CS/1146

CONSEIL DE SECURITE: DES RESSOURCES POUR L'ADMINISTRATION TRANSITOIRE AU TIMOR ORIENTAL

3 février 2000


Communiqué de Presse
CS/1146


CONSEIL DE SECURITE: DES RESSOURCES POUR L’ADMINISTRATION TRANSITOIRE AU TIMOR ORIENTAL

20000203

Les auteurs de violations graves de droits humanitaires devront être jugés et punis

Le Conseil a examiné, ce matin, sous la présidence de M. Arnoldo Manuel Listre (Argentine), la situation au Timor oriental et a entendu M. Sergio Vieira de Mello, Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur transitoire du Timor oriental, qui a présenté les activités de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO), et tracé l'évolution de la situation au Timor oriental depuis le 25 octobre 1999. Au cours des trois premiers mois qui ont suivi la création de l'ATNUTO, des efforts considérables ont été déployés pour progresser dans de nombreux domaines, tous plus importants et urgents les uns que les autres, malgré les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles l'opération a dû démarrer, a dit l’Administrateur. Ce dernier a notamment attiré l'attention sur les incursions de milices dans l'enclave d'Oecussi qui harcèlent la population civile et sur la criminalité qui ne cesse de monter, essentiellement due à un taux de chômage vertigineux. M. Vieira de Mello a appelé la communauté internationale à appuyer fermement les efforts accomplis par l'ATNUTO et à libérer les contributions annoncées à Tokyo pour permettre à l'Administration transitoire de s'acquitter de son mandat.

Les délégations ont, pour leur part, insisté sur la nécessité d'assurer une transition sans heurt de l'INTERFET à l'ATNUTO et de veiller à la participation effective des Est-Timorais aux activités de l'Administration transitoire et au processus de décision. Elles ont fait part de leur préoccupation face à la montée de la criminalité, due notamment à un taux de chômage élevé. Notant qu'une grande partie de la population ne dispose pas de moyens de subsistance, le représentant du Royaume-Uni a préconisé une approche globale qui tienne compte à la fois des mesures économiques et du renforcement de la sécurité. La majorité des délégations ont insisté, dans ce contexte, sur le déploiement rapide de la police civile. Le ralentissement du retour des réfugiés et la persistance d'actes de violence à leur encontre ont également suscité l'inquiétude des membres du Conseil. Ceux-ci se sont, d'autre part, félicités de la publication des rapports de la Commission d'enquête internationale et de la Commission d'enquête indonésienne sur les violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international au Timor oriental. La réconciliation passe par la vérité et la justice, ont-ils souligné.

(à suivre – 1a)

- 1a - CS/1146 3 février 2000

Le représentant des Etats-Unis a observé, pour sa part, que si l'Indonésie voulait éviter la création d'un Tribunal international pour le Timor oriental, elle devrait agir de manière crédible pour traduire les auteurs de violations graves de droits humanitaires en justice.

Les représentants des Etats Membres suivants du Conseil de sécurité ont fait une déclaration : Royaume-Uni, France, Bangladesh, Canada, Jamaïque, Fédération de Russie, Malaisie, Ukraine, Namibie, Pays-Bas, Chine, Tunisie, Mali, Etats-Unis et Argentine.

Pour l'examen de cette question, le Conseil était saisi d'un rapport du Secrétaire général sur l’Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental.

LA SITUATION AU TIMOR ORIENTAL

Rapport du Secrétaire général sur l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) (S/2000/53)

Le présent rapport, soumis en application de la résolution 1272 (1999) du Conseil de sécurité, en date du 25 octobre 1999, par laquelle le Conseil, a décidé de créer l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) pour une période initiale allant jusqu'au 31 janvier 2001. Il couvre les activités de l'ATNUTO et l'évolution de la situation au Timor oriental depuis le 25 octobre 1999. Onze règlements promulgués par l'ATNUTO au cours de cette période sont publiés dans l'additif du rapport.

Au cours de la période considérée, l'ATNUTO a entrepris ses opérations dans l'ensemble du Timor oriental, élaboré des mécanismes de consultation avec les Timorais de l'Est à tous les niveaux et a jeté les bases de sa structure administrative. Plusieurs dispositions législatives fondamentales ont été adoptées, en consultation avec les Timorais de l'Est. La sécurité intérieure s'est considérablement améliorée, grâce aux activités de la Force internationale au Timor oriental (INTERFET), dont le Conseil de sécurité a autorisé la création par sa résolution 1264 (1999) du 15 septembre 1999. La majorité de la population est désormais à l'abri de toute menace de violence et peut se déplacer librement. Il s'est cependant produit plusieurs incidents dans certaines zones limitrophes du Timor occidental, en particulier dans l'enclave d'Oecussi, au cours desquels sont intervenus des membres de milices favorables à l'intégration. L'aide humanitaire a permis d'améliorer quelque peu la situation, qui reste toutefois très difficile à cause de l'ampleur des destructions, du manque de moyens d'existence et de la cherté de la vie. La criminalité est en hausse, en particulier à Dili et dans d'autres zones urbaines, essentiellement à cause du nombre élevé de chômeurs.

