En cours au Siège de l'ONU

CS/1090

L’INDONESIE ESTIME POUR L’INSTANT INOPPORTUN LE DEPLOIEMENT D’UNE FORCE INTERNATIONALE AU TIMOR ORIENTAL MALGRE LES APPELS EN CE SENS

11 septembre 1999


Communiqué de Presse
CS/1090


L’INDONESIE ESTIME POUR L’INSTANT INOPPORTUN LE DEPLOIEMENT D’UNE FORCE INTERNATIONALE AU TIMOR ORIENTAL MALGRE LES APPELS EN CE SENS

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La menace d'un isolement international de l'Indonésie, si la situation au Timor oriental ne se stabilisait pas, a été brandie par plusieurs délégations au cours d'un débat ouvert ce samedi au Conseil de sécurité. "Personne ne veut voir l'Indonésie au ban de la communauté internationale mais son avenir est maintenant entre ses mains", a ainsi averti le représentant des Etats-Unis, en appelant le Secrétaire général de l'ONU et le Portugal à signifier aux autorités indonésiennes que le pays "risque l'isolement sur le plan international, tout comme il risque de voir ses rêves économiques et politiques brisés", s'il ne prenait pas les mesures nécessaires pour restaurer l'ordre et la sécurité au Timor oriental et permettre la poursuite du processus devant mener ce territoire à l'indépendance. L'Indonésie a été fermement rappelée à ses responsabilités en ce qui concerne le maintien de l'ordre et de la sécurité au Timor oriental qu'elle a elle-même voulu assumer aux termes des Accords du 5 mai. Plusieurs délégations ont dénoncé la connivence de militaires et de policiers indonésiens avec les milices anti- indépendantistes dans certains cas où des actes de violence et d'intimidation ont été commis. "Si le Gouvernement indonésien est incapable de remplir ses obligations, il doit permettre à la communauté internationale de l'aider à restaurer l'ordre au Timor oriental", a déclaré le représentant du Royaume- Uni, appuyant, à l'instar de nombreuses autres délégations la proposition réitérée aujourd'hui devant le Conseil par le Secrétaire général de déployer une force internationale. Plusieurs pays, tels que l'Australie, la Nouvelle- Zélande, le Royaume-Uni ou encore la France, ont d'ores et déjà indiqué leur disposition à participer à une telle force mandatée par le Conseil de sécurité. Plusieurs délégations, dont la Chine, la Fédération de Russie, ainsi que les pays de l'Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ont toutefois insisté sur la nécessité d'obtenir l'accord préalable de l'Indonésie.

"Nous ne rejetons pas une force de maintien de la paix de l'ONU mais le moment de cette initiative n'est pas encore venu", a répondu le représentant de l'Indonésie, citant le Général Wiranto, chef d'Etat-major des armées indonésiennes. Pour le Gouvernement indonésien, le déploiement d'une force internationale ne peut se faire que dans le cadre de la Phase III des Accords du 5 mai. Cette phase des Accords, signés par l'Indonésie et le Portugal sous l'égide du Secrétaire général, doit débuter après l'annulation par le Parlement indonésien du décret de 1978 par lequel le Timor oriental fut intégré à l'Indonésie. "Le moment n'est pas aux condamnations et aux accusations, mais plutôt à la prise d'initiatives pouvant améliorer la situation dans le territoire. Aucune limite de temps ne devrait être imposée pour le retour à l'ordre. Davantage de temps devrait être donné pour que les effets de la loi martiale se fassent sentir", a déclaré le représentant de l'Indonésie.

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Pour le Portugal, "les Nations Unies ne peuvent se contenter, une fois de plus, d'assister de manière impuissante au dérapage d'un processus, qu'elles-mêmes, ont mis en place". Partant, le représentant a demandé au Conseil de sécurité d'obliger l'Indonésie à prendre des mesures concrètes pour arrêter les massacres et restaurer l'ordre.

Les membres suivants du Conseil de sécurité ont fait une déclaration : Brésil; Etats-Unis; France; Argentine; Canada; Gabon; Chine; Royaume-Uni; Fédération de Russie; Slovénie; et Pays-Bas. Les représentants des pays suivants sont également intervenus : Portugal; Australie; Bélarus; Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés); République de Corée; Irlande; Philippines; Afrique du Sud; Egypte; Soudan; Cambodge; Mozambique; Cuba; Norvège; Equateur; République démocratique populaire lao; Chili; Nouvelle-Zélande; Allemagne; Libye; Italie; Uruguay; Grèce; Pakistan; Espagne; Viet Nam; Papouasie-Nouvelle-Guinée; Guinée Bissau; Singapour; Suède; Iraq; Angola; Cap Vert; Iran; Belgique; Inde; Danemark; Luxembourg; Autriche; et Indonésie.

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Débat

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé le vote de rejet, le 30 août dernier, de la proposition indonésienne qui ouvre la voie à l'indépendance du Timor oriental. Les conditions dans lesquelles la consultation de la population s'est tenue étaient loin d'être idéales mais le résultat est parfaitement clair et ne laisse aucun doute quant à l'intégrité et la régularité du scrutin. La communauté internationale doit donc maintenant procéder sans hésitation à l'application des résultats du scrutin. Malheureusement, très vite après le scrutin, le Timor oriental a basculé dans le chaos. L'ampleur de la destruction est bien plus grande que ce qu'avaient prévu les observateurs et il y a eu des incidents qui tombent dans la catégorie de crimes contre l'humanité dont les auteurs seront tenus responsables. Le Secrétaire général a souligné la réponse internationale importante au drame du Timor oriental. Il a indiqué qu'il était en contact téléphonique constant avec de nombreux dirigeants du monde, en particulier le Président indonésien Habibie, afin de créer les conditions pour que la MINUTO puisse s'acquitter de son mandat. La première condition, a-t-il rappelé, est la restauration de l'ordre public, une tâche qui incombe à l'Indonésie. La mission mandatée par le Conseil de sécurité vise à rappeler à l'Indonésie ses responsabilités dans le cadre des Accords de mai.

Malgré les efforts déployés, la situation n'a cessé de se détériorer, a déploré le Secrétaire général. Ainsi, tous les bureaux de l'ONU au Timor oriental ont été évacués sauf un, et de nombreux membres du personnel ont dû être évacués, cela malgré la présence importante de forces de police et de militaires indonésiens. Il est clair que ceux-ci ne peuvent ou ne veulent pas contrôler la situation. La poursuite de la présence de la MINUTO continue de faire l'objet d'un examen minutieux. Mercredi et jeudi, des convois de la MINUTO ont été attaqués par des milices armées malgré la présence de la police indonésienne. Environ un millier d'Est-Timorais sont actuellement réfugiés dans le complexe de la MINUTO dans des conditions précaires. Mais, il ne s'agit là que d'un aspect du désastre humanitaire qui frappe le Timor oriental, a souligné le Secrétaire général. La grande majorité de la population a, en effet, été déplacée. La faible présence internationale au Timor oriental ne permet pas de se rendre compte précisément de la situation. Mais il est clair qu'il faudrait une action urgente pour assurer les besoins fondamentaux de la population. M. Annan a indiqué que la situation à Dili est calme aujourd'hui et la mission du Conseil est sur place ce qui permettra de l’évaluer. Il a appelé les forces indonésiennes à assurer la sécurité de la population, en particulier celle des dirigeants civils des partisans de l'indépendance. Une fois de plus, le Secrétaire général a prié l'Indonésie d'accepter le déploiement d'une force internationale pour aider au maintien de l'ordre au Timor oriental. La réunion d'aujourd'hui symbolise la détermination des membres du Conseil et de l'ONU à faire respecter les dispositions de la Charte.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a rappelé que son pays avait, à plusieurs reprises, demandé au Conseil de sécurité de faire face à ses responsabilités dans la gestion de la crise du Timor oriental. Le Conseil de sécurité est, selon la Charte de l'Organisation des Nations Unies, responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et il ne fait pas de doute que la sécurité internationale est en danger au Timor oriental. Le peuple du Timor oriental a clairement exprimé sa volonté qui, malheureusement, n'a pas été respectée.

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Au cours de la semaine écoulée, la situation dans le territoire s'est constamment dégradée, car pas à pas, les "milices", en fait un bras des forces de sécurité indonésiennes, ont massacré les populations, pillé des biens et détruit tous les bâtiments publics de Dili, la capitale. Nous sommes ici confrontés au visage odieux de la violence militaire et de la mauvaise foi, qui se dissimulent sous le couvert de la démocratie. La tragédie du Timor n'est pas différente de ce point de vue, de ce qui s'est passé au Kosovo ou au Rwanda, dans sa dimension humaine, et à cet égard, nous aimerions lancer un appel à toutes les agences humanitaires et au Comité international de la Croix-rouge, pour qu'ils accentuent leurs efforts d'assistance aux personnes dans le besoin.

Rien ne semble hors de portée aux prétendues milices. Mgr Belo, le Prix Nobel de la paix, a été attaqué deux fois en 24 heures et forcé de chercher refuge en Australie. Et un nombre indéterminé de prêtres et de religieuses, dont l'assistant personnel de l'Archevêque, ont été assassinés de sang-froid. C'est à se demander si la crise n’était pas en outre nourrie de ressentiment religieux, la population du Timor orientale, étant catholique. Les Nations Unies ne peuvent pas se permettre, une fois de plus, d'intervenir dans un conflit en se contentant d'observer de manière impuissante le processus mis en place perdre son orientation. C'est la crédibilité de l'ONU qui est en jeu. La consultation populaire en fait, n'a servi qu'à permettre à ceux qui y étaient opposés, d'identifier les militants de la démocratie et de l'indépendance, qui sont 80% de la population, et de les traiter de la manière la plus dure possible. Xanana Gusmao, qui n'a même pas été autorisé à faire campagne pour sa cause, ne doit sa vie qu'au fait qu'il était à Djakarta, et au fait qu'au moment de sa libération, il a cherché refuge dans une ambassade étrangère. Nous demandons que le Conseil de sécurité prenne des actions cruciales en vue d'obliger l'Indonésie à adopter des mesures concrètes pour arrêter les massacres et restaurer l'ordre ainsi que pour mettre fin à la déportation de la population et assurer son retour. L’Indonésie devra permettre aux agences des Nations Unies et à la Croix-Rouge de fournir de l'aide aux personnes déplacées et dans le besoin, devra mettre en place les conditions permettant à la MINUTO de remplir son mandat, et devra garantir la sécurité et l'intégrité physiques des Timorais qui ont cherché refuge dans l'enceinte de la mission de l'ONU. Ayant refusé de remplir ses responsabilités, l'Indonésie ne devrait pas continuer à refuser une assistance internationale en vue de faire face à la situation. Nous lançons un appel urgent au gouvernement indonésien dans ce sens, le général Wiranto, qui est directement responsable de la décision d'instaurer la loi martiale, ayant indiqué que son pays accepterait que l'envoi d'une force internationale soit accéléré. Nous espérons que ce ne sont pas des mots creux. Si l'Indonésie refusait cette force, elle ne pourrait échapper aux accusations de crimes contre l'humanité, comme l'a souligné hier le Secrétaire général. Dans tous les cas, les responsables de ces crimes devront en répondre.

