LA PRIMAUTE DE L'ONU ET DU CONSEIL DE SECURITE DOIT ETRE PRESERVEE, Y COMPRIS POUR LES MISSIONS MENEES PAR UNE FORCE MULTINATIONALE
Communiqué de Presse
GA/PKO/167
LA PRIMAUTE DE L'ONU ET DU CONSEIL DE SECURITE DOIT ETRE PRESERVEE, Y COMPRIS POUR LES MISSIONS MENEES PAR UNE FORCE MULTINATIONALE
20000215Les opérations lancées sur le continent africain doivent bénéficier des mêmes moyens que celles déployées dans d'autres régions du monde
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a achevé, ce matin, son débat général entamé vendredi dernier. Tout en reconnaissant les effets positifs de l'interaction entre les Nations Unies et les organisations régionales, de nombreux intervenants ont néanmoins rappelé qu'il faut impérativement préserver la primauté de l'ONU, et en particulier du Conseil de sécurité, dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Toutefois, au vu des ressources limitées des Nations Unies, certaines délégations dont celle de la Fédération de Russie, ont estimé que les circonstances justifient parfois que des opérations soient menées par des coalitions d'Etats, à condition qu'elles respectent les principes des Nations Unies et soient responsables devant le Conseil de sécurité.
Les représentants des pays africains qui ont participé au débat ont souhaité, pour leur part, que suite à ses récentes réunions sur l'Afrique, le Conseil de sécurité accorde à ce continent l'attention qui lui est due. Ils ont estimé que les opérations de maintien de la paix autorisées par le Conseil en Afrique se sont vues jusqu'à ce jour assigner des effectifs et des ressources inadaptées. Ils se sont en outre demandés pourquoi ces opérations ont été initialement prévues pour des périodes de trois à six mois, alors que dans d'autres régions des opérations ont bénéficié dès leur début d'un mandat d'un an. Les représentant de la Zambie et de l'Ethiopie ont ainsi espéré que puisque le moment est venu d'agir en République démocratique du Congo, pays le plus étendu d'Afrique, la force de maintien de la paix dans ce pays sera de taille appropriée, et mandatée en vertu du Chapitre VII de la Charte.
- 2 - GA/PKO/167 15 février 2000
Les intervenants se sont accordés pour reconnaître que les activités de maintien de la paix ne sont pas une fin en soi, mais l'un des éléments d'un ensemble de mesures que la communauté internationale prend pour préserver la sécurité et la stabilité internationales. C'est ainsi, par exemple, que pour la délégation de la Colombie, les opérations de maintien de la paix ne doivent pas être l'instrument utilisé par les Nations Unies pour répondre à des situations d'urgence humanitaire, reconstruire un pays dévasté par un conflit, conduire des élections, ou encore renforcer l'administration locale. Pour toutes ces activités, il existe en effet des mécanismes appropriés de coopération internationale et de renforcement de la paix. C'est pourquoi, avant de céder à la tentation de répondre à de telles situations par la force, il faut exploiter tous les moyens dont la communauté internationale dispose pour que, tout en respectant le droit international, les gouvernements et surtout les agents non gouvernementaux réagissent favorablement aux appels humanitaires.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole ce matin: Bénin, Malaisie, Zambie, Maroc, Algérie, Fédération de Russie, Bélarus, Tunisie, Slovénie, Soudan, Colombie, Ukraine et Ethiopie.
Le Comité spécial se réunira désormais en groupe de travail afin d'élaborer son rapport final qui devrait être présenté et adopté en séance officielle le 10 mars prochain.
M. SAMUEL AMEHOU (Bénin) a rappelé que depuis quelques années déjà, le Bénin participe aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Dans le cadre de l'amélioration de la capacité de participation africaine aux opérations de maintien de la paix, les forces armées ont participé aux manoeuvres militaires de Nangbeto en mars 1997, à celles organisées en 1997, 1998 et 1999 dans le cadre de l'Initiative de réaction aux crises africaines (ACRI), ainsi qu'aux stages pour la Police civile organisés en 1999 au Ghana par le Département des opérations de maintien de la paix. Enfin le Gouvernement de la République du Bénin a signé, le 31 janvier 2000, avec les Nations Unies le Mémorandum des troupes en attente.
