LE COMMERCE INTERNATIONAL ET LE DEVELOPPEMENT INTEGRE DOIVENT PRENDRE EN COMPTE LES NORMES SOCIALES ET LES DROITS DE L'HOMME
Communiqué de Presse
CNUCED/B/247
LE COMMERCE INTERNATIONAL ET LE DEVELOPPEMENT INTEGRE DOIVENT PRENDRE EN COMPTE LES NORMES SOCIALES ET LES DROITS DE LHOMME
20000215Les marchés ne redistribueront jamais les richesses créées par l´économie mondiale, explique le Canada
La dixième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a poursuivi, cet après-midi, son débat général au cours duquel les questions relatives aux défaillances du système commercial international et aux changements à y apporter ont été évoquées. Le manque daccès des pays en développement aux marchés a conduit des délégations à dénoncer le protectionnisme des pays développés qui ont érigé des barrières tarifaires et non tarifaires, en particulier des conditionnalités environnementales et des normes de travail, inacceptables aux délégations des pays en développement. Le manque daccès aux marchés a été aussi imputé à la non-application des traitements préférentiels prévus par les Accords de lOrganisation mondiale du commerce (OMC). La dixième session de la CNUCED a entendu la représentante des ONG qui a proposé un New Deal sur les questions de lagriculture et de la sécurité alimentaire, de la dette, des finances, et de lemploi. Les ONG ont rappelé que les règles internationales du commerce et de linvestissement mettent les acteurs économiques sur un même pied dégalité quelles que soient leur taille et leur puissance économique. De ce concept de non-discrimination, les ONG ont voulu une application des Accords sur le commerce en tenant compte des droits de lhomme, qui soit fondée sur la nécessité pour un pays de protéger et de promouvoir ses groupes et secteurs vulnérables afin déviter une marginalisation plus avant.
Pour les ONG, les traitements préférentiels ne doivent pas être perçus comme une faveur faite aux pays en développement mais comme une composante fondamentale du droit au développement. Le Canada est dun autre avis puisque son représentant observe que la mondialisation a toujours existé, et la libéralisation de léconomie ne peut garantir ni la croissance économique, ni la réduction de la pauvreté. Aussi, tout en étant favorable aux marchés, nous savons quils ne peuvent accomplir certaines tâches qui doivent continuer à être dévolues aux gouvernements, aux ONG et à la société civile. Les marchés ne redistribueront jamais les richesses créées par léconomie mondialisée, a-t-il observé.
Des délégations ont demandé à la CNUCED dapporter une contribution déterminante à la réunion que lAssemblée générale doit tenir sur le financement du développement. Des propositions relatives à cette question ont été avancées au cours de cette séance, quil sagisse de la mobilisation de ressources additionnelles, de lannulation de la dette, de la promotion des flux dinvestissements directs étrangers ou de laugmentation de lAide publique au développement. Réitérant sa proposition, Madagascar a souhaité la création dun mécanisme, dit mécanisme des trois fonds qui consisterait en un prélèvement annuel de 0,1% du PNB des pays membres du Mouvement des pays non alignés pour alimenter un fonds de stabilisation des cours des matières premières, un fonds monétaire ou financier, un fonds de développement économique et social.
Outre Madagascar, les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Singapour, Tunisie, Kenya, Turquie, Jamaïque, Luxembourg, Canada, Israël, Costa Rica, République-Unie de Tanzanie, Brunei Darussalam, Guatemala, Mauritanie, Sénégal, Equateur et Cap-Vert. Le représentant de lAutorité palestinienne a pris la parole ainsi que celui du Programme des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE).
La dixième session de la CNUCED poursuivra ses travaux demain mercredi 16 février à 9 heures 30. Elle entamera un dialogue avec le Directeur général de lOrganisation mondiale du commerce, M. Mike Moore.
Débat général
Mme MUTHONI MURIU (Représentante du Forum des Organisations non gouvernementales) : les organisations non gouvernementales (ONG) se sont réunies à Bangkok durant la Xe CNUCED et ont réaffirmé, au nom de la société civile, leur opposition au fait que des institutions, comme la Banque mondiale, le FMI, et lOMC veuillent dicter les termes de la gouvernance mondiale et semparer dun pouvoir dont la légitimité ne leur a nullement été octroyée. Les obligations concernant les droits de lhomme, dont le droit au développement, devraient avoir le dessus sur toutes théories dorthodoxie économique et financière. Il faudrait que les processus de concertation et de décision aillent de la base vers le sommet, et respectent les besoins et les aspirations des peuples. La façon daboutir à des résultats concrets est aussi importante que le besoin de vouloir fixer arbitrairement aux pays en développement des objectifs. Nous demandons un New deal sur léconomie mondiale et notamment sur lagriculture et la sécurité alimentaire, qui est une question impérative de survie pour les pays en développement. LOMC ne devrait avoir aucun droit de vouloir empêcher les nations et leurs peuples faire leur propre choix en la matière, et il faut que lon reconnaissance que lagro-industrie et lagriculture par contrats sont nocives et contraires aux intérêts des pays en développement. De même, les déversements de surplus daliments à bon marché en provenance dunions économiques où les exportations agricoles sont subventionnées, vont à lencontre des intérêts agricoles et fermiers des pays pauvres. Concernant la sûreté alimentaire, la Convention sur la biodiversité devrait servir de base au contrôle de la dissémination des organismes génétiquement modifiés (OGM).
