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ONG/319

LA CHINE, LE SOUDAN ET CUBA DENONCENT LES ALLEGATIONS DE L'ONG "GLOBAL POLICY FORUM" SUR LA POLITISATION DES TRAVAUX DU COMITE DES ONG

17 janvier 2000


Communiqué de Presse
ONG/319


LA CHINE, LE SOUDAN ET CUBA DENONCENT LES ALLEGATIONS DE L'ONG "GLOBAL POLICY FORUM" SUR LA POLITISATION DES TRAVAUX DU COMITE DES ONG

20000117

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a poursuivi, cet après-midi, l'examen des nouvelles demandes d'admission au statut consultatif auprès du Conseil économique et social, présentées par diverses ONG. Le Comité peut octroyer trois sortes de statut consultatif: le statut général, le statut spécial et l'inscription sur la Liste. Le premier statut permet aux ONG de proposer l'inscription de points à l'ordre du jour du Conseil économique et social alors que le deuxième statut limite les prérogatives des ONG à la seule présentation de communications écrites et de pétitions. Les ONG inscrites sur la Liste ne peuvent présenter que des communications écrites.

Le Comité a commencé ses travaux par l'examen des demandes figurant au document* et octroyé le statut spécial aux ONG suivantes: Association tunisienne des auberges et tourisme de jeunes, Egyptian Aids Society, Organisation pour la promotion et la protection des droits de la femme et de l'enfant au Burundi et Women in Media and Entertainment. En l'absence de réponses aux questions posées par les délégations, le Comité a reporté sa décision sur la demande présentée par l'Union of Kuwaiti Women Associations.

Concernant les demandes d'admission au statut consultatif contenues dans le document**, le Comité a accordé le statut spécial à Women Action. Il a reporté sa décision sur les demandes d'admission des ONG American Society for Training and Development, Enchanté répertoire de la Tranquillité, Grameena Vikas Samithi et Zimbabwe Association for Crime prevention and Rehabilitation of the Offenders. Le Comité a reporté sa décision sur la demande d'admission de Global Policy Forum au statut spécial.

Concernant l'ONG Global Policy Forum, qui axe ses activités dans le domaine du suivi de l'élaboration des politiques mondiales aux Nations Unies et s'attache à promouvoir une plus grande ouverture, la démocratie et la responsabilité au niveau mondial, sa demande d'admission a été l'objet d'un long débat. La représentante de Cuba a exprimé sa satisfaction concernant

la présence dans la salle des représentants de cette ONG, et a demandé qu'une question soulevée par le Soudan sur le niveau d'accès aux informations de l'ONU à travers le Département de l'information (DPI), dont bénéficie cette ONG, alors qu'elle n'est pas encore accréditée auprès du Conseil économique et social, soit expliqué et éclairci. Le Directeur exécutif de Global policy forum (GPF), M. JAMES PAUL, a répondu à ces interrogations en disant que cette ONG, qui est relativement nouvelle, a reçu accréditation auprès du DPI. Elle souhaite recevoir le statut spécial auprès du Conseil dans le cadre du respect et du suivi des règles énoncées par l'ONU. Travaillant de manière purement informelle, elle a pu jusqu'à maintenant avoir accès aux informations de l'ONU et du Conseil de sécurité. Par souci d'efficacité, GPF a travaillé dans le cadre des possibilités qu'offre les règles actuelles du fonctionnement de l'ONU.

Prenant la parole, le représentant du Pakistan a constaté la "remarquable activité de GPF, reconnue par tous". Mais sur le plan officiel, a t-il fait remarquer, s'il est vrai que l'ONG a travaillé sur les bases de l'Article 65 de la Charte, qui met l'accent sur la coopération entre le Conseil économique et social et le Conseil de sécurité, le Pakistan aimerait savoir ce qu'elle fait exactement dans ce cadre. D'autre part, que fait GPF dans un domaine dont on entend beaucoup parler, celui de la sécurité humaine, dont les concepts ne sont encore ni clairement énoncés, ni acceptés de manière consensuelle par les Etats Membres? D'autre part, si cette organisation a plus vocation à travailler avec le Conseil de sécurité qu'avec le Conseil économique et social, comment se situe cette ONG entre ces deux organes et comment partage-t-elle son intérêt et ses efforts entre eux? La représentante de Cuba a dit que sa délégation avait besoin de plus de temps pour étudier la demande d'admission de Global Policy Forum qui, si elle a déjà un accord comme elle l'affirme avec le Conseil de sécurité, dont les travaux sont sa principale préoccupation, n'a donc pas vraiment besoin de s'inscrire auprès du Conseil économique et social pour le travail qu'elle fait. D'autre part, le concept de sécurité humaine dont elle se réclame, ne fait pas, loin s'en faut, l'objet d'une définition et d'une reconnaissance consensuelles des Etats Membres. Cuba fait remarquer que cette organisation a fait des déclarations très critiques sur le sérieux des travaux du Comité et par là, de l'ECOSOC. Par conséquent, a dit la délégué, notre délégation demande que le représentant de l'ONG s'explique un peu plus sur ce point et sur celui de ses activités de lobbying auprès du Conseil de sécurité, qui vont bien au-delà de ce que l'on attend des ONG accréditées auprès de l'ECOSOC. Le représentant de la Tunisie a demandé quels étaient exactement les projets sur lesquels travaille Global Policy Forum (GPF), dont le représentant a répondu en disant qu'étant donné que dans le cadre des règles énoncées, les activités des ONG doivent être menées sous l'égide de l'ECOSOC, il n'est pas surprenant que GPF demande à être accréditée auprès de cet organe. La réflexion sur les questions de financement du développement est un des objectifs de GPF, et les délégués peuvent consulter le site Internet de l'ONG pour voir ses travaux dans ce domaine.