Selon M. Amehou, pour que l'aide apporté par la communauté internationale en vue d'améliorer leur capacité de participation aux opérations de maintien de la paix puisse porter ses fruits, il importe que les pays donateurs se concertent et ne fassent de duplications de programmes inutiles voire nuisibles. Il en est de même de la coopération avec les organismes régionaux.
Le représentant a indiqué que le Bénin rencontre à l'instar d'autres pays non anglophones des problèmes linguistiques sérieux et souhaite que le Département des opérations de maintien de la paix les étudie pour que ces pays non anglophones ne soient pas des acteurs de seconde classe dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
La délégation du Bénin est heureuse de constater que les déploiements des forces de maintien de la paix prévus pour la Sierra Leone et la République démocratique du Congo commencent à se mettre en place et espère que la politique de double-standard dont les pays africains avaient été victimes par le passé sera cette fois corrigée par les Nations Unies.
M. OTHMAN ABDUL KHALID (Malaisie) a fait remarquer que le nombre croissant d'opérations prouve que le maintien de la paix est toujours un aspect essentiel du travail des Nations Unies et un élément important de la réaction de la communauté internationale face à des situations de conflit de plus en plus complexes à l'heure actuelle. Afin d'accroître leur efficacité, ces opérations doivent être approuvées par le Conseil de sécurité, être clairement définies, obtenir l'assentiment des parties et demeurer impartiales. Le maintien de la paix n'est pas un but en soi mais un moyen de consolider un accord passé entre les parties en conflit, a précisé le Représentant.
La Malaisie est préoccupée par le fait que dans certains conflits, les combats entre parties se poursuivent malgré la conclusion d'accords de paix et la présence de missions de maintien de la paix des Nations Unies. Il est plutôt ironique qu'en Sierra Leone, par exemple, ce soient les troupes des Nations Unies et non les rebelles, qui aient été désarmées, a noté le Représentant. Le représentant a insisté sur l'effet déstabilisant de l'approvisionnement continu des parties en armes légères. Il a recommandé que de véritables efforts soient entrepris pour régler tous les aspects du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion des anciens combattants.
Saluant le développement de la collaboration entre le Secrétariat et le pays fournisseurs de contingents, M. Abdul Khalid a suggéré que soient menées des consultations étroites et continues entre le Comité spécial des opérations de maintien de la paix et ces pays à propos des politiques spéciales relatives aux membres des Missions de maintien de la paix. Il serait également utile et respectueux d'informer aussi tôt que possible les Etats membres qui ont proposé de contribuer à des opérations, du refus de leur offre, a-t-il indiqué. La Malaisie, qui est l'un des premiers pays à avoir signé un Mémorandum d'accord avec les Nations Unies, a souhaité que soit davantage développé le Système des forces et moyens en attente.
Le représentant appelle à une différenciation des activités de la police civile de celles des forces militaires. Il a également déploré les délais relatifs au remboursement des pays en développement fournisseurs de contingents.
M. JOHN N. MUSONDA (Zambie), a rappelé que selon le rapport sur la chute de Srebrenica l'action des Nations Unies a été caractérisée par les lacunes dans la planification des dispositifs d'interventions, des erreurs d'appréciation et d'analyse, et la non communication d'informations essentielles au Conseil de sécurité et aux pays fournisseurs de contingents. Si la Zambie approuve ces conclusions, elle estime toutefois que, dans le cas du Rwanda, il y a eu au sein de l'Organisation une intention délibérée d'ignorer les signes annonciateurs. Comme il est établi dans le rapport de la Commission indépendante d'enquête sur les actions de l'Organisation des Nations Unies lors du génocide de 1994 au Rwanda, M. Jacques-Roger Booh Booh, le Représentant spécial du Secrétaire général au Rwanda, et le Général Roméo Dallaire, observateur militaire en chef, ont constamment tenu au courant le Secrétariat de la détérioration de la situation, mais aucune action n'a été prise. Le représentant a regretté que contrairement au rapport sur Srebrenica, le rapport sur le Rwanda n'a pas été discuté à l'Assemblée générale, ce qui aurait permis de reconnaître la responsabilité de chacun.