Les initiatives récemment prises en matière dallègement de la dette ne mettent nullement fin à la situation de quasi esclavage dans laquelle le service la dette met les pays en développement lourdement endettés. Les ONG sont daccord pour quun nouvel accord de la société civile internationale insiste sur une annulation pure et simple de la dette, dont le traitement devrait être retiré des prérogatives des créanciers, dont entre autres, la Banque mondiale, le FMI et le Club de Paris. La nouvelle architecture financière internationale devrait, quant à elle, prendre en compte toutes les propositions avancées, dont celle de la Taxe Tobin et le New Deal économique international devrait tenir compte des droits du travail, des droits de lhomme et du droit au développement. La solidarité doit être placée au cur de la défense des droits du Sud face aux diktats transnationaux. Le respect et lapplication du droit du travail devraient, pour leur part, aller dans le sens du développement durable, et nous estimons que la CNUCED peut jouer de démocratisation de la vie internationale sur la question. Une pleine intégration des pays en développement dans la nouvelle économie, en vue dun nouveau départ économique internationale doit être basée par des considérations sur les droits des nations et des peuples, et la CNUCED doit davantage prendre conseil auprès dexperts du Sud. Nous estimons que le manque et même labsence dattention aux changements sociaux qui se produisent à lintérieur des pays en développement, ne fait que refléter les faiblesses des théories venues du Nord , théories pleines de préjugés et qui
ne prennent jamais en compte les changements se produisant à lintérieur des sociétés du Sud. La CNUCED devrait entreprendre, et cest un point important, une évaluation indépendante sur limpact de la mondialisation, de la libéralisation commerciale et des investissements sur nos pays. Elle devrait veiller à soutenir les Etats membres à mettre en place des lois et règlements favorisant la transparence, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, et devrait metTre en route, UN programme de synthèse et danalyse sur la dette des pays en dévelopPement et sur celle que doit le Nord au Sud. Sur cette question, la CNUCED devrait demander un avis consultatif à la Cour internationale de justice. Nous pensons aussi, que suivant lexemple du Conseil économique et social des Nations Unies, la CNUCED devrait octroyer un statut consultatif aux organisations de la société civile, ce qui lui permettrait daider à démocratiser la gouvernance économique aussi bien au Nord quau Sud.
Mme LILA HANITRA RATSIFAMDRIHAMANANA (Ministre des affaires étrangères de Madagascar) : notre délégation souscrit entièrement aux mesures envisagées, tant sur le plan du financement du développement, que sur celui du commerce international ou sur le rôle et laction de la CNUCED, dans le rapport présenté par le Secrétaire général de la CNUCED et dans le projet de Plan daction soumis à la Conférence. Face aux tendances négatives à leur égard de la mondialisation, Madagascar et les autres pays en développement, ont lobligation de faire plus que jamais entendre leurs voix. Les attentes vis-à-vis de la Xe CNUCED sont nombreuses. Le rapport présenté par le Secrétaire général a mis en exergue la nécessité de corriger deux catégories de déséquilibres. La première a trait à la structure des systèmes internationaux régissant le développement, le commerce et les flux financiers, et la seconde à la pauvreté et aux contraintes structurelles qui accompagnent le sous-développement dans de nombreux pays du monde. Face aux tendances actuelles, je voudrais plaider particulièrement en faveur des femmes, principales victimes de linsécurité sociale née de la mondialisation. Nos pays, du fait de la lourde dette qui les écrase, narrivent plus à subvenir aux besoins primaires de nos populations en matière de santé, déducation et de sécurité. Et les femmes sont les plus touchées, quand les famines et les maladies, comme le choléra, qui affecte en ce moment Madagascar, détruisent les vies des enfants et de la jeunesse.
Les pays africains souffrent cruellement du manque de ressources financières, principal obstacle au développement. Malgré les efforts damélioration de la gestion publique et les douloureuses réformes que nous avons entreprises dans le cadre de nos accords avec les institutions internationales, les engagements souscrits dans les grandes instances internationales en faveur du développement de lAfrique ne se sont pas concrétisés. Comme la dit le Président de la République malgache au Sommet des pays ACP de Saint-Domingue, lAfrique est entrée dans la mondialisation en mesurant le retard accumulé en matière de développement. Il est impératif, pour venir en aide à nos pays, daugmenter laide publique au développement, dalléger le fardeau de la dette, de susciter les investissements étrangers directs, de favoriser laccès aux nouvelles technologies, dencourager lintégration régionale, et de renforcer les
capacités de production des pays les moins avancés, notamment par le développement des ressources humaines et léquipement en infrastructures. Il savère urgent, dautre part, de réformer lOMC en vue dy faciliter ladhésion des pays moins avancés, et des propositions, comme celle de la taxe Tobin, doivent être adoptées. Le prélèvement de 0,05% sur les mouvements de capitaux spéculatifs quelle recommande, en vue de constituer un fonds en faveur des pays en développement, serait juste. Il en est de même de la proposition de Madagascar, lors du Sommet des non-alignés, de créer un mécanisme dit des trois fonds, qui consisterait en un prélèvement annuel de 0,1% sur le PNB des pays membres pour alimenter un fonds de stabilisation des matières premières, un fonds monétaire ou financier, et un fonds de développement économique et social.
