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ONG/332

LA CONFERENCE DES ONG ESPERE UNE MEILLEURE COLLABORATION ENTRE LES ONG, LE COMITE CHARGE DES ONG ET LES ETATS MEMBRES

26 janvier 2000


Communiqué de Presse
ONG/332


LA CONFERENCE DES ONG ESPERE UNE MEILLEURE COLLABORATION ENTRE LES ONG, LE COMITE CHARGE DES ONG ET LES ETATS MEMBRES

20000126

Le Sommet de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle a montré combien les ONG sont impatientes de participer au processus de prise de décisions internationales, a déclaré, cet après-midi, la Présidente de la Conférence des ONG (CONGO), Mme Afaf Mafouz, devant le Comité chargé des organisations non gouvernementales. Elle a fait part de la satisfaction qu'éprouve la CONGO et ses ONG-membres de la collaboration qu'elles entretiennent avec l'ECOSOC. Nous sommes là pour réitérer l'appui de la Conférence des ONG aux travaux de ce Comité a-t-elle déclaré. Lors de la session de juin 1999, la CONGO s'était engagée à convoquer une série de réunions consultatives en vue de trouver des réponses aux difficultés que rencontre la communauté des ONG, et notamment face aux questions soulevées par certains Etats Membres. Ces Etats ont évoqué la question de la multiplicité des ONG qui assistent aux travaux des Commissions et organes de l'ONU et sur la conduite des représentants de certaines ONG. Des questions de sécurité ont aussi été évoquées et ces problèmes sont discutés en ce moment par les services compétents de l'ONU.

Concernant les premiers points de discussion, nous avons travaillé, a dit la représentante, à définir ce qui pourrait être le cadre le plus souple et le plus efficace de participation des ONG aux travaux de l'ONU. Nous pensons qu'une dynamique de communication peut être instaurée et nous remettrons à cet égard la documentation récapitulative de nos réflexions à ce Comité. Concernant la participation des ONG, le Secrétariat du Comité et la Section des ONG ont estimé qu'il y a une énorme différence entre les demandes de participation émises par les ONG et le nombre de celles qui participent effectivement aux réunions et sommets de l'ONU. En moyenne, on trouve une différence de 32%, et la CONGO se félicite que la Section ait proposé de fournir toutes les statistiques de participation aux travaux.

Mais nous pensons, a dit la Présidente, que le nombre d'ONG participantes seul ne traduit pas forcément le niveau d'intérêt de cette communauté aux travaux de l'Organisation, les ONG pouvant avoir des accords entre elles pour épargner des ressources financières et humaines. Concernant les questions de sécurité, nous ne sommes pas convaincus que la présence de

délégués d'ONG soit en elle-même source de risques, a dit Mme Mafouz. Mais nous ne contestons nullement les soucis de sécurité. Quant aux questions relatives au temps de parole à accorder aux ONG, nous pensons qu'il faudrait que cette Organisation les encourage à collaborer et échanger des idées avec les gouvernements des Etats-Membres et leurs missions diplomatiques sur la question. Les ONG, et elles le savent, doivent être respectueuses des représentants de Gouvernements, mais les petits dérapages constatés ne justifient nullement la mise en place d'un "Code de conduite" ou de tout autre texte de ce genre. Les contentieux pourraient être tranchés au cas par cas par le Secrétariat, a estimé la Présidente de la Conférence des ONG.

Concernant la question de la participation, nous proposons et soutenons que des fonds spéciaux soient discutés et mis en place pour permettre la participation des ONG du Sud aux réunions et sommets de l'ONU, et la CONGO n'est pas contre un fichier d'analyse des performances des différentes ONG, procédure qui serait élaborée par les Nations Unies et des ONG choisies par leur pairs, pour en assurer la clarté et la transparence. Les questions que nous avons exposées sont, a dit la déléguée, complexes, mais nous pensons qu'elles peuvent être résolues par la participation et le dialogue. La CONGO attend, à cet égard, l'apport des ONG du Sud et l'implication active du Secrétariat. La réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle a montré combien les ONG sont impatientes de participer à tous les processus de décisions internationaux, et la CONGO demande par conséquence la création d'un groupe de travail sur la question, qui peut être discutée de manière amicale et ordonnée.