M. Musonda a souhaité que suite aux réunions tenues par le Conseil de sécurité sur l'Afrique en janvier, on accorde à ce continent l'attention qui lui est due. En effet, les opérations de maintien de la paix autorisées par le Conseil en Afrique ont jusqu'à ce jour été dépourvues d'un mandat clair, ont été initialement prévues pour des périodes de trois à six mois, alors
qu'ailleurs les missions bénéficiaient d'une année, et ont été dotées d'une force inadaptée à la taille de la région visée. Citant l'exemple de la République démocratique du Congo, le Représentant a expliqué que vingt jours avant la fin de l'expiration du second mandat de la mission, soit six mois après la résolution du Conseil autorisant le déploiement de 90 officiers militaires de liaison, celui-ci n'était pas encore terminé. Il a donc demandé pourquoi des missions telles celles envoyées en Ex-Yougoslavie, bénéficiaient d'une période d'essai d'un an et non celles envoyées en Afrique. Le représentant a demandé, au vu des différences dans le budget des opérations de maintien de la paix, si la taille des missions en Afrique était restreinte afin d'en réduire les coûts. Il a émis l'espoir que la taille de la force de maintien de la paix qui sera envoyée en République démocratique du Congo, pays le plus vaste d'Afrique, sera appropriée, et qu'elle sera mandatée en vertu du Chapitre VII de la Charte.
En ce qui concerne le nouvelles activités des opérations de maintien de la paix comme l'organisation d'élections ou l'aide humanitaire, la Zambie a recommandé que des consultations aient lieu entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents avant que ces activités ne soient incorporées au mandat d'une mission. Dans le cas de la République démocratique du Congo, il faut souhaiter que l'assistance humanitaire, la protection des civils et la promotion des droits de l'homme seront incluses dans le mandat.
M. ELHASSANE ZAHID (Maroc) a estimé que la création de nouvelles opérations comme celle du Timor ou du Kosovo et les récents rapports du Secrétaire général sur le Rwanda et la chute de Srebrenica rappellent qu'il est impératif de définir et d'améliorer les directives pratiques relatives à la planification et la mise sur pied des opérations de maintien de la paix. Il est important de ne pas perdre de vue que le maintien de la paix et l'aide humanitaire sont des activités distinctes avec des objectifs distincts. A ce propos, l'Assemblée générale, à travers son Comité spécial, devrait être plus impliquée dans le traitement de tous les aspects des opérations de maintien de la paix traditionnelles. En outre, pour assurer la réussite de toutes les opérations de maintien de la paix, des consultations entre le Conseil de sécurité, les parties concernées et les contributeurs de troupes doivent être entreprises avant toute décision de déploiement d'une opération. Un mécanisme plus transparent et juste doit être mis au point, à l'élaboration duquel ce Comité pourrait travailler, a-t-il ajouté. Il a également demandé plus de transparence dans la sélection du personnel et le besoin d'assurer une représentation géographique équitable ainsi qu'un haut niveau de professionnalisme.
M. Zahid a regretté les retards du remboursement des pays contributeurs et a indiqué que les problèmes financiers constituent une entrave à la capacité de l'ONU de rembourser les pays contributeurs de troupes et d'équipements. Il a estimé que le paiement à temps par les Etats Membres de leurs quotes-parts aiderait à la solution du problème de financement et encouragerait les pays à y participer. Il a ensuite rappelé les principes
fondamentaux qui régissent les opérations de maintien de la paix. Il s'agit du consentement des parties concernées, sur la base du respect du principe de l'égalité souveraine des Etats, de leur intégrité territoriale et de la non- ingérence dans leurs affaires intérieures. Il s'agit aussi de l'impartialité, de la neutralité et du non recours à la force sauf en cas de légitime défense. Ces principes doivent demeurer des piliers de toute opération de maintien de la paix, a-t-il souligné.
