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CNUCED/B/249

CNUCED : IL FAUDRA ELARGIR LES MANDATS DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES POUR LES ADAPTER AUX EXIGENCES ACTUELLES DU DEVELOPPEMENT INTEGRE

16 février 2000


Communiqué de Presse
CNUCED/B/249


CNUCED : IL FAUDRA ELARGIR LES MANDATS DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES POUR LES ADAPTER AUX EXIGENCES ACTUELLES DU DEVELOPPEMENT INTEGRE

20000216

La Banque mondiale et les autres acteurs du développement intégré encourageront les mesures visant l’autosuffisance

La pauvreté, le développement, le commerce, ainsi que les liens les sous-tendant et le renforcement du partenariat déjà existant par la formulation de mesures visant à corriger les erreurs du passé dans les politiques macroéconomiques de développement ont constitué les principaux thèmes abordés par M. James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, qui s’est adressé à la Xe CNUCED, cet après-midi, dans le cadre du débat interactif intitulé “Repenser le développement - défis et opportunités”.

Au sujet de l’élimination de la pauvreté, le Président de la Banque mondiale a noté que seuls les pays d’Asie, en particulier la Chine, ont réussi à la réduire tandis que ce fléau continue de se répandre dans des pays d’Afrique et de l’Amérique latine. Toutefois, le nombre de personnes dans la pauvreté est resté stable puisqu’il n’a pas dépassé 1,2 milliard. Cependant, si des efforts de réduction de la pauvreté ne sont pas entrepris, le quelque 1,2 milliard de pauvres continueront de survivre avec 1 dollar par jour, d’ici l’an 2008. L’Afrique subsaharienne sera la plus atteinte puisque la pauvreté dans la région se sera accrue de 90 millions de personnes d’ici à l’an 2008. De telles perspectives sombres nous conduisent à repenser nos politiques et à les adapter aux exigences actuelles, a observé M. Wolfensohn, qui a préconisé, entre autres, l’élargissement et l’intégration des mandats des institutions spécialisées, en particulier celui de la Banque mondiale. Si l’objectif visé par la Banque mondiale à sa création était de promouvoir l’agriculture et l’industrie par un appui à l’investissement privé, il en est autrement de nos jours, car d’autres questions ont surgi qui portent notamment sur le renforcement et le développement des ressources humaines, étant entendu que l’homme est au centre du développement, a noté M. Wolfensohn qui a mentionné, entre autres facteurs positifs du développement intégré, les questions relatives à la sexospécificité.

Le nouvel objectif des mandats des institutions internationales devra être global et devra viser tous les acteurs du développement, notamment les gouvernements, qui doivent veiller à se comporter conformément aux exigences de la bonne gouvernance et à renforcer le secteur privé, lequel est promoteur

essentiel du commerce. Un commerce qui devra être intégré dans le cadre d’un concept de développement global qui tienne compte de l’ensemble des partenariats au développement. La Banque mondiale a déjà consacré des efforts à la création de ce concept nouveau de développement dans le cadre de son programme en faveur d’un développement intégré (CDF).

Dans les commentaires qui ont suivi la présentation de M. Wolfensohn, il a été dit que les pays en développement devraient mettre, avant tout et surtout, de l’ordre dans leurs affaires, s’ils veulent pleinement tirer des avantages de la mondialisation. Les pays en développement doivent, entre autres, renforcer le secteur privé en encourageant la libre entreprise, en assouplissant leurs mesures fiscales afin d’attirer les capitaux et en respectant les règles et principes de la bonne gouvernance. L’élimination de la dette ou sa simple réduction ne suffiront pas à enrayer le fléau de la pauvreté. Il faudrait que les mesures précitées viennent en complément de la formulation de politiques macroéconomiques saines, qui tiennent compte des exigences des principaux secteurs de la société, en particulier la formation, la santé et le commerce qui sont, entre autres, les principaux éléments du développement intégré. Le secteur privé et l’Etat doivent conjuguer leurs efforts en accordant davantage de rigueur à leur gestion administrative et financière, afin de participer pleinement aux efforts de développement des pays pauvres. La stabilité des prix des produits de base représente, en outre, l’un des éléments du commerce qui favorise le développement des pays pauvres, a-t-il-affirmé au cours de l’échange de vues durant lequel les nouveaux vecteurs du développement intégré ont été évoqués, à savoir l’informatique et la communication en général.

La Banque mondiale est favorable à toutes les mesures énumérées ici, a observé M. Wolfensohn, qui a indiqué que la Banque ne pouvait rien faire en ce qui concerne la stabilité des prix des produits de base. Les pays pauvres ne doivent pas se lamenter sur leur sort, mais doivent, plutôt, comme c’est le cas de la Thaïlande, fonder leur politique de développement sur une politique d’autosuffisance à laquelle viendraient en complément les mesures et l’aide d’un partenariat international renforcé.

Les délégations des pays suivants ont pris part au débat : Bélarus, Colombie, Pologne, Sainte-Lucie, Lesotho, Yémen, Malawi, Jamahiriya arabe libyenne, Argentine, Paraguay, Lituanie, Bulgarie, Zambie, El Salvador, Botswana et Bénin. Les représentants de l’ONUDI et de la FAO sont également intervenus.

La Xe CNUCED poursuivra son débat général demain à 9 heures.

