CNUCED X : REDRESSER LES DESEQUILIBRES DANS LES RELATIONS ECONOMIQUES INTERNATIONALES PAR LE PARTENARIAT ET LA SOLIDARITE
Communiqué de Presse
CNUCED/B/254
CNUCED X : REDRESSER LES DESEQUILIBRES DANS LES RELATIONS ECONOMIQUES INTERNATIONALES PAR LE PARTENARIAT ET LA SOLIDARITE
20000221Les pays du Sud envisagent plusieurs mesures pour leur développement, en particulier lannulation de la dette
Bangkok, le 19 février -- Présidés par le Vice-Premier Ministre de la Thaïlande, M. Supachai Panitchpakdi, les travaux de la Xe CNUCED, sur le thème Appliquer les leçons du passé pour faire de la mondialisation un instrument efficace au service du développement de tous les pays et de tous les individus, se sont achevés, cet après-midi, par ladoption dune Déclaration et du Plan daction de Bangkok. Par la Déclaration, les 190 pays membres de la CNUCED soulignent leur engagement en faveur dun système commercial multilatéral fondé sur des règles et opérant de manière non discriminatoire de façon à garantir des bénéfices pour tous les pays, en particulier les pays en développement. Ceci implique, est-il précisé dans la Déclaration, lamélioration de laccès aux marchés des biens et services, le règlement des questions liées à la mise en uvre des Accords de lOrganisation mondiale du commerce (OMC), la pleine application du traitement spécial et différencié, la facilitation de laccession à lOMC et la fourniture dune assistance technique. Les Membres de la CNUCED réitèrent que tous les pays et toutes les organisations internationales doivent faire tout leur possible pour sassurer que le système commercial multilatéral réalise pleinement son potentiel en termes dintégration de tous les pays à léconomie mondiale. La Déclaration stipule quun nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales doit tenir compte de la dimension du développement et souligne le rôle et la contribution de lintégration régionale dans le fonctionnement du système commercial multilatéral.
Pour donner corps à leur engagement de faire du commerce multilatéral un outil du développement, les Membres de la CNUCED ont adopté un Plan daction de 56 pages contenant des stratégies quils ont voulues conformes à un monde de plus en plus interdépendant. Le Plan daction part dune évaluation des effets de la mondialisation sur le développement pour citer les mesures et les initiatives que la communauté internationale doit prendre pour intégrer les pays en développement, y compris les pays les moins avancés (PMA) et certains pays à économie en transition dans léconomie mondiale. Le Plan daction se fonde sur lévidence selon laquelle lenvironnement international na pas toujours été propice aux efforts de développement des pays en développement et met, en conséquence, laccent sur la nécessité dappliquer des politiques nationales avisées, lesquelles devront être
soutenues par un environnement mondial favorable et une coopération économique internationale. Appelant la communauté internationale à corriger les déséquilibres et les asymétries de léconomie internationale, le Plan daction fixe des objectifs visant, pour les pays en développement, à assurer le financement de leurs activités de développement; à accroître leur capacité à attirer les investissements étrangers directs; à consolider leur place dans le commerce international et à encourager dautres questions liées au développement comme le développement des entreprises, le transfert de technologie, la mise en valeur des ressources humaines et la coopération Sud- Sud.
De ce Plan daction, la CNUCED sort renforcée. Le Plan dit en effet que la CNUCED, en tant quinstitution principalement responsable, au sein du système des Nations Unies, du traitement intégré du commerce et du développement et des questions connexes dans les domaines du financement, de la technologie, de linvestissement et du développement durable, est particulièrement bien placée pour amener les pays à sentendre sur une reformulation des politiques dans loptique du développement. La CNUCED, estime le Plan daction, peut grandement aider les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés et les pays en transition, à mieux comprendre comment concevoir des politiques pour une intégration efficace dans léconomie mondiale. Des directives, en matière dassistance technique et consultative, sont données à la CNUCED dans les quatre domaines dactivités définis lors de sa neuvième session, à savoir, la mondialisation et le développement; les investissements, lentreprise et la technologie; le commerce international; et les infrastructures des services pour le développement et lefficacité commerciale. Les questions du développement, des finances et du commerce étant reconnues comme intrinsèquement liées, le Plan daction appelle à la cohérence et à une démarche intégrée et demande à la CNUCED dintensifier ses relations de travail avec des institutions comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et lOrganisation mondiale du commerce (OMC). Compte tenu des possibilités de lancement dun nouveau cycle de négociations commerciales au sein de lOMC, il est vivement recommandé à la CNUCED dapporter aux pays en développement son appui dans ces négociations et en ce qui concerne les procédures daccession à lOMC.
