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FEM/1108

POUR LES EXPERTES, SANS L'INSTAURATION D'UNE SOCIETE STABLE ET PLURALISTE, LES EFFORTS DU MYANMAR EN FAVEUR DES FEMMES RESTERONT VAINS

26 janvier 2000


Communiqué de Presse
FEM/1108


POUR LES EXPERTES, SANS L'INSTAURATION D'UNE SOCIETE STABLE ET PLURALISTE, LES EFFORTS DU MYANMAR EN FAVEUR DES FEMMES RESTERONT VAINS

20000126

Le Gouvernement s'efforce de changer les mentalités en mettant l'accent sur l'égalité des sexes dans le secteur de l'éducation

La délégation du Myanmar, conduite par M. Win Mra, Représentant permanent du Myanmar auprès des Nations Unies, a répondu, cet après-midi, aux questions formulées vendredi dernier par les membres du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, à la suite de la présentation du rapport initial de son pays. Rappelant que certaines expertes ont abordé la situation de Daw Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, M. Mra a déclaré qu'en fait la Commission électorale n'avait jamais reconnu le droit de cette dernière à se présenter en tant que candidate aux élections et cela parce qu'elle avait fait allégeance à un pays étranger. M. Mra a expliqué qu'elle n'a pas été arrêtée mais simplement priée de limiter ses déplacements conformément à la loi de 1975 visant à sauvegarder l'Etat contre les dangers de ceux qui s'adonnent à des actes subversifs.

Prenant à son tour la parole, Daw Khin Aye Win, Professeur au Département de psychologie de l'Université de Yangon, a apporté des précisions quant à la violence envers les femmes au Myanmar. Pour l'heure, les recherches conduites dans ce domaine ont porté uniquement sur la violence conjugale mais elles ont déjà permis de montrer que les causes principales en sont l'alcoolisme, la pauvreté, l'incompatibilité avec la belle-famille et l'adultère. Poursuivant l'exposé des réponses de l'Etat partie sur le sujet de l'accès des femmes à des postes de responsabilité, Daw Khin Ohn Thant, Conseillère du Ministère rattaché au Bureau du Président du Conseil pour la paix et le développement, a indiqué que le Myanmar compte environ 450 femmes juges et près de 1000 avocates. S'il n'existe aucune restriction à la nomination d'une femme à un poste de décision, beaucoup reste encore à faire et le Gouvernement s'efforce de changer les mentalités en mettant l'accent notamment sur l'égalité entre les sexes dans les programmes et les livres scolaires.

(à suivre - 1a)

- 1a - FEM/1108 26 janvier 2000

Dans leurs commentaires, les expertes ont fait valoir que sans l'avènement de la paix et sans la mise en place d'un système politique pluraliste, tous les efforts du Gouvernement en faveur de la promotion des femmes seront considérés comme des efforts de façade plutôt que comme des efforts de fond. Elles ont donc engagé le Gouvernement à établir un environnement propice au développement de la condition de la femme. Les expertes ont également insisté pour que les membres des forces armées qui commettent des actes de violence à l'égard des femmes qu'ils détiennent puissent être traduits en justice.

Demain, à partir de 10 heures 30, le Comité examinera les deuxième et troisième rapports périodiques du Burkina Faso.

SUITE DE L'EXAMEN DU RAPPORT INITIAL DU MYANMAR

La première partie de l'examen du rapport est traitée dans nos communiqués FEM/1101 et FEM/1102 en date du 21 janvier 2000.

