SG/SM/7258

LE SECRETAIRE GENERAL ENGAGE LE MONDE ENTIER A DEFENDRE PARTOUT LES DROITS DE LA FEMME

10 décembre 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7258


LE SECRETAIRE GENERAL ENGAGE LE MONDE ENTIER A DEFENDRE PARTOUT LES DROITS DE LA FEMME

19991210

On trouvera, ci-aprés, le texte de l'allocution prononcée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, le 10 décembre, à New York, à l'occasion de l'ouverture à la signature du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes:

Nous pouvons tous tirer une fierté légitime de l'événement que nous célébrons aujourd'hui. On ne pourrait, à mon sens, mieux marquer la dernière Journée des droits de l'homme du XXe siècle — un siècle de progrès considérable pour les droits fondamentaux de la femme — qu'en ajoutant ce texte important à la panoplie d'instruments dont nous disposons déjà pour garantir aux femmes l'exercice effectif de leurs droits.

Depuis qu’1893, la Nouvelle-Zélande a, la première, accordé le droit de vote aux femmes, des femmes du monde entier s’emploient sans relâche à obtenir l'égalité de condition et de droits, tant sur le plan juridique que dans la pratique. Et dès la création de l'Organisation des Nations Unies, elles se sont très astucieusement servie de cette nouvelle tribune pour faire entendre leurs revendications en matière de parité et de non-discrimination.

En 1945, seuls 30 des Membres fondateurs de l'Organisation accordaient aux femmes le même droit de vote qu’aux hommes ou les autorisaient à exercer des fonctions publiques. Pourtant, les femmes qui étaient alors membres de délégations gouvernementales ou d'organisations non gouvernementales ont compris l'importance que prendrait ce nouvel organisme mondial et l'atout qu'il représenterait pour elles. C'est grâce à leur perspicacité que le principe de l'égalité des droits entre hommes et femmes est consacré dans notre Charte, dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans tous les grands instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme adoptés depuis.

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Les femmes continuent de placer leurs préoccupations et leurs aspirations sur la scène internationale et l'Organisation continue de jouer vis-à-vis d'elles le rôle de partenaire et d'allié. Le 18 décembre 1979 — il y aura 20 ans de cela la semaine prochaine —, l'Assemblée générale a adopté la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Cette "déclaration des droits de la femme" a marqué un tournant important. Elle a établi le principe de droits universels et indivisibles, communs à toutes les nations, reconnus dans toutes les cultures et identiques pour les deux sexes.

À ce jour, 165 États ont ratifié la Convention ou y ont adhéré, et nombre d'autres pays s'apprêtent activement à le faire. Dans le Programme d'action de Beijing, les États Membres se sont engagés à faire en sorte que la Convention soit universellement ratifiée au plus tard en 2000. Nous n'avons pas encore atteint cet objectif mais nous sommes sur la bonne voie.

Au fur et à mesure des ratifications de la Convention, les femmes ont pu de plus en plus se prévaloir de leurs droits et les exercer. La communauté internationale a reconnu qu'il fallait examiner les violations des droits fondamentaux de la femme avec la même urgence que d'autres violations des droits de la personne. Et nous avons pris conscience du fait que toutes nos interventions dans les domaines économique, social et politique doivent reposer sur le principe de l'égalité entre les sexes.

Nous avons encore progressé depuis 10 ans. La Déclaration sur l'élimination de la violence à l’égard des femmes a défini les dispositions et mesures à prendre pour prévenir et éliminer la violence à l'égard des femmes — qu'elle soit perpétrée dans la famille, au sein de la collectivité ou par l'État — et traduire les coupables devant la justice. La Conférence mondiale sur les droits de l'homme, qui s'est tenue à Vienne, a réaffirmé l'égalité de la condition et des droits fondamentaux de la femme, lesquels sont inaliénables et indissociables des droits universels de la personne, dont ils font partie intégrante. La quatrième Conférence mondiale sur les femmes, organisée à Beijing, a fourni le cadre qui permet de donner une expression concrète aux instruments de protection des droits de l'homme en vue de parvenir à l'égalité entre les sexes.