M. OW CHIN HOCK (Ministre des affaires étrangères de Singapour) : la crise financière a remis en question le système commercial international et les modes de gestion économique. La question qui se pose aujourdhui est de savoir sil est mieux pour une économie davoir les bonnes institutions en place avant douvrir la porte à la concurrence étrangère et aux flux des capitaux. Le temps dadaptation des économies sest largement réduit du fait que la mondialisation et les progrès de linformation et de la télécommunication ont augmenté le rythme des changements. Les pays qui ne sont pas équipés courent le risque dêtre marginalisés. La mondialisation a apporté un autre changement qui fait que léconomie déchelle ne peut plus se mesurer par la dimension des marchés nationaux puisque des milliards de dollars circulent sous la seule pression de la souris dun ordinateur. Les dilemmes sont donc réels pour les pays en développement. Il y a, on ne peut le cacher, une crise du système. Les pays en développement méritent une pause et une simple réécriture des règles commerciales ne suffira pas. Il faut à tout prix sassurer que le système commercial se fonde sur des règles propres à assurer un contexte de stabilité où les petits peuvent se protéger des caprices unilatéraux. Toutefois, les perspectives ne sont pas si sombres. Les pays en développement peuvent trouver une niche dans la chaîne de production mondiale et, à cet égard, les investissements directs étrangers sont essentiels. De plus, en mettant en place des politiques macroéconomiques saines et des cadres réglementaires prudents, les pays en développement peuvent atténuer les risques liés aux capitaux à court terme.
M. TAHAR SIOUD (Secrétaire dEtat auprès du Ministre des affaires étrangères de la Tunisie) : laspiration vers le progrès social et le relèvement des conditions de vie de tous les peuples est une préoccupation essentielle de la communauté internationale. Au moment où lhumanité accède à un nouveau millénaire et où la mondialisation ouvre de vastes perspectives du fait du développement rapide de la technologie et des progrès de la science, il est réellement préoccupant que lon continue denregistrer des chiffres affligeants : plus dun milliard de personnes survivent avec moins dun dollar par jour; dans de nombreux pays plus de la moitié de la population na pas accès à leau potable; quarante millions de personnes meurent de famine chaque année. Nous nous devons de refuser toute résignation face à cette situation et nous devons refuser daccepter un avenir où une partie importante de lhumanité est condamnée à la
marginalisation et lexclusion. Il est de notre devoir dagir rapidement pour préserver les générations futures, au moins, de lextrême pauvreté et de ses dangers. La Tunisie appelle à la création dun fonds qui viendrait compléter et non se substituer à laction de la communauté internationale pour faire du XXIe siècle, un siècle de paix et de liberté
M. KIPYATOR N.K. BIWOTT (Ministre du tourisme, du commerce et de lindustrie du Kenya) : depuis la IXe CNUCED, les disparités entre Nord et Sud se sont aggravées qui sexpliquent par les changements rapides intervenus dans le contexte de la libéralisation et de la mondialisation dont les attentes ne se sont pas matérialisées. Le Kenya est lun des pays frappés par la concurrence injuste des produits subventionnés qui a conduit à la fermeture de plusieurs secteurs industriels. Dans le même temps, les exportations du Kenya continuent dêtre entravées par les crêtes tarifaires, des barrières tarifaire et non tarifaires et des conditionnalités non liées au commerce. Outre les points faibles du système commercial actuel, les pays africains souffrent en outre du fardeau de la dette, de la détérioration des termes de léchange, des infrastructures inadéquates, de labsence dinvestissements directs étrangers ou encore de la présence dune technologie obsolète. Lintégration des pays africains à léconomie mondiale exige un appui international en toutes ces matières. Dans ce contexte, la CNUCED doit apporter une assistance technique aux pays en développement pour faire en sorte que leurs lois soient conformes à celle de lOMC. Lassistance est aussi requise en ce qui concerne le renforcement des groupements commerciaux de la région et le développement des PME. En outre, la CNUCED peut jouer un rôle plus décisif en matière de transfert de technologies, détudes de possibilités dinvestissements, de renforcement des capacités aux fins des négociations commerciales; dintensification de la coopération Sud-Sud. Pour améliorer les courants dinvestissements, la CNUCED peut apporter une aide dans la création dune base économique forte; la formulation de politiques favorables à linvestissement et le rapprochement entre les investissements directs étrangers et les PME locales. Sagissant du financement du développement, la communauté internationale doit trouver de nouvelles manières daborder la question. Il est de plus en plus clair quune nouvelle architecture financière est nécessaire. Pour le Kenya, cette architecture doit porter, entre autres, sur le problème du financement du développement. A cet égard, la CNUCED peut apporter une contribution majeure à la prochaine réunion de lAssemblée générale sur la question.
