ONG/327

LE COMITE REJETTE LA DEMANDE D'OCTROI DU STATUT GENERAL PRESENTEE PAR L'ONG "UNIVERSIDAD LATINOAMERICANA DE LA LIBERTAD", BASEE A MIAMI

24 janvier 2000


Communiqué de Presse
ONG/327


LE COMITE REJETTE LA DEMANDE D'OCTROI DU STATUT GENERAL PRESENTEE PAR L'ONG "UNIVERSIDAD LATINOAMERICANA DE LA LIBERTAD", BASEE A MIAMI

20000124

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a poursuivi, ce matin, ses travaux par l'examen de la demande d'octroi du statut général auprès du Conseil économique et social, présentée par l'Universidad Latinoamericana de la Libertad Friedrich Hayek, une ONG des droits de l'homme, basée à Miami. Sur proposition de Cuba, le Comité a rejeté par 13 voix pour (Algérie, Bolivie, Chine, Colombie, Cuba, Ethiopie, Inde, Liban, Pakistan, Fédération de Russie, Soudan, Tunisie et Turquie), 5 absentions (Chili, Irlande, France, Roumanie et Sénégal) et 1 voix contre (Etats-Unis) la demande de cette ONG. Avant la prise de cette décision, le Comité avait tenu une discussion au cours de laquelle la représentante de Cuba a fait une déclaration visant à prouver au Comité que cette ONG est, en réalité, un centre mis en place et appuyé par une organisation terroriste ayant son siège à Miami. L'ONG, a-t-elle dit, est également liée aux "Frères à la rescousse", association qui se consacre à l'organisation, la direction et la réalisation d'activités visant à renverser le Gouvernement légitime de Cuba en utilisant les moyens terroristes les plus violents.

Si la teneur de la réponse de l'ONG n'apporte rien aux questions posées par le Comité, le document officiel de l'ONG constitue lui une preuve claire des liens entre l'ONG et les organisations terroristes, mais aussi avec différents membres du Congrès d'origine cubaine qui font du lobbying pour encourager des politiques agressives contre le Gouvernement et le peuple de Cuba, telles que le blocus illégal et criminel contre Cuba, qui a, d'ailleurs, été rejeté à plusieurs reprises par l'Assemblée générale des Nations Unies. L'objectif primordial de ce type d'organisations est de renverser le Gouvernement de Cuba, a insisté la représentante avant de donner l'historique anti-cubain de certains membres honoraires de l'ONG.

Citant la dernière entreprise subversive de cette ONG, la représentante a attiré l'attention du Comité sur le cas d'Elian Gonzalez, l'enfant de nationalité cubaine qui fait l'objet d'un litige entre son père demeuré à Cuba et sa famille d'accueil vivant à Miami concernant sa garde après le décès

de sa mère. Le petit Elian, a dit la représentante, est l'objet de manipulations politiques brutales en violation flagrante des principes de la Convention relative aux droits de l'enfant. Compte tenu de tous ces faits, la représentante a proposé officiellement au Comité de rejeter la demande d'octroi du statut consultatif de cette ONG.

Soulignant que de nombreuses questions restent sans réponses, le représentant des Etats-Unis a suggéré au Comité de proroger le délai pour lui donner une dernière chance de convaincre le Comité de sa bonne foi et de répondre aux questions en suspens. Ce serait, a-t-il estimé, tout à l'honneur du Comité de reporter l'examen d'une demande lorsque le doute plane.

Pour sa part, la représentante de l'Algérie s'est déclarée surprise de l'attitude d'une ONG qui, prétendument intéressée par le statut consultatif auprès du Conseil économique et social, ne daigne pas répondre aux multiples invitations du Comité. Il est pour le moins étonnant, a insisté la représentante, que cette ONG, qui constitue un cas difficile, ne réponde pas aux demandes du Comité et qu'au contraire, elle souhaite reporter de 30 jours l'examen de sa demande sans donner de raisons valables. Une ONG qui n'a rien à se reprocher et qui, de surcroît, se trouve aux Etats-Unis devrait pouvoir se présenter devant le Comité, a dit la représentante avant de commenter la réponse écrite de l'ONG. Elle a dit ne pas comprendre le deuxième paragraphe de la réponse qui stipule que "les rumeurs sur l'ONG sont propagées par des parties associées aux pays considérés par le Département d'Etat comme pays de terrorisme international, à savoir Cuba". Pour la représentante, toute interprétation libre de ce paragraphe montrerait une situation grave dans laquelle une ONG, qui demande un statut consultatif auprès du Conseil économique et social dans le but d'entretenir des relations avec les Nations Unies, se permet de porter des accusations contre des pays souverains, Membres de l'ONU.

