PI/1184

LES NATIONS UNIES CELEBRENT LA JOURNEE INTERNATIONALE DES PERSONNES AGEES EN ENCOURAGEANT LA CREATION D'UNE SOCIETE POUR TOUS LES AGES

30 septembre 1999


Communiqué de Presse
PI/1184
SOC/4516


LES NATIONS UNIES CELEBRENT LA JOURNEE INTERNATIONALE DES PERSONNES AGEES EN ENCOURAGEANT LA CREATION D'UNE SOCIETE POUR TOUS LES AGES

19990930

Les besoins croissants des personnes âgées et les défis liés au vieillissement de la population mondiale ont été au centre des interventions entendues ce matin dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des personnes âgées. Cette année, qui est aussi l'Année internationale des personnes âgées, le thème choisi pour la Journée est "Au-delà des générations/au-delà des cultures".

Dans son message à l'occasion de cette Journée, organisée par le Comité des organisations non gouvernementales en collaboration avec le Programme des Nations Unies sur le vieillissement et le Département de l'information de l'ONU, le Secrétaire général a estimé que l'Année internationale des personnes âgées avait aidé à aménager certaines passerelles qui permettront d'évoluer vers une "société pour tous les âges". Grâce à l'Année, nous entrevoyons aujourd'hui la possibilité d'une société qui prendrait soin de tous ses membres et compterait sur chacun d'entre eux, quel que soit leur âge. Ce message a été lu par Mme Gillian Sorensen, Sous-Secrétaire générale aux relations extérieures.

En même temps que le monde fait face à la génération de jeunes la plus importante dans l'histoire de l'humanité, on assiste parallèlement à un allongement de la durée de la vie sans précédent. Cette évolution démographique, qualifiée par certains de "révolution du vieillissement", pose des défis considérables dans de nombreux domaines, tels les soins de santé et les services, le maintien des revenus, l'éducation continue et la participation aux activités de production. Pourtant, dans de nombreux pays, tant développés qu'en développement, les services destinés aux personnes âgées restent insuffisants et les réformes nécessaires à l'adaptation à ces changements tardent à être entreprises, ont fait remarquer les participants à cette Journée de commémoration qui était animée par Mme Thérèse Gastaut, Directrice de la Division des affaires publiques du Département de l'Information.

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- 1a - PI/1184 SOC/4516 30 septembre 1999

Sont intervenus: M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales; Mme Helen R. Hamlin, Présidente du Comité Nations Unies-ONG sur le vieillisement; M. Alexandre Sidorenko, Coordonnateur de l'Année internationale des personnes âgées; Mme Faith Innerarity, Directrice de la sécurité sociale au Ministère des affaires sociales de la Jamaïque et Vice-Présidente de la Commission du développement social; M. Alexandre Kalache, Président du Bureau pour la vieillesse et la santé mentale de l'Organisation internationale de la santé; et Mme Rolling Walker, assistante sociale et médiatrice aux Etats-Unis.

Dans ces remarques de conclusion, Mme Gastaut a insisté sur le rôle des Nations Unies et la volonté de l'Organisation de placer l'être humain au centre de toutes ses activités. Si nous avons réussi à développer des stratégies d'action, c'est parce que nous étions une coalition de partenaires de tous les horizons, a-t-elle remarqué. Elle a invité les délégations à jouer également un rôle dans ce processus en devenant un partenaire actif de l'Organisation dans la création d'une "société pour tous les âges".

A l'occasion de cette Journée, M. Julia Alvarez (République dominicaine) et M. Aurelio Fernandez (Espagne) ont été récompensés pour leurs efforts sans relâche en faveur de la promotion de l'Année internationale. Les récompenses leur ont été remises par M. Gordon Klopf, Président de la Journée internationale des personnes âgées, 1999.

Célébrée chaque année depuis 1992, la Journée internationale des personnes âgées a permis d'attirer l'attention sur les questions liées au vieillissement, y compris la pauvreté, les soins de santé et l'isolement social.

