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SG/SM/7292

LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE LA NECESSITE DE PRENDRE DE NOUVELLES MESURES EFFICACES EN VUE DU DESARMEMENT ET LA NON-PROLIFERATION NUCLEAIRES

2 février 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7292
DC/2676


LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE LA NECESSITE DE PRENDRE DE NOUVELLES MESURES EFFICACES EN VUE DU DESARMEMENT ET LA NON-PROLIFERATION NUCLEAIRES

20000202

Le texte suivant est l'allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée au Conseil consultatif pour les questions de désarmement le 2 février:

C'est pour moi un plaisir de vous accueillir à l'ONU au début de la nouvelle année et du nouveau millénaire. Ce hasard du calendrier nous a permis de réfléchir. J'espère qu'il donnera également un nouvel élan aux activités que nous menons en vue de garantir aux générations futures un monde plus sûr.

Je ne doute pas que nos cinq nouveaux collègues qui vont siéger au Conseil cette année mettront toute leur énergie à l'accomplissement de cette tâche. Je voudrais remercier les cinq membres dont le mandat a expiré. J'adresse en particulier mes remerciements à Thérèse Delpech pour avoir présidé deux sessions du Conseil en 1999 et pour le rôle prépondérant qu'elle a joué dans la formulation des recommandations sur le désarmement et la sécurité en vue de mon projet de rapport sur le Sommet du Millénaire. Ce sommet acquiert d'autant plus d'importance que l'Assemblée générale n'a pu convenir de la convocation d'une quatrième session extraordinaire sur le désarmement, session qui aurait permis de définir le programme de désarmement des prochaines décennies.

J'estime, comme vous, que le désarmement est l'un des outils les plus importants de la diplomatie préventive. Utilisé à bon escient, il peut contribuer pour beaucoup à réduire les tensions, voire à les prévenir. Malheureusement, comme vous l'avez noté à juste titre, les gouvernements et les institutions sont plus disposés à réagir face aux crises qu'à les prévenir.

La stagnation déplorable du programme de désarmement général et de non-prolifération des armements témoigne éloquemment de cette situation. Nous savons tous combien les progrès dans le domaine du désarmement traduisent le climat politique général du moment. À l'heure actuelle, celui-ci est caractérisé par les divisions entre les protagonistes, ce qui empêche les échanges entre gouvernements en ce qui concerne les questions de désarmement, ce à tous les niveaux, bilatéral, régional et multilatéral, et en particulier au Conseil de sécurité.

Dans moins de trois mois s'ouvrira la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération. Il est difficile de l'envisager avec beaucoup d'optimisme, étant donné la liste démoralisante des mesures de désarmement nucléaire en suspens, de négociations non entamées et d'occasions non saisies. Le traité START II n'est pas encore entré en vigueur; les pourparlers concernant le traité START III n'ont pas encore commencé; le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a été rejeté par le Sénat de l'État qui en était le principal défenseur; les armes nucléaires sont toujours dans un état d'alerte avancé dans plusieurs pays.

Le déploiement de systèmes de défense antimissile balistique semble de plus en plus probable, ce qui compromet sérieusement le Traité sur la limitation des systèmes de missiles antibalistiques et la stabilité stratégique qu'il incarne. Il n'y a jamais eu autant de pays disposant de l'arme nucléaire. Les négociations concernant les matières fissiles n'ont même pas commencé. Une dangereuse course aux armements pointe à l'horizon.

Cette longue liste ne laisse pas d'être décourageante, mais il est encore plus décevant d'entendre les États disposant d'armes nucléaires réaffirmer leurs doctrines, leurs positions et leurs plans nucléaires, dans lesquels ils prévoient qu'ils devront miser sur les armes nucléaires "dans un avenir prévisible". Si nous voulons, ne serait-ce que rêver à un monde exempt d'armes nucléaires d'ici à la fin du XXIe siècle, il nous faut dès à présent prendre de nouvelles mesures efficaces pour assurer le désarmement et la non- prolifération nucléaires.

La Conférence sur le désarmement doit faire preuve d'un empressement et d'une souplesse bien plus grands dans sa quête d'un compromis sur son programme de travail. Si elle y parvient, la conférence d'examen du Traité de non-prolifération se tiendra dans une atmosphère nettement plus porteuse d'espoir et aura de biens meilleurs résultats.

