FACE AUX QUESTIONS DE LA FEDERATION DE RUSSIE, LE COMITE REPORTE SA DECISION SUR LA DEMANDE DE RECLASSEMENT DE L'ONG "BUREAU INTERNATIONAL DE LA PAIX"
Communiqué de Presse
ONG/322
FACE AUX QUESTIONS DE LA FEDERATION DE RUSSIE, LE COMITE REPORTE SA DECISION SUR LA DEMANDE DE RECLASSEMENT DE L'ONG "BUREAU INTERNATIONAL DE LA PAIX"
20000119A la suite des questions de l'Ethiopie, du Soudan et de l'Algérie, le Comité en fait de même pour "African Cmmunity Ressource Center"
Poursuivant , cet après-midi, l'examen des demandes de reclassement des statut consultatifs auprès du Conseil économique et social, présentées par les ONG, le Comité chargé des organisations non gouvernementales a commencé par l'ONG Union internationale humaniste et éthique accédant à sa demande de reclassement au statut consultatif spécial. L'Union internationale affirme qu'elle est une organisation d'humanistes qui estiment que l'expérience humaine est la seule source de connaissance et d'éthique. L'Algérie a réitéré sa demande de précisions sur l'objectif de l'ONG visant à "promouvoir des points de vue humains et éthiques". A cela, la représentante de l'ONG a répondu qu'active dans les questions de développement social, de promotion de la femme et de protection des enfants, l'Union internationale se fonde sur une philosophie qui consiste à reconnaître le droit de chacun à vivre en paix et en harmonie et à façonner son propre destin et à s'efforcer de protéger la terre sur laquelle vit l'humanité.
Intervenant à son tour, le Pakistan a souhaité des précisions sur la promotion d'"un humanisme concernant les questions morales et éthiques controversées". Il a aussi souhaité des précisions sur la nature des initiatives politiques citées par l'ONG et les institutions et organes avec lesquels elle travaille, en particulier, dans le monde en développement. Le représentant a, par ailleurs, soulevé la question de la situation financière de l'ONG qui ne spécifie pas ce que sont les "autres sources de financement". En ce qui concerne la promotion des points de vues humains et éthiques, la représentante de l'ONG a répondu qu'il s'agit surtout de promouvoir un code éthique sans faire référence à un dieu particulier. Quant au financement, elle a affirmé qu'il est assuré par les cotisations des organisations membres et en ce qui concerne les initiatives, elle a expliqué qu'en matière de développement social, par exemple, l'ONG distribue aux ONG affiliées les rapports sur ce que font les Nations Unies en la matière et les invite à
mettre en oeuvre des actions conformes sur le terrain. L'objectif principal de l'ONG est d'éliminer la pauvreté et de veiller à ce que chacun ait le droit de vivre dans la dignité et en harmonie les uns avec les autres, a insisté la représentante.
L'Algérie a réitéré sa demande de clarifications sur la "puissance surnaturelle" que l'ONG évoque dans son dossier. Relevant l'objectif consistant à améliorer les aspects matériel et culturel de la condition humaine, le Soudan a demandé de précisions. La représentante de l'Union internationale a d'abord répondu à la question de "la puissance surnaturelle" en soulignant que le terme a été choisi parce que dans sa promotion du code éthique et humaniste, l'ONG ne fait référence à aucun "être défié", en particulier. Pour ce qui est des projets, la représentante a indiqué qu'ils consistent surtout à financer des projets identifiés par les nationaux des pays où l'ONG est représentée. Les représentants de l'Inde, de l'Irlande et du Chili ont soutenu la candidature de l'ONG qui, en se fondant sur les valeurs humanistes, fait "un travail rarement rencontré" dans la société civile.
Le Comité a ensuite examiné la demande de reclassement de l'ONG Bureau international de la paix (BIP), qui souhaite passer du statut de Liste au statut consultatif spécial. La représentante de cette organisation a été invitée à répondre aux questions qui lui ont été soumises par les délégations. La première question avait trait à la répartition du budget de l'ONG, dont la majorité des dépenses est consacrée aux questions administratives. Ces dépenses, a expliqué la représentante, sont soigneusement évaluées et orientées vers des domaines de base, dont les salaires, les frais d'imprimerie de brochures, les frais de voyages nécessaires aux activités de l'ONG. Les contributions perçues par BIP proviennent surtout de fondations privées, et 15 000 dollars inscrits au chapitre des recettes de cette année, proviennent des membres de l'ONG. Le Bureau international de la paix a reçu le prix Nobel de la paix en 1910. L'ONG a tiré des bénéfices de la vente de l'immeuble qui abritait autrefois son siège. Elle bénéficie aussi de recettes issues d'activités de sous-location immobilières, et on peut trouver aujourd'hui plus de détails dur al gestion de son budget sur son site Internet.