Les travaux de la dixième session de la CNUCED avaient commencé le 12 février à Bangkok sur fond dune relance économique des pays asiatiques frappés par la crise financière de 1997. Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a reconnu ce fait, lui qui, à linauguration de la session, a fait observer que la Thaïlande, en particulier, et les pays de lAsie de lEst, en général, ont pris les devants de la relance de léconomie mondiale alors même que lon craignait que la crise financière en Asie ne soit le signal de linstabilité et dune paupérisation généralisée. Le Secrétaire général est arrivé à Bangkok avec une initiative visant la conclusion dun New Deal mondial pour tenter, au niveau international et au bénéfice des pays les moins avancés, ce que fait tout pays industrialisé pour permettre à ses régions les plus défavorisées de rattraper leur retard sur ses autres régions. Le Premier Ministre de la Thaïlande, M. Chuan Leekpai, a suggéré, quant à lui, la signature dun nouveau Pacte mondial fondé sur la justice, léquité et la coopération internationale.
La CNUCED a introduit, au cours de cette dixième session, une innovation en organisant, parallèlement au débat général, des débats interactifs sur limpact de la théorie macroéconomique et ses perspectives davenir sur les efforts de développement. A cette fin, elle a invité plusieurs personnalités, notamment le Directeur général sortant du FMI, M. Michel Camdessus, qui a explicité sa conception du nouveau paradigme du développement conforme aux exigences de la mondialisation. Ce paradigme devra être centré sur la lutte contre la pauvreté qui exige un multilatéralisme revigoré pour donner un visage humain à la mondialisation. Les efforts en ce sens nécessitent une cohérence des gouvernements vis-à-vis des institutions multilatérales, jointe à une cohérence des mesures prises par ces institutions et à une autre cohérence des décisions politiques des gouvernements. Le Directeur général de lOrganisation internationale du Travail (OIT), M. Juan Somavia, qui est intervenu sur la dimension sociale de la mondialisation et la croissance de léconomie informelle, a fait observer que les mécanismes de la mondialisation ont fait du travail décent, élément fondamental de lintégration sociale, une denrée rare. Il a donc appelé les gouvernements à créer un environnement social qui mette les plus vulnérables à labri des dangers de la mondialisation.
Le principal défi du XXIe siècle sera dutiliser le commerce et linvestissement pour promouvoir le développement social et lélimination de la pauvreté, a estimé, pour sa part, le Directeur général de lOrganisation mondiale du commerce, M. Mike Moore. M. Moore a souhaité la mise en place dun cadre réglementaire garantissant la stabilité de lenvironnement des échanges commerciaux. Il faut pour cela lever les barrières commerciales existantes, a dit M. Moore, en jugeant irrationnel que les pays développés consacrent des milliards de dollars aux programmes dallégement de la dette alors quau même moment ils réduisent la capacité des pays en développement à exporter et à générer des ressources. M. Moore a aussi répondu aux critiques de lOMC et reconnu la nécessité de réexaminer les procédures internes de consultations et de prise de décision de cette institution.
Très attendus lors des débats interactifs car étant ceux de la principale institution multilatérale de développement, les propos de M. James Wolfenshon, Président de la Banque mondiale ont, à linstar de ceux du Directeur général du FMI, mis lélimination de la pauvreté au centre de toutes les politiques économiques à formuler dans le cadre de la mondialisation. Lêtre humain doit rester au centre de toute stratégie de développement, a-t-il dit, en précisant quil est devenu absolument indispensable dassocier plus étroitement le secteur privé à toutes réflexions sur les capacités dinvestissement. Le Président de la Banque interaméricaine de développement, M. Enrique Iglesias, est intervenu sur la question de lintégration régionale en Amérique latine. Elle est le meilleur moyen de sassurer une place de choix dans léconomie mondiale, a-t-il dit, en suggérant la création dune monnaie unique pour les pays du MERCOSUR. Intervenant dans le même cadre, les Secrétaires exécutifs des différentes Commissions économiques régionales des Nations Unies ont soutenu lintégration régionale comme outil de prédilection pouvant permettre aux pays de rallier le courant des échanges économiques internationaux et de la mondialisation.
Le dernier jour du débat général a été marqué par lallocution du Président de lAlgérie et Président en exercice de lOrganisation de lunité africaine (OUA), M. Abdelaziz Bouteflika. Le Président de lOUA a cité les obstacles qui sopposent au progrès du continent. Le premier de ces obstacles, a-t-il estimé, est lié à la fluctuation des cours des produits de base et des matières premières dont dépendent les pays dAfrique. Le deuxième est celui du montant dérisoire de linvestissement étranger direct dont bénéficie lAfrique et le troisième celui, honteux et totalement anachronique de la dette qui écrase le continent. Une nouvelle carte du monde se dessine où tout un continent, lAfrique, se trouve purement et simplement effacé, a dit M. Bouteflika en jugeant que la sagesse consisterait à renforcer les initiatives prises en faveur de la réduction de la dette des pays du tiers monde qui doivent augurer dattitudes plus compréhensives à légard des autres questions qui entravent lessor économique du continent africain.
