la Déclaration de Lima, contribution régionale à la session extraordinaire, qui réaffirme la volonté des pays d'Amérique latine et des Caraïbes d'éliminer les obstacles qui accentuent les inégalités, particulièrement celles fondées sur le sexe.

Mme DAVILA DEL CEBRO (Espagne) a indiqué qu’à la suite de l’adoption du Programme d’action de Beijing, son Gouvernement a approuvé une série de mesures visant à garantir l’égalité des chances entre les hommes et les femmes et à accélérer la lutte contre la violence domestique. Partant, la participation des femmes sur le marché du travail a augmenté notamment en raison de la création de 600 000 emplois pour les femmes et de 1134 entreprises dirigées par les femmes. Pour ce qui est de la lutte contre la violence, le Plan d’action, qui existe depuis trois ans, porte sur 6 domaines d’action, comprend 57 mesures et est financé à hauteur de 66 millions de dollars. En conséquence, le nombre de plaintes déposées par les femmes a augmenté de 16 000 en 1997 à 21 000 en 1999. Parallèlement, le pays a organisé 328 stages de formation auxquels ont assisté 13 000 professionnels. Les ressources allouées en la matière ayant augmenté, 200 refuges et centres d’urgence fonctionnant 24 heures sur 24 ont été établis et des services de police spécialisés dans l’assistance aux femmes battues ont été mis sur pied. Il n’en reste pas moins que seule une minorité de femmes touchées ose porter plainte. L’Espagne estime que l’entrée en vigueur du Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes permettra de renforcer ce type d’action et le texte du Protocole a donc été publié. Cette publication a été accompagnée par des séminaires d’explication organisés par l’Institut de la femme.

Mme CHARLOTTE C. ABAKA, Présidente du Conseil national sur les femmes et le développement du Ghana, a déclaré que l'habilitation des femmes que le Gouvernement du Ghana considère comme faisant partie intégrante du développement, constituait l'un des principaux objectifs du pays. Conformément à la politique de discrimination positive du Gouvernement, des bureaux de femmes ont été établis au sein des différents Ministères, Départements et Agences et un Bureau spécial a été créé dans le Bureau du Président avec à sa tête un Ministre d'Etat responsable de la coordination de la mise en œuvre de cette politique en faveur du développement des femmes et des fillettes. Des progrès ont été réalisés dans les douze domaines critiques identifiés à Beijing et, en particulier, dans les domaines de l'éducation, de la santé, du développement économique et de la réduction de la pauvreté, ainsi qu'en ce qui concerne les droits humains des femmes. Ainsi, la réforme du système de l'éducation a permis de renforcer l'éducation des filles à tous les niveaux. En matière de santé, une stratégie à moyen terme pour la prestation des services de santé a été mise en œuvre, en collaboration avec les secteurs privé et public ainsi qu’avec les ONG. Des soins médicaux gratuits sont donnés aux femmes enceintes, aux enfants de moins de cinq ans et aux personnes âgées. Cette politique a permis de réduire sensiblement les taux de mortalité maternelle et infantile. Les maladies sexuellement transmissibles sont traitées dans les services de santé génésique, a indiqué la représentante, tout en mentionnant la propagation rapide du VIH/sida auquel les femmes sont particulièrement vulnérables.

En ce qui concerne les efforts en faveur de l'habilitation économique des femmes, la représentante a mentionné la création de facilités de crédit. Le Programme national de réduction de la pauvreté cible à la fois les femmes rurales et urbaines. Des crédits et des programmes visant à développer l'esprit d'entreprise ont été lancés en faveur des femmes. Parmi les autres initiatives nationales, la représentante a aussi cité la signature du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes; l'adoption de mesures juridiques pour la protection des droits humains des femmes et des fillettes; l'interdiction des mutilations génitales et des pratiques de servitude rituelle; ainsi que le renforcement des peines infligées aux auteurs de viol. L'âge minimum du mariage a été fixé à 18 ans. La représentante a recommandé que la session extraordinaire se penche sur la question de la réduction des taux de mortalité maternelle et infantile.