M. MURAT SUNGAR (Ambassadeur, Représentant permanent de la Turquie auprès du Bureau des Nations Unies à Genève) : il est dérangeant de constater que la mondialisation apparaît à lheure actuelle comme un phénomène sur lequel personne naurait pas le moindre contrôle. Nous pensons cependant quil ne faudrait pas considérer la mondialisation comme une idéologie, mais plutôt comme un fait indéniable et incontournable en ce qui concerne les progrès technologiques. Il est, par conséquent, indispensable de donner aux pays en développement les moyens de tirer bénéfice des avantages de la mondialisation de léconomie, et nous pensons que la CNUCED a un rôle important à jouer à cet égard. Linterdépendance économique
croissante devrait conduire à une plus grande régularisation du système commercial et financier international, et cest pour cette raison que fut créée lOrganisation mondiale du commerce, qui devrait servir de plate-forme de négociations sur lévolution du système commercial multilatéral basé sur des normes collectives.
Nous pensons fermement quun système commercial multilatéral équilibré et pertinent ne peut être établi que grâce à une participation totale de tous les pays, y compris les moins avancés, et nous attendons que soient renforcées les mesures qui pourraient mener à leur juste contribution. Concernant les pays les moins avancés (PMA), la Turquie a, au cours de la réunion de haut niveau qui leur était consacrée en 1997, annoncé son intention dintroduire, en faveur de leurs produits, des normes préférentielles daccès à son marché. Notre Gouvernement a mis cette promesse en application depuis 1998. Les règlements édictés couvrent plus de 550 produits en provenance des PMA, produits qui ont désormais accès, sans aucun droit de douane, au marché turque, et nous avons notifié cette décision à lOMC et à la CNUCED. Concernant la coopération Sud-Sud, notre assistance publique au développement se chiffre à 105 millions de dollars, et 44 pays en développement en ont bénéficié au cours de ces dernières années. Nous pensons que la mondialisation doit servir de levier à un meilleur partage de la prospérité et à la réduction du fossé qui sépare les pays riches et pauvres. Dans ce contexte, le développement des ressources humaines et lélimination de la pauvreté doivent être placés au cur des stratégies de développement.
M. SEYMOUR MULLINGS (Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque) : La CNUCED X se déroule à un moment opportun, après la réunion de lOMC et avant le Sommet de la coopération Sud-Sud qui doit se tenir à La Havane. Dans ce contexte de mondialisation, il est important de tenir compte de la situation désavantagée des pays en développement. Ces pays ont besoin de capitaux étrangers pour assurer leur croissance et leur développement. Il y a donc lieu de prendre des mesures pour encourager un flux dinvestissements étrangers dans un nombre plus grand de pays en développement et augmenter à tout prix lAide publique au développement. Il existe aujourdhui un consensus sur la nécessité dintensifier la coopération internationale pour accélérer lintégration des pays en développement à léconomie mondiale. Toutefois, cette intégration est tributaire de la question de la dette et du protectionnisme appliqué par les pays développés. Le poids de la dette affectant maintenant les pays à revenu intermédiaire; il y a une urgence à trouver une solution définitive à cette question. Au vu des nouveaux défis, il est urgent de renforcer le rôle de la CNUCED. Le programme dassistance technique, dentrepreneuriat ou de gestion de la dette sont des activités de la CNUCED, essentielles au développement des pays pauvres. Dans ce contexte, les préoccupations des petits Etats insulaires en développement doivent faire lobjet de la plus grande attention. Dans le domaine du commerce, il faut se féliciter de linitiative de la CNUCED visant à aider les pays en développement à renforcer leur potentiel dexportations. Il faudrait faire de sorte que la CNUCED joue un rôle dappui aux travaux des institutions financières internationales.
M. CHARLES GOERENS (Ministre de la coopération au développement et de laction humanitaire du Luxembourg) : la coopération luxembourgeoise au développement est relativement récente. La part du développement dans le PIB atteint aujourdhui 0,7% et mon Gouvernement sest fixé lobjectif de 1% pour 2004. Ces chiffres ne sont pas en phase avec le déclin général de laide directe, mais ils reflètent une conviction : celle que la coopération au développement est un élément constitutif du bien être de notre nation. Laction bilatérale du Gouvernement luxembourgeois cherche à stimuler l'intégration économique des plus pauvres en intervenant dabord dans les domaines de la santé, de léducation et du développement rural. Cette action peut prendre la forme dune coopération trilatérale avec la mise en place de mécanismes qui sinscrivent dans le cadre des relations Sud-Sud. Notre effort de coopération se concentre aujourdhui sur 10 pays cibles. Sur ces dix pays cibles un seul est un pays démigration vers le Luxembourg. Certains sont affligés dans les conflits armés.
Le Luxembourg est aujourdhui un des principaux contributeurs au projet de marché virtuel de la microfinance. Ce projet met en place un site Internet visant à rassembler toute information susceptible de contribuer à rapprocher les institutions de microfinance dans les pays en développement des marchés traditionnels de la finance. En cherchant ainsi à promouvoir la canalisation des flux de capitaux, notamment privés, vers les microentreprises, dans le but dassurer à un nombre grandissant dentre elles la perspective dune autonomie financière, ce projet vise la structuration à terme des secteurs informels concernés, avec les conséquences que cela peut comporter dans les domaines de la santé et de la sécurité du travail, de la protection de lenfance...bref de tout ce qui forme dans lesprit de Juan Somavia, Directeur général de lOIT, la notion dun travail décent.
