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FEM/1089

LA BONNE SANTE DE L'ECONOMIE ET UNE POLITIQUE PUBLIQUE VOLONTARISTE ONT PERMIS D'AMELIORER LA SITUATION DE LA FEMME EN IRLANDE

21 juin 1999


Communiqué de Presse
FEM/1089


LA BONNE SANTE DE L'ECONOMIE ET UNE POLITIQUE PUBLIQUE VOLONTARISTE ONT PERMIS D'AMELIORER LA SITUATION DE LA FEMME EN IRLANDE

19990621 Les expertes demandent à l'Etat partie de fournir des données permettant d'évaluer l'impact des politiques mises en oeuvre en faveur des femmes

La Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a entamé, ce matin, son examen des Deuxième et Troisième rapports combinés de l'Irlande, qui ont été présentés par M. Bernard McDonagh, Deuxième Secrétaire au Département de la justice, de l'égalité et de la réforme législative. Rappelant que l'Irlande est actuellement dirigée par une femme, Mme McAleese, il a néanmoins fait remarquer que les femmes étaient encore sous-représentées dans la vie publique, notamment au Parlement. Grâce à l'action de la Deuxième Commission sur le statut des femmes, les dernières élections européennes ont toutefois permis aux femmes d'occuper désormais un tiers des sièges irlandais au Parlement européen. Dans la fonction publique, la proportion de femmes s'accroît, mais elle sont encore minoritaires aux postes à haute responsabilité, a également reconnu M. McDonagh.

En matière d'éducation, Mme Maureen Bohan, du Ministère de l'éducation et des Sciences, a rappelé que la Loi sur l'Education de 1998 prend en compte la sexospécificité, et veille à ce que l'école traite à égalité les filles et les garçons. M. Tim Quirke du Ministère de la famille et des affaires sociales a expliqué que le fort développement économique de ces dernières années a permis à l'Irlande de revoir ses objectifs en matière de lutte contre la pauvreté. Le taux de chômage, qui est aujourd'hui de 6,1%, devrait ainsi passer au-dessous de la barre des 5% d'ici 2002. De 25% de l'ensemble des travailleurs en 1971, les femmes sont passées à 40% aujourd'hui. Le Gouvernement irlandais consulte actuellement les partenaires sociaux afin d'examiner les voies et moyens de mieux concilier travail et famille, en multipliant notamment les services de garde des enfants, ou encore d'améliorer la formation des jeunes. Dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté, lancé en 1997, les familles monoparentales, les femmes des zones rurales et des zones urbaines les plus marginalisées font aussi l'objet d'une attention toute particulière. En outre, les lois sur l'égalité en matière d'emploi et sur l'égalité de statut interdisent expressément neuf types de discrimination fondée notamment sur le sexe, le statut marital, ou encore sur l'orientation sexuelle.

La délégation irlandaise a indiqué par ailleurs, que sur les 5 réserves émises à la Convention, celles relatives aux droits bancaires et aux prêts et celles portant sur le droit de participer à tous les aspects de la vie culturelle et aux activités récréatives devraient être bientôt levées.

Entamant ensuite leur dialogue avec l'Etat partie, les expertes ont estimé que la multiplicité des lois adoptées et des programmes mis en place en faveur des femmes témoignait d'une volonté politique réelle et sincère. Elles ont cependant regretté qu'aucune information quant à l'impact des initiatives prises n'ait été fournie. Faisant observer que la Constitution irlandaise semble encore contenir des dispositions stéréotypées, puisqu'elle fait directement allusion à la femme au foyer, plusieurs expertes ont demandé s'il existe d'éventuelles mesures spécifiques prises pour corriger le problème du partage inégal des tâches domestiques entre hommes et femmes. Elles se sont demandées si le manque de facilités de garderies pour les enfants ne jouait pas à l'encontre du travail des femmes, contrairement à ce que la Loi sur l'égalité de l'emploi entend promouvoir.

