CS/1132

LE SOUS-SECRETAIRE GENERAL AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX INFORME LE CONSEIL DE PROGRES AU TIMOR ORIENTAL

22 décembre 1999


Communiqué de Presse
CS/1132


LE SOUS-SECRETAIRE GENERAL AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX INFORME LE CONSEIL DE PROGRES AU TIMOR ORIENTAL

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La situation au Timor oriental est restée essentiellement stable, en dehors de cas isolés de harcèlement à l'égard de réfugiés et plusieurs signes positifs permettent de présager une transition harmonieuse vers l'indépendance. Tel est le constat dressé, ce matin, devant le Conseil de sécurité par le Sous- Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Hédi Annabi. Malgré les difficultés liées à la destruction des infrastructures, la situation humanitaire s'est elle aussi améliorée. 120 000 réfugiés sont déjà rentrés dans leur foyer. Un groupe de travail a été créé et chargé d'étudier des mesures qui permettraient de favoriser le retour de ceux qui hésitent encore à rentrer. L'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO), actuellement déployée sur tout le territoire, a commencé à mettre en place une ébauche d'administration, en étroite coopération avec la population locale. Un Conseil national consultatif a été établi qui comprend des représentants des diverses tendances politiques. Outre la promotion de la réconciliation, les priorités immédiates sont la restauration des infrastructures, la prestation des services sociaux de base, le recrutement fonctionnaires et la relance du commerce et des échanges.

Au cours du débat qui a suivi, l'ensemble des délégations se sont félicitées des progrès réalisés sur le terrain, grâce à la présence de la Force internationale INTERFET sous le commandement de l'Australie, et aux efforts soutenus du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Sergio Vieira de Mello, et de son personnel. Le succès de la Conférence des donateurs qui s'est tenue à Tokyo les 16 et 17 décembre derniers au cours de laquelle 522 millions de dollars ont été promis, permettra, de l'avis des délégations, d'assurer une base financière solide pour la réalisation des tâches complexes qui attendent l'ONU au Timor oriental.

(à suivre - 1a)

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Les rencontres entre dirigeants du Conseil de la résistance nationale du Timor oriental et dirigeants de groupes anti- indépendantistes, la visite récente à Djakarta de M. Xanana Gusmao, et l'acceptation par le Président indonésien Wahid de se rendre prochainement au Timor oriental, ont été jugés comme autant d'avancées positives. Plusieurs délégations ont insisté sur la nécessité de faire la lumière sur les violations des droits de l'homme qui ont eu lieu avant et après la consultation populaire du 30 août dernier et de faciliter à cette fin le travail de la Commission internationale d'enquête qui s'est rendue sur place du 25 novembre au 8 décembre. Celle-ci devrait rendre compte de sa visite à l'Assemblée générale dans un proche avenir.

Ont pris la parole au cours du débat les membres suivants du Conseil de sécurité: Bahreïn, Etats-Unis, Canada, Brésil, Fédération de Russie, Chine, Slovénie, France, Argentine, Malaisie, Gambie, Namibie, Gabon, Pays-Bas et Royaume-Uni.

Le Conseil de sécurité avait autorisé la création de la Force internationale au Timor oriental (INTERFET) le 15 septembre dernier. Le 25 octobre, il a décidé de créer l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO). Etablie pour une période initiale allant jusqu'au 31 janvier 2001, l'ATNUTO a la responsabilité générale de l'administration du Timor oriental. Elle comporte une composante gouvernance et administration publique, dont un élément de police internationale qui comprendra jusqu'à 1 640 policiers, une composante humanitaire et une composante militaire qui comprendra jusqu'à 8 950 hommes et 200 observateurs militaires. Le Conseil a autorisé l'ATNUTO à prendre toutes les mesures nécessaires pour s'acquitter de son mandat.

