OBV/116

LES JEUNES DOIVENT JOUER UN ROLE CENTRAL DANS LA LUTTE CONTRE LA FAIM QUI TOUCHE PLUS DE 800 MILLIONS DE PERSONNES DANS LE MONDE

19 octobre 1999


Communiqué de Presse
OBV/116
SAG/62


LES JEUNES DOIVENT JOUER UN ROLE CENTRAL DANS LA LUTTE CONTRE LA FAIM QUI TOUCHE PLUS DE 800 MILLIONS DE PERSONNES DANS LE MONDE

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Le Président de l'Assemblée générale propose la proclamation d'une Décennie de la paix et de la non-violence pour les jeunes

Le monde produit suffisamment de nourriture pour satisfaire les besoins de ses 6 milliards d'habitants. Cependant, la faim continue de toucher 790 millions de personnes dans les pays en développement et 34 millions dans les pays développés, a affirmé, ce matin, le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M. Jacques Diouf, à l'occasion de la cérémonie marquant la XIXème Journée mondiale de l'alimentation de 1999. La lutte contre la faim doit bénéficier de la pleine participation de la société civile dont les jeunes constituent la part la plus dynamique, la plus innovatrice et la moins disposée à se résigner face à la persistance de la faim, a dit le Directeur général pour expliquer le choix du thème de cette année " Les jeunes contre la faim". Les personnes âgées de 15 à 24 ans, formant le sixième de la population mondiale,; leur contribution au développement durable, en particulier dans le secteur agricole, est donc indispensable à la réalisation de l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation de 1999, de réduire à 400 millions le nombre des sous-alimentés d'ici à l'an 2015.

A cet égard, M. Swaminathan, Universitaire indien et père de la révolution verte en Inde, a estimé que les jeunes percevront les activités agricoles comme une profession digne de ce nom, seulement si l'agriculture elle-même devient une activité intellectuellement et économiquement satisfaisante. Les nouvelles techniques agricoles doivent donc se fonder sur des méthodologies de précision et s'adresser à plus de jeunes gens et jeunes femmes éduqués en leur proposant de lancer une nouvelle révolution verte. Abondant dans ce sens, la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette et le Président du Conseil économique et social, M. Paolo Fulci, ont plaidé pour que l'éducation des jeunes deviennent une priorité. Pour sa part, le Président de l'Assemblée générale, M. Theo-Ben Gurirab, a proposé que la première décennie du nouveau millénaire soit proclamée Décennie de la paix et de la non-violence pour les jeunes.

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Journée mondiale de l'alimentation de 1999 sur le thème "Les jeunes contre la faim"

Déclarations

M. PAOLO FULCI, Président du Conseil économique et social, a déclaré que bien que le monde ait les techniques qui pourraient permettre la production de vivres et d'aliments pour tous, 800 millions de personnes restent néanmoins sous-alimentées dans le monde. Ceux qui étaient à Genève lors de la session de fond de l'ECOSOC, ont pu voir le film produit à ce sujet par le Département de l'information (DPI) sur cette question. La tendance à la pauvreté qui sévit dans le monde peut être renversée si la volonté politique est réellement là. L'homme s'est montré capable de transformer les eaux salines des océans en eau potable et a pu multiplier les semences et les cultures, tout en améliorant leur rendement, mais comment n'avons-nous pas pu étendre ces bienfaits de la science à tous les peuples du monde? Un rapport de la FAO dit qu'entre 1992 et 1997 40 millions de personnes ont pu sortir de leur état de pauvreté et de sous-alimentation. Dans le monde entier, le nombre de sous- alimentés a cependant augmenté, selon d'autres statistiques, ce qui veut dire qu'il n'y a pas eu une baisse véritable. Nous devons donc, si nous voulons atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés en matière de réduction de la pauvreté, réduire de 12 millions par an le nombre de pauvres et de sous- alimentés. Il y a plus de 200 millions d'enfants qui souffrent dans le monde en développement, et l'avenir ne sera pas prometteur tant que ce chiffe ne baissera pas de façon considérable. L'ECOSOC se réjouit donc du thème de la Journée mondiale de l'alimentation de cette année. L'éducation doit devenir une priorité, car les jeunes doivent voir leurs chances maximisées et en bénéficiant d'un filet de sécurité alimentaire. Si cela n'est pas fait en milieu rural, nous savons qu'il y aura de grandes migrations vers les zones urbaines, et ces jeunes, qui auraient pu être productifs, finiront par devenir de simples criminels urbains. La FAO demande que des actions soient entreprises en faveur des jeunes, et que les jeunes femmes bénéficient de mesures particulières pouvant leur donner une réelle place dans la vie. L'ECOSOC appuie pleinement la FAO, qui est la plus importante organisation qui lui soit associée. L'ECOSOC, qui a pour ambition de devenir un chef de file en matière économique et sociale, sera, dès l'an prochain, beaucoup plus entre les mains des pays en développement dont les questions sont au centre de ses tâches.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie), donnant lecture du message du Président de l'Assemblée générale, M. Theo-Ben Gurirab (Namibie), a déclaré que la communauté internationale est rassemblée aujourd'hui pour renforcer l'engagement de tous à rechercher des solutions viables pour assurer la sécurité alimentaire pour tous.