Au moment de la création de l'ATNUTO, M. Ian Martin, Représentant spécial pour la consultation populaire au Timor oriental et chef de la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MINUTO), a dirigé provisoirement l'ATNUTO jusqu'à l'arrivée du Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur transitoire au Timor oriental, M. Sergio Vieira de Mello. M. Martin et ses collaborateurs n'ont ménagé aucun effort pour assurer un passage sans heurt à l'ATNUTO. Cette période a été marquée par une absence totale de pouvoir administratif et d'activités policières et judiciaires. L'INTERFET n'a pu combler que le vide en matière policière et judiciaire tandis que l'ATNUTO, avec un effectif minimum et fonctionnant dans des conditions épouvantables, n'a pas été en mesure d'assurer efficacement l'administration. Les dirigeants du Timor oriental étaient impatients de tenir les commandes et de s'attaquer aux énormes problèmes. Le Conseil national de la résistance timoraise (CNRT), coalition de groupes indépendantistes, et les Forces armées de libération nationale du Timor oriental (Falintil) ont comblé le vide au niveau des pouvoirs locaux, assumant parfois un rôle en matière de sécurité. La situation s'est améliorée lorsque le Président du CNRT, M. José Alexandre (Xanana) Gusmão, rentré au Timor oriental le 22 octobre 1999, a commencé à jouer efficacement un rôle de dirigeant.

Le Secrétaire général fait observer qu'au cours des trois premiers mois qui ont suivi la création de l'ATNUTO, des efforts considérables ont été déployés pour progresser dans de nombreux domaines, tous plus importants et plus urgents les uns que les autres, malgré les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles l'opération a dû démarrer. Dès le départ, l'ATNUTO a tenu à œuvrer en étroite collaboration avec les Est-Timorais. Le Conseil consultatif national est extrêmement utile pour permettre à l'ATNUTO de connaître les besoins des Timorais et d'y répondre, mais aussi pour permettre à ces derniers de prendre part à des décisions importantes qui auront des effets sur les habitants du Timor oriental bien après que la présence limitée de l'ATNUTO sur le territoire aura pris fin. Des mécanismes de consultation sur des questions sectorielles et locales sont en place et on a entrepris de les consolider. L'ATNUTO a beaucoup profité des liens étroits de coopération qui se sont instaurés au sein du Conseil consultatif national avec les groupes timorais qui y sont représentés, notamment le CNRT, que dirige M. Gusmão. L'ATNUTO et ses partenaires Est-Timorais qui ont, comme le reste de la population, subi des dommages matériels et des atteintes personnelles graves et qui disposent de moyens limités doivent faire face à des problèmes qui sont considérables ne serait-ce que par leur nombre. Maintenir la cohésion dont les Timorais ont fait preuve jusqu'à présent sera essentiel pour assurer un passage sans heurt à l'indépendance.

Des décisions fondamentales et urgentes doivent être prises dans une multitude de domaines pour asseoir un Etat Est-Timorais indépendant sur des bases solides, souligne le Secrétaire général. Dans le même temps, il faut faire face à des besoins humanitaires urgents et assurer les services publics. L'ATNUTO a créé les bases d'une structure administrative et joue un rôle actif de coordination dans les activités d'aide humanitaire. Les destructions et les violences systématiques de septembre dernier ont eu des effets dévastateurs qui continueront de poser de graves problèmes dans l'avenir proche tout comme l'arrêt des services publics, résultat également des événements du mois de septembre. En outre, un chômage élevé et les perturbations dans l'enseignement et les autres services sociaux et publics, joints au prix très élevé des denrées alimentaires et autres produits de première nécessité font peser la menace de graves problèmes sociaux. Au cours des trois prochains mois, on donnera donc la priorité à la recherche de résultats tangibles en créant des emplois, en assurant un ensemble de services publics et en facilitant la réinsertion des personnes déplacées de retour du Timor oriental. Pour accroître l'offre et faire baisser les prix, il sera essentiel de développer les échanges.

Les contributions généreuses annoncées à la conférence de Tokyo permettront à l'ATNUTO et à ses partenaires Est-Timorais d'œuvrer plus efficacement et de mieux répondre aux besoins de la population. Il faudra veiller à ce que ces fonds puissent être rapidement utilisés. Le Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies, en particulier, doit permettre de couvrir les dépenses de l'administration du Timor oriental, qui sont estimées à 28,3 millions de dollars pour 2000 sur la base de recettes projetées d'un montant de 15 millions de dollars. Sur les 31 520 000 dollars de contributions annoncées à Tokyo, 8 176 211 dollars au total ont jusqu'à présent été versés au Fonds d'affectation spéciale. Il a été convenu à Tokyo qu'une autre réunion se tiendrait à Lisbonne en juin 2000 et qu'à cette occasion les besoins seraient revus compte tenu de l'évolution de la situation sur le terrain.

