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SG/SM/7107

LES PEUPLES AFRICAINS NE PEUVENT CONTINUER DE PAYER LE TRIBUT EXORBITANT DES CONFLITS QUI LES DECHIRENT, ESTIME LE SECRETAIRE GENERAL

20 août 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7107


LES PEUPLES AFRICAINS NE PEUVENT CONTINUER DE PAYER LE TRIBUT EXORBITANT DES CONFLITS QUI LES DECHIRENT, ESTIME LE SECRETAIRE GENERAL

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On trouvera ci-après le message lu au nom du Secrétaire général, M. Kofi Annan, par le Directeur adjoint de la Division Afrique II du Département des affaires politiques, M. Sammy Kum Buo, à la Conférence mondiale des rois, reines, chefs traditionnels et leaders religieux sur la prévention des conflits au XXIème siècle, tenue le 16 août à Cotonou (Bénin) :

Je tiens tout d’abord à remercier Africa-Cultures International Institute d’organiser cette conférence sur un thème si crucial pour notre avenir à tous: la prévention des conflits au XXIe siècle. Je salue les efforts inlassables que déploie cette organisation pour donner vie aux idéaux de paix, de concorde et de fraternité que l’Organisation des Nations Unies a pour mission de faire prévaloir.

Je voudrais aussi exprimer ma reconnaissance à toutes les personnalités, béninoises et autres, qui font ici la preuve de leur attachement au bien-être des peuples d’Afrique et de leur volonté de placer notre continent sous le signe de la paix au siècle prochain.

Cette volonté de voir triompher la paix sera incontestablement l’une des clés de notre avenir. Or, des signes encourageants montrent qu’elle est bel et bien présente un peu partout en Afrique. Il est manifeste aujourd’hui que de nombreux pays africains sont prêts à regarder en face des réalités parfois dures, mais toujours incontournables. Qu’ils ne manquent ni de courage, ni de détermination face aux défis à surmonter. Qu’ils sont capables de réfléchir ensemble aux problèmes et de mettre en place des mécanismes de prévention et de résolution des conflits. Qu’ils sont prêts à se prendre en main et méritent d’être aidés, parce qu’ils sauront mettre à profit l’aide qui leur sera apportée.

Ces signes sont importants, non seulement en eux-mêmes mais aussi parce qu’ils contribuent à modifier une image de l’Afrique qui nous nuit. Beaucoup de non-Africains perçoivent notre continent comme un immense champ de bataille. L’Afrique n’évoque pour eux qu’une interminable suite de violents conflits, avec leur cortège de morts, de blessés, de réfugiés. Ils peuvent se dirent que quoi qu’ils fassent, la logique de la guerre est inévitable en Afrique. Nous savons que la réalité est différente. Mais nous savons aussi que cette vision des choses n’est pas dénuée de fondement: nous demeurons trop tolérants face à la culture de la guerre.

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Pour les pays africains qui se déchirent ou s’entre- déchirent, les coûts sont exorbitants. Engloutissant de précieuses ressources humaines et matérielles, détruisant les infrastructures, les conflits armés anéantissent le fruit de longs efforts de développement. Canalisant l’aide extérieure vers l’assistance humanitaire et décourageant les investisseurs, ils hypothèquent aussi l’avenir. C’est un tribut que les peuples africains ne peuvent continuer de payer.

Hélas, il n’existe ni de recette simple, ni de formule infaillible pour prévenir ou régler les conflits. Etant donné la complexité des facteurs qui entrent en jeu, seul un véritable travail de fond axé sur la lutte contre la pauvreté, la justice sociale, les droits de l’homme, la bonne gouvernance, l’état de droit et la démocratie peut aider à maintenir ou à restaurer la cohésion au sein des sociétés.

Ce travail, l’Organisation des Nations Unies s’y attelle sans relâche, depuis sa création, avec tous les gouvernements africains qui font appel à elle. Mais il touche de si près au tissu social qu’il serait impensable de le mener sans la participation de la société civile.

Je considère les organisations non gouvernementales, en particulier, comme de précieux partenaires pour l’Organisation des Nations Unies et comme de puissantes forces de progrès. D’abord parce qu’elles sont l’émanation directe des citoyens, les premiers à subir les conséquences des conflits et donc les premiers intéressés à instaurer des sociétés justes et stables. Ensuite parce qu’elles sont capables, on l’a vu, de créer des coalitions pouvant peser d’un poids énorme sur les décisions des gouvernements. C’est ce qu’elles ont fait, notamment, dans le cadre des campagnes internationales pour l’adoption du Traité interdisant les mines terrestres et du Statut de la Cour pénale internationale, deux instruments d’une importance capitale pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Je fonde donc beaucoup d’espoirs sur les travaux d’organisations comme celle-ci, connue et respectée au-delà des frontières du Bénin et de l’Afrique. De vos réflexions peuvent jaillir des idées d’intérêt national, régional et même universel qui viendront consolider les avancées réalisées par l’humanité dans sa quête d’une paix durable pour tous les peuples du monde. En vous encourageant à faire preuve de créativité et d’ouverture d’esprit, je vous présente tous mes voeux de succès dans votre noble entreprise et vous souhaite de très fructueuses délibérations.

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