En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7307

LA MISSION D'ADMINISTRATION TRANSITOIRE EST ICI POUR TRAVAILLER AVEC VOUS ET SELON VOS ASPIRATIONS, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL AU PEUPLE DU TIMOR ORIENTAL

18 février 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7307


LA MISSION D'ADMINISTRATION TRANSITOIRE EST ICI POUR TRAVAILLER AVEC VOUS ET SELON VOS ASPIRATIONS, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL AU PEUPLE DU TIMOR ORIENTAL

20000218

On trouvera ci-après le texte du discours du Secrétaire général, M. Kofi Annan, au peuple du Timor oriental, prononcé à Dili le 17 février 2000:

C'est un honneur pour moi d'être parmi vous aujourd’hui. J’aimerais en premier lieu saluer la présence à cette tribune des veuves et des familles de membres de la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MINUTO) qui ont perdu la vie lors des effusions de violence de l’an passé. Ils représentent de manière symbolique tous les individus et toutes les familles qui ont aussi perdu un être cher. Votre seconde famille, celle des Nations Unies, se joint à votre deuil. Votre force et votre dignité ont été une véritable inspiration pour le monde. Je suis venu au Timor oriental pour en apprendre davantage sur votre vie et vos espoirs pour l’avenir. Je suis venu aussi pour vous assurer que l’ONU demeurera à vos côtés pour les dernières étapes de votre longue lutte pour l’indépendance.

Vous avez énormément souffert avant de vivre ce moment. Des milliers de vos proches ont été tués. Bon nombre d’entre vous se sont vu dénier leurs droits les plus fondamentaux. Mais tout au long de cette épreuve, vous avez gardé espoir. À l’instar d’autres peuples du monde, vous avez enfin la possibilité d’édifier votre propre État.

Personne n’oubliera jamais la bravoure dont vous avez fait preuve en août dernier. Vous avez refusé de vous laisser intimider. Ceux qui étaient inscrits sur les listes électorales se sont presque tous rendus aux urnes. Et vous avez très clairement exprimé votre volonté : près de quatre électeurs sur cinq ont dit «oui» à un Timor oriental libre. C'est ce jour-là, le 30 août, qui a marqué l’entrée du Timor oriental dans le nouveau millénaire.

Jamais nous n’oublierons pour autant l’éruption de violence extrême qui a suivi. Le massacre, l’anarchie et la destruction de septembre dernier m'ont inspiré la plus profonde horreur. Si seulement nous avions pu les prévenir, ou au moins les contenir! Vos cris de détresse ont été entendus dans le monde entier. Je sais que l'attente vous a paru longue jusqu'à l'arrivée des secours. Mais une force internationale a fini par arriver pour rétablir l’ordre. L’ONU est maintenant ici pour vous aider à reconstruire.

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Les dégâts que j'ai pu constater sont bien pire qu'ils ne m'avaient paru dans les rapports ou à la télévision. Il vous faut des emplois. Il vous faut des logements. Vous voulez que les coupables soient traduits en justice. Je sais que la criminalité vous préoccupe; que vous vous faites du souci pour vos parents et amis encore en exil; que la lenteur du relèvement vous pèse. M. Gusm(o a dit récemment que vous ne pensez tous qu'aux difficultés de demain; comment s'en étonner?

Mes amis, demain sera difficile. Un immense travail de reconstruction vous attend. Un immense travail de réconciliation vous attend. En recourant au vote, vous avez fait l’expérience du processus démocratique. Certains ont voté pour l’intégration, d’autres en faveur de l’indépendance. Mais une fois le verdict des urnes rendu, tout le monde doit le respecter et ouvrir les bras à l’autre. Il est fondamental que vous, Est Timorais pro-indépendantistes et pro-intégrationistes, vous réconciliez. De leur côté, les dirigeants doivent aussi travailler ensemble : Soares, Gusmao, Horta, vous tous devez travailler main dans la main pour faire du Timor oriental une nation forte.

Nombreux sont ceux qui, dans le monde, défendent votre cause. La communauté internationale s’est engagée à vous apporter une aide financière de plus de 500 millions de dollars. Cet apport devrait se concrétiser sans tarder. Les organismes humanitaires et les organismes de développement des Nations Unies sont à pied d'oeuvre, de même que la Banque mondiale. Les entreprises privées sont actives aussi, tout comme les organisations non- gouvernementales et les groupes bénévoles, nos partenaires. Avant de venir à Dili, j’ai rencontré de nombreux dirigeants de la région à Bangkok, Singapour et Jakarta. Tous se sont déclarés soucieux d’aider. Tous ont souligné l’importance que le Timor oriental revêt pour la région. Je vous quitte, ce matin, mais M. Wolfensohn, le Président de la Banque Mondiale, arrive lundi prochain et je crois savoir qu’il vous apportera de bonnes nouvelles.

La mission des Nations Unies, l'ATNUTO, est ici pour travailler avec vous. Ce n’est pas une force d’occupation ou une administration étrangère. Peut-être vous sentez-vous envahis par tous ces nouveaux venus si soudainement apparus dans vos rues. Ce n’en sont pas moins vos aspirations qui orienteront notre travail. C’est pour vous aider, vous, les hommes et les femmes du Timor oriental, à saisir les rênes du pouvoir que l’ATNUTO a été créée; pour vous aider à mettre en place aussi rapidement que possible un État indépendant pacifique, stable et démocratique. Mais il faudra du temps, et nous devons tous être patients.

Sergio Vieira de Mello et son équipe ont noué les meilleurs des liens avec vos dirigeants. Le commandant de la force, le général de corps d'armée Jaime de los Santos, a été mis à notre disposition par les Philippines, et je leur en suis reconnaissant. Il succède au général de division Peter Cosgrove, dont la ferme direction de l'INTERFET a contribué à rétablir le calme après la crise. Je tiens aussi à remercier tous les gouvernements qui ont généreusement fourni des contingents et du personnel pour les opérations déployées ici.

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Pour ma part, j’ai eu le privilège de travailler en étroite coopération avec Xanana Gusm(o pendant l’année écoulée. Sa récente tournée dans la région augure bien pour l’établissement - crucial - de bonnes relations avec vos voisins. La visite que le Président Wahid doit vous rendre d’ici la fin du mois offrira une excellente occasion de poursuivre sur cette voie. Chers amis,

Je nourris les plus grands espoirs pour l’avenir du Timor oriental. Vous êtes un peuple dynamique et résolu. Votre long cauchemar national s’achève. Votre rêve d’un Timor oriental pacifique et indépendant est sur le point de se réaliser. Le moment venu, votre triomphe sera aussi celui des idéaux des Nations Unies.

Une tâche ardue nous attend. Ensemble, nous la mènerons à bien. L’ONU ne considérera sa mission accomplie que lorsque le Timor oriental aura trouvé sa place au sein de la famille des nations. Timor oriental, es-tu prêt ? C’est aujourd’hui que commence l’avenir, Viva Timor Loro Sae.

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