Quant aux Statuts des Tribunaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda, ils promettent enfin de mettre un terme à la culture d'impunité qui entourait les crimes commis contre les femmes en période de conflit armé. Les deux textes définissent le viol comme un crime contre l'humanité et contribuent à la définition d'une norme universelle. Le Statut de la Cour pénale internationale, adopté l'an dernier, garantit que la Cour aura juridiction en matière de viol ou de toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable.

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Défendre, promouvoir et faire respecter les droits fondamentaux de la femme est notre responsabilité à tous — où que nous nous trouvions, que nous soyons homme ou femme.

Au cours du XXe siècle, nous avons beaucoup progressé sur la voie de la définition de normes universelles en matière d'égalité entre les sexes. Maintenant que nous abordons le XXIe siècle, le temps est venu de faire appliquer ces normes. Le Protocole facultatif ouvert à la signature aujourd'hui sera à cet égard d'une utilité précieuse. Dans les États qui l'ont ratifié, les femmes dont les droits sont bafoués pourront désormais demander réparation auprès d'un organe international — le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes — une fois épuisés les recours nationaux disponibles.

C'est très important, pour deux raisons. Premièrement, parce que la Convention se trouve ainsi placée sur un pied d'égalité avec les autres instruments relatifs aux droits de l'homme. Deuxièmement, parce que les États se sentiront davantage tenus de s'acquitter des engagements juridiques contractés au titre de la Convention, ce qui contribuera à faire appliquer la Convention dans un plus grand nombre de pays et à rapprocher le monde de son idéal déclaré, l'égalité de tous les êtres humains.

Il est très significatif que l'Assemblée générale ait adopté ce protocole à l'unanimité. Cela veut dire que les gouvernements sont résolus à fournir aux femmes le cadre juridique nécessaire pour défendre et promouvoir leurs droits ainsi que les procédures voulues pour leur permettre de les exercer concrètement.

Je tiens donc à féliciter les États qui ont signé le Protocole ce matin. Ils sont au nombre de 23 et je propose que nous les applaudissons. Je suis persuadé que d'autres leur emboîteront le pas et que, d'ici juin, avant la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à "Beijing + 5", nous aurons les 10 ratifications nécessaires à l'entrée en vigueur du Protocole.

Mais je tiens aussi à rappeler que, tout indispensables qu'ils soient, les mécanismes internationaux ne supplanteront jamais les voies de recours nationales. De fait, l'intérêt principal d'un instrument comme celui-ci réside dans l'influence qu'il exerce au niveau national. J'ai l'intime conviction que ce texte incitera les gouvernements à examiner de plus près les mécanismes de recours existant dans leurs pays respectifs et à empêcher les violations des droits fondamentaux de la femme que la Convention protège. Car, en dernière analyse, c'est au niveau national qu'il est possible de créer un climat dans lequel les femmes et les filles peuvent exercer pleinement leurs droits fondamentaux et faire entendre leurs plaintes éventuelles, sachant qu'elles seront prises en considération dans les meilleurs délais et avec le sérieux qu'elles méritent.

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Madame la Présidente, vous avez dit que le Protocole facultatif était né de nombreuses mères. Aujourd'hui, vous nous confiez à tous le soin d’en faire un instrument efficace et utile pour la défense des droits de l'homme.

Nous avons tous — particuliers, gouvernements et communauté internationale — le devoir d’agir en dépositaires vigilants et éloquents de ce précieux instrument. Nous avons tous le devoir de donner espoir à celles dont les droits sont bafoués, de les encourager à se défendre, à résister, à témoigner. Nous avons tous le devoir de défendre partout les droits de la femme.

Au nom de l'Organisation des Nations Unies, j'engage le monde entier à prendre ce devoir très au sérieux.

Je vous remercie.

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