Débat interactif

M. JAMES WOLFENSOHN (Président de la Banque Mondiale) : la Banque mondiale consacre des réflexions approfondies aux défis qui nous confronteront tous au cours des vingt cinq prochaines années. L’intégration des pays en développement aux échanges mondiaux, la question de la répartition des investissements étrangers directs, l’accès aux marchés, ou la gestion des risques et la résolution des différends commerciaux sont quelques-uns des problèmes les plus urgents que nous devons résoudre. Le nouveau paradigme du développement, auquel nous réfléchissons tous, doit veiller à donner rapidement aux 2 milliards de personnes dans la pauvreté avec moins d’un dollar par jour, les moyens de vivre décemment dans la dignité. Nous, partenaires du développement, avons connu quelques succès, ces dernières années, en ce qui concerne la dimension humaine du développement. Ceci concerne, entre autres domaines, l’éducation, la parité entre homme et femme, la réduction des taux de morbidité et de mortalité et d’autres questions touchant la vie quotidienne des populations. Malheureusement, il faut constater que l’Asie de l’Est et, notamment, la Chine sont les seuls endroits où la pauvreté a été atténuée, alors qu’elle s’est accrue partout ailleurs dans le monde en développement, et particulièrement en Afrique et en Amérique latine. La différence entre riches et pauvres s’est accrue au cours de la décennie écoulée, les riches devenant toujours plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Et si on réfléchit sur l’avenir, la planète comptera dans 25 ans, 2 milliards d’habitants de plus, dont 80% seront dans les pays en développement. Si les conditions d’une réelle égalité et d’une justice sociale internationale ne sont pas créées, il n’y aura pas de paix dans le monde. Ce monde est unique, de par les communications, l’environnement, les maladies, la drogue et l’économie. Et dans l’avenir, on n’aura plus besoin d’une armée pour déclencher des conflits ou des situations d’urgence. Il suffira de quelques groupes armés de matériaux toxiques pour créer partout le chaos. Le travail des gouvernements, des institutions internationales, de la société civile et du secteur privé doit donc s’attaquer à la pauvreté, qui peut engendrer le désespoir et la révolte chez ceux qu’elle accable. Ce n’est pas seulement un problème moral, c’est une nécessité. Si la pauvreté est désormais au centre de toutes les questions à résoudre, aujourd’hui, contrairement à cela il y a 50 ans, la Banque mondiale et le FMI ne sont plus les seules institutions capables de s’attaquer à la résolution des problèmes internationaux. Le monde a besoin d’une intervention accrue de la société civile, du secteur privé et de l’ONU. Pour comprendre l’importance du secteur privé, il suffit de savoir qu’il a augmenté, en une décennie, de 6 à 7 fois ses capacités d’investissements extérieurs, alors que l’Aide publique au développement, elle, diminuait. Aussi, le renforcement des liens entre le privé et les institutions qui servent les gouvernements est-il devenu indispensable. Concernant la société civile, on a assisté à un bourgeonnement et à une floraison d’ONG, d’églises et de mouvements civils de particuliers, qui sont plus proches des populations que n’importe quelle institution multilatérale ou gouvernement. Malheureusement les stéréotypes que se collent mutuellement

les uns les autres, qui se diabolisent sans arrêt, ont retardé la collaboration qui doit exister entre eux. Un partenariat est devenu indispensable entre les différents acteurs du développement. Concernant les accusations et les préjugés, il faut que les nantis cessent de penser que les pauvres sont un problème simplement parcequ’ils sont pauvres, comme s’ils avaient choisi de l’être. D’un autre côté, les pays en difficulté devraient, quant à eux, cesser d’exiger l’application d’un quelconque “devoir de charité” des riches à leur égard. Parlant des pauvres, pendant trop longtemps, le droit à la parole leur a été refusé. Il faudrait aujourd’hui les écouter, car ils connaissent mieux la pauvreté et leurs propres besoins que nous. La Thaïlande, qui nous accueille aujourd’hui, a lancé un programme original de développement destiné à éradiquer la pauvreté sur cinq ans, qui intègre les ressources humaines du pays à tous les niveaux sociaux ou d’éducation. C’est la base du concept lancé par le Roi, qui parle de la nécessité d’une “autosuffisance”. La Banque pense qu’on trouve dans ce genre de programme et de concept, les germes d’un partenariat positif, qui mettrait en présence d’un côté des gens qui ne demandent pas la charité, mais qui savent ce dont ils ont besoin, et de l’autre, des institutions comme la nôtre qui ont appris à être assez humble pour écouter.

Des réformes sont nécessaires dans les secteurs vitaux des sociétés des pays en développement. Le développement n’est pas seulement une question de crédits et de gros sous. Les pays ont d’abord besoin de gouvernements forts et stables. Ils ont aussi besoin de systèmes juridiques fonctionnels et de mécanismes de règlement des différends commerciaux. La transparence est nécessaire, notamment dans les domaines administratifs et bancaires et les nations doivent aussi mettre en place un système social fonctionnel qui permette des interactions efficaces entre la base et le sommet. Le problème de la corruption, que l’on traitait autrefois à la légère, est aujourd’hui au cœur des débats. Aucune activité digne de ce nom ne peut être menée dans un cadre miné par ce phénomène et aucun investissement ne peut être dirigé vers les zones où il est prédominant. Un “leadership” éclairé et efficace est essentiel, en ce sens qu’il doit être capable d’impulser la création des conditions qui permettent une gestion rationnelle de l’espace matériel et le développement des individus. Dans le cadre de la mondialisation, c’est une question de changements civilisationnels, et les sociétés, notamment celles qui se basent sur des valeurs ancestrales, ont la lourde charge de s’adapter au cadre moderne, interactif et universel créé par les mécanismes de l’économie globale. C’est donc un nombre important de paramètres qu’il faut prendre en compte et mettre en œuvre quand on veut lancer le développement.