Message du Secrétaire général

Mme GILLIAN SORENSEN, Secrétaire générale adjointe aux relations extérieures, lisant un message du Secrétaire général, M. Kofi Annan, a fait observer qu'à la fin d'un siècle durant lequel l'espérance de vie a connu une augmentation spectaculaire et la pyramide des âges a été profondément modifiée, l'Année internationale des personnes âgées a été l'occasion de prendre plus nettement conscience de ces évolutions et de réfléchir à la façon de s'y adapter. Les personnes âgées d'aujourd'hui sont à maints égards des pionniers qui ont inspiré, innové et pris l'initiative, préparant ainsi une vie plus sûre pour les personnes qui vieilliront après elles, a-t-elle expliqué.

Mme Sorensen a également déclaré que l'Année a de même permis d'aménager certaines passerelles qui nous permettront d'évoluer vers une "société pour tous les âges". En effet, quel que soit notre âge, il nous appartient à tous de veiller à ce que nul ne soit exclu des efforts pour créer cette société en raison de son âge.

Enfin, elle a souhaité que, grâce à l'Année internationale, s'entrevoit la possibilité d'une société qui prendrait soin de tous ses membres et compterait sur chacun d'entre eux, quelque soit leur âge.

Déclarations liminaires

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que l'un des objectifs de l'Année internationale des personnes âgées est de renforcer les liens entre les générations. Faisant un premier bilan de ce qui a été réalisé, il s'est réjoui de la manière dont la "promesse du vieillissement" a été placée sur l'agenda international. Le vieillissement constitue une révolution dans l'histoire de l'homme et cette promesse de longévité représente un grand défi, a-t-il dit. L'une des réalisations de cette Année a été de définir ce concept et de faire prendre conscience que le vieillissement n'est pas un problème puisque nous l'avons toujours souhaité. Il faut maintenant voir ce que nous devons faire dans nos structures économiques et sociales pour refléter cette nouvelle réalité qu'est la longévité. On constate aujourd'hui que les personnes âgées sont tout à fait capables de faire un grand nombre de choses que font les jeunes. Un autre point important a été de reconnaître que la révolution de la longévité n'est pas limitée aux pays riches et développés. La proportion d'individus qui ont 60 ans et plus sera quasiment la même dans les pays en développement et dans les pays développés au cours des prochaines années. Or, le monde en développement ne dispose pas des mêmes infrastructures, notamment en matière de soins de santé et de services.

S'agissant des défis qui se posent aujourd'hui, M. Desai a mentionné en premier lieu les problèmes liés à la santé. L'une des plus grandes responsabilités des établissements de soins de santé dans le monde va consister à répondre aux besoins d'un nombre croissant de personnes âgées. Plus spécifiquement, il va falloir déplacer l'attention des maladies transmissibles au cours des premières années de la vie aux maladies liées au vieillissement. Le problème de la santé se pose aussi en ce qu'il va falloir promouvoir un vieillissement actif. Le véritable défi sera d'élaborer des systèmes qui rendent ce vieillissement actif possible. Un autre domaine qui demande des efforts importants est celui de l'éducation et de l'apprentissage. A cet égard, il nous faudra reconnaître que l'apprentissage est un processus continu qui se poursuit tout au long de la vie. Il faudra donc modifier notre conception de l'apprentissage et créer des systèmes ouverts. En tant que besoin continu, le travail doit également être possible tout au long de la vie. A cette fin, il faudra revoir la durée pendant laquelle une personne travaille. Il serait regrettable de ne pas vivre dans un monde où un grand nombre de personnes âgées peuvent travailler et ainsi faire bénéficier la société de leurs compétences et de leur expérience. Nombre des débats sur les systèmes économiques ont tendance à parler de la dépendance des personnes âgées. Mais ceux qui ont travaillé tout au long de leur vie bénéficient d'une retraite. On ne peut donc pas considérer qu'ils sont dépendants. L'adaptation des systèmes économiques à l'augmentation du nombre de personnes âgées nécessite des changements. Pour cela, il importe de mieux comprendre les incidences économiques de la longévité. Or, si l'on décide que le travail est un processus qui porte sur toute une vie, le problème est moins grand. Il faut aussi reconnaître le travail non rémunéré, toutes les contributions des personnes âgées et envisager une rémunération.

De l'avis de M. Desai, le plus grand défi est toutefois psychologique, voire idéologique. Dans toutes les sociétés, on a hérité d'une conception du vieillissement qui attribue à cette période de la vie de nombreuses qualités positives, mais la voit aussi comme le moment où la santé décline et les maladies se multiplient. L'une des tâches est de ne plus réfléchir en termes de catégories d'âges mais en termes d'individus qui vivent des relations d'interdépendance. C'est l'objectif d'une société pour tous les âges. L'une des plus grandes réalisations de l'Année a été de faire reconnaître le vieillissement comme reflétant le souci de toute la société dans son ensemble.