La CNUCED a tenu une réunion consacrée à laudition des ONG perçues comme les porte-parole dune société civile internationale de plus en plus impliquée dans les décisions internationales.
Le Forum directif de la dixième session de la CNUCED a permis aux Chefs dEtat et de gouvernement présents de répondre aux questions qui se posent à leur pays ou à leur région du fait de la mondialisation. Au nom de lOUA, le Président algérien, M. Abdelaziz Bouteflika a suggéré que la dette soit annulée et que la CNUCED serve de facilitateur pour un dialogue entre créditeurs et débiteurs. Le Premier Ministre thaïlandais, M. Chuan Leekpai, a observé que la conjugaison des efforts nationaux et régionaux ont permis à son pays de faire face à la crise de 1997. Les Chefs dEtat et de gouvernement ont unanimement reconnu que lintégration régionale conjuguée aux efforts nationaux, entre autres, étaient des conditions préalables au redressement économique.
La dixième CNUCED a décidé dinscrire la Lithuanie et lOuzbékistan sur la Liste D de ses Etats Membres et autorisé le Conseil sur le commerce et le développement à poursuivre ses consultations sur linscription de lEstonie sur la liste B et celle des autres Etats qui nont pas encore indiqué leur choix.. Elle a approuvé le rapport de la Commission de vérifications des pouvoirs et adopté le rapport du Comité plénier - chargé des négociations sur le Plan daction - présenté par son Président, M. Philippe Petit (France). Le projet de Déclaration ayant été présenté par le Coordonnateur des consultations, le Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, M. Surin Pitsuwan. La dixième session a aussi adopté les textes dun message à sa Majesté le Roi de Thaïlande et dune résolution contenant un message de gratitude au Gouvernement et au peuple de la Thaïlande.
Le Secrétaire général de la CNUCED, M. Rubens Ricupero et le Vice- Premier Ministre et Président de la dixième session, M. Supachai Panitchpakdi, ont fait une déclaration de clôture. Les représentants des groupes régionaux et plusieurs autres délégations ont remercié le Gouvernement et le peuple de la Thaïlande pour laccueil quils ont réservé à
la dixième session de la CNUCED, qui marque un nouveau départ dans le processus de la mondialisation. Lesprit de Bangkok sera la base sur laquelle la communauté internationale pourra ériger une nouvelle économie mondiale qui soit juste, équilibrée, transparente et qui soit bénéfique pour tous.
DECLARATION DE BANGKOK
Pour un dialogue mondial et un engagement dynamique
La mondialisation est un processus évolutif qui ouvre des possibilités, mais qui crée aussi des risques et des difficultés. La dixième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement sest déroulée dans un pays et dans une région qui ont été au cur de lune des plus graves crises financières et économiques de la période récente, dune crise qui a eu des effets préjudiciables sur la presque totalité des pays en développement. En dépit de leurs incidences économiques et sociales négatives, les crises peuvent jouer un rôle de catalyseur; elles ont tendance à cristalliser lattention et la volonté des gouvernements et des peuples sur les mesures décisives à prendre pour faire face aux difficultés.
Première grande conférence intergouvernementale sur léconomie et le développement du siècle, la dixième session de la Conférence nous a offert une occasion unique de faire le bilan de lexpérience récente de la mondialisation et dengager une réflexion à cet égard, dexaminer les forces et les faiblesses des approches et des politiques suivies par le passé, et de déterminer les grands chantiers de lavenir : assurer lintégration effective de tous les pays dans le système commercial international; améliorer les capacités de production; résoudre le problème de la dette; renforcer lengagement en faveur du développement social; garantir la participation politique, économique et sociale des femmes; mobiliser des flux financiers adéquats pour le développement (APD) et en veillant à une utilisation efficace de cette aide, entreprendre des réformes institutionnelles; réduire linstabilité financière; et renforcer les capacités technologiques des pays en développement.
La solidarité et un sens aigu de responsabilité morale doivent inspirer la politique nationale et internationale. Ce sont non seulement des impératifs éthiques, mais aussi les préalables indispensables à un monde prospère, pacifique et sûr, fondé sur un véritable partenariat. Ce partenariat exige des mécanismes institutionnels plus ouverts, plus transparents et faisant davantage appel à la participation pour la prise de décisions économiques au niveau international, de façon à garantir que tous aient accès dans des conditions équitables aux avantages de la mondialisation.
