TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 10 SEPTEMBRE 1999 - 2 - SG/SM/7124
Communiqué de Presse
SG/SM/7124
TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 10 SEPTEMBRE 1999 - 2 - SG/SM/7124
19990910 10 septembre 1999Le Secrétaire général (parle en anglais): Bonjour Mesdames et Messieurs. Ces deux dernières semaines ont été difficiles pour nous tous et, sous les yeux du monde entier, la population du Timor oriental est victime de la terreur et des massacres après qu'elle ait exercé son droit à l'autodétermination par le biais d'un scrutin organisé par l'ONU, conformément à un accord signé, avec mon aide, par le Portugal, l'ancienne puissance coloniale, et l'Indonésie, l'actuelle puissance occupante. Cet accord avait reçu l'aval des dirigeants du Timor oriental.
Aux termes de cet accord, l'Indonésie s'était engagée à maintenir l'ordre et la sécurité dans tout le territoire au cours du scrutin et par la suite, jusqu'à ce que les résultats aient été avalisés par le nouveau Parlement indonésien. Hélas, elle n'a pas tenu ses engagements, en dépit de l'imposition de la loi martiale pendant ces dernières 72 heures.
Le Timor oriental sombre dans l'anarchie. Les milices anti- indépendantistes qui ont été largement battues lors du scrutin, se livrent à une série de pillages, de mises à feu et de massacres. Je me suis fréquemment entretenu avec le Président de l'Indonésie et je lui ai instamment demandé d'exercer son contrôle sur la situation mais celle-ci continue de se dégrader. Des centaines de milliers de Timorais ont été contraints de quitter leur foyer. Un grand nombre d'entre eux ont été déplacés de force au Timor occidental et dans d'autres régions de l'Indonésie. Le sort de plusieurs d'entre eux reste inconnu.
La Mission des Nations Unies au Timor oriental a été obligée, pour des raisons de sécurité, d'évacuer 12 de ses 13 centres régionaux et de concentrer ses représentants restants à Dili. Tout au long de ce processus, la MINUTO a fait l'objet de menaces répétées. Plusieurs membres de notre personnel local ont été assassinés, un des membres de la police civile a été blessé. Des coups de feu ont été tirés à hauteur d'homme sur nos locaux situés à Bacau. C'est la raison pour laquelle j'ai autorisé Ian Martin, le chef de la Mission, à évacuer de Dili vers Darwin tout le personnel local ainsi que leurs familles, de même que le personnel international n'exerçant pas des fonctions essentielles. Leur évacuation a été réalisée avec succès hier.
La nuit dernière, il y a eu un nouvel incident dans nos locaux et dans l'école voisine. Des milices ont tiré en l'air et ont menacé d'envahir les locaux mêmes de la MINUTO. Nonobstant, les forces indonésiennes qui sont censées protéger les locaux de l'ONU n'ont rien fait. Jusqu'à présent, elles ont été dans l'incapacité de prendre des mesures efficaces pour rétablir la sécurité ou elles s'y sont refusées. C'est la raison pour laquelle je demeure en contact permanent avec M. Martin tout en attendant l'issue de la mission du Conseil de sécurité qui se rendra au Timor oriental demain. Nous suivons de très près l'évolution de la situation et je suis disposé à prendre toutes les décisions nécessaires pour assurer la sécurité du personnel de l'ONU.
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D'autre part, je suis profondément inquiet quant au sort des personnes déplacées qui se trouvent toujours dans les locaux de la MINUTO et dans l'école voisine. Nous continuons d'envisager activement ce qui peut être fait pour assurer la sécurité de ce groupe menacé. Je sais, notamment par les milliers de messages que j'ai reçus du monde entier ces quelques derniers jours, que nombreux sont ceux qui pensent que l'ONU abandonne la population du Timor oriental au moment où elle a le plus besoin de notre soutien. Je tiens à vous assurer avec force que tel n'est pas le cas. Mais la situation est allée bien au-delà de ce qu'on peut raisonnablement attendre d'une petite mission qui avait été envoyée pour organiser un scrutin populaire et qui n'avait jamais été équipée ni n'avait reçu de mandat pour imposer l'ordre public.
