SG/SM/7259

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 14 DECEMBRE 1999

14 décembre 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7259


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 14 DECEMBRE 1999

19991214

Le Secrétaire général : Bonjour, Mesdames et Messieurs. Il y a un an aujourd'hui, je vous disais dans cette même salle qu'au Kosovo et en Iraq, nous avions tout lieu de craindre le pire en 1999 sauf si l'on redoublait d'efforts pour trouver des solutions pacifiques. Et le pire est sans doute arrivé. Cependant, ces deux endroits ont connu des conflits tragiques — et même avant 1999. Parallèlement, d'autres conflits tout aussi sanglants se poursuivent dans plusieurs régions d'Afrique, en Afghanistan, et maintenant en Tchétchénie. Trop souvent, dans ces conflits, il se trouve une ou plusieurs parties qui font preuve du plus grand mépris pour les dispositions du droit international humanitaire et en matière de droits de l'homme.

Cette année a été une année extraordinaire qui a apporté à l'Organisation des Nations Unies de nouvelles responsabilités inattendues. Dans des régions aux antipodes l'une de l'autre, le Kosovo et le Timor oriental, des gens ayant traversé des épreuves terribles essaient de reconstruire leurs institutions et d'édifier leur avenir avec l'aide de l'ONU.

La situation au Kosovo reste très difficile. L'héritage de haine que lèguent ces conflits ne peut être facilement surmonté. La Mission des Nations Unies dirigée par Bernard Kouchner manque encore d'effectifs, surtout dans le domaine crucial du travail de police, ce qui n'empêche qu'elle fait un travail remarquable.

Au Timor oriental, je suis heureux de pouvoir dire que le processus de réconciliation s'accélère. Cela est certainement dû en partie au fait que la destinée politique du territoire est enfin claire, après le processus d'autodétermination d'août dernier, conduit sous l'égide des Nations Unies. Mais c'est également, à mon sens, un hommage aux qualités d'homme d'État de dirigeants politiques exceptionnels — Xanana Gusmao, qui travaille en étroite collaboration avec mon Représentant spécial, Sergio de Mello, et le Président Wahid, de l'Indonésie. Je suis ravi que le Président Wahid ait accepté mon invitation de se rendre au Timor oriental, que j'avais lancée avec l'assentiment total et l'encouragement de M. Gusmao. J'espère que l'amélioration du climat permettra sous peu aux réfugiés qui se trouvent encore dans des camps au Timor oriental de rentrer chez eux dans la paix et la sécurité.

À la Nouvelle Année, comme vous le savez, une force des Nations Unies va être déployée pour assurer la sécurité au Timor oriental. J'ai décidé de nommer à la tête de la force un commandant des Philippines, secondé par un commandant adjoint d'Australie, de façon à assurer la continuité avec l'excellent travail réalisé par l'actuelle Force internationale sous les ordres du général Cosgrove.

Je regrette que nous n'ayons pu empêcher le carnage insensé des mois d'août et de septembre. Mais quand on compare les perspectives actuelles avec celles d'il y a deux ans, nous constatons que le Timor oriental est un exemple de plus où le temps et une diplomatie patiente, conduite en l'occurrence avec compétence par mon Envoyé spécial, Jamsheed Marker, ont pu ramener l'espoir dans ce qui semblait une situation désespérée. Cela devrait, je pense, encourager ceux qui luttent pour mettre fin à d'autres conflits prolongés et tenaces, notamment au Moyen-Orient et à Chypre.

Comme la plupart d'entre vous le savent, les pourparlers de proximité à Chypre prennent fin aujourd'hui après 12 jours pendant lesquels les parties se sont engagées dans des pourparlers sur toutes les questions litigieuses. Je les ai encouragés à reprendre leurs entretiens l'an prochain sur la même base, la date sera annoncée en temps opportun. Nous nous sommes tous engagés à ne pas parler du fond de ces négociations en public. Mais la nouvelle dynamique entre l'Union européenne, la Turquie, la Grèce et Chypre offre un nouveau contexte.

Le problème iraquien reste entier. Tout au long de l'année, l'ONU a été handicapée suite aux divisions et aux dissensions au Conseil de sécurité au sujet de cette question. J'espère qu'aujourd'hui ou incessamment, le Conseil de sécurité pourra s'entendre sur une nouvelle résolution car c'est ce qui nous permettra de nous lancer dans une phase plus constructive où nous pourrons vérifier le désarmement de l'Iraq comme l'exigent les résolutions du Conseil et nous pourrons mettre fin à la rude épreuve qu'a traversée le peuple iraquien. J'engage vivement les autorités iraquiennes à rendre cette chose possible en coopérant avec les décisions du Conseil et en les respectant.

Je suis heureux de vous dire que nous avons également accompli des progrès dans certaines régions de l'Afrique et surtout, qu'on s'est de nouveau penché sur le problème de l'Afrique ici dans l'Organisation, à l'Assemblée et au Conseil. Et en particulier, le Conseil a consacré une séance spéciale à l'Afrique sous la présidence des Pays-Bas en septembre. Une autre séance aura lieu demain et on nous a encore promis trois séances plénières le mois prochain. Si l'Afrique pense que le reste du monde l'oublie, il faut qu'elle reprenne courage.

