SG/SM/7225

LES MEDIAS PEUVENT CONTRIBUER A MOBILISER DES RESSOURCES POUR VENIR EN AIDE AUX VICTIMES DE CRISES DANS LES "PAYS LOINTAINS"

16 décembre 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7225
PI/1201


LES MEDIAS PEUVENT CONTRIBUER A MOBILISER DES RESSOURCES POUR VENIR EN AIDE AUX VICTIMES DE CRISES DANS LES "PAYS LOINTAINS"

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On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, par circuit vidéo, lors de l'ouverture, le 18 novembre, du quatrième Forum mondial sur la télévision, organisé par le Département de l'information sur le thème "l'impact de la télévision sur la paix et le développement:"

Je regrette de ne pas être avec vous à New York, mais je suis heureux de pouvoir, grâce aux nouvelles technologies, m'adresser à vous depuis Istanbul. Je suis également ravi de partager cette tribune virtuelle avec les trois sommités du journalisme que sont Tom Brokaw, Jean-Pierre Elkabbach et Charlayne Hunter-Gault. Par ailleurs, je dois dire que je trouve le thème de ces deux jours de débat, à savoir l'impact de la télévision sur la paix et le développement, particulièrement intéressant.

La paix et le développement sont, vous le savez, les principaux objectifs de l'Organisation des Nations Unies. Cela étant, la réalisation de ces objectifs ne relève plus exclusivement de la responsabilité des gouvernements ou des organisations intergouvernementales. La mondialisation a accru l'influence des acteurs non gouvernementaux, et notamment des médias internationaux, même si elle oublie des millions de personnes dans les pays en développement. Il suffit de se rappeler que 50 % des habitants de la planète n'ont jamais passé ni reçu un appel téléphonique.

Il importe donc que l'Organisation des Nations Unies se trouve de nouveaux partenaires dans sa lutte sans fin contre la guerre et la pauvreté. Vous, les médias, et la télévision en particulier, êtes parmi les plus aptes à jouer ce rôle. C'est pourquoi je vous pose la question : la télévision peut-elle être une arme dans la lutte contre la misère? Peut-elle contribuer à rétablir la paix? Peut-elle aider à combattre l'indifférence et encourager l'intervention?

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Par "intervention", je n'entends pas nécessairement le recours à la force, qui doit rester une solution de dernière extrémité, à n'utiliser que dans les pires des situations. J'entends toute action pouvant prévenir la violence, la pauvreté ou la souffrance quelle qu'elle soit.

Lors de ce même Forum, il y a quelques années, j'avais demandé aux journalistes de réfléchir au concept de "journalisme préventif". Loin de moi l'idée de vous suggérer de vous détourner de votre première priorité, qui est de rendre compte des faits. Au contraire, je voulais dire que votre intégrité et votre sérieux — en d'autres termes votre professionnalisme — ne pourraient que se trouver renforcés si vous aviez encore davantage conscience de l'impact de votre travail.

Tout aussi important, en appelant suffisamment tôt l'attention sur des violences ou des conflits potentiels, vous pourriez permettre à la communauté internationale d'agir avant qu'une véritable guerre n'éclate.

Enfin, votre responsabilité ne réside pas seulement dans la manière de rendre compte d'une crise; vous devez aussi décider de quelle crise vous allez parler. En appelant l'attention sur les victimes de crises dans des pays lointains et "insignifiants", vous pouvez les aider à recevoir davantage d'aide.

A chaque fois, l'Organisation des Nations Unies redouble d'efforts pour alléger les souffrances et aider les pays à se relever après la guerre, et ce, pendant des années. Mais lorsque le pays touché n'est plus sous les projecteurs des médias, les ressources mises à notre disposition s'assèchent et l'appui politique des gouvernements s'affaiblit. Vous pouvez nous aider, et aider les populations de ces pays, simplement en continuant à nous suivre — en continuant à filmer.

Ensemble, nous pouvons, j'en suis convaincu, faire mieux comprendre au monde entier l'utilité de l'Organisation des Nations Unies, lui montrer qu'elle est à son service, et qu'il lui appartient de l'améliorer, d'orienter son action et de faire triompher ses idéaux.

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