Le Président du Comité a fait par de sa compréhension de toutes les questions évoquées et a espéré que les solutions et les moyens de les atteindre tiendraient compte des intérêts de toutes les parties intéressées. Les délégations de la Tunisie, de l'Irlande, du Pakistan, de Cuba, de la Turquie, du Chili, du Pakistan, et de la Chine ont, après avoir reconnu le sérieux et l'importance du travail de la CONGO, demandé à la Conférence de distribuer au Comité tous ses documents, et notamment la déclaration relative à ses travaux. La représentante de l'Algérie a exprimé sa satisfaction au vu du rapport présenté par la CONGO et a estimé que le Comité devait sérieusement étudier les propositions faites par la Conférence des ONG. La Présidente de la Conférence des ONG a déclaré que les minutes des débats des réunions de la CONGO sont disponibles et peuvent même être consultées sur le site Internet de l'organisation, qui remettra demain un document écrit au Secrétariat.

Le Président du Comité a accepté la proposition faite par la Présidente de la CONGO de tenir une réunion sur l'amélioration du cadre de collaboration entre les ONG et le Comité.

Le Comité a, en outre, poursuivi la série de questions-réponses qu'il a entamée ce matin avec deux représentantes d'Hassadah, Organisation américaine des femmes sionistes, présentant une demande d'octroi du statut spécial auprès du Conseil économique et social. Au cours de la séance précédente, des questions avaient été posées sur les termes "sionisme" "sionisme pratique" et "philosophie sioniste" sur lesquels l'ONG fonde son action. Des éclaircissements ont également été demandés sur l'oeuvre de l'ONG en 1912 en Palestine; ses liens avec l'Organisation des femmes sionistes en Europe; la promotion qu'elle entend mener de la politique extérieure des Etats-Unis; ses activités commerciales en Israël; et son action à Cuba. Ouvrant la série de questions, cet après-midi, la représentante de l'Autorité palestinienne a demandé quels sont les engagements que l'ONG cite au Moyen-Orient, quelle est leur nature et qu'en est-il des relations de l'ONG avec l'Agence juive.

Répondant aux questions, les représentantes d'Hadassah ont défini le "sionisme pragmatique ou pratique" comme l'exécution de projets pratiques, en matière de services de santé, en Israël depuis 1912 et depuis lors partout dans le monde. En 1912, le travail consistait surtout à créer des institutions visant à établir des services de santé pouvant profiter à toutes les populations de la région. De ce fait, l'ONG est devenue un groupement non politique à l'intérieur du mouvement sioniste. Aujourd'hui, dans la région, 40% des patients de l'ONG sont des Arabes aussi bien des Arabes israéliens que ceux de l'Autorité palestinienne. La définition de ce sionisme pragmatique est donc d'offrir des soins médicaux de pointe pour l'ensemble de la région. L'ONG est vouée aux idéaux du judaïsme, des droits de l'homme et du principe de la santé pour tous. Elle lutte contre le racisme, l'anti-sémitisme et la discrimination raciale.

L'ONG compte aujourd'hui aux Etats-Unis 311 000 membres individuels ainsi que des associés internationaux. Elle est subdivisée en différents organes démocratiques. Pour ce qui est de ses relations avec l'Organisation internationale des femmes sionistes, les deux représentants ont expliqué il s'agit plutôt d'une organisation soeur et que ces deux ONG n'ont pas d'obligation juridique l'une envers l'autre. S'agissant de la question de la promotion de la politique étrangère des Etats-Unis, il s'agit sans doute, ont- elles affirmé, d'une erreur d'interprétation. En aucune façon, l'ONG n'entend promouvoir la politique américaine. L'ONG ne dépend aucunement du Gouvernement américain même si ses fonds sont en partie constitués de subventions annuelles du programme des écoles et hôpitaux américains à l'étranger qui relève du Programme de coopération au développement.

