L'IMPLICATION D'AGENTS FEDERAUX DANS LE TRAVAIL DE L'ONG AMERICAINE "NATIONAL CENTER FOR MISSING AND EXPLOITED CHILDREN" SUSCITE DES QUESTIONS
Communiqué de Presse
ONG/328
L'IMPLICATION D'AGENTS FEDERAUX DANS LE TRAVAIL DE L'ONG AMERICAINE "NATIONAL CENTER FOR MISSING AND EXPLOITED CHILDREN" SUSCITE DES QUESTIONS
20000124Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a repris, cet après-midi, ses travaux par l'examen des nouvelles demandes d'admission au statut consultatif auprès du Conseil économique et social présentées par des ONG. Il s'agit, dans l'ordre, du statut général, du statut spécial et de l'inscription sur la Liste. Le Comité a ainsi examiné la demande du "Centre mondial d'information", ONG basée à Genève, en Suisse. Selon les documents transmis au Comité, cette organisation, créée en 1986, se présente comme une ONG dont le but est de sensibiliser l'opinion aux buts, objectifs et travaux des Nations Unies, de façon à faire mieux comprendre l'importance d'une participation active à leur action. Prenant la parole après examen des réponses fournies par cette ONG aux questions des délégations, la représentante de l'Algérie a demandé le report de la décision à prendre. Le Comité a approuvé cette recommandation et a reporté sa décision.
Concernant l'ONG "Global Policy Forum" dont l'objectif est le suivi de l'élaboration des politiques mondiales aux Nations Unies et la promotion d'une plus grande ouverture, de la démocratie et de la responsabilité au niveau mondial, la représentante de l'Algérie a déclaré que sa délégation n'avait aucune objection à lui accorder le statut consultatif spécial qu'elle a demandé. Le Comité a approuvé cette suggestion et accordé ce statut à l'ONG. Le Comité a ensuite examiné la demande d'octroi du statut consultatif à l'ONG "National Center for Missing and Exploited Children". Après examen des réponses fournies par cette organisation aux questions qui lui avaient été posées par le Comité, le représentant du Pakistan a estimé que les réponses envoyées étaient insuffisantes et ne fournissaient pas les éléments d'éclaircissement attendus. Faisant remarquer que l'ONG a précisé que l'un de ses membres appartient au FBI (Police fédérale des Etats-Unis) et un autre à la police locale de l'Etat de Virginie où elle est basée, le représentant s'est demandé si cette organisation est réellement indépendante. Le Pakistan aimerait recevoir plus d'informations avant toute décision.
La représentante de l'Algérie a estimé que cette organisation était plutôt une organisation nationale, au vu de la participation de nombreux employés gouvernementaux à ses activités. Plus de clarifications sont nécessaires sur ses activités, mais pour l'instant il est difficile de lui reconnaître le statut même d'ONG, a-t-elle dit. Le représentant de la Chine a abondé dans le même sens, le représentant de l'Inde se posant quant à lui des questions sur le mode de financement de cette organisation dont certains fonds proviennent du FBI. La délégation du Chili a ensuite pris la parole pour déclarer que les liens de cette ONG avec les organismes gouvernementaux dont il est question, semblaient être de simples rapports de travail. Il serait regrettable que le Comité rejette une demande en provenance d'une organisation dont l'objectif est la recherche d'enfants perdus ou exploités. La délégation chilienne est pour l'octroi du statut consultatif à cette organisation. La délégation de la Bolivie s'est déclarée solidaire de cette position. Le Président du Comité a pris la parole pour déclarer que compte tenu des demandes d'éclaircissements, le Comité reporterait toute décision sur "National Center for Missing and Exploited Children" à plus tard.
Le Comité a poursuivi ses travaux en accordant le statut consultatif spécial à l'"Association Femme et développement". A cet égard, le représentant du Chili a souligné que le cas de cette ONG est en tout point comparable à l'ONG examinée précédemment, étant donné que cette ONG bénéficie aussi de contributions gouvernementales. Il est étonnant, a insisté le représentant, que le Comité accepte cette ONG alors qu'il se montre réticent lorsqu'il s'agit d'une ONG s'occupant des enfants. Le représentant a donc lancé un appel pour que l'on utilise le même étalon-mesure dans tous les cas. L'important, a-t-il dit, est de voir de quelle manière une ONG utilise ses fonds et aussi de quelle manière elle est utile à la cause qu'elle entend défendre. Répondant à cela, la représentante de l'Algérie a réitéré son souhait de clarifier le cas de l'ONG précédente. Il ne s'agit pas seulement, a-t-elle souligné, de la question des ressources mais aussi et surtout de l'implication des services secrets, du FBI et des services gouvernementaux dans le travail de cette ONG. Si l'ONG tunisienne avait présenté le même cas d'implication des services secrets, par exemple, l'Algérie aurait été le premier pays à demander des clarifications. Ces propos ont été appuyés par la Tunisie et le Pakistan. Souhaitant apporter quelques éclaircissements, le représentant des Etats-Unis a jugé normal qu'une ONG dont l'objectif est de retrouver des enfants disparus s'adresse aux autorités policières pour mener ses enquêtes. La représentante de l'Algérie a maintenu son souhait de poser des questions précises à l'ONG.