La Conférence souligne son attachement à un système commercial multilatéral qui soit juste, équitable et réglementé et qui fonctionne dune manière non discriminatoire et transparente et procure des avantages à tous les pays, en particulier les pays en développement. Pour quun tel système existe, il faudra, en particulier, améliorer laccès au marché pour les biens et les services présentant un intérêt particulier pour les pays en développement, régler les questions relatives à la mise en uvre des Accords de lOrganisation mondiale du commerce (OMC), appliquer pleinement un traitement spécial et différencié, faciliter laccession à lOMC et fournir une assistance technique. La Conférence réaffirme que tous les pays et toutes les organisations internationales devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que le système commercial multilatéral réalise son plein potentiel de promotion de lintégration de tous les pays, spécialement les pays les moins avancés, dans léconomie mondiale. Tout cycle nouveau de négociations commerciales multilatérales devrait se dérouler dans loptique du développement. Il demeure urgent pour la communauté internationale de réaliser sans tarder des progrès dans tous ces domaines. La Conférence insiste sur le rôle et la contribution de lintégration régionale en la matière.
En tant que principale institution du système des Nations Unies pour le traitement intégré du développement et des questions interdépendantes dans les domaines du commerce, du financement, de linvestissement, de la technologie et du développement durable, la CNUCED doit apporter une contribution substantielle à la poursuite des objectifs de développement. Elle doit aussi jouer un rôle actif dans la réalisation dun consensus sur les questions bien définies de lappui au commerce et du développement.
PLAN DACTION DE LA DIXIEME SESSION DE LA CNUCED
Les stratégies proposées partent du constat que la mondialisation et linterdépendance ont, grâce à lélargissement de la libéralisation du commerce et au progrès de la technologie, ouvert de nouvelles perspectives pour la croissance de léconomie mondiale et pour le développement. Le Plan daction souligne que les récentes stratégies de développement, principalement encouragées par les institutions financières multilatérales, ont des effets limités sur le processus de développement. Partant, pour tirer le plus grand parti possible des bienfaits de la mondialisation, le Plan préconise dappliquer des politiques nationales avisées, étayées par un environnement mondial favorable et par une coopération économique internationale visant à corriger les déséquilibres et les asymétries de léconomie internationale. Le Plan pose comme fondements indispensables dun développement durable à visage humain la démocratie, la primauté du droit, une gestion et une administration transparentes et responsables, y compris la lutte contre la corruption.
Le Plan précise que les droits de lhomme et les libertés fondamentales, dont fait partie le droit au développement, doivent être promus et protégés. La stabilité macroéconomique est soulignée en tant quélément important de la croissance économique et de la lutte contre la pauvreté.
Financement et investissement
Après le bilan mitigé de la mise en uvre des grandes initiatives telles que le Cycle dUruguay, le Nouveau Programme des Nations Unies pour le développement de lAfrique dans les années 90, le Programme daction pour les années 90 en faveur des pays les moins avancés, les programmes dallégement de la dette, et les grandes conférences des Nations Unies, le Plan daction énumère des mesures et des initiatives devant être prises par la communauté internationale pour intégrer les pays en développement dans léconomie mondiale. Il commence par la question du financement et de linvestissement, pour souligner quen ce qui concerne la mobilisation des ressources extérieures pour le développement, il importe notamment de canaliser vers un nombre accru de pays en développement des flux dinvestissements internationaux; dinverser la baisse de lAPD, et de trouver des solutions à long terme aux problèmes dendettement des pays en développement. Pour ce qui est de la mobilisation de ressources intérieures, le Plan préconise un accroissement de lépargne intérieure et un fonctionnement efficace des marchés financiers nationaux. Au niveau extérieur, le Plan met laccent sur limportance de tirer les leçons des cas dutilisation judicieuse de lAPD pour encourager son augmentation et son utilisation efficace. Lallégement de la dette devrait-il faire partie dun ensemble de mesures visant à éliminer les causes structurelles de lendettement afin que les pays débiteurs naccumulent pas darriérés de remboursement, souligne le Plan en se félicitant des améliorations de linitiative PPTE proposées au Sommet de Cologne, et approuvées par le FMI et la Banque mondiale à leur réunion de septembre 1999, qui lient lallégement de la dette à latténuation de la pauvreté. Appelant à des mesures pour les pays à revenu intermédiaire aux prises avec une grave crise de liquidité, le Plan fait observer quil ny a pas de mécanisme particulier pour aider ces pays à négocier une restructuration rapide de leur dette à légard de créanciers privés, et en particulier de prêteurs obligatoires.