Cet après-midi, à partir de 15 heures, le Comité poursuivra son dialogue avec l'Etat partie.

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EXAMEN DES DEUXIEME ET TROISIEME RAPPORTS DE L'IRLANDE

Rapports (CEDAW/C/IRL/2-3)

Le rapport, en date du 22 août 1997, indique qu'au cours des 25 dernières années, la société irlandaise a accompli des progrès considérables en ce qui concerne l'égalité de jure et de facto entre les femmes et les hommes. Les auteurs du rapport les attribue à trois facteurs principaux : la prise de conscience croissante dans le monde entier des droits des femmes; le statut de membre de l'Union européenne et les obligations qui en découlent; une population jeune et avertie, capable de revendiquer ses droits et prête à le faire.

Parmi les institutions créées pour défendre les droits des femmes, on trouve le Ministère de l'égalité et de la réforme législative créé en 1993 et chargé de veiller au moyen de réformes institutionnelles, administratives et juridiques, à ce que l'égalité devienne réalité; la Deuxième Commission nationale de la condition de la femme, mise en place en 1990 et notamment chargée d'étudier les mesures administratives et législatives qui permettraient aux femmes de participer sur un pied d'égalité avec les hommes à la vie économique, sociale et culturelle et faire des recommandations à ce sujet; l'Agence pour l'égalité en matière d'emploi, créée en 1977 pour oeuvrer à l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et à la promotion de l'égalité des chances entre les hommes et les femmes en matière d'emploi; enfin, le Conseil national des femmes irlandaises, antérieurement nommé le Conseil de la condition de la femme, créé en 1973, qui regroupe environ 150 Organisations non gouvernementales représentant les intérêts et les préoccupations des femmes.

Le rapport rend compte des actions pour donner suite aux articles de 1 à 16 de la Convention. Pour ce qui est de l'article 3 de la Convention, le rapport fait état des initiatives prises par les autorités irlandaises, notamment en ce qui concerne le rapport de la Deuxième Commission nationale de la condition de la femme, le test sexospécifique appliqué aux principes d'action gouvernementaux, les parents uniques, les femmes appartenant à la communauté des gens du voyage, les femmes handicapées, les lesbiennes et l'égalité dans le domaine culturel.

Dans le domaine de l'emploi, une série de mesures en faveur de l'égalité sont appliquées notamment dans le secteur public. Une politique d'égalité des chances est envisagée pour compléter les droits légaux. Elle consisterait à redresser les inégalités engendrées par la discrimination et à promouvoir des mesures spécifiques visant à la réalisation du potentiel de tous les employés. Parmi les mesures prises pour éliminer le sexisme et les stéréotypes sexuels dans la fonction publique, le rapport cite la création d'un service au Ministère des finances pour veiller spécialement au respect de l'égalité

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entre les sexes, et la mise en place d'un Sous-comité de l'égalité des chances, composé de représentants de la direction et du personnel, chargé de superviser les progrès réalisés dans l'application de la politique et des directives et d'examiner un grand nombre de questions relatives à l'égalité.

Aux termes de la loi irlandaise, la prostitution n'est pas en soi un délit mais la loi cherche à protéger les prostituées contre l'exploitation et à protéger le public contre certaines manifestations de la prostitution. En ce qui concerne l'article 7 relatif à l'élimination de la discrimination dans la vie politique et publique, le rapport précise que de sensibles progrès ont été effectués ces dernières années, notamment depuis l'élection, en 1990, de la première femme à la présidence de la République d'Irlande. Le Gouvernement actuel comprend deux femmes parmi les 15 ministres du cabinet et trois femmes parmi les 17 sous-secrétaires d'Etat. Si les femmes sont encore insuffisamment représentées aux échelons les plus élevés de la fonction publique, on a pu constater une augmentation sensible, ces huit dernières années, du nombre de celles occupant des grades de fonctionnaire principal et grades supérieurs. La fonction publique a adopté une politique d'égalité des chances. Aux termes des lois irlandaises relatives à la citoyenneté et à la nationalité, aucune différence n'est faite en raison du sexe en ce qui concerne l'acquisition de la nationalité irlandaise. Par ailleurs, durant de nombreuses années, les gouvernements irlandais successifs ont poursuivi une politique d'égalité des chances pour tous en matière d'enseignement. Parmi les initiatives prises, le rapport fait état de la publication, en 1995, du livre blanc sur l'éducation, intitulé "Préparons l'éducation de demain", document qui réaffirme l'engagement du Gouvernement à la promotion de l'égalité dans tout le système de l'enseignement.