Réponses aux questions des expertes

M. WIN MRA, Représentant permanent du Myanmar auprès des Nations Unies, a évoqué en premier lieu les efforts menés par le Gouvernement visant à assurer un environnement de paix et de développement à la population du Myanmar, y compris aux femmes qui composent la moitié de sa population. Pour comprendre la situation des femmes dans les zones de conflits armés, il faut en premier lieu avoir une vue distincte du problème de l'insurrection ethnique au sein du pays. Fermement convaincu qu'une paix durable ne peut être atteinte que par l'unité des ethnies nationales, le Gouvernement a intensifié ses efforts pour faire la paix avec les groupes armés des ethnies nationales. Ainsi, 17 des 18 groupes armés ont rendu leurs armes en échange de la paix, ce qui constitue un précédent dans l'histoire du pays. Il a lancé un plan de développement ambitieux des zones frontalières et des ethnies nationales. Seul aujourd'hui un groupe insurrectionnel, l'Union nationale Karen (KNU), dont les membres sont de moins en moins nombreux, poursuit sa politique insurrectionnelle armée. Répondant aux craintes exprimées par certaines expertes concernant le bien-être des femmes et des enfants dans ces zones, M. Mra a assuré que son Gouvernement est déterminé à mettre fin aux agissements destructeurs de la KNU qui mène un combat sans pitié dans la zone frontalière. Il a ainsi fait une offre de paix à la KNU. Dans ce contexte, le représentant a affirmé que les allégations concernant les déplacements forcés n'ont aucun fondement. Les villageois sont invités à se déplacer dans des endroits plus sûrs afin d'être protégés des atrocités commises par la KNU. De même, il n'existe pas de camps de réfugiés à l'intérieur du Myanmar le long de la frontière avec le Bangladesh, mais des "camps de transit" qui ont été mis en place en vue de faciliter le rapatriement des personnes qui regagnent leur foyer. Les besoins d'alimentation et de logement des personnes en camp de transit sont assurés par le Gouvernement qui ne fait, par ailleurs, aucune distinction entre les hommes et les femmes dans la couverture de ces besoins. Réagissant aux questions relatives au processus de Convention nationale, M. Mra a assuré le Comité que la création d'une société démocratique est l'objectif final du Gouvernement du Myanmar et que dans ce cadre le processus politique ne peut se faire que par le biais d'une Convention nationale. S'agissant de l'annulation des élections de 1990, M. Mra a indiqué que la principale tâche des représentants élus à cette époque était de se prononcer sur le cadre d'une nouvelle constitution et non pas de former un nouveau Gouvernement en soulignant que le Gouvernement souhaite en effet adopter une nouvelle constitution dans les meilleurs délais. Il est important, pour cela, que la Convention nationale intègre les intérêts de toutes les ethnies, raison pour laquelle ce processus est encore assez lent.

Rappelant que certaines expertes ont abordé la situation de Daw Aung San Suu Kyi en disant qu'elle avait gagné les élections et qu'elle avait été arrêtée, M. Mra a déclaré qu'en fait la Commission électorale avait décidé, en vertu de la loi électorale, qu'elle n'avait jamais eu le droit de se porter candidate aux élections et cela parce qu'elle avait une allégeance à un pays étranger. Il ne s'agit pas là d'une discrimination à l'égard des femmes, a assuré M. Mra, soulignant qu'il était intéressant de rappeler que la disposition légale permettant d'interdire la candidature d'une personne ayant une allégeance à un pays étranger a été suggérée à l'origine par le père de Daw Aung San Suu Kyi, M. Aung San qui l'a inscrite dans la Constitution en 1947. Répondant aux affirmations selon lesquelles Daw Aung San Suu Kyi est en liberté surveillée, M. Mra a déclaré que ceci est loin de la vérité, qu'elle est libre de se déplacer à Yangon et même de rencontrer des diplomates. Ce qui s'est passé le 20 juillet 1989, c'est qu'elle a été priée de limiter ses déplacements conformément à la sous-section b de la loi de 1975 visant à sauvegarder l'Etat contre les dangers de ceux qui s'adonnent à des actes subversifs. M. Mra a indiqué que cette mesure représente en réalité une sanction très modérée à l'égard de Daw Aung San Suu Kyi qui a été prise en raison de son statut de femme et par respect pour son père. Soulignant que le Gouvernement du Myanmar aurait vivement souhaité chérir une femme qui se trouve être la fille d'un héros national, le Général Aung San, M. Mra a regretté que cela n'ait pu se réaliser car Daw Aung San Suu Kyi est obsédée par l'idée de parvenir à des changements politiques en semant la dévastation la plus grave. M. Mra a en outre assuré le Comité que les femmes au Myanmar ne subissent pas de discrimination mais qu'elles jouissent des mêmes droits que les hommes sur le plan politique, économique, administratif et social.

Pour ce qui est des mécanismes de promotion de la femme, DAW KHIN AYE WIN, Professeur au Département de psychologie de l'Université de Yangon, a rappelé que la structure d'Etat en charge de cette question est le Comité national de la condition de la femme qui est présidé par le Ministre de la protection et de l'aide sociales et de la réinsertion. C'est parce que le Ministère du bien-être social a une section relative aux femmes et notamment aux jeunes femmes déplacées, qu'il a été désigné comme point focal. Ce comité est composé de représentants de divers ministères, y compris du Ministère de la Justice, ainsi que des présidents d'ONG importantes. Il prépare et met en oeuvre les politiques en matière de promotion de la femme. En revanche, le Comité de travail national sur la condition de la femme n'est pas un organe opérationnel. Il est constitué de représentants de différents départements et d'ONG, mais ne reçoit aucune subvention publique. Son fonctionnement est assuré par des dons privés.

