SG/T/2213

LE SECRETAIRE GENERAL RENCONTRE LE PRESIDENT POUTINE ET DEMANDE QUE LA VIE DES CIVILS INNOCENTS SOIT EPARGNEE EN TCHETCHENIE

31 janvier 2000


Communiqué de Presse
SG/T/2213


LE SECRETAIRE GENERAL RENCONTRE LE PRESIDENT POUTINE ET DEMANDE QUE LA VIE DES CIVILS INNOCENTS SOIT EPARGNEE EN TCHETCHENIE

20000131

Le Secrétaire général est arrivé jeudi 27 janvier au matin à Moscou où il est resté pendant deux jours et a rencontré des dirigeants russes et, en particulier, le Président russe en exercice M. Vladimir Poutine qu'il rencontrait pour la première fois. Dans le courant de l'après-midi, il a rencontré M. Gennady Seleznyov, qui, une semaine auparavant, avait été réélu Président de la nouvelle chambre basse du Parlement, la Douma. Leur discussion a porté presque entièrement sur la Tchétchénie. Le Président a décrit les conditions de sécurité dans le territoire et les efforts que le Gouvernement déploie en faveur des réfugiés pour les reloger. Le Secrétaire général a déclaré que la communauté internationale ne soutenait pas le terrorisme mais qu'elle voulait également que les civils innocents soient protégés dans des situations de conflit. Il a fait part de sa préoccupation quant au nombre de victimes parmi la population civile au cours de ce conflit.

Le Secrétaire général a rencontré en outre M. Egor Stroyev, le Président du Conseil de la Fédération, ou Chambre haute. Ils ont évoqué les relations que la Fédération de Russie entretient avec les organisations internationales et la situation au Kosovo. Leur conversation a toutefois porté, dans l’ensemble, sur la Tchétchénie. Le Président du Conseil s'est dit optimiste quant à la cessation rapide des hostilités. Les élections en Tchétchénie ont été fixées au 26 mars, a-t-il dit, et l'on espérait que tout serait réglé d'ici là.

Lors d'une rencontre avec la presse, plus tard dans la journée, le Secrétaire général a déclaré qu'il souhaitait un arrêt du conflit le plus vite possible pour que la population civile puisse reprendre ses activités. Mais dans l'intervalle, a-t-il dit, "nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer leur protection et garantir leurs droits".

En fin de journée, le Secrétaire général s'est entretenu avec son Représentant spécial pour la Communauté des Etats indépendants, M. Yuliy Vorontsov, son Représentant spécial pour le Tadjikistan, M. Ivo Petrov et son Représentant spécial pour la Géorgie, M. Dieter Boden.

Jeudi matin, il a été l’hôte à un dîner privé en compagnie de M. Yevgeny Primakov, l'ancien Premier Ministre.

Vendredi 28 janvier, le Secrétaire général a rencontré personnellement, pour la première fois, M. Vladimir Poutine, Président russe en exercice.

Lors de cette réunion qui a duré une heure et dix minutes, le Président en exercice a exprimé le soutien ferme de la Fédération de Russie au travail des Nations Unies.

Le Secrétaire général a répondu que le monde a compris le défi terroriste auquel la Fédération de Russie est confrontée en Tchéchénie, mais était préoccupé que la force utilisée n'était pas proportionnée à la menace. Le résultat, a-t-il déclaré, était un déplacement massif et des souffrances considérables de la population civile. "Je ne sais pas combien de temps cela prendra pour éliminer les terroristes", a-t-il conclu, "mais le conflit doit prendre fin prochainement.

Le Secrétaire général devrait s'entretenir avec le Ministre des affaires étrangères, M. Igor Ivanov, qui est tombé malade à son retour, la veille, du Conseil de l'Europe à Strasbourg (France). En son absence, le Vice-Ministre des affaires étrangères pour les questions des Nations Unies, M. Sergei Ordjonikidze, a eu un échange de vues avec le Secrétaire général sur les questions actuelles, en particulier les situations au Tadjikistan, en Géorgie et dans le Nagorno-Karabakh.

Le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères, M. Alexandre Avdeev, a ensuite offert un déjeuner de travail, qui a porté sur une discussion du rôle des Nations Unies au Kosovo. La partie russe a objecté au piège de l'indépendance octroyée au Kosovo qui, en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité, demeure partie intégrante de la République fédérale de Yougoslavie.

D'autres points ont été évoqués au cours des réunions tenues dans la matinée, portant notamment sur la souveraineté contre l'intervention humanitaire, le conflit en Afghanistan, le trafic illicite des stupéfiants, et les guerres en Angola, en République démocratique du Congo et en Ethiopie/Erythrée.

Abordant la situation en Iraq, la partie russe a déclaré qu'elle espère que la nomination de M. Hans Blix au poste de Directeur exécutif de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations Unies (UNMOVIC) marquera le début d'une nouvelle ère dans les relations entre l'Iraq et les Nations Unies.

Ils ont conclu en passant en revue les efforts de paix au Moyen-Orient et les perspectives pour les pourparlers sur Chypre, qui devaient reprendre à Genève, le 31 janvier.

Lors d'une conférence de presse tenue à l'issue du déjeuner, il a été demandé au Secrétaire général comment ses hôtes russes avaient réagi à sa remarque selon laquelle leur recours à la force en Tchétchénie était disproportionné par rapport à la menace terroriste. "Le point que j'ai fait a été compris", a-t-il répondu. "J'ai fait une observation sur la nécessité de protéger les civils et plaidé et prié instamment pour qu'il soit mis fin à la guerre dès que possible".

Nous devrions faire preuve de beaucoup de prudence pour éviter une situation où la violence vise des civils innocents", a-t-il répondu à une question, "parce que ces situations risquent souvent de violer le droit humanitaire international".

Le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères a déclaré que l'argument sur la proportionnalité était scolaire. "Plus tôt, nous remporterons une victoire militaire sur les terroristes, plus aisément, nous serons en mesure de régler le problème tchétchène", a-t-il conclu.

A une question visant à savoir si sa position sur la Tchétchénie avait changé après sa journée d'entretiens, le Secrétaire général a répondu : "J'ai été clair sur ma position concernant la Tchétchénie et j'ai répété mon message ce matin. C'est tout ce que j'ai à dire".

Le Secrétaire général a rencontré les chefs des institutions des Nations Unies et s'est adressé au personnel de la Maison des Nations Unies à Moscou.

Le soir, une bannière de la paix lui a été offerte par les représentants de la Fondation Roerich, organisation culturelle créée par le philosophe et peintre russe, Nikolas Roerich.

Le Secrétaire général a dîné avec le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères et d'autres fonctionnaires de haut rang du Ministère.

Samedi, le Secrétaire général s'est rendu à Svyato Damilov, le plus vieux monastère de Moscou datant du XIIIè siècle, pour rencontrer le Patriarche Alexis II de la l'Eglise orthodoxe russe. Le Patriarche a raconté la manière dont il avait appelé à la fin de l'effusion de sang en Tchétchénie et déclaré qu'il voyait le rôle de l'Eglise comme celui d'un soldat de la paix. "Nous travaillons dans le même domaine", a dit le Secrétaire général non sans esprit.

Avant de quitter Moscou pour Genève, le Secrétaire général a déjeuné avec plus d'une vingtaine de Rédacteurs en chef de la presse écrite et de la télévision russes avec lesquels il s'est entretenu.

Il est arrivé en Suisse ce soir là.

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