Les habitants du Timor oriental fondent de grands espoirs sur l'ATNUTO, qui incarne à leurs yeux les promesses d'aide de la communauté internationale, et ont favorablement accueilli la mission. Ils sont toutefois dans une situation désespérée et impatients, comme on peut le comprendre, de voir des résultats. C'est pourquoi, il importe de maintenir les liens de coopération excellents qui se sont instaurés entre les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods, les organisations non gouvernementales et les donateurs.

Le Secrétaire général se félicite de l'évolution des relations entre le Timor oriental et l'Indonésie. La manière dont le Président Wahid et son gouvernement ont reçu M. Gusmão à Jakarta, la visite prochaine de M. Wahid au Timor oriental et les différentes mesures mentionnées dans le présent rapport augurent bien de leurs relations futures. Il émet donc l'espoir que les problèmes en suspens trouveront bientôt une solution, en particulier le retour des Est-Timorais réfugiés au Timor occidental et le contrôle de la situation le long de la frontière entre le Timor oriental et le Timor occidental. Le Secrétaire général se rendra en Indonésie et au Timor oriental au cours de ce mois.

Le Secrétaire général exprime sa profonde gratitude à l'INTERFET pour l'efficacité et le professionnalisme dont elle a fait preuve dans l'accomplissement du mandat qui lui a été confié sous la direction du général de division Peter Cosgrove (Australie) et pour l'appui qu'elle a fourni à l'ATNUTO. Tout en faisant remarquer que l'installation de l'ATNUTO est loin d'être terminée mais qu'elle est en bonne voie - si l'on juge d'après ce qui a été accompli jusqu'à présent avec des moyens limités -, le Secrétaire général fonde des espoirs pour l'avenir.

Déclarations

M. SERGIO VIEIRA DE MELLO, Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur transitoire du Timor oriental, a rappelé que depuis septembre 1999, un nombre important de Timorais ont été privés des services essentiels. Les conséquences socioécomomiques qui ont suivi les événements récents dans le territoire sont importantes. La plupart des gens n'ont aucun moyen de subsistance. Après tant d'années de troubles, le nombre de revendications foncières sont nombreuses. La population du Timor oriental est impatiente de voir la fin de la période transitoire. L'ATNUTO doit garantir la protection de tous les Timorais, coopérer avec le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) et les autres institutions sur le terrain. Les Est-Timorais doivent avoir accès au processus de décision. Les services de santé et le système d'éducation doivent être rétablis, tout comme l'économie tout entière doit être rétablie. Pendant la première période de six mois, l'ATNUTO doit conserver les preuves relatives à toutes les violations des droits de l'homme commises au Timor oriental. Huit incursions transfrontières ont été constatées au cours de ces dernières semaines. La sécurité publique est menacée par le taux élevé de criminalité causé en particulier par le chômage. L'ATNUTO prend des mesures pour contribuer à la formation de la police locale. L'ancienne force de libération est disposée à mettre à profit - sans armes - sa contribution à la mise en œuvre de ce programme.

Les tribunaux ne disposent pas du personnel de soutien essentiel à leur bon fonctionnement. Leur rénovation est nécessaire. En ce qui concerne le rapatriement des réfugiés, M. Vieira de Mello a fait observer qu'un grand nombre d'entre eux hésitent à regagner leur foyer tant que la sécurité n'est pas garantie. Depuis la mise en place de l'ATNUTO, des progrès notables ont été accomplis. Le Conseil consultatif national, habilité à créer des commissions sectorielles mixtes - composées d'experts Est-Timorais et internationaux de le conseiller dans différents domaines de l'administration - a constitué deux commissions sectorielles, l'une chargée des questions macroéconomiques et financières et l'autre chargée de la fonction publique. D'autres ayant mandat dans le domaine de l'agriculture, de la santé et de l'éducation sont en cours de constitution. Le Conseil a adopté toutes ses décisions à l'unanimité et entériné tous les règlements promulgués. L'ATNUTO sert de coarchitecte pour aider les Timorais à mettre en place les institutions politiques, judiciaires et administratives nécessaires au rétablissement d'une vie normale sur le territoire. Certains partisans de l'autonomie manifestent une hostilité à l'égard des Nations Unies. M. Gusmao, responsable du CNRT, a fait des efforts considérables. L'ATNUTO a eu des entretiens avec le ministre indonésien des affaires étrangères qui a réaffirmé que l'Indonésie est résolue à établir des relations amicales avec le Timor oriental et à contribuer à assurer sa stabilité, a indiqué M. Vieira de Mello. Les membres du Conseil de sécurité doivent se rendre compte que les activités entreprises au cours des premiers six mois dans le cadre du plan de restructuration ont été financées par la Banque mondiale. L'ATNUTO est confrontée à un hiatus temporel qui pourrait donner l'impression aux Est- Timorais que l'on ne fait pas grand chose.

La Commission d'enquête internationale a présenté son rapport lundi dernier. Jusqu'ici, les enquêtes portent sur les violations des droits de l'homme. Sur 300 corps enterrés dans une fosse commune, 71 ont été exhumés. De nombreux assassinats ont été commis. A cette fin, un centre des droits de l'homme a été mis en place. L'afflux d'étrangers - civils et militaires - suscite des tensions au Timor oriental. Il est urgent de mettre en place une fonction publique au Timor oriental. En 2000, cette fonction publique n'emploiera que 7 000 personnes. L'Administrateur s'est déclaré convaincu que le Conseil de sécurité apportera son appui aux efforts visant à faire face aux violations des droits de l'homme. Il a exhorté les membres du Conseil à exercer leur influence pour que l'ATNUTO soit en mesure de s'acquitter de manière efficace de son mandat.