Le Bureau international de la paix (BIP) travaille dans le domaine de la paix et du désarmement, et participe par conséquent à la mise en oeuvre et au plaidoyer en faveur de processus de paix. Ce n'est pas une organisation des droits de l'homme. Elle participe plutôt à l'éducation à la paix et travaille à répandre la culture de la paix, même à travers une contribution à l'enseignement scolaire. La Fédération de Russie a remercié la représentante pour les réponses fournies, mais a tenu à demander des éclaircissements sur le financement de l'ONG. Pourquoi les dépenses administratives sont-elles supérieures au montant combiné de tous les autres postes budgétaire& D'autres part, la représentante peut-elle préciser pourquoi les données affichées sur le site Internet de l'ONG ne correspondent pas aux indications données dans les documents fournis au Comité?
Le représentant a rappelé que, conformément aux critères établis, toute contributions financière ou soutien directe ou indirecte reçus par les ONG accrédités auprès de l'ECOSOC, en provenance direct ou indirecte d'organes gouvernementaux doit être déclarée dans les documents fournis au Secrétariat.
D'autre part, les activités de sous-location immobilière que pratique l'ONG ne sont-elles pas en violation du statut des ONG accréditées ici? Et les activités de marketing et de vente qui sont annoncées sur son site Web ne sont-elles pas aussi en contradiction de ce statut? Par exemple, l'ONG organise des événements à participation payante. N'est-ce pas là une activité à caractère commercial? Et pourquoi le nombre de membres collectifs dépasse-t-il celui des membres individuels? De plus quelle sont les origines national, corporatiste et autre de ses membres? Quelles sont exactement les activités de cette ONG qui semblent travailler à la fois dans le domaine de la sécurité, des mines et de la paix? Que fait-elle en matière de non prolifération nucléaire?
Le Sénégal, pour sa part, a demandé des précisions sur les zones d'intervention de l'ONG. Cette ONG a-t-elle des zones géographiques d'intervention privilégiées? Et pourquoi? Le Président de Comité a demandé à la représentante de l'ONG au vu la multitude et de la précision des questions qui lui étaient posées, de préparer des réponses par écrit et de les soumettre plus tard au Comité. L'Irlande a soutenu cette proposition du président tout en exprimant son soutien à la demande de reclassement du Bureau international de la paix, qui bénéficie déjà aussi du statut de Liste auprès de l'UNESCO. Le Chili et les Etats-Unis se sont associés à la déclaration de l'Irlande. Le Liban, la Chine, la France, Cuba, la Colombie, le Pakistan, le Soudan, la Roumanie ont soutenu la proposition du Président, la France rappelant que le prix Nobel de la paix autrefois remporté par cette ONG était significatif de son engagement en faveur de la culture de la paix et de l'idéal des Nations Unies. Le Comité a décidé de reporter sa prise de décision sur la demande de reclassement présentée par le Bureau international de la paix à plus tard.
Revenant à l'examen de la demande de reclassement présentée par la Grande fraternité universelle - ONG vénézuélienne travaillant au progrès de la paix et de la non-violence sur des bases apolitiques, non partisanes et laïques - qui figure au document (E/C.2/1999/R.2/Add.24). Avant l'octroi du statut consultatif spécial Cuba a demandé des explications visant à comprendre pourquoi le montant alloué aux frais administratifs est égal au montant des projets alors que, dans le même temps, le montant alloué à la rubrique "autres dépenses" est plus élevé. La représentante a aussi souhaité connaître la nature des contributions du Gouvernement vénézuélien au budget de l'ONG et la liste des pays où elle est représentée. Répondant sur la question des dépenses, le représentant de l'ONG a expliqué que les frais administratifs correspondent à la location des locaux et précisé que l'efficacité même de l'ONG dépend de la qualité des ses installations. Sur la question de la
contribution gouvernementale, le représentant a déclaré que la seule contribution du Gouvernement vénézuélien a consisté à fournir une somme de 1 500 dollars pour célébrer l'anniversaire de l'ONG. Il a aussi souligné que l'ONG opère dans 28 pays répartis entre le continent américain, l'Europe et Israël.