Mme ANGELINA MUGANZA, Ministre pour le développement et l’égalité entre les sexes du Rwanda, a indiqué que les femmes dans son pays représentent 50% de la population et sont à 57% les responsables des ménages. 50% d’entre elles vivant en deçà du seuil de pauvreté, le Gouvernement a mis tout en œuvre pour promouvoir l’égalité des chances entre les hommes et les femmes en dépit des difficultés découlant du génocide. Ainsi, un Ministère pour l’égalité des sexes a été créé dont le mandat est de renforcer les capacités en travaillant de concert avec les acteurs clés. Le Ministère a facilité la création de centres d’intégration des femmes et lancé un programme d’égalité dans tout le pays. La question des femmes dans le développement fait l’objet d’un processus qui se déroule dans un cadre de coopération entre les Ministères concernés et la société civile. L’implication accrue des femmes dans le processus de prise de décisions a conduit à une augmentation de leur présence dans les instances publiques. Le processus de démocratisation étant lancé, le Gouvernement a décidé d’accorder aux femmes 30% des postes dans les administrations locales.

En ce qui concerne l’emploi bien rémunéré, la représentante a indiqué que les femmes ont pris l’initiative de créer leurs propres services de crédit; le Gouvernement aidant à la formation des gestionnaires. Le Gouvernement a dépensé plus d’un million de dollars pour la mise en œuvre de ces services qui visent les familles les plus pauvres qui n’ayant pas accès aux institutions officielles. Le Gouvernement a, en outre, mis en place un fonds de garantie pour aider les femmes à se lancer dans les affaires. 250 000 dollars ont été consacrés à ce fonds qui vise en fait la liberté économique des femmes. Pour garantir l’accès à la propriété, une loi a été adoptée qui consacre l’égalité des sexes devant l’héritage à la mort de l’époux. La représentant a en outre fait part du fonctionnement de la Commission des droits de l’hommest créée, des travaux d’élaboration de la nouvelle constitution qui doit tenir comte du rôle des femmes dans la société, de la teneur du Plan d’action de Kigali sur la paix et l’égalité entre les sexes et des résultats des activités des organisations de femmes. Le défi, a-t-elle conclu, sera de rendre justice aux milliers de victimes du génocide.

Mme MARINA MUSULIN (Croatie) a estimé que la volonté politique constituait l'une des conditions préalables de toute première importance pour l’évolution de la promotion de la femme. Il ne peut y avoir de changements positifs sans un engagement ferme de poursuivre l'objectif de l'habilitation des femmes. Le nouveau Gouvernement croate est fermement décidé à poursuivre les efforts communs en vue de la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing. En 1996, une Commission gouvernementale pour les questions d'égalité entre les sexes a été établie. Celle-ci a préparé une politique nationale pour la promotion de l'égalité entre les sexes qui a été adoptée par le Gouvernement. Les domaines suivants ont été identifiés comme étant prioritaires : droits humains des femmes, mécanismes institutionnels pour l'amélioration de la situation des femmes, participation des femmes au pouvoir et aux processus de décision, les femmes et la santé, l'éducation et la formation professionnelle des femmes, la violence contre les femmes, les femmes et l'économie, et les femmes et les conflits armés. Dans chacun de ces domaines, des objectifs ont été fixés et des mesures ont été prises pour les atteindre. Une attention particulière a été accordée à l'amélioration de la situation économique et politique des femmes. Ainsi, le nombre de femmes élues au sénat et au parlement a augmenté.

En ce qui concerne l'amélioration de la situation économique des femmes, l'accent a été mis sur l'emploi indépendant et la promotion de l'esprit d'entreprise qui de l'avis du Gouvernement constituent, compte tenu des conditions actuelles, les meilleurs moyens de promouvoir l'accès des femmes au travail. En octobre dernier, une Conférence internationale sur ce thème a été organisée en Croatie. Les participants ont plaidé, entre autres choses, en faveur de la création d'un environnement favorable, de nouvelles politiques fiscales et de l'accès total aux prêts commerciaux. La nécessité de donner aux femmes la capacité, par le biais des nouvelles technologies, de développer de petites entreprises orientées vers les produits de gros a également été mise en avant. Les participants se sont également félicités de l'initiative et des efforts déployés pour réunir les différents acteurs concernés, y compris les ONG et les représentants des gouvernements. Une telle pratique devrait également être suivie dans le cadre du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est, a estimé la représentante.