L'un des principaux domaines d'action du Comité national de la condition de la femme est la violence contre les femmes. Pour l'heure, les recherches conduites dans ce domaine ont porté uniquement sur la violence conjugale. Si les résultats sont toujours en train d'être analysés, on sait déjà que les causes principales de la violence sont l'alcoolisme, la pauvreté,

l'incompatibilité avec la belle-famille et l'adultère. Sur la base des résultats obtenus, des stratégies seront élaborées pour prévenir autant que possible les abus. On sait également que les femmes ne sont pas véritablement au courant de l'existence de lois les protégeant et c'est pourquoi des programmes d'information sont diffusés à la radio ainsi que dans les communautés. Concernant la prostitution forcée et la traite des femmes, compte tenu du caractère clandestin de ces activités, il est très difficile d'obtenir des chiffres précis. Le nombre de femmes et d'enfants victimes du trafic est toutefois estimé à 2140. Les autorités ont pris des mesures urgentes contre la traite et les trafiquants sont passibles d'une peine de prison allant jusqu'à 10 ans. Le Groupe de travail sur le trafic transfrontière femmes et des enfants, présidé par une femme, tiendra cette année un séminaire sur la question. La création de centres d'accueil des femmes victimes de toutes formes de violence est actuellement en projet. Les auteurs de violence, civils ou militaires, sont jugés par les cours appropriées et la peine d'emprisonnement peut aller jusqu'à la perpétuité.

Pour ce qui est de l'éducation, le Myanmar s'efforce de parvenir à "l'école pour tous les enfants", avec l'aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L'enseignement est gratuit mais les familles doivent payer les fournitures et livres scolaires. C'est pourquoi plusieurs associations offrent gratuitement ces fournitures aux familles les plus pauvres. Le Gouvernement attache une grande importance à l'inscription scolaire et à l'assiduité. Les femmes représentent près de 60% des étudiants dans les universités et les instituts professionnels, et près de 70% des professeurs d'université sont des femmes; la proportion n'étant que très légèrement supérieure pour les enseignantes du primaire et du secondaire. L'admission dans les universités dépend uniquement des notes obtenues par les candidats à l'examen d'entrée, aucune restriction fondée sur le sexe n'est posée, a affirmé Mme WIN, qui a précisé cependant que certains instituts, comme l'Institut dentaire, l'Institut de l'agriculture et l'Institut des forêts, appliquent des quotas pour les femmes, allant de 10 à 30%, sur la base de la difficulté physique de la matière enseignée. Les deux premiers doctorats décernés par l'Université du Myanmar ont récompensé deux femmes.

On compte environ 450 femmes juges et près de 1000 avocates au Myanmar, a expliqué, pour sa part, DAW KHIN OHN THANT, Conseillère du Ministère rattaché au Bureau du Président du Conseil pour la paix et le développement. Il n'existe aucune restriction à la nomination d'une femme à un poste de décision et 39% des postes d'administrateurs de la fonction publique sont occupés par des femmes. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour permettre à davantage de femmes d'accéder à des postes de direction. Le Gouvernement s'efforce à cet effet de changer les mentalités par l'éducation. L'accent est ainsi mis sur l'égalité entre les sexes dans les programmes et les livres scolaires. Pour ce qui est de la répartition des tâches familiales et domestiques, il apparaît que peu à peu les attitudes changent et que le fardeau supporté par les femmes n'est plus aussi lourd qu'auparavant.

On trouve aussi de plus en plus de femmes chefs de famille et une étude réalisée en 1990 a révélé que près de 21% des familles sont dirigées par une femme en zone urbaine et 19% en zone rurale. Les femmes ont absolument la même protection juridique que les hommes, le problème est que dans certaines régions particulièrement reculées, les us et coutumes traditionnels dominent encore. Les lois sur le travail ne s'appliquent qu'au secteur formel. Toutefois, une femme employée dans le secteur informel peut déposer une plainte auprès des autorités locales ou du Comité de travail national sur la condition de la femme. C'est ainsi qu'au cours des 6 derniers mois de 1999, 326 plaintes ont été enregistrées pour la seule ville de Yangon. Des programmes générateurs de revenus et des mesures de réduction de la pauvreté ont été élaborés en faveur des femmes rurales. Des prêts à taux bas sont ainsi accordés aux femmes pauvres qui se livrent aux microactivités développées par les ONG.