Je ne pense pas que nous soyons sur le point de régler tous les problèmes de l'Afrique mais au moins, nous pouvons lui donner toute l'attention qu'elle mérite, il ne s'agit pas seulement de rétablir la paix dans les nombreux pays africains qui ont traversé des conflits acharnés et longs mais également, dans le combat contre le sida.

Et l'on pourrait peut-être faire la même observation quant au monde en général. Nous ne manquons certainement pas de problèmes, du réchauffement planétaire à la prolifération des armements, sans parler de la misère qui est une véritable prison pour de nombreux individus qui sont confinés dans une telle situation.

Plus que jamais, nous avons ressenti les douleurs de la mondialisation et la nécessité de sous-tendre le marché mondial par l'acceptation du monde entier. Comme je vous l'ai dit, ces problèmes ne peuvent pas être réglés en imposant encore plus de restrictions aux exportations des pays en développement; elles exigent cependant un renforcement du système des Nations Unies.

À l'aube du nouveau millénaire, le monde comprend mieux ces problèmes, il sait qu'il faudra s'y attaquer par le biais d'une action collective. J'ose croire que cette compréhension cristalline sera acquise au nouveau millénaire et notamment, au cours du Sommet que nous aurons pour célébrer le début du millénaire en septembre.

Je vous souhaite une très bonne année et je vais répondre à vos questions.

Question (parle en anglais) : Je souhaite la bienvenue au Secrétaire général au nom de l'Association des correspondants des Nations Unies au cours de cette saison des fêtes. Nous voulons vous présenter nos voeux de bonheur à vous et votre famille. Nous espérons que vous serez parmi nous demain à notre fête de Noël à 17 heures.

Avant d'entrer dans des question précises que poseront mes collègues, je voudrais vous poser quelques questions d'ordre général.

J'aimerais savoir en premier lieu si vous êtes satisfait de la coopération que vous avez reçue des cinq membres permanents au cours de l'année 1999 et quel genre de coopération? Y a-t-il eu une coopération différente de celle que vous avez avec d'autres membres, peut-être?

D'autre part, pensez-vous qu'en 1999, la communauté internationale a fait assez pour arrêter le terrorisme?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je vous remercie tout d'abord de votre invitation pour demain, j'essaierai d'y venir.

S'agissant de la coopération avec le Conseil, j'aimerais vous dire que j'ai eu d'excellents rapports de coopération avec les 15 membres du Conseil. J'ai bien travaillé avec les cinq membres permanents; nous avons coopéré sur de nombreuses questions : Kosovo, Timor oriental, crises africaines et autres. Comme je vous l'ai dit, nous avons également pu organiser plusieurs séances spéciales sur l'Afrique. Le Conseil a tenu beaucoup plus de séances publiques cette année-ci; ce qui représente une démarcation par rapport au passé. Nous en sommes très heureux et nous sommes donc tout particulièrement satisfaits de la coopération que nous avons reçue du Conseil.

Quant au terrorisme, c'est une préoccupation pour tous, c'est un combat que nous devons mener ensemble en tant que communauté internationale au-delà des frontières, nous devons mener le combat pour que les terroristes ne reçoivent pas asile nulle part. Nous devons veiller avant tout à ce que le droit humanitaire international soit respecté. J'ai dit à maintes reprises que si nous tombons dans le piège en ayant recours aux mêmes moyens que les terroristes en les combattant, nous aurons fait le travail pour eux et la population ne comprendra pas, le recours à de tels moyens ne sera pas dans l'intérêt général. Mais nous devons combattre le terrorisme et également respecter le droit international dans notre combat contre le terrorisme.

Question (parle en anglais) : Le Département d'État a annoncé qu'il était préoccupé quant aux menaces portées par les terroristes contre des Américains lors des célébrations du millénaire. Est-ce qu'il y a eu des menaces portées contre l'ONU au cours de la même période?

Et au sujet des Taliban, il y a eu des rumeurs contradictoires, est-il exact que les Taliban utilisent des enfants soldats?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Nous n'avons pas reçu de menaces directes contre le personnel ou les installations de l'ONU mais, comme vous le savez, le personnel civil et militaire de l'ONU a connu de nombreuses difficultés ces années-ci, nous les avons donc encouragés à être en état d'alerte et à faire preuve de la plus grande prudence à chaque fois qu'ils se trouvent dans une situation dangereuse. Je dois vous dire que c'est là une gageure permanente pour notre personnel sur le terrain.

Quant aux Taliban et aux enfants soldats, d'après le rapport que j'ai déposé et qui a été établi en fonction de mes sources d'information dans la région, on m'a signalé qu'il y avait des enfants soldats. Vous avez soulevé la question sans doute parce que lorsque M. Demoure a été renvoyé à la frontière, il nous avait dit qu'il n'avait pas vu d'enfants soldats ce jour-là. Mais d'après les rapports et les rumeurs, il y en a.