Mme CHRISTINE KAPALATA (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son Gouvernement a donné la priorité à quatre domaines critiques sur les douze identifiés à Beijing. Il s’agit du renforcement de la capacité juridique des femmes, de la lutte contre la pauvreté, de la participation au processus de prise de décisions et de l’accès à l’éducation, à la formation et à l’emploi. Ainsi, un Sous-programme sur les femmes et la promotion de l’égalité des chances a été mis sur pied et des mesures ont été prises pour réviser les lois défavorables aux femmes. Des programmes axés sur les textes juridiques ont été mis en place pour éduquer les femmes et les hommes aux droits de l’homme. 69% des femmes vivant la pauvreté absolue, le Gouvernement a mis tout en œuvre pour améliorer leur capacité économique en facilitant notamment l’accès au crédit, en développant leur capacité de gestion et en facilitant leur participation aux foires commerciales tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le Gouvernement a, par ailleurs, pris la décision de réserver aux femmes 30% de postes dans les sphères politiques et publiques d’ici l’an 2005. Il a également accru le quota des femmes au Parlement, le relevant de 15 à 20% et de 25 à 33,3% dans les instances locales.

En ce qui concerne l’éducation, des décisions ont été prises qui concernent notamment l’édification d’un environnement favorable à la création d’écoles privées et à l’inscription des filles dans les écoles pour garçons, et la révision des manuels scolaires pour les rendre plus au fait de la perspective sexospécifique. En dépit de ces efforts, tous les objectifs n’ont pu être atteint en raison notamment des contraintes financières, des effets négatifs de la mondialisation et de la persistance du système patriarcal. De plus, des problèmes émergents comme le VIH/Sida, le trafic des drogues et le flux des réfugiés sont venus encore compliquer la situation.

Mme AISHA ABDUL AZIZ (Yémen) a déclaré que la pauvreté s'accentuait au Yémen en raison, notamment, des suites de la crise du Golfe qui a poussé de nombreux expatriés à rentrer dans le pays, le privant ainsi de transferts de revenus. Une autre raison est l'augmentation du chômage qui touche particulièrement les femmes. Celles-ci sont en outre majoritairement illettrées et, principalement dans les campagnes, n'ont pas bénéficié de la formation nécessaire pour faire entendre leur voix. Face à cette situation, le Gouvernement a pris des mesures et s'est fixé pour objectif la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines. Un Programme national a été établi en 1998 en vue d'atténuer l'ampleur de la pauvreté. Des politiques concernant l'éducation, la santé, le développement rural et la formation ont été adoptées. Ce Programme, dont le coût s'élève à 40 millions de dollars, s'étend sur 5 ans. Le réseau de protection sociale a été élargi et un Fonds spécial de protection sociale a été créé en vue d'améliorer les conditions de vie des catégories sociales les plus pauvres. Il s'agit de fournir les services sociaux de base aux régions les plus pauvres, d’y créer des opportunités d'emploi, et de renforcer l'éducation et les soins de santé. Des petits projets ont été lancés pour multiplier les opportunités d'emploi. Une Unité de développement des petites industries et un Fonds de soutien agricole ont été établis dans ce cadre.

La représentante a indiqué que la Constitution du Yémen stipule que les femmes sont les partenaires de l'homme, ayant les mêmes droits et les mêmes obligations. L'accent est mis également sur la participation des femmes et des hommes à la vie publique. La femme doit avoir la même rémunération, bénéficier des mêmes promotions et des mêmes vacances que l'homme. La femme jouit légalement de la liberté totale. La persistance des valeurs sociales et traditionnelles fait toutefois obstacle aux progrès car les femmes sont considérées traditionnellement comme inférieures à l'homme. Des mesures ont été prises par le Gouvernement pour contrer cette situation et assurer la participation égalitaire de la femme aux différents secteurs de la vie publique.

Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, Ministre des services publics et de l’administration de l’Afrique du Sud, a fait observer que la « période de Beijing » a introduit une nouvelle notion dans la promotion des femmes, celle de leur intégration dans le développement. Cette période a donc montré l’importance de l’économie mondiale pour la promotion de la femme. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce sont des programmes réalistes pour changer le style de vie des femmes. Les résultats de l’Afrique du Sud, a poursuivi la Ministre, peuvent être classés en deux parties, les réformes législatives et les programmes spécifiques concernant les douze domaines critiques identifiés à Beijing. Les réformes ont surtout porté sur l’élaboration d’une constitution démocratique formulée à parts égales par les hommes et les femmes. Du point de vue des programmes, la priorité a été donnée à la lutte contre de la pauvreté et l’accès aux services de santé. A titre d’exemple, la Ministre a cité la mise sur pied de services de soins de santé primaires gratuits pour les femmes et les enfants de moins de 5 ans. En ce qui concerne la pandémie de sida, la coopération a été renforcée au plus haut niveau et des campagnes de prévention ont été lancées. Il s’agit là de la seule démarche viable puisqu’en tant que pays en développement, l’Afrique du Sud n’a pas accès aux traitements coûteux en vigueur dans les pays occidentaux. Pour ce qui est de la participation des femmes au processus de prise de décision, le Gouvernement a décidé d’accorder aux femmes 30% des sièges dans les instances publiques. Aujourd’hui, le défi est d’activer les mécanismes nationaux. La Ministre a conclu en soulignant encore combien des conditions économiques propices, tant au niveau national que mondial, sont essentielles à la promotion des femmes. Il est important, a-t-elle dit, que les femmes y jouent un rôle critique dans le développement. Il faut leur assurer une participation plus directe au processus de mondialisation qui pour les pays en développement présente de grands défis. Les femmes doivent réfléchir à la manière d’atténuer les effets négatifs de cette mondialisation et, dans ce nouveau contexte, trouver les moyens de lutter contre la pauvreté.

Mme F.R.B. OERI, Commissaire pour les services sociaux du Kenya, a déclaré que le Gouvernement du Kenya s'était engagé à réduire les inégalités entre les sexes dans tous les domaines, en collaboration avec ses partenaires du développement, les ONG et la société civile. Un Plan national d'action a été préparé qui tient compte des secteurs les plus critiques. La réduction de la pauvreté constitue un grand défi dans la mise en œuvre du Programme d'action. Cette situation a incité le Gouvernement à élaborer un Plan national d'éradication de la pauvreté (1999-2015) qui vise à réduire la pauvreté à moins de 30% d'ici à 2010. Des progrès ont été réalisés en ce qui concerne la réduction de la mortalité maternelle et infantile, mais ils sont aujourd'hui menacés par la propagation de la pandémie de sida. Les lois, coutumes et pratiques discriminatoires à l'égard des femmes ont été examinées par un Groupe d'étude qui a ensuite fait une série de recommandations qui sont actuellement étudiées par le Gouvernement en vue de leur mise en œuvre. L'obstacle principal à la participation effective des femmes au développement économique du pays a été le manque d'accès et de contrôle des ressources productives, un accès inadéquat aux facilités de crédit et les niveaux bas d'éducation et de formation. Le Gouvernement s’est donc efforcé d’intégrer une perspective sexospécifique dans l'octroi des crédits, la formation professionnelle, et a opté pour une discrimination positive afin de garantir aux femmes des opportunités d'emploi. Les problèmes environnementaux ont un grand impact sur la vie des femmes en raison de leur dépendance à l'égard de l’environnement pour leurs besoins de base comme l'eau, le bois pour le feu et la nourriture. Le Kenya a adopté une loi sur la coordination et la gestion de l'environnement, a encore expliqué la représentante. La violence contre les femmes est considérée au Kenya comme une violation de leurs droits fondamentaux. Des mesures visant à faire face aux cas de plus en plus nombreux de violence contre les femmes ont été adoptées. Les pratiques traditionnelles nuisibles, le mariage des enfants et les mutilations génitales sont examinées par le Gouvernement, en collaboration avec les ONG. Un Plan stratégique d'éradication de ces pratiques est actuellement en cours d'élaboration. La faiblesse de la participation des femmes à l'exercice du pouvoir et aux processus de décision est un autre défi, même si au cours des dernières années, on a vu une augmentation de leur nombre dans les médias et dans des positions à responsabilité, a encore expliqué la représentante. Enfin, le Gouvernement s'est efforcé d'établir des structures institutionnelles en vue de faciliter la promotion des femmes dans tous les secteurs. Le mécanisme « Initiative nationale de facilitation » a été établi pour coordonner la mise en œuvre du Programme national d'action et diffuser des informations sur ce processus et sur les questions prioritaires dans ce cadre. Le défi le plus sérieux, dans ce contexte, reste le manque de ressources adéquates. En collaboration avec les ONG, le Gouvernement a décidé de promouvoir l'élaboration d'un budget national tenant compte de la même manière des besoins des femmes et des hommes, a indiqué la représentante.

