FEM/1101

LA POLITIQUE DE PROMOTION DE LA FEMME DU MYANMAR MET L'ACCENT SUR L'AMELIORATION DE LA SANTE

21 janvier 2000


Communiqué de Presse
FEM/1101


LA POLITIQUE DE PROMOTION DE LA FEMME DU MYANMAR MET L'ACCENT SUR L'AMELIORATION DE LA SANTE

20000121

Plusieurs expertes regrettent que le rapport initial ne fournisse pas d'information sur les femmes réfugiées et déplacées

"Les femmes du Myanmar ont un honneur et une dignité qui leur sont propres et elles n'ont jamais eu à subir de situations d'oppression ou d'infériorité liées à leur statut de femme", a affirmé M. Win Mra, Représentant permanent du Myanmar auprès des Nations Unies, qui présentait, ce matin, au Comité sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, le rapport initial de son pays. Le Myanmar qui est devenu Etat partie à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en juillet 1997, dispose d'un mécanisme national de promotion de la femme depuis 1996 et d'un Plan d'action national en faveur de la femme depuis 1998, a rappelé M. Mra.

Dans la mesure où les femmes sont généralement en charge du bien-être des enfants et de la famille, structure fondamentale de la société du Myanmar, les autorités accordent une attention particulière à leur bonne santé, a expliqué ensuite le Représentant, qui a présenté en détail les activités menées en faveur de la santé des femmes. Cette politique s'efforce d'adopter une approche globale et de prendre en compte tous les groupes d'âge. Les organisations non gouvernementales et les associations de volontaires y contribuent de plus en plus activement, a également précisé M. Mra.

Le représentant a ajouté qu'en 1999, le Comité national de la condition de la femme au Myanmar a décidé d'ajouter l'environnement et les médias aux six domaines clefs identifiés dans le Plan d'action national de la promotion de la femme. Il a néanmoins souligné en conclusion que la réalisation de ces efforts ne va pas sans difficulté en raison notamment d'insuffisances dans la collecte d'informations et du manque de ressources financières.

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- 1a - FEM/1101 21 janvier 2000

Dans leurs remarques générales, les expertes ont notamment félicité l'Etat partie d'avoir signé la Convention sans émettre de réserve sur les articles de fond et d'avoir mis en place un mécanisme national de promotion de la femme. Il a été fait remarquer que le fait qu'une femme du Myanmar ait reçu le prix Nobel de la paix témoigne du rôle important que les femmes ont de tout temps joué dans l'histoire du pays et a valeur d'exemple pour l'ensemble des femmes du Sud-Est asiatique. Toutefois, les membres du Comité ont largement déploré le caractère trop lacunaire des informations fournies qui ne permettent pas de se faire une image claire de la situation de facto. Le fonctionnement des différents mécanismes chargés de traiter des questions féminines n'est, par exemple, pas très clair et aucun renseignement n'est donné quant à leur niveau de financement. En outre, plusieurs expertes ont déploré l'absence d'information sur la situation des femmes réfugiées et déplacées, pourtant nombreuses, ou sur l'état des violences commises contre les femmes.

Les 23 expertes du Comité poursuivront leurs questions à l'Etat partie, cet après-midi, à partir de 15 heures.

EXAMEN DU RAPPORT INITIAL DU MYANMAR

Rapport (CEDAW/C/MMR/1)

Devenu Etat partie à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes le 22 juillet 1997, le Myanmar, plus vaste pays de la péninsule sud-est asiatique, possède une population très diversifiée. L'égalité avec les hommes est acquise aux femmes comme un droit naturel. Les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes depuis le début de la civilisation du Myanmar, il y a 3000 ans. La Constitution de 1974, toujours en vigueur, stipule par exemple que "les femmes jouissent de droits politiques, économiques, sociaux et culturels égaux à ceux des hommes. Les femmes peuvent exercer librement les droits qui leur sont garantis par la loi en ce qui concerne le mariage, le divorce, le partage des biens et la succession, ainsi que la garde des enfants". De plus, le droit coutumier aussi bien que les croyances et pratiques religieuses ont préservé le droit des femmes à l'égalité dans tous les domaines essentiels.