L'avortement est illégal en Irlande en vertu de la Offences Against the Person Act de 1861, si bien que les Irlandaises ont recours à des services d'interruption de grossesse dans d'autres pays. D'après les meilleures informations disponibles, le taux d'avortement en Irlande est de 9% des naissances vivantes, ce qui est relativement bas par rapport aux moyennes européennes. Le Gouvernement a fait entreprendre des travaux de recherche sur les raisons pour lesquelles les femmes choisissent l'avortement, Cette étude fournira un complément d'information sur le taux d'avortement. En ce qui concerne l'article 13, l'Irlande indique qu'en matière de sécurité sociale, elle se réserve pour l'instant le droit de continuer à appliquer les dispositions de sa législation, qui sont plus favorables aux femmes qu'aux hommes. Le rapport fait en outre référence à une série de mesures nouvelles pour remplacer les régimes existants d'allocations pour épouse abandonnée et parent unique. Ce nouveau régime s'applique également aux hommes et aux femmes et vise à abolir le concept d'abandon dans le système irlandais de sécurité sociale ce qui élimine la nécessité d'interrogatoires gênants pour apporter la preuve d'un abandon. Il a aussi pour objectif de traiter sur un pied d'égalité les familles monoparentales dirigées par un homme ou par

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une femme; d'éviter de porter des jugements sur la monoparentalité et d'encourager davantage les parents uniques à prendre un emploi. Pour ce qui est les prestations familiales, une allocation pour enfants est versée à toutes les familles ayant des enfants de moins de seize ans ou de moins de dix-neuf ans, étudiants à plein temps ou handicapés. Le rapport précise que les prestations ont été considérablement augmentées ces deux dernières années : une hausse de 45% a été accordée pour les deux premiers enfants et de 36% pour les suivants.

Il est difficile d'estimer le nombre exact de femmes irlandaises qui travaillent dans l'agriculture car le recensement de la population active ne prévoit pas de catégorie spéciale pour les épouses d'agriculteurs. Bien que l'exploitation agricole soit considérée comme une entreprise familiale, c'est au mari que revient traditionnellement la position de chef. Dans les faits, précise le rapport, la contribution de l'épouse est égale ou supérieure à celle de son mari, mais très peu de femmes sont propriétaires ou copropriétaires d'une exploitation. Ainsi, selon le recensement agricole de 1991 moins de 10% des exploitants agricoles sont des femmes et, à moins que le couple ne décide de transformer l'exploitation en une coentreprise, la plupart des femmes n'ont aucun droit de propriété sur l'exploitation familiale.

L'égalité devant la loi est un droit fondamental garanti par la constitution irlandaise. Hommes et femmes sont traités sur un pied d'égalité par les tribunaux à tous les stades de la procédure. Des dispositions législatives pour lutter contre la violence au sein de la famille sont adoptées en Irlande depuis de nombreuses années sous formes d'ordonnances d'interdiction, d'ordonnances de protection, de placement d'enfants, de mesures en cas de viol et d'attentat aux moeurs, de convocation des époux pour témoigner.

Questions du Groupe de travail présession

Rappelant que le rapport final de la Commission nationale de la condition de la femme et ses recommandations ont été à l'origine de nombreuses réformes juridiques et administratives, le Groupe demande quel est l'état actuel de ces réformes et quels en ont été globalement les effets. Il souhaite aussi connaître les mesures prises par l'Irlande pour modifier ou retirer ses réserves à certaines dispositions de la Convention.