Sur le plan politique, M. Vieira de Mello a estimé qu'il est prématuré de prédire à quel moment des élections pourront avoir lieu. Il est trop tôt pour politiser le climat qui règne au Timor oriental. Rappelant que le Timor oriental a une position stratégique faible, M. Vieira de Mello a estimé toutefois que les Nations Unies ne doivent pas le priver de leur soutien.

M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a estimé que le Timor avait de bonnes chances de devenir le symbole de l'édification nationale évoquée par M. de Mello. Il s'est toutefois déclaré préoccupé du fait qu'on ne donne pas suffisamment d'argent pour les activités sur le terrain. La situation de sécurité, tout comme le déploiement trop lent de la police civile constituent d'autres motifs d'inquiétude. Le représentant s'est félicité des progrès réalisés dans la voie d’une transition harmonieuse de l'INTERFET à l'ATNUTO et a souhaité que cette tendance se poursuive. Il a appelé à suivre de près la situation de violence près de l'enclave de Coecussi. Dans ce contexte, il a demandé des précisions sur la situation des milices et leur capacité de nuire. Le travail de la composante de police civile de l'ATNUTO est encourageant. Toutefois, le nombre élevé de crimes est préoccupant. En outre, une grande partie de la population ne dispose pas de moyens de subsistance. Face à cette situation, M. Eldon a préconisé une approche globale qui vise à la fois à fournir des moyens de subsistance à la population et à renforcer la sécurité. Il a appelé l'ATNUTO à prendre des initiatives en vue d'augmenter les effectifs de la police civile. L'ATNUTO pourrait incorporer un élément de formation à leur attention, a-t-il suggéré.

Le représentant s'est félicité des progrès réalisés en matière d'établissement de l'administration publique, tout en se déclarant, là encore, préoccupé par la lenteur de l'arrivée des ressources pour le financement. Il a demandé à M. de Mello si le Conseil de sécurité ou le Secrétariat pouvaient faire quelque chose pour remédier à cette situation. Pour ce qui est de la question des droits de l'homme, il s'est félicité de la publication des rapports de la Commission d'enquête internationale et de la Commission d'enquête indonésienne et a souligné qu'il est impératif que les responsables de violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international soient traduits en justice. Tous doivent être poursuivis même si cette poursuite devra conduire à des sommités, a-t-il insisté. Il s'est félicité à cet égard des déclarations récentes du Président indonésien Wahid.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a réitéré sa confiance à M. de Mello. Il ne s'agit pas uniquement de remplir un vide et d'administrer le Timor de manière intérimaire, mais d'être présent et de bâtir avec les Est-Timorais une nouvelle architecture. Il s'est félicité des efforts réalisés en vue de la réconciliation nationale et du retour des réfugiés. M. Dejammet a demandé des précisions sur le nombre de Timorais qui ont émigré loin du Timor et souhaiteraient revenir dans le pays. Soulignant les perspectives actuelles, il s'est félicité que M. de Mello ait mis l'accent à la fois sur la question des droits de l'homme et de la justice, et sur le redressement de l'économie qui permettrait de donner aux Timorais l'assurance qu'ils peuvent travailler ensemble dans un pays reconstruit. Le devoir de mémoire et de justice est heureusement compris non seulement au Timor, mais aussi en Indonésie, ce qui donne des motifs d'espérance. La justice doit être faite. M. Dejammet s'est félicité des efforts déployés par l'Indonésie. S'agissant de la situation économique, il a jugé essentiel de donner des perspectives immédiates aux habitants du Timor. Il n'y aura pas de véritable retour ni réconciliation si ceux qui sont dans des camps ne se voient pas assurer des conditions de vie normale. Le représentant a déploré le fait que les délais de déboursement des moyens promis soient tardifs. Il a demandé des précisions sur ce qu'il faudrait faire pour transférer les fonds nécessaires au fonctionnement de l'ATNUTO. Tout ce qui pourrait être fait pour diminuer le poids financier qui incombe à l'ONU doit être entrepris, a souligné M. Dejammet.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a noté que l’Administrateur a souligné le rôle crucial des Nations Unies au Timor oriental et observé que son pays demande instamment que la police civile soit déployée et que des mesures soient prises pour assurer la protection des réfugiés. A cet égard, M. Chowdhury a salué les efforts déployés par le Haut Commissaire pour les réfugiés. Le problème du chômage est aigu car, comme l'indique le rapport du Secrétaire général et les propos de l'Administrateur, on compte 80% de chômeurs. Le système judiciaire et l'administration civile incombent aux Est-Timorais. A cet égard, on peut noter des progrès accomplis par les Est-Timorais qui ont reçu une formation dans ce domaine en Australie. Il est satisfaisant de constater que des commissions sectorielles sont constituées pour contribuer à la mise en place des institutions au Timor oriental. Les puissances régionales peuvent jouer un rôle très utile dans l'évolution de la situation au Timor oriental. Faisant remarquer que les Nations Unies ne sont pas connues pour débloquer rapidement des ressources financières, M. Chowdhury a toutefois appelé l'ONU à faire preuve d'une plus grande détermination pour éviter que l'autonomie du territoire déjà fragile ne soit compromise.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a fait part des préoccupations de son pays face aux actes de violence à l'encontre de civils et des troupes de l'INTERFET par les milices du Timor occidental, et a appelé le Gouvernement indonésien à redoubler ses efforts en vue de mettre fin à ces incidents. Le représentant s'est félicité du nombre croissant de réfugiés qui ont manifesté leur désir de rentrer dans leur foyer. Il a demandé à M. de Mello des précisions sur les perspectives de réconciliation en ce qui concerne les partisans de l'autonomie et les anciens membres des milices qui souhaiteraient rentrer. Le Canada se félicite de la publication des rapports de la Commission d'enquête internationale et de la Commission d'enquête indonésienne sur les violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international au Timor oriental,