Mme NETUMBO NANDI-NDAITWAH (Namibie), depuis cinq ans, le pays n’a épargné aucun effort pour assurer l’application du Programme d’action de Beijing. Cette dernière année, la priorité a été donnée à l’élimination de la pauvreté, au pouvoir économique, à l’éducation, à la santé et à la violence contre les femmes. En ce qui concerne le pouvoir économique, la représentante a, par exemple, indiqué qu’en mai 2000, son pays sera le premier hôte de la Foire commerciale et du Forum de l’investissement pour les femmes. Pour ce qui est de la violence, elle a indiqué que le 22 février dernier, un projet de loi contre le viol a été examiné par le Parlement, dont une disposition reconnaît le viol entre époux. Une Conférence des hommes sur la violence contre les femmes et les enfants a été tenue à Windhoek comme partie des efforts visant à faire des femmes et des hommes des partenaires égaux dans tous les aspects de la vie. S’agissant de la participation au processus de prises de décisions, la représentante a rappelé qu’en mars 2000, un nouveau parlement s’installera dans lequel le taux des sièges occupés par des femmes devrait passer de 19,7% à 29%.

Mme BRENDA KATTEN (Israël) a déclaré que, pour son pays, la promotion de la condition de la femme est liée à son rôle dans le processus politique. En d'autres termes, on ne peut améliorer la condition des femmes que dans la mesure où on renforce leurs capacités et leur pouvoir. Elle s'est félicitée, à cet égard, des progrès réalisés dans la situation des femmes au Secrétariat, tout en estimant qu'il reste encore beaucoup à faire. De l'expérience d'Israël, il ressort que la source ultime de l'habilitation des femmes réside au niveau de base, soit à travers les ONG et les mouvements de base ou à travers les programmes qui préparent les femmes à entrer dans la vie politique. La politique commence au niveau municipal; c'est aussi à ce niveau que les organisations de femmes peuvent accomplir le plus. L'objectif des femmes du monde entier doit toutefois continuer de se fonder sur le principe que les femmes doivent pouvoir participer à la prise de décisions au même niveau que les hommes. Exclure les femmes de ces processus, tant au niveau national qu'international, revient à les priver de leur droit de décider de leur destin et à priver le monde de la contribution des femmes. Partant, la représentante a lancé un appel en faveur de l'augmentation du nombre de femmes dans les parlements nationaux. Dans ce contexte, elle a souligné l'importance de la formation et s'est félicitée de ce que certaines organisations aient établi des centres de formation des femmes à la vie politique. L'une des façons d'augmenter la participation politique des femmes est de tirer parti des progrès réalisés. Ainsi, les femmes qui siègent au parlement de leur pays devraient soutenir des législations qui ouvrent davantage les portes aux femmes.

Il est aussi important que les femmes assurent elles-mêmes la promotion des femmes, a poursuivi la représentante. Les femmes doivent donc voter pour des femmes. Il importe, en outre, de reconnaître que d'autres inégalités sociales influent sur l'habilitation des femmes. Outre les obstacles mis à la participation des femmes à la vie politique, ses engagements à la maison et les soins aux enfants ont empêché nombre de femmes d'investir leur temps et leur énergie en vue de leur propre promotion. Ce cercle malheureux doit être brisé. Ce sont les mouvements de femmes, et particulièrement les ONG, qui peuvent réaliser le plus pour tendre vers cet objectif, a souligné la représentante.