Une révolution que tous les pays doivent intégrer aujourd’hui est la révolution digitale, à laquelle doivent s’adapter tous les individus et les peuples, au risque d’être marginalisés pour longtemps. La Banque mondiale s’est attelée à promouvoir la révolution informatique, et nous espérons que dans quelques années, les villages, même les plus enclavés, pourront, grâce aux évolutions technologiques, avoir accès à l’Internet. Il y a quelques semaines, nous étions en Ethiopie, dans une région isolée où un groupe de gens se sont mis ensemble pour acquérir les moyens de se connecter à

l’Internet. Grâce à cet outil, ils ont créé une coopérative qui reçoit, via le Web, des commandes d’objets artisanaux produits en Ethiopie. Ils fournissent ainsi des négociants Ethiopiens dont certains ont leurs magasins à New York et ailleurs aux Etats-Unis. C’est là un exemple de ce qui peut être fait en matière de commerce électronique dans un pays moins avancé grâce aux nouvelles technologies de l’information.

Le représentant du Canada a manifesté son appui aux propos du Président de la Banque mondiale. Ouvrant la série de questions, le représentant du Maroc est revenu sur les possibilités offertes par le commerce électronique, pour demander comment la Banque mondiale peut aider le continent africain à participer à ce type de commerce ? En général, comment structurer les efforts pour l’avenir, a demandé, pour sa part, la représentante de l’Afrique du Sud ? qui a insisté sur le lien entre élimination de la pauvreté et l’allégement de la dette. Etant donné que l’Initiative HIPC pour les pays pauvres les plus endettés ne reçoit pas de ressources suffisantes, qu’est ce que la Banque mondiale envisage pour remédier à cette situation ? Comment la Banque peut- elle renforcer son aide aux PMA aux fins de leur intégration dans l’économie mondiale ? a demandé, pour sa part, la représentante des Pays-Bas. Elle a proposé l’élaboration d’analyses pays par pays pour résoudre la question du financement et de la mise en oeuvre par les PMA des programmes conseillés. Le financement des infrastructures nécessaires au commerce, par exemple, doit faire l’objet de l’attention requise. Intervenant à son tour, le représentant de l’Equateur a voulu savoir comment son pays peut accédér à l’Initiative HIPC et posé une question sur les échanges d’expérience entre les pays confrontés aux crises et une question plus générale sur les programmes d’allégement de la dette. Cette question est un élément essentiel de la lutte contre la pauvreté, a convenu la représentant de l’Allemagne, en soulignant l’importance de l’ouverture des marchés et de la création par les pays en développement d’un environnement favorable à l’investissement direct étranger. Le représentant de l’Inde a cité, comme autre élément important, la question du droit de propriété intellectuelle. Il a fait part de la difficulté pour les pays en développement de capitaliser sur leurs connaissances, étant donné que leur mode oral de transmission rend tout brevet impossible.

Répondant à la question du Maroc, le Président de la Banque mondiale a assuré que la Banque mondiale est disposée à travailler avec tous les pays pour évaluer leurs besoins en matière de réseau de communications. Aux questions concernant l’Initiative HIPC, M. Wolfensohn a affirmé que la Banque entend étudier avec les gouvernements la situation en matière de pauvreté, soulignant que le financement qui viendra de l’HIPC sera exclusivement consacré aux problèmes de pauvreté. En ce qui concerne le Fonds spécial de l’HIPC et l’IDA, la Banque mondiale essaye d’apporter sa contribution mais il faut constater que les pays n’ont pas encore répondu à toutes les exigences. Se tournant vers l’Equateur, le Président de la Banque mondiale a indiqué que la Banque est très active dans ce pays. Sur la question des prix des produits de base, il a dit ne pouvoir répondre à cette question. La Banque essaye, pour le moment, d’élaborer des projets avec les ONG pour faire communiquer aux agriculteurs les prix des produits qui les intéressent et leur assurer ainsi une certaine prévisibilité. Pour l’instant, la Banque n’a aucune idée sur la manière de stabiliser le prix de ces produits.

En matière de pauvreté, ne faut-il pas travailler avec les pays en développement pour développer leur base de production, a demandé le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) en lançant une autre série de questions. Ne faut-il pas aussi insister sur le niveau microéconomique pour promouvoir, dans ces pays, l’esprit d’entreprises et développer le secteur privé. L’enjeu est de savoir comment aider les pays en développement à acquérir les connaissances qu’il faut pour augmenter leur compétitivité. Le représentant de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) a demandé si, compte tenu de l’impact social des programmes d’ajustement structurel, la Banque mondiale ne repense pas sa politique pour faire enfin le lien entre la stabilité économique et la stabilité sociale. Il a voulu savoir quel est le comportement de la Banque à l’égard des gouvernements avec lesquels elle entretient des relations. Concluant, le représentant du Qatar a souhaité connaître la position de la Banque sur le fonctionnement des institutions multilatérales en ce qui concerne les pays en développement.

Le Président de la Banque mondiale a fermement appuyé les propos de l’ONUDI. Répondant de la CISL, il a indiqué que la Banque essaye de respecter les positions des gouvernements et des chambres de commerce. La Banque déploie tous les efforts possibles pour préserver les normes du travail mais elle ne peut faire plus auprès des gouvernements, de toute évidence, pas plus que l’OIT dont ce sont les prérogatives. Pour ce qui est de la question relative à l’investissement et celle sur la corruption, il y a encore deux ans, la Banque mondiale ne pouvait prononcer ce mot en public. Depuis, le FMI et la Banque ont décidé d’être directs et il faut bien avouer qu’en la matière, la Banque fait plus que bien d’autres organisations. Terminant sur la question du Qatar, le Président de la Banque mondiale a insisté sur le caractère démocratique de la Banque.