Quant à la question relative à l'Article 65 de la Charte et à la collaboration Conseil de sécurité-ECOSOC, GPF ne passe certainement pas son temps à en exiger l'application en sa faveur. GPF a eu une réunion avec M. Paolo Fulci pour discuter de cette question de rapprochement entre l'ECOSOC et le Conseil de sécurité et elle a aussi rencontré le Secrétaire général adjoint aux questions humanitaires, M. De Mello, pour discuter de ces questions humanitaires, et M. Bacre Ndiaye pour les problèmes liés aux droits de l'homme.

Concernant la sécurité humaine, M. JAMES PAUL a estimé que toutes les ONG ont ce souci en tête, et qu'il est lié notamment aux nombreuses crises qui éclatent dans le monde et mettent en évidence le besoin de travailler à la résolution des crises humanitaires, sociales et économiques, qui sont sans aucun doute du ressort du Conseil économique et social. Quant à la dernière question, GPF estime que l'on ne peut dissocier les questions débattues par le Conseil économique et social et celles dont discutent le Conseil de sécurité. Sur le problème des critiques qu'elle aurait formulées, GPF a été très déçue par le dernier rapport du Secrétaire général sur les ONG, car elle a estimé que celles-ci n'avaient pas suffisamment été consultées, car si cela avait été le cas, la majorité d'entre elles aurait pu alors adhérer et exprimer leur soutien à ce rapport. GPF a franchement dit que ce que fait ce Comité n'est pas parfait, mais c'était une critique constructive, et nous voudrions, a dit M. James, que le rapport qui comprenait ces critiques reste dans son cadre, qui est celui d'un rapport d'ONG. Quant à la question de la Tunisie sur la substance des travaux de GPF, nous pensons que la documentation mise à la disposition des délégations et du public, notamment notre site Internet, parle d'elle-même. Nous avons, pour donner quelques exemples de travaux, des programmes sur la coopération ONG-Conseil de sécurité, sur le financement de l'ONU et sur le financement du développement.

Le représentant de la France a estimé que GPF avait fait la preuve de son sérieux et de son efficacité, et que ses activités démontrent que la société civile peut pleinement participer et collaborer aux travaux de l'ONU et des institutions de Bretton Woods. La délégation de la France soutiendra donc sa demande d'accréditation et elle aimerait qu'on ne lui fasse point de procès d'intention. Le Président du Comité a affirmé que les délégations avaient le droit de demander des éclaircissements et que cela n'entraînait pas forcément la pénalisation de GPF ou de toute autre ONG. La représentante de l'Irlande a exprimé le soutien de sa délégation à la demande de GPF.

La représentante de Cuba a réitéré la préoccupation de sa délégation sur le fait que GPF avait déclaré, dans la note transmise par le Secrétaire général, que les travaux du Comité étaient politisés. Cuba voudrait savoir ce que GPF entend par là, et tient à dire que ce sont, au contraire, certaines ONG qui font leurs travaux de manière biaisée et irresponsable en prenant des positions partisanes sur des questions cruciales.

Cuba demande le report de la décision à prendre sur le cas de la demande d'admission au statut spécial de Global Policy Forum. La parole, la représentante du Chili a félicité GPF pour le travail qu'elle fait et lui a exprimé le soutien de sa délégation, les critiques envers les travaux du Comité devant être prises de façon positive. Le représentant de l'Inde s'est félicité des réponses apportées par GPF, bien que l'Inde ne partage pas certaines des idées exprimées par cette ONG, mais certaines de ses préoccupations, comme celle concernant la transparence des institutions de Bretton Woods méritent d'être retenues. Intervenant après l'Inde, le représentant de la Fédération de Russie a demandé au représentant de GPF quels sont les critères qui déterminent le choix des sujets que traitent cette ONG, et quels sont ses critères de définition des qualités de leadership au cours des séminaires qu'elle organise à l'intention des jeunes cadres? De plus, de quelle manière GPF voit-elle sa contribution aux efforts déployés en vue de rendre l'ONU plus efficace? Le représentant de la Chine a associé sa délégation aux remarques faites par la délégation de Cuba sur les critiques de GPF à l'encontre du Comité, qui a toujours fait ses travaux dans le respect de son mandat. Le fonctionnement du Comité est perfectible, mais de là à l'accuser de politisation, il y a un pas que l'on ne peut pas franchir, a-t-il affirmé, suivi de la représentante du Soudan qui a exprimé son soutien aux points de vue du Cuba et de la Chine. Comment GPF peut-elle se permettre d'accuser à la légère et sans aucune preuve le Comité de politisation? Le Soudan demande à voir les preuves qui peuvent étayer cette accusation. Prenant à son tour la parole, le représentant des Etats-Unis a fait remarquer que GPF était déjà un partenaire actif au sein de l'ONU. Les Etats-Unis soutiendront sa demande d'admission.