et a réaffirmé la conviction de son pays que la réconciliation passe par la vérité et la justice. Il a estimé que l'Indonésie devait se voir donner la possibilité de poursuivre et de traduire en justice ses nationaux qui se sont rendus coupables de telles violations, et s'est, à cet égard, déclaré encouragé par la déclaration récente du Président Wahid qui a affirmé qu'il n'y aura pas d'impunité pour les auteurs de violations des droits de l'homme. Le Canada est préoccupé par la recrudescence de la violence et les risques de problèmes sociaux graves résultant du taux de chômage élevé et de la destruction des infrastructures. Dans ce contexte, il appuie les efforts de M. de Mello pour que les Est-Timorais puissent participer aux efforts de l'ATNUTO et à ses processus de décisions.

Le Canada contribue actuellement à l'INTERFET avec une compagnie d'infanterie d'environ 250 personnes. Le navire de soutien logistique et le transport aérien C-130 qui faisaient partie de la contribution canadienne ont terminé leur mission et sont rentrés au Canada en décembre. La contribution actuelle du Canada sera retirée à la fin du mois de mars. La compagnie canadienne d'infanterie portera le béret bleu à partir du 21 février, a encore indiqué M. Fowler qui a réaffirmé la position de son pays selon laquelle l'opération au Timor aurait dû dès le départ être une opération de maintien de la paix. Il a précisé que le Canada fournirait, si nécessaire, cinq officier à l'ATNUTO, bien qu'il soit probable que sa contribution future prenne davantage la forme d'une assistance humanitaire. Le Canada a donné 6,7 millions de dollars depuis avril 1999 pour soutenir le processus de consultation de l'ONU, l'aide humanitaire et les efforts de réconciliation. Il travaille actuellement en étroite collaboration avec les organisations non gouvernementales et internationale et avec les Est-Timorais pour définir la forme la plus appropriée d'assistance à long terme qu'il pourrait fournir à la région.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est déclarée consciente des difficultés rencontrées par l'ATNUTO dans l'accomplissement de son mandat. Il est clair que les besoins des Est-Timorais soient traités à tous les niveaux. Sa délégation soutient fermement le rôle de l'ATNUTO et la participation des Est-Timorais revêt une importance fondamentale car c'est le seul moyen qui leur permettra de prendre conscience de leur avenir. La Jamaïque estime encourageantes les assurances exprimées par le Gouvernement indonésien, car elles pourraient permettre d'accélérer le rapatriement des réfugiés. Comme l'indique le rapport du Secrétaire général, les conditions dans les camps de réfugiés demeurent une source de préoccupation et les risques auxquels est exposé le personnel des Nations Unies sont inadmissibles. Mme Durrant a toutefois souhaité que les Nations Unies soient en mesure d'allouer les ressources financières nécessaires au bon fonctionnement de l'ATNUTO. Réaffirmant qu'il faut faire respecter l'ordre et la loi, la délégation jamaïcaine est d'avis qu'il est indispensable de rouvrir les prisons de droit commun. La représentante a estimé qu'il ne faut pas perdre de vue le bien- fondé des programmes à long terme. Les questions des droits de l'homme devraient être traitées aussi bien par les Nations Unies que par le Gouvernement indonésien.

M. ANDREI GRANOVSKY (Fédération de Russie) a estimé que le rapport du Secrétaire général reflète des évolutions satisfaisantes. Il a cité en particulier l'amélioration sensible de la sécurité, la création d'un mécanisme qui permet aux Timorais de participer aux processus de décision et l'établissement fructueux de l'Administration transitoire.