Question (parle en anglais) : S'agissant du groupe d'experts que vous avez chargé d'enquêter sur les crimes de guerre au Rwanda. Dès lors que le travail est presqu'achevé, pensez-vous que l'ONU aurait dû faire autre chose dans le cas du Rwanda pour empêcher le génocide? Pensez-vous que le rapport publié suffit ou qu'il faudra établir les responsabilités au Secrétariat pour ce massacre?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je n'ai pas encore vu le rapport. Cela vous surprendra peut-être. J'ai demandé à un groupe de faire un travail indépendant avec toutes les archives et tous les dossiers à sa disposition. Je devrai recevoir demain le rapport et j'en tirerai les conclusions. Mais je pense que vous avez raison. Nous ne devons pas nous en arrêter là. Il y a eu deux rapports remarquables : sur Srebrenica et maintenant, sur le Rwanda.

Nous avons notre groupe des enseignements tirés des missions, qui a analysé certaines de ces opérations et nous devons tirer les leçons pour mieux nous préparer à l'avenir. Nous devons veiller à ce que pareils événements ne se reproduisent plus et il faut prendre des mesures pour répondre à ces situations. En tant qu'individu. je dois vous dire qu'il est tragique qu'on n'ait pas pu faire plus pour éviter Srebrenica, ou le Rwanda, et même ce qui a eu lieu au Timor oriental. Mais nous avons fait de notre mieux au vu des circonstances. Il y a des leçons importantes que nous devons tirer de ces rapports. J'irai même plus loin. Je ferai des propositions aux États Membres et à mon personnel sur la façon d'améliorer la situation, et si le rapport exige qu'on prenne des mesures contre les individus ou groupes d'individus, ou s'il y a des négligences graves, nous le ferons.

Question (parle en anglais) : Une question sur Macao. Le transfert est prévu dans cinq ou six jours. Je me demande si vous avez des remarques à faire. Pensez-vous qu'il y ait là un bon exemple de patience et de temps, de négociations réussies entre gouvernements et du rôle avisé de l'ONU depuis 1972, lorsqu'elle a décidé d'enlever Hong Kong et Macao de la liste des colonies?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je reconnais que la patience et des négociations prudentes ont certainement fait la différence pour Macao, comme pour Hong Kong. Et je félicite les Gouvernements du Portugal et de la Chine d'avoir conclu cet accord, et je souhaite aux populations de Macao et de la Chine tout le succès. Je serai représenté par M. Sergio Vieira de Mello, qui représentera l'ONU, lors de la cérémonie.

Question (parle en anglais) : Félicitations pour cette dernière conférence de presse du millénaire. Meilleurs voeux à vous et à votre famille.

Vous nous avez dit avoir envoyé une invitation aux deux parties de Chypre pour janvier. Mais une certaine situation pourrait entraver vos bonnes intentions. M. Clerides a dit que si le paragraphe 11 de la résolution de l'an dernier était omis, il ne viendrait pas aux réunions. M. Denktas dit que s'il n'est pas omis, il ne viendrait pas ici. Alors comment va-t-on concilier ces deux positions divergentes?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je suis au courant de ces deux positions. Nous avons passé douze jours ensemble. Je suis au courant des discussions du Conseil et de la résolution, mais je dois vous dire que je ne suis pas découragé et j'espère que nous nous réunirons fin janvier. J'hésite à entrer dans les détails mais je dois vous dire qu'ils parlent également aux membres du Conseil directement. Je les ai rencontrés tous les deux aujourd'hui et j'espère les rencontrer fin janvier et j'espère que nous y arriverons.

Question (parle en anglais) : Il y a eu un certain malaise au niveau du partenariat de l'ONU avec la société civile et les milieux d'affaires. Pensez-vous que ces deux partenaires continueront d'exercer leur influence?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Absolument. Ils sont ici pour rester. Je l'ai dit clairement, il y a trois ans. Je disais que seul, je ne pouvais pas tout faire, et je voulais dire, l'ONU. Nous vivons dans un monde différent. Nous devons faire appel à la société civile, au secteur privé, aux ONG et aux universités, et c'est exactement ce que je fais depuis trois ans.

Je sais que les ONG éprouvent parfois des difficultés et qu'elles ne sont pas toujours faciles mais sur de nombreuses questions, elles nous devancent. Elles peuvent faire et dire des choses que nous ne pouvons pas. Et elles sont généralement une force positive dans bien des situations. Je ne veux pas répéter tout ce que font ces ONG — l'interdiction des mines, la Cour pénale internationale, des campagnes à cette fin — mais sur le développement, l'environnement et autres, elles ont été une force, et nous devons travailler avec elles.

Nous vivons à une époque où les individus sont conscients de leurs droits, des décisions qui les affectent, et ils veulent être partie prenante aux processus de décisions; ils ne veulent pas être des observateurs passifs. C'est une réalité que nous devons accepter et nous organiser en conséquence pour travailler en étroite collaboration.