Depuis son accession à l'indépendance en 1948, le pays a été gouverné en plusieurs occasions par les forces armées, qui sont d'ailleurs à la tête du Gouvernement depuis septembre 1988. Le foyer moyen compte 5 à 7 personnes, les familles élargies étant la norme. Le père est considéré comme le chef de famille, mais c'est la mère qui a le rôle principal dans l'éducation des enfants, et qui gère les dépenses du ménage. Au niveau institutionnel, le Comité national de la condition de la femme, créé en juillet 1996, a pour mission d'entreprendre de façon systématique des activités visant à promouvoir la condition de la femme. Par ailleurs, en octobre 1996 a été créé le Comité de travail national sur la condition de la femme afin de renforcer le pouvoir d'action des femmes. Ce Comité est habilité à recevoir et à transmettre des plaintes. En août 1997, un Plan d'action national de promotion de la femme a été adopté. Il identifie 6 domaines clefs : l'éducation, la santé, l'économie, la culture, la violence à l'égard des femmes et les petites filles. Le milieu associatif est aussi actif en matière de promotion de la femme, avec en tête l'Association du Myanmar pour le bien-être de la mère et de l'enfant, qui mène notamment des activités favorisant l'espacement des naissances et crée des garderies. On peut également mentionné l'Association des femmes chefs d'entreprise, créée en 1995, qui s'attache à améliorer les conditions socioéconomiques des femmes et met en oeuvre des programmes relatifs aux activités génératrices de revenus pour les femmes rurales, ainsi qu'au système de crédit. En décembre 1998 a eu lieu la première Conférence sur les femmes du Myanmar qui avait notamment pour objectifs d'améliorer la qualité de vie des femmes et de leur garantir des possibilités d'avancement régulières et durables. Par ailleurs, le 8 mars 1998 a été célébrée pour la première fois la Journée internationale de la femme et le 3 juillet 1998 a été instaurée la "Journée de la femme du Myanmar".

Le Gouvernement a également organisé en janvier 1999 des débats régionaux sur le thème de la violence à l'égard des femmes et du rôle du secteur de la santé. Si elle existe, la violence conjugale semble d'ampleur limitée; les cas officiels de viols ou d'agressions sont rares. Les sévices sexuels et le viol sont punis par la loi, la peine pouvant aller jusqu'à la déportation à vie. Les femmes détenues sont protégées par des lois spécifiques et le Manuel des prisons. Elles reçoivent des soins de santé et les prisonnières devant effectuer des travaux difficiles se voient attribuer des charges de travail proportionnelles à leur condition physique. Enfin, si une femme condamnée à la peine de mort est enceinte, la sentence est commuée en peine de prison à vie. Les femmes handicapées et les enfants de rue sont pris en charge par le Département de la protection sociale et par des ONG. Les personnes âgées, y compris les femmes, continuent à près de 80% à vivre chez leurs enfants.

Le Gouvernement a adopté un certain nombre de mesures préventives pour empêcher que les femmes et les petites filles ne soient victimes de la traite et de l'exploitation sexuelle, ainsi que du trafic sexuel vers des pays étrangers. Les femmes vivant dans les régions frontalières étant les plus vulnérables, 8 centres de formation ont été créés à leur intention dans des villes se situant à proximité des pays voisins. Des cours de formation destinées aux assistantes maternelles, ainsi que des cours d'arts ménagers à l'intention des femmes et des filles sont proposées. Les femmes âgées de 16 à 25 ans ne peuvent pas passer la frontière si elles ne sont pas accompagnées d'un tuteur légal. Plusieurs lois proscrivent l'exploitation sexuelle, le trafic et la vente d'enfants à des fins sexuelles, d'un pays à un autre ou l'intérieur du pays. La prostitution est découragée et le racolage en public est considéré comme un délit. Les peines encourues vont de 1 à 3 ans d'emprisonnement, 10 ans si la victime a moins de 18 ans. Le rapport ajoute que les victimes de la traite ne sont pas toujours pénalisées ou elles le sont parfois pour la forme. Quatre instituts de formation professionnelle ont été créés à l'intention des femmes appréhendées au titre de la loi sur la répression de la prostitution et un groupe d'étude sur la traite des femmes et des enfants a été mis en place en 1998.

Les femmes du Myanmar jouissent de l'égalité de droit avec les hommes en ce qui concerne le droit de vote et d'éligibilité. Le Parlement comprend certains élus femmes. Le nombre de femmes postulant à des postes élevés dans l'administration, la politique, le milieu judiciaire et les affaires a augmenté au cours de la dernière décennie, mais il reste peu élevé. L'accès à l'éducation n'est pas discriminatoire. On compte 105 garçons pour 100 filles au niveau primaire et 84 garçons pour 100 filles pour le deuxième cycle du secondaire. En 1995/1996, les filles représentaient 40,9% des étudiants des instituts de formation technique et professionnelle. Malgré tout, de nombreuses jeunes filles continuent de s'orienter vers des carrières d'infirmière, d'institutrice ou vers les arts ménagers.