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LA SITUATION AU TIMOR ORIENTAL

Déclaration du Sous-Secrétaire général aux opérations du maintien de la paix

M. HEDI ANNABI s'est félicité du succès de la conférence des donateurs qui s'est tenue à Tokyo les 16 et 17 décembre derniers. Les 522 millions de dollars qui ont été promis permettront à l'ONU de disposer des ressources nécessaires pour réaliser les tâches complexes qu'elles a entreprises au Timor oriental. Il a expliqué que la situation au Timor oriental était restée essentiellement stable, en dehors de cas isolés d'abus physiques et verbaux à l'égard de réfugiés rentrant dans leur foyer, soupçonnés d'avoir soutenu l'autonomie plutôt que l'indépendance. Mais il n'y a pas eu d'incidents majeurs. Les observateurs de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) sont déployés dans l'ensemble du territoire et ont établi onze postes de liaison des deux côtés de la frontière est- timoraise pour assurer la liaison entre l'INTERFET et les Forces armées indonésiennes et faciliter le retour des réfugiés. La transition de l'INTERFET aux Nations Unies doit avoir lieu dans le courant du mois de février. Une forte capacité opérationnelle sera maintenue tout au long de ce processus. Une grande partie des forces de l'ATNUTO viendra de l'INTERFET, mais une grande partie du matériel devra venir de l'extérieur.

La situation humanitaire s'est dans l'ensemble améliorée mais reste très difficile en raison des destructions qui ont suivi la consultation populaire. Assurer le retour volontaire des réfugiés demeure la priorité absolue de l'ATNUTO. A la date d'hier, près de 120,000 réfugiés étaient rentrés dans leur foyer, a indiqué M. Annabi. Malgré l'accord conclu le 22 novembre dernier entre l'INTERFET et les Forces armées indonésiennes, il n'y a toutefois pas eu d'augmentation notable dans le rythme des retours, en raison, en partie, des intimidations et la désinformation persistante des réfugiés par les milices, le manque d'infrastructures aggravé par la saison des pluies. En outre, pour diverses raisons, un certain nombre de réfugiés n'envisagent pas pour l'instant de rentrer au Timor oriental.

M. Annabi a assuré que les relations entre l'ATNUTO et la population étaient très bonnes. L'ATNUTO travaille en étroite coopération avec les Est-timorais. A cette fin, elle a mis en place le Conseil consultatif national du Timor oriental, présidé par M. Sergio Vieira de Mello, Représentant spécial du Secrétaire général, et composé de 15 membres. Sept d'entre eux ont été désignés par le Conseil de la résistance nationale du Timor oriental, une large coalition de groupes favorables à l'indépendance, et dont MM. Xanana Gusmao et Jose Ramos Horta sont les dirigeants reconnus. Trois membres sont désignés par les partis politiques qui ont appuyé l'autonomie, un est désigné par l'Eglise catholique et quatre représentent l'ATNUTO. La première réunion du Conseil consultatif national a eu lieu le 11 décembre, la prochaine est prévue le 28 ou 29 décembre. Des comités sectoriels doivent être créés par le Conseil. Alors que deux des sièges alloués aux partis pro-autonomie n'ont pas encore été assignés, le fait que leur participation a fait l'objet d'un accord

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rapide est un signe positif, a souligné M. Annabi. Il s'est également félicité des rencontres entre les représentants du Conseil de la résistance nationale et des groupes favorables à l'autonomie. Un autre développement positif a été la rencontre le 12 décembre entre M. Gusmao et M. Joao Tavares, un dirigeant de milice, qui a été suivie du démantèlement de cette milice. Fin novembre, M. Gusmao s'est rendu à Djakarta où les dirigeants indonésiens ont assuré qu'ils souhaitaient établir des relations amicales avec le Timor oriental. Par la suite, plusieurs prisonniers politiques ont été libérés. M. de Mello s'est lui aussi rendu à Djarkarta où il a rencontré le Président Wahid et d'autres hauts fonctionnaires. L'établissement d'une représentation diplomatique indonésienne à Dili, la reprise des liaisons aériennes, l'établissement de relations commerciales et financières ont été discutés. Il a été envisagé de créer un groupe de travail chargé d'étudier des mesures visant à mettre fin au harcèlement des réfugiés par les milices. Le Président Wahid a accepté l'invitation du Secrétaire général de visiter le Timor oriental prochainement lorsque l'occasion se présentera.

