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COMME L’ONU, LA FRANCOPHONIE CONTRIBUE A INSTAURER UNE CULTURE DE LA PAIX, DES DROITS DE L’HOMME ET DE LA DEMOCRATIE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

3 septembre 1999


Communiqué de Presse


COMME L’ONU, LA FRANCOPHONIE CONTRIBUE A INSTAURER UNE CULTURE DE LA PAIX, DES DROITS DE L’HOMME ET DE LA DEMOCRATIE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

19990903

On trouvera ci-après le texte de l’allocution du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, à l’occasion du huitième Sommet de la francophonie, à Moncton (Nouveau-Brunswick), le 3 septembre 1999 :

Permettez-moi tout d’abord de remercier le Canada et le Nouveau- Brunswick pour la chaleur de leur accueil. Fiers de leur diversité - notamment linguistique - mais tout aussi jaloux de leurs spécificités, nos hôtes incarnent parfaitement l’esprit de la Francophonie.

Je suis particulièrement sensible à cet esprit. Parce qu’il est aussi l’essence de l’Organisation que je dirige. Et parce qu’il me permet de me sentir pleinement associé à votre grande famille francophone.

En l’année 1999, cette famille a voulu se mettre à l’écoute de ses jeunes membres, ceux qui construiront le siècle prochain. Elle les a encouragés à se rencontrer, à se concerter, à confronter leurs idées - en direct ou sur Internet. Ce faisant, elle les a incités à créer, au- delà d’une communauté de langue, une véritable communauté d’esprit et de coeur soudée par un ensemble de valeurs et d’idéaux partagés.

La Francophonie invite ses jeunes à fonder leur identité de francophones non pas sur un repli frileux et défensif, non pas sur le chauvinisme ou le protectionnisme, mais sur une réelle volonté de dialoguer tout en préservant la richesse linguistique, culturelle et humaine de notre monde. Cette invitation est une invitation à la paix telle que nous la concevons à l’ONU. Et elle touche de très près le thème que je voudrais aborder avec vous aujourd’hui: celui du dialogue entre les civilisations.

On dit beaucoup aujourd’hui que si la mondialisation nous rapproche, elle risque aussi de réduire notre univers à un espace tristement uniforme. Par ailleurs, on sait qu’elle promet une prospérité accrue, mais on reconnaît qu’elle continue de creuser les écarts. Ces tendances paradoxales suscitent un désarroi compréhensible. La conclusion la plus répandue est que la mondialisation porte en elle de formidables promesses, mais que certains de ses aspects exigent une gestion attentive.

- 2 - SG/SM/7118 3 septembre 1999

Je crois que si l’Assemblée générale des Nations Unies a fait de l’année 2001 l’Année du dialogue entre les civilisations, c’est pour contribuer à cette gestion en aidant la communauté internationale à redéfinir certains de ses repères à l’orée du troisième millénaire.

Les prémisses de cette réflexion sont claires. L’intégration gagne du terrain et les problèmes exigeant des solutions mondiales se multiplient, qu’il s’agisse de la dégradation de l’environnement, de l’épidémie de sida ou de la criminalité transnationale. Il est de plus en plus manifeste que tous les peuples de la terre sont voués à former une communauté unique relativement unie. Or, tout groupe humain a besoin, pour assurer sa cohésion, d’un minimum de règles et de normes acceptées. Le moment est donc venu de réfléchir ensemble aux valeurs sur lesquelles nous voulons fonder notre indispensable coexistence.

Pour avoir une véritable force cohésive, ces valeurs doivent bien sûr avoir l’adhésion de tous. Il faut donc que toutes les parties – qu’on les appelle sociétés, cultures ou civilisations - engagent un dialogue ouvert fondé sur le respect des différents points de vue. Fondé aussi sur la ferme conviction que la diversité n’est pas une menace mais une source de richesse et de vitalité.

De toute évidence, le dialogue que nous recherchons ne part pas de rien. La Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme délimitent un terrain d’entente fondé sur un principe reconnu de tous: celui de la dignité et de l’égalité de tous les êtres humains. Ces instruments, nous les léguons aux jeunes d’aujourd’hui avec la certitude qu’ils resteront demain aussi valables qu’il y a un demi siècle, quand ils furent adoptés.

Toutefois, l’indignité de la misère qui perdure, l’abomination du nettoyage ethnique, l’horreur du génocide et l’odieuse persécution des civils en temps de guerre donnent la triste mesure du chemin qui reste à parcourir pour que notre communauté mondiale mérite les qualificatifs de «civilisée » et d’«humaine».

Comme l’ONU, c’est vers ce but que tend la Francophonie. Par ses missions de conciliation ou d’observation des élections, son soutien à la presse, ou encore ses activités dans le domaine de l’éducation, elle contribue à instaurer une culture de la paix, des droits de l’homme et de la démocratie.

Les francophones ont des origines, des traditions, des convictions très diverses. Ils représentent un large éventail de sociétés et de peuples. Pourtant, ils sont capables de dialoguer et de coopérer. Certes, l’amour de la belle langue française les unit. Mais ce serait trop peu, nous le savons, s’ils n’avaient en commun le langage universel de la paix, de la justice, de la liberté et de la solidarité.

Aux jeunes du monde entier à qui ce sommet est dédié, voici donc le message que je voudrais transmettre: apprenez, pratiquez et cultivez ce langage universel. Chérissez votre individualité, respectez celle d’autrui et, toujours, recherchez les points de rencontre plutôt que les lignes de fracture. Le dialogue des civilisations, c’est à chacun d’entre vous qu’il appartient de le nourrir.

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