Débat général

M. BORIS BATURA (Vice-Premier Ministre du Bélarus) : la Xe CNUCED donne l’espoir de trouver les principes d’une nouvelle politique économique internationale. Les causes premières de la marginalisation de certains pays s’expliquent par une libéralisation trop rapide des marchés et l’adoption d’un modèle unique de développement. La nouvelle politique économique doit partir de cette constatation. En la matière, la CNUCED doit jouer un rôle déterminant et son mandat doit être élargi. La CNUCED doit devenir un centre d’analyse chargé de trouver des solutions aux problèmes liés à l’agenda commercial. Cela permettra à l’OMC de parvenir plus facilement au consensus. Il est important, à cet égard, que la réforme de l’OMC soit à l’ordre du jour du nouveau cycle. C’est le manque d’instrument de gouvernance économique qui empêche les pays en développement et à économie de transition de tirer parti des règles de l’OMC. Il est important que l’OMC reconnaisse qu’il n’y pas un modèle de développement unique pour tous. Le Bélarus demande aussi que l’on confie au FMI la tâche de contrôler les politiques macroéconomiques des pays développés et que l’on place sous une certaine surveillance les activités des sociétés transnationales. Le Bélarus plaide également pour que les pays à économie en transition puissent recevoir de l’aide au même titre que les pays en développement.

M. CAMILO REYES RODRIGUEZ (Ambassadeur, Représensant de la Colombie auprès de l’Organisation mondiale du commerce) : malgré les grandes découvertes qu’elle fait dans certains domaines comme l’espace ou encore la médecine, l’humanité n’a pas encore été en mesure de résoudre le problème permanent de la pauvreté. Les efforts que font les Etats en développement pour assainir leur cadre maroéconomique auraient dus être appuyés par des mécanismes de financements et d’investissements stables. Mais les demandes que font, depuis plus d’une décennie, ces pays pour bénéficier d’un système financier international plus prévisible semblent être complètement ignorés par les pays développés et les institutions internationales de financement. Il en est de même du besoin d’améliorer et de renforcer les capacités humaines des pays en développement, qui n’a pas encore reçu de réponse satisfaisante de la part des pays riches. Or, sans des ressources adéquates, le fossé technologique qui existe entre riches et pauvres ne pourra pas être comblé et l’intégration des pays en développement à l’économie mondiale sera remise pour longtemps en question. L’OMC n’offre pas encore pour nos pays le cadre d’équité , de justice, et de transparence dont ils ont besoin pour être réellement parties prenantes aux négociations et décisions sur le commerce international. C’est pourquoi l’appui de la CNUCED reste très important pour aider les pays en développement dans leur plaidoyer et dans la défense de leurs intérêts.

M. BERNARD BLASZCZYK (Secrétaire d’Etat de l’économie de la Pologne) : “peut-être faut-il réfléchir aujourd’hui à la manière de mettre en place les politiques macroéconomiques saines dans les pays en développement et dans les pays à économie émergente. La mondialisation, si elle est gérée comme il convient, peut profiter à toutes les nations. La Pologne s’associe à ceux qui ont demandé un nouveau paradigme de développement qui donnerait lieu à une mondialisation sans marginalisation. Cela ne peut être possible que si la communauté internationale donne à la solidarité la place qui lui revient. Les synergies positives entre la mondialisation et le développement exigent l’intégration d’une dimension sociale et l’octroi aux organisations internationales des moyens de répondre aux nouveaux défis. La CNUCED peut être un forum unique pour discuter démocratiquement de toutes les actions à prendre. Elle doit garder ses prérogatives d’analyses et jouer un rôle dans le rétablissement de la confiance entre pays développés, pays en développement et pays à économie en transition. Il faut espérer que le message qui sortira de cette session permettra de relancer les négociations commerciales sous l’angle du développement. L’économie de la Pologne vient de connaître huit années de croissance consécutives grâce notamment à sa politique de libéralisation rapide des échanges, qui a été accompagnée d’une restructuration de la structure de production, de la réduction de sa dette, de la libéralisation ordonnée et prudente des capitaux, de la restructuration du système bancaire fondée sur une réglementation ferme, de la politique de privatisation progressive et d’une politique macroéconomique prudente. L’éconmie polonaise n’est pourtant pas étrangère aux conditions extérieures. Elle a connu la tempête de 1999 et vu son taux de croissance s’infléchir. Le pays met maintenant tout en œuvre pour assurer une croissance durable comme le montre son adhésion à l’Initiative du FMI tendant à renforcer les

relations entre les secteurs public et privé. L’une des priorités de la Pologne est l’adhésion à l’Union, qui, consignée à la création d’un cadre intégré et à des changements structurels, devrait réunir les conditions nécessaires à une économie souple devant les variations du marché.

M. JULIAN R. HUNTE (Sainte-Lucie, au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires en développement) : les petits Etats insulaires en développement sont plus dépendants du commerce international que n’importe quel autre groupe de pays. Etant donné que ces pays importent tous les biens dont ils ont besoin, le coût de la vie y est très élevé, ce qui y entraîne aussi une cherté de la main-d’œuvre. Les frais de transport appliqués à toute activité économique, l’isolement, le manque de ressources naturelles, le peu de terres agricoles disponibles et d’autres facteurs négatifs rendent les économies de ces pays très peu compétitives. Nos pays sont parmi les plus vulnérables au monde, et nous avons demandé que l’ordre du jour de la CNUCED prévoit une discussion sur les impacts de la mondialisation sur nos économies. Les petits Etats insulaires ont aussi souhaité que la CNUCED les aide à mettre en œuvre les aspects du Programme d’action de la Barbade liés à la mondialisation. Nos pays ont besoin de soutien pour trouver les moyens qui leur permettraient de s’intégrer aux mécanismes de la mondialisation. Parmi les Etats insulaires en développement, figurent des pays faisant partie de la catégorie des pays les moins avancés. Nous demandons qu’une aide spéciale leur soit apportée, les indices de vulnérabilité montrant clairement que leur situation est plus difficile à vivre que celle des autres pays en développement qui n’ont pas les handicaps de l’insularité.