Ni les programmes ni les livres scolaires ni les méthodes pédagogiques ne favorisent les garçons par rapport aux filles. Des sessions d'information pour les élèves sur les drogues, le VIH/sida, la santé reproductive et la planification familiale sont organisées.

Les femmes représentent 33% de la population active, toutefois une large proportion de l'emploi féminin est absorbée par le secteur informel. Les femmes travaillent surtout dans l'agriculture de subsistance, le petit commerce, le colportage ou dans les petites entreprises non réglementées. Les conditions de travail sont variables mais le secteur structuré de l'économie traite les hommes et les femmes de la même façon en matière de salaire notamment. L'embauche des femmes pour certains travaux pénibles est limitée ou interdite.

Il n'existe aucun obstacle juridique ou social pouvant empêcher les femmes d'avoir pleinement recours aux services de santé. On estime que 76,4% des femmes enceintes bénéficient de soins de santé prénataux dispensés par des sages-femmes. Dans les zones rurales 70% des accouchements sont assistés par du personnel qualifié. Des services de planification familiale et de santé reproductive sont offerts dans les centres gouvernementaux. Les causes de mortalité maternelle sont liées surtout à l'avortement, aux infections, aux hémorragies, à l'hypertension durant la grossesse et aux traumatismes obstétricaux. La surveillance de l'épidémie de VIH/sida a commencé en 1985 sur une échelle limitée. Depuis 1989, il existe un Comité national de lutte contre le sida. En 1991, le problème du VIH/sida a été classé troisième plus grave problème sanitaire du pays et un programme de prévention et de contrôle du sida, comprenant notamment des activités de dépistage sanguin, a été intégré au Programme de santé national. Des services de consultation ont été ouverts à travers tout le pays et des soins médicaux appropriés sont offerts aux séropositifs.

72% de la population du Myanmar vit en zone rurale et des projets de développement rural ont été mis à exécution à grande échelle. L'accent est mis sur l'accès aux prêts qui sont attribués aussi bien aux hommes qu'aux femmes. Les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes en ce qui concerne l'acquisition, la gestion et la cession des biens. Elles reçoivent un traitement égal aux hommes à tous les stades de la procédure judiciaire. Pendant la durée du mariage, la femme est intéressée à tous les biens appartenant soit à l'un des époux, soit aux deux. Si le mari décède, la femme hérite de tous ses biens. La forme la plus répandue de divorce est le divorce par consentement mutuel. Les causes de divorce sont la cruauté, la stérilité, l'abandon de famille, l'adultère et la lèpre. S'agissant de la garde des enfants, les garçons restent généralement auprès de leur père et les filles auprès de leur mère; mais quand ils sont très jeunes, la plupart des enfants restent avec leur mère.

Présentation du rapport par l'Etat partie

Introduisant en premier lieu la délégation qui l'accompagne ce matin, M. WIN MRA, Représentant permanent du Myanmar auprès des Nations Unies, a indiqué que pour la première fois la Mission du Myanmar compte dans ses rangs une conseillère, ce qui témoigne bien du nouvel engagement pris en faveur des femmes. Il a rappelé que c'est le 22 juillet 1997 que le Myanmar est devenu Etat partie à la Convention. Au Myanmar, 75% de la population réside en zone rurale et le taux d'alphabétisation est de 83% (89% pour les hommes et 78% pour les femmes). Le taux de chômage est lui de 3,64% chez les hommes et de 4,76% chez les femmes. La Constitution contient des dispositions spécifiques concernant l'égalité entre les sexes et les droits des femmes. La famille est la structure fondamentale de la société et la femme joue le rôle principal quant à l'éducation des enfants. Dès leur plus jeune âge, les enfants apprennent respect et gratitude à l'égard de cette personne qui leur a donné la vie, a ajouté M. Mra, qui en a pris pour preuve le fait que dans la langue du Myanmar, le terme pour les parents commence par la référence à la mère.