Concernant la vie publique, le Groupe demande à la délégation irlandaise quel est le pourcentage des femmes membres de partis politiques et celui de femmes candidates aux élections aux organismes locaux et nationaux publiquement élus.

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Evoquant l'article 12 relatif à la santé des femmes, le Groupe souhaite savoir s'il est prévu de modifier la loi sur l'avortement et demande des statistiques sur le nombre d'interruption de grossesse illégaux en Irlande. Quelle est la situation en ce qui concerne les problèmes de santé des adolescents, notamment les grossesses précoces ? Quelles mesures ont été prises pour lutter contre l'abus des drogues, de l'alcool et du tabac chez les femmes, demandent aussi les expertes.

Le Groupe de travail a demandé des informations supplémentaires sur les articles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 15 et 16 de la Convention.

M. BERNARD MCDONAGH, Deuxième Secrétaire général du Ministère de la Justice, de l'égalité et de la réforme juridique, a rappelé que la République d'Irlande est dirigée pour la deuxième fois par une femme, Mme MacAleese, qui a succédé à Mme Robinson. A l'élection présidentielle de 1997, 4 candidats sur 5 étaient des femmes. Cela ne doit pas faire oublier que des efforts sont encore nécessaires pour améliorer la participation des femmes à la vie politique, car leur représentation est encore faible, notamment au Parlement. La Deuxième Commission sur le statut des femmes a examiné en détail les moyens d'améliorer la situation et, lors des dernières élections locales et européennes, tous les partis se sont engagés à présenter un nombre maximal de femmes candidates. Certains d'entre eux ont même établi un système de quotas. Malgré tout, le pourcentage de femmes candidates s'est révélé inférieur à celui des dernières élections européennes (19% contre 23%). Toutefois, cinq femmes figurent parmi les quinze candidats élus. Trois des quinze ministres du Gouvernement actuel sont aussi des femmes, y compris le Premier Ministre adjoint.

Si la proportion des femmes dans la fonction publique a augmenté, elles travaillent pour la plupart aux échelons les moins élevés et sont sous-représentées aux postes à haute responsabilité. Un Comité spécial a été désigné pour réfléchir à cette question, et des initiatives seront bientôt proposées au Gouvernement qui prendra les mesures adéquates. Le plan d'action national 2000-2006 prévoit de renforcer l'égalité entre hommes et femmes dans tous les domaines structurels. L'amélioration de la situation économique en Irlande a permis à un nombre croissant de femmes d'accéder au marché du travail. De 25% de l'ensemble des travailleurs en 1971, elles sont passées à 34% en 1991 et à 40% aujourd'hui. Les femmes ayant des emplois hautement qualifiés sont particulièrement recherchées par les entreprises. Le Gouvernement consulte actuellement les partenaires sociaux afin d'examiner les voies et moyens de mieux concilier travail et famille ou encore d'améliorer la formation des jeunes. Les employeurs, réticents au départ, semblent être de plus en plus nombreux à s'intéresser à ces questions.

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Pour ce qui est de la protection de l'enfance, on constate qu'il y a une demande croissante de services tels que les gardes d'enfants, puisque les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler. Un groupe interparlementaire de travail à été mis en place par le Gouvernement pour réfléchir à cette question et faire des propositions; son rapport sera présenté en août prochain. En Irlande, conformément au Parental Leave Act de 1998, les deux parents ont droit aux congés parentaux, ce qui a pour but d'encourager les pères à s'intéresser à l'éducation de leurs enfants. Un employé peut aussi prendre un congé payé pour force majeure en cas de maladie ou d'accident d'un membre de sa famille. Les Irlandaises ont souvent recours au travail à temps partiel, qui leur permet de combiner activités salariées et familiales, mais leur nombre reste inférieur à la moyenne européenne. Une directive européenne de 1997, applicable avant la fin janvier 2000, vise à éviter que le travail à temps partiel soit moins bien considéré que le travail à temps plein. Elle encourage également le développement du travail à temps partiel sur la base du volontariat, contribuant ainsi à plus de flexibilité dans l'organisation du travail.