L'ATNUTO a établi une ébauche d'administration, y compris une présence effective dans chacun des 13 districts. Les priorités immédiates sont la restauration des infrastructures, la prestation des services sociaux de base, le recrutement de fonctionnaires et la relance du commerce et des échanges. 275 policiers civils internationaux sont déployés sur tout le territoire et l'ATNUTO n'épargne aucun effort pour commencer la formation de la police timoraise début février. L'INTERFET continue, pour sa part, de découvrir les corps des personnes qui ont été tuées avant et après la consultation populaire d'août dernier. Des mesures ont été prises pour conserver les preuves des crimes commis en vue d'enquêtes plus approfondies. Les rapporteurs spéciaux thématiques de l'ONU se sont rendus du 4 au 10 novembre au Timor oriental. La Commission internationale d'enquête s'est, pour sa part, rendue sur place du 25 novembre au 8 décembre. L'Assemblée générale devrait entendre un compte rendu de ces visites dans un proche avenir. Il reste des lacunes importantes dans les effectifs de l'ATNUTO, a encore souligné M. Annabi, mentionnant en particulier les affaires sociales et l'environnement, ainsi que la recherche d'un responsable important pour jouer le role de médiateur. L'ATNUTO va travailler avec des fonctionnaires locaux qu'elle a commencé à recruter. Il a toutefois été convenu que la fonction publique qui était auparavant subventionnée par Djakarta aurait un effectif plus réduit que le Timor oriental puisse soutenir seul, a conclu M. Annabi.

Débat

M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) s'est félicité de la solution trouvée au Timor oriental grâce à la collaboration des parties et les Nations Unies. Il a toutefois rappelé que cette opération n'aurait pu réussir sans la volonté de l'Indonésie de parvenir à une solution. La reconstruction du Timor oriental ne saurait être dissociée de la réconciliation nationale et de l'établissement de rapports de bon voisinage avec l'Indonésie. Il convient aussi de fournir une assistance accrue aux rapatriés et aux personnes

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déplacées, a-t-il ajouté. Il s'est félicité de l'ampleur des contributions rassemblées lors de la réunion des donateurs qui s'est tenue à Tokyo. Il s'est également réjoui des moyens utilisés pour assurer le retour des réfugiés dans des conditions dignes.

Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) s'est félicitée du maintien de cette question à l'ordre du jour du Conseil alors même que la situation au Timor a disparu de la "Une" des journaux. Elle s'est félicitée du bon fonctionnement de la Force multinationale et du travail de M. Vieira de Mello qui a fait preuve de qualités exceptionnelles sur le terrain, ainsi que de la récente réunion de M. Gusmao avec les anciens dirigeants intégrationnistes, ce qui facilitera la transition. Se félicitant de la dernière réunion des donateurs qui s'est tenue à Tokyo, elle a indiqué que les Etats-Unis ont contribué à hauteur de 34,9 millions de dollars auxquels s'ajoutent 30 millions de dollars pour aider les réfugiés. Les Etats-Unis comptent également fournir une assistance aux petits agriculteurs et entendent rester un partenaire actif. Toutefois, Mme Soderberg s'est déclaré préoccupée par le ralentissement du retour des réfugiés, alors même que l'on avait espéré une accélération. Il importe de réinstaller rapidement les habitants du Timor oriental qui séjournent dans les camps. Elle a indiqué qu'il importe que l'enquête sur les violations des droits de l'homme continue ses travaux, car il est essentiel que les faits soient dévoilés et que l'on connaisse les responsables.

M. ROBERT FOWLER (Canada) s'est réjoui des progrès remarquables et du passage des défis après conflit aux défis de reconstruction et de développement. Toutefois il s'est dit préoccupé du problème des milices et du retour des réfugiés. Il a appelé le Gouvernement indonésien à prendre toutes les mesures nécessaires pour faciliter leur retour dans des conditions dignes. A cet égard, il s'est déclaré satisfait de la mise en place du groupe de travail pour le retour des réfugiés et de la baisse des tensions sur le terrain ce qui devrait faciliter la transition de l'INTERFET à l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO). Il a annoncé que les soldats canadiens pourraient endosser l'uniforme des Casques bleues dès la fin mars. Le partage du fardeau financier est indispensable et il est important que les membres du Conseil soient au courant des énormes contributions faites par l'Australie, notamment par le biais d'un impôt spécial. Il a rappelé que ce n'est pas ainsi que l'ONU devrait fonctionner et a rappelé qu'il aurait dû s'agir d'une véritable opération des Nations Unies, y compris en ce qui concerne le financement obligatoire. Il a déclaré son appui à la mission internationale d'enquête et à la Commission indonésienne pour les droits de l'homme.