Mme HELEN R. HAMLIN, Présidente du Comité des Nations Unies-ONG sur le vieillissement, a noté qu'au cours de l'année passée, le Comité des ONG sur le vieillissement a travaillé en étroite collaboration avec le Programme des Nations Unies relatif au vieillissement et le coordonnateur de l'Année pour les personnes âgées du Département de l'Information pour promouvoir les thèmes et le cadre de travail de l'Année. Notre Comité s'est efforcé d'oeuvrer pour la création d'une "société pour tous les âges", a-t-elle expliqué.

De ce fait, elle a souhaité que se développe une prise de conscience du processus de vieillissement, de l'interdépendance des générations et que les questions des personnes âgées soient intégrées à toutes les activités de développement. Les personnes âgées sont un groupe à part entière de la population mondiale. L'âge n'est plus un frein mais une ressource pour la société, a-t-elle finalement insisté.

Présentations

M. ALEXANDRE SIDORENKO, Coordonnateur de l'Année internationale des personnes âgées aux Nations Unies, a fait remarquer que dans de nombreux pays du monde, de plus en plus d'efforts ont été faits pour étudier la situation des personnes âgées. En effet, à différents niveaux, la société a été très impliquée dans la promotion de l'Année internationale des personnes âgées et d'une "société pour tous les âges". Cinq Organisations non gouvernementales, l'Association internationale de la gérontologie (IAG); HelpAge International; AARP Coalition 99; la Fédération internationale sur le vieillissement (IFA) et la Fédération internationale des associations des personnes âgées (FIAPA), ont été tout particulièrement actives dans ce domaine, a-t-il souligné.

Les 600 millions de personnes âgées seront, en 2050, 2 milliards et dépasseront en nombre, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la population des enfants. M. Sidorenko a demandé à la société de reconnaître l'importance d'une continuité entre les générations. Il faut surmonter ce réflexe de considérer la vieillesse comme une énigme. Il a ensuite présenté les différents aspects d'une promotion de la "société pour tous les âges", notamment l'interaction entre les divers groupes d'âges, l'équité multigénérationnelle et l'enrichissement à toutes les étapes de la vie.

Enfin il a recommandé que soient poursuivis les efforts au niveau du cadre conceptuel de la "société pour tous les âges", de l'élaboration complète du programme de recherches sur le vieillissement, de la mise en service d'une base de données sur Internet sur les stratégies dans ce domaine et de l'examen par les experts des relations existant entre les technologies sociales et les liens multigénérationnels.

Mme FAITH INNERARITY, Directrice de la sécurité sociale au Ministère des affaires sociales de la Jamaïque et Vice-Présidente de la Commission du développement social, a fait remarquer que les relations entre les générations sont un élément central à la vie familiale. Partant, elle a estimé que l'on pourrait envisager une société pour tous comme une société qui s'adapte aux besoins et aux compétences de tous en permettant à chacun de s'épanouir au bénéfice de tous. Le vieillissement est un phénomène mondial et la proportion de personnes âgées dans le monde va doubler au cours des 50 prochaines années.

Les personnes âgées ne sont pas toujours dépendantes. La croissance importante de leur nombre pose des défis considérables pour les systèmes de sécurité sociale, de soins de santé et de pension. Il est clair que les personnes âgées vont jouer le rôle principal dans la modification de la perception que l'on a aujourd'hui du vieillissement. Le Plan d'action international sur le vieillissement constitue un cadre approprié pour élaborer les réformes nécessaires à l'adaptation à cette évolution démographique. Parallèlement à la réforme des systèmes de pension, la société doit assumer la responsabilité des personnes en marge du système formel. Les retraites sont gagnées à la sueur du front et sont le résultat d'une vie de travail. Cela doit aussi être sous-jacent dans tout le processus de réforme.