Le secteur privé est une force énorme dans la mondialisation de l'économie. Il crée des emplois et des richesses, il dispose de capitaux, de technologies, de capacités de gestion et nous devons l'encourager à partager avec les pays du Tiers-monde et travailler avec lui par l'investissement, le partage des technologies, le transfert des connaissances, car je ne pense pas que nous pouvons développer le Tiers-monde en demandant l'aide au développement, qui s'accroit. Je pense que certains pays donateurs ont été plutôt — je ne sais si je dois utiliser ce mot mais ils n'ont pas fait tout ce qu'ils devraient faire en matière de dons. À l'occasion de Noël et du nouvel An, je demande aux pays en mesure de donner, de le faire généreusement aux pays et aux populations qui vivent dans la misère la plus abjecte.

Question (parle en anglais) : Le Conseil de sécurité est sur le point de voter sur un résolution globale sur l'Iraq, peut-être cet après-midi. Quand pensez-vous que les inspecteurs des Nations Unies pourraient retourner en Iraq, et quels sont les obstacles qui subsistent?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Vous posez la question de façon directe. Je veux dire que nous faisons évidement des préparatifs préliminaires quant à la désignation d'un président et cherchons des contrôleurs et des inspecteurs, ce qui ne sera pas facile. Mais nous devons également surmonter un obstacle majeur, que votre question suggère : la coopération des autorités et du Gouvernement iraquiens. Seul le temps pourra le dire. Les délais d'envoi des inspecteurs sur le terrain dépendront largement de la réponse à cette question.

Question (parle en anglais) : Toujours sur ce point. Que souhaiteriez-vous dans le choix d'un président et au risque d'être grondé par Fred sur la deuxième question, ma question principale a été : quelle est votre évaluation des progrès de la doctrine Annan sur l'intervention?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je voudrais dire que dans ma quête d'un président, je rechercherai naturellement une personnalité compétente en matière de désarmement, qui a du bon sens, qualifiée qui peut être ferme mais correcte — en fait, je chercherai probablement quelqu'un comme Rolf Ekeus.

Question (parle en anglais) : Rolf Ekeus (inaudible)?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Non. Non, j'ai dit quelqu'un comme lui. Je ne suis pas sûr qu'il voudrait revenir. Ce serait formidable s'il pouvait revenir mais je ne le pense pas. Je chercherai quelqu'un — car il faut être ferme et pouvoir faire en sorte que les Iraquiens travaillent avec vous. Nous avons une opération très difficile en Iraq. Les inspecteurs des Nations Unies qui étaient là bas avant, et s'ils y vont, ne peuvent pas faire grand chose sans la coopération des personnes. Donc, outre le besoin d'équité, il faut pouvoir faire en sorte qu'ils travaillent avec vous. Je pense que nous trouverons la personne qu'il faut pour ce travail.

Quant à la deuxième question, nous avons eu un débat très actif au Conseil et à l'extérieur au sujet de l'intervention et il est important que le débat se poursuive. J'espère qu'en définitive, le Conseil voudra examiner la question de très près et l'Assemblée voudra créer un Groupe pour faire suite à la discussion. J'ai une équipe spéciale dirigée par M. Prendergast qui prépare les travaux et nous ferons tout ce que nous pourrons pour que les membres comprennent bien quand et comment nous allons intervenir et sur quelle base. Je pense que cela devrait aider le Conseil à trouver la voie du consensus.

Question (parle en anglais) : Quel est l'ordre du jour que vous proposez à l'Assemblée générale pour le Sommet du millénaire et est-ce que la réforme du Conseil de sécurité est à l'ordre du jour?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : L'ordre du jour du Sommet est débattu parmi les États Membres. J'espère qu'ils prendront une décision à la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine. Le grand thème sera l'ONU au XXIe siècle et il y aura plusieurs thèmes parallèles : pauvreté et développement, paix et sécurité, et nous ferons un rapport qui sera mis sous presse, espérons-le, d'ici fin mars et les États Membres viendront discuter en automne.

Si vous le permettez, je voulais mentionner autre chose. Il y aura la tribune des organisations non gouvernementales au mois de mai. Nous aurons les présidents d'assemblées législatives de par le monde qui viendront ici au mois d'août. J'ai discuté de cette question avec les États Membres et nous nous sommes rendus compte qu'il ne fallait pas se trouver dans une situation bizarroïde où on aurait invité des présidents d'assemblées législatives, qui viendraient à New York nous donner leur contribution au sommet, sans inviter les organisations non gouvernementales et en septembre, les renvoyer tous chez eux. Il faudra trouver un moyen de leur permettre de présenter leurs opinions au cours du Sommet pour qu'ils puissent projeter leur vision quant à l'ONU au XXIe siècle. Je pense que c'est utile, nécessaire, indispensable et sain. J'espère que les États Membres seront d'accord. Sinon, on aura un autre Seattle.