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M. GELSON FONSECA JR. (Brésil) a rappelé que le 19 avril 1999, le Brésil avait demandé au Secrétaire général d'informer le Conseil de sécurité sur les incidents qui avaient eu lieu à Dili et que cette demande avait permis de remettre une question dormante à l'ordre du jour du Conseil. Dès lors, le Conseil de sécurité a utilisé tous les outils à sa disposition pour régler la situation au Timor oriental, en particulier la Mission dirigée par l'Ambassadeur Andjaba qui a été couronnée d'un grand succès. Le représentant a estimé que le Timor oriental constituait un modèle important pour les actions futures du Conseil. Le Brésil a toujours soutenu l'idée d'un Timor oriental indépendant. Le représentant s'est réjoui du fait que la réponse généreuse des donateurs, lors de la réunion à Tokyo la semaine dernière, avait dépassé toutes les attentes.

Le représentant a souhaité que ces engagements, qui doivent encore être entérinés par les organes législatifs des pays concernés et qui seront honorés sur une période de trois ans, soient respectés. Si sa contribution au Fonds d'affectation spéciale demeure modeste, le Brésil s'est engagé à fournir des ressources humaines et une aide technique au Timor oriental. Le représentant a indiqué que l'Ambassadeur Rodrigues, chef du cabinet de M. Gusmao, avait été reçu par le Président de son pays, M. Cardoso.

La reconstruction des infrastructures au Timor oriental doit aller de pair avec la volonté politique de poursuivre la réconciliation au cours de la phase de transition vers l'indépendance, a indiqué le représentant. A cet égard, il a estimé que le Conseil national de la résistance timoraise avait un rôle majeur à jouer. Toutefois, la volonté de pardon ne devrait pas empêcher que soient menées des enquêtes afin de dégager les responsabilités dans les attaques contre les Timorais de l'Est, certaines milices continuant d'empêcher les personnes déplacées sur le territoire de regagner le Timor oriental, a précisé le représentant. Il a demandé à M. Annabi de confirmer que 140 000 personnes demeuraient encore au Timor occidental et sur les îles avoisinantes. M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) s'est félicité des améliorations dans le climat qui prévaut au Timor oriental. Il a souligné l'importance d'assurer un passage sans heurt de l'INTERFET à l'Opération de maintien de la paix de l'ONU. Les tâches à accomplir au Timor oriental nécessitent un soutien de la communauté internationale et la participation active des habitants. On ne peut nier les problèmes comme en témoignent le dernier rapport de l'INTERFET sur la situation en matière de droits de l'homme, ou les articles de presse sur la découverte des charniers, ainsi que la question des personnes déplacées. Les progrès sont néanmoins évidents. Il faut y voir, de l'avis de la Fédération de Russie, la marque du personnel de l'ONU et particulièrement du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Sergio Vieira de Mello. Pour sa part, la Fédération de Russie est prête à participer aux diverses composantes de l'ATNUTO.

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M. DANILO TÜRK (Slovénie) s'est félicité de la tenue de cette séance publique et de la Conférence des bailleurs de fonds qui s'est tenue à Tokyo et notamment de la contribution généreuse des Etats-Unis. Parmi les problèmes sur le terrain, le retour des réfugiés reste une question préoccupante. Le représentant a déclaré son appui au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et a remercié l'Australie pour sa contribution généreuse à l'INTERFET. Etant donné la portée de la violation des droits de l'homme au Timor oriental, la Slovénie est très favorable au déroulement de l'enquête dont le rapport sera publié à la fin du mois et qui seule permettra d'entamer le processus de réconciliation nationale. Il s'est félicité de l'attitude des Timorais pour prendre en main leur propre avenir.