Le Plan, matière de ressources extérieures, explique que linvestissement étranger direct (IED) et les investissements étrangers de portefeuille (IEP) représentent désormais la plus grande partie du total des flux nets de ressources vers les pays en développement. Pour remédier à la situation selon laquelle en 1998, les PMA ont reçu moins de 0,5% du total des flux dIED, le Plan propose lélaboration par les pays en développement de politiques favorables aux IED, qui exige la fourniture aux bailleurs de fonds dinformations financières fiables, transparentes et comparables. Cela exige aussi que la communauté internationale leur apporte une assistance pour la conception de stratégies dinvestissement et la mise en place dun cadre directif et dinstitutions qui grèvent au minimum les ressources budgétaires. Pour réduire les risques imputables aux perturbations financières, le Plan conseille de faire en sorte que la libéralisation des marchés financiers saccompagne de règles prudentielles et dun contrôle des marchés financiers. Des progrès devraient être faits, insiste le Plan, pour renforcer la solidité des secteurs financiers nationaux ainsi que les résultats macroéconomiques, dune part, et pour améliorer le système financier international.
Commerce international
Sur le commerce international, le Plan invite à régler durgence la question des contraintes humaines, institutionnelles et financières qui, pour certains pays, rendent difficiles lapplication des Accords de lOrganisation mondiale du commerce (OMC). Le Plan constate que le cadre multilatéral des règles de lOMC a rogné la marge de manuvre des gouvernements qui est encore plus réduite lorsque des engagements ont été pris au titre de programmes dajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale. Le Plan appelle à une harmonie entre les politiques commerciales et la libéralisation des échanges et les objectifs généraux de développement. Il faut dans les pays en développement faire en sorte que le commerce apporte une contribution plus décisive à latténuation de la pauvreté et, dans les pays développés, assurer une cohérence entre les politiques sectorielle, fiscale et budgétaire, dune part, et les objectifs de la propre politique de développement de ces pays, dautre part, et entre leur propre pratique et les conseils donnés aux pays en développement dans le cadre de lassistance technique. Le Plan daction cite les questions liées aux droits de douane des pays développés aux incidences de leur politique budgétaire sur les besoins des pays en développement, à la longueur des périodes de transition nécessaire à la mise en uvre concrète des Accords de lOMC. Le Plan met laccent sur les obstacles tarifaires, les mesures de soutien à la production agricole, les mesures antidumping, les droits compensateurs, les mesures sanitaires et phytosanitaires, la nécessité de permettre laccès en franchise de douane et sans contingent pour les exportations des PMA et lasymétrie entre la libéralisation des biens et des services, dune part, et celle des services à forte intensité de main-duvre, dautre part.
Le Plan daction appelle à une coopération entre les organisations internationales, notamment la CNUCED, la Banque mondiale, le PNUD, lOMC, le FMI et le CCI, et les banques régionales de développement, afin daider les pays à bien comprendre leurs droits et leurs obligations dans le cadre du système commercial multilatéral. Le Plan aborde la nécessaire révision des dispositions relatives à un traitement spécial et différencié inscrites dans les Accords de lOMC. Le Plan sur les produits de base demande une amélioration des mécanismes actuels de stabilisation des recettes dexportation de ces produits afin de répondre aux véritables préoccupations des producteurs des pays en développement. Le Plan plaide pour lamélioration de la transparence des marchés et linformation commerciale, et une assistance technique aux pays en développement pour leur permettre déliminer et de sanctionner les pratiques anticoncurrentielles et détablir un cadre réglementaire pour le commerce des services.
Développement
Le Plan aborde enfin dautres questions liées au développement et, souligne limportance des PME, stipule que la croissance et la survie de ces entreprises dans une économie mondialisée passent par ladoption aux niveaux national et international, de politiques et de programmes qui leur permettent dêtre compétitives sur leurs marchés intérieurs et à létranger. Au niveau national, précise le Plan, de nouvelles structures dappui sont nécessaires,
notamment des programmes de promotion de lentreprenariat et de linnovation, de renforcement des capacités de satisfaire aux nouvelles normes élaborées dans le cadre des négociations internationales et de promotion de linformation sur les débouchés commerciaux. Du point de vue technologique, la réduction de lécart entre les pays passe par lexploitation par les pays en développement de cette technologie et par la volonté des pays développés de transférer des techniques. Il est nécessaire, ajoute le Plan daction, daider les pays en développement à évaluer leurs besoins en matière de technologie, à trouver des fournisseurs et à conclure des accords et des partenariats mutuellement bénéfiques dans des domaines tels que les technologies de linformation, la biotechnologie et les écotechnologies. Le Plan précise que la capacité des pays en développement et des pays en transition de tirer parti de leur participation à un système économique mondial dépendra non seulement de lacquisition de connaissances technologiques, mais encore de la compétitivité de leurs entreprises sur les marchés nationaux et internationaux. A cet égard, lexistence de services dappui appropriés facilitation du commerce, transports, douanes, services bancaires, assurances, mise en valeur des ressources humaines, informations commerciales est une condition nécessaire.
