En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7145

IL FAUT METTRE FIN A LA PROLIFERATION DES ARMES LEGERES POUR CONSOLIDER LA PAIX ET PREVENIR LES CONFLITS

24 septembre 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7145
SC/6733


IL FAUT METTRE FIN A LA PROLIFERATION DES ARMES LEGERES POUR CONSOLIDER LA PAIX ET PREVENIR LES CONFLITS

19990924

Vous trouverez, ci-après, le texte de l'allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée le 24 septembre à New York, devant le Conseil de sécurité sur la question de la prolifération des armes légères:

Je suis heureux de me joindre à vous aujourd'hui, alors que vous cherchez à régler l'un des problèmes principaux que pose la prévention des conflits. Les armes légères sont en effet les principaux instruments de violence utilisés dans la plupart des conflits que connaît le monde.

La prolifération d'armes légères, de munitions et d'explosifs a aussi entraîné l'intensification de la violence qui est liée au terrorisme et à la criminalité organisée. Même dans les pays qui ne sont pas victimes de guerres civiles, la facilité avec laquelle n'importe qui peut se procurer des armes légères a, bien souvent, contribué à la violence et à l'instabilité politique.

Ces facteurs ont eu pour effet de compromettre les perspectives de développement et de porter atteinte à la sécurité des individus sous toutes ses formes. Il n'existe probablement pas d'instruments de violence qui soient aussi largement répandus, aussi faciles à obtenir et aussi difficiles à limiter que les armes légères.

Ce sont ces armes qui sont le plus souvent utilisées pour massacrer les civils, de plus en plus pris pour cibles dans les guerres modernes; de surcroît, contrairement à leurs victimes, les armes légères survivent de conflits en conflits, perpétuant par leur simple présence le cycle de la violence.

Souvent, ces armes sont même recyclées, transférées d'une région à une autre ou d'un conflit à un autre par des trafiquants d'armes dénués de tous scrupules qui, dans bien des cas, tirent parti des lacunes du système législatif ou exploitent les faiblesses des structures nationales de contrôle et de répression.

- 2 - SG/SM/7145 SC/6733 24 septembre 1999

Maintenant que le monde ne veut plus rester silencieux lorsque des violations flagrantes et systématiques des droits de l'homme sont commises, l'Organisation des Nations Unies se doit de s'attaquer au commerce des armes légères, tant du point de vue de l'offre que du point de vue de la demande.

Des Balkans à l'Asie de l'Est et à l'Afrique, les armes légères sont devenues les instruments préférées des tueurs. Nous devons faire le nécessaire pour leur retirer les moyens de tuer.

C'est surtout grâce à l'Organisation des Nations Unies que la question des armes légères a été portée à l'attention de la communauté internationale. Le rapport sur la question, que j'ai soumis à l'Assemblée générale en 1997, a eu un effet catalyseur, déclenchant tout une série d'initiatives.

Je suis heureux de rappeler qu'au mois de décembre dernier, l'Assemblée générale a décidé d'organiser au plus tard en 2001 une conférence internationale sur le commerce illicite des armes sous tous ses aspects. Le Conseil de sécurité a lui aussi été saisi de la question des armes légères, au départ dans le contexte de la mise en oeuvre de mon rapport sur l'Afrique.

Depuis lors, dans le cadre de l'examen de la question de l'Angola, ainsi que de celles des enfants dans les conflits armés et de la protection des civils en période de conflit armé, le Conseil a, fort justement, mis l'accent sur la nécessité de mettre fin à la prolifération des armes légères comme condition indispensable au règlement de toutes ces questions.

Dans le rapport que j'ai présenté au Conseil de sécurité sur la protection des civils en période de conflit armé, j'ai souligné que contrôler la prolifération des armes légères est une condition indispensable au succès du processus de consolidation de la paix, de même qu'à la prévention des conflits.

J'ai demandé instamment que le Conseil consacre une plus grande attention à la prévention des conflits et joue dans ce domaine un véritable rôle directeur. Je tiens aussi à souligner combien il importe que des mesures de désarmement et de démobilisation soient prévues dans les accords de paix ainsi que dans les mandats de toutes les opérations de maintien de la paix lancées par l'ONU.

La tâche qui nous attend est lourde, certes, mais un certain nombre d'éléments positifs sont d'ores et déjà à relever dans la lutte contre la prolifération des armes légères, plus particulièrement le trafic d'armes.

En Afrique, donnant suite à une initiative lancée par le Mali, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a déclaré un moratoire sur la production et le transfert d'armes légères, et ce, dans 16 pays. Le PNUD aide la CEDEAO à mettre en oeuvre le moratoire.

- 3 - SG/SM/7145 SC/6733 24 septembre 1999

L'Organisation de l'unité africaine a elle aussi agi : elle a décidé d'organiser une conférence régionale sur les armes légères pour préparer la Conférence internationale sur le commerce illicite des armes.

En Europe, l'action commune de l'Union européenne, qui vise à prévenir et enrayer le trafic d'armes classiques, est un autre élément encourageant. Plus précisément, en Albanie, le PNUD, agissant en collaboration étroite avec le Département des affaires de désarmement, a lancé un projet intitulé "Des armes pour le développement". Le succès de ce projet pilote a amené le Gouvernement albanais à demander que des projets analogues soient exécutés dans d'autres régions du pays.

Enfin, en Amérique, l'Organisation des États américains a adopté en novembre 1997 la Convention interaméricaine contre la fabrication illicite et le trafic d'armes à feu, munitions, explosifs et autres matériels connexes.

Cette lutte contre la prolifération des armes légères a aussi profité de la contribution de la société civile, dont l'engagement est de plus en plus actif.

La création, vers le début de l'année, du Réseau international d'action contre les armes légères a contribué à appeler l'attention de l'opinion publique sur la question, ce qui nous a aidé à acquérir l'appui du grand public, si utile pour notre succès.

La communauté internationale ne doit pas manquer de saisir l'occasion qu'offrira en 2001 la Conférence internationale : elle devra manifester résolument la volonté politique de mettre fin à la prolifération des armes légères dans le monde.

Les efforts que nous entreprenons dans un contexte plus large pour promouvoir la paix et la sécurité, quels que soient les moyens utilisés — prévention des conflits, développement, diplomatie ou, lorsque cela s'avère nécessaire, intervention — dépendent dans une grande mesure de la façon dont nous nous attaquons au problème plus limité et plus précis, qui consiste à réduire les instruments de guerre et de violence.

Réduire les armes légères est un objectif réaliste — et réalisable — que prévention, action et coopération peuvent nous permettre d'atteindre. Sous la direction du Conseil de sécurité et grâce à l'effort et à l'action de vos gouvernements, je suis persuadé que nous y parviendrons.

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