M. CHEN XU (Chine) s'est réjoui des progrès réalisés au Timor oriental et a rendu hommage au personnel de l'ATNUTO et au Représentant spécial du Secrétaire général. Il a rappelé que la présence de l'ONU vise à mener le Timor oriental à l'indépendance. C'est aux habitants qu'incombe une grande partie des tâches à réaliser pour atteindre cet objectif, a-t-il dit. La Chine appuie le travail du Conseil national consultatif, mécanisme de participation de la population. Elle se félicite des annonces de contributions faites lors de la conférence des donateurs dont le montant devrait constituer une base financière solide pour la transition. Le représentant s'est également félicité des déclarations de M. Gusmao sur la réconciliation et de la coopération entre l'ATNUTO et la population timoraise. Il a souhaité le passage rapide de l'INTERFET à l'ATNUTO et a invité le Secrétariat à accélérer les préparatifs. La Chine appuie cette mission et continuera d'y apporter son assistance dans la mesure de ses moyens.

M. ALAIN DEJAMMET (France) s'est réjoui de ce que les informations sur la situation au Timor oriental soient de manière générale positives. Les mois écoulés ont donné pour une fois l'exemple d'une action rapide et heureuse du Conseil de sécurité. Les indications sur le fonctionnement de l'ATNUTO permettent de tirer des conclusions optimistes quant à l'avenir, a estimé M. Dejammet, attribuant cette situation au fait que le Représentant spécial du Secrétaire général s'est assigné des objectifs clairs et à l'insistance qu'il met sur la question de la réconciliation nationale. Cela montre que lorsqu'un fonctionnaire de l'ONU fait preuve d'une volonté aussi évidente, il obtient des résultats. La France estime que les rencontres avec les dirigeants anti-indépendantistes, la mise en place d'institutions dans tous les domaines, et la concrétisation de l'apaisement et de la réconciliation nationale constituent autant de bons signes. Les résultats ont été reconnus lors de la réunion des donateurs au cours de laquelle la communauté internationale a répondu généreusement, au-delà des attentes.

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Evoquant la situation en Europe, M. Dejammet a souhaité que la même générosité se manifeste à l'égard du Kosovo pour donner à l'opération des Nations Unies qui y est déployée les mêmes chances qu'à celle du Timor oriental. Les résultats se manifestent également dans le retour des réfugiés, a poursuivi le représentant. A cet égard, il a demandé à M. Annabi d'expliquer pourquoi certains réfugiés refusent de rentrer au Timor oriental. Il s'est encore félicité de l'évolution rapide d'une opération à caractère intergouvernemental vers une opération des Nations Unies, appuyant à cet égard la déclaration du représentant du Canada. Il a aussi demandé à M. Annabi si le chiffre prévu de plus de 8 000 hommes pour l'opération pourrait éventuellement être revu à la baisse, pour autant que les conditions de sécurité et les procédures en cours dans le domaine des droits de l'homme soient respectés. Le coût total de l'opération est élevé, mais est parfaitement justifié puisqu'il se traduit par des résultats positifs. M. Dejammet a renouvelé, en conclusion, son appel en faveur d'une même générosité pour le Kosovo.

M. KAMAL YANYAHAYA (Malaisie) s'est félicité de l'amélioration de la situation et de la rencontre de M. Gusmao et de M. Tavares et de l'annonce consécutive du démantèlement des milices et du dépôt de leurs armes auprès du Gouvernement indonésien. Il a appelé l'ATNUTO à collaborer avec les dirigeants timorais pour faciliter le processus de réconciliation nationale. Le représentant a loué l'attitude positive du Président Wahid et s'est réjoui de la reprise des vols à destination du Timor oriental. Il a estimé qu'il est indispensable pour assurer l'avenir du Timor oriental de tenir compte des rôles qu'ont joués l'Indonésie et le Portugal dans le passé du Timor. Selon lui, il faut favoriser la collaboration avec l'Indonésie qui est le voisin du Timor. Dans ce contexte, il s'est félicité de la collaboration du Gouvernement indonésien avec l'INTERFET et l'ATNUTO, notamment en ce qui concerne la gestion des frontières, ce qui devrait faciliter le retour des réfugiés. Il a remercié les donateurs qui ont participé à la réunion de Tokyo de leur générosité. La Malaisie, pays voisin, attend la participation d'un Timor indépendant aux affaires de la région.