Le Plan daction appelle lattention sur la promotion du commerce électronique dans les pays en développement et explique quen modifiant radicalement les prix relatifs du transfert des facteurs de production entre le commerce électronique a déclenché une transformation de la nature et des fondements dune grande partie des courants commerciaux internationaux. Dans deux ans, estime le Plan, la part du commerce électronique dans les échanges mondiaux dépassera 10%. Pour que les pays en développement profitent des avantages du commerce électronique, le Plan préconise un plus large accès à Internet; la sensibilisation des gouvernements et des entreprises; laccélération de la production de ressources locales et de sa commercialisation sur le Word Wide Web; la création de lois et de règlements qui demande des négociations sur des questions telles que la certification, lauthentification, la protection de la propriété intellectuelle et le codage; et lanalyse des incidences des moyens de paiement électronique sur la création de monnaie.Dans ce contexte, le Plan insiste sur la mise en valeur des ressources humaines étant donné que laccroissement de lefficacité et de linnovation radicale, qui seront lun des principaux moteurs de la croissance, dépendront de plus en plus du facteur humain.
Les mesures et initiatives que la communauté internationale doit prendre ainsi explicitées, le Plan daction élabore laction future de la CNUCED. Selon le Plan, elle doit étudier comment élargir les possibilités de développement aux niveaux intérieur, régional et international offertes par la mondialisation. Pour ce faire, la CNUCED doit être le lieu de débats intergouvernementaux; réaliser des travaux de recherche et des analyses; et offrir une assistance technique adaptée aux besoins des pays en développement. La CNUCED doit continuer de mettre laccent sur quatre domaines dactivités dont le premier est la mondialisation et le développement. Dans ce contexte, le Plan propose que les travaux de la CNUCED en ce qui concerne les questions financières et monétaires, se situe dans une optique de développement. Ainsi, la CNUCED doit analyser les possibilités pour les pays en développement de dynamiser les forces
nationales de croissance par laccumulation de capital et le renforcement des capacités technologiques; lincidence des réformes macroéconomiques et de lajustement structurel sur le développement, à la lumière de linterdépendance croissante; les mesures à prendre pour accroître les bienfaits de la mondialisation et réduire autant que faire se peut ses effets négatifs; les réformes institutionnelles et le renforcement des capacités; la contribution de lintégration régionale; la gestion de la dette extérieure publique des pays en développement; et les problèmes propres aux pays en transition dans leurs efforts visant à sintégrer dans léconomie mondiale. Pour ce qui est de lAPD, la CNUCED doit analyser les tendances, le respect des engagements et les possibilités daction concernant ce type daide.
Le deuxième domaine dactivités concernant linvestissement, lentreprise et la technologie, le Plan demande à la CNUCED de faire mieux comprendre le rôle de lIED, du renforcement des capacités technologiques et de linter-nationalisation des entreprises; de renforcer la capacité nationale des pays en développement délaborer et de mettre en uvre des politiques pour attirer lIED et en tirer profit, accroître les capacités technologiques et promouvoir le développement des entreprises; et de faire mieux comprendre les questions nouvelles, notamment comment les accords internationaux peuvent aider à attirer lIED et à tirer profit, à renforcer les capacités technologiques et à promouvoir le développement des entreprises dans une économie mondialisée. Le troisième domaine dactivités porte sur le commerce des biens et services et des questions relatives aux produits de base, là les travaux de la CNUCED sont appelés à prendre pour objet prioritaire la promotion dun consensus intergouvernemental dans le secteur du commerce en facilitant la mise au point par les pays en développement dinitiatives de négociation dans la perspective des futures négociations commerciales. La CNUCED doit contribuer à dégager un consensus sur la réduction des obstacles tarifaires; laccès aux marchés en franchise ou à droits réduits; loctroi éventuel par les pays développés de ladmission sans franchise et hors contingent pour lessentiel tous les produits originaires des PMA; les mesures antidumping et les actions en compensation.