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Aujourd'hui, de nombreux pays ont connu de graves famines et souffert de graves pénuries alimentaires et en Afrique seulement, la faim et la famine ont dévasté 25 pays, au cours de cette dernière décennie. A la suite de la mondialisation, le manque de ressources humaines et financières a affecté la capacité de nombreuses nations d'assurer la sécurité alimentaire. Dans ce contexte, les conflits armés et les guerres doivent cesser et les ressources doivent être utilisées aux fins de la réconciliation, la reconstruction et le développement. Dans une de ses résolutions, l'Assemblée générale a confirmé que l'alimentation est un préalable à la survie et un besoin fondamental de l'homme. Elle a prié tous les acteurs concernés de contribuer activement à la Journée mondiale de l'alimentation. Aujourd'hui plus de 150 pays célèbrent cette Journée, témoignant ainsi de l'importance de ce droit fondamental. L'Assemblée générale a adopté un autre texte sur l'Année internationale de la Jeunesse qui introduit des mesures pour promouvoir le rôle des jeunes dans le développement. En 1995, le Programme d'action pour les jeunes a examiné les problèmes des jeunes et renforcer leurs possibilités de participer activement à la vie de la société. Lors du dernier Sommet de la FAO en 1996, les dirigeants du monde entier se sont engagés à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d'ici 2015. La FAO a continuer à participer à la préparation et à la mise en oeuvre de stratégies de sécurité alimentaire. Elle a fournit des ressources pour le financement de microprojets.

Pendant le Sommet mondial de 1996, un Forum de jeunes a été tenu avec la participation de 130 pays. La Déclaration du Forum a souligné l'engagement des jeunes à l'égard de la sécurité alimentaire. Aujourd'hui, des millions d'enfants et de jeunes continuent à faire face à un avenir de faim, d'analphabétisme, de pauvreté et de travail forcé. Les enfants ont besoin d'un environnement de compassion et de nourriture physique et morale. La Journée mondiale de l'alimentation est donc l'occasion de mobiliser les consciences et les ressources en tenant compte du fait que la participation des jeunes peut augmenter le succès de telles initiatives. Le thème choisi cette année est donc des plus appropriés étant donné le rôle que peuvent jouer les jeunes dans le développement. Il faut impliquer les jeunes et en faire les champions de leur avenir et le sujet de leur propre histoire. Le lourd fardeau de la faim et de la pauvreté entravent encore leur destin et les empêchent de se préparer à devenir les dirigeants de demain. Les jeunes sont l'espoir de l'avenir et ils ont la capacité d'y contribuer de manière importante. Les jeunes sont ouverts à l'innovation et peuvent être mobilisés à des fins sociales, politiques et économiques. Il faut donc féliciter la FAO de sa vision qui encourage les jeunes à être une force constructive pour le changement et la garantie de l'alimentation pour tous. Il faut aussi garder la foi en l'Organisation des Nations Unies, dépositaire de la conscience universelle et promoteur de la justice sociale dans le monde. Il faut, dans ce contexte, proclamer la première Décennie du millénaire, Décennie de la paix et de la non-violence pour tous les enfants du monde.