Mme Innerarity a estimé que des facteurs autres que l'âge, comme le sexe ou la classe sociale, devaient également être pris en considération dans l'établissement des priorités politiques dans le domaine social. Dans la région des Caraïbes, où les ressources sont limitées, il est difficile d'établir des priorités. De l'avis de Mme Innerarity, tant les jeunes que les personnes âgées doivent pourtant être considérés comme des groupes prioritaires. La représentante a encore souligné la question de la durée des années de travail et mis l'accent sur la nécessité de renforcer la solidarité et l'interdépendance entre les générations. La région des Caraïbes est actuellement dans une période de transition socioéconomique. Une Charte régionale va être adoptée prochainement qui prend en considération tous les problèmes d'ordre social et vise à créer une société pour tous les âges. En Jamaïque, tous les principes relatifs au vieillissement énoncés par l'ONU sont pris en considération. Les personnes âgées sont un avoir et non un fardeau, a insisté Mme Innerarity. C'est un point sur lequel on met toujours l'accent en Jamaïque, a-t-elle conclu.

S'agissant des relations entre les générations, on constate une augmentation de l'inégalité dans la répartition des ressources des allocations sociales au détriment des personnes âgées.

M. ALEXANDRE KALACHE, Président du Bureau pour la vieillesse et la santé mentale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a fait remarquer qu'il y a quelques générations les personnes âgées étaient soignées à domicile et que les institutions spécialisées n'existaient pas. Les changements de la société actuelle comme l'urbanisation, le travail des femmes, l'accroissement de l'espérance de vie, la diminution des taux de fécondité ont généré une situation bien différente. Nous nous trouvons au seuil d'un phénomène de vieillissement rapide et encore inconnu, a-t-il souligné.

Rappelant qu'il est originaire du Brésil, M. Kalache a ensuite fait observer que les répercussions du vieillissement qui affecte aussi bien les pays développés que les pays en développement sont toutefois bien différentes dans les deux cas. En effet, le monde développé s'est d'abord enrichi avant de vieillir ce qui n'est pas le cas pour les pays en voie de développement. Le vieillissement doit donc être au coeur de l'Agenda sur le développement, les personnes âgées actives pouvant apporter leur contribution à la société, a-t-il ajouté. En conclusion, il a présenté le programme des événements en célébration de cette Journée notamment une marche dans Central Park, samedi 2 octobre.

Mme ROLLING WALKER (Etats-Unis), Assistante sociale et médiatrice, a fait remarquer que l'on envisage plutôt avec appréhension les questions liées aux soins de santé pour les personnes âgées. Plus grands sont les besoins, moins nous nous sentons capables d'y répondre collectivement. Ces mêmes préoccupations sont sous-jacentes lorsque l'on dresse le portrait du vieillissement comme un âge actif, participatif au cours duquel les personnes âgées font partie intégrante de la population active. De la part des jeunes, c'est une peur liée au désir d'un monde moins compétitif, de la part des personnes âgées, une peur liée au choix ou à l'incapacité de participer à la société de cette manière. Dans notre monde actuel, et particulièrement aux Etats-Unis où l'indépendance est une priorité, on s'attend à ce que les personnes âgées restent jeunes, en pleine forme, actives et s'occupent des jeunes sous peine de devenir invisibles et d'être oubliées. Ces attentes et ces craintes sont décourageantes et égoïstes. Mme Walker a estimé que la question à se poser n'était pas "comment peut-on payer les soins aux personnes âgées", mais "comment peut-on ne pas payer les soins aux personnes âgées", alors que l'on n'hésite pas à dépenser de l'argent pour acheter un billet de loterie.

Evoquant son travail avec les personnes âgées, elle a mis l'accent sur les relations qu'elle a développées avec certaines de ces personnes. Ces interactions ont ouvert ma vie à certaines idées et expériences que je n'aurais pu imaginer, a-t-elle souligné. Mme Walker a indiqué que l'un de ses objectifs personnels est de faciliter les rencontres entre des femmes âgées issues de populations autochtones afin qu'elles puissent partager les expériences. Nombre de ces femmes se sentent isolées de par leur marginalisation et ne croient pas que leur vie et leur voix ont de l'importance. Les rencontres avec d'autres femmes comme elles peuvent être source d'inspiration. Aux jeunes générations, je demande qu'elles se souviennent de ceux à qui elles doivent d'être là. Nous devons nous souvenir que si nous avons beaucoup d'énergie et d'idées, d'autres ont marché avant nous avec les mêmes visions et les mêmes rêves pour l'humanité.

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