Dans la mesure où la femme est généralement en charge du bien-être des enfants et de la famille, les autorités du Myanmar accordent une attention particulière à sa bonne santé. Dans ce domaine, le Représentant a rappelé que hommes et femmes ont un accès égal aux soins. Le Gouvernement a actuellement pour objectif d'améliorer le niveau sanitaire et de promouvoir la santé physique et mentale de la population. Pour cela, il met l'accent sur les activités préventives et curatives, ainsi que sur les activités de réhabilitation. Ces mesures s'inscrivent dans le Plan national de santé intitulé "Santé pour tous d'ici l'an 2000". Quarante-sept projets de soins maternels et infantiles, d'espacement des naissances, de santé reproductive, de nutrition, de vaccination et de contrôle des maladies sexuellement transmissibles sont ainsi mis en oeuvre dans le cadre de six grands programmes. La politique en matière de santé des femmes s'efforce d'adopter une approche globale, prenant en compte les toutes petites filles comme les femmes âgées.

Le problème sanitaire le plus important auquel le pays est confronté est celui des accouchements à risques et une action a été entreprise pour y faire face. La politique nationale d'espacement des naissances est justifiée non pas par des facteurs démographiques, mais par l'importance d'assurer la bonne santé des mères. Elle prend désormais en compte la situation des adolescentes. Les activités en matière d'espacement des naissances sont conduites par le secteur sanitaire gouvernemental, mais également par les organisations non gouvernementales qui sont aidées par des organismes internationaux. La politique nationale de santé met avant tout l'accent sur la prévention des maladies et la diffusion d'un style de vie sain. C'est pourquoi, des recherches sur le VIH/sida ont été menées afin d'améliorer

les efforts visant à endiguer l'expansion de cette épidémie, qui frappe désormais toutes les couches sociales du pays. Le Gouvernement accorde la plus haute priorité à la lutte contre le VIH/sida et il encourage les organisations non gouvernementales à y prendre part. Des séances d'information sur le VIH/sida sont organisées dans les écoles pour les élèves, alors que les professeurs sont formés pour enseigner les principes d'une vie saine.

Au Myanmar, il n'y a pas de disposition statutaire visant à fournir des services en matière d'avortement. Toutefois, si une femme venant de subir un avortement dangereux se présente dans un hôpital, elle reçoit tous les soins d'urgence et de suivi nécessaires, y compris une méthode contraceptive post-avortive. La majorité du personnel fournissant les soins prénataux et de santé génésique est féminin, car traditionnellement les femmes sont plus à l'aise lorsqu'elles consultent du personnel médical du même sexe. Les activités en matière de santé reproductive prônées dans le programme national de santé comprennent des campagnes d'éducation sexuelle destinées à la jeunesse pour promouvoir notamment l'usage du préservatif. Les différentes autorités communautaires et locales, ainsi que les ONG et les associations de volontaires participent tous également à la politique de santé reproductive.

Le Myanmar a mis en place le Programme de gestion intégrée des maladies infantiles et maternelles en tant que composante du Programme national de soins de santé primaire. Par ce programme, le Myanmar dispense une formation aux sages-femmes traditionnelles et aide les femmes enceintes à gérer leur grossesse avant, pendant et après la naissance de l'enfant. Au Myanmar, un nombre important de groupes d'ONG féminines sont actives dans le domaine de la protection de la santé des femmes. Ainsi, par exemple, l'Association du Myanmar pour le bien-être de la mère, qui est présente dans l'ensemble du pays par le biais de ramifications locales, fait intervenir de nombreuses femmes issues de milieux sociaux différents dans des programmes importants d'espacement des naissances. Le Myanmar s'est fixé pour objectif de réduire la morbidité et la mortalité résultant de maladies qui affectent les mères notamment mais aussi les enfants en âge scolaire. En l'an 2000, le Myanmar entend réduire le taux de mortalité infantile de 47,1 à moins de 45 pour 1000. Les femmes au Myanmar ont droit à un congé de maternité de 3 mois.

Reconnaissant que l'éducation joue un rôle déterminant dans l'accès des femmes aux emplois rémunérés ainsi qu'au contrôle de la fertilité, le Gouvernement du Myanmar, en collaboration avec le Comité national de la condition de la femme, applique des programmes visant à permettre à chaque individu d'acquérir une éducation de base. Les pratiques existantes au Myanmar ne font état d'aucune discrimination à l'égard des femmes dans le domaine de l'éducation.