Le Comité a poursuivi l'examen des demandes d'admission au statut consultatif et des demandes de reclassement dont le Comité a décidé de reporter l'examen lors de sa session de 1998.
Les représentants de l'Ethiopie, du Pakistan, du Soudan, et de Cuba, ont proposé que le Comité entende la représentante de l'ONG African Community Ressource Center, qui affirme s'être fixé pour objectif l'amélioration de la qualité de vie dans les pays en développement par l'égalité de l'accès aux ressources, à l'information et aux services et ressources de santé. L'Ethiopie a rappelé qu'elle avait posé, lors de la dernière session, des questions auxquelles l'ONG avait apporté des réponses par documents transmis au Secrétariat. L'Ethiopie et d'autres délégations se posaient des questions sur la nationalité de la Présidente de cette ONG, qui semble avoir trois nationalités : érythréenne, éthiopienne et "africaine". Qu'en est;il exactement? De plus les documents fournis stipulent que l'Ethiopie est la deuxième récipiendaire des activités de cette ONG. Quelles sont donc les prestations qu'elle fournit en Ethiopie où, à la connaissance de la délégation éthiopienne, elle est totalement inconnue? Cette ONG prétend être active dans différents autres pays, mais selon les informations en possession des Etats qu'elle a mentionnés, elle n'est connue nulle part. L'ONG a prétendu que c'était à cause des conflits en cours en Ethiopie qu'elle ne peut faire un constat de l'état actuel de ses activités de terrain. Le nom de cette ONG, a poursuivi le représentant, a d'autre part été changé plusieurs fois, et les dernières informations budgétaires qu'elle fournit datent de 1997. La délégation de l'Ethiopie estime donc qu'il y a des manquements graves de la part de cette ONG et c'est pourquoi elle a demandé que la parole soit donnée au représentant d'African Ressource Center.
La représentante du Soudan a fait remarquer que l'ONG avait dit dans sa réponse aux questions qui lui avaient été posées qu'elle avait contribué à la fondation d'une clinique de santé au Sud Soudan. L'ONG affirme avoir mené des recherches dans le Sud du Soudan et avoir mobilisé l'opinion pour la fourniture d'aide humanitaire aux ONG opérant dans cette région. De quelle région du Sud-Soudan s'agit-il? La représentante de l'ONG a répondu aux questions en disant que Africa Ressource Center avait vu le jour en 1974 pour porter secours aux réfugiés africains aux Etats- Unis. Je me présente comme "Africaine", a-t-elle dit, pour ne pas avoir à me réclamer de l'Ethiopie, du Soudan, ou de l'Erythrée. L'ONG mène des activités en faveur des femmes dans la Corne de l'Afrique et en Afrique de l'Est. Nous luttons contre l'analphabétisme, et notre budget actuel est de 469 000 dollars.
Nous sommes en contact avec un réseau d'entraide féminine au Soudan et c'est avec ces femmes, et grâce à une participation allemande que nous avons aidé à la création d'une clinique pour les femmes. Concernant l'Ethiopie, nous y avons aussi des contacts. Nous sommes d'abord un réseau de mobilisation d'organisations, et en ce qui concerne le budget, nous avons un état vérifié de nos comptes, vérifications faites par des Commissaires aux comptes reconnus. Les délégations peuvent en avoir copie auprès du Bureau du Comité en ce qui concerne 1999. Nous militons pour l'autonomie des femmes et notamment des femmes réfugiées, avec l'aide et le soutien des femmes africaines aux Etats-Unis.