Mme MAUREEN BOHAN, Inspecteur en chef, psychologue au Ministère de l'éducation et des sciences, a fait remarquer que la Loi prévoit l'égalité des chances entre les jeunes gens et les jeunes filles. Le système éducatif irlandais offre des chances égales pour tous, et veille à ce que les élèves soient bien orientés au moment de choisir une carrière. Ces dispositions font parties de l'Education Act de 1998, qui prend en compte la question de la sexospécificité. En outre, un groupe de travail mis en place par le Ministère vérifie les activités éducatives et les coordonne afin d'assurer l'égalité des chances pour les garçons et les filles. Son budget lui permet notamment de financer des actions d'ONG. L'enseignement des sciences est vivement encouragé. Par ailleurs, des programmes spécifiques ont été mis en place pour informer la population, et plus particulièrement les jeunes, en matière de sexualité ou de toxicomanie. Depuis 1997, des cours d'éducation civique, sociale et politique sont obligatoires pour les enfants de 12 à 15 ans, qui sont ainsi sensibilisés aux droits de l'homme et aux responsabilités sociales. Des programmes s'adressent par ailleurs aux femmes qui souhaitent devenir directrices d'école.

Abordant la question de la lutte contre la pauvreté, M. TIM QUIRKE, Principal Officer au Ministère de la Famille et des affaires sociales, a indiqué que le plan de lutte irlandais, lancé en avril 1997, a pour but de réduire la pauvreté et l'exclusion sociale en s'attaquant à des problèmes tels que le chômage, les revenus insuffisants, la manque d'éducation ou encore la pauvreté rurale. A cet égard, la participation des syndicats, employeurs, agriculteurs, oeuvres de charité ou encore des collectivités locales est vivement encouragée. Le boom économique de ces dernières années a permis à l'Irlande de revoir ses objectifs qui se définissent comme suit : faire passer le niveau de grande pauvreté sous la barre des 5% d'ici 2004, avoir un taux

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de chômage inférieur à 5% d'ici 2002 (contre 6,4% aujourd'hui), réduire le chômage de longue durée à 2,5% d'ici 2002 (contre 3,1% actuellement). En outre, toutes les décisions du Gouvernement doivent tenir compte de leur incidence sur la pauvreté. Les autorités ont également prévu d'améliorer la formation des adultes et lancé les programmes d'alphabétisation. Les familles monoparentales, les femmes des zones rurales et des zones urbaines les plus marginalisées font aussi l'objet d'une attention toute particulière.

L'Irlande a émis 5 réserves sur la CEDAW. Celle concernant l'Article 11.1 est maintenue car l'Employment Equality Act de 1998 contient des exclusions très limitées. Les réserves sur les Articles 13(a) et 16(1) sont maintenues parce que la femme est traitée de façon plus favorable dans la législation actuellement en vigueur. Quant à celles relatives aux Articles 13 (b) et 13 (c), elles devraient être bientôt levées.

Le Gouvernement irlandais a aussi mis en place plusieurs politiques spécifiques en faveur des femmes les plus vulnérables, a poursuivi Mme VERA KELLY, fonctionnaire principale au Département de la justice, de l'égalité et de la réforme législative. Ainsi une attention particulière a été accordée à l'accès aux soins de santé primaire et à l'éducation des femmes de la communauté des gens du voyage. Six projets pilotes ont été financés pour améliorer la condition et la participation à la société des personnes handicapées; le programme a reçu en 1998 le prix international Franklin Delano Roosevelt descerné annuellement à un pays s'étant distingué par sa politique en faveur des handicapés. En ce qui concerne les réfugiées et les demandeurs d'asile, tous les employés administratifs chargés de dossiers reçoivent une formation complète dispensée par le personnel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Par ailleurs, les réfugiées peuvent recevoir une assistance médicale et sociale, comprenant notamment l'accès gratuit à plusieurs type de soins primaires ainsi que l'accès aux services psychiatriques, ainsi qu'une aide juridique. S'agissant des femmes incarcérées, qui représentent 3% de la population carcérale totale, une prison moderne pour femmes va être construite, afin de remplacer les anciens locaux peu appropriés d'un point de vue sanitaire. Un ensemble d'activités éducatives, sportives ou de formation sont proposées aux prisonnières, qui dans les cas où elles ont été condamnées pour abus de drogues ou autres substances peuvent prendre part à un programme de "sevrage". Des services de conseil et de soutien, y compris psychologique, sont également disponibles.