Mme PAM RAJUT, Women’s Watch, au nom du Caucus des femmes d’Asie et du Pacifique, précisant qu’elle prend la parole au nom de 60% des femmes du monde entier, a regretté que la plupart des gouvernements continuent à avancer ce qu’ils ont fait de jure et non de facto. Dans la région, le nombre des femmes qui vivent dans la pauvreté a augmenté en raison de la mondialisation et de la mise en œuvre des décisions du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les pays étant accablés de dette, ils n’ont eu d’autre choix que de réduire les ressources allouées au secteur social. Le développement à visage humain a donc du mal à voir le jour. Egalité et développement restent des mots vides de sens. Dans ce contexte, il est heureux de voir une reconnaissance accrue des besoins et des droits des femmes. Il faut donc que tous aient le courage de traduire les espoirs en mesures concrètes pour éliminer l’injustice et l’inégalité. Pouvons-nous ensemble faire du XXIe siècle un siècle d’égalité, d’humanité et de paix, s’est demandée Mme Rajut.

Mme LIJDIA ALPIZAR, Caucus des femmes d’Amérique latine et des Caraïbes, s’est refusée à accepter que tout doit rester au niveau des mots, en ajoutant que les femmes ne sont pas satisfaites de l’état de l’application du Programme d’action de Beijing. La majorité des gouvernements n’ont pas utilisé ce Programme pour réformer les politiques et respecter les engagements pris dans les diverses conférences. Il faut des engagements et des ressources, a insisté Mme Alpizar, en dénonçant le fait que les Fonds restent limités et que les mécanismes institutionnels pour la promotion de la femme ne sont pas suffisamment financés. Les gouvernements doivent chercher des modèles de remplacement pour garantir l’élimination des inégalités entre les sexes, les races, les ethnies ou encore les religions. Le déséquilibre macroéconomique exacerbant encore les défis, les femmes d’Amérique latine et des Caraïbes continuent de souffrir et d’être humiliées. Les gouvernements doivent agir et défendre les femmes sans tenir compte des pressions de certains groupes. Il faut une démocratie réelle respectueuse des droits de l’homme. Il ne s’agit pas de réclamer des concessions mais la reconnaissance de la compétence des femmes à être des personnes liant les gouvernements aux peuples. Le XXIe siècle sera celui des femmes, s’il y a une démocratie encourageant l’expansion de la société civile, a conclu la représentante.

Mme JOANNA FOSTER, Caucus des femmes africaines, a donné lecture de la Déclaration des femmes africaines faite à l’issue de la sixième Conférence régionale sur les femmes organisée par les Nations Unies du 22 au 26 novembre à Addis-Abeba. Cette Déclaration demande aux gouvernements d’harmoniser leurs législations nationales conformément à leurs engagements en faveur de la promotion de la femme. Elle leur demande aussi d’instituer des mesures pour éliminer toutes les formes d’oppression patriarcale et de discrimination d’ici à l’an 2004. Les gouvernements doivent aussi créer des mécanismes visant la promotion de la femme par le biais de programmes de discrimination positive et de quotas. Ils doivent reconnaître la contribution des femmes à l’économie. Les pays créanciers et débiteurs doivent partager la responsabilité des politiques qui ont conduit à la détérioration des secteurs sociaux et à la féminisation de la pauvreté. L’allégement de la dette doit être considéré comme un outil de l’élimination de la pauvreté. Les gouvernements doivent aussi donner la priorité à la lutte contre le sida et éliminer notamment les lois discriminatoires, les pratiques culturelles et les croyances religieuses qui rendent les femmes vulnérables à cette maladie. La Déclaration demande aussi aux gouvernements de ratifier la Charte sur les droits de l’enfant et de reconnaître le Plan d’action de Kigali de 1998 et la Déclaration de Zanzibar de 1999 qui présentent des approches holistiques en matière de règlement des conflits, de leur gestion et de la reconstruction en demandant à la pleine participation des femmes dans tous ces domaines.