Pour M. ABDELKADER MESDOUA (Algérie), l'ONU qui se trouve engagée, de par sa vocation inscrite dans la Charte, dans de nombreuses tentatives de règlement de conflits fait actuellement face à un grand dilemme. L'Organisation ne doit-elle intervenir que lorsque le cessez-le-feu est en vigueur et la sécurité assurée, c'est-à-dire pour maintenir la paix, ou doit- elle, dans certaines circonstances, passer à la vitesse supérieure et se décider à la rétablir? Dans tous les cas, il est important que l'ONU réagisse promptement aux besoins, d'où qu'ils émanent, afin d'éviter des massacres tels que ceux auxquels on a pu assister impuissants par le passé. Et de ce point de vue, la situation de l'Afrique interpelle particulièrement la conscience internationale. Les populations y sont confrontées à une recrudescence des conflits et des crises et éprouvent une frustration grandissante face au peu d'empressement dont fait montre l'ONU pour assumer ses responsabilités sur ce continent au moment même où elle déploie rapidement des moyens considérables dans d'autres régions du monde. Rien ne justifie cette situation, a affirmé le représentant, avant d'ajouter que l'Afrique doit certes faire face à ses responsabilités. A cet égard, le Sommet de l'Organisation de l'unité africaine, tenu à Alger en juillet dernier, a administré la preuve que les dirigeants africains ont décidé de s'atteler avec vigueur et détermination au règlement des conflits.
Mais le fait que l'Afrique ait décidé de se prendre en charge ne doit pas signifier que la communauté internationale, c'est-à-dire l'ONU et le Conseil de sécurité en tête, est déliée de ses responsabilités envers l'Afrique. Le représentant a particulièrement regretté que le Groupe de travail, mis sur pied par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et chargé de réfléchir au renforcement des capacités africaines en matière de maintien de la paix n'ait pas vraiment donné suite aux idées formulées lors des réunions, notamment en ce qui concerne l'appui à apporter au mécanisme africain de prévention, de règlement et de gestion des conflits en Afrique. Toutefois, de l'avis de la délégation algérienne, au titre du renforcement de ses capacités en matière de maintien de la paix, l'Afrique a surtout besoin d'aide concrète, d'assistance réelle, notamment en moyens matériels et financiers, plus qu'elle n'a besoin d'un organe de consultation supplémentaire. Or il suffit d'examiner le niveau des contributions aux fonds d'affectation spéciale mis en place par l'ONU ou l'OUA pour se rendre compte que les ressources allouées sont loin de répondre aux besoins.
M. GENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie) s'est déclaré favorable à des mandats clairs, fondés sur les principes de neutralité, d'impartialité et de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat. S'éloigner des principes définis par la Charte et recourir unilatéralement à la force ne font qu'aggraver les problèmes, a-t-il ajouté, comme le montre l'évolution de la situation au Kosovo. La situation dans cette région est loin d'être satisfaisante, a-t-il observé. La Missions des Nations unies au Kosovo (MINUK) et la Force de sécurité (KFOR) n'ont pas recours à la totalité des pouvoirs coercitifs que leur a conféré le Conseil de sécurité et la sécurité de la population non albanaise n'est pas bien assurée. En outre, plusieurs directives émanant de la MINUK semblent bafouer la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie, réaffirmée par la résolution 1244 du Conseil de sécurité.
M. Gatilov s'est déclaré convaincu des avantages des opérations dirigées par les Nations Unies comparées à celles menées par des coalitions d'Etats. Toutefois, au vu des ressources limitées des Nations Unies, les circonstances justifient parfois que les Etats concernés lancent des opérations dans le cadre de coalitions spéciales ou de forces multinationales, à condition qu'elles respectent les principes des Nations Unies et soient responsables devant le Conseil de sécurité, a-t-il reconnu. Par ailleurs, M. Gatilov a réaffirmé que la Fédération de Russie ne saurait accepter les tentatives visant à introduire la pratique de l'"intervention humanitaire" qui autorise le recours à des mesures coercitives unilatérales par un Etat ou un groupe d'Etats sans l'autorisation du Conseil de sécurité qui dispose d'une série de mécanismes légaux. Toutefois les mécanismes existants doivent être renforcés et améliorés. Ainsi l'initiative russe concernant les aspects légaux du recours à la force dans les relations internationales vise à l'élaboration d'un code de conduite des Etats en situation de crise, fondé sur la Charte des Nations Unies.