On n'en est naturellement qu'au début du processus qui mènera à l'indépendance du Timor oriental, a-t-il souligné. Le représentant s'est déclaré préoccupé par la situation de sécurité et particulièrement les campagnes d'intimidation à l'encontre des réfugiés. Il a plaidé, en conséquence, en faveur du démantèlement rapide des milices, préalable essentiel à la stabilisation et à la réconciliation. Un autre élément fondamental à cet égard est le redressement de l'économie, a-t-il estimé. De l'avis de la Fédération de Russie, la conférence des donateurs qui s'est tenue à Tokyo a apporté un soutien important.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a noté avec satisfaction que des progrès ont été accomplis au Timor oriental. Il a émis l'espoir que l'ATNUTO s'acquittera avec efficacité de son rôle crucial. Le représentant a souligné la nécessité de former une force de police civile suffisante pour faire face à la situation critique du Timor oriental. Des mesures concrètes et vigoureuses sont également nécessaires pour l'amélioration de la situation socioéconomique. Les efforts de réconciliation sont indispensables et doivent donc être renforcés, notamment avec la contribution précieuse du Conseil consultatif mixte. Les Etats de la région répondront, comme il se doit, s'est déclaré M. Hasmy. La communauté internationale doit appuyer fermement les efforts accomplis par l'ATNUTO. L'Indonésie a adopté des mesures qui sont prises au sérieux, a-t-il estimé.

M. VOLODYMYR YU YEL'CHENKO (Ukraine) s'est félicité de la normalisation de la situation de sécurité et a préconisé une position ferme face aux actes de violence. Il a souligné l'importance de l'établissement d'un mécanisme permettant aux Timorais de participer aux processus de décisions dans le cadre de la réconciliation. Il s'est également félicité de l'évolution des relations entre l'Indonésie et le Timor oriental, ainsi que de l'entrée en fonction d'une Administration transitoire. L'établissement d'un système de gouvernance et d'une administration civile doivent continuer de constituer les priorités de l'ATNUTO, a-t-il estimé. Le représentant s'est déclaré préoccupé par les actes d'intimidation contre les civils et les réfugiés désireux de rentrer dans leur foyer. Il s'est réjoui des mesures prises par la composante de police civile pour empêcher ce type d'incidents. La pauvreté et le chômage sont sources de frustration croissante et constituent un autre problème grave auquel doit faire face l'ATNUTO, a-t-il souligné. S'agissant de la question des droits de l'homme, il s'est déclaré encouragé par les mesures prises par l'Indonésie et l'intention qu'elle a manifestée de prendre des mesures contre les auteurs de violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a constaté avec satisfaction les nombreux progrès réalisés dans tous les domaines et notamment ceux portant sur la reconstruction et la réhabilitation du Timor oriental. La création du Conseil consultatif national est un élément fondamental pour promouvoir la confiance et la réconciliation nationale. L'amélioration des relations entre l'Indonésie et le Timor oriental constitue une évolution favorable de la situation, surtout depuis la visite de M. Gusmao et de M. Mello à Jakarta. La visite prochaine du Président Wahid au Timor oriental donnera une nouvelle dimension à ces efforts. Se disant satisfait des conditions de sécurité en général, le représentant a toutefois regretté la recrudescence de la violence engendrée en grande partie par les problèmes socioéconomiques.

Le représentant a souligné l'incidence du chômage sur la situation et il a demandé dans quelle mesure les programmes de réhabilitation des routes auront un impact sur l'emploi en général. Il a demandé à M. de Mello d'indiquer le niveau d'intérêt manifesté par les entités créatrices d'emploi, comme le secteur privé, pour le développement du Timor oriental.

Pour le représentant, la préoccupation majeure porte sur la situation des réfugiés des camps du Timor oriental, leur sécurité et leur rapatriement. Il est décevant de constater que les milices sont actives dans les camps et empêchent les Nations Unies de s'y déplacer librement. Il a demandé à M. de Mello de donner des informations sur la manière dont les milices opèrent. Agissent-elles sous couvert ou ouvertement? Je me demande également, a ajouté le représentant, si M. de Mello a eu l'occasion d'aborder cette question avec le Gouvernement indonésien et si oui, quelle a été sa réponse. Des efforts visibles ont-ils déployés pour mettre un terme aux activités des milices? Il est indispensable de tout faire pour traduire en justice les auteurs des violations des droits de l'homme. Nous estimons toutefois, à la lumière des progrés réalisés par la Commission nationale d'enquête indonésienne, qu'il vaut mieux laisser ce processus suivre son cours avant que la communauté internationale n'intervienne. Le représentant a souhaité que le Secrétaire général informe le Conseil de sécurité des résultats de sa visite au Timor oriental.

M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) s'est félicité des évènements positifs mentionnés dans le rapport du Secrétaire général et dans la déclaration de son représentant spécial et Administrateur de l'ATNUTO, M. Vieira de Mello. Il s'est félcité également que l'ATNUTO accorde la priorité à la fonction publique. Des progrès ont été également accomplis dans les relations entre l'Indonésie et le Timor oriental. La situation dans les camps du Timor occidental continue d'être extrêmement difficile et les incursions de milices se poursuivent à la frontière entre les deux territoires. Le représentant a souhaité obtenir des précisions sur les consultations entre l'Administrateur et M. José Gusmao, président du Conseil national de la résistance timoraise. Les violations des droits de l'homme doivent faire l'objet de poursuites et leurs auteurs traduits devant les juridictions nationales. Il est raisonnable de penser que le Timor oriental connaîtra un succès dans la voie qu'il s'est tracée. Les Pays-Bas assurent l'ATNUTO de tout leur appui.