M. GELSON FONSECA (Brésil) a déclaré qu'il fallait trouver le moyen d'amener le Gouvernement indonésien à se conformer aux Accords de mai. Si nécessaire, le Conseil doit envisager de nouvelles actions conformément aux dispositions appropriées de la Charte. Nous ne pouvons attendre plus longtemps alors que le désordre règne au Timor oriental et que la population est massacrée par les milices criminelles.

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De l'avis du Brésil, la déclaration du Secrétaire général suggère des directives pour les délibérations du Conseil. Le Brésil partage son évaluation de la situation au Timor oriental. Comme l'a dit hier le Secrétaire général, ces événements pourraient s'apparenter à des crimes contre l'humanité.

M. Fonseca a appelé la communauté internationale à ne pas rester passive ou hésitante face aux atrocités commises contre la population du Timor oriental. Même si nous ne disposons pas encore d'une évaluation complète de la situation, il est absolument certain que la crise humanitaire s'aggrave et que le droit le plus fondamental qu'incarne cette Organisation, à savoir le droit à l'autodétermination, est bafoué. Dans le cadre des Accords de mai, les parties ont accepté des responsabilités. Le Gouvernement indonésien doit maintenir la loi et l'ordre au Timor oriental. Malheureusement, les autorités indonésiennes se sont montrées incapables de contenir la violence. Nous appelons à nouveau le Gouvernement indonésien à accepter l'aide de la communauté internationale pour assurer les conditions de sécurité nécessaires pour l'application des Accords de mai. Certains pays se sont déjà déclaré disposés à aider l'Indonésie à ramener la paix et la stabilité au Timor oriental. Le Brésil est prêt à se joindre à cet effort et contribuera à toute force internationale aussitôt qu'elle sera mandatée par le Conseil de sécurité. Nous comptons que le Gouvernement indonésien acceptera cette force internationale sans délai. La violence au Timor oriental doit cesser. La volonté de sa population doit être respectée. La Charte de l'ONU fournit le cadre approprié pour une action du Conseil de sécurité. Aucune option ne devrait être exclue. Soyons raisonnables. Mais soyons aussi fermes et résolus. La communauté internationale doit faire appel à tous les moyens à sa disposition dans le cadre de la Charte pour assurer que la restauration de la paix au Timor oriental et la pleine application des Accords de mai.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a souligné que le système des Nations Unies est confronté aujourd’hui à un défi au Timor oriental et au Kosovo puisque dans les deux cas la communauté internationale est appelée à mettre l’Organisation à l’épreuve, organisation en faveur de laquelle les Etats-Unis sont pleinement engagés, a souligné le représentant. L’Indonésie, a poursuivi le représentant, revêt “une importance immédiate pour chacun d’entre nous”. Il a souligné que le 5 mai dernier, le Gouvernement de ce pays a “pris une position courageuse pour résoudre la question du Timor oriental, d’une manière conforme aux meilleures traditions de la Charte des Nations Unies”. En un geste, plus de 400 000 Est-Timorais, faisant preuve de courage et de dignité, ont rappelé à tous la place vitale du scrutin et le rôle essentiel des Nations Unies dans l’appui et la supervision des élections. Ce qui se produit aujourd’hui au Timor oriental, a poursuivi le représentant, va à l’encontre de tout ce que “l’institution des Nations Unies défend. Ces évènements sont une violation grossière de tout ce que les Etats membres des Nations Unies représentent”. Le représentant a exhorté le Gouvernement indonésien à comprendre qu’il se dirige droit vers un point de non-retour à moins qu’il n’inverse le cours des choses.

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“Personne ne veut voir l’Indonésie au ban de la communauté internationale mais son avenir est maintenant entre ses mains”, a insisté le représentant en faisant part des “informations claires” selon lesquelles “les troupes du Général Wiranto appuient, encouragent, dirigent et parfois participent aux atrocités sur le terrain”. Comment, s’est interrogé le représentant, peut-on attendre du peuple du Timor oriental, des Nations Unies et de la communauté internationale qu’ils confient leur sécurité à ces mêmes soldats sous le même commandement”.

La communauté internationale doit parler d’une seule voix et dire clairement que l’Indonésie doit permettre une présence internationale comme l’a proposé le Secrétaire général, aujourd’hui, tout comme l’équipe du Conseil de sécurité qui s’est rendue sur place. Selon certaines sources d’informations, l’Indonésie serait prête à accepter une telle force, a indiqué le représentant, en appelant le Gouvernement de ce pays à le “faire immédiatement”. Réitérant l’importance que son pays attache à une “action immédiate”, le représentant a rappelé que son Gouvernement a suspendu tous ses programmes de coopération militaire avec l’Indonésie ainsi que la vente et la fourniture d’armes. Il a ajouté que la poursuite de la crise au Timor oriental ne peut que causer des “dommages irréparables” à l’économie, au processus politique et au peuple de l’ensemble de la nation indonésienne. La capacité des Etats-Unis à travailler avec l’Indonésie à sa démocratie, à sa prospérité et à son intégrité territoriale se voit gravement limitée à moins d’un règlement de la situation au Timor oriental, a conclu le représentant en lançant un dernier appel au Président indonésien et aux autres fonctionnaires de haut niveau, en particulier le commandement militaire, pour qu’ils permettent immédiatement l’arrivée d’une force multinationale. Il a lancé un appel au Secrétaire général et au représentant du Portugal pour qu’ils signifient aux autorités indonésiennes que le pays risque l’isolement sur le plan international tout comme il risque de voir des dommages à ses rêves économiques et politiques s’il ne prenait pas les actions nécessaires.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a qualifié d’intolérable la situation actuelle au Timor oriental en l’imputant “à la rébellion d’une fraction des populations concernées contre l’ordre international et contre les engagements du Gouvernement indonésien”. Quel que soit l’écart entre les réactions officielles indonésiennes, qui sont de respecter le référendum, et le comportement des bandes armées, force est de constater, a poursuivi le représentant, les dimensions extrêmement alarmantes du désastre. La question est simple, a-t-il dit, “sommes-nous en 1994, à l’heure du Rwanda, en 1998, à l’heure du Kossovo. Allons-nous réagir à temps, empêcher à temps l’exode forcé, les massacres”. Il est clair, a insisté le représentant, que les mesures prises par les autorités indonésiennes n’ont pas d’effet: la sécurité n’est pas rétablie. Le choix de l’indépendance aujourd’hui combattu par les armes, est menacé. Le représentant a poursuivi en soulignant que depuis le début des évènements, le Conseil de sécurité a réagi; il a envoyé une mission sur place et s’est déclaré prêt à assumer ses responsabilités afin que soient restaurés l’ordre et la sécurité et que les accords du 5 mai soient pleinement respectés. Jour après jour, a souligné le représentant, le Conseil en appelle au Gouvernement indonésien.

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Nous voulons croire, a affirmé le représentant, que le Gouvernement indonésien comprend la nécessité de respecter les engagements et d’assurer l’ordre et la sécurité de tous au Timor oriental. L’impasse ne peut plus durer et si les autorités indonésiennes ne sont pas en mesure, comme malheureusement les faits paraissent le démontrer, de s’acquitter seules de leur responsabilité de restaurer l’ordre et d’appliquer l’accord du 5 mai, alors elles doivent entendre l’offre qui lui est faite par la communauté internationale de l’aider à atteindre ces objectifs, a souligné le représentant. Il a conclu par ces mots “la France souhaite que le Conseil de sécurité se tienne prêt à se prononcer, compte tenu de l’évaluation de la mission dépêchée sur place, sur la création d’une force internationale visant à contribuer au retour de la paix. Si, les conditions en étant réunies, le Conseil de sécurité décidait de la création de cette force, la France y prendrait part.”

M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a déclaré que son pays partage les préoccupations du Gouvernement portugais qui a demandé à plusieurs reprises que le Conseil de sécurité prenne en main la gestion de la crise du Timor oriental. Lorsque le 30 août dernier la population du Timor oriental a exprimé librement sa volonté d'indépendance, nous avons acclamé et félicité la décision du Président Habibie de permettre la tenue d'un scrutin libre. La collaboration de l'Indonésie a été jusque là sans faille, et nous avons félicité le Secrétaire général, M. Kofi Annan, et le Portugal pour le rôle qu'ils ont joué dans le processus. Mais depuis, les choses se sont dégradées, et notre gouvernement a soutenu, comme les autres membres du Conseil de sécurité, les initiatives prises par le Secrétaire général pour que l'Indonésie trouve une issue à la crise. L'envoi d'une mission sur le terrain a permis de maintenir un dialogue avec les autorités de Djakarta, mais au-delà de ce dialogue, il faut que les autorités indonésiennes assument tous les engagements qu'elles ont pris dans le cadre des Accords du 5 mai. Nous lançons un appel aux tendances politiques et militaires qui, en Indonésie semblent faire fi du droit international et du droit humanitaire pour qu'elles les respectent. L'Argentine soutient le Secrétaire général, qui, conformément aux Accords du 5 mai, a rappelé que l'Indonésie est responsable de tous les évènements qui se déroulent sur le terrain. Certaines tendances du pouvoir dans ce pays semblent oublier la responsabilité qu'elles ont, face à la communauté internationale, et ceux qui sont derrière les derniers évènements devront en payer les conséquences. L'Indonésie, qui fait face à un processus de changement politique interne, doit comprendre que les éléments les plus extrémistes et violents de son pouvoir politique ne représentent pas ses meilleurs intérêts sur la scène internationale.

M. ROBERT FOWLER (Canada) s’est déclaré scandalisé par les exactions des milices intégrationnistes du Timor oriental depuis la tenue du référendum du 30 août. Ces milices agissent de toute évidence en connivence avec l’armée et la police indonésienne, a souligné le représentant qui a poursuivi en rappelant que lors de ses débats sur la protection des civils dans les conflits armés, le Conseil de sécurité a souligné qu’il était important de traduire en justice les individus qui incitent à la violence ou commettent des actes de violence contre les civils ainsi que ceux qui violent le droit humanitaire international et les droits de l’homme.