M. CARLOS MAGARINOS (Représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel - ONUDI) : l’ONUDI et la CNUCED sont des partenaires du développement qui ont signé une alliance stratégique dans le développement des entreprises et la protection de l’environnement. La deuxième phase de cette stratégie consiste au renforcement de la production en Afrique pour accroître la compétitivité des pays concernés. Pour mieux servir ses clients, l’ONUDI a dû se transformer en se concentrant sur un ensemble de compétences clés. Après sept mois d’analyses, l’ONUDI a mis au point un système de modules de services comprenant 16 domaines pour lesquels il a un avantage comparatif. Par l’application de ces modules, l’ONUDI a pu préparer un total de 35 programmes intégrés couvrant des périodes de 3 à 4 ans. Ces programmes sont intégrés en ce qu’ils comprennent les dimensions économiques, sociales et environnementales du développement industriel ainsi que les services qu’offre l’ONUDI en réponse aux besoins nationaux. Tous ces changements ont contribué à la naissance d’une nouvelle ONUDI capable de mieux répondre aux besoins changeants des pays en développement. En deux ans, cette nouvelle ONUDI a permis de travailler avec ses partenaires pour mettre fin à la pauvreté, au retard et à l’inégalité. L’inégalité qui signifie qu’une partie de la population mondiale vit déconnectée de ce qu’offre l’économie mondiale. L’inégalité est responsable de migrations internes et internationales et montre que l’économie mondiale ne touche pas ces personnes là où elles sont et les obligent à se déplacer pour prendre leur place dans l’économie. Comment empêcher ces migrations sinon en améliorant la productivité des pays d’origine ? Les pays en développement ont besoin de partenariats pour acquérir des compétences, les utiliser et les exploiter sur les marchés en créant des biens et services compétitifs.

L’aide au développement ne doit pas s’arrêter mais devra être reciblée et accompagnée de mesures d’accès aux marchés.

M. MPHO MELI MALIE (Ministre de l’industrie, du commerce et du marketing du Royaume du Lesotho) : la Xe CNUCED doit envoyer un message fort à toute la communauté internationale sur la nécessité d’aboutir à la mise en œuvre d’un cycle de négociations commerciales qui soit un cycle de développement. Cette Conférence doit nous permettre de faire le point sur tout ce qui a été fait au cours de la dernière décennie pour trouver des solutions à la pauvreté et réduire le fossé entre pays riches et pauvres. Le Lesotho estime qu’un système de coopération multilatéral digne de ce nom devrait permettre de renforcer la coopération entre pays en développement, qui permettrait de fructueux échanges d’expériences de développement entre pays du Sud. Le Lesotho peut être concurrentiel et compétitif dans la nouvelle économie. Notre pays a mené un programme de réformes qui a permis à son industrie de transformation de pouvoir exporter. Mais le secteur de l’or et de mines, qui occupe dans notre pays une place importante a connu des reculs sérieux dus à des mesures prises par l’Afrique du Sud voisine et par la Banque d’Angleterre de vendre une partie de sa réserve d’or. Ceci a entraîné une dépréciation du cours de l’or et un ralentissement de l’activité minière. Le Lesotho, qui fournit une forte main-d’œuvre minière à l’Afrique du Sud, a pâti de ce ralentissement des activités. La promotion du secteur privé, que l’on nous recommande, nécessite une augmentation des activités d’assistance technique, notre pays manquant d’entrepreneurs « rodés » capables de se lancer dans la compétition internationale. La CNUCED peut nous aider dans ce domaine.

M. ABDULAZIZ NASSER ALKOMAIM (Ministre du commerce du Yémen) : le pays, un des moins avancés, mène une course contre la montre pour se conformer au nouvel ordre économique mondial. Malgré le succès remporté grâce aux programmes du FMI et la Banque mondiale, beaucoup reste à faire. Le pays a fixé pour objectifs prioritaires l’élaboration d’une législation relative à la propriété intellectuelle et l’accélération de son processus d’adhésion à l’OMC. Le Yémen juge important que la CNUCED dispose de ressources adéquates pour qu’elle puisse s’acquitter de ses responsabilités. Il appelle les pays développés à fournir les ressources nécessaires et, d’autre part, à annuler la dette des pays pauvres très endettés. Le Yémen attend avec impatience la troisième Conférence sur les PMA qui doit se tenir à Bruxelles en mai 2001. Pour le pays, cette Conférence doit viser à ouvrir les marchés du monde développé aux produits des pays en développement.

M. SAMUEL D. KALIYOMA PHUMISA (Ministre du commerce et de l’industrie du Malawi) : la situation économique des pays en développement et des pays moins avancés s’améliorerait si la lutte contre la pauvreté conduisait à mettre en place les termes d’échanges commerciaux internationaux plus justes et plus équitables. Des marchés réellement ouverts profiteraient aux pays en développement et aux pays pauvres. Pour que les risques de marginalisation se réduisent, des efforts concertés doivent être menés pour créer des conditions de marchés équitables. Le Malawi a accompli au courant des années 1980 un ajustement drastique de son cadre macroéconomique. Mais le problème

de la dette réduit la capacité de notre pays à investir dans les capacités productives et les insfrastructures dont il a pourtant si cruellement besoin. La communauté internationale devrait donc résoudre rapidement cette question. Quant à la CNUCED, le Malawi pense qu’elle devrait contribuer à mettre sur le devant de la scène le dialogue sur la mobilisation des ressources et des investissements directs dont les pays en développement ont grandement besoin.