En ce qui concerne la coopération avec les organisations régionales, M. Gativalov a estimé que toute opération de maintien de la paix, qu'elle soit régionale ou menée par une "coalition" doit être conduite sur la base de la transparence et de la responsabilité devant les Nations Unies. A cet égard, la Fédération de Russie attache une importance particulière à la coopération des Nations Unies avec la Confédération des Etats indépendants pour résoudre les conflits sur son territoire. Cette coopération est basée sur le Chapitre VIII de la Charte. M. Gatilov s'est ensuite déclaré favorable au Système des moyens en attente et a annoncé que son pays est prêt à détacher deux bataillons d'infanterie et plusieurs unités spécialisées.
M. ULADZIMIR VANTSEVICH (Bélarus) a estimé que les Nations Unies, de par leur caractère universel, doivent demeurer l'organe clef de la prise de décision du déploiement d'une opération de maintien de la paix. Toutefois, c'est la prévention des conflits qui doit retenir l'attention prioritaire de la communauté internationale, a-t-il poursuivi. A cet égard, les Etats Membres ne devraient épargner aucun effort pour prendre des mesures globales de prévention des conflits et mettre en place un mécanisme commun de gestion
des crises. Avec l'augmentation récente des besoins en maintien de la paix, la question de la coordination des activités revêt une importance toute particulière, afin de garantir le déploiement rapide et efficace et la gestion des opérations de maintien de la paix. A cet égard, les mécanismes de coordination et de consultation entre le Secrétariat et les Etats Membres, mais aussi entre l'ONU et les organisations régionales doivent être renforcés, en mettant l'accent notamment sur la phase de planification et d'organisation d'une mission. Au sein de l'Organisation, une étroite coopération entre les départements est également nécessaire, et à ce titre les liens établis entre le DOMP et le Département de l'information pourraient servir d'exemple.
L'année écoulée s'est concrétisée pour le Bélarus par une implication accrue dans les activités de maintien de la paix, notamment au Kosovo. Or, à l'image d'un grand nombre d'autres Etats, la délégation du Bélarus s'inquiète du manque de transparence des procédures de recrutement du personnel de direction et de commandement des missions. En revanche, le représentant s'est réjoui de la modification apportée en avril 1999 par la Division des achats et visant à prévenir tous les fournisseurs potentiels lors d'un appel d'offres.
M. MOHAMMED SALAH TEKAYA (Tunisie) a insisté sur le fait que le maintien de la paix ne saurait se substituer à une solution définitive ni au traitement des causes sous-jacentes des conflits. Puis, se félicitant des efforts inlassables déployés par le Département des opérations de maintien de la paix en vue de faire face aux situations urgentes et compliquées, il a rappelé que l'étroite collaboration entre les Etats Membres et le Secrétariat contribuent au renforcement des capacités des Nations Unies dans ce domaine. Ainsi, il importe de renforcer les consultations avec les pays contributeurs de troupes durant la phase de planification de nouvelles opérations et durant les phases qui suivent, a-t-il estimé.
M. Tekaya a ensuite rappelé que la Tunisie a signé au mois de juin un mémorandum d'accord pour la participation au Système des forces et des moyens en attente. Abordant le problème de la composante de police civile des missions, il a espéré que les directives concernant le rôle de la police civile seront élaborées dans les meilleurs délais, ce qui permettra de distinguer clairement les opérations de police civiles des opérations militaires.
M. Tekaya a enfin souligné l'intérêt que son pays accorde à la coopération entre l'ONU et l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Toutefois, les efforts internationaux visant à renforcer la capacité collective des pays africains en matière de maintien de la paix n'exonèrent pas la communauté internationale des obligations collectives prévues par la Charte des Nations Unies qui confèrent au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il ajouté.
M. SAMUEL ZBOGAR (Slovénie) a réaffirmé que la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales incombe au Conseil de sécurité. L'évolution des conflits actuels qui prennent les civils pour cible a transformé la nature des opérations de maintien de la paix qui sont devenues pluridisciplinaires et comprennent des fonctions de police civile, d'aide humanitaire, la démobilisation et la réintégration des combattants, des actions contre la prolifération des armes légères, ainsi que l'organisation d'élections et la surveillance du respect des droits de l'homme. Ainsi, pour assurer leur succès, il faut une coopération étroite avec les activités humanitaires, de consolidation de la paix et de développement menées par d'autres organisations, a-t-il déclaré.