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A cet égard, a insisté le représentant, le Conseil a également exprimé sa volonté d’agir lorsqu’il est confronté à des situations dans lesquelles les civils sont pris pour cible ou lorsque ces forces font délibérément obstruction à l’assistance humanitaire. Le Gouvernement indonésien, a continué le représentant, doit assumer immédiatement la responsabilité qui lui incombe de garantir la sécurité au Timor oriental. S’il est incapable ou refuse de le faire, il doit permettre à la communauté internationale de l’aider afin que le peuple timorais retrouve la sécurité. “Si l’Indonésie continue de refuser de respecter ses engagements, elle sera accablée par l’opprobre de la communauté internationale”, a affirmé le représentant avant de dénoncer le fait que “Les soldats et la police indonésiens restent les bras croisés –quand ils ne participent pas aux pillages et ne mettent pas le feu aux maisons, comme l’affirment tous les rapports des médias et des témoins oculaires”. Le représentant a, en conséquence, appelé le Gouvernement indonésien à “confronter la réalité de ce qui passe réellement au Timor oriental et à mettre fin à ces exactions”. Le Canada est prêt, a-t-il conclu, à considérer favorablement les appels internationaux visant à soulager la peine au Timor oriental, mais pour cela, l’Indonésie doit garantir de manière crédible la sécurité de l’acheminement de l’aide humanitaire et traduire ces garanties en réalité.

M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a rappelé que les Timorais ont rejeté majoritairement l'autonomie assortie proposée par l'Indonésie le 30 août dernier. Tout en rendant hommage au Gouvernement indonésien pour avoir signé les Accords de mai et accepté l'organisation du scrutin, le Gouvernement gabonais est surpris par la situation actuelle de violence au Timor oriental. Partant, il a encouragé le Gouvernement indonésien à accepter le déploiement d'une présence internationale au Timor oriental afin de ramener la sécurité. L'Indonésie est un grand pays qui joue un rôle important dans la stabilité et la prospérité de l'Asie et du reste du monde. Les événements malheureux des derniers mois en portent témoignage. Le Gabon souhaite que l'Indonésie poursuive dans la concorde les réformes qu'elle a entreprises.

M. QIN HUASUN (République populaire de Chine) a déclaré que la consultation populaire, tenue, il y deux semaines, a été une opportunité historique pour résoudre de manière pacifique la question du Timor oriental. Le peuple du Timor oriental a, à cette occasion, fait le choix de son avenir, et la République populaire de Chine appelle en conséquence toutes les parties concernées à respecter la volonté du peuple timorais. Notre espoir, a poursuivi le représentant, est de voir le résultat du scrutin pleinement mis en œuvre dans un environnement d'ordre et de paix. La montée continuelle de la violence et les conséquences humanitaires qui en découlent, préoccupent énormément la Chine, et nous espérons que les mesures prises par le Gouvernement de l'Indonésie auront les résultats désirés le plus tôt possible. La Chine apprécie la coopération des Nations Unies avec les Gouvernements indonésien et portugais sur la question du Timor. Selon la Charte, le Conseil de sécurité est en premier lieu responsable de la sécurité internationale et régionale, et la question du Timor oriental doit être réglée par les Nations Unies. Le déploiement d'une force de maintien de la paix devrait se faire à la requête du Gouvernement de l'Indonésie et par approbation du Conseil de sécurité. La Chine est prête à travailler dans ce sens.

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M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a indiqué qu’il a eu ce matin un entretien avec le représentant permanent du Royaume-Uni auprès de l'ONU, M. Jeremy Greenstock qui participe à la mission du Conseil de sécurité en Indonésie et au Timor oriental. Celui-ci lui a confirmé la gravité de la situation et l'urgence de la crise humanitaire. La réunion avec le Président Habibie demain aura une importance décisive, a-t-il ajouté. Le Royaume-Uni respecte l'attitude audacieuse du Gouvernement indonésien à l'égard du Timor oriental qui semblait refléter les nouvelles valeurs de la nouvelle Indonésie démocratique. Les élections récentes en Indonésie ont été un modèle du genre. Avec les Accords du 5 mai, on semblait pouvoir s'attendre à la fin de deux décennies de conflit entre l'Indonésie et la communauté internationale et plus de deux décennies de violence au Timor oriental. Personne n'a de doute quant aux résultats du scrutin et ceux-ci doivent être respectés. La communauté internationale doit être aux côtés de la population timoraise à cette fin. Le Timor oriental doit le moment venu devenir indépendant.

Aujourd'hui, nous sommes témoins d’histoires horrifiantes et avons des preuves, de sources de l'ONU et d'autres observateurs, de ce qui se passe. Les milices pillent et attaquent. Selon des informations, des femmes et des enfants sont déportés dans des camions vers le Timor occidental, alors que les hommes restent au Timor oriental. Nous savons, depuis la crise du Kosovo, ce que cela peut signifier. La population est terrifiée. La faim commence à se faire sentir, frappant particulièrement les enfants. L'imposition de la loi martiale a fait très peu pour ramener l'ordre. Les informations indiquent que la situation pourrait devenir pire. Selon ces informations, les forces armées indonésiennes ferment les yeux ou participent elles-mêmes aux actes de barbarie au Timor oriental. Si l'Indonésie est incapable de remplir ses obligations, elle doit permettre à la communauté internationale de l'aider à restaurer l'ordre et à assurer une transition pacifique vers l'indépendance du Timor oriental. Le Royaume-Uni a fait part, à plusieurs reprises, à l'Indonésie de sa disposition à fournir une aide pratique et un appui pour la restauration de la sécurité au Timor oriental. Ces offres ont été rejetées jusqu'à présent. Le Gouvernement indonésien affirme qu'il a besoin davantage de temps. Nous comprenons que l'ordre ne peut être rétabli du jour au lendemain. Mais combien de temps le Gouvernement indonésien pense-t-il que nous devons attendre ? Combien de personnes doivent encore mourir ?

Le Royaume-Uni attend avec intérêt le rapport de la mission du Conseil de sécurité. Il se félicite du fait que le Gouvernement ait accepté de permettre aux personnels humanitaires d'entrer au Timor. Mais cela ne suffit pas. Le Gouvernement doit leur assurer la sécurité ou accepter que d'autres le fassent. Par-dessus tout, le Gouvernement indonésien doit permettre à la MINUTO d'opérer dans le territoire. Elle a un rôle central à jouer dans le processus approuvé par l'Indonésie. Il faudrait que les militaires indonésiens prennent des mesures immédiates pour assurer la sécurité, sinon l'Indonésie sera tenue responsable par la communauté internationale. Le Royaume-Uni ne remet en question ni la souveraineté ni l'intégrité de l'Indonésie mais si l’Indonésie persiste dans cette voie elle risque de saper tous les progrès remarquables réalisés au cours des derniers douze mois, a-t- il dit.

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M. SERGEI LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que les actes de violences qui ont cours au Timor oriental doivent prendre fin. La Russie s'est félicitée de la signature des Accords du 5 mai, qui semble présager la fin d'un conflit qui dure depuis 24 ans. Mais les évènements des derniers jours ont fait dérailler le processus mis en place. Il faut aujourd'hui que le gouvernement de l'Indonésie permette l'intervention de la communauté internationale pour une juste mise en œuvre des résultats de la consultation populaire qui s'est tenue le 30 août. L'ordre doit être rétabli. Si la partie indonésienne agréait les mesures proposées par la communauté internationale, la Fédération de Russie serait prête à travailler au sein du Conseil de sécurité pour un soutien de la communauté internationale à la mise en place de mesures consensuelles pour un retour à la normale de la situation.

Mme PENNY WENSLEY (Australie) a déclaré que la situation déplorable qui prévaut actuellement au Timor oriental est due à l'incapacité des militaires indonésiens à honorer l'engagement pris par l'Indonésie d'assurer la sécurité au Timor oriental au cours de la consultation et du processus de transition. L'Australie appelle l'Indonésie à accepter immédiatement le déploiement d'une force internationale mandatée par l'ONU pour assurer la sécurité nécessaire pour que la MINUTO puisse poursuivre sa tâche. Les Nations Unies sont présentes au Timor oriental, a-t-il rappelé, parce qu'elles ont été appelées - par le Gouvernement indonésien et le Gouvernement du Portugal - à jouer un rôle dans l'application de l'accord historique entre ces deux pays sur la question du Timor oriental. L'ONU a été invitée par le Gouvernement de l'Indonésie à aider à l'organisation de la consultation populaire du peuple timorais. L'Australie appelle donc le Gouvernement indonésien à s'engager sans équivoque à respecter les résultats du scrutin du 30 août et à accélérer le transfert du contrôle du Timor oriental aux Nations Unies, conformément aux Accords du 5 mai.

Dans l'immédiat, la tâche la plus urgente est de restaurer la paix et la sécurité, une responsabilité qui incombe indiscutablement au Gouvernement indonésien. L'Indonésie doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire cesser la violence, contrôler les milices, permettre le retour des personnes déplacées et entamer le processus de restauration de la normalité sur le territoire. Des mesures à cette fin doivent être prises immédiatement. L'Australie est préoccupée par le discrédit que les actes des militaires indonésiens jettent sur l'Indonésie dans son ensemble. L'Australie est prête à aider l'Indonésie, à contribuer et à mener une force multinationale de sécurité pour l'aider à ramener l'ordre et la sécurité et permettre le retour de l'ONU. Un certain nombre d'autres pays sont disposés à se joindre à nous. Mais nous avons besoin de la coopération de l'Indonésie. Il est temps que l'Indonésie demande l'aide de la communauté internationale. L'Australie travaille également avec l'ONU et les ONG sur le plan humanitaire. Le 9 septembre, une aide humanitaire d'urgence a été annoncée et nous sommes prêts à fournir davantage dès que la situation le permettra en termes de sécurité.

M. ALYAKSANDR SYCHOV (Bélarus) a dit que les évènements du Timor oriental font craindre que le processus politique engagé dans ce territoire n'aboutisse pas. La possibilité de résoudre de façon diplomatique la crise en cours doit cependant demeurer la seule option et les termes des Accords du 5 mai doivent être respectés.

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Les Nations Unies et le Conseil de sécurité en particulier, sont les seuls responsables de la préservation de la paix et de la sécurité au Timor oriental. Le Bélarus tient à rappeler ce fait, en espérant que les violences actuelles dans ce pays prendront fin et que les résultats du scrutin du 30 août pourront être respectés.