M. BABOUCARR-BLAISE JAGNE (Gambie) s'est félicité des progrès réalisés au Timor oriental. Il a souligné la coopération vitale de l'Indonésie tout au long du processus et a rendu hommage à l'Australie et aux autres pays qui ont fourni des contingents. Il a fait part de sa satisfaction quant au déploiement de l'ATNUTO et du travail réalisé par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Sergio Vieira de Mello. Le représentant s'est également réjoui des résultats de la Conférence des donateurs. Le Gouvernement de la Gambie qui a fourni des effectifs de police civile, est prêt à apporter d'autres contributions et notamment d'autres administrateurs.

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Le représentant a appuyé les efforts en faveur de la réconciliation et a invité la communauté internationale à soutenir les initiatives prises à cette fin. Malgré les difficultés, l'avenir du Timor oriental semble très prometteur. Appuyant la déclaration du représentant de la France, M. Jagne a estimé qu'en manifestant le même zèle et la même générosité partout, on réussira à faire du monde un endroit bien meilleur.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) s'est félicité du respect des délais fixés pour la transition de l'INTERFET à l'ATNUTO et du travail de M. Vieira de Mello. Il s'est réjoui de l'amélioration de la situation sur le terrain et a remercié l'Australie pour son rôle au sein de l'INTERFET. Il s'est toutefois déclaré préoccupé au sujet du retour des réfugiés et a espéré que l'annonce faite par M. Tavares du démantèlement des milices faciliterait le rapatriement de tous ceux qui le veulent. Il a félicité M. Holbrooke dont la récente visite au Timor oriental a eu un impact positif sur la situation des réfugiés. Il s'est réjoui de l'instauration de bonnes relations entre le Timor et l'Indonésie et de la visite de M. Gusmao à Djakarta. Il a d'autre part tenu à se faire l'écho de M. Dejammet en ce qui concerne d'autres situations dans le monde et le financement des opérations de l'ONU.

M. GUY MARCEL EBOUMY (Gabon) s'est félicité des progrès réalisés au Timor oriental. Le soutien financier et matériel de la communauté internationale, y compris des institutions financières internationales, demeure nécessaire pour la réalisation des tâches de l'ATNUTO, a souligné M. Eboumy. Il s'est réjoui à cet égard des résultats de la conférence des donateurs qui s'est tenue à Tokyo. Ensemble et uni, le peuple du Timor oriental pourra réaliser ses objectifs. A cette fin, le représentant a encouragé tous les réfugiés à rentrer chez eux et demandé aux milices d'accepter la nouvelle situation. Les violations des droits de l'homme ne peuvent rester impunies, a-t-il affirmé, soulignant que la coopération de tous est nécessaire pour faire la lumière sur ces incidents. Il a rendu hommage au personnel de l'ONU et au Représentant spécial du Secrétaire général. Il a souhaité, en conclusion, que le Timor oriental établisse des relations amicales avec tous ses voisins, y compris l'Indonésie.

M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a estimé que sans les efforts de l'Australie et des pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), la situation sur le terrain n'aurait pu s'améliorer. Il a qualifié d'importante l'annonce de la visite dans les prochains mois du Président Wahid au Timor oriental. La communauté internationale a le devoir d'aider le Timor a établir un régime démocratique et un Etat de droit, a-t-il ajouté. Se félicitant de la réunion de donateurs qui s'est tenue à Tokyo, il a annoncé que son pays a engagé 7,3 millions de dollars, ainsi qu'une contribution supplémentaire de 2,3 millions de dollars. La diversité et le montant de

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l'aide internationale sont considérables mais il faut maintenant veiller à ce que le Timor oriental ne devienne pas dépendant de l'aide extérieure au lieu de devenir indépendant. Il faut également se garder d'une absence de synergie. Il a souhaité entendre l'avis du Secrétariat sur ce point et sur la répartition des tâches sur le terrain.