L'heure est venue pour l'Indonésie de demander l'aide de la communauté internationale afin qu'elle puisse s'acquitter de la responsabilité qui lui incombe de rétablir l'ordre et la sécurité pour la population du Timor oriental et de permettre à ceux qui ont été déplacés de retourner chez eux dans des conditions de sûreté. Plusieurs gouvernements de la région, y compris ceux de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, des Philippines et de la Malaisie, m'ont assuré qu'ils étaient disposés à participer à l'envoi d'une force internationale à cette fin. L'Australie en particulier a pris des engagements concrets et a accepté, à ma demande, de prendre la direction de cette force. Je suis profondément reconnaissant au Premier Ministre Howard ainsi qu'à tous les gouvernements intéressés.
Je supplie le Gouvernement indonésien d'accepter sans retard leur offre d'aide. S'il la refuse, il sera inévitablement tenu responsable de ce qui pourrait bien être qualifié de crime contre l'humanité, d'après les rapports qui nous parviennent. Quoi qu'il en soit, ceux qui sont responsables de ces crimes doivent être traduits en justice.
Le Timor oriental vit un moment de crise profonde, de danger et d'incertitude. Mais n'oublions pas que la population de cette partie du monde a pu s'inscrire sur les listes et voter en grand nombre pour décider, pour la première dans leur histoire, de leur sort. Il incombe à la communauté internationale de veiller à ce que leurs aspirations soient respectées et à ce qu'on ne laisse la violence en décider.
Question (parle en anglais) : Après tout ce que nous avons pu observer ces dernières semaines au Timor oriental, allons-nous envoyer une force internationale de paix comme celle que nous avons envoyée au Kosovo?
Le Secrétaire général (parle en anglais) : La question est intéressante. Jusqu'à présent, les gouvernements avec lesquels j'ai discuté n'envisagent pas cette possibilité, mais je pense que nous devrions tous exercer une pression collective sur l'Indonésie, puisqu'elle n'a pas été en mesure d'assurer la sécurité comme elle s'y était engagée et qu'elle n'a pas accepté l'aide de la communauté internationale pour mettre un terme au massacre. Je lance un appel sincère au Gouvernement indonésien pour qu'il accepte cette offre.
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Je sais que vous faites un parallèle avec le Kosovo et avec ce qui s'est passé dans d'autres régions, et je ne pense pas que l'analogie soit absolument dénuée de pertinence.
Question (parle en anglais) : Diriez-vous du Gouvernement indonésien ou de l'armée qu'il est dans l'incapacité de maintenir l'ordre public ou qu'il n'en a pas la volonté? Le Président des Etats-Unis a dit aujourd'hui que l'armée indonésienne encourageait manifestement la violence au Timor oriental. Etes-vous prêt à en tirer la même conclusion? Les Nations Unies sont-elles prêtes à dire qu'il s'agit non pas d'incapacité, mais seulement de manque de volonté?
Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je pense que ce qui est important ici, et je l'ai d'ailleurs dit dans ma déclaration, c'est que même lorsque le complexe des Nations Unies a été attaqué, l'armée n'a rien fait. Je pense que ceci est très révélateur. C'est la raison pour laquelle je pense qu'ils ont échoué et qu'ils doivent accepter l'aide internationale.
Question (parle en anglais) : Les Nations Unies ont travaillé dur et longtemps pour obtenir que ce vote ait lieu. Après coup, pensez-vous qu'on aurait pu faire quelque chose pour essayer d'éviter la situation actuelle?
Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je voudrais dire que les Nations Unies n'ont pas été naïves en ce qui concerne le passé de violence du Timor oriental, ces 24 dernières années. Dans le cadre de l'accord, le Gouvernement indonésien - un gouvernement qui a occupé ce territoire pendant 24 ans - a affirmé être capable d'assurer la sécurité, ne pas accepter une force de maintien de la paix et qu'il assumerait cela seul. Nous avons constaté, le jour du vote, le 30 octobre, qu'ils étaient capables d'assurer la sécurité pour le bon déroulement du vote. Pourquoi n'ont-ils pas soutenu cet effort afin que l'on puisse appliquer les résultats du scrutin?
Je sais qu'avec du recul, certains disent qu'on aurait dû dépêcher une force internationale, que les Nations Unies n'auraient pas dû croire les Indonésiens quand ils ont prétendu maintenir l'ordre public. Mais dans de telles négociations, qui ont connu une impasse de 24 ans, on en arrive au stade où, par exemple, si nous n'avions pas insisté pour qu'ils maintiennent l'ordre public, nous n'aurions probablement pas eu de vote. Tout le monde a cru qu'ils tiendraient parole. Personne n'aurait jamais imaginé que ce qui arrive aujourd'hui aurait pu arriver - même pas la presse ou qui que ce soit. Je savais que nous nous attendions à des difficultés. Nous savions qu'il y aurait des problèmes de sécurité, mais pas un tel carnage ni une telle hécatombe, en présence d'une armée et d'une police dans l'incapacité totale de faire quoi que ce soit.
Je peux vous assurer que si ceux qui ont contribué à l'accord - et n'oublions pas que l'accord a été signé par le Portugal et l'Indonésie, avec le soutien des dirigeants, et l'approbation unanime du Conseil -, si un de nous avait soupçonné que cela allait être chaotique, je pense que personne n'aurait été de l'avant. Nous ne sommes pas fous.
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Question (parle en anglais) : Vous avez dit qu'il était inapproprié d'établir une comparaison avec ce qui s'est passé ...
Le Secrétaire général (parle en anglais) : Non, je n'ai pas dit que c'était inapproprié. J'ai dit que la comparaison pourrait bien être appropriée. Je n'ai pas dit qu'elle n'était pas appropriée.
Question (parle en anglais) : Je voudrais poser une autre question. Il semble que nous ayons à faire ici à une dichotomie entre l'autorité civile en Indonésie et les autorités militaires. D'après le dernier numéro du magazine The Nation, l'émissaire qui a été envoyé à Washington, un militaire, aurait transmis un message complètement erroné à l'armée indonésienne, comme quoi, en gros, "ils pouvaient y aller et faire ce qu'ils avaient à faire".
Etant donné cette dichotomie, et étant donné que les Pakistanais ont une dichotomie entre l'autorité civile et l'autorité militaire, cela veut-il dire que les Nations Unies doivent reconnaître ce fait? Lorsqu'il faut faire signer un document, peut-être faut-il le demander à l'armée?
Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je crois que nous avons conscience des éventuelles divisions entre eux. En fait, nous avons uvré aux deux niveaux. J'ai négocié au niveau politique avec le Président Habibie et d'autres ont négocié avec le général Wiranto. On a demandé non seulement au personnel des Nations Unies, mais également à d'autres gouvernements d'influence de négocier avec le général Wiranto. Nous avons donc incité aussi bien les dirigeants militaires que les dirigeants politiques à tenir parole.
L'armée indonésienne est bien équipée. De nombreux gouvernements lui ont vendu du matériel. Ils sont bien entraînés, paraît-il, et auraient pu être en position de contenir une situation telle que celle qui s'est imposée au Timor oriental. Le fait que ce qui se passe au Timor orientale peut toucher d'autres régions telles que Aceh et Irian Jaya suscite manifestement certaines préoccupations, mais nous ne sommes pas là pour faire le procès de l'Indonésie ni pour la détruire. Ce qui nous préoccupe, c'est le Timor oriental et je pense que cette région a une histoire différente. Les autres ont toujours fait partie de l'Indonésie, pas le Timor oriental. Et nous savons comment l'Indonésie en est venue à occuper le Timor oriental.