Reprenant la série de questions, le représentant du Liban a tenu à savoir pourquoi l'ONG a choisi la Palestine, comme champ d'action, en 1912 alors que c'était encore un territoire arabe. Le représentant a cru déceler dans cette initiative une manière d'apporter une contribution au sionisme, responsable de la création d'Israël. Le sionisme et le judaïsme sont deux choses différentes, a dit le représentant avant de souligner l'importance pour les représentantes de l'ONG d'expliciter plus précisément le "sionisme" qui,

a-t-il rappelé, avait été assimilé au racisme dans la résolution 46/86 certes annulée depuis. Où l'ONG opère-t-elle en Israël et quelle est la nationalité de ses membres, a encore demandé le représentant en avertissant que les relations qu'Hadassah entretient avec l'Organisation internationale des femmes sionistes est de mauvaise augure étant donné qu'elle s'est vu refuser le statut consultatif en raison de ses positions politiques.

Intervenant à son tour, le représentant des Etats-Unis a demandé des éclaircissements sur les activités de l'ONG dans d'autres pays du monde en développement. Il s'est, par ailleurs, dit étonné des propos tenus, ce matin, de la Syrie qui mentionnait une équivalence entre sionisme et racisme, laquelle a été abolie par l'ONU elle-même. Ces propos sont d'autant plus étonnants dans le contexte de négociations très délicates qui se déroulent, en ce moment, sur le Moyen-Orient. Pour sa part, la représentante de Cuba a réitéré sa question sur l'action de l'ONG dans son pays et sur l'aspect commercial de ses activités.

Poursuivant la discussion, l'Observateur de la Syrie a estimé que les explications orales des représentantes de l'ONG constituent à bien des égards une contre-vérité par rapport à ce qui figure dans la demande écrite. La redéfinition faite aujourd'hui de l'idéologie sioniste, qui selon tout entendement se fonde sur la supériorité ethnique, l'exclusion et la répression, est pour le moins déconcertante. Quelles sont, d'ailleurs, les activités qu'au nom du prétendu sionisme pragmatique cette ONG a menées au service des Palestiniens et des habitants du Sud- Liban et du Golan syrien occupés par Israël, a insisté le représentant avant de répondre aux Etats-Unis sur la différence entre les pourparlers de paix et l'examen des candidatures présentées par les ONG. La représentante de l'Autorité palestinienne est revenue, elle, sur les éclaircissements demandés en ce qui concerne le concept de "sionisme humanitaire non politique" et les relations entre l'ONG et l'Autorité palestinienne.

Tâchant d'apporter plus de précisions, les représentantes d'Hadassah ont indiqué que l'Autorité palestinienne et Hadassah entretiennent une relation "très étroite et inhabituelle". Citant un exemple de cette relation, elles ont déclaré que le Ministre de la santé de l'Autorité palestinienne a pris les mesures nécessaires pour que les médecins et les infirmiers palestiniens bénéficient des cours de formation d'Hadassah. Aujourd'hui, de nombreux étudiants arabes étudient dans les hôpitaux mis en place par l'ONG. L'ONG s'en félicite forte de sa conviction que rassembler des personnes sur une base scientifique et de services est une excellente façon de favoriser la paix. Répondant plus particulièrement à Cuba, les représentantes ont rejeté tout idée de buts commerciaux dans leurs activités en soulignant que le financement de l'ONG est aussi assuré par des dons en espèces et en nature.

Il arrive même, ont-elles ajouté, que les patients ou les étudiants donnent une petite contribution. Donnant le détail des activités de l'ONG dans le monde en développement, les représentantes ont précisé que l'action à Cuba consiste à former un certain nombre de personnes à la pharmacologique pour assurer une distribution adéquate des médicaments envoyés sur le terrain. L'ONG sert en fait de "centrale de renseignements pour les médicaments".