Traditionnellement les ONG de femmes ont toujours été nombreuses et actives au Myanmar, a également expliqué la représentante. Ces organisations sont immatriculées chaque année auprès du Ministère de l'Intérieur. Pour être acceptée, l'ONG n'a pas besoin de payer de cotisation annuelle, mais un rapport sur ses activités doit être présenté tous les ans. La Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes a été traduite, pour le moment, dans la langue du Myanmar.

Commentaires des expertes

Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, a remercié la délégation du Myanmar pour les compléments d'information très précis fournis cet après-midi. Elle a de nouveau exprimé sa préoccupation au sujet des ressortissantes du Myanmar réfugiées dans des pays étrangers. Elle s'est dite aussi très impressionnée par la faiblesse du taux d'analphabétisme. Toutefois, elle a demandé aux autorités de faire en sorte d'éliminer les quotas qui limitent encore l'accès des femmes à certains domaines d'étude comme la biologie marine ou les soins dentaires. S'agissant de la violence contre les femmes, elle a fait observer que les abus subis ne se limitent pas au cercle familial et il faudrait que le Gouvernement ait une politique plus large en la matière. Elle a regretté qu'aucune mention n'ait été faite des viols. Pour ce qui est des discriminations dont sont victimes les femmes d'ethnies vivant dans des zones isolées, elle a estimé que l'on ne peut pas se permettre d'attendre que les gens modifient leur attitude. Il faut adopter une attitude d'activisme et faire respecter la loi, a insisté Mme Khan. L'experte a aussi déploré l'absence d'information sur l'accès au planning familial.

Mme IVANKA CORTI, experte de l'Italie, a félicité le Gouvernement des efforts qu'il déploie dans la conception d'une nouvelle constitution, laquelle garantira l'égalité entre les femmes et les hommes. Elle a rappelé que le prix Nobel est conféré à certaines personnes dans le monde pour leurs

accomplissements remarquables dans le domaine de la paix. Si l'opinion publique dans le monde entier attache une grande importance à ce prix, il était donc du devoir du Comité de se saisir de ce sujet. Ce faisant, le Comité ne souhaite pas s'ingérer dans les affaires du Myanmar mais ajouter sa voix à celles nombreuses qui se sont élevées au sujet du sort de la lauréate du prix Nobel au Myanmar. L'experte a ainsi engagé le Gouvernement à considérer la question avec sérieux, tout en regrettant que la délégation n'ait pas mentionné la situation humanitaire dans laquelle s'est trouvée Daw Aung San Suu Kyi, en rappelant par exemple qu'elle n'a pas pu assister à l'enterrement de son mari. Mme Corti s'est enfin demandée comment le Gouvernement entend résoudre dans la pratique le problème ethnique du pays. Reconnaissant que la tâche sera ardue, elle a toutefois souligné qu'une stratégie politique claire est nécessaire en vue d'assurer les droits des membres des différentes ethnies.

Mme SAVITRI GOONESEKERE, experte du Sri Lanka, a insisté, quant à elle, sur le fait que le Comité est bien conscient des conséquences d'un conflit armé interne sur les efforts en vue d'éliminer la discrimination à l'égard des femmes. Le Gouvernement ne doit cependant pas se montrer passif en période de conflit armé lorsque des violations aux droits de la femme ont lieu. Il faut également que la population soit informée par des campagnes de sensibilisation du contenu de la Convention et que les membres des forces armées qui commettent des actes de violence à l'encontre des femmes qu'ils détiennent soient traduits en justice. Mme ROSARIO MANALO, experte des Philippines, a pour sa part déploré l'absence d'un environnement propice à l'amélioration de la condition de la femme. Sans l'avènement de la paix et sans la mise en place d'un système politique pluraliste, tous les efforts du Gouvernement en faveur de la promotion des femmes seront des efforts de façade plutôt que comme des efforts de fond, a-t-elle affirmé.