Prenant la parole, M. CHRIS FITZGERALD, fonctionnaire principal au Département de la santé et des enfants, a expliqué qu'un plan biennal pour la santé des femmes (1997-1999) a été conçu pour mieux répondre aux besoins particuliers des femmes. Il a été élaboré après un large processus consultatif dans lequel le Conseil national des femmes a pris une large part. Ce plan a quatre objectifs principaux : optimiser les services sanitaires et sociaux pour les femmes; créer des services plus avenants pour les femmes;

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augmenter la représentation des femmes dans le milieu médical et le nombre des consultations féminines; et renforcer la contribution des services sanitaires irlandais dans la promotion de la santé des femmes dans les pays en développement. Ce plan s'est traduit également par la création, en juin 1997, d'un Conseil pour la santé des femmes, qui a pour tâche d'évaluer la mise en oeuvre dudit plan, d'encourager la recherche en matière de santé des femmes et de conseiller le Ministre de la femme. Dans la pratique, plusieurs programmes nationaux ont été mis en place, y compris en faveur du dépistage du cancer du sein et du cancer du col de l'utérus. La santé reproductive a connu des changements importants en Irlande ces dernières années, a indiqué ensuite M. Fitzgerald. Le premier signe de ces changements est la chute importante du taux de fécondité, qui se situe actuellement tout juste au taux de renouvellement de la population (1,84 enfant par femme). Depuis 1994 et la Conférence du Caire, l'Irlande a officiellement introduit une politique de planification familiale, fondée sur le principe du droit de chaque individu à décider du nombre et de l'espacement des naissances. Les Comités sanitaires dans chaque région doivent garantir un accès équitable aux services de planning familial. Ces services sont gratuits pour les personnes détenant une carte de sécurité sociale. Il y a maintenant plusieurs années de cela, la vente des préservatifs a été dérégulée et ils sont désormais disponibles un peu partout. Des fonds supplémentaires sont prévus pour améliorer encore, notamment dans les zones rurales, les services de planification familiale, qui vont désormais adopter une approche à long terme, particulièrement orientée vers l'éducation des jeunes, l'objectif étant ici de réduire le nombre des grossesses non désirées. Une attention particulière est déjà accordée à la santé des jeunes, et notamment ceux issus des classes socio-économiques plus défavorisées, par le biais de la Stratégie nationale de promotion de la santé, mise en place en 1995. En ce qui concerne le problème de la toxicomanie, M. Fitzgerald a déclaré que la consommation de drogues dures (type héroïne) était confinée à certains quartiers de la ville de Dublin, où des équipes locales spéciales de lutte antidrogue, fonctionnant sur le principe du volontariat et du travail communautaire, ont été mises en place. Ces équipes préparent des plans de lutte comprenant notamment des programmes de traitement et de réhabilitation, des politiques d'éducation et de prévention et des stratégies de réduction de l'offre. Un Fonds pour les services et les centres de soins à l'intention des jeunes a aussi été créé. Le Gouvernement entend y contribuer à hauteur de 30 millions de Livres irlandaises pour la période 1998-2000. Le secteur privé est aussi invité à y participer.