Question (parle en anglais) : Compte tenu des dissensions au Conseil de sécurité au sujet de l'Iraq dont vous avez parlé, quelles sont les possibilités pour mettre en oeuvre un projet de résolution-cadre?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Manifestement, il s'agit là d'une question extrêmement complexe et difficile quant à l'Iraq. J'avais espéré que le Conseil trouverait un terrain d'entente et prendrait une décision unanime que nous pourrions chercher à faire appliquer par le Gouvernement iraquien. Mais même dans cette hypothèse, ce serait extrêmement ardu, compte tenu de ce que je vous ai dit plus tôt. Nous connaissons bien les antécédents historiques des relations entre l'Iraq et l'ONU. Nous savons à quel point la tâche de l'UNSCOM a été difficile et âpre et je ne pense pas que les choses soient plus faciles quand les inspecteurs reviendront. Il faut se préparer à une tâche lourde, dure et pénible. J'espère que vous ne me demandez pas de vous dire ce qui se passera, parce que je ne pourrais pas vous répondre.

Question (parle en anglais) : Vous avez été chercher un successeur à la présidence de l'UNSCOM qui serait le successeur de l'UNSCOM. Qu'en est-il du personnel, des experts, des hommes de science, des observateurs qui ont joué un rôle capital? Est-ce que vous attendez une certaine continuité avec ce nouvel UNMVIC?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Comme je vous l'ai dit, nous cherchons ceux qui seront en mesure d'entreprendre cette tâche. M. Dhanapala et son équipe au désarmement cherchent avec moi quelqu'un qui serait en mesure de faire le travail. Une fois que nous aurons trouvé la personne, nous réunirons l'équipe aussi rapidement que possible et ceci en consultation avec le Président que je devrais trouver rapidement et nous devons nous atteler rapidement à la tâche. J'espère que nous trouverons les individus, mais ce ne sera pas chose facile, étant donné la nature des contrats que nous leur offrons.

Question (parle en anglais) : La question des arriérés américains est encore ouverte. Au cours de vos discussions avec les États Membres, vous avez abordé ces conditions quant au paiement. Que pensez-vous? Va-t-on accepter ces conditions pour obtenir la contribution américaine? Où en sommes-nous? Quelle est la ligne de démarcation que l'on va tracer?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je dois vous dire que le projet de loi n'était pas idéal, mais c'est certainement un pas dans la bonne direction. Comme je vous l'ai dit plus tôt, il y a des tas de questions et de conditions dans ce projet de loi qui devront être négociés avec les 187 Membres des Nations Unies. Je le répète, ce sera un défi phénoménal pour la diplomatie américaine. Je pense également que d'ici la fin de l'année, les États-Unis verseront assez de contributions pour ne pas perdre leur droit de vote. Je pense cependant que les conditions clefs comme la réduction de la contribution des États-Unis de 25 à 22 % exigera d'amples consultations et de longues négociations avec les États Membres. Quand cela prendra-t-il fin? Quel en sera le résultat? Je ne peux pas vous le dire parce que les négociations n'ont pas encore été réellement entamées.

Question (parle en anglais) : Comme vous l'avez dit vous-même au début de la conférence de presse, l'an dernier, vous avez parlé de l'Iraq et du Kosovo et des problèmes auxquels ils se heurtent. Je me demande si vous ne pouvez pas regarder à nouveau dans votre boule de cristal, à l'aube du nouveau millénaire, et nous dire quels sont les problèmes que vous entrevoyez aux Nations Unies et dans le monde en l'an 2000?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : L'une des grandes questions que nous devons aborder tous ensemble, c'est l'épidémie du sida qui a fait ses ravages dans le monde entier. Je crois qu'il est très important que nous sachions que cette pandémie ne tue pas seulement des parents et des enfants, bien souvent, elle détruit toute l'économie en emportant des professionnels actifs dans la vie économique et politique du pays. Nous n'en voyons pas encore la fin; cette pandémie se propage très rapidement; beaucoup de pays d'ailleurs sont au seuil d'une véritable explosion du sida. Nous devons travailler avec toute la communauté internationale. Ce n'est pas un problème national, c'est un problème international. Le sida est tout à fait présent dans cette communauté et dans d'autres. Encore ce matin, j'ai appris à la télévision qu'un tiers des sidaïques aux États-Unis ne reçoivent pas l'aide et les médicaments nécessaires, ne subissent pas de traitement, car ils n'arrivent pas à trouver soit l'argent, soit le temps. La communauté internationale devra coopérer avec les gouvernements nationaux et mettre au point une stratégie pour s'attaquer à cette pandémie du sida. C'est une question à la fois politique, sociale et également une question de santé.

Quant aux autres questions auxquelles nous devrons nous attaquer — et bien sûr, ce que je vous ai dit touche également à la question de la pauvreté — mais nous avons vu à Seattle les tensions et les angoisses que suscite la mondialisation.

À mon avis, cela représente un défi pour notre organisation et pour toute la communauté internationale — un défi consistant à gérer, à maîtriser le système international avec des règles et des valeurs qui régiront les relations. La famille des Nations Unies a essayé de faire cela. Toutes les communautés ont besoin de valeurs et de règles. La communauté internationale en a tout autant besoin que la communauté locale ou le quartier.