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M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré, au nom de la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, que le droit le plus fondamental d'un être humain est le droit à la nourriture. Le fait que huit cent millions de personnes vivent dans un état de sous- alimentation permanent de nos jours, est plus inacceptable que jamais. "Les jeunes contre la faim", thème de la Journée mondiale de l'alimentation cette année, est un thème qui vient à point nommé. Quand les mères sont mal nourries, l'enfant en est affecté dès sa naissance, et parlant des fillettes, souvent, beaucoup sont sous-alimentées, et ne vont pas à l'école parce qu'elles doivent participer à la satisfaction des besoins de la famille. Ces enfants voient leur productivité baisser du fait de leur état de sous-alimentation, et voient ainsi leur chance de s'arracher à la pauvreté s'évanouir. La pauvreté devient intergénérationnelle, passant d'une génération à l'autre au sein d'une même famille. Nous devons rompre ce cercle vicieux de la pauvreté, comme les engagements en avaient été pris à Rome quand la communauté internationale s'était engagée à réduire de moitié le taux et les pourcentages des populations affectées par la pauvreté à l'horizon 2015. Il faut donner un avenir aux jeunes qui vivent dans les campagnes, en leur donnant une chance d'éducation et en les mobilisant dans des activités valorisantes et qui donnent un sens à leur vie. Nous devons transmettre un message d'espoir à tous les peuples du monde.

M. JACQUES DIOUF, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a fait observer que l'un des principaux messages du Sommet mondial de l'alimentation de Rome, en novembre 1996, est que la lutte contre la faim et la malnutrition n'est pas seulement l'affaire des gouvernements; la pleine adhésion et participation de la société civile aux programmes de sécurité alimentaire étant indispensable à son succès. De tous les éléments constitutifs de la société civile, les jeunes sont sans nul doute les plus dynamiques, les plus novateurs et aussi les moins disposés à se résigner face à l'inacceptable persistance de la faim à l'aube du 21ème siècle. En effet, si globalement le monde produit suffisamment de nourriture pour satisfaire les besoins de ses 6 milliards d'habitants, la faim persiste encore puisque 790 millions de personnes dans les pays en développement n'ont pas accès à une nourriture suffisante. Pourtant des progrès substantiels ont été réalisés, ces dernières années, le nombre des personnes chroniquement sous-alimentées dans les pays en développement étant tombé de 40 millions entre 1990 et 1997, malgré l'augmentation de la population mondiale. S'il y a tout lieu de se réjouir de cette réduction, il faut aussi constater qu'elle est le résultat des efforts conjugués de seulement 37 pays qui, ensemble, sont parvenus à diminuer de 100 millions le nombre des sous-alimentés au sein de leur population. Malheureusement, ailleurs, ce nombre a augmenté de 60 millions. Si des efforts considérables ne sont pas faits pour améliorer les approvisionnements alimentaires globaux et nationaux, et surmonter ces inégalités, en 2015 l'incidence de la sous- alimentation pourrait atteindre 30% de la population dans certains pays. Pour atteindre l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation de réduire à 400 millions le nombre des sous- alimentés d'ici à l'an 2015, il faudrait que les progrès soient plus rapides. Justement, les jeunes âgés de 15 à 24 ans, dont le nombre dépasse le milliard constituent une force, une source d'énergie au potentiel énorme qu'il faut à tout prix mettre en valeur et mobiliser pour assurer un développement durable, en particulier dans le secteur agricole. On estime que 472 millions de jeunes entre 15 et 24 ans vivent dans les zones rurales des pays en développement. Ces jeunes peuvent apporter une aide précieuse pour atteindre l'objectif fixé par le Sommet mondial de l'alimentation. Le plan à moyen terme de l'Organisation, pour la période 2000-2005, s'attache à mettre davantage l'accent sur la jeunesse rurale. Cette nouvelle impulsion permettra d'accroître les activités de soutien technique aux organisations gouvernementales et non gouvernementales qui s'adressent à la jeunesse rurale. Le lancement de la "Campagne de la Nourriture pour tous" dans le cadre du suivi du Sommet mondial de l'alimentation constitue, par ailleurs, un moyen privilégié de renforcer le dialogue entre le gouvernement et les différents segments de la société civile afin de trouver des solutions appropriées contre la faim et la pauvreté.