M. MOHAMED ELKEEB (Directeur du Département de l’économie du Comité populaire pour la liaison étrangère et la coopération internationale de la Jamahiriya arabe libyenne) : la Conférence se tient à un moment où se sont concrétisés les phénomènes de la mondialisation qui ont transformé le monde en un village. Ces phénomènes se sont manifestés dans l’économie et ont donné lieu à des appels visant à réaliser le développement de toutes les nations du globe. Or, les relations dans le monde ne cessent d’être caractérisées par des déséquilibres dus à la dichotomie entre les intérêts des pays développés et les préoccupations des pays en développement. Les principes et les mécanismes de la mondialisation, qui compliquent la conjoncture mondiale, empêchent la réalisation d’un développement adéquat. Il faut un dialogue ouvert et constructif pour éviter l’écroulement de l’ordre économique mondial. Les problèmes soulevés pour la mondialisation réaffirment le rôle de la CNUCED en tant que forum essentiel pour le développement et la réflexion sur la manière d’assurer des financements, le bon fonctionnement du commerce et le transfert de la technologie. La communauté internationale doit œuvrer pour renforcer ce forum et accroître son efficacité. Le régime économique international doit être changé et être davantage en faveur des pays en développement. La CNUCED peut, à cet égard, renforcer la collaboration entre pays en développement afin de renforcer leur capacité de négociations. La Libye joue un rôle fondamental en consolidant ses relations économiques avec le continent africain. Le Sommet africain, qui s’est tenu à Syrte en novembre 1999, a donné lieu à une Déclaration appelant à la création d’une union africaine conforme à la Charte de l’OUA afin de remédier à la situation politique, économique et social du continent africain. Depuis la IXe CNUCED, l’Afrique a vu la création du Groupe des pays du Sahel qui a pour objectif de devenir un pôle de la coopération Sud-Sud en Afrique. Il s’agit d’un geste d’intégration des peuples africains conformément à leur identité africaine et à leur destin commun, abstraction faite des religions, de la couleur de la peau et des langues. Le développement étant tributaire de la stabilité, la Libye n’épargne aucun effort pour rétablir la paix en Afrique.

La communauté internationale doit assumer son rôle pour soutenir les pays en développement par le transfert des technologies, l’adoption de mesures favorables à l’investissement direct étranger, le contrôle des mouvements des capitaux, la stabilisation des prix des matières premières et des produits manufacturés, l’accès aux marchés, et l’assistance à la diversification de l’industrie. Il est important que la communauté internationale accorde l’attention requise à l’Afrique qui a trop longtemps souffert de la marginalisation, de la pauvreté, des conflits et du sous-développement. Mettre la mondialisation au service du développement exige que l’on abandonne les pratiques unilatérales qui entravent la libre circulation des capitaux et des biens et services.

Mme ILEANA DI GIOVAN (Vice-Ministre de l’Argentine chargée des négociations économiques internationales) : la mondialisation présente un double visage, fait à la fois de grandes opportunités et de profondes déceptions. Ces dernières, malheureusement, deviennent de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que le phénomène s’implante. La recherche de solutions ne semble pas suivre le rythme accéléré des évolutions des marchés qui, de ce fait, créent rapidement plus de problèmes que l’on ne peut leur trouver de solutions. C’est cette particularité qui fait que de plus en plus de voix s’élèvent pour demander une pause ou une refonte totale des mécanismes de la mondialisation. En 50 ans, il est curieux que le système commercial internatioanl n’ait pas pu trouver de solutions durables aux problèmes qui se posent aux deux secteurs clés de l’agriculture et des textiles, qui sont ceux qui pourraient générer le plus de bénéfices en faveur des pays en développement. La région à laquelle notre pays appartient, souhaite disposer à la CNUCED d’un Centre de développement qui servirait de lieu de formatioon de nos personnels humains aux différents aspects des négociations commerciales internationales. Face aux instabilités du système financier international, l’Argentine pense que la nouvelle architecture financière internationale devrait prévoir des réseaux d’assistance sectorielle pour aider les activités qui souffrent le plus de l’impact des crises. Cette architecture devrait aussi avoir des volets de financements et d’investissements au niveau régional, ce qui permettrait de mieux contrôler les flux de capitaux et de limiter rapidement les effets des crises.

M. LUIS MARIA RAMIREZ BOETTNER (Paraguay) : le pays assiste à cette Conférence pleine d’espoirs et entend déployer un maximum d’efforts pour parvenir à un accord entre tous les pays pour l’adoption d’un plan d’action. Le pays est convaincu que le dialogue peut aider à rectifier les injustices du passé et permettre la libéralisation d’un commerce profitable à tous les pays au nom de la croissance économique et sociale. Il faut vaincre le scepticisme attaché au commerce mondial. De nombreux pays développés n’ont pas souhaité un dialogue sérieux pour mettre un terme aux distorsions du commerce de l’agriculture qui vont à l’encontre de la libéralisation du commerce. Certains pays cherchent sans cesse à poser au commerce des conditions comme les normes du travail et écologiques dont ils se servent comme armes du protectionnisme. Des pressions sont ainsi exercées sur les pays en développement qui n’ont d’autres possibilités que d’accepter des termes de l’échange défavorables. Il faut espérer que l’équité l’emportera et que les pays en développement profiteront enfin du commerce mondialisé. Des mesures doivent être prises pour rendre compétitifs les pays sans littoral qui souffrent des coûts exorbitants du transport. Les barrières ne sont pas toujours d’ordre physique ou géographique mais découlent aussi de formalités administratives qui bien souvent n’ont rien à voir avec le commerce. Les pays sans littoral doivent faire l’objet d’un traitement préférentiel. Ils souffrent, en outre, du manque d’investissements directs étrangers qui s’implantent le plus souvent dans les pays côtiers.