De son côté, Mme HANNA SCHOPP-SCHILLING, experte de l'Allemagne, a fait observer que certaines informations données par l'Etat partie se contredisent. Elle a, elle aussi, engagé le Gouvernement du Myanmar à instaurer le plus tôt possible une société pluraliste et démocratique, en tenant pleinement compte des différents instruments internationaux qu'il a déjà signés. Il faut notamment s'attacher à garantir l'égalité de fait des femmes et pour cela il faut axer les efforts sur l'élimination des stéréotypes et schémas comportementaux traditionnels, a-t-elle insisté, avant d'ajouter que les quotas posés à l'entrée de certains instituts sous prétexte des exigences physiques du domaine d'activité ne font que perpétuer les stéréotypes, sont discriminatoires et sans fondement. Il convient par conséquent de les éliminer d'urgence. Puisqu'un processus de paix est désormais en cours, les ressources autrefois consacrées à la lutte contre l'instabilité pourraient peut-être être désormais allouées aux activités de promotion de la femme, a en outre suggéré Mme Schopp-Schilling. Par ailleurs, l'experte s'est dite très préoccupée par le fort taux d'abandon scolaire des petites filles.

Le Gouvernement pourrait sur ce point adopter des objectifs chiffrés ainsi qu'il l'a fait pour lutter contre l'analphabétisme. Mme Schopp-Schilling a aussi regretté que la délégation n'ait pas répondu aux questions du Comité quant à l'avortement. Compte tenu de leur nombre important, il serait bon aussi que le prochain rapport fournisse des informations sur les conditions de vie des femmes âgées, a-t-elle enfin fait remarquer.

C'est le mécanisme national en faveur des femmes qui a essentiellement retenu l'attention de Mme ROSALYN HAZELLE, experte de Saint-Kitts-et-Nevis. Elle s'est, en effet, dite inquiète par l'absence de crédits publics alloués aux organes traitant de questions liées aux femmes. Dans ce contexte, on est amené à s'interroger sur le sérieux véritable du Plan national pour la femme adopté par le Gouvernement, a fait observer Mme HAZELLE. Réagissant sur le fait qu'une détenue ayant un enfant de moins de 4 ans peut conserver son enfant auprès d'elle, Mme CHARLOTTE ABAKA, experte du Ghana, a demandé si les conditions de détention étaient alors un peu particulières afin de prendre en compte le bien-être et l'avenir de l'enfant.

Au titre des remarques de conclusion, la Présidente du Comité, Mme AIDA GONZALEZ MARTINES, experte du Mexique, a souligné l'effort déployé par la délégation du Myanmar pour fournir cet après-midi un document circonstancié dressant le tableau de la situation des femmes au Myanmar. Elle a formé l'espoir qu'il sera largement rendu compte dans le pays des préoccupations exprimée par les expertes du Comité, notamment quant aux réfugiées, au respect des droits des différents groupes ethniques, ou encore à la violence. La Présidente s'est dite particulièrement préoccupée par l'insuffisance de l'égalité juridique entre les sexes et par la situation de Mme Aung San Suu Kyi. Sa condition de prix Nobel de la paix exige que le monde entier se préoccupe de son sort, a-t-elle déclaré, ajoutant qu'en sa qualité de mécanisme de surveillance des droits de l'homme, il est tout à fait normal que le Comité se soit enquis de son cas. Mme GONZALEZ MARTINES a, par ailleurs, souhaité que le projet de Constitution évoqué cet après-midi prenne en compte toutes les dispositions de la Convention. Elle a ajouté que lors de son prochain rapport, le Myanmar devra donner des renseignements sur les résultats des mesures actuellement mises en oeuvre.

Reprenant la parole, le Représentant permanent du Myanmar auprès des Nations Unies, M. WIN MRA a affirmé que son pays est épris de paix et que le Gouvernement entend instaurer une société pacifique. Le projet de Constitution vise d'ailleurs précisément à établir une véritable démocratie en tenant compte des aspirations de la population. Si des retards et des accrocs sont enregistrés ici et là, le plus important est la volonté, qui elle, est bien là, a affirmé M. MRA. Revenant sur la situation de Aung San Suu Kyi, il a indiqué qu'il est difficile de concilier les désirs d'une personne lauréate du prix Nobel de la paix quand cette personne prononce des paroles aux effets catastrophiques pour le pays. Le Gouvernement ne lui a d'ailleurs jamais

refusé la possibilité d'assister aux funérailles de son mari, a ajouté M. Mra. Concernant les problèmes d'insurrection ethnique, il a indiqué que d'importants progrès ont été enregistrés qui permettent désormais à la population de se rendre dans les régions les plus septentrionales du pays. En réponse aux inquiétudes des expertes quant au comportement de certains militaires envers les femmes, il a donné l'assurance que l'armée est un corps très discipliné et que le texte de la Convention sera distribué dans les rangs. M. MRA s'est en conclusion félicité du dialogue direct établi avec le Comité et a invité les expertes à visiter le pays pour se rendre compte sur place de ce qui est fait en faveur des femmes et de tous les citoyens en général.

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