Question (parle en anglais) : Il y a quelques jours, un peu plus de 72 heures, vous avez lancé un appel au Gouvernement indonésien pour qu'au moins, il envisage de deux choses l'une : soit d'accepter une aide extérieure, soit d'accepter les résultats du référendum dans les plus brefs délais. Jusqu'ici, rien ne s'est produit. Vous attendez-vous à ce que des mesures telles que celle prise par Washington incitent l'Indonésie à vous répondre? Appuyez-vous ces mesures unilatérales susceptibles d'exercer la pression que vous voudriez exercer sur le Gouvernement indonésien?
Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je dois dire que j'ai été encouragé par ce qu'a dit le Président Clinton et j'ai constaté qu'aujourd'hui, plusieurs autres dirigeants se sont manifestés. J'ai vu les dépêches indiquant que le Premier Ministre Blair a pris la parole.
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Le Pape a pris la parole. Je voudrais également encourager certains des dirigeants de la région à le faire et je sais que certains d'entre eux l'ont fait discrètement, en coulisse. Mais peut-être devrions-nous tous redoubler d'efforts pour encourager et inciter les autorités indonésiennes à solliciter une assistance, car leur réputation et leur image internationale sont menacées, si pas déjà détruites.
Question (parle en anglais) : Je parlais de la mesure prise par Washington pour ce qui est des liens militaires entre les deux pays.
Le Secrétaire général (parle en anglais) : J'ai répondu à cela. J'ai dit que j'avais été encouragé par ce que le Président avait dit. A l'évidence, nous devons veiller à ne pas rompre tout contact et à avoir les moyens de les contraindre à faire ce qu'il faut.
Question (parle en anglais) : Puisqu'il y a une sorte d'impasse entre les deux parties, y a-t-il d'autres idées innovatrices, comme par exemple un convoi militaire non armé ou autre chose que les Indonésiens accepteraient?
Le Secrétaire général (parle en anglais) : Nous avons déjà parlé de cela. En fait, j'en ai également parlé avec le Président Habibie il y a deux jours, et lui ai expliqué que nous voulions revenir avec une assistance humanitaire. Il a été réceptif à l'idée, mais j'ai également soulevé la question de la sécurité. Les agents humanitaires qui s'y rendront doivent pouvoir opérer dans un climat de sécurité qui serait assuré par l'Indonésie ou par une unité de sécurité qui, avec la permission de l'Indonésie, serait chargée de les protéger.
Le Secrétaire général (parle en anglais): A ce stade, il a dit "Je pense que nous allons pouvoir maîtriser la situation avec la loi martiale." Ceci n'a pas eu lieu. Mais au moins, l'idée d'aide humanitaire et d'agents humanitaires est encore ouverte. Et je veux espérer que notre propre personnel, qui a été retiré mais n'a pas quitté la zone de mission - il y a eu un redéploiement provisoire à Darwin -, pourra repartir dès que la situation le permettra et que sa sécurité pourra être garantie. Mais nous travaillons très activement dans le domaine humanitaire.
Journaliste (parle en anglais): Vous avez évoqué la possibilité que certains actes commis au Timor oriental constituent des crimes contre l'humanité. Est-ce que voudriez, à ce stade, recommander au Conseil de sécurité la création d'un tribunal ad hoc pour enquêter sur des crimes éventuels contre l'humanité?
Le Secrétaire général (parle en anglais): Je pense que cela est peut- être quelque peu prématuré. Comme je l'ai indiqué, je me base sur les indications qui me parviennent. Mais il faudra enquêter davantage pour pouvoir le faire. Mais ceci ne pourrait être exclu. Mais à ce stade, je ne suis pas prêt à le faire.
Journaliste (parle en anglais): Pourriez-vous préciser ce que la mission du Conseil de sécurité fait exactement en Indonésie?