Ces propos ont été appuyés par la Chine, le Soudan, l'Inde, l'Ethiopie et la Bolivie. Pour le représentant du Sénégal, il importe que le Comité se fasse respecter et "harcèle" l'ONG pour qu'elle se présente, car de toute évidence son refus de le faire pourrait cacher un certain malaise par rapport à ce Comité. Le Comité doit donc l'acculer. Abondant dans ce sens, le représentant de la France, appuyé par l'Irlande, a marqué sa préférence pour une nouvelle invitation à se présenter. Il faut améliorer le dialogue avec les ONG et éviter toute pression, a dit le représentant du Chili en appelant, à son tour, à la souplesse et à l'envoi d'une nouvelle invitation. Le Comité a toujours fait preuve de souplesse vis-à-vis de cette ONG, a souligné le Président du Comité en ajoutant que les relations entre les ONG et le Comité sont en nette amélioration depuis deux ans. La représentante de Colombie a, elle, tenu à exprimer sa préoccupation devant tous ces reports qui ne font que retarder le travail du Comité. Il est temps, a-t-elle dit, d'analyser le cas

des ONG qui ne daignent pas se présenter devant le Comité et d'arrêter une procédure finale à cet égard. Dialogue et souplesse sont de bonnes choses, a dit le représentant du Liban, mais cela ne signifie pas que l'on ne respecte pas le règlement intérieur du Comité.

Les informations présentées par Cuba, a fait remarquer l'Observateur de l'Iran, font entrer en jeu des éléments de terrorisme. En conséquence, l'Iran ne peut appuyer l'octroi d'un statut consultatif à cette ONG car il est clair que si une ONG est engagée dans le terrorisme ou dans des activités politiques, cela porte atteinte à l'ONU, à l'ONG et à la communauté des ONG. Le Comité doit donc rester en alerte. Reprenant la parole, la représentante de Cuba a dit ne pas souscrire aux propos du Chili en rappelant que l'ONG a eu de nombreuses occasions de se présenter. La présence d'un représentant de l'ONG aurait été une chose excellente mais cela n'a pas été possible. Le Comité a fait un travail soigneux et il faut réfléchir à l'impact qu'aurait sur l'ONG une nouvelle invitation. Lorsqu'une ONG a, à l'évidence, une position politique, le message du Comité doit être clair. Si des doutes persistaient sur ce qu'est cette ONG, ils disparaissent à la lecture du paragraphe 2, a dit la représentante en réitérant sa position; le rejet du statut consultatif.

Cette ONG a eu toutes les chances de se présenter, a insisté la représentante de l'Algérie, et le Comité ferait preuve d'un manque de sérieux s'il continuait à multiplier ainsi les invitations. Un dialogue se fait à deux et lorsque l'autre partie ne répond pas, il faut prendre une décision. Il faut, a ajouté la représentante, que les membres du Comité cessent une fois pour toutes d'être les premiers à mettre ce Comité au banc des accusés. La représentante répondait ainsi au représentant du Chili sur le respect de la procédure. Le Comité dispose de suffisamment d'informations pour se prononcer sans la présence de l'ONG, a estimé pour sa part le représentant du Pakistan. Jusqu'à quand faudra-t-il attendre et faire preuve de bonté envers cette ONG, a ajouté la représentante du Soudan en se demandant pourquoi l'ONG hésite à envoyer un représentant. Certes, il faut être souple, a concédé la représentante de Cuba, mais il faut éviter que ces ONG prétendent régir l'ordre du jour des travaux du Comité. Une décision doit être prise, au cours de cette session, par consensus pour rejeter la demande de cette ONG, a insisté la représentante. La délégation américaine s'en remettra à la décision de la majorité du Comité sur l'opportunité ou pas de se prononcer aujourd'hui sur cette demande, a affirmé le représentant des Etats-Unis avant les représentants de la Turquie et de la Tunisie qui se sont dits en mesure de prendre une décision aujourd'hui.

Le représentant des Etats-Unis a demandé une mise aux voix de la proposition de Cuba consistant à rejeter la demande d'octroi du statut consultatif général auprès du Conseil économique et social présentée par l'Universidad Latinoamericana de la Libertad Friedrich Hayek.

Le représentant de la Bolivie a expliqué son vote en faveur du rejet par le manque d'informations claires sur les objectifs de l'ONG. Au contraire, le représentant des Etats-Unis a indiqué qu'il n'avait pas obtenu suffisamment d'éléments lui permettant de rejeter la demande de l'ONG. L'Inde votera, a dit son représentant, par respect de sa philosophie pour ce qui est des ONG. Le représentant du Chili a lui réitéré sa préférence pour le dialogue avec les ONG et souligné que le fait que l'ONG présente des difficultés pour certains membres n'est pas forcément vrai pour les autres membres. Intervenant à son tour, la représentante de l'Irlande a réaffirmé sa déception quant à l'absence d'un représentant de l'ONG. Elle s'est déclarée ne pas être en mesure de prendre une décision finale sur l'ONG.

Nous nous abstiendrons lors de ce vote, a indiqué le représentant du Sénégal, en regrettant le manque d'informations pour prendre une décision juste. Les représentants de la France et de la Roumanie ont fait part de la même position. A son tour, la représentante de Cuba a souligné que la décision prise est l'achèvement d'un long processus dans lequel toutes les possibilités de s'exprimer ont été données à une ONG pourtant liée aux mouvements terroristes. Il est important, a-t-elle dit, que le Comité ait rejeté la demande de l'ONG et transmis ainsi un message aux organisations qui n'ont rien d'une ONG. Le Comité doit continuer à suivre cette procédure. Le Président du Comité a tout de même indiqué qu'il aurait préféré que le Comité se prononce par consensus. Il est heureux, a souligné le Président, que la procédure ait été respectée.

Le Comité poursuivra ses travaux, cet après-midi, à 15 heures.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.