Je pense que le défi au niveau mondial — ce que j'appellerai la gouvernance mondiale — est un problème auquel nous devrons faire face. Je pense que Seattle n'a été qu'un début.

Question (parle en anglais) : J'aimerais savoir pourquoi vous avez choisi de ne pas aller à la cérémonie du canal de Panama. Pourquoi avez-vous jugé que cela n'était pas suffisamment important? Qu'est-ce qui a motivé votre décision?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : C'est un fait que je n'y suis pas allé mais je vais vous dire pourquoi je n'y suis pas allé — et ne dites pas «Pourquoi avez-vous jugé que cela n'était pas suffisamment important?». Ce n'est pas la raison pour laquelle je n'y suis pas allé.

Comme vous le savez, j'étais en plein milieu des négociations sur Chypre. J'ai eu la session du dernier jour aujourd'hui sur la question de Chypre. J'ai parlé avec le Gouvernement panaméen. Il connaît bien les raisons de mon absence. Je félicite le Gouvernement panaméen et toute la population de ce pays du transfert historique du canal au Gouvernement panaméen. J'espère que ce sera une source de prospérité et que cela aura une incidence sur le développement économique de ce pays. Je les félicite.

Question : Les massacres de Srebrenica ont eu lieu pratiquement un an après ceux du Rwanda et, depuis, il y en a eu d'autres. Alors dans ces conditions, peut-on dire que des leçons ont été tirées et à quoi sert ce rapport d'enquête et quelle suite allez-vous lui donner?

Le Secrétaire général : On ne peut pas dire que les leçons sont tirées parce qu'il y a énormément de travail à faire. C'est pour ça que je disais tout à l'heure que j'allais produire un document avec des suggestions qui peuvent nous guider à l'avenir, un document qui peut aider le Secrétariat et peut-être les États Membres également s'ils sont prêts à l'utiliser parce que je crois qu'il y a eu des erreurs, il y a des choses qu'on ne devait pas faire, il y a des choses qu'on peut changer. On doit avoir des mandats clairs, on doit avoir des atouts(ressources) pour les mettre en application, on doit être soutenu par les États Membres eux-mêmes qui nous donnent ce genre de mandats. Le Secrétariat pourrait lui-même être mieux organisé.

Donc, on a des leçons à tirer et des suites pratiques à donner. J'espère que dans le prochain rapport, je ferai tout ça.

Question : Mais s'il y a des coupables qui sont nommés dans le rapport, est-ce que vous allez les poursuivre?

Le Secrétaire général : Si l'identification du coupable est claire et nette... j'ai déjà répondu à ça.

Question (parle en anglais) : Au cours des pourparlers avec les deux dirigeants cypriotes, leur avez-vous donné un non-document avec les propositions de l'ONU sur plusieurs questions cypriotes pour que les dirigeants puissent les étudier avant la réunion présidentielle?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : On ne leur a donné aucun document de l'ONU.

Question (parle en anglais) : Officiel ou officieux?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Aucun document officiel, aucun non-document ni aucun autre document, quels que soient la forme ou le titre.

Question (parle en anglais) : Pour commencer, la doctrine Annan qu'on a déjà mentionnée...

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Soyez très prudent avec la doctrine Annan!

Question (parle en anglais) : Vous avez fait des remarques au sujet de l'intervention humanitaire à l'Assemblée. Les réactions que vous avez eues sont-elles pour vous une source de préoccupation? Estimez-vous que les cas du Kosovo et du Timor oriental ont montré des exemples de possibilité de pression? Et ce qui s'est passé récemment en Tchétchénie également?

En dehors de la question de fond, sur une note plus légère : qu'allez-vous faire pour célébrer le 31 décembre?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : En premier lieu, pour ce qui est de l'intervention humanitaire, je m'attendais aux réactions que j'ai eues et je le savais avant même que je ne mette la question en discussion. Je savais que le débat serai enflammé mais je pensais que c'était une question incontournable. C'est une question d'actualité et nous devons vraiment nous y attaquer, lancer la discussion. Si on se lance dans un débat intègre, si on engage une réflexion, je pensais qu'on pourrait dégager des idées claires qui nous donneraient des orientations pour l'avenir. Je ne m'attendais pas à ce que ce débat prenne fin du jour au lendemain, qu'on tire des conclusions.

Je savais que ça prendrait du temps. Vous nous avez donné trois exemples et vous avez parfaitement raison. La façon dont la Tchétchénie a été traitée a été tout à fait différente du Kosovo et du Timor. Ce sont ces contradictions, ces accusations de deux poids-deux mesures, de politique à deux vitesses qui ont été abordées lors du débat et cela ne réglera pas toutes les questions mais au moins on précisera les choses.