Le Plan daction demande à la CNUCED dapporter aux pays en développement une assistance technique ou consultative pour les questions liées au commerce agricole; au commerce des services; à la participation aux négociations commerciales multilatérales et aux procédures dadhésion à lOMC; à lintégration régionale et au système commercial multilatéral; et au traitement spécial et différencié. A cet égard, le Plan daction suggère à la CNUCED dexaminer les moyens détablir un lien entre les dispositions relatives au traitement spécial et différencié et les critères de développement et critères économiques et leur contribution potentielle à la poursuite efficace de lobjectif global dune intégration progressive dans le système commercial multilatéral. Lattention doit se porter sur lexpérience acquise dans la mise en uvre des Accords de lOMC; la possibilité de prévoir la mise en place de capacité doffre à lexportation concurrentielle au niveau international et dencourager la diversification de la production; la possibilité de rattacher de nouvelles mesures de libéralisation du commerce à la promotion du transfert de technologie; et à lidentification de mesures de traitement spécial et différencié en faveur des PMA. Le Plan demande aussi à la CNUCED dapporter une assistance technique ou consultative pour les
questions relatives à la concurrence; au potentiel doffre dans les secteurs de produit, les secteurs industriels et les services tournés vers lexportation; au lien entre commerce et investissement. En ce qui concerne ce dernier point, le Plan demande notamment à la CNUCED de contribuer à faire mieux comprendre les incidences économiques et sociales que des mesures commerciales à finalité écologique peuvent avoir pour des pays se trouvant à des niveaux de développement différents, notamment les incidences des normes écologiques sur les exportations des pays en développement. La CNUCED doit, par ailleurs, étudier, entre autres, les moyens dencourager le développement autochtone et le transfert décotechnologies dans les pays en développement grâce notamment à lapplication des dispositions pertinentes de lAccord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce et les des moyens de protéger le savoir et les pratiques des communautés locales et autochtones et de renforcer la coopération en matière de recherche- développement sur les technologies liées à lutilisation durable des ressources biologiques.
Le quatrième et dernier domaine dactivités concerne linfrastructure des services pour le développement et efficacité commerciale. Dans ce cadre, le Plan fixe comme objectif de la CNUCED de continuer daider les pays en développement et les pays en transition à mettre en place une infrastructure de services dans les secteurs des douanes, des transports, des services bancaires, des assurances, et du tourisme en vue daccroître leur compétitivité sur les marchés internationaux. Le Plan met un accent particulier sur la mise en valeur des ressources humaines en spécifiant que les programmes de diplomatie commerciale de la CNUCED, ainsi que les programmes TRAINMAR et TRAINFORTRABE, peuvent beaucoup aider les pays à coopérer pour répondre à aux besoins en la matière grâce à lacquisition dune capacité de formation propre dans le domaine des services dappui au commerce. La poursuite de ces programmes est indispensable à lessor des réseaux, qui constituent une source de formation dans tous les secteurs où la CNUCED uvre au développement.
Le Plan daction se termine par deux chapitres dont lun est relatif aux pays en développement les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits États insulaires en développement où il est dit notamment que le rôle que la CNUCED est appelée à jouer dans la mise en uvre des décisions de la Réunion de haut niveau sur des mesures intégrées en faveur du développement du commerce des pays les moins avancés et du Cadre intégré pour lassistance technique liée au commerce exige en particulier une augmentation des contributions. La CNUCED est appelée à élaborer un programme intégré dassistance technique aux PMA et à procéder à une évaluation réaliste des ressources nécessaires à son application. Dans le chapitre relatif à la coopération technique, le Plan souhaite que la démarche de la CNUCED soit mieux intégrée, recentrée et rationalisée. La Conférence doit axer sa coopération technique sur le renforcement des capacités pour aider les pays en développement à sintégrer dans léconomie mondiale dune façon compatible avec les exigences de leur développement; la préparation aux négociations commerciales multilatérales et lapplication de leurs résultats; et la promotion de la coopération entre pays en développement aux niveaux sous- régional et interrégional.
En conclusion, le Plan estime notamment que les programmes de renforcement des capacités de la CNUCED doivent être renforcés pour permettre à des fonctionnaires et à dautres personnes de pays en développement et de pays en transition intéressés dêtre mieux informés, grâce à des cours de formation réguliers sur les questions figurant à lordre du jour économique international, en particulier dans loptique du développement, domaine de compétence de la CNUCED.
CLOTURE DE LA Xe CNUCED
M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la CNUCED, a estimé que le Consensus dit de Washington est apparu trop restrictif et la nécessité daller au-delà de ce Consensus des années 80 qui supposait que les marchés privés répartiraient les ressources de manière adéquate, a été souligné à maintes reprises. Aujourdhui, il serait tentant dannoncer larrivée triomphale du Consensus de Bangkok mais le sort du Consensus précédent montre que cela ne serait pas sage. Ce que je veux faire est plus modeste mais non sans signification, je veux essayer de définir la manière dont les différentes opinions se sont rapprochées ces dernières années, a-t-il déclaré. La fin de la dernière guerre froide a créé des conditions préalables à la souplesse mutuelle que lon peut observer aujourdhui en matière économique. Maintenant, il sagit de savoir quels sont les termes de lintégration des pays en développement à léconomie mondiale. A cet égard, lopinion publique a convergé vers des points de vue libéraux en matière de politiques à mettre en place. Le niveau de divergence ayant été ainsi réduit, les bases de rapprochement des pays en développement vers les normes internationales du processus mondial sont ainsi jetées.