Il y a lieu d'être optimiste dans certains domaines. En mai dernier, la Commission du désarmement a adopté des directives sur la création de zones exemptes d'armes nucléaires. La situation pourrait évoluer dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient, ce qui rend possible la relance des pourparlers concernant les questions de maîtrise régionale des armements.

Les négociations concernant la zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale se poursuivent. En Asie du Sud, des efforts sont entrepris au niveau bilatéral pour contenir les effets négatifs des essais nucléaires sur la sécurité régionale et internationale. J'espère qu'une fois clarifiée la situation politique intérieure en Russie et aux États-Unis, des négociations bilatérales sur le désarmement nucléaire reprendront au niveau le plus élevé.

J'espère également que toutes les parties au Traité de non-prolifération redoubleront d'efforts pour en appliquer toutes les dispositions, et plus particulièrement l'article 6. Notre objectif à long terme doit demeurer l'élimination des armes nucléaires où qu'elles se trouvent. Par conséquent, notre priorité absolue devrait être la recherche de mesures multilatérales réelles de désarmement et de non-prolifération nucléaires.

Il n'en demeure pas moins que des progrès tangibles peuvent et doivent être réalisés dans d'autres domaines du désarmement. La conférence internationale qui se tiendra l'année prochaine sur le trafic des armes légères offre à cet égard une occasion sans précédent. Vous avez déjà examiné les questions complexes inhérentes au problème des armes légères. Cependant, la tenue d'une grande conférence internationale sur le sujet offre une merveilleuse occasion d'appeler l'attention du monde entier sur la question.

La question des armes légères qui, jusque dans les années 90, était totalement négligée au niveau multilatéral est devenue une priorité réelle tant au niveau de l'Organisation des Nations Unies et des organisations régionales qu'à celui des États. Elle a suscité l'intérêt des organisations non gouvernementales et mobilisé l'opinion publique. Le Conseil de sécurité a tenu en septembre de l'année dernière des séances exceptionnelles pour examiner la question tant du point général que du point de vue de son incidence particulière sur l'Afrique.

Il a fallu beaucoup de temps, d'énergie et de conviction pour parvenir à ce stade. Il nous faut maintenant tout faire pour assurer le succès de la conférence de l'année prochaine. Le résultat doit être plus qu'un subtil instrument diplomatique. Les mesures concrètes qui y seront recommandées (le programme d'action pour les États, l'ONU et les autres organisations) doivent avoir un impact concret sur la vie et les modes de subsistance des hommes, femmes et enfants innocents qui sont les victimes des conflits. Cette conférence doit être la leur.

Pour finir, je voudrais vous remercier de vous pencher sur un autre domaine où vous pouvez réellement influer sur la vie des populations, à savoir l'éducation en matière de désarmement. C'est un domaine qui a été négligé pendant trop longtemps. L'éducation en matière de désarmement à tous les niveaux pourrait beaucoup faire pour remédier aux erreurs, voire à la désinformation qui ont actuellement cours en ce qui concerne des normes de désarmement qui n'ont été acceptées qu'au prix d'un effort long et patient.

L'éducation n'est pas autre chose que la consolidation de la paix. C'est le meilleur budget de la défense qui soit. Je fais appel à vous et aux recommandations que vous pourriez me faire et faire à l'Organisation des Nations Unies dans son ensemble au sujet des mesures que nous pourrions prendre pour promouvoir cette cause.

L'année dernière, le Conseil consultatif a fait l'objet d'une attention sans précédent à l'Assemblée générale et à la Première Commission. L'Assemblée a approuvé votre recommandation tendant à modifier le libellé de votre mandat en réponse à mes propositions de réforme et de renouvellement de l'Organisation.

Le nouveau libellé indique clairement le rôle du Conseil en tant qu'organe composé d'éminentes personnalités provenant de différentes parties du monde et représentant un large éventail d'opinions. Il précise que vous avez les compétences requises pour fournir des conseils indépendants et spécialisés sur la manière de sortir de l'impasse en matière de désarmement.

Ce mandat témoigne de la confiance que tous les États Membres de l'Organisation des Nations Unies ont placée en vous et il vous lance un défi. Je suis convaincu que dans l'action que vous menez en vue de garantir un monde plus sûr aux générations futures, vous ne ménagerez aucun effort pour mériter cette confiance. Je vous remercie sincèrement.

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