Rappelez-vous les commentaires du Président Boutéflika, qui a dit que c'est l'intervention pour les faibles simplement. Et on m'a parlé de toutes ces questions. Quand et comment intervenir? J'espère qu'à la fin du débat, les États Membres auront des idées plus claires. Je pense qu'en Tchétchénie, il faut bien reconnaître que la communauté internationale n'aurait peut-être pas pu aligner des troupes. J'ai fait plusieurs déclarations. J'ai contacté le Premier Ministre Poutine et le Ministre des affaires étrangères, M. Ivanov. Nous avons eu plusieurs entretiens, nous avons travaillé, j'ai fait des déclarations, j'ai envoyé ma proche collaboratrice, Mme Ogata, M. Vollebaek. Beaucoup d'efforts ont été entrepris quand bien même il n'y aurait pas eu de présence militaire. Je ne veux rien prédire évidemment. On a maintenant des signes en tous cas.

Quant à la question de la veille du jour de l'an, le 31 donc, je serai ici à New York. J'aurai un dîner de réveillon avec mes amis et à minuit, je danserai sans doute mais je ne peux pas vous dire sur quel air. Et avec qui!

Question : Dans votre mot d'introduction, vous n'avez pas beaucoup parlé de la situation en République démocratique du Congo. Ma question serait de savoir : avec la mort de M. Julius Nyerere, est-ce que vous êtes particulièrement «involved» pour amener un nouveau médiateur dans ces deux régions. La mission de sécurité attendue au mois de janvier en République démocratique du Congo... Quel rôle jouerez-vous personnellement pour amener ces ==INAUDIBLE==?

Le Secrétaire général : Ca fait très longtemps que nous sommes en discussion avec le Conseil de sécurité. On est en train de déployer 90 observateurs militaires. En janvier, si le Conseil accepte, on va augmenter ce nombre à plus de 500 observateurs.

En ce qui concerne la mort du Président Nyerere, je crois qu'on a choisi le Président Mandela pour remplacer le Président Nyerere en ce qui concerne les négociations autour de la question du Burundi.

En ce qui concerne le facilitateur en République démocratique du Congo, il y a des discussions en ce moment et je crois qu'on a retenu le nom du Président Masire, ex-Président du Botswana. Je ne sais pas si c'est tout à fait réglé, s'il a accepté ou non, mais je sais qu'il y a une discussion autour de sa personne et j'espère que ça va être réglé très bientôt.

Moi-même, je viens de nommer mon Représentant spécial, qui est déjà à Kinshasa, M. Kamel Morjane, qui a pris ses fonctions à Kinshasa et qui va travailler très étroitement avec le Gouvernement et les rebelles d'autres gouvernements de la région qui sont impliqués dans cette affaire.

Question (parle en anglais) : La question de la transparence financière ou des contrôles financiers est l'une des questions épineuses, comme vous le savez Monsieur le Secrétaire général, et vous assumez une lourde responsabilité à ce sujet. Pensez-vous renégocier le Mémorandum d'accord sur la résolution 968? Comment allez-vous aborder cette question, et avez-vous l'intention d'intervenir personnellement dans la question iraquienne? Envisagez-vous de retourner à Bagdad, ou est-ce que vous avez éliminé cette possibilité?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Eh bien, j'aimerais vous dire que l'on étudie la question des incidences financières et des sommes énormes qui passeront pas le compte séquestre ainsi que du système de rapports qu'exige le Conseil. Je ne suis pas en mesure de vous donner tous les détails.

Pour ce qui est de la question de ma participation personnelle dans le dossier iraquien, j'aimerais dire, comme je l'ai déjà dit plus tôt, que nous avons un service qui s'occupe du programme «pétrole contre nourriture», et il faudra attendre qu'on établisse la MUNMOVEC, le nouvel organe et que l'on nomme son directeur, pour entrer véritablement dans le fond des questions de désarmement.

C'est un dossier très important pour l'Organisation des Nations Unies. Je le suivrai de près, et je travaillerai avec les membres du Conseil de sécurité sur cette question. Pour le moment, on a pas évoqué la question d'un voyage en Iraq.

Question (parle en anglais) : Pouvez-vous commenter le rôle des Nations Unies dans le processus de paix au Moyen-Orient?

Le Secrétaire général (parle en anglais): Nous appuyons ce processus. J'ai désigné un Coordonnateur, M. Larsen, qui travaille avec toutes les parties. Comme vous le savez, nous sommes sur le terrain, sur les Hauteurs du Golan, au Sud-Liban et à la frontière israélo-libanaise. Nous devrons non seulement suivre le processus politique — ce que nous faisons de très près — mais nous devrons également essayer de prévoir les incidences sur le terrain.

Nous appuyons ce processus, et je suis vraiment encouragé par le fait que la Syrie et Israël auront demain une rencontre à Washington pour discuter de la reprise des négociations sur ce volet. J'espère que cela ira de l'avant et que ce sera un grand succès, car si nous arrivons à faire une percée dans la négociation sur la voie syrienne, on pourra également régler la question libanaise. Comme vous le savez, on avait peur que la question syrienne ne prenne le pas sur la négociation israélo-palestinienne.

J'ai précisé que cela ne sera pas le cas et, d'ailleurs, lors des discussions que j'ai eues avec Israéliens, ils ont dit que ce ne sera pas le cas. Et je sais que le Président Arafat veut aussi aller de l'avant.