M. BRIAN MORRISEY (Ministère des affaires étrangères et du commerce international du Canada) : pour le Canada, qui est une nation commerciale qui tire 43% de son PNB de ses exportations de biens et services, la mondialisation a toujours existé. Notre pays a, depuis très longtemps, été toujours impliqué dans les échanges commerciaux internationaux. Ayant cette longue expérience, nous savons que la libéralisation de léconomie ne peut garantir ni la croissance économique, ni la réduction de la pauvreté. Aussi, tout en étant favorable aux marchés, nous savons quils ne peuvent accomplir certaines tâches qui doivent continuer à être dévolues aux gouvernements, aux ONG et à la société civile. Les marchés ne redistribueront jamais les richesses créées par léconomie mondialisée, et ils ne seront jamais assez patients pour aider les pays en développement à acquérir les compétences et le savoir-faire dont ils ont besoin pour pouvoir réduire le fossé qui les sépare des pays développés. Il faut promouvoir au niveau international ce que certains appellent une mondialisation à visage humain, qui saccompagnerait non seulement dun développement économique incluant la plus large base, mais aussi des structures sociales et des institutions nécessaires à la satisfaction des besoins des citoyens.
Un cadre intégré dassistance technique aux pays en développement les moins avancés a été énoncé et adopté à Singapour, grâce à une initiative canadienne, il y a quelques temps. Pour réussir la mise en uvre des différents volets de ce cadre, une action cohérente et une coopération des agences multilatérales du système des Nations Unies sont nécessaires. Une cohérence des actions et des politiques de la Banque mondiale et du FMI est en particulier indispensable. Les questions auxquelles il faut répondre ici sont les suivantes : Comment les stratégies de réduction de la pauvreté énoncées par ces institutions peuvent-elles servir de base de coordination ? Et comment le rôle joué par lOMC et ses évaluations de politiques commerciales peut-il contribuer à cette coopération et à cette cohérence ? Nous estimons que la CNUCED peut finalement travailler dans ce cadre à la réduction de la pauvreté.
M. DAVID PELEG (Israël) : la mondialisation est une réalité à laquelle nul ne peut échapper. Ce processus est essentiellement positif car il promet des lendemains meilleurs pour beaucoup de peuples. En Israël, petit pays dépendant du commerce extérieur, la mondialisation a contribué à la croissance au cours de la dernière décennie. Cette situation ne doit pas pour autant nous faire oublier les coûts sociaux quelle engendre. Il appartient à la communauté internationale de trouver des solutions fondées sur des valeurs de solidarité. Des mesures doivent être prises en ce qui concerne le système commercial qui doit se fonder sur des règles participatoires et transparentes. Il faut espérer que la nouvelle phase de négociations commerciales offrira des opportunités économiques aux pays en développement. A cet égard, les accords régionaux pourraient se révéler déterminants. Pour Israël, les normes de travail ou environnementales ne doivent pas être manipulées à des fins protectionnistes. Israël, qui a un souvenir vivace de lépoque où il commençait son développement, a mis en place une agence de coopération internationale, le Mashav, dont les activités portent sur toutes les régions, en particulier les territoires gouvernés par lAutorité palestinienne. Israël cherche à créer en outre des partenariats avec les organisations internationales. Ainsi, en juin 1998, un Mémorandum daccord a été signé avec la CNUCED qui vise à conjuguer les ressources professionnelles et opérationnelles de la CNUCED et du Mashav pour étayer les efforts nationaux et régionaux des pays en développement et des pays à économie en transition. Il est important que les activités de la CNUCED en collaboration avec le Mashav ne soient pas politisées et puissent seffectuer dans toutes les régions du monde. La coopération économique et le commerce constituent le fondement de la paix et Israël étant favorable à lassistance apportée aux Palestiniens, espère que le Mémorandum daccord pourra être mis en uvre le plus rapidement possible.
M. RONALD SABORIO SOTO (Ambassadeur du Costa Rica auprès de lOrganisation mondiale du commerce) : nous pensons que le travail de la CNUCED doit être sérieusement pris en considération par les autres institutions chargées du développement et du commerce international, en particulier lOMC. Le travail analytique quelle accomplit doit cependant demeurer la principale activité de la CNUCED. Laccès aux enquêtes quelle effectue en matière de développement des capacités humaines doit être aisé
pour les pays en développement, qui en ont besoin pour améliorer leurs compétences et leurs possibilités de négociations durant les débats et négociations sur le commerce international. Nous ne demandons ni ne prétendons que la CNUCED soit le lieu dun débat sur la libéralisation des mécanismes du commerce international. Mais nous prétendons que son rôle et les opinions quelle exprime doivent être intégrées aux négociations. Concernant lOMC, nous pensons que cest une institution démocratique du fait que les représentants de ses pays membres sont présents lors de ses procédures de prise de décisions. Le Costa Rica a plusieurs fois fait appel au mécanisme de règlement des différends de lOMC au cours de ces dernières années. Chaque fois que notre pays était opposé aux deux plus grandes puissances commerciales du monde, les mécanismes de lOMC ont toujours tranché en notre faveur. Nous estimons donc quune organisation dont les règles de fonctionnement peuvent permettre à un petit pays comme le nôtre de lemporter devant de grandes puissances, doit avoir certaines vertus de transparence et de justice. Par conséquent, nous ne voyons pas dantagonisme majeur entre lOMC et la CNUCED, mais plutôt une complémentarité.