En même temps, le libéralisme na pas de raison de triompher puisquil a montré ses limites. Dès le début des années 90, les économistes de la CNUCED ont prédit que les difficultés surgiraient de ce que le Directeur général de lOIT a appelé le capitalisme de casino. Il est reconnu aujourdhui que le capitalisme est intrinsèquement instable, en particulier au cours de sa période initiale.
Les crises financières en Asie ont montré les ravages que peuvent provoquer la volatilité des capitaux et en dépit de lengagement de nombreuses organisations internationales vis-à-vis de la libéralisation totale des marchés des capitaux, on plaide de plus en plus en faveur de certains types de contrôle des capitaux. Tous sentendent pour dire que ni la volatilité ni linstabilité ne peuvent être gérées par larchitecture financière existante. Il en faut une nouvelle qui tienne compte des aspects les plus substantiels du problème. La crise a montré que lorsque les politiques ne contrôlent pas les flux de capitaux, il ny a aucune limite aux dommages à une économie.
La mondialisation nest pas une évolution irréversible, cest une uvre de construction lente qui jusquà présent a inclus un certain nombre de projets dintégration régionale et lémergence des marchés financiers dAsie. Certaines économies demeurent marginalisées et ce, en raison de leur base étroite dexportations en produits de base. Ces économies ne sont affectées par les crises systémiques que dune manière indirecte, tandis que les niveaux des cours des matières premières les frappent durement. Il faut faire davantage pour résoudre les problèmes de ces pays qui dépendent de lallégement des contraintes sur la capacité dapprovisionnement. En ce qui concerne la répartition des revenus et de la pauvreté absolue, il est heureux, a dit le Secrétaire général, «de voir le Directeur général sortant du FMI a observé quil y a un rapport réciproque entre la réduction de la pauvreté et la répartition des revenus. A ce propos, nos instincts de solidarité ne sont pas arbitraires mais bien enracinés dans la raison, a souligné le Secrétaire général de la CNUCED en citant les propos dun économiste.
Aujourdhui, nous sommes de plus en plus conscients que les gouvernements et les marchés doivent reposer sur une base morale pour bien fonctionner. Le développement est impossible si les marchés et les gouvernements ne travaillent pas en partenariat. En matière de doctrine de politiques économiques, il faut éviter toute unanimité forcée tant quil ny a aura pas de possibilités de critiques et de contrecritiques et ne pas oublier, à cet égard, que les économistes sont encore en désaccord sur les causes de la crise asiatique. La fin du socialisme, a insisté M. Ricupero, nempêche pas dentendre les cris des pauvres. Que demandent les nations en développement aujourdhui, sinon le démantèlement des barrières commerciales; la reconnaissance de leurs efforts visant à promouvoir la solidarité économique régionale; et lévolution des institutions économiques internationales pour quelles puissent faire le pont entre les intérêts des pays développés et ceux des pays en développement. Le rôle de la CNUCED dans lémergence de telles institutions doit être constructif. La CNUCED doit, à cet égard, recourir à ces trois instruments de prédilection : la recherche, le plaidoyer et lassistance technique.
Dans ses remarques de clôture, M.SUPACHAI PANITCHPAKDI, Vice-Premier Ministre de la Thaïlande et Président de la CNUCED X, a déclaré que la Xe CNUCED avait créé lesprit de Bangkok, fait de compréhension, de compassion pour les pays et les peuples les plus défavorisés. Ce Sommet a permis de reconfirmer la viabilité du multilatéralisme et de réaffirmer le besoin dun système commercial multilatéral fort et équitable, dont lédification doit saccompagner dune réduction de la dette, dun accroissement des investissements directs et dun accès accru des pays en développement aux marchés des pays développés. Bangkok a été le lieu du constat que les rôles de la CNUCED et de lOMC sont compatibles et nécessaires à lintégration des pays en développement à la mondialisation. Quant à moi, personnellement, a dit M. Supachai, en tant que Président de la CNUCED et futur Directeur général de lOMC, je serai le lien humain entre ces deux organisations et entre les pays en développement et les pays développés pour le plus grand bien du commerce international, a déclaré M. Panitchpakdi.
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