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SG/SM/7134

DANS UNE DECLARATION AU CONSEIL DE SECURITE, LE SECRETAIRE GENERAL AFFIRME QUE L'ON NE PEUT PLUS IGNORER LE SORT DES CIVILS EN TEMPS DE GUERRE

29 octobre 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7134
SC/6729


DANS UNE DECLARATION AU CONSEIL DE SECURITE, LE SECRETAIRE GENERAL AFFIRME QUE L'ON NE PEUT PLUS IGNORER LE SORT DES CIVILS EN TEMPS DE GUERRE

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On trouvera ci-après le texte de l'allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée devant le Conseil de sécurité sur le thème de la protection des civils dans les conflits armés, le 16 septembre:

J'ai l'honneur de présenter au Conseil de sécurité mon rapport sur "La protection des civils en période de conflit armé", qui nous invite à ne pas ménager nos efforts pour défendre les civils partout où ils subissent les pires cruautés imaginées par d'autres hommes.

Les civils ne sont plus simplement pris entre deux feux, mais servent eux-mêmes de cible dans les conflits modernes. Ces 10 dernières années, des millions de civils ont été tués et plus de 30 millions ont été déplacés. On ne compte plus le nombre d'hommes, de femmes et d'enfants à qui l'on a refusé la nourriture ou les médicaments nécessaires à leur survie.

Ces chiffres sont d'autant plus bouleversants si l'on sait qu'ils sont le résultat de méthodes sciemment employées par maints belligérants. Nous avons constaté que, sur chacun des cinq continents, les belligérants évitaient de plus en plus les confrontations directes avec l'autre partie.

Ils préfèrent désormais avoir recours à la terreur contre des civils sans défense et ainsi faire progresser leur cause. Leurs actes, quels qu'en soient les motifs, révèlent un mépris absolu pour la vie et les valeurs humaines.

Le Coordonnateur des secours d'urgence a soulevé cette question en janvier à l'occasion d'une séance du Conseil de sécurité et, huit mois plus tard, nous sommes en droit de nous demander si la situation a évolué.

Depuis janvier, de nouveaux conflits ont éclaté, des combats ont repris, des luttes se sont intensifiées en Angola, en Colombie, en Sierra Leone, au Kosovo et au Timor oriental. Ces situations nous rappellent, chacune différemment, la détermination farouche dont nous devons faire preuve pour transformer un cessez-le-feu fragile en paix stable et durable.

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Des années d'un patient travail en Angola ont été anéanties par la volonté des belligérants de contrôler les ressources économiques. Le Protocole de Lusaka est devenu lettre morte et la population civile paie chèrement le prix de cet échec. Nombreux sont ceux qui ont péri, tandis que les personnes de nouveau forcées de fuir se comptent par centaines de milliers.

En Sierra Leone, la recherche du pouvoir et le contrôle des richesses économiques ont là aussi conduit les belligérants à se livrer à des exactions. Les mutilations que tant de personnes ont subies prouvent que le droit international demeure impuissant s'il n'est pas étayé par des mesures efficaces.

Au Timor oriental, la communauté internationale doit là aussi trouver une issue à un conflit qui a servi de prétexte pour fouler aux pieds les droits de l'homme. Les milices tentent d'annuler par la terreur le résultat d'un référendum démocratique, qui s'est soldé pour elles par une défaite écrasante.

À l'heure actuelle, aucun de ces pays n'est doté des institutions ou de la culture démocratique nécessaires pour que la paix puisse s'imposer durablement. Tous ont besoin d'efforts soutenus et de grande ampleur pour que le parti de la paix l'emporte sur celui de la guerre et que le chaos cède la place à la stabilité.

Pour que ces crises prennent fin, les Nations Unies doivent aller bien au-delà de simples réunions, discours et rapports. Elles doivent agir au nom des principes de la Charte et des valeurs de l'humanité.