Mme MARJATTA RASI (Finlande), au nom de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne a exprimé sa profonde préoccupation auprès des autorités indonésiennes et leur a lancé un appel pour qu’elles assument leurs obligations découlant de l’Accord du 5 mai. L’Union européenne, a dit la représentante, souligne que la consultation populaire du 30 août a fourni l’occasion à la population du Timor oriental d’exprimer sa volonté en faveur du choix clair et démocratique de l’indépendance. Le caractère irréversible de ce choix doit être respecté, a insisté la représentante. Rappelant la position de l’Union européenne, elle a souligné qu’il est de la responsabilité du Gouvernement indonésien d’assurer la sécurité, la stabilité et l’ordre public au Timor oriental. Il lui incombe donc de désarmer les milices et de traduire en justice les responsables des tueries. La représentante a exhorté le Gouvernement indonésien à accepter une présence armée internationale, sous mandat du Conseil de sécurité, pour l’assister dans cette tâche. Elle a conclu en faisant part de la préoccupation de l’Union européenne face à la détérioration de la situation humanitaire au Timor oriental et en souhaitant que les conditions soient réunies pour une reprise rapide de l’assistance humanitaire.

M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) a déclaré que sa délégation déplore la rapide dégradation de la situation humanitaire au Timor oriental, même après l'imposition de la loi martiale, et est profondément préoccupée par le sort des dizaines de milliers de personnes déplacées à l'intérieur du territoire. Nous reconnaissons cependant le pas positif fait par le gouvernement indonésien au moment où il acceptait le principe de l'organisation d'une consultation populaire au Timor oriental, a-t-il dit. Mais maintenant que les populations de ce territoire ont librement exprimé leur choix pour l'avenir, nous pensons fermement que les résultats de la consultation populaire devraient être la seule base sur laquelle la tragédie du Timor oriental devrait trouver une solution. Nous appelons de fait toutes les parties en présence à réaffirmer leur engagement à respecter les résultats du vote populaire et à prendre toutes les mesures nécessaires pour les mettre en pratique. Le Gouvernement de la République de Corée a suivi attentivement les mesures prises par le gouvernement indonésien en vue de restaurer l'ordre et d'aider à la fourniture de l'aide humanitaire. Mais au vu de la détérioration de la situation, nous lançons un appel à l'Indonésie pour qu'elle prenne des mesures plus décisives et vigoureuses pour protéger les vies humaines et faciliter les activités de la MINUTO. Nous espérons que l'Indonésie cherchera l'aide de la communauté internationale pour pouvoir remplir ses responsabilités dans le maintien de l'ordre et de la sécurité.

M. RICHARD RYAN (Irlande) a déclaré que sa délégation s'associait à la déclaration faite par la Finlande au nom de l'Union européenne. Le peuple et le gouvernement irlandais ont été profondément choqués par les évènements survenus à la suite de l'annonce par le Secrétaire général, du résultat de la consultation du 30 août au Timor oriental.

- 11 - CS/1090 11 septembre 1999

Le Ministre des affaires étrangères de l'Irlande, M. David Andrews, était, en sa qualité de Représentant personnel de la Présidence de l'Union européenne, présent sur les lieux de la consultation, et son rapport, rédigé au nom des groupes d'observateurs de l'UE, a clairement stipulé que les opérations de vote, conduite par la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MINUTO) se sont déroulées de façon juste et transparente. La responsabilité de la mauvaise tournure prise par les évènements après le vote revient aux autorités indonésiennes. Elles ont pris, par la signature des accords du 5 mai, l'engagement de maintenir la paix et la sécurité au Timor oriental, et face à la montée des préoccupations de la communauté internationale, elles ont insisté qu'il était de leurs prérogatives de maintenir la sécurité dans le territoire, alors que cyniquement, dans le même temps, elle fermait l'œil sur les activités des milices. Mais il est clair que les autorités indonésiennes ne sont pas en mesure de faire respecter l'ordre et la sécurité, car malgré la loi martiale, les forces de sécurité sont incapables ou ne veulent pas mettre fin aux activités des milices. La communauté internationale a fait une offre d'assistance aux autorités indonésiennes pour le maintien de la sécurité et le retour des populations déplacées, offre transmise par la mission du Conseil de sécurité. L'Irlande presse le gouvernement de l'Indonésie d'accepter cette offre sans délai, et demande aussi instamment à tous ceux qui ont une influence sur les autorités indonésiennes de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour les persuader d'accepter son offre de maintien de la paix.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a fait part de la préoccupation de son pays face à la poursuite de la violence au Timor oriental, en particulier contre le personnel de l'ONU. La situation au Timor oriental a toujours été complexe et l'on n'a jamais pensé que son règlement serait simple, a-t-il dit. Le processus engagé avec la consultation populaire du 30 août ne peut être menacé par l'action de quelques-uns. Ce scrutin n'aurait pas été possible sans la collaboration du Gouvernement indonésien qui a signé les Accords du 5 mai, a reconnu M. Mabilangan. Il est difficile toutefois de nier que les incidents de violence récents ont entaché gravement ce processus. De l'avis des Philippines, il est impératif que les responsables des violences soient arrêtés rapidement. Si l'on ne met pas un terme à la violence, la situation humanitaire pourrait encore s'aggraver. Les Philippines espèrent que les militaires indonésiens feront tous les efforts pour ramener l'ordre au Timor oriental. L'imposition de la loi martiale dans le territoire devrait être un pas dans la bonne direction. Un changement dans la structure de commandement de l'armée au Timor oriental serait une autre nécessité d’urgence pour ramener la paix et l'ordre sur le territoire. D'autres mesures seraient également nécessaires.

La population du Timor oriental a eu l'occasion de décider de son destin. Les Philippines sont disposées à accorder leur aide pour mener à bien ce processus. Elles continueront à participer à la MINUTO et répondront positivement à toute demande de participation à une force internationale mandatée par le Conseil de sécurité et acceptée par l'Indonésie.

- 12 - CS/1090 11 septembre 1999

M. DUMASANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré que “la vision, le 30 août dernier, de ces longues files d’électeurs” a rappelé aux Sud-Africains, leurs premières élections démocratiques qui les ont obligées à surmonter la peur et la violence pour exercer leur droit démocratique fondamental. En conséquence, la situation qui prévaut aujourd’hui au Timor oriental a choqué le pays comme elle a outragé le reste du monde. Il faut se demander, a dit le représentant, comment la prétendue milice a pu causer autant de destruction en si peu de jours ? Comment des tueurs armés peuvent-ils circuler si facilement au Timor oriental ? Le représentant a appelé la communauté internationale à faire en sorte que ces milices et les autres forces antidémocratiques ne soient pas en mesure de renverser le processus démocratique au Timor oriental. Le débat que tient aujourd’hui le Conseil de sécurité doit donc servir à assurer au peuple du Timor oriental qu’il n’est pas oublié. Le représentant a appelé le Gouvernement indonésien à protéger la population du Timor oriental, à prévenir toute nouvelle escalade de la violence sur le territoire et au Timor occidental voisin, pour, a-t-il précisé, garantir le retour des personnes déplacées et créer les conditions permettant à la communauté internationale de contribuer à la satisfaction des besoins humanitaires croissants.

L’Afrique du Sud, a affirmé le représentant, appuie les offres présentées à l’Indonésie par le Secrétaire général et le Conseil de sécurité qui visent à rétablir la stabilité et la sécurité au Timor oriental. Elle lance un appel urgent à l’Indonésie pour qu’elle accepte une telle assistance tant il est vrai qu’une action urgente des Nations Unies montrera à tous que l’Organisation est prête à agir pour les peuples qui souffrent. Le rétablissement de la paix et de la stabilité au Timor oriental ainsi que le plein respect du scrutin du 30 août sont certes dans l’intérêt des Est- Timorais mais également du peuple indonésien dans son ensemble, a estimé le représentant.

M. ABOUL GHEIT (Egypte) a déclaré que la situation actuelle au Timor oriental est la résultante d'une question dont les tenants et aboutissants remontent à un certain nombre d'années. L'Egypte a soutenu l'idée et l'initiative d'une consultation populaire au Timor oriental en acceptant de participer à la composition de la MINUTO, dont le personnel s'est trouvé en danger par l’évolution négative de la situation sur le terrain. L'Egypte invite toutes les parties qui prônent la violence à y mettre fin, pour que la situation de sécurité soit positivement rétablie sur le territoire. L'Egypte comprend la position du gouvernement indonésien, qui pense être le seul autorisé à contrôler l'ordre et la sécurité au Timor oriental. Les mesures comme l'imposition de la loi martiale et les changements au sein de la chaîne de commandement militaire semblent être les signes précurseurs d'une politique responsable, et nous espérons que l'Indonésie ira jusqu'au bout de ses responsabilités vis-à-vis de la communauté internationale.

M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a déclaré que, partant de sa ferme conviction que les différends doivent être réglés de manière pacifique conformément à la Charte de l'ONU, le Soudan se félicite du scrutin au Timor oriental qui s’est déroulé dans un climat pacifique et félicite l'Indonésie qui a créé les conditions de sécurité nécessaires à la tenue de cette consultation.

- 13 - CS/1090 11 septembre 1999

Cette consultation et le fait que le Gouvernement indonésien s'est engagé à respecter le résultat des urnes montrent clairement l'engagement de ce pays à régler la question du Timor oriental de manière pacifique. L'accueil par l'Indonésie de la mission du Conseil de sécurité témoigne également d'une volonté renouvelée de respecter ses engagements. Le représentant a rappelé que le Président de l'Organisation de l'unité africaine s'était fait l'écho des préoccupations des pays africains face aux violences au Timor oriental et avait lancé un appel à un règlement de cette situation. Le Soudan suit de près la situation et est préoccupé par les graves conséquences humanitaires des actes perpétrés par les milices anti- indépendance. Il apprécie à cet égard les efforts déployés par le Gouvernement indonésien pour mettre fin à ces actes. Il a toutefois fait remarquer que l'on ne peut oublier, dans l'analyse de la situation actuelle, la position du Gouvernement indonésien à l'égard de la consultation populaire et son engagement à respecter le résultat des urnes, de même que l'instauration de la loi martiale qui a permis d'améliorer la situation au cours des derniers jours. Le représentant s'est félicité en outre de l'autorisation donnée aux personnels des services humanitaires de se rendre au Timor oriental. Le Soudan est d'avis que toute résolution adoptée maintenant en vue du déploiement d'une force internationale doit faire l'objet d'une étude minutieuse, en tenant compte de l’avis de l'Indonésie.

M. OUCH BORITH (Cambodge) a déclaré, qu'en tant que membre de l'Association des nations de l’Asie du Sud-Est(ASEAN), le Cambodge suivait avec intérêt les événements en Indonésie, un pays actuellement dans un processus de transition et de changement. Les événements au Timor oriental doivent être considérés dans le cadre des efforts déployés par l'Indonésie pour introduire des réformes dans son système en vue d'instaurer la démocratie. Partant, le représentant a félicité l'Indonésie d'avoir pris l'initiative de donner à la population du Timor oriental le choix entre une autonomie assortie et l'indépendance. C'est là une action noble, a-t-il dit, se félicitant de ce que le scrutin, organisé par l'ONU se soit déroulé avec succès, sans incident durant les opérations de vote et de dépouillement des bulletins de vote.