Quel est l'apport nouveau que l'ONG pourrait apporter aux Nations Unies, a demandé la représentante de l'Algérie avant le représentant des Etats-Unis qui a voulu savoir si la forme de sionisme prônée par l'ONG met l'accent sur l'amélioration de la vie en Israël, en Palestine et partout ailleurs dans le monde. Hadassah a-t-il oui ou non pour but de promouvoir la politique étrangère des Etats-Unis à travers le monde, a encore demandé le représentant. Intervenant à son tour, le représentant de la France a salué l'ouverture de cette ONG sur les autres en se déclarant satisfait des réponses apportées. Défendant la liberté de religion et de croyance, la représentante de l'Irlande s'est jointe à la question de l'Algérie sur l'apport de l'ONG aux travaux des Nations Unies. Pour sa part, le représentant de la Syrie a jugé qu'il est inutile de poursuivre la série de questions-réponses étant donné que les réponses apportées demeurent ambiguës. Il a donc proposé de rejeter la demande de l'ONG peu convaincu, a-t-il insisté, de la neutralité de ses objectifs. En l'absence d'un consensus sur l'une ou l'autre option, le Président du Comité a proposé de reporter la décision à une date ultérieure pour laisser le temps à l'ONG de répondre plus précisément aux questions des délégations. Soulignant que "beaucoup de choses restent à élucider", le représentant du Liban a salué cette proposition.

Le Comité a examiné la demande d'inscription sur la Liste présentée par Admiral Family Circle Islamic Community qui prône les droits à l'auto- détermination, l'auto-affirmation et l'auto-développement. La représentante de l'Algérie, étant satisfaite des réponses apportées par l'ONG, a suggéré, compte tenu de l'utilité du travail de l'ONG, en particulier auprès des immigrés Africains, qu'Admiral Family mérite un autre statut. Le représentant de l'Inde s'est opposé à cette suggestion arguant qu'il ne dispose des informations nécessaires. Il a donc souhaité une précision sur le nombre exact des membres de l'ONG et sur la nature des revenus qui proviendraient des "services rendus". L'ONG est-elle indépendante ou est-elle une annexe administrative d'une autre organisation, a-t-il encore demandé. Prenant aussi la parole, le représentant de la Fédération de Russie a souhaité savoir ce qu'il faut entendre par les expressions "auto-affirmation, auto-développement et auto-détermination" que l'ONG entend promouvoir.

Répondant au nom des communautés afro-américaine et musulmane des Etats- Unis, le représentant a précisé que l'Admiral Family est une communauté islamique. Toutefois, pour profiter des expériences d'autres communautés, l'ONG a créé le centre des droits de l'homme Malik Shabah dont les travaux sont reconnus par bon nombre d'ONG internationales et par des communautés américaines. L'ONG a une composition générale de 70 membres qui sont ses seuls contributeurs.

A la question de la Fédération de Russie, le représentant de l'ONG a expliqué que l'auto-affirmation concerne le retour des Afro-américains à leur patrimoine historique et que l'auto-développement signifie tout simplement la volonté de donner aux Afro-américaines la possibilité de prendre l'initiative au niveau communautaire. Posant une dernière question, le représentant de l'Inde a demandé d'autres précisions sur les activités du centre des droits de l'homme et en général, sur les projets de l'ONG.

Les activités du Centre des droits consistent, a répondu le représentant de l'ONG, à la participation de séminaires et l'organisation de conférences. Pour ce qui est des projets, il est surtout question de répondre aux attentes des immigrés musulmans qui ne trouvent pas forcément les réponses adéquates dans les institutions catholiques, majoritaires en la matière.

Auparavant, le Secrétariat avait répondu à la question des Etats-Unis sur la procédure à suivre dans le cas d'un rejet d'une demande d'octroi du statut consultatif. Il a été ainsi indiqué que les termes de le paragraphe 15 de la résolution 1996/31 ne porte aucune obligation de motiver le rejet de la demande d'octroi d'un statut. En revanche, le paragraphe 56 concernant le retrait et suspension, stipule que le Comité doit informer l'ONG concernée des raisons qui ont motivé ces décisions.

Le Comité se réunira demain jeudi 27 janvier à 15 heures.

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