Par essence, le mandat dévolu à l'Organisation des Nations Unies est d'établir la sécurité là où elle ne règne plus, est menacée, ou n'a jamais existé. Telle est la mission dont nous sommes investis vis-à-vis de l'humanité.

Alors que s'achève le siècle qui a vu naître et évoluer une bonne partie du droit international, force est de constater que les civils n'ont jamais été aussi vulnérables. Il est profondément troublant de constater que les conventions humanitaires internationales et les prescriptions juridiques relatives aux droits fondamentaux de la personne sont si souvent violées de propos délibéré par les combattants et appliquées seulement sporadiquement par la communauté internationale.

Le rapport présente 40 recommandations concrètes qui, j'en suis convaincu, peuvent aider à améliorer la sécurité des civils en période de conflit armé et dont le Conseil de sécurité peut s'inspirer pour élaborer des instruments et des stratégies adaptés à différentes situations.

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Pour faire le meilleur usage possible de ces recommandations, le Conseil souhaitera peut-être établir un mécanisme permanent de consultation afin de recueillir l'opinion d'experts sur des questions précises. Un tel mécanisme permettrait au Conseil de proposer des réponses à des questions liées à la protection juridique et physique et à la prévention des conflits.

Le Conseil devrait y recourir non seulement pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants des situations humanitaires, mais également pour élaborer des solutions concrètes aux problèmes qui se posent. Par exemple, la recommandation 39 fait référence aux zones humanitaires et de sécurité. Dans des situations où de telles options sont envisagées, il serait souhaitable que le Conseil de sécurité prenne l'avis du Secrétariat.

À l'exception de la dernière, toutes les recommandations pourraient contribuer à empêcher que des conflits n'éclatent et aider à protéger les civils qui sont déjà touchés par des conflits armés.

Malheureusement, ces mesures ne suffiront pas toujours, auquel cas il faudra en venir à la dernière recommandation, qui concerne l'action coercitive. Naturellement, il faudra définir des critères objectifs déterminant à partir de quel stade on peut envisager d'y recourir, mais il ne faut en aucun cas écarter cette option.

Il ne fait aucun doute qu'il est difficile de se résoudre à appliquer des mesures coercitives — une telle action va souvent à l'encontre d'intérêts politiques ou autres — mais il est des valeurs et des principes universels, au nombre desquels la protection des civils, qui prennent le pas sur ces intérêts.

J'accorde une priorité élevée à la protection des civils emportés par la tourmente des conflits armés et je suis prêt à collaborer étroitement avec le Conseil de sécurité sur ce sujet. Je suis disposé à offrir mes bons offices pour mettre en place un mécanisme permettant de suivre les progrès accomplis dans la mise en oeuvre de chacune de ces recommandations et à faire régulièrement rapport au Conseil. Le Conseil pourrait ainsi évaluer ses propres progrès et mesurer l'efficacité de son action.

Les pères fondateurs de l'Organisation des Nations Unies étaient convaincus que, malgré une histoire marquée au sceau de la violence, l'humanité pouvait être sauvée.

Or, nous constatons que des civils sont toujours chassés de leurs foyers, poussés vers des frontières dont l'ouverture est des plus hypothétiques, forcés de se cacher, séparés de leur famille, réduits à l'état de boucliers humains, privés de leur identité et assassinés avec le cynisme le plus complet.

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On ne plus ignorer ni faire passer au second plan le sort des civils au motif que le prendre en compte nuirait aux négociations et aux intérêts politiques. Le sort des civils est au coeur même du mandat de l'Organisation.

Si nous ne faisons rien, les résolutions du Conseil de sécurité perdront toute crédibilité et c'est l'autorité de l'Organisation des Nations Unies tout entière qui ira s'affaiblissant. Plus grave encore, les millions de personnes qui ont tout perdu dans un conflit verront s'évanouir leur dernier espoir, l'espoir qu'une entité appelée communauté internationale est déterminée à défendre le fondement même de la dignité humaine.

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