Le Cambodge est toutefois préoccupé par la violence récente au Timor oriental. Tout en reconnaissant les efforts déployés récemment par le Gouvernement indonésien pour améliorer la situation, le Cambodge appelle instamment les autorités indonésiennes à poursuivre leurs efforts pour mettre fin rapidement à la violence et pour mettre en œuvre, avec l'ONU, les Accords du 5 mai de manière pacifique et coopérative. Le Cambodge souhaite que la décision que prendra le Conseil de sécurité prenne en considération le rapport de la mission d'information actuellement dans la région, ainsi que le respect de la souveraineté de l'Indonésie.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a souligné que le peuple mozambicain et le peuple est-timorais partageant une histoire commune, c’est avec une grande satisfaction que le peuple du Mozambique a appris le résultat de la consultation populaire du 30 août, à l’issue de laquelle le peuple du Timor oriental s’est prononcé en faveur de l’indépendance. C’est donc avec une profonde préoccupation que le Mozambique assiste aujourd’hui au massacre de ce peuple parce que, de manière démocratique, il a choisi d’être libre et indépendant.

- 14 - CS/1090 11 septembre 1999

Le Conseil de sécurité, les Nations Unies et la communauté internationale ne doivent pas accepter que ce massacre se poursuive, a insisté le représentant en appuyant les propos tenus, hier, par le Secrétaire général selon lesquels le temps est venu pour l’Indonésie de rechercher le concours de la communauté internationale pour assumer ses responsabilités relatives à l’ordre et à la sécurité au Timor oriental et de permettre aux personnes déplacées de revenir chez elles. Par expérience, a dit le représentant, les Mozambicains savent qu’il est sage pour un gouvernement de recourir à l’assistance de la communauté internationale pour alléger les souffrances de son propre peuple. La catastrophe humanitaire qui sévit au Timor oriental exige une intervention immédiate de la communauté internationale, a estimé le représentant.

M. BRUNO RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré qu'il faut prendre d'urgence les mesures qui peuvent permettre de faire respecter les résultats du scrutin du 30 août au Timor oriental. Le peuple du Timor oriental s'est clairement prononcé en faveur de son indépendance et celle-ci doit lui être accordée. Mais Cuba est contre toute action unilatérale d'un pays ou d'un groupe de pays en vue de ramener la sécurité sur un territoire relevant d'un autre pays. Toute initiative militaire au Timor devra être approuvée par l'Indonésie. Il revient cependant aux Nations Unies de restaurer la fourniture d'une aide humanitaire dans le territoire. Il est rassurant, sur un autre plan, que l'opinion internationale soit consciente du fait qu'on ne peut répéter le genre d'action criminelle qui a été menée au Kosovo, où certains ont prétendu qu'une situation humanitaire pouvait être résolue à coups de bombardements aériens aveugles, ceci contre tout respect du droit international.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a indiqué que son pays a, à maintes reprises, lancé un appel urgent aux autorités indonésiennes pour qu’elles assument leur responsabilité conformément à l’accord tripartite du 5 mai. La Norvège regrette donc profondément l’échec du Gouvernement indonésien à maintenir l’ordre et à garantir la sécurité du peuple du Timor oriental. Selon de nombreuses sources d’informations, les forces armées indonésiennes ont joué, plusieurs fois, un rôle actif voire un rôle de direction dans la perpétration d’actes d’intimidation et de violence contre la population. Le monde, qui est aujourd’hui témoin de ce qu’il est convenu d’appeler crimes contre l’humanité, attend que les responsables de ces crimes soient traduits en justice. Etant donné qu’elle est incapable de contrôler la situation, l’Indonésie doit immédiatement inviter la communauté internationale à lui porter assistance. La Norvège espère, à cet égard, que les informations reçues ce matin indiquent qu’une telle invitation est sur le point d’être lancée. Le représentant a rendu hommage à l’Australie pour sa volonté d’assurer la conduite des opérations et a poursuivi en faisant part de sa profonde préoccupation face au sort du nombre important de réfugiés au Timor occidental d’où il est devenu impossible de recevoir des informations. Le représentant a ajouté que son pays appuie la proposition du Portugal de convoquer une session extraordinaire de la Commission des droits de l’homme sur le Timor oriental. Si la situation ne s’améliore pas, a-t-il conclu, il faut s’attendre à ce que la communauté internationale impose des sanctions économiques à l’Indonésie.

- 15 - CS/1090 11 septembre 1999

M. MARIO ALEMAN SALVADOR (Equateur) a indiqué que son pays ne pouvait rester silencieux face aux actes de violence inqualifiables commis à l'encontre de la population timoraise qui a exercé de manière pacifique son droit inaliénable à l'autodétermination. Ces actes constituent un outrage à la conscience de l'humanité et une violation des principes de la Charte de l'ONU. Ils doivent être condamnés dans les termes les plus vifs. L'éthique et la morale ne peuvent être sélectives; il faut réagir de manière identique devant les assassinats, le génocide, les déplacements forcés de personnes et la destruction méthodique des biens quelle que soit la région du monde où ils se produisent, a-t-il dit. La participation de l'ONU à l'organisation du scrutin et les progrès réalisés dans les négociations entre l'Indonésie et le Portugal sur la question du Timor oriental ont toujours bénéficié du soutien de l'Equateur. Celui-ci estime que l'organisation de la consultation populaire était une voie de sortie négociée, juste et démocratique à la crise. Toutefois, les actes de violence qui ont suivi cette consultation menacent l'intégrité du territoire, ainsi que la paix et la sécurité dans la région. Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à la violence et à la terreur au Timor oriental, de permettre le retour des réfugiés et de désarmer les groupes paramilitaires responsables de toutes ces abominations.

Puisque le Gouvernement indonésien n'a pas assumé, jusqu'à présent, sa responsabilité primordiale, le déploiement d'une force de maintien de la paix semble être la mesure la plus urgente à prendre pour mettre fin à cette tragédie, sinon la crédibilité des Nations Unies serait mise gravement en doute. La volonté du peuple timorais, exprimée lors du scrutin, ne peut être bafouée et ses droits légitimes doivent être respectés. L'Equateur est convaincu qu'en tant que membre loyal de l'ONU, l'Indonésie apportera la contribution nécessaire en vue de ramener la paix et l'ordre au Timor oriental, assurer la sécurité des membres de la MINUTO, permettre le retour des réfugiés et mettre fin aux longues souffrances du peuple timorais.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a déclaré que son pays, à l'instar des autres pays de l'ASEAN, suit de très l'évolution de la situation au Timor oriental. Le peuple de ce territoire a clairement, par une consultation populaire, choisi son indépendance. La violence qui s'est développée a amené le Gouvernement indonésien à prendre certaines mesures et à déployer des moyens pour ramener le calme dans le territoire. Il est important de souligner que le Gouvernement de Djakarta s'est engagé à respecter les résultats du vote populaire en signant les Accords du 5 mai à New York. Nous comprenons les sentiments de ceux qui appellent à l'envoi d'une force internationale, mais nous sommes aussi convaincus de la sincérité de l'Indonésie quand elle dit qu'elle fait tout son possible pour le retour à la paix au Timor. De notre avis, il faut laisser à l'Indonésie la responsabilité de la résolution de la crise. La question du Timor est complexe, et rien ne pourra être fait de façon efficace sans le consentement et la participation du Gouvernement indonésien.

M. JUAN LARRAIN (Chili) a indiqué que la délégation d'observateurs chiliens à la consultation populaire a pu se rendre compte des persécutions à l'encontre de la population timoraise, notamment dans les familles qui l’ont hébergée. Ces faits ne se seraient pas produits si les parties avaient respecté les engagements contractés en vertu des Accords du 5 mai.

- 16 - CS/1090 11 septembre 1999

Le représentant a lancé un appel urgent au Gouvernement indonésien pour qu'il rétablisse l'ordre public au Timor oriental, qu'il mette fin aux exactions des milices, garantisse le respect des droits de l'homme et permette la poursuite du processus et la reprise des activités de la MINUTO. Au cas où l'Indonésie ne pourrait s'acquitter seule de ses responsabilités, elle devrait accepter l'aide de la communauté internationale. Trois éléments devraient constituer une base solide permettant à l'Indonésie de répondre à la demande de la communauté internationale, a-t-il dit. Ainsi, le Gouvernement du Président Habibie a montré son courage en acceptant la tenue de la consultation populaire qui a permis à une majorité de la population timoraise de voter dans la sécurité. Ce chemin ouvert par l'Indonésie doit se poursuivre. Les Accords du 5 mai prévoient le maintien d'une présence appropriée de l'ONU au Timor oriental. L'idée de cette "présence appropriée" suppose qu'il existe une base juridique permettant à l'ONU de trouver un accord avec l'Indonésie concernant une présence internationale qui permettrait de contribuer au maintien la paix et de la sécurité au Timor oriental. De l'avis du Chili, il faut encourager l'Indonésie à accepter immédiatement une présence internationale, laquelle contribuerait également à assurer la poursuite du processus entamé. En ce sens, le Chili attend avec impatience les résultats de la mission du Conseil de sécurité.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a estimé qu’il ne fait aucun doute que le monde est témoin aujourd’hui au Timor oriental de tentavies délibérées et systématiques de saboter l’Accord du 5 mai et les résultats du scrutin du 30 août, avec la complicité évidente des militaires indonésiens et des autorités de la police nationale. Le 10 septembre dernier, le Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande a annoncé que les circonstances actuelles ont rendu inappropriée la coopération militaire avec l’Indonésie. Les exercices bilatéraux de défense et les programmes de formation militaire ont donc été suspendus. Le représentant a poursuivi en insistant sur le fait que les résultats du scrutin du 30 août représentent les véritables aspirations et les souhaits exprimés démocratiquement du peuple du Timor oriental. Ce fait ne peut être ni déguisé ni ignoré, a-t-il ajouté, en souhaitant que “ceux qui essayent de saper les résultats du scrutin par des actes violents et odieux et de nier le droit à l’autodétermination soient tenus pour responsables”. La Nouvelle-Zélande, a rappelé le représentant, a accueilli avec satisfaction l’Accord du 5 mai et fourni des contributions financières et en ressources humaines à la MINUTO. Aujourd’hui, un nombre restreint de “Néo-Zélandais courageux” est toujours au siège de la Mission à Dili. Le Secrétaire général, a rappelé le représentant, a lancé un appel urgent au Gouvernement indonésien pour qu’il accepte l’offre d’un certain nombre de Gouvernements d’aider l’Indonésie à rétablir l’ordre au Timor oriental. La Nouvelle-Zélande, a dit le représentant, réaffirme sa volonté d’apporter sa contribution en ce sens.