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Le Secrétaire général (parle en anglais): La mission du Conseil de sécurité a eu diverses rencontres. Il y a eu des rencontres avec le Président Habibie, le Général Wiranto, le Ministre des affaires étrangères Alatas. Les membres de la mission ont pu parler à certains des leaders d'opposition dont Mme Megawati. Ils évaluent la situation sur le terrain. Ils ont également parlé avec Xanana Gusmao, à qui j'ai parlé la nuit dernière. Si la situation le permet, ils se rendront demain à Dili. J'espère qu'ils pourront aussi visiter notre siège, évaluer la situation avec notre personnel et, à leur retour, présenter un rapport à l'ensemble du Conseil. Ils pourraient être de retour lundi ou mardi. C'est 24 heures, donc éventuellement lundi ou mardi.
Journaliste (parle en anglais): Etes-vous prêt à inciter fermement le Conseil de sécurité à approuver une résolution (inaudible) force. Vous dites que certains pays de la région sont prêts à agir. Y a-t-il d'autres pays, en Europe, et les Etats-Unis, (inaudible) le Président Clinton?
Le Secrétaire général (parle en anglais): Oui, j'ai eu des conversations avec le Président Clinton, et je pense que vous l'avez entendu hier. Je pense qu'à Washington, il y a des consultations et je ne pense pas qu'une décision ait été prise sur la nature de la participation des Etats-Unis - s'ils décident de participer. Mais j'ai parlé au Président et je sais qu'il soutient l'idée dune force internationale d'appui. Je vous ai cité les gouvernements qui m'ont donné un engagement direct, et l'Australie que j'ai contactée il y a quelque temps pour en assurer la direction. Et comme je l'ai dit, ils feront preuve d'un engagement majeur. Je pense que d'autres gouvernements suivront si l'on arrive à une situation d'action imminente.
Journaliste (parle en anglais): Il y a des indications selon lesquelles le Président Clinton, après des jours de silence relatif, ses paroles ont peut-être un certain effet. Pensez-vous qu'ils devraient accroître la pression et inclure la cessation des ventes d'armes à l'Indonésie? Par ailleurs, vous sentez-vous personnellement trahi par le Gouvernement indonésien?
Le Secrétaire général (parle en anglais): Je ne sais pas si je peux conseiller à Washington de cesser les ventes d'armes. Je crois que ceci a eu lieu. S'ils vont arrêter toutes les relations militaires, je pense que ceci inclurait les ventes d'armes, ce qui constitue un ? décisif.
Orateur (inaudible)
Le Secrétaire général (parle en anglais): Ceci n'est pas inclus? Si les ventes d'armes ne sont pas comprises, c'est quelque peu surprenant car franchement, la question des relations militaires entre pays, indépendamment des arrangements de sécurité, dépend souvent des ventes d'armes et de la fourniture de matériel militaire. Donc, j'espère qu'ils examineront cela.
Journaliste (parle en anglais): Vous sentez-vous personnellement trahi par les Indonésiens?
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Le Secrétaire général (parle en anglais): Je ne sais pas si trahison est le mot correct. Je suis choqué par ce qui s'est passé et je pense que nous sommes tous surpris que cela puisse avoir lieu et qu'un gouvernement avec une armée si importante ne puisse pas maîtriser la situation, et qu'un gouvernement occupant ce territoire depuis 24 ans et connaissant la région, la population et ses tendances, ne puisse le faire. Je suis peiné et très déçu que ceci ait eu lieu, surtout pour les Timorais. Ces derniers ont, pour la première fois en 24 ans, eu la chance de s'exprimer de façon éloquente sur leur destinée et ils se retrouvent soudain dans un engrenage de violence et de chaos. Je suis très désolé pour eux. Leur dirigeant est actuellement à l'ambassade britannique. Ceci aurait dû être le moment où il devrait être sur place, parlant à son peuple et préparant l'avenir. C'est pourquoi je pense que nous ne devrions pas laisser les milices et leurs partisans, quels qu'ils soient, remettre en cause violemment les résultats du scrutin. Le peuple a voté et les résultats doivent demeurer. La violence ne peut être tolérée.