Le représentant s'est ensuite déclaré préoccupé par les menaces de plus en plus fréquentes qui pèsent sur la sécurité du personnel des missions et a exhorté les membres du Comité spécial à prêter une attention particulière à cette question, estimant que les mandats doivent comporter des dispositions spécifiques pour la sécurité du personnel.
M. DAFFA-ALLA ALHAG ALI OSMAN (Soudan) a mis l'accent sur l'importance des opérations de maintien de la paix comme mécanisme de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ces opérations doivent, selon lui, respecter certains principes essentiels tel que la nécessité d'obtenir le consentement des parties au confit, l'impartialité totale du personnel des Nations Unies sur le terrain, le non-recours à la force, la détermination de mandats très clairs et la fixation d'un calendrier. Une opération de maintien ne peut être en effet qu'une mesure conjoncturelle. Par ailleurs, il faut faire une totale distinction entre l'action humanitaire et le maintien de la paix, a poursuivi le représentant. Les opérations de maintien de la paix sont en effet un mécanisme inventé par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité et non pas une autorité accordée par la Charte au seul Conseil de sécurité, a rappelé le représentant. Par conséquent, il est temps que l'Assemblée générale ait un rôle dans la gestion des opérations de maintien de la paix et dans l'évolution de leur mandat, puisque ces opérations présentent de plus en plus d'aspects relevant davantage de l'Assemblée générale que du Conseil.
En ce qui concerne la participation du continent africain au maintien de la paix, la délégation soudanaise estime que tout effort de la part de la communauté internationale et des Nations unies visant à consolider les capacités africaines en la matière doivent passer par l'OUA afin de garantir à tous les Etats africains le bénéfice de ces efforts.
M. ANDRES FRANCO (Colombie) a déclaré que les opérations de maintien de la paix sont un atout inappréciable en matière de préservation de la paix et de la sécurité internationales lorsqu'on y recourt pour surveiller un cessez- le-feu ou garantir la séparation des parties belligérantes. C'est pourquoi, la Colombie estime que toute nouvelle mission ou toute prorogation de mission, établie sous le Chapitre VI de la Charte doit se fonder sur les principes fondamentaux du consentement des parties au conflit, du non-recours à la
force, de l'impartialité, de la précision des mandats et du financement approprié. En revanche, les opérations de maintien de la paix ne doivent pas être l'instrument utilisé par les Nations Unies pour répondre à des situations d'urgence humanitaire, pour reconstruire un pays dévasté par un conflit, conduire des élections, ou encore renforcer l'administration locale, autant d'activités pour lesquelles il existe en effet des mécanismes appropriés de coopération internationale et de renforcement de la paix. C'est pourquoi il est indispensable de préciser la notion du maintien de la paix et de distinguer clairement les domaines relatifs aux activités opérationnelles de ceux portant sur l'action humanitaire.
Les conflits actuels frappent de manière particulièrement dure les populations civils. Toutefois avant de céder à la tentation de répondre à telles situations par la force, la Colombie estime qu'il faut tenter d'exploiter tous les moyens dont la communauté internationale dispose pour que, tout en respectant le droit international, les gouvernements et surtout les agents non gouvernementaux répondent favorablement aux appels humanitaires. A cet égard, la délégation colombienne a pris note de la publication par le Secrétaire générale d'une circulaire sur le respect du droit humanitaire international par les forces des Nations Unies. Toutefois, elle estime que de plus amples consultations sur cette question sont nécessaires avant que cette circulaire entre officiellement en vigueur. Evoquant ensuite le rapport du Secrétaire général sur le génocide au Rwanda, le représentant a estimé que les enseignements tirés de l'expérience au Rwanda doivent être utilisés dans l'élaboration du mandat de l'opération à déployer en République démocratique du Congo. En ce qui concerne la sécurité du personnel des missions, M. Franco a déclaré qu'elle relève avant tout de la responsabilité des pays hôtes. Il a ajouté qu'une attention particulière doit être accordée à la situation du personnel recruté localement, puisqu'il tend à être plus nombreux que le personnel international c'est aussi dans le personnel local que les victimes ont été les plus nombreuses.