Il s'est félicité de l'accord conclu sur l'établissement d'une commission consultative nationale. Grâce à cette commission, l'ATNUTO pourra veiller à ce que les souhaits des Timorais soient pris en considération par l'administration transitoire. Il a estimé que les responsables des violations des droits de l'homme doivent être identifiés et que les rapports des commissions d'enquête seront des éléments importants du processus de réconciliation nationale. A cet égard, il a rappelé le meurtre d'un journaliste hollandais et a demandé que le rapport de l'INTERFET a ce sujet soit rapidement mis à la disposition du Secrétariat. Au regard de la situation des réfugiés, il a posé la question de savoir si les réfugiés ont été réellement informés de l'amélioration de la sécurité sur place et si les intimidations ont réellement cessé. En ce qui concerne le manque d'infrastructure, il a demandé des informations plus détaillées sur la situation sur le terrain, car, a-t-il précisé, la désinformation se rapproche de l'intimidation et il s'agirait dès lors d'un problème politique non résolu. Il convient en outre que le Conseil rappelle au Gouvernement indonésien qu'il est responsable de la sécurité des réfugiés sur le chemin du retour. M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) s'est félicité de l'amélioration de la situation au Timor oriental, grâce à l'action de la Force internationale et au travail de M. Vieira de Mello. Il est essentiel que la situation continue à s'améliorer pour que tous les réfugiés qui le souhaitent puissent rentrer chez eux. Il s'est déclaré préoccupé par la situation humanitaire en général. Il a rappelé que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) doit avoir accès à tous les camps. Il a espéré que la réunion entre M. Gusmao et le chef des milices permettra de mettre fin aux intimidations. Il s'est félicité des résultats de la dernière réunion des donateurs.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a fait siennes les félicitations des membres du Conseil sur les progrès réalisés au Timor oriental, ainsi que les hommages rendus à l'INTERFET, au personnel de l'ONU et au Représentant spécial du Secrétaire général. Il s'est lui aussi déclaré préoccupé par les souffrances des réfugiés et s'est inquiété des violations des droits de l'homme. La Conférence des donateurs a débouché sur des résultats qui permettent d'espérer une transition harmonieuse. Pour sa part, le Royaume-Uni a engagé 21 millions de dollars, qui seront transmis à l'ATNUTO et à la Banque mondiale selon les besoins. M. Greenstock a souligné, dans ce contexte, la nécessité d'adopter une approche simple et bien coordonnée pour répondre aux besoins afin de ne pas dépasser les possibilités d'acceptation du Timor oriental.

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Réponse du Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix

Répondant aux questions des membres du Conseil, M. ANNABI a indiqué que le fait que certains réfugiés refusent de rentrer au Timor oriental est dû à une combinaison de facteurs. Il a mentionné notamment la désinformation systématique par les milices, les grandes destructions qui font que certains réfugiés ne sont pas certains de retrouver leur foyer, et aussi le fait que ceux qui avaient voté pour l'autonomie, soit plus de 20% de la population, n'osent peut être pas revenir au Timor oriental. 120 000 réfugiés sont déjà rentrés, mais il est possible que certains ne souhaitent pas rentrer du tout dans un avenir proche, a-t-il déclaré. Il a souhaité que le groupe de travail récemment mis en place pour traiter de ce problème se penche sur tous les aspects de la question et contribue à améliorer la situation. Il faut que ceux qui veulent rentrer puissent le faire, et que ceux qui ne le veulent pas soient réinstallés ailleurs, a-t-il dit.

S'agissant de l'importance des effectifs de la force de l'ONU, il serait judicieux que la force qui remplacera l'INTERFET soit une force crédible, a souligné M. Annabi. Cette force sera plus réduite en nombre que l'INTERFET qui dispose de plus de 11 000 hommes au Timor oriental. La situation en matière de sécurité s'est améliorée grâce au travail de l'INTERFET. Si cette tendance se poursuit, le Secrétaire général ne manquera pas de réévaluer la situation et de proposer des réductions au Conseil de sécurité s'il estime qu'on peut le faire sans mettre en danger la sécurité. Pour ce qui est de la coordination et de la division du travail en ce qui concerne l'acheminement de l'aide, un effort a été fait pour présenter aux donateurs un tableau complet des besoins humanitaires, de la reconstruction et du développement à plus long terme et de la capacité du gouvernement. On continuera à faire ce que l'on peut pour améliorer la mise en oeuvre de ce programme et assurer une coordination efficace, a-t-il assuré.

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