Journaliste (parle en anglais): Pourquoi recherche-t-on encore l'accord de l'Indonésie? Car en vertu du droit international, le pays en charge de ce territoire demeure le Portugal. Pourquoi, au vu de tous ces faits, ne pourrait-on pas dire à l'Indonésie, dans uns simple résolution, de quitter le Timor oriental, de respecter la volonté librement exprimée de ce peuple et autoriser une force internationale à s'y rendre? Pourquoi ne pourrait-on pas le faire? Pourriez-vous commenter les paroles du représentant du Portugal à Jakarta qui a dit qu'en agissant ainsi, le Conseil de sécurité est un complice?
Le Secrétaire général (parle en anglais): Je voudrais dire que même le Portugal n'a pas suggéré ce que vous dites : que le Portugal est le pays en charge, en cette phase historique, et que ce qu'il nous faudrait est une permission du Portugal ou de dire que l'Indonésie n'a pas la légitimité dans sa revendication sur le Timor oriental. Durant 24 ans, elle a dirigé le Timor oriental. De fait, c'est un gouvernement au Timor oriental. Et si cela n'était pas le cas, nous n'aurions pas lancé le processus du scrutin, pour tenter de [savoir sils souhaitent]séparer le Timor de lIndonésie. Donc, nous avons accepté le fait qu'ils soient l'autorité au Timor oriental ? La question quant au fait de ne pas y aller est très simple, Car d'abord, il faut disposer d'une force et les gouvernements doivent être prêts à y aller. Nous parlons tous de l'ONU et de la communauté internationale. Celle-ci est composée de gouvernements ayant la capacité et la volonté d'agir. Ils ont fait savoir qu'il serait trop dangereux d'y aller. Et ils ne le feront pas sans - si vous voulez - le consentement de l'Indonésie. C'est pourquoi je pense qu'il faut faire des pressions sur l'Indonésie pour qu'elle change d'avis et les laisse venir. C'est la seule façon de pouvoir faire intervenir une force en vue d'apporter une aide. Nous devons tous exercer des pressions. L'Indonésie doit admettre qu'elle a échoué et qu'elle a besoin d'aide. Et je pense que toutes les pressions pour les faire changer d'avis pourraient être utiles.
Journaliste (parle en anglais): Quelle était l'intention de ceux qui ont ouvert le feu sur le complexe? Voulaient-ils prendre les personnes déplacées se trouvant à l'intérieur?
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Le Secrétaire général (parle en anglais): Je ne sais pas mais je pense que cela fait partie des manuvres d'intimidation. Nous avons encore un nombre appréciable de personnes sur place. Nous n'avons pas fermé notre bureau ni retiré tout notre personnel. Il y a près de 100 employés des Nations Unies dans le bâtiment. Il semble qu'ils aient pris de véhicules - je pense que Fred peut vous donner des précisions. Cela me paraît être surtout de l'intimidation.
Journaliste (parle en anglais): Avez-vous parlé au Président Habibie depuis l'attaque du complexe? Et si tel est le cas, comment a-t-il pu expliquer l'inaction des forces indonésiennes?
Le Secrétaire général (parle en anglais): Je lui parlerai plus tard aujourd'hui.
Journaliste : Il semble que le monde entier est au courant de ce qui se passe au Timor oriental mais ma question est la suivante: il faudra combien de morts avant que la communauté internationale et le Conseil de sécurité fassent ou entament une action? Parce que cela fait beaucoup de mots et beaucoup de morts.
Le Secrétaire général : C'est une question difficile. Je vous comprends, mais comme je viens de le dire, le Conseil de sécurité est prêt à autoriser une force, et je crois que peut-être, on doit même se préparer. Espérons que le Gouvernement indonésien va accepter que la communauté internationale peut l'aider, et j'espère que cela va venir mais évidemment, je comprends les frustrations. Mais, c'est la situation. Merci beaucoup.
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