Le Comité a également accordé le statut spécial au "Congrès du travail du Canada" - regroupant les grands syndicats de tous les secteurs de l'économie canadienne - n'accédant pas ainsi à sa demande d'octroi du statut général. La représentante de l'Algérie a suggéré au Comité de prendre la même décision en ce qui concerne la "Coordination française pour le lobby européen des femmes".
Elle a été appuyée par le représentant du Pakistan. Le représentant de l'Inde s'est lui prononcé pour le statut général arguant que la portée de l'action de l'ONG dépasse de loin le cadre strict "des femmes". Abondant dans ce sens, le représentant de la France a d'abord rappelé qu'un certain nombre d'associations de femmes a obtenu le statut général et ajouté que, de toute évidence, le champ des activités n'est pas le seul critère. Finalement, le Comité s'est rangé du côté de l'Algérie.
Concernant l'ONG "Cascadia Quest", dont la demande est relative à l'accession au statut consultatif général, le Président a tenu à préciser que lors de réunions informelles, le Comité s'était mis d'accord pour lui accorder le statut spécial. Il a accordé formellement ce statut à l'organisation. Quant au cas de l'ONG "Islamic Women's Institute of Iran" sur laquelle les membres du Comité avaient déjà recommandé le statut spécial, le Comité a confirmé cette décision.
Le Comité a examiné la demande de l'ONG "Association libanaise pour la protection des personnes handicapées". Le représentant de l'Inde a constaté que l'ONG avait accompli un travail remarquable dans plusieurs domaines qui lui donne droit au statut général. Cuba, la Chine, la Fédération de Russie, la Colombie, le Pakistan, le Chili, ont soutenu, par esprit de souplesse, cette proposition. La Tunisie a donné son accord à l'octroi d'un statut consultatif à l'ONG, et a déclaré se joindre à la décision qui serait prise par le Comité. La délégation de l'Irlande a estimé, pour sa part, que, pour respecter les règles de l'ECOSOC et les décisions prises dans le passé par le Comité, cette ONG méritait le statut spécial. La représentante de l'Algérie a exprimé son soutien à l'octroi du statut spécial. La délégation de la France a opté pour ce statut du fait que cette ONG avait d'abord un caractère national. Les Etats-Unis, relevant que le statut spécial ne devait pas être perçu comme un statut inférieur, et l'ONG dont il est discuté agissant sur un plan national, ont estimé que le statut spécial lui sied. Le Comité a accordé le statut spécial à cette organisation.
Le Comité a, par ailleurs, reporté sa décision sur la demande d'octroi du statut consultatif de "National Association of Negro Business and Professional Women's Clubs". Le Comité s'est ensuite penché sur la demande d'"Olabisi Olaleye Foundation" - oeuvrant pour la promotion des dispositions de la Charte des Nations Unies -. Pour le représentant du Pakistan, le fait que cette ONG ne compte que trois particuliers dans deux pays et qu'elle a effectué un emprunt dont le remboursement est pour le moins incertain, donne l'impression qu'il ne s'agit que d'une personne et non d'une organisation. Il semblerait aussi, a poursuivi le représentant, que le prêteur n'est pas une banque mais un particulier. Il serait donc utile de savoir quel est l'intérêt de cette personne. Dans les circonstances actuelles, il est difficile de comprendre comment cette ONG "peut rendre des services précieux au reste du monde sans ressources". En l'absence de plus d'informations, le Pakistan
ne peut se prononcer sur cette demande. La représentante de l'Algérie a fait part d'une position similaire, suivie par le représentant de l'Inde qui a cru voir dans la candidature de cette ONG, la description d'une société commerciale. En revanche, les "Scouts Tunisiens" et le "World Human Dimension" ont tous deux obtenu le statut consultatif spécial.
Reprenant le dossier de "Israël Women's Network", le Comité a demandé au Secrétariat d'envoyer une lettre à cette ONG pour l'informer qu'il appartient au Comité de décider ou non du report de l'examen d'une demande et qu'aucune ONG ne peut le faire à sa place. Le Secrétariat doit aussi demander à l'ONG les raisons de cette demande de report et informer que la décision finale reste à la discrétion du Comité. Pour la représentante de l'Algérie, qui a été appuyée par l'Observateur de la Syrie, le Comité doit, en outre, rappeler à l'ONG qu'elle avait elle-même demandé que son cas soit examiné au cours de la présente session.
Le Comité poursuivra ses travaux demain, mardi 25 janvier, à 10 heures.
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