Si le parties négocient sérieusement de bonne foi, il est possible que l'on voit des changements fondamentaux dans la région d'ici une année. Aux plans économique, social et politique cela donnera un nouvel essor à toute cette région. Nous mettrons donc tout en oeuvre pour appuyer ce processus, et j'espère qu'il sera couronné de succès.

Question (parle en anglais) : Quand on examine l'autre face de l'ONU...

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Laquelle?

Question (parle en anglais) : On a beaucoup parlé de corruption, de détournements de fonds et de gabegie à l'ONU. Comme vous le savez, l'Organisation a été condamnée, vilipendée. Quels sont vos projets pour l'année prochaine concernant cette question?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : J'encouragerai les mécanismes de surveillance à redoubler d'efforts. J'encourage tous les gestionnaires, chaque membre du personnel à faire son travail du mieux qu'il peut, à se rappeler pourquoi nous sommes ici et quels sont les objectifs de l'Organisation.

S'agissant de votre dernière question, on cherche les candidats, on va de l'avant et j'espère qu'on pourra nommer sous peu quelqu'un pour remplacer M. Paschki.

Question (parle en anglais) : Dans vos remarques liminaires, vous avez parlé d'une nouvelle dynamique entre l'Union européenne et la Turquie au sujet des efforts pour résoudre le problème de Chypre. Pouvez-vous nous préciser comment vous voyez cette dynamique et en quoi cela faciliterait un règlement pacifique?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Quand j'ai parlé d'un nouveau climat dans la région, je voulais tout d'abord dire qu'il y a un débat au sujet de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Qu'on le veuille ou non, cela a été une source de tension. Et quand il y a des crises comme celle de Chypre, avec des parties importantes et influentes concernées, avec les garants que sont la Turquie ou la Grèce, si on réussit à mettre fin aux tensions qui pèsent sur les États membres, on fait déjà des progrès. Et c'est dans cet esprit que je me suis félicité des meilleures relations entre la Grèce et la Turquie, et que j'ai dit que cela faciliterait notre quête de la paix à Chypre, car de meilleures relations ne peuvent que contribuer à notre recherche de la paix, puisque nous travaillons en étroite collaboration.

Question (parle en anglais) : Bien que vous n'ayez pas prononcé votre discours à Seattle à la rencontre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), que direz-vous des préoccupations écologiques et même syndicales au cours d'une future rencontre de l'OMC?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je dois dire que même si je n'ai pas prononcé mon discours, grâce à vous, Mesdames et Messieurs de la presse, il a été largement diffusé. Comme je l'avais distribué avec un embargo jusqu'à 10 heures, je pense que vous avez tous supposé que ce discours avait été prononcé, et je vous remercie donc d'avoir fait tant de publicité autour d'un discours qui n'a jamais été prononcé.

Mais, j'aimerais vous dire que ce j'ai dit dans cette déclaration est très clair sur la question que vous avez soulevée. Au début du mois de janvier au Forum économique mondial, j'ai encouragé le secteur privé et les grandes entreprises à tenir compte des normes écologiques et des problèmes de relations de travail. Je les ai engagés à conclure une attente avec l'ONU et j'étais accompagné à cette réunion de Mme Robinson, M. Toepfer de son service écologique et d'un collègue de l'Organisation internationale du Travail (OIT), Juan Somavia. Je leur ai dit que s'ils ne tenaient pas compte de ces normes, tout cela se grefferait sur le système commercial. Ce qui serait une erreur. Il y a des normes écologiques, des normes régissant le travail et les relations de travail. Il y a des normes sur les droits de l'homme. Il ne faut pas nécessairement des lois internationales pour donner un salaire décent, pour respecter l'environnement, pour respecter les droits des travailleurs. Cela doit se situer dans le cours normal des choses.

Personnellement, je pense que si on essaie d'ajouter tout cela sur les négociations commerciales, ce sera extrêmement ardu, voire impossible. Je pense donc, qu'il faut appliquer ces normes. Nous devons faire des efforts aux niveaux national et international pour que ces normes soient appliquées. Mais il ne faut pas pour autant surcharger le système commercial des échecs politiques au plan national, au plan économique.

Mais on a vu les tensions entre le Nord et le Sud à Seattle. Les pays en développement sont convaincus qu'ils sont très mal traités par le système commercial mondial, qu'il y a des tarifs injustes contre eux et toute tentative, toute opération qui jetterait de l'huile sur le feu et qui exacerberait le problème en faisant croire qu'on gagne beaucoup d'argent sur le dos des misérables sera un grande source de tension dans les pays en développement. On aura un tollé de protestations.

Il nous faut un système commercial juste, équitable, qui permette aux pauvres d'échanger leur pauvreté, de sortir de la misère dans laquelle ils se trouvent. Et s'ils arrivent à améliorer leur condition, peut-être qu'ils se débrouilleront beaucoup mieux qu'avec l'aide au développement qu'ils reçoivent.

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