M. DIETER KASTRUP (Allemagne) a déclaré que l'Allemagne qui est une amie de longue date de l'Indonésie, est profondément choquée par les évènements qui se déroulent au Timor oriental, où règne une situation d'anarchie, malgré l'introduction de la loi martiale. Nous condamnons le meurtre de milliers d'innocents Est-Timorais, le pillage et la destruction de Dili et les dévastations infligées aux autres parties du territoire. Les responsables politiques et militaires de l'Indonésie ont failli à leur responsabilité d’assurer la sécurité du peuple du Timor oriental après qu'il ait exercé son droit à l'autodétermination.

- 17 - CS/1090 11 septembre 1999

Les graves violations des droits de l'homme qui se sont produites doivent être jugées. Au cours des derniers jours, l'Allemagne, comme d'autres pays, a appelé les autorités indonésiennes à mettre fin au chaos inacceptable qui s'est installé au Timor oriental, et si elles ne le peuvent pas, à accepter l'assistance, dans ce but, de la communauté internationale. Mais l'Indonésie, jusqu'à maintenant, n'a pas accepté cette offre. Le Gouvernement allemand, à ce sujet, grâce au Chancelier Schröder et au Ministre des affaires étrangères, M. Joschka Fischer, a été en contact direct avec le Président Habibie et le Ministre des affaires étrangères, M. Ali Alatas. L'Allemagne ne peut accepter la poursuite des atrocités au Timor oriental, et nous appelons l'Indonésie à aider à la fourniture d'une aide humanitaire internationale au peuple du territoire par un personnel humanitaire international dont la sécurité doit être assurée. Nous sommes prêts a verser un million de Deutschemarks à l'aide humanitaire. Comme Présidente du G-8, l'Allemagne attachera beaucoup d'importance au développement de la situation au Timor oriental lors de la réunion des Ministres des affaires étrangères du G-8 pendant le débat général de l'Assemblée générale à New York.

M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe libyenne), évoquant les difficultés économiques de l'Indonésie, a rappelé les manifestations de rue qui ont conduit au départ du Président Suharto. La période transitoire qui a commencé à ce moment n'est pas terminée, a-t-il souligné. L'Indonésie a accepté la tenue d'une consultation populaire au Timor oriental dont elle s'est engagée à respecter les résultats. Dans l'analyse de la situation actuelle, on ne peut laisser de côté certains facteurs, tel le fait que l'Indonésie traverse une période transitoire, ou le fait que deux partis sont favorables à l'indépendance, alors qu'un autre souhaite rester au sein d'une Indonésie unie. Le problème du Timor oriental doit être considéré dans son cadre objectif, en dépit du fait que personne ne saurait accepter ce qui s'y passe actuellement. Ces facteurs n'ont pas été relevés par certains orateurs, a déploré le représentant. Ceux qui souhaitent aborder ce problème de bonne foi doivent essayer d'aider l'Indonésie et son Gouvernement central à arriver à une conclusion logique, conforme à sa constitution de pays souverain. Exacerber la tension dans les points chauds du monde ne peut contribuer à régler les problèmes et l'on ne devrait pas examiner les questions hors de leur contexte historique, a dit le représentant. L'Indonésie est visiblement tout à fait sérieuse dans ses intentions. Or, certaines menaces ont été proférées par certains pays avant même que le Conseil de sécurité n'aborde la question du Timor oriental. Tout cela est futile et soulève des doutes quant aux intentions de ces pays. La Jamahiriya arabe libyenne est favorable aux efforts actuellement déployés, mais elle estime qu'il faut agir de la même manière partout dans le monde. La Jamahiriya arabe libyenne rejette le meurtre, le pillage et les violences, et estime que de tels actes doivent être condamnés partout dans le monde de la même façon. Provoquer l'Indonésie n'est pas utile. Il faut, au contraire, appuyer le Gouvernement en transition et coopérer avec celui-ci pour faire en sorte qu’il puisse assurer la mise en œuvre des résultats du scrutin. Il faut en tout cas attendre les résultats de la mission du Conseil de sécurité, a estimé le représentant.

- 18 - CS/1090 11 septembre 1999

M. PAOLO FULCI (Italie) a souligné que l'Italie souscrit totalement à la déclaration faite par la Finlande au nom de l'Union européenne. Les images qui nous parviennent du Timor oriental nous rappellent celles que nous avons vues en Somalie, au Rwanda, en Bosnie et au Kosovo. Un grand pays comme l'Indonésie, avec ses longues traditions de tolérance et de solidarité, ne peut permettre que de telles atrocités se poursuivent contre d'innocents civils. Il est temps de les arrêter, tout de suite, et nous lançons un appel urgent à nos amis indonésiens pour que les préoccupations humanitaires l'emportent. Et nous lançons aussi un appel à la communauté internationale qui ne peut demeurer indifférente devant les tragiques évènements en cours. Il est temps pour les Nations Unies d'agir, car ce sont elles qui ont contribué à la signature des Accords du 5 mai qui ont permis la tenue d'un référendum libre et démocratique. Face à une situation du genre de celle que nous examinons aujourd'hui, le Conseil de sécurité avait, il y a deux ans, un vendredi saint, autorisé en moins de 24 heures, l'envoi d'une force multinationale en Albanie. Ceci, à l'époque, avait permis d'éviter une catastrophe humanitaire. Le même genre d'action s'impose aujourd'hui, si nous voulons que cette institution conserve sa crédibilité aux yeux des peuples de la planète.

M. JORGE PEREZ OTERMIN (Uruguay) a qualifié de remarquable la tâche réalisée par l'ONU en faveur de l'autodétermination du peuple timorais. Mais, a-t-il souligné, l'Organisation en tant que telle ne sera pas responsable si nous ne parvenons pas à rétablir la paix dans la région. L'Organisation n'est rien plus que ce que demandent ses membres, sa volonté est celle de ses membres. C'est pourquoi, si nous échouons, ce ne sera pas l'échec de l'Organisation mais celui de ses membres. L'opinion publique mondiale nous regarde. Ainsi, la Mission de l’Uruguay reçoit chaque jour des centaines de messages relatifs à la situation au Timor oriental, ce qui ne s'est jamais produit dans le passé. L'Uruguay qui est déjà présent au Timor oriental avec des militaires et des membres de la police civile est disposé à augmenter sa présence militaire sur place. Devant l'évolution des événements, l’Uruguay estime que le rétablissement de l'ordre n'est plus une tâche de la police civile, mais exige une action purement militaire. Il s'agit aujourd'hui de montrer dans les faits que chacun d'entre nous est prêt à faire quelque chose pour aider un peuple qui souhaite simplement exercer son droit à l'autodétermination. L'Uruguay a toujours agi dans les opérations de maintien de la paix dans le cadre de mandats au titre du chapitre 6 de la Charte et s'associe à l'appel lancé par le Secrétaire général pour que l'Indonésie accepte immédiatement le déploiement d'une force internationale de paix sous l'égide de l'ONU au Timor oriental.

M. LEONIDAS ROKANAS (Grèce) a fait part de la profonde préoccupation de son pays face à la “détérioration tragique de la sécurité et de la situation humanitaire au Timor oriental”. Le Gouvernement grec estime, en conséquence, que seule une présence internationale de maintien de la paix, constituée dans le cadre des Nations Unies, peut contribuer efficacement au rétablissement de la loi et de l’ordre et au respect de la volonté exprimée par la population du Timor oriental lors du scrutin du 30 août. La communauté internationale ne doit épargner aucun effort non seulement pour rétablir la paix, la sécurité et la stabilité dans la région mais aussi pour fournir, rapidement et généreusement, une aide humanitaire et une aide au développement du Timor oriental, a souligné le représentant.

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M. INAM UL HAQUE (Pakistan) a déclaré que le droit à l'autodétermination fait partie du droit international, et le peuple du Timor oriental l'a exercé en toute liberté le 30 août dernier grâce à la bonne volonté de l'Indonésie et à la collaboration des Nations Unies. Les évènements qui malheureusement, ont cours aujourd'hui au Timor, montrent que les résolutions adoptées par la communauté internationale au sein de cette enceinte doivent être respectées par toutes les nations. Ce qui se passe au Timor oriental nous amène à évoquer la situation des provinces du Jammu-et-Cashemire, pour lesquelles le Conseil a adopté des résolutions qui reconnaissent au peuple de ces territoires le droit à l'autodétermination. Mais ces résolutions n'ont jamais été mises en œuvre. Concernant le Timor oriental, le peuple de ce territoire a clairement exprimé son choix, et l'Indonésie et la communauté internationale doivent le respecter.

Bien que nous observions une certaine amélioration de la situation sur le terrain à la suite des mesures prises par le gouvernement indonésien, le Conseil de sécurité doit demeurer saisi de la question. Il doit jouer le rôle qui lui est attribué par la Charte. Et les décisions que prendra le Conseil à ce sujet doivent être basées sur des informations fiables et nous attendons pour cela le retour de la mission dépêchée par le Conseil sur le terrain.

M. INOCENCIO ARIAS (Espagne) a souligné l'indignation de l'opinion publique qui se demande comment la communauté internationale ou l'ONU puisqu'elles se confondent, permettent à l'aube du 21ème siècle de telles atrocités et le dérapage d'un processus dans lequel elle s'est activement impliquée. Comment a-t-on perdu le contrôle ? C'est du Gouvernement indonésien que dépend la fin des violences, ainsi que la restauration de son prestige et de la crédibilité de l'ONU. Dans cette crise se joue, en effet, une partie de l'avenir de l'Organisation. Un grand nombre de principes sur lesquels se fonde l'Organisation sont foulé aux pieds. Les autorités indonésiennes ont l'obligation d'imposer sérieusement et immédiatement l'ordre et la sécurité. A défaut, elles doivent accepter l'aide de la communauté internationale, à laquelle mon pays est prêt à participer. Les autorités indonésiennes et elles seules ont actuellement la parole, a-t-il conclu.

M. NGO QUANG XUAN (Viet Nam) a déclaré que le Viet Nam, en tant que pays d'Asie du Sud-est, est extrêmement préoccupé par l'évolution de la situation au Timor oriental, et espère qu'elle se stabilisera bientôt et qu'un environnement favorable pouvant faciliter la mise en place d'une solution durable acceptable par toutes les parties sera créé. La situation du Timor oriental est compliquée, et un règlement basé sur les accords du 5 mai signés entre l'Indonésie et le Portugal doit être trouvé. Selon les informations en notre possession, le Gouvernement de l'Indonésie a déployé un certain nombre d'efforts pour restaurer la paix et la sécurité au Timor oriental. Le déploiement d'une force dans le territoire doit cependant respecter les Accords du 5 mai et recevoir l'agrément du Gouvernement de l'Indonésie et le sceau des Nations Unies.