M. AUDRIUS NAVIKAS (Chargé d’affaires de la Lituanie auprès de l’OMC à Genève) : nous nous associons à la déclaration du Portugal au nom de l’Union européenne. Nous pensons que la CNUCED doit avoir pour tâche essentielle d’aider les Etats à intégrer les mécanismes de la mondialisation. La Lituanie est convaincue que l’on peut construire une mondialisation à visage humain, et estime que pour y arriver, il faudrait d’abord régler la question de la répartition des investissements étrangers directs, qui devraient se diriger vers toutes les grandes régions du monde. Quant à la question de l’admission des pays à l’OMC, nous sommes d’avis que les conditions qui leur sont posées devraient être raisonnables et équilibrées. On ne devrait pas demander aux pays de remplir des conditionnalités intenables et qui peuvent n’avoir rien à voir avec le commerce. La Lituanie a tiré partie, en matière de coopération technique, des programmes menés par la CNUCED en la matière. Nous pensons que cette institution devrait mieux faire connaître à une majorité de pays les services qu’elle peut leur rendre, et nous espérons sincèrement que cette Conférence, première grande rencontre internationale du XXIe siècle sera un succès dont on se souviendra.

M. PETKO DRAGONOV (Bulgarie) : le pays, dont l’économie est en transition, s’est engagé dans un processus de transformation économique et social et les efforts qu’il déploie visent à libéraliser davantage le marché. Au cours de la crise de 1997, un large consensus national s’est dégagé sur la nécessité d’accélérer le processus de réformes. Le programme de réformes a donné lieu à la création d’un Conseil monétaire et la signature d’un Accord de coopération avec le FMI. Grâce à ces efforts, l’hyperinflation a chuté de 578% en 1996 à 1% en 1998 et le déficit budgétaire a reculé. Cette stabilisation a été un facteur important pour les activités économiques et le flux des investissements étrangers, permettant des perspectives de croissance économique durable. Tous ces efforts n’ont pas été ignorés par la communauté internationale. Ainsi la Bulgarie a été invitée à entamer des négociations pour entrer dans l’Union européenne. La Bulgarie a toujours été tributaire du commerce, et cela explique son intérêt pour la libéralisation du système commercial international. La mondialisation et la libéralisation sont des réalités inévitables. Il faut les utiliser à son avantage et élargir l’accès aux marchés et les courants d’investissements tout en réduisant au maximum son aspect négatif. L’ouverture du système commercial bulgare contribue à la réalisation de la croissance économique et sociale. Le pays est convaincu que le protectionnisme n’offre aucune solution aux problèmes économiques et peut même entraîner des réactions en chaîne préjudiciable à l’environnement économique internationale. La crise financière et l’embargo imposé aux pays voisins n’a pas conduit le pays à recourir à des mesures de protectionnisme bien au contraire et ce, en dépit de la configuration de la balance commerciale. La Bulgarie souhaite un système commercial international solide, prévisible et fondé sur des règles. C’est la raison pour laquelle elle participe aux efforts tendant à la libéralisation progressive du commerce dans le cadre de l’OMC. La Conférence de Seattle a échoué mais les problèmes ne sont pas insurmontables. La Bulgarie appelle la CNUCED à aider les pays en développement et les économies en transition à asurer leur intégration dans le système commercial international.

Mme IRENE TEMBO (Zambie): il est intéressant que la Xe CNUCED se tienne dans le pays où est née une crise financière dont les effets ont été ressentis partout dans le monde. Mais il est décourageant de constater aujourd’hui le niveau de marginalisation des pays en développement par rapport aux grands courants d’échanges de la mondialisation. En tant que pays moins avancé, la Zambie connaît les difficultés auxquelles font face les pays membres de cette catégorie. Ces difficultés sont notamment le niveau élevé d’endettement, la faiblesse des ressoures humaines et le manque de capacités d’investissement. Nous partageons les inquiétudes manifestées par d’autres pays vis-à-vis de l’architecture financière internationale actuelle . Nous sommes d’accord que la nouvelle architecture devrait être basée sur des mesures claires de régulation de la circulation des capitaux et de transparence. La Zambie se réjouit, en matière de réduction de la dette, de l’initiative prise à Cologne par les pays du G7, qui vient compléter les termes de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés lancée par les institutions financières internationales. Nous espérons que les pays développés assureront le financement adéquat de ces mécanismes.

M. HECTOR DADA SANCHEZ (Vice-Ministre des affaires étrangères d’El Salvador) : au cours de la dernière décennie, le pays a connu de grands changements et est passé d’une situation de chaos à une situation prometteuse. Le pays entend aujourd’hui saisir toutes les occasions qui s’offrent aux petites économies ouvertes. Pour ce faire, un processus de réformes a été lancé qui vise à intégrer l’économie à l’économie mondiale. Ainsi, le taux de croissance se maintient à 5% et le taux d’inflation, le plus faible de la région est à 2%. Un processus de privatisation et des réformes législatives a également été lancé. Le pays a mis tout en oeuvre pour accroître sa compétitivité par l’accès aux techniques de l’information et à l’économie du savoir. Malgré la briéveté du chemin parcouru, le Salvador a réussi à trouver sa place au niveau mondial. Le Wall Street Journal a d’ailleurs placé le Salvador aux côtés du Chili au 11ème rang des pays les plus libéraux d’Amérique latine et des Caraïbes. Le défi reste énorme. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment dans un contexte mondial, il est possible d’assurer une vie décente à toute la population. Le Gouvernement, qui a la responsabilité de répondre à cette question, lutte pour qu’au niveau international des conditions favorables soient réunies. La mondialisation présente deux visages mais l’un des deux représente le meilleur moyen pour les pays en développement de créer des emplois, se développer et investir dans les ressources humaines pour intégrer les marchés mondiaux. Nous savons ce que nous voulons au niveau international. N’attendons pas que l’on nous tende la mais mais luttons avec dignité pour être compétitif au niveau mondial. Pour cela, il faut le respect par tous des normes commerciales internationales, l’élargissement des marchés mondiaux, le renforcement de la capacité de négociations des pays en développement, la promotion des exportations des pays en développement, l’augmentation des investissements productifs et l’intensification de la coopération Sud-Sud.