M. ALI S. MCHUMO (République-Unie de Tanzanie) : la CNUCED offre loccasion dévaluer les résultats des politiques passées et, en tenant compte du contexte présent, de définir les politiques futures. Dans ce contexte, il est juste que la Xe CNUCED se mette à la recherche dun nouveau paradigme de développement, compte tenu des inégalités et des crises financières que la mondialisation a engendrées. Il est urgent que la session élabore des mesures critiques, en tenant compte des préoccupations des pays en développement, en général, et des pays les moins avancés (PMA), en particulier. La situation de ces pays nécessite des ressources additionnelles et de la cohérence dans les politiques des institutions internationales. A cet égard, la question de lallégement de la dette doit faire partie dun cadre visant son annulation pure et simple. Le problème des investissements directs étrangers mérite également un examen. La Tanzanie appuie la création dune architecture financière qui mettrait laccent sur le financement du développement dans des conditions plus favorables. Compte tenu des termes de léchange actuel, la Tanzanie estime nécessaire de fournir une assistance accrue aux efforts de diversification des PMA. Il est dommage de constater que la question des produits de base nait pas été prise en compte dans lordre du jour des négociations de lOMC. La Tanzanie met laccent sur la nécessité de faciliter le transfert des technologies. Plaidant pour la révision des Accords commerciaux, la Tanzanie souhaite une mise en uvre urgente des dispositions relatives au traitement spécial et différencié. A cet égard, la Tanzanie juge urgent que lOMC et les autres institutions internationales pertinentes fournissent lassistance technique et financière requise pour la mise en uvre du cadre intégré pour les projets de développement du commerce dans les PMA qui a été agréé par la réunion de haut niveau de lOMC en 1997.
M. NABIL RAMLAWI (Chef de la Délégation de la Palestine) : nous vivons dans un monde de plus en plus interdépendant dans lequel la CNUCED peut contribuer à réduire les écarts et disparités entre riches et pauvres et entre puissants et faibles. La Xe CNUCED se tient au moment où lon se rend compte de la nécessité de redresser les déséquilibres et les injustices engendrées par la mondialisation. Quand nous parlons des problèmes du monde, nous y incluons ceux-là auxquels notre peuple na cessé de faire face. Le Premier Ministre de Malaisie a dit lautre jour quil fallait traiter séparément et avec la même intensité les difficultés de toutes les nations et de tous les peuples en respectant leurs particularismes. Nous vivons depuis très longtemps sous occupation israélienne. Cest une occupation militaire, mais aussi une occupation dexploitation économique et de contrôle politique. La terre, facteur de production le plus important dun peuple, a été arrachée à notre peuple, qui ne peut même pas se livrer à des activités économiques nécessaires à sa survie la plus élémentaire. Depuis quelque temps, dans les zones qui sont sous notre contrôle, nous avons établi des activités économiques basées sur le libre entrepreunariat et la libre circulation des biens et des marchandises. Mais loccupation par Israël de notre pays a complètement disloqué nos potentialités de progrès. Dans ce contexte, comment le peuple palestinien peut-il espérer profiter de louverture et de la libéralisation du commerce international ? Cest une question difficile à répondre. Nonobstant cela, nous remercions la CNUCED pour les projets de coopération et de formation technique quelle a initiés à notre bénéfice, et nous espérons voir un jour naître une économie palestinienne, pour les Palestiniens dans un Etat qui aura pour capitale Jérusalem.
M.PEHIN DATO HAJI ABDUL RAHMAN TAIB (Ministre de lindustrie et des matières premières de Brunei Darussalam) : la mondialisation nest pas une notion abstraite mais bien réelle qui peut être à la fois positive et négative. Dans ce contexte, les politiques des pays développés ont un impact certain sur le développement des pays en développement. La CNUCED doit entreprendre un travail analytique qui pourrait inspirer les gouvernements à formuler et à appliquer les mesures qui viseraient à résoudre les crises dans lavenir. Il faut se féliciter que lOMC ait convenu de formuler certaines mesures tendant à rétablir la confiance dans le marché international. La priorité est de réduire les écarts que la mondialisation a créés entre les nations et à lintérieur des nations. Il est essentiel de permettre aux pays en développement laccès à ce marché et de renforcer les dispositions relatives aux traitements spéciaux et différenciés. La CNUCED, en étroite coopération avec les autres organisations internationales, doit aider les pays en développement à renforcer leur compétitivité. La CNUCED doit donner la priorité aux activités qui aident les pays en développement à participer réellement au système commercial international. La libéralisation commerciale nest pas une fin en soi mais un moyen daméliorer le développement humain. Il faut lengagement de tous pour consolider le système sans léser de pays.