Exposant les faits nouveaux intervenus depuis la soumission du rapport en mars 1999, M. WIN MRA a rappelé que le Myanmar a célébré le 3 juillet 1999 la Journée nationale de la femme. A cette occasion, le Premier Secrétaire du Conseil pour la paix et le développement a déclaré que, dans la communauté du Myanmar, les femmes ont un honneur et une dignité qui leur est propre et qu'elles n'ont jamais eu à subir des situations d'oppression ou de complexe d'infériorité liées à leur statut de femme. Par ailleurs, le Comité national de la condition de la femme au Myanmar a tenu deux réunions de coordination en 1999, à l'issue desquelles il a été décidé d'ajouter aux six domaines clefs identifiés dans le Plan d'action national de la promotion de la femme deux nouveaux secteurs, ceux de l'environnement et des médias. Concluant son exposé du rapport, le représentant du Myanmar a assuré le Comité de la volonté authentique de son pays de poursuivre ses efforts pour appliquer le Plan d'action pour la condition de la femme. Il a cependant souligné que la réalisation de ses efforts ne va pas sans difficulté notamment dans le domaine de la collecte d'informations, mettant en exergue qu'une allocation de ressources financières assortie d'une assistance technique permettrait de réduire ces difficultés.

Dialogue entre les expertes et l'Etat partie

Prenant la parole pour formuler des remarques générales, Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, a félicité l'Etat partie d'avoir signé la Convention sans émettre de réserve sur les articles de fond et d'avoir présenté dans les délais prévus le rapport initial. Mme Khan a reconnu que les femmes ont su de tout temps jouer un rôle de premier plan dans l'histoire du Myanmar. Elle en a pris pour preuve le fait qu'une femme du Myanmar ait été la première femme de l'Asie du Sud-Est à recevoir le prix Nobel de la paix. C'est un grand accomplissement qui a valeur d'exemple pour les femmes du Myanmar mais aussi pour toutes les femmes de l'Asie, a-t-elle déclaré.

L'établissement d'un mécanisme national de promotion de la femme est un premier pas institutionnel qui va dans la bonne direction, a poursuivi Mme Khan. Néanmoins elle a regretté le peu d'informations concernant le niveau de financement des activités menées en faveur des femmes. En outre, et comme le reconnaît de manière très honnête le rapport, depuis son accession à l'indépendance, le Myanmar a connu plusieurs conflits armés dont les femmes et les enfants ont été les premiers à souffrir. Il est regrettable à cet égard que l'Etat partie ne fournisse aucune donnée exposant véritablement la situation de fait des femmes. De toute évidence, le Myanmar doit faire face à un grave problème d'infrastructures, ce qui rend les conditions d'existence des femmes difficiles. Mais le pays est aussi confronté à des problèmes ethniques et à des problèmes de réfugiés, qui ne sont malheureusement pas abordés dans le rapport. Il n'est pas indiqué, par exemple, si les femmes réfugiées ont accès à tous les services mentionnés. Il est satisfaisant de constater que le Myanmar accorde une grande importance à la santé des femmes,

mais sur ce point des questions demeurent, notamment concernant justement les femmes déplacées et réfugiées, a encore fait remarquer l'experte. De manière générale, les soins évoqués sont-ils fournis gratuitement à l'ensemble de la population? Mme Khan a aussi déploré le peu d'information transmise concernant la violence contre les femmes et, une fois encore, notamment les femmes vivant dans les camps de réfugiés, qui traditionnellement sont particulièrement vulnérables à ce type de sévices. Mme Khan a également rappelé qu'en devenant partie à la Convention, les Etats s'engagent à éliminer toute discrimination à l'égard des femmes dans la sphère publique aussi bien que privée. Elle a donc souhaité que les prochains rapports du Myanmar addressent de front les situations d'inégalité constatées entre les hommes et les femmes, afin que le Comité puisse obtenir l'image la plus précise possible de la condition des femmes.