Reprenant la parole sur le travail des femmes, M. McDONAGH a fait observer que la Loi de 1998 sur l'égalité de l'emploi représente une avancée majeure vers la création d'une société équitable. La Loi interdit neuf types distincts de discrimination : le sexe, le statut marital, le statut familial, l'orientation sexuelle, la religion, l'âge, le handicap, la race et l'appartenance à un communauté nomade. Elle prévoit également la mise en place d'ici la fin de l'année 1999, d'une nouvelle infrastructure visant

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à faire respecter ce nouveau code antidiscriminatoire et composé de l'Autorité sur l'égalité et du Bureau d'enquêtes sur l'égalité. En avril dernier, la Loi sur le statut légal a été révisée et elle prévoit une protection identique contre les neufs types de discrimination mentionnés plus haut en dehors du lieu de travail.

Le Gouvernement irlandais se préoccupe aussi beaucoup de la question de la violence à l'égard des femmes, a déclaré encore McDonagh, et c'est pourquoi il a créé un Comité national de lutte sur ce problème, qui s'attache à élaborer une politique nationale de lutte contre ce fléau. Le Comité adopte une approche globale et multidisciplinaire. Il doit s'assurer qu'il existe des structures locales et régionales suffisantes, que des politiques de sensibilisation du public sont mises en oeuvre et il doit coordonner la répartition des ressources entre les 8 régions du pays. Il fait aussi fonction de conseil sur les différents programmes adoptés sur cette question, y compris ceux concernant l'intervention judiciaire. De plus, des comités régionaux de lutte contre la violence à l'égard des femmes ont été établis dans les 8 régions du pays. Des services d'accueil ont été mis à la disposition des victimes. Les refuges et abris pour femmes victimes visent à permettre aux femmes de pouvoir prendre des décisions indépendantes en toute dignité. Des centres de crise existent aussi pour les femmes victimes de violences sexuelles ou de viol. Ces centres sont en contact avec le milieu médical ainsi que policier et judiciaire afin de pouvoir proposer une aide complète aux femmes. Un Commissaire adjoint de la police s'est vu attribuer une responsabilité particulière pour lutter contre la violence à l'égard des femmes. Le Deuxième Secrétaire du Département de la Justice, de l'égalité et de la réforme législative a indiqué en conclusion, que son pays entendait ratifier le Protocole facultatif de la Convention dès qu'il sera ouvert à la signature.

Mme YUNG-CHUNG KIM, experte de la Corée, a félicité le Gouvernement irlandais pour les réformes mises en place et estimé que les efforts des autorités sont sincères. Les réserves de l'Irlande à la Convention semblent toutefois plus nombreuses que dans d'autres pays. L'experte a par ailleurs apprécié les efforts accomplis en matière d'éducation. Mme Kim a voulu savoir quelles ont été les difficultés auxquelles le Gouvernement s'est trouvé confronté pour appliquer ses différentes dispositions. Elle a aussi demandé des précisions en matière de répartition des budgets, de suivi des programmes, de défense des populations vulnérables tels que les demandeurs d'asile, ainsi qu'en ce qui concerne l'avortement.

A son tour, Mme HANNA BEATE SHOPP-SCHILLING, experte de l'Allemagne, a souhaité en savoir plus sur l'impact des programmes mis en place. Souhaitant obtenir des statistiques supplémentaires sur l'ampleur de la pauvreté, l'experte a aussi demandé des précisions sur les dispositions actuelles concernant les soins à l'enfance. La Constitution irlandaise semble

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encore contenir des dispositions stéréotypées, en faisant allusion à la femme au foyer, a fait remarquer l'experte, qui s'est aussi inquiétée de l'égalité d'accès à l'emploi et de rémunération entre hommes et femmes. Qu'en est-il de la reconnaissance et de la rémunération du travail familial à la maison, a demandé l'experte.