M. RUBEN CALDERON (Secrétaire dEtat à la paix du Guatemala) : notre pays a activement participé à toutes les réunions pouvant servir à préparer la Xe CNUCED, notamment celle de Marrakech. Les efforts de reformulation dun nouveau paradigme du développement se sont manifestés tout au long des différentes grandes conférences des Nations Unies de la décennie écoulée. Nous sommes toujours arrivés à la conclusion que le développement et lamélioration de la vie des peuples et le développement social devaient représenter les objectifs fondamentaux de toutes politiques internationales de développement. Nous sommes en faveur des politiques qui ont pour centre le respect des droits de lhomme. Notre pays a mené, dans cette optique, un long processus de réconciliation nationale pour permettre à tous les acteurs de la société de participer à la définition de lavenir du Guatemala. Notre Gouvernement a mis en place le cadre dun pacte du développement social et économique, basé sur le consensus. Dans ce cadre, nous sommes décidés à renforcer la consolidation de notre démocratie, et à poursuivre la décentralisation des pouvoirs de lEtat et la responsabilisation des provinces et des différents groupes humains de notre société. Notre Gouvernement a sollicité laide de ses amis pour faire un bilan de la manière dont le Guatemala doit sintégrer aux échanges internationaux et à la mondialisation.
M. AHAMDY OULD HAMADY (Mauritanie) : le triomphe des forces du marché na pas permis de réaliser l'intégration économique mondiale à cause notamment des disparités entre pays développés et pays en développement, et les avantages escomptés du cycle dUruguay ne se sont pas non plus matérialisés. Le danger est que, abandonné à sa propre logique, le système commercial multilatéral ne puisse que pérenniser les disparités existantes, et même creuser le fossé entre pays industrialisés et pays en développement. Pourtant les pays du Sud nont ménagé aucun effort pour sintégrer davantage à léconomie mondiale, souvent au prix de lourds sacrifices. Toutefois, les contraintes économiques internationales sur lesquelles ces pays nont presque pas de prise ont considérablement réduit les avantages escomptés.
Le moment est venu de tirer toutes les leçons de cet échec collectif et de repenser les politiques et les responsabilités aussi bien des pays développés que des pays en développement en vue de créer des conditions propices au développement durable et équitable de tous les peuples et de toutes les nations. Evidemment, chaque gouvernement est responsable au premier chef du développement de son pays et à ce titre le mien assume pleinement sa responsabilité comme en témoigne le vaste programme de réformes économique, sociale et politique, mis en uvre ces quinze dernières années en Mauritanie. Ces réformes ont ouvert l'accès aux services sociaux de base à de larges secteurs de la population, permis le renforcement des grands équilibres macroéconomiques et jeté les bases d'un système démographique pluraliste. Elles sont menées en étroite coopération avec nos partenaires au développement. Et, dans ce même esprit, mon pays vient dorganiser un colloque sur le commerce extérieur, prélude à une Table ronde prévue cette année, conformément aux recommandations de la réunion de haut niveau de 1997. Toutefois, les contraintes extérieures qui pèsent sur le processus du développement ne peuvent être surmontées que par un effort collectif.
Cest pour pallier cette situation inacceptable moralement, dangereuse politiquement et contreproductive économiquement quil est impératif dinstaurer un partenariat véritable et une solidarité agissante, solidarité qui doit nécessairement contrebalancer une concurrence qui ne peut-être, par définition, quau détriment de ceux qui sont en position économique plus précaire. Cette Conférence devra corriger les erreurs du passé, déboucher sur une stratégie équilibrée de croissance et de développement et donc faire progresser le monde sur la voie du partenariat, de la prospérité et de la paix.
Mme ABSA CLAUDE DIALLO (Chef de la délégation du Sénégal) : les règles actuelles du système commercial multilatéral doivent être améliorées pour réduire les déséquilibres et elles doivent être orientées vers la dimension développement. Mon pays se félicite des efforts déjà entrepris et des engagements pris pour réduire ou annuler la dette de certains pays. Mais il y a une nécessité urgente de trouver des mesures générales pour éliminer lendettement et régler de façon durable le problème de la dette extérieure. La CNUCED, qui shonore davoir le développement comme vocation, doit aider lAfrique à trouver enfin les voies dune croissance saine et durable et repousser les frontières de la pauvreté et de la marginalisation actuelles. Il importe de dégager toutes les ressources nécessaires pour un renforcement optimal des capacités de lAfrique, afin que nous puissions dans la dignité, respecter les engagements que nous avons déjà contractés. Le Sénégal fait sienne lassertion que les ajustements doivent aussi porter sur le développement des capacités internes de production et doffre pour répondre aux sollicitations des marchés extérieurs.
De même, le Sénégal estime quil est nécessaire de construire un partenariat poussé avec le secteur privé et la société civile, pour permettre aux populations dadhérer aux politiques de développement menées et leur donner plus de crédibilité.
M. JUAN GALLEGOLOS (Equateur) : le phénomène multidimensionnel de la mondialisation a engendré lincapacité actuelle des gouvernements à protéger léconomie de leur pays contre les crises financières. La crise qui a commencé en Thaïlande a fini par toucher lEquateur et, aujourdhui, cette crise sest encore aggravée en raison du phénomène El Nino et de la chute des prix des produits à lexportation. Tout comme lEquateur, beaucoup de pays en développement vivent à la périphérie de léconomie mondialisée en raison des barrières douanières qui empêchent lentrée de leurs produits sur les marchés. Dans ces conditions, et cela est dit par les experts eux-mêmes, il ne sera pas possible pour les gouvernements de réaliser lobjectif de réduire la pauvreté de moitié dici à lan 2015. Il est temps que chacun respecte les règles de lOMC; la controverse avec lUnion européenne sur le commerce de la banane a montré à suffisance le mépris de ces règles. Sagissant des négociations commerciales futures de lOMC, il est important que la dimension du développement soit au centre des débats. En ouvrant leurs marchés au commerce international, les pays en développement ont vécu un effet de décompensation. En raison de la chute des prix des produits dexportation
qui a été conjuguée au fardeau de la dette, la situation financière de lEquateur sest gravement détériorée. Aujourdhui, la dette est équivalente au budget national. Le pays est devenu le pays le plus endetté de toute lAmérique latine. Alors quil ne dépense que 4% de son PNB aux programmes de développement, lEquateur est obligé de réserver 8% au paiement de sa dette. Il faut donc trouver de manière urgente une solution au problème de lendettement.