Mme ANTIGONI KARALI-DIMITRIADI (Grèce) a déclaré que, dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing, son pays avait fixé une série de priorités. Elle a mentionné en premier la violence contre les femmes qui a fait l'objet d'une campagne de sensibilisation de six mois dans tous les médias sur le thème : "Brisons le silence : la violence contre les femmes est un crime". Parallèlement, une ligne téléphonique a été ouverte 24 heures sur 24, une formation spéciale a été donnée aux officiers de police, aux fonctionnaires de justice, au personnel médical et aux travailleurs sociaux. Les syndicats d'avocats ont, pour leur part, décidé d'offrir des services juridiques gratuits aux femmes battues. Des informations sont collectées dans le cadre d'une étude nationale sur la question. Enfin, un comité interministériel a été établi avec la participation d'experts et d'ONG de femmes. Une autre priorité est la question des femmes et de la pauvreté. Un programme national sur deux ans a été lancé en faveur des femmes exclues socialement. Ce programme offre un soutien et une formation visant plus particulièrement les groupes vulnérables, comme les groupes minoritaires, les réfugiés et migrants économiques, les familles monoparentales et les mères célibataires, et les femmes vivant dans des régions isolées et sous-développées.

Dans le domaine économique, des propositions ont été soumises en vue d'intégrer une perspective sexospécifique dans toutes les politiques, a poursuivi la représentante. Des programmes pilotes ont été mis en œuvre pour lutter contre le chômage des femmes qui est particulièrement élevé. Dans ce contexte, des initiatives visant à développer des petites entreprises et des coopératives de femmes ont été lancées et ont bénéficié de financements. Des centres pour les enfants ont été créés en vue d'aider les femmes à concilier leur vie familiale et leurs obligations professionnelles. Des centres régionaux pour l'égalité entre les sexes ont été établis dans les 13 régions administratives du pays. Les Comités pertinents qui en dépendent sont gérés par des femmes élues par les municipalités et les préfectures. Le Gouvernement envisage actuellement d'élaborer une législation visant à instaurer un quota de 30 % de participation des femmes dans tous les conseils d'administration des agences publiques, d'Etat et du Gouvernement. Par ailleurs, un rôle plus grand des femmes dans les initiatives en faveur de la paix ne qu'être constructif pour ce qui est de l'instauration de la paix et de la prévention des crises.

Mme HODA BADRAN, Alliance des femmes arabes, a estimé qu’il ne fait aucun doute que la région arabe a fait des progrès importants depuis la Conférence de Beijing grâce aux efforts des ONG arabes. Toutefois, les succès n’ont pas été de la même ampleur partout. En matière d’éducation, l’inscription des filles s’est améliorée mais le taux d’analphabétisme reste élevé. Les succès en matière de santé ne sauraient faire oublier la faible qualité des services de santé reproductive surtout dans les régions rurales. Dans le domaine de la pauvreté, les femmes continuent d’être majoritaires et les femmes chef de famille représentent 1 cinquième des familles pauvres. Pour ce qui est de la participation des femmes dans le processus de prise de décisions, les progrès restent faibles dans tous les pays arabes. La situation dans cette région est encore compliquée par les conflits persistants comme le montre la situation des femmes palestiniennes, des femmes syriennes, les femmes libanaises, les femmes soudanaises, les femmes libyennes ou les femmes iraquiennes.

Mme RENATE BLOEM, Commission économique des ONG d'Europe et d’Amérique du Nord, a fait part des résultats de la Conférence organisée récemment à Genève, avec plus de 650 participants, dont un grand nombre de représentants de pays en transition. L'objectif était de faire des recommandations concrètes en vue de l'évaluation du Programme d'action de Beijing dans le cadre de l'Union européenne. La transparence qui a présidé à la préparation des recommandations a été une nouvelle expérience enrichissante pour les ONG. Il a notamment été réaffirmé que les droits de la femme sont des droits de l'homme. Les discussions ont reposé en partie sur les rapports présentés par plusieurs pays. Sur la base de ces recommandations, des propositions d'action ont été préparées. Chaque sous-région a, en outre, désigné un représentant chargé de coordonner le suivi de cette réunion. Mme Bloem a exhorté les gouvernements à faire preuve de volonté politique, et à allouer les ressources financières nécessaires pour faire en sorte que les hommes et les femmes puissent jouir de leurs droits sur un pied d'égalité.