Souhaitons que les jeunes s'identifient au thème de la Journée mondiale de l'alimentation de cette année pour faire entendre leur voix avec les moyens d'expression qui leur sont propres. Puisse le thème "Les jeunes contre la faim" de cette dernière Journée mondiale de l'alimentation du 20ème siècle être une nouvelle occasion pour la jeunesse du monde, des pays développés comme des pays en développement, d'affirmer leur commune volonté de libérer le prochain millénaire de la faim, a conclu le Directeur général de la FAO.

M. M.S. SWAMINATHAN, Universitaire indien, a déclaré que le concept de sécurité alimentaire s'est lentement développé au cours des dernières décennies à la FAO dans trois directions importantes, dont la première est la disponibilité de produits alimentaires sur les marchés, qui relève de la production. La seconde est l'accès à la nourriture, qui requiert un pouvoir d'achat adéquat, qui lui même est lié à l'accès à l'emploi et au revenu. La troisième direction est la possibilité d'absorption par le corps humain de l'alimentation qui lui est fournie, et qui tient aux possibilités d'accès à l'eau potable, à des conditions d'hygiène minimum, et à l'accès à des soins de santé primaires et à l'éducation. Le thème de cette année, " Les jeunes contre la faim" est important, du fait que les jeunes détermineront l'avenir non seulement de la sécurité alimentaire du monde, mais aussi l'avenir de l'humanité tout court.

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L'expérience montre que des jeunes éduqués percevront les activités agricoles comme une profession digne de ce nom, seulement si l'agriculture elle-même devient une activité intellectuellement et économiquement satisfaisante. C'est pourquoi les nouvelles techniques agricoles doivent se fonder sur des méthodologies de précision et doivent s'adresser à plus de jeunes gens et jeunes femmes éduqués, en leur proposant de lancer une nouvelle révolution verte. Les clauses de différentes Conventions, comme celle sur la préservation de la biodiversité, sur le climat et sur la désertification, doivent être converties en véritables plans d'actions. Des actions dans ce sens pourraient aider à promouvoir une agriculture durable, ce qui assurerait une disponibilité des produits alimentaires aux populations qui en ont besoin. Les jeunes de chaque village et de chaque ville pourraient aider les pouvoirs publics et les organismes d'aide à identifier les familles souffrant de sous- alimentation chronique et de malnutrition, ce qui aiderait à définir des priorités en matière de mesures d'intervention directes. Un volontariat dans le cadre des "Jeunes contre la faim", pourrait aider à faire entendre les voix de ceux qui, jusqu'à maintenant, se sentent exclus et ne sont pas pris en compte dans les actions de développement, parce que leur sort est souvent totalement inconnu et ignoré. Concernant les femmes et les enfants en bas âge, nous devons être conscients que le prochain siècle sera celui de la connaissance, la propriété intellectuelle devenant le plus précieux des biens. Les inégalités alimentaires à la naissance, qui portent atteinte au développement cérébral, seront, à cet égard, de plus en plus, les plus cruelles des inégalités. Les pays en développement devraient donc, par conséquence, déployer tous les efforts possibles pour éliminer la malnutrition de la mère et de l'enfant.

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