M. RUI ALBERT FIGUEIREDO SOARES (Ministre des affaires étrangères et des communautés du Cap-Vert) : la majorité des pays en développement, dans leurs efforts dinsertion dans léconomie mondiale sont confrontés aux problèmes de dépendance du financement extérieur, du nombre réduit des produits dexportation, du poids de la dette extérieure, ce qui justifie qu'ils soient lobjet de traitement différencié. Il existe cependant des cas spécifiques qui rendent nécessaires de nouvelles règles, critères et principes de traitement, particulièrement en matière de coopération pour le développement. Si l'on veut qu'il y ait justice et équité à l'égard des pays enclavés, insulaires et archipels, leurs efforts dinsertion dans léconomie mondiale doivent être soutenus par des mesures de politique innovatrices, lesquelles, au plan de laide publique au développement et des relations commerciales se traduisent par une discrimination positive qui leur permette de consolider les résultats acquis, en les rendant irréversibles. Il faudra revoir limportance du PIB per capita parmi les critères utilisés dans la définition des pays en développement et des pays les moins avancés, et par conséquent, pour la détermination du volume, de la nature et des conditions de lattribution de laide extérieure. Cela constitue une condition nécessaire à la prise en considération de la spécificité résultante de la vulnérabilité particulière de certains pays, dont le Cap-Vert, caractérisée par l'insularité, lexiguïté, la fragmentation territoriale, le manque de ressources naturelles, la dépendance structurelle des flux financiers externes. La conjugaison de ces facteurs exige lattention et le concours solidaires des partenaires de développement.
Le moment est donc venu de conjuguer les volontés dans le sens dobtenir un consensus sur la définition du statut de pays vulnérable, applicable à ceux qui, tel le Cap-Vert, font face à ladversité et aux chocs structurels conditionnant de façon décisive tous les efforts de développement. Dans ce contexte, nous nous réjouissons de linestimable contribution que la CNUCED dispense aux pays les moins avancés, en les aidant dans la réalisation dimportantes études et lélaboration de positions à assumer dans le cadre des conversations multilatérales sur le commerce international, linvestissement et sur les perspectives globales de développement.
M. SHAFQAT KAKAKHEL (Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour lenvironnement) : il est évident que les dégradations de lenvironnement et laccroissement de la pauvreté sont parfois liés et doivent donc être étudiés de façon simultanée. Reconnaissant les problèmes croissants de la dégradation de lenvironnement dus à la mondialisation, de nombreux gouvernements se sont engagés désormais à développer des politiques
de commerce, de développement et de protection de lenvironnement qui se soutiennent mutuellement. Pour y arriver, la communauté internationale doit sefforcer de mieux comprendre les implications sociales et environnementales des politiques économiques, y compris les politiques commerciales, et les implications économiques et commerciales des stratégies de sauvegarde de lenvironnement. Ce nest que lorsque cela sera fait, que les décideurs politiques pourront alors formuler et mettre efficacement en application des politiques commerciales et environnementales qui ensemble pourront soutenir pour soutenir un développement durable. Le Programme des Nations Unies pour lenvironnement pense que le renforcement des ressources humaines est essentiel à la réussite de cet objectif.
Ce renforcement doit se faire à la fois aux niveaux national et international, et doit bénéficier des efforts internationaux en vue détendre ces stratégies dintégration au commerce, à lenvironnement et au développement. Une coopération améliorée entre les pays, les gouvernements, les organisations intergouvernementales - comme la CNUCED et le PNUE -, les instituts de recherche et les ONG, pourra mener à une approche plus cohérente et globale des défis stratégiques à relever.
Au niveau national, le PNUE a déjà lancé cinq études de pays qui ont aidé les nations concernées à évaluer les effets sur lenvironnement de la libéralisation commerciale de secteurs économiques donnés. Ces projets ont eu le bénéfice de rapprocher les officiels des domaines commerciaux et environnementaux, de manière à ce que des actions concertées, cohérentes et informées ont pu, pour la première fois, être développées. Le PNUE sest, dautre part, rendu compte quil pouvait, dans sa quête dexpansion des capacités humaines nationales, sappuyer sur la CNUCED et lAgence internationale de garantie des investissements, avec laquelle il a mené une Initiative conjointe. Avec la CNUCED, le PNUE envisage la création dune équipe spéciale de renforcement des capacités humaines sur le commerce, le développement et lenvironnement. Lobjectif de cette initiative sera daméliorer la capacité des pays à analyser les interrelations entre le commerce, lenvironnement et le développement. Ces pays seront ensuite capables de formuler des politiques pertinentes dans ces domaines.
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