M. PANOS KONANDREAS (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture - FAO): environ 790 millions de personnes vivent aujourd’hui en état de sous-alimentation dans les pays en développement. Bien que des progrès aient été faits au cours des dernières années pour réduire les taux de malnutrition, une réduction de 8 millions par an du nombre de personnes vivant en état de malnutrition est insuffisante. Les Accords d’Uruguay avaient fait poindre l’espoir de relancer l’agriculture des pays en développement, mais les décisions prises au cours de ce Cycle n’ayant ensuite pas été appliquées, la sécurité alimentaire de la majorité des peuples de la planète se retrouve de nouveau en danger. Le lien entre développement agricole et éradication de la pauvreté est évident, et l’agriculture est un aspect essentiel du développement humain. Mais les contraintes dressées par les pays du Nord continuent d’empêcher l’accroissement des exportations des pays en développement dont les bénéfices permettraient de faire de l’agriculture une activité rentable. Pour les aider, la FAO est en train de mettre en œuvre un programme de formation des fonctionnaires des pays en développement pour leur permettre de prendre part aux négociations commerciales sur l’agriculture. Nous sommes convaincus que la mondialisation et la libéralisation du commerce doivent se faire de manière à renforcer la compétitivité du secteur agricole de pays en développement. Notre but reste la mise en place de conditions stables et durables de sécurité alimentaire, et nous espérons que la coopération engagée avec la CNUCED dans ce domaine se renforcera.

M. DANIEL K. KWELAGOBE (Ministre du commerce et de l’industrie du Botswana) : la Conférence se déroule à l’aube du nouveau millénaire et au moment où un consensus naît sur l’incapacité de la mondialisation de permettre, dans sa structure actuelle, la croissance économique et sociale. La communauté internationale doit d’urgence définir une nouvelle position face au développement pour réparer les déséquilibres actuels. Le problème de la dette, qui empêche ce développement, est essentiellement la conséquence de la détérioration des conditions commerciales que connaissent les pays concernés. Il faut agir immédiatement et mettre en œuvre pleinement l’Initiative HIPC pour les pays pauvres très endettés. Ce problème est encore aggravé par la chute drastique de l’Aide publique au développement. La crise financière de 1997 a, en outre, entraîné des incidences de longue portée sur les économies du monde en développement. Un grand nombre de pays a souffert du déclin des prix des produits de base dont les effets ont perturbé l’économie du Botswana qui a vu le volume de l’exportation des métaux et du diamant s’effondrer de manière spectaculaire. Les conséquences de cette crise ont rendu les programmes de diversification encore plus urgents au moment même où les sources de financement nécessaires à leur mise en œuvre se tarissaient. Il faut réfléchir aux contraintes pesant sur l’offre en Afrique. Ces problèmes font apparaître les défauts systémiques du système financier international qui exige aujourd’hui la création d’un organe de contrôle. Le Botswana a besoin de l’aide de la communauté internationale dont la CNUCED

M. SEVERIN ADJOVI (Ministre du commerce de l’artisanat et du tourisme du Bénin) : tout en réaffirmant que la démocratie, l’état de droit et le respect des droits de l’homme constituent des éléments essentiels du nouveau partenariat ACP-UE, les Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et les Etats membres de l’Union européenne, ont souligné le caractère fondamental du concept de bonne gestion des affaires publiques dans la mise en œuvre de ce partenariat. De même, dans ses propositions à la Xe CNUCED, le Groupe des 77 a souhaité que l’on fasse de la croissance, de la stabilité et de l’équité, les trois piliers du nouveau paradigme du développement. Il est ainsi mis en exergue, entre autres, la corrélation qu’il y a entre la stabilité et le développement. Or, la démocratie et la bonne gestion des affaires publiques constituent aussi des conditions importantes de la stabilité : à savoir, le concept de bonne gouvernance étant étroitement lié à celui de démocratie.

Du point de vue de l’Afrique en général et du Bénin en particulier, les références à ces concepts de démocratie, de développement et du respect des droits de l’homme, loin d’être considérées comme de nouvelles conditionalités de l’aide, doivent apparaître comme la prise en compte par tous les partenaires du rôle important que joue l’environnement sociopolitique dans l’accélération de la croissance et du processus de développement. Le Bénin a intégré cette réalité à son système de gestion politique interne, ayant fait l’amère expérience d’un déclin économique sans précédent, suite à près de deux décennies de monopartisme. L’expérience de la Conférence nationale du Bénin a fait école, essentiellement sur le continent avec plus ou moins de succès selon les pays. Mais les difficultés que rencontrent nombre de pays dans la conduite de leur processus de démocratisation, montrent la fragilité du système et justifient l’indispensable soutient de la communauté internationale aux démocraties nouvelles ou rétablies.

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