M. PETER DONIGI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a indiqué qu’au vu des résultats du scrutin du 30 août au Timor oriental, son pays étudierait sérieusement la candidature d’un Timor oriental indépendant à devenir membre du Forum du Pacifique du Sud. Passant à la situation qui prévaut aujourd’hui sur le territoire, le représentant a appelé le Gouvernement indonésien à revoir sa position dans le maintien de l’ordre et de la sécurité au Timor oriental.

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Il est clair, a dit le représentant, que les militaires encouragent les milices et dans certains cas, sont directement impliqués dans les atrocités. Dans ces circonstances, le Gouvernement indonésien doit recourir à l’assistance extérieure pour régler la situation au Timor oriental. Il doit immédiatement s’engager dans une phase de retrait de toutes ses forces parallèlement au déploiement de forces de maintien de la paix dépêchées par le Conseil de sécurité. Nous avons appris ce matin, a poursuivi le représentant, que le Général Wiranto a convenu du caractère approprié d’une assistance extérieure dans les circonstances actuelles. Le représentant a salué ce changement de position en formulant l’espoir que le Général Wiranto pourra faciliter le retrait des forces du Timor oriental dans une période raisonnable.

Le représentant a poursuivi en estimant que les responsables des crimes contre l’humanité doivent être traduits en justice parce que, a-t-il ajouté, “le monde voudrait les preuves que l’Indonésie est une société civilisée”. La règle de droit doit prévaloir, a insisté le représentant, et elle ne peut prévaloir qu’avec l’appui et la pleine coopération du Gouvernement indonésien et de la chaîne de commandement de l’armée indonésienne. Le représentant a conclu en appelant le Conseil de sécurité à affiner sa diplomatie et à procéder, avec la hâte requise, aux prochaines phases pour garantir la liberté de “ce qui reste du peuple est-timorais”. Sinon, a prévenu le représentant, le peuple viendra à savoir et à croire que la Charte des Nations Unies ne contient que des mots, qui n’ont d’utilité et de sens que pour ceux qui ont les moyens de rassembler en menaçant d’une arme à feu”

M. JOAO SOARES DA GAMA (Guinée Bissau) a déclaré son pays partage des liens historiques et culturels avec le peuple du Timor oriental. Après la tenue du scrutin du 30 août, la Guinée Bissau et toute la communauté internationale espéraient voir s'installer au Timor oriental un vrai dialogue et un processus de réconciliation susceptibles de mettre fin à 24 années de violence et de souffrance endurées par le peuple est-timorais. La Guinée Bissau est indignée par la situation qui prévaut au Timor et souligne la nécessité de voir l'Indonésie assumer pleinement les engagements qu'elle a pris en signant les accords du 5 mai. L'Indonésie, qui s'était engagée à garantir l'ordre, la paix et la sécurité, doit faire appel à la communauté internationale si elle s'avère aujourd'hui incapable de faire face à ses responsabilités. Nous lançons un appel au Conseil de sécurité pour qu'il mette tout en œuvre en vue du retour à la paix au Timor oriental, notamment en y envoyant une force internationale de maintien de la paix, et la délégation de la Guinée Bissau réitère sa profonde solidarité au peuple du Timor oriental.

M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a déclaré que son pays est choqué par les développements récents au Timor oriental. En 1975, lorsque la question du Timor oriental a été examinée pour la première fois à l'ONU, Singapour s'est abstenu sur le vote. En tant que petit pays, nous estimions que les principes de l'ONU contre le recours à la force devaient être respectés. Nous avions tout intérêt au maintien de l'intégrité des frontières. Toutefois, au cours du dernier quart de siècle, l'Indonésie a de facto gouverné le Timor oriental et cela a été généralement accepté par le reste du monde. C'est pourquoi l'annonce par le Gouvernement indonésien qu'il était prêt à accorder l'indépendance au Timor oriental a inquiété de nombreux Indonésiens, alors que le pays connaît une transition politique difficile. Singapour a été très heureux du fait que le processus s'est déroulé de manière pacifique au départ.

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Il n'y a aucun doute, au vu des résultats, que les Timorais se sont exprimés sans ambiguïté. Le Ministre des affaires étrangères indonésien a récemment reconnu que des éléments incontrôlés de l'armée et de la police figuraient parmi les responsables des actes de violence. Ces éléments, de même que les milices pro-intégrationnistes, doivent être arrêtés. Nous nous trouvons actuellement à un point critique dans la résolution du problème du Timor oriental. Nous n'avons d'autre choix que d'avancer vers l'indépendance du Timor oriental. A cette fin, la première mesure à prendre est de restaurer la loi et l'ordre, et de faire cesser le désastre humanitaire. L'ONU doit rester impliquée dans le processus. Tout en reconnaissant les contraintes auxquelles doit faire face le Gouvernement indonésien, Singapour l'appelle instamment à prendre des mesures décisives et urgentes pour restaurer la stabilité au Timor oriental pour que la MINUTO puisse poursuivre sa tâche.

Singapour émet l'espoir que la réponse du Conseil de sécurité au problème du Timor oriental ouvrira la voie à des réponses similaires du Conseil en cas de tragédies similaires dans le futur dans n'importe quelle partie du monde, car une justice sélective ne fait qu'affaiblir les Nations Unies. Singapour appuie les efforts internationaux visant à mettre fin à la violence et à remettre le processus d'indépendance sur les rails. Il y a un consensus général pour que toute aide internationale à l'Indonésie en vue de la restauration de l'ordre au Timor oriental doit être clairement autorisée par le Conseil de sécurité et recevoir l'assentiment de l'Indonésie. Nous ne pouvons toutefois oublier que la question du Timor n'est qu'un aspect de la crise qui frappe la classe politique indonésienne. L'Indonésie est un grand pays en développement qui dispose de ressources limitées et se trouve dans un processus de transition politique complexe. Elle doit faire face à des problèmes similaires dans de nombreuses parties de son large territoire. Nous devons également montrer de la compassion à l'égard des besoins et des préoccupations de la population indonésienne.

M. HANS DAHLGREN (Suède) a souligné qu’aujourd’hui le regard du monde entier est fixé sur le Timor oriental et sur l’Indonésie mais aussi sur les Nations Unies, et “ce qui peut être fait dans cette salle même”. Se félicitant de ce que le Conseil de sécurité soit saisi de la question, le représentant a salué l’occasion qui est donnée aujourd’hui à la communauté internationale d’envoyer un message clair à l’Indonésie en ce qui concerne “ses responsabilités”. Il est toujours du devoir du Gouvernement indonésien, a insisté le représentant, d’assurer la loi et l’ordre au Timor oriental. Son échec à le faire ne saurait perdurer, a estimé le représentant, en exhortant l’Indonésie à accepter, après approbation du Conseil de sécurité, l’offre de la communauté internationale de l’aider à rétablir l’ordre et la sécurité au Timor oriental. Le représentant a invité chaque membre de la communauté internationale à déclarer clairement à Djakarta que l’acceptation de cette offre ne saurait souffrir de délais. En exerçant cette pression sur le Gouvernement indonésien, a poursuivi le représentant, la communauté internationale doit être prête à recourir à tous les moyens dont elle dispose. Si le Gouvernement indonésien refuse cette offre, il devra alors assumer la responsabilité de ce qui n’est rien moins qu’un crime contre l’humanité.

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Le temps où le monde restait passif lorsque ses appels au bon sens étaient ignorés ou qu’une catastrophe humanitaire se produisait sous ses yeux est révolu, a affirmé le représentant. Il a lancé un appel urgent au Conseil pour qu’il examine des actions efficaces visant à rétablir la sécurité et la dignité au Timor oriental et pour qu’il fasse comprendre clairement que le processus de l’indépendance est irréversible.

M. SAEED HASAN (Iraq) a affirmé que son pays suivait avec beaucoup de préoccupations les développements de la situation au Timor oriental où le gouvernement indonésien avait pourtant créé les conditions de la tenue d'une consultation électorale pacifique. La communauté internationale dans son entier doit s'atteler à faire face à la catastrophe humanitaire en cours, et pour cela, elle doit tendre la main au Gouvernement indonésien et collaborer avec lui. Le recours aux menaces, à l'isolement politique et aux troupes étrangères ne peut qu'empirer une situation déjà délicate. L'Iraq ne souhaite pas que des réactions incohérentes de la communauté internationale viennent compliquer la situation. Le monde a malheureusement tendance à adopter le principe de deux poids deux mesures dans le traitement des crises militaires et humanitaires qui éclatent ça et là. Ce n'est pas la couverture médiatique des évènements qui doit déterminer le niveau de réponse de la communauté internationale aux crises. Le Conseil de sécurité doit cesser de traiter les conflits selon les intérêts de ses membres les plus puissants, et nous lui demandons de faire lever dans l'immédiat les sanctions et les agressions illégales contre l'Iraq.

Mme JOSEFA GUILHERMINA COELHO DA CRUZ (Angola) a déploré le fait que les mesures prises par les autorités indonésiennes n'aient pas eu les effets demandés par la communauté internationale. Il est donc fondamental que le Gouvernement indonésien fasse preuve de sa bonne foi et assume avec urgence et dans leur intégrité les obligations de l'Accord du 5 mai dernier afin d'éviter le génocide du peuple du Timor oriental. L'Angola prie le Gouvernement indonésien d'accepter l'appel lancé par le Secrétaire général dans sa déclaration d'hier dans laquelle il a affirmé que le moment est venu pour l'Indonésie de demander l'aide de la communauté internationale pour assumer sa responsabilité de restaurer l'ordre et la sécurité au Timor oriental et de permettre aux personnes déplacées de rentrer dans leur foyer en sécurité. Les Nations Unies qui ont assumé la responsabilité de conduire le processus de consultation populaire doivent employer l'autorité qui leur est conférée par la Charte et sauver la situation. L'envoi d'une mission de paix est nécessaire et doit se faire le plus vite possible pour garantir l'application pacifique des résultats des urnes.

M. JOSE LUIS MONTEIRO (Cap Vert) a déploré le traitement dont est victime le peuple du Timor oriental, qui est victime du refus par la puissance occupante de respecter les engagements qu'elle avait pris en signant les accords de New York le 5 mai dernier. La haine et les horreurs qui se sont abattues sur les habitants du Timor s'étalent aujourd'hui à la face du monde. Le comportement des membres de la MINUTO honore les Nations Unies, et les attaques dont ils sont continuellement victimes sont la preuve que leur présence dérange tous ceux qui veulent arrêter l'accession à la liberté des Est-Timorais.