Mme IRMA NICASIO (République dominicaine) a indiqué que son Gouvernement a décidé d’accorder la priorité, au cours de la période quinquennale actuelle, aux domaines critiques suivants ; la participation des femmes au processus décisionnel; mécanismes institutionnels; élimination de la pauvreté; égalité des chances d’accès à l’emploi; augmentation des ressources productives; éducation; santé et violence contre les femmes. Des succès ont été rempotés, a dit la représentante en expliquant que les femmes occupent maintenant une place de poids dans l’espace politique. Pour la première fois, la Chambre des représentants et le Secrétariat d’Etat sont dirigés par des femmes. Sur 15 membres, la Cour suprême compte 5 femmes et une loi de 1998 est venue compléter les efforts en ce sens en réservant aux femmes 27% des candidatures au Congrès et aux élections municipales. Un projet de loi est actuellement en négociation pour faire passer ce taux à 35%. Pour ce qui est des mécanismes institutionnels, le Secrétariat d’Etat pour la femme a, depuis août 1999, un statut supérieur. De plus, un processus de renforcement institutionnel a été lancé pour que les institutions de promotion de la femme soient mieux à même de remplir leur rôle. Au cours des dernières années, une révision du système judiciaire a été entamée pour consolider le respect des droits des femmes comme cela a été le cas pour le code de la propriété et le code du travail. La représentante a terminé sa déclaration en faisant le point sur les efforts déployés par son pays pour élargir l’accès à la santé et combattre la violence contre les femmes. Mme EUNADIE JOHNSON, Caucus sur la santé mentale, a rappelé que le Programme d'action de Beijing place la santé mentale à l'ordre du jour de l'agenda mondial, en tant que droit. La santé mentale touche à chacun des douze domaines critiques identifiés à Beijing. Imposer un statut inférieur aux femmes et aux filles donne lieu à davantage d'oppression, d'anxiété et de dépression. Les femmes souffrent du fardeau énorme de la discrimination, de la violence sexuelle, du manque d'accès aux soins de santé, des taux d'alphabétisation inférieurs, et de la possibilité réduite qui leur est offerte de jouer un rôle dans la société. Les catastrophes naturelles, les guerres et le sida ont en outre des effets différents sur les hommes et les femmes. Ainsi, les femmes sont plus nombreuses parmi les réfugiés et elles souffrent davantage de la pauvreté. Un nombre croissant de femmes sont migrantes. Les sévices et l'exploitation, dont l'exploitation sexuelle, menacent les femmes tout au long de leur vie. En tant que problème d'actualité, la santé mentale doit donc constituer une priorité des préoccupations internationales et nationales. La représentante a plaidé en faveur de la mise en place de services de santé appropriés pour les femmes et les filles et pour la mise en œuvre de la résolution sur les femmes et la santé mentale adoptée par la Commission au cours de sa dernière session.

Mme CAROL UGOCHUKWU, Organisation mondiale des femmes – Afrique/Caucus des femmes âgées, a fait remarquer qu’en Afrique, la pauvreté a détruit la structure familiale traditionnelle, en particulier, le système de soutien communautaire qui bénéficiait surtout aux personnes âgées. Donnant lecture de la déclaration publiée par le Caucus, la représentante a souligné que les femmes et leur contribution sociale et économique restent invisible. Elle a demandé que la question des femmes âgées fasse partie intégrante de l’ordre du jour du processus d’évaluation de Beijing plus cinq. Elle a lancé un appel urgent pour que les femmes âgées soient reconnues comme des membres contributeurs de la société et comme partenaires égales. Elle a aussi demandé que les questions relatives à ces femmes figurent dans tous les documents, les résolutions, les conventions et les plans d’action.

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