Pour M. VOLODYMYR Y. YEL'CHENKO (Ukraine), l'évolution récente en matière de maintien de la paix témoigne que la communauté internationale a toujours grand besoin des opérations à facettes multiples que l'ONU est capable de déployer. Cette évolution exige des approches novatrices permettant de faire face aux nouveaux défis posés en matière de paix et de sécurité tout autour du globe. L'Ukraine est pleinement consciente de la nécessité d'améliorer sensiblement la capacité des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de consolider la responsabilité de garantir la paix à l'échelle mondiale qui revient à l'Organisation. Dans cette perspective, tout doit être mis en oeuvre pour soutenir le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) dans ses activités. Parallèlement, il est essentiel que le Comité spécial s'attache à modeler la théorie et la pratique à appliquer au maintien de la paix moderne.
Parmi les difficultés liées au maintien de la paix, la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé demeure l'un des problèmes les plus douloureux. C'est pourquoi, l'Ukraine estime qu'il est très important de prévoir dans chaque mémorandum d'accord sur le statut des forces ou des missions des mesures spécifiques et concrètes fondées sur les dispositions de la Convention des Nations Unies de 1994 sur la sécurité du personnel de l'ONU et du personnel associé. La délégation ukrainienne appelle d'ailleurs tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait à signer cette Convention. M. Yel'Chenko a aussi souhaité que le rapport sur la sécurité dans les opérations de maintien de la paix, demandé l'an passé par la Vice- Secrétaire générale, soit achevé et publié le plus rapidement possible. Il a mis l'accent sur l'importance qu'aura le Tribunal pénal international dans l'administration de la justice et la responsabilisation des personnes coupables de violations graves du droit humanitaire international. A cet égard, il a rappelé que son pays a signé le Statut de Rome, le 20 janvier dernier. Il ne fait en effet aucune doute que le respect des normes humanitaires internationales par les forces des Nations Unies est l'un des facteurs de succès des opérations de maintien de la paix. Toutefois, le représentant a regretté que la circulaire du Secrétaire général sur ce point ait été publiée en août dernier sans l'accord préalable des Etats Membres et il a donc demandé que des consultations aient lieu avec le Secrétariat durant la présente session du Comité spécial.
M. BERHANEMESKEL NEGA (Ethiopie) a rappelé que par la Mission des Nations Unies au Kosovo ou l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental, l'Organisation a pris des responsabilités régionales et internationales avec ou sans mandat pour accomplir de nouvelles tâches, notamment l'administration civile et la reconstruction nationale, qui différent d'un mandat traditionnel. Ainsi, le succès de ces missions implique aujourd'hui non seulement un engagement des Etats Membres pour fournir des ressources humaines et financières adéquates, mais aussi un strict respect des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international. De plus, l'engagement de l'Organisation dans l'administration civile ou la reconstruction nationale par exemple, ne peut servir de précédent aux missions futures, a estimé le représentant.
L'Ethiopie approuve le processus de consultation avec les pays fournisseurs de contingents y compris la mise à leur disposition des rapports de situation hebdomadaire. Le représentant a recommandé qu'un échange d'information similaire ait lieu, à toutes les étapes, avec le Gouvernement des pays accueillant une mission. Il a également demandé que soit discuté, de la même façon que le rapport sur la chute de Srebrenica, le rapport du Secrétaire général sur le Rwanda. En outre, il a estimé que le bulletin sur le respect par les forces des Nations Unies du droit humanitaire international pourrait devenir un outil de prévention des comportements inacceptables de ces forces.
Si l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) a accompli d'importantes réalisations dans le domaine de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits, tout son potentiel n'a encore été mis à contribution en raison d'une capacité institutionnelle inadéquate et d'un manque de ressources financières. Le représentant a recommandé que toute démarche pour améliorer les capacités et le niveau de préparation des pays africains dans les opérations de maintien de la paix soit coordonnée avec l'OUA et vise avant tout à accroître sa capacité institutionnelle, notamment son Mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des conflits.
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