M. SHEN GUOFANG (Chine) s'est félicité de l'évolution positive de la situation au Timor oriental. Il a toutefois mis en garde contre trop d'optimisme, soulignant les difficultés qui doivent encore être surmontées en ce qui concerne notamment la reconstruction des infrastructures, la mise en place du système judiciaire et la création d'emplois. Les progrès durement acquis doivent être maintenus. Le représentant a souligné la nécessité d'assurer une transition sans heurt de l'INTERFET à l'ATNUTO, rappelant que l'indépendance du Timor doit se faire dans le cadre de l'ONU. Il a également insisté sur la nécessité du déploiement rapide de la police civile. Les Timorais doivent assurer progressivement l'administration du territoire, a-t-il souligné. Dans ce contexte, il a invité l'ATNUTO à poursuivre des consultations élargies à toutes les parties et à former du personnel local en vue de prendre la relève. La participation des groupes partisans de l'autonomie constitue une étape importante sur la voie de la réconciliation,

a-t-il estimé. Le représentant a encore insisté sur la nécessité de la poursuite de la coopération avec l'Indonésie, en particulier pour ce qui est du rapatriement des réfugiés qui se trouvent encore au Timor occidental. La Chine continuera de participer activement à toutes les activités visant à assurer une transition harmonieuse au Timor oriental. Elle continuera de fournir une assistance, dans la mesure de ses moyens, pour aider à la reconstruction et la réconciliation du Timor oriental. C'est un défi immense pour les Nations Unies, a-t-il souligné, exprimant l'espoir que toutes les parties feront preuve de coopération pour réaliser cet objectif. Le représentant s'est déclaré préoccupé par la situation des droits de l'homme dans la région. Il a noté la publication des rapports de la Commission d'enquête internationale et de la Commission d'enquête indonésienne, ainsi que la déclaration du Président indonésien Wahid. La Chine estime que le Gouvernement indonésien est disposé à mener des enquêtes et à ouvrir des procès.

M. BEN MUSTAPHA (Tunisie) s'est félicité du climat général qui prévaut sur le terrain, tout en soulignant la nécessité de construire sur la base des progrès déjà réalisés. Il s'est plus particulièrement félicité des progrès en ce qui concerne la transition de l'INTERFET vers l'ATNUTO. Le représentant s'est réjoui de la bonne volonté du Gouvernement indonésien dans sa coopération avec l'ONU, de sa détermination à nouer de bonnes relations avec toutes les parties et à résoudre les problèmes issus de la crise, y compris dans le domaine des droits de l'homme. Il a appuyé la nécessité de renforcer les capacités des organisations humanitaires sur le terrain et a souligné à cet égard l'importance de la coordination. Le représentant a encore salué le soutien financier apporté par la communauté internationale en faveur du Timor oriental qui s'est notamment manifesté lors de la Conférence des donateurs de Tokyo.

M. MOCTAR OUANE (Mali) s'est félicité de la présentation claire et précise faire ce matin par l'Administrateur de l'ATNUTO. Le rapport du Secrétaire général indique des progrès réalisés notamment dans le cadre des relations entre l'Indonésie et le Timor oriental. Les contributions annoncées par les bailleurs de fonds devraient être libérées très prochainement. Le représentant a souligné l'importance de la coopération entre les Nations Unies, les institutions spécialisées et les institutions de Bretton Woods. La délégation malienne exprime sa gratitude au Secrétaire général pour les efforts déployés dans le cadre de la situation au Timor oriental.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a félicité M. de Mello des efforts constants qu'il déploie dans des circonstances très difficiles. Les premiers mois d'activités de l'ONU au Timor permettent d'espérer que son action dans la région restera comme un succès de l'ONU. Il s'est félicité des mesures prises par plusieurs institutions internationales en faveur du Timor, en particulier la Banque mondiale. Le représentant a exhorté les uns et les autres à aider l'ONU à mettre en place une police civile et à créer une police locale. Les efforts déployés sur place sont remarquables et peuvent servir de modèle pour le reste du monde, a-t-il estimé. M. Holbrooke s'est félicité de la visite prochaine du Secrétaire général au Timor et en Indonésie, ainsi que de la visite prévue du Président indonésien au Timor. Il a estimé que la réconciliation ne sera pas complète tant que les réfugiés ne retourneraient pas

dans leurs foyers. A cet égard, il s'est déclaré préoccupé par le ralentissement, s'agissant du retour des réfugiés et s'est interrogé sur l'action du HCR à cet égard. Cette situation est imputable au comportement des milices. C'est pourquoi les Etats-Unis appuient fermement l'appel du Secrétaire général visant à encourager les Indonésiens à faire une enquête plus approfondie sur la situation.