L'Algérie a demandé à la représentante de Africa Ressource Center pourquoi le terme "clients" était employé dans certains passages des documents fournis, parlant des personnes qui bénéficient des interventions de l'ONG? Et, en ce qui concerne les réfugiés, s'agit-il de réfugiés politiques? Et concernant les migrants, qui sont-ils et qu'elles sont leurs caractéristiques? Le Soudan a repris la parole pour demander des précisions sur l'emplacement de la clinique mobile dont il avait été fait mention. Cuba a demandé si le terme "African peace network" était bien le terme utilisé par l'ONG et si oui, pourquoi? Le Pakistan a voulu avoir des précisions sur les objectifs de l'ONG, dont la liste semble très longue. On y parle même de construction d'universités. L'ONG peut-elle donner des exemples de création d'universités ou d'écoles? La modestie de son budget laisse planer des doutes à ce sujet. De plus, a dit le représentant, s'agissant du terme "réfugié", on semble l'appliquer à des gens qui viennent tenter leur chance aux Etats- Unis et qui sont plutôt des immigrants en quête d'une vie meilleure.
L'Inde a rappelé que l'octroi du statut consultatif n'octroie pas le droit de vote à l'ECOSOC aux ONG qui en bénéficient, contrairement à ce que stipule African Ressource Center dans ses documents. L'Ethiopie a rappelé que ses remarques concernaient la définition de la nationalité et des remarques sur une pseudo-nationalité "africaine". D'autre part, l'ONG "Village africain", dont le nom a été mentionné dans les documents, et qui serait affiliée à celle au nom de laquelle parle la représentante, a déclaré après enquête sur le terrain en Ethiopie, n'avoir aucun lien avec African Ressource Center. Et concernant l'octroi de ressources d'aide et de soutien à African Ressource Center par des donateurs, il s'avère, malheureusement, que les activités opérationnelles dont cette ONG se targue n'ont pu être vérifiées. La délégation de l'Ethiopie estime donc qu'aucune décision ne peut donc être prise sur sa demande.
La représentante de l'ONG a d'abord répondu au Soudan en donnant des précisions sur les projets dans ce pays. Elle a ainsi expliqué que son organisation travaille en collaboration avec un réseau de femmes soudanaises dont le bureau se trouve à Londres. Ce réseau opère dans le Sud-Soudan, à la frontière de l'Ouganda. En ce qui concerne la construction d'hôpitaux
mobiles, l'ONG élabore des projets dont le financement est assuré par les ONG locales chargées de les mettre en oeuvre. Répondant à la question de l'Algérie, la représentante a expliqué que son ONG s'occupe surtout de réfugiés politiques aux Etats-Unis venant non seulement d'Afrique mais aussi du Kosovo ou encore des pays d'Asie. L'ONG, a-t-elle précisé, est une organisation apolitique et strictement humanitaire qui aide, en particulier, les réfugiés africains pour promouvoir la paix en Afrique. Par ailleurs, la représentante de l'ONG a indiqué qu'au cours de la Conférence de Beijing, un réseau international des femmes africaines s'est créé auquel appartient son ONG; les différentes activités de ce réseau étant notamment financées par la Commission des femmes réfugiées, basée aux Etats-Unis. En fait, l'ONG n'a pas de budget propre mais elle sert de point de contact entre les ONG américaines pertinentes et les ONG de femmes en Afrique. Venant à la question du Pakistan sur la construction d'universités, la représentante a fait savoir que l'ONG a reçu des demandes de pays tels que le Libéria ou le Sierra Leone qui l'ont conduite, conformément à son objectif, à contacter différentes sociétés commerciales pour assurer le financement des projets. A la suite de ces réponses, les Etats-Unis, appuyés par le Chili, ont tenu à exprimer leur appui aux organisations comme cette ONG qui cherche à apaiser les conflits dans les régions défavorisées du monde.
Reprenant la parole, l'Ethiopie a dit que ses questions visent à déterminer si l'ONG opère bien en Ethiopie et au Soudan. Il s'agit en fait de questions qui visent à déterminer la décision du Comité et il faut regretter que les réponses apportées par la représentante de l'ONG n'aient pas réussi à dissiper les doutes découlant des informations que les délégations ont collectées de leur côté. Il faudra donc que la représentante de l'ONG fasse une mise à jour des informations qu'elle a fournies et apporte les précisions requises. A son tour, l'Algérie, appuyée par d'autres délégations, a demandé du temps pour examiner les réponses de l'ONG et le texte qu'elle a distribué. Elle a aussi averti de l'éventualité d'autres questions après lecture des réponses fournies par l'ONG.
Le Comité poursuivra ses travaux demain, jeudi 20 janvier, à 10 heures.
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