Mme AHOUA OUEDRAOGO, experte du Burkina Faso, a exprimé ses préoccupations sur l'Article 5 de la Convention concernant l'élimination des stéréotypes. Si le Gouvernement a pris de nombreuses mesures positives pour lutte contre les schémas traditionnels, notamment avec la révision des manuels scolaires et la réforme de la publicité, il semble en revanche que peu d'attention soit accordée au harcèlement sexuel sur le lieu de travail, dans les prisons et à l'école, ainsi qu'en témoigne l'absence d'informations sur ce sujet dans le rapport. L'experte a aussi déploré le manque d'informations fournies sur les éventuelles mesures spécifiques prises pour corriger le problème du partage inégal des tâches domestiques entre hommes et femmes. En ce qui concerne la situation des femmes rurales, elle s'est inquiétée du fait que seulement 10% des femmes sont propriétaires agricoles. Le rapport ne permet pas de mesurer l'impact de la nouvelle législation adoptée à cet égard, a-t-elle regretté, avant de demander que le prochain rapport donne une image plus claire et concrète de la situation des femmes rurales, par le biais notamment de statistiques ventilées par sexe et par zone géographique.

Pour sa part, Mme ROSARIO MANALO, experte des Philippines, a demandé si le programme pour la santé des femmes sera prolongé au-delà des deux ans prévus, ou s'il sera éventuellement transformé en un programme permanent.

L'experte du Bangladesh, Mme SALMA KHAN, s'est déclarée surprise que les garanties constitutionnelles offertes aux femmes en matière d'égalité ne s'étendent pas à la sphère privée. Elle a estimé que cet état de fait était inacceptable compte tenu du niveau de développement du pays. Si le Gouvernement fait preuve d'un certain volontarisme en multipliant les initiatives en faveur des femmes, le rapport ne permet malheureusement pas d'évaluer les impacts concrets de tous les programmes entrepris et de toutes les lois adoptées. Mme KHAN a demandé des précisions concernant la participation de la femme à la vie politique. L'Irlande étant un Gouvernement parlementaire, elle a demandé qui du Président de la République, actuellement une femme, ou du Premier Ministre détenait effectivement le pouvoir exécutif. Au-delà du symbole de la Présidente de la République, Mme KHAN a estimé que la participation des femmes à la vie politique demeurait malgré tout assez faible. Elle a fait remarquer également que le manque de facilités de garderies pour les enfants devait jouer à l'encontre du travail des femmes, contrairement à ce que la loi sur l'égalité de l'emploi entend promouvoir.

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Prenant la parole en sa qualité d'experte du Mexique, Mme AIDA GONZALEZ, Présidente du Comité, a demandé si les autorités irlandaises entendaient encourager le travail à domicile. Dans l'affirmative sera-t-il orienté davantage vers les femmes que vers les hommes ? Dans le cas des activités politiques, il serait par exemple utile d'encourager une meilleure compréhension et une prise de conscience, tant chez les hommes que chez les femmes, à l'égard de la participation politique des femmes, pour que soit enfin reconnue la co-responsabilité de la part des hommes concernant les travaux domestiques et l'éducation des enfants. L'experte a en outre demandé des précisions sur les abus sexuels dont les petites filles sont victimes.

L'experte de Cuba, Mme YOLANDA FERRER, a, quant à elle, souhaité obtenir davantage d'informations concernant la pauvreté, car une fois de plus, le rapport n'indique pas quel a été l'impact des mesures adoptées dans ce domaine. L'experte a aussi demandé des précisions sur la situation des réfugiées. Elle a estimé, elle aussi, que les infrastructures de garderies d'enfants étaient largement insuffisantes pour réellement soulager les femmes et leur permettre d'exercer un emploi. Quels sont les stéréotypes qui pèsent sur l'accès des femmes aux postes à responsabilité, tant dans le domaine de l'emploi que de la politique, a-t-elle par ailleurs demandé. A-t-on recouru aux médias pour effectuer des campagnes d'information, de sensibilisation et d'éducation du grand public et se débarrasser ainsi de certains stéréotypes sociaux ? L'experte a demandé également s'il y avait des possibilités réelles de faire évoluer la situation en matière d'interdiction de l'avortement.

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