Les Etats-Unis appuient la Commission d'enquête indonésienne sur les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire au Timor oriental et soutiennent le travail réalisé par ses membres, lesquels s'efforcent de mettre en place les institutions judiciaires. Il a invité l'Indonésie à ne pas relâcher ses efforts à cet égard, sous peine de voir la pression de la communauté internationale s'élever au point d'aboutir à la création d'un Tribunal international pour le Timor oriental. Le monde est à l'écoute. Le meilleur moyen pour l'Indonésie d'éviter la création d'un Tribunal est de déployer un effort d'enquête crédible. M. Holbrooke a, en conclusion, réaffirmé la volonté de son pays de soutenir les efforts de l'ONU au Timor et indiqué que les Etats-Unis entendaient de prendre des mesures complémentaires qui sont actuellement discutées avec M. de Mello.

M. ARNOLDO MANUEL LISTRE (Argentine) s'est félicité de l'exposé fait par le Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO). Les Nations Unies doivent assumer un rôle crucial pour organiser et préparer le Timor oriental à son indépendance. Au cours de ces trois premiers mois, des progrès ont été accomplis par le Conseil consultatif mixte qui a constitué des commissions sectorielles chargées notamment des questions financières et de fonction publique.

La délégation argentine se déclare toutefois préoccupée par la situation des réfugiés au Timor oriental et par les actions des éléments incontrôlés de milice qui continuent de terroriser les Est-Timorais, en particulier ceux de l'enclave d'Oecussi. Elle exprime également sa préoccupation en ce qui concerne les tensions sociales dans les villes du Timor oriental et l'augmentation du taux de criminalité, qui constituent des aspects négatifs pouvant compromettre gravement la stabilité sociale du Timor oriental. Le représentant a souligné qu'il faut accorder la plus grande priorité au règlement des problèmes liés à la fonction publique. Il s'est déclaré convaincu que les échanges bilatéraux contribueront à régler les questions en suspens et permettront de trouver une solution au problème des réfugiés et au contrôle des frontières entre le Timor oriental et le Timor occidental.

Répondant aux observations formulées par les délégations, M. VIEIRA DE MELLO, a déclaré qu'il a été très encouragé par les manifestations d'appui exprimées ce matin par les membres du Conseil. Concernant l'évaluation des activités des milices, il y a plusieurs façons d'examiner la situation. Il avait parlé des forces armées et de la police indonésiennes qui contribuent aux efforts déployés par l'ATNUTO. Dans l'enclave d'Oecussi, tant à l'est qu'à l'ouest, des groupes de milices opèrent et harcèlent la population Est-Timoraise. En dépit des maigres ressources dont dispose le responsable de la composante militaire, des efforts considérables sont accomplis pour faire face à cette situation. La répression de ces groupes extrémistes de milices doit viser l'anéantissement de leur commandement. Les dirigeants politiques doivent œuvrer en étroite coopération pour réaliser cet objectif.

Ce qui devrait nous encourager davantage, c'est la poursuite d'un dialogue continu entre les différentes parties. Pour établir une véritable autonomie et ensuite l'indépendance, les aspirations passées doivent être abandonnées pour œuvrer dans le nouveau contexte établi par l'ATNUSO, a souligné M. Vieira de Mello. L'interdiction du port des armes a été respectée, en particulier dans les environs de Dili.

S'agissant de la formation de la police civile, M. Vieira de Mello a assuré que cela sera possible lorsque l'Académie de police sera mise en place. Pour accélérer le déploiement de la police civile, il a indiqué que des discussions auront lieu au siège des Nations Unies demain pour déterminer les conditions dans lesquelles ce déploiement rapide sera assuré. La Banque mondiale accepte un déboursement rapide des fonds nécessaires sans ingérence dans le fonctionnement normal des procédures d'achats. Les contributions annoncées à Tokyo devraient être affectées dès que possible afin de permettre à l'ATNUTO de s'acquitter efficacement de son mandat. D'autres activités liées à l'infrastructure devront être accomplies. Il est nécessaire de créer une administration viable au Timor oriental. Pour ce qui est des perspectives d'avenir, il faudra promouvoir la confiance afin de régler, notamment, le problème du chômage. A moyen terme, les investisseurs privés des pays de la région se manifesteront, en particulier, lorsqu'un climat socio-économique propice sera créé. Le CNRT a communiqué une liste de Timorais susceptibles de contribuer aux efforts de l'ATNUTO. Cela dépendra de la réouverture des frontières entre le Timor oriental et le Timor occidental et lorsqu'on anéantira la menace des incursions par les groupes de milices. L'ATNUTO procédera à intervalles réguliers à l'évaluation de la situation et à la réduction graduelle des effectifs.

Concernant la prévention des violations des droits de l'homme, M. Vieira de Mello a eu un entretien avec la Haute Commissaire aux droits de l'homme, à Genève lundi dernier, pour envisager les mesures appropriées. Il est impératif d'accorder la priorité à la participation de tous au processus de décision. Toutes les questions susceptibles de créer des divisions devraient être quelque peu retardées. La visite du Secrétaire général les 17 et 18 février prochain dans les camps de réfugiés au Timor oriental sera suivie de celle du Président indonésien, M. Abderrahmane Wahid.

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