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Des initiatives en vue du respect du droit international doivent être poursuivies, dont l'envoi d'une force multinationale et la création de conditions pouvant permettre le retour chez eux des populations déplacées par la force. Il n'existe pas de province indonésienne au Timor oriental, mais il existe plutôt un territoire illégalement occupé par une puissance illégitime. Les peuples du monde encore sous occupation étrangère ne doivent pas voir leur destin régi par des considérations liées à la taille ou aux enjeux stratégiques que représentent leurs oppresseurs.

M. HADI NEJAD-HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a estimé que sans la coopération du Gouvernement indonésien, l'action entreprise au Timor oriental n'aurait pas eu des résultats si importants. Il faut préserver le succès de l'ONU qui a organisé la consultation populaire. La communauté internationale tout entière doit déployer un effort concerté avec l'aide de l'Indonésie pour mettre fin à la violence au Timor oriental le plus rapidement possible. Cette violence suscite l'inquiétude de la communauté internationale. L'Iran apprécie les efforts actuellement déployés et appuie toute mesure qui permettrait d'y mettre fin. L'Iran estime que toute intervention sans coordination avec l'ONU et l'Indonésie ne pourra qu'exacerber la crise et que la seule solution est la poursuite des négociations sous l'égide des Nations Unies.

M. DIRK WOUTERS (Belgique) a estimé qu'au vu des résultats très nets du scrutin, il est clair qu'il appartient aux parties d'honorer leurs engagements, de créer les conditions pour que le processus puisse continuer et de faire en sorte que le résultat de la consultation populaire ne soit plus remis en cause. La Belgique attend que les agences humanitaires puissent réellement reprendre leur travail au Timor oriental et soient effectivement en mesure d'assister les nombreuses personnes déplacées sur le territoire. Les personnes qui ont été forcées à quitter le territoire, doivent pouvoir y retourner. L'amélioration de la situation humanitaire requiert un rétablissement de la sécurité au Timor oriental. L'Indonésie a échoué dans sa responsabilité à maintenir l'ordre et la sécurité, malgré la présence de l'armée et de la police et malgré l'imposition de l'état d'urgence. La violence continue et l'intégrité physique de la population, et même des membres de la MINUTO, restent menacées. Etant donné que les conditions essentielles de sécurité ne sont pas réunies pour continuer le processus au Timor oriental, la Belgique fait appel au Gouvernement indonésien pour qu'il accepte de la communauté internationale l'assistance dont il a besoin pour restaurer la sécurité et l'ordre sur le terrain, ainsi qu'une vie normale pour les habitants.

M. SATYABRATA PAL (Inde) a fait part de la préoccupation de son pays face aux violences qui secouent le Timor oriental, où, malgré l'instauration de l'état urgence, la crise perdure. Nous sommes confiants, a poursuivi le délégué, que malgré les difficultés actuelles, le gouvernement de l'Indonésie pourra ramener la situation à la normale. L'Inde tient cependant à réaffirmer que toute initiative de résolution de la crise actuelle doit respecter les termes des accords du 5 mai dernier et doit recevoir l'aval de l'Indonésie et du Conseil de sécurité.

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M. JORGEN BOJER (Danemark) a associé sa délégation à la déclaration faite par la Finlande au nom de l'Union européenne. Le gouvernement et le peuple danois sont profondément choqués par les évènements qui ont cours au Timor oriental où l'ordre et la loi n'existent plus et où les meurtres de civils innocents continuent, a-t-il dit. Des centaines de milliers de personnes ont dû s'enfuir, chassées de leurs maisons par des milices. Le Gouvernement indonésien doit accepter ses responsabilités dans la situation actuelle et accepter l'offre d'assistance qui lui est faite par la communauté internationale pour le retour à la paix et la sécurité.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a appelé le Gouvernement indonésien à accepter sans délai l'offre qui lui est faite de l'aider à respecter les engagements auxquels il a souscrit lui-même, et à marquer son accord à l'envoi d'une force internationale sous l'égide de l'ONU. Il est temps que le Gouvernement indonésien accepte de coopérer avec la communauté internationale pour faire cesser la violence au Timor oriental, rétablir la paix et la sécurité, et permettre aux personnes déplacées de retourner dans leurs foyers en sécurité. La situation humanitaire se détériore de jour en jour. Si nous voulons éviter une catastrophe humanitaire majeure, il est impératif que les organisations humanitaires internationales obtiennent non seulement accès aux réfugiés et aux personnes déplacées tant au Timor oriental qu'au Timor occidental, mais aussi que leur sécurité soit garantie. Nous appelons le Gouvernement indonésien à tout mettre en œuvre à cet effet. Rendant hommage au courage et à la détermination du personnel de la Mission des Nations Unies au Timor oriental, la représentante a émis l'espoir que les conditions qui lui permettront de pleinement remplir son mandat, seront bientôt rétablies.

M. JOHANNES WIMMER (Autriche) s'est déclaré indigné et horrifié par les actes de violence perpétrés au Timor oriental qui ont peut être donné lieu à des crimes contre l'humanité. Leurs responsables doivent être traduits en justice, a-t-il dit. La communauté internationale et l'ONU ne doivent pas accepter que les droits de l'homme d'une population tout entière soient violés de manière flagrante. L'Autriche a lancé un appel au Gouvernement indonésien pour qu'il honore ses engagements et ses responsabilités. Mais, à ce jour, les autorités indonésiennes n'ont pas respecté leurs obligations. L'Autriche appelle le Gouvernement indonésien à accepter rapidement l'offre du Conseil de sécurité concernant le déploiement d'une présence internationale au Timor oriental en vue de rétablir l'ordre et la sécurité.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déclaré que son pays a été satisfait de la tenue du scrutin électoral survenu à la suite des accords signés le 5 mai à New York. L'environnement calme et pacifique créé par le Gouvernement de l'Indonésie a permis que 98,6% des personnes en état de voter prennent part à la consultation populaire. Seule la ferme détermination du Gouvernement a permis que cette consultation populaire ait lieu de façon claire et juste, sans intimidation des Est-Timorais. Dans cette optique, l'Indonésie continuera de soutenir le processus engagé sous l'égide des Nations Unies et ne reniera pas les engagements qu'elle a pris dans le cadre des accords du 5 mai. Laissez-moi souligner ici que notre gouvernement a accepté les résultats de la consultation populaire, et il est important de relever que c'est de sa propre initiative que ce scrutin a pu avoir lieu. Nous partageons les soucis de la communauté internationale face à certains graves incidents qui se sont produits récemment.

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Nous regrettons les pertes en vies humaines et les destructions matérielles, mais nous réitérons que nous irons jusqu'au bout du processus agréé dans les accords de New York. Il faut cependant relever que de nombreux Est-Timorais ont eux-mêmes exprimé des doutes quant à l'impartialité des membres de la MINUTO lors de la tenue du scrutin. La Commission indonésienne chargée de la consultation populaire a, à cet égard, rédigé des rapports qui malheureusement, lors de leur publication, n'ont pas reçu l'attention qu'ils méritaient. Les confusions et les frustrations observées sur le terrain ont encouragé les comptes-rendus contradictoires que l'on a aujourd'hui des évènements. Nous regrettons par exemple les tirs d'armes automatiques dirigés vers l'enceinte de la MINUTO à Dili, des tirs dont de nombreuses sources d'information nous apprennent cependant qu'ils n'ont pas eu lieu de la manière dont ils ont été décrits devant cette assemblée. Si ces tirs ont touché l'enceinte de la MINUTO, ils n'étaient cependant pas dirigés contre le personnel de l'ONU.

Concernant l'évolution récente de la situation, je veux informer le Conseil que la situation est en ce moment de plus en plus sous contrôle, malgré quelques incidents isolés par-ci par-là, a dit le représentant. Toutes les parties en présence doivent faire preuve de retenue. Le moment n'est pas aux condamnations et aux accusations, mais plutôt à la conduite d'initiatives pouvant améliorer la situation dans le territoire. Aucune limite de temps ne devrait être imposée pour le retour à l'ordre, car nous pensons que plus de temps devrait être donné à la loi martiale pour que les effets s'en fassent sentir. De même, les mesures de restructuration de la chaîne de commandement militaire et la rotation des troupes stationnées dans le territoire devraient donner plus de chances à une amélioration substantielle de la situation de sécurité au Timor oriental. A ce sujet, bien que comprenant les soucis de certains pays qui se sont proposés d’aider au retour de la sécurité, l'Indonésie pense que le moment est mal choisi pour ce genre d'opération, qui à l'heure actuelle, pourrait se révéler contre productive. Le conflit du Timor oriental, que l'on veut aujourd'hui simplifier, a ses racines bien au- delà de la guerre civile de 1975, et remonte aux quatre siècles et demi de colonisation portugaise. De plus, les récents exemples de maintien de la paix ont démontré que ces missions tendaient plutôt à se transformer en missions de création de conditions de paix qui à chaque fois ont abouti à des résultats lamentables. A ce sujet la déclaration faite hier par le général Wiranto est claire : " nous ne rejetons pas une force de maintien de la paix de l'ONU, a- t-il dit, mais le moment de cette initiative sur notre territoire n'est pas encore venu. Nous avons considéré cette option, que nous exercerons dès que l'état de la situation sur le terrain le permettra et nous restons ouvert à toute discussion sur ce sujet". Pour le gouvernement de l'Indonésie, le déploiement de cette force ne peut se faire que dans la phase III prévue par les accords du 5 mai, phase qui viendra quand le Parlement indonésien annulera le Décret No IV, pris en 1978, qui intégrait le Timor oriental au territoire indonésien.

M. SAMUEL ZBOGAR (Slovénie) a souligné que de nouveau des civils innocents font l'objet d'actes d'intimidation. Cette campagne de violence et d'intimidation en cours doit cesser immédiatement. L'Indonésie doit remplir ses obligations à cet égard. Le Conseil doit agir et exercer ses responsabilités pour le maintien de la paix et de la sécurité au Timor oriental, a insisté le représentant.

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Les vues des Etats membres exprimées aujourd'hui, parallèlement au rapport de la mission du Conseil de sécurité, constitueront une base solide pour prendre des actions.

M. ARNOLD PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) en tant qu'ancienne puissance coloniale dans la région, les Pays-Bas ont toujours hésité à critiquer l'Indonésie et que les droits de l'homme n'avaient pas toujours été respectés sous la domination coloniale. Mais en tant que membre du Conseil de sécurité, les Pays-Bas ont participé aux Accords du 5 mai. Les Pays-Bas sont choqués par le fait que l'Indonésie a failli au respect des engagements auxquels elle avait souscrit. L'Indonésie doit maintenant accepter l'offre d'assistance militaire de la communauté internationale pour ramener l'ordre et la sécurité au Timor oriental.

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