Passant aux questions article par article et notamment aux obligations constitutionnelles et législatives posées par la Convention, Mme HANNA SCHOPP-SCHILLING, experte de l'Allemagne, a demandé si les principes d'égalité entre les sexes ainsi qu'une définition de la discrimination seront inclus dans le projet de nouvelle Constitution, évoqué dans le rapport. Faisant observer que le processus de révision constitutionnelle est en cours depuis un certain temps, elle a souhaité savoir quand il aboutira. Selon elle, poser ces principes dans la Constitution permettra de les intégrer dans les lois et d'en faire à terme une véritable réalité. Les textes de lois interdisent-ils, quant à eux, clairement toute discrimination contre la femme de la part des acteurs de l'Etat, a demandé ensuite l'experte qui a ajouté que cet aspect prend au Myanmar une dimension particulière compte tenu du rôle important que jouent les forces militaires dans la direction du pays. Y a-t-il des cas connus de discriminations contre les femmes commises par des militaires? L'experte a également demandé si le mécanisme institutionnel de promotion des femmes a pour tâche d'examiner les textes de lois pour identifier une éventuelle discrimination de jure contre les femmes. Notant que la Constitution de 1947 interdit toute discrimination contre un citoyen sur la base de son origine ethnique ou de sa confession religieuse, Mme IVANKA CORTI, experte de l'Italie, s'est quant à elle demandée si, dans les faits, ce principe était suivi dans la lettre et l'esprit. Comment les autorités s'assurent-elles que ces dispositions sont effectivement respectées? Quelles sont les politiques qui permettent de garantir les mêmes droits aux femmes des différents groupes ethniques, a-t-elle également interrogé.

Examinant l'application de l'article 3, Mme AWA OUEDRAOGO, experte du Burkina Faso, s'est félicitée de ce que le Gouvernement dispose d'un Plan d'action et de plusieurs organismes pour la promotion de la condition de la femme. Rappelant que la Conférence de Beijing a identifié le problème de l'affectation de ressources aux mécanismes de promotion de la femme comme un domaine prioritaire, l'experte a regretté le manque d'informations relatives au budget du Comité national au Myanmar. Par ailleurs, les six domaines prioritaires identifiés par le Plan d'action national auraient, de l'avis de

l'experte, dû prendre en compte la participation de la femme à la prise de décision, ce pouvoir figurant parmi les 12 points clefs du Programme de Beijing. Mme SAVITRI GOONESEKERE, experte du Sri Lanka, a salué, pour sa part, le taux d'alphabétisation des femmes inhabituellement élevé pour l'Asie dont peut s'enorgueillir le Myanmar. Elle a cependant souhaité obtenir davantage d'informations sur le sujet de la violence à l'égard des femmes, y compris les femmes incarcérées qui courent souvent le risque d'être violées, et sur les efforts entrepris au Myanmar pour éliminer le travail forcé qui a des incidences sur la santé des femmes, en particulier chez les femmes enceintes.

Se penchant davantage sur l'aspect institutionnel de l'article 3, Mme YOLANDA FERRER GOMEZ, experte de Cuba, a salué la création du Comité national de la condition de la femme au Myanmar, en notant toutefois qu'il n'a pas le statut de Ministère puisqu'il est un mécanisme placé sous la tutelle du Ministère des affaires de sécurité sociale. Tout comme Mme ROSALYN HAZELLE, experte de Saint-Kitts-et-Nevis, l'experte de Cuba a souhaité des explications sur les différences et la relation qui existent entre les deux mécanismes en place au Myanmar pour la condition de la femme, à savoir le Comité national de la condition de la femme et le Comité de travail national sur la condition de la femme. De même des précisions ont été demandées sur les ressources financières et humaines affectées à ces deux mécanismes. Mme ANNE LISE RYEL, experte de la Norvège, a souhaité, quant à elle, être informée du nombre et du genre de plaintes reçues par le Comité national de la condition de la femme. Terminant l'examen de l'article 3, Mme YUNG-CHUNG KIM, experte de la République de Corée, a souhaité savoir si la Convention a été traduite dans les différentes langues des groupes ethniques du Myanmar et s'il existe des statistiques sur les activités des ONG féminines au Myanmar.

Passant à l'examen de l'article 4, Mme MAVIVI MYAKAYAKA-MANZINI, experte de l'Afrique du Sud, a demandé des précisions sur les mesures adoptées par le Gouvernement pour assurer une véritable égalité de droit entre les hommes et les femmes au Myanmar. De son avis, des mesures spéciales, même provisoires, sont nécessaires pour assurer la représentation des femmes au Parlement.

Concluant la séance par l'examen de l'article 5, Mme AWA OUEDRAOGO, a salué le fait que le rapport mentionne un dicton populaire qui valorise la femme. Ce dicton dit que "si le mari porte une charge sur ses épaules, la femme portera une charge sur sa tête". L'experte a encouragé la délégation à trouver des moyens de continuer à véhiculer ce type de dictons, que ce soit par le biais de contes populaires ou par les médias.

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