Répondant aux observations des délégués, le Directeur exécutif de Global Policy Forum, M. JAMES PAUL, a dit que la campagne de dénigrement dont on accuse GPF n'a jamais eu lieu, car ce n'est pas notre but, a-t-il dit. Notre attitude est d'avoir des rapports courtois avec les différentes missions et de respecter le droit de chacun à la libre expression. Les divergences d'intérêts provoqueront toujours des divergences d'opinions. Les avis émis par GPF ne font que refléter les analyses de la plupart des ONG, dont beaucoup ne sont pas satisfaites du rapport du Secrétariat de l'ONU sur les liens entre l'Organisation et les ONG, a-t-il poursuivi. Concernant les critères que nous attendons des nouveaux dirigeants, GPF ouvre ses séminaires de leadership aux jeunes du monde entier et serait heureuse d'avoir des stagiaires en provenance de la Fédération de Russie. Concernant le fonctionnement de l'ONU, GPF inscrit son action dans les souhaits émis par le Secrétaire général sur la réforme de l'Organisation, et elle ne prétend pas prendre la place des Etats Membres.

Le Président du Comité a reconnu le rôle critique que peuvent jouer les ONG vis-à-vis du Comité. L'ONU est une organisation politisée, mais le Comité est-il plus politisé que le Conseil de sécurité? Concernant la décision concernant GPF, Cuba, se faisant l'écho de plusieurs délégations, a finalement demandé que la décision à prendre sur sa demande d'admission soit purement et simplement reportée, ce qui a été décidé.

S'agissant des demandes formulées dans le document***, le Comité a octroyé le statut consultatif spécial aux ONG: Peter Hesse Foundation et Human Lactation Center. Avant d'accepter l'octroi du statut spécial à International Commission of Catholic Prison Pastoral Care (ICCPPC), le représentant de la Chine s'est interrogé sur une disposition des règles de l'ONG selon laquelle "tous ses membres sont des particuliers qui représentent un pays". Le représentant a souhaité savoir comment un particulier et non gouvernement pouvait représenter un pays. Pour sa part, la représentante de Cuba a souhaité savoir quel est le type d'activités que l'ONG dit entreprendre à Cuba. Répondant à ces préoccupations, le représentant de International Commission a d'abord tenu à mettre jour les textes présentés en faisant observer que, datant de près de 50 ans, ils mentionnent encore la Chine, Taïwan et Hong Kong comme trois entités distinctes. En ce qui concerne la disposition selon laquelle les particuliers peuvent représenter un pays, le représentant a expliqué que les membres représentent les pays en ce qu'ils vivent dans le pays et peuvent ainsi défendre ses intérêts. Venant à la question de la représentante de Cuba, le représentant a indiqué que c'est un groupe pastoral catholique cubain qui oeuvre au nom de l'ONG et ce, avec l'approbation du Ministère cubain de la justice.

Le Comité a reporté sa décision sur les demandes adressées par Admiral Family Circle Islamic Community et Hadassah.

Venant aux demandes parues dans le document****, le Comité a accordé le statut consultatif spécial à Fundacion Huancavilca. Le Comité a reporté sa décision sur la demande de Femmes Afrique solidarité. Le représentant du Sénégal a marqué son appui à cette ONG. Le Comité a également reporté sa décision sur les demandes de Institute for Environment and Development Studies, de The Moutain Institute et de The National Center for Missing et Exploited Children. En ce qui concerne Universal Great Brotherhood, travaillant à la promotion de la paix et du progrès de l'humanité sur des bases apolitiques, le représentant de la Fédération de Russie a tout de même souhaité en savoir davantage sur la base idéologique de cette ONG.

Terminant sa considération des demandes décrites dans le document*****, le Comité a accordé le statut spécial à African Peace Network, à l'Association algérienne pour la planification familiale, à l'Association nationale de volontariat Touiza et à Gorakhpur Environmental Action Group. Le Comité a reporté sa décision sur l'Association tunisienne méditerranéenne pour le développement durable.

Le Comité est composé des pays suivants: Algérie, Bolivie, Chili, Chine, Colombie, Cuba, Etats-Unis, Ethiopie, Fédération de Russie, France, Inde, Irlande, Liban, Pakistan, Roumanie, Sénégal, Soudan, Tunisie et Turquie.

La prochaine réunion du Comité aura lieu demain, mardi 18 janvier, à 15 heures, compte tenu de la tenue, à 10 heures, des élections à la 17ème réunion des Etats parties à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

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* E/C.2/1999/R.2/Add.21 ** E/C.2/1999/R.2/Add.22 *** E/C.2/1999/R.2/Add.23 **** E/C.2/1999/R.2/Add.24 ***** E/C.2/1999/R.2/Add.25

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