En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7024

LE SECRETAIRE GENERAL PROFONDEMENT PREOCCUPE PAR LE NOMBRE CROISSANT D'ATTAQUES CONTRE LE

15 juin 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7024


LE SECRETAIRE GENERAL PROFONDEMENT PREOCCUPE PAR LE NOMBRE CROISSANT D'ATTAQUES CONTRE LE

19990615 Kofi Annan insiste sur le fait que la "sûreté et la sécurité des fonctionnaires de l'ONU ne sont pas négociables"

On trouvera ci-après le texte du discours prononcé par le Secrétaire général, Kofi Annan, au deuxième Sommet sur la sécurité et l'indépendance de la fonction publique internationale, qui s'est tenu à New York, le 9 juin :

Je suis heureux de vous voir tous ici réunis. Je tiens à rendre hommage au Comité de coordination des associations et syndicats internationaux du personnel du système des Nations Unies (CCISUA) et aux Comités du personnel de New York et Genève qui ont su garder les projecteurs braqués sur la question de la sécurité des fonctionnaires de l'Organisation. Pour la fonction publique internationale, c'est littéralement affaire de vie ou de mort. Il arrive trop fréquemment que des membres du personnel des Nations Unies trouvent la mort ou soient grièvement blessés dans l'exercice de leurs fonctions.

Bien que ce soient là les risques du métier, j'estime comme vous que la situation semble échapper à tout contrôle depuis quelques années et qu'il y a beaucoup à faire pour redresser la barre.

Vous n'auriez pas pu mieux choisir la date de votre réunion. L'Organisation vient de lancer une opération au Timor oriental dans des conditions de sécurité très préoccupantes. Nous avons reçu des menaces avant même l'arrivée sur place de notre personnel et nous nous apprêtons à envoyer des fonctionnaires au Kosovo où les risques sont tout aussi élevés.

Vous avez peut-être entendu dire que l'Organisation est progressivement mise sur la touche. Il est possible qu'elle compte moins de soldats de la paix sur le terrain que par le passé. Mais la réalité est que la communauté internationale continue de faire appel à elle.

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Encore et toujours, des fonctionnaires des Nations Unies sont appelés à quitter leur foyer et leur famille pour être aux premiers rangs de ceux qui luttent contre la souffrance et la haine. Encore et toujours, les nôtres se retrouvent auprès des victimes de catastrophes naturelles ou provoquées par l'homme, pour leur prêter secours et leur redonner espoir.

Voilà qui permet de mesurer la grande confiance qu'inspire au monde l'atout que nous sommes seuls à posséder, un savoir-faire associé à plus d'un demi-siècle d'expérience. Mais voilà aussi qui témoigne, bien trop souvent, de la faiblesse politique et de l'inaction de certains Etats Membres, auxquelles il faut imputer tant de ces crises pour commencer.

Depuis le premier sommet sur la sécurité du personnel en février de l'an passé, plus de 20 personnels civils des Nations Unies ont trouvé la mort. Quatre avions de l'Organisation sont tombés, l'un en Côte d'Ivoire, l'autre au Guatemala et les deux derniers en Angola, faisant à chaque fois de nombreuses victimes. Sans qu'il s'agisse à proprement parler d'une affaire de sécurité, nous avons également perdu des collègues très chers que nous ne pourrons jamais remplacer lors de la catastrophe du vol 111 de la Swissair.

La semaine dernière encore, un soldat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a été tué par un missile israélien égaré. Enlèvements, arrestations, détention et harcèlement sont monnaie courante. Et ce, alors que nous sommes toujours sans nouvelles d'une cinquantaine de fonctionnaires dont certains sont en détention ou portés disparus depuis les années 70.

Face à tant de pertes et de détresse, les mesures prises l'an passé peuvent paraître dérisoires. Pourtant des progrès sensibles ont été accomplis, qui augurent bien de l'évolution de la situation d'ensemble.

En janvier, la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé, que l'Assemblée générale a adoptée en 1994, est finalement entrée en vigueur et la Présidente Mehri Madarshahi s'est montrée très éloquente à cette occasion.

À la cérémonie d'aujourd'hui, le personnel témoignera sa gratitude aux représentants des 25 gouvernements qui ont ratifié l'accord, aux termes duquel enlever ou tuer un membre du personnel de l'ONU ou du personnel associé constitue un crime international. Je conjure les autres gouvernements signataires de faire au plus vite le nécessaire pour se retrouver, eux aussi, inscrits au tableau d'honneur.

Et à tous ceux qui n'ont pas signé ce texte, je répète ce que j'ai déjà eu l'occasion de dire : ce sont vos propres citoyens qui s'exposent au danger. Ils ont droit à plus de respect et à davantage de garanties que vous ne leur en accordez actuellement.

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J'exhorte aussi les Etats à signer et ratifier un autre accord international, le Statut de la Cour pénale internationale adopté à Rome. Aux termes de ce statut qui marque un tournant décisif dans l'histoire du droit international, lancer une attaque contre du personnel employé dans le cadre d'une mission d'aide humanitaire ou de maintien de la paix conformément à la Charte des Nations Unies constitue un crime de guerre. Cette définition est valable pour les luttes intestines comme pour les conflits internationaux.

Ceci dit, un accord qui reste lettre morte ne sert pas à grand-chose. Les gouvernements doivent joindre le geste à la parole.

Plusieurs gouvernements ont versé ou annoncé des contributions fort généreuses au Fonds d'affectation spéciale pour la sécurité du personnel du système des Nations Unies, que le Comité administratif de coordination a créé l'année dernière. Je suis heureux d'annoncer aujourd'hui que le Fonds a reçu 1 million de dollars du Gouvernement japonais, qui a ainsi donné suite à l'annonce de contribution qu'il avait faite au début de l'année. La Norvège a, quant à elle, fait don de 100 000 dollars. Monaco et le Sénégal ont également versé une contribution.

Une telle générosité devrait inciter d'autres pays à suivre cet exemple. En effet, l'apport de ressources financières détermine de façon cruciale notre capacité de mieux assurer la sécurité.

Les contributions au Fonds d'affectation spéciale ont servi à financer diverses initiatives. Il a été constitué une équipe de formation itinérante composée de deux agents de sécurité et d'un conseiller en matière de lutte contre le stress. Cette équipe a récemment formé plus d'un millier de fonctionnaires recrutés sur les plans local et international en Afghanistan, au Pakistan et au Tadjikistan. Ce n'est là qu'un début. Il est prévu de poursuivre la formation à mesure que des ressources supplémentaires deviendront disponibles.

L'enseignement qu'il convient de tirer de cette initiative, c'est que l'on a très largement sous-estimé l'importance que revêt la gestion du stress. Cette activité continuera de faire partie du programme de formation, mais nous mesurons maintenant à quel point nous avons désespérément besoin de conseillers qualifiés dans ce domaine.

Par ailleurs, le bureau du Coordonnateur des mesures de sécurité a organisé un atelier sur la gestion des incidents liés à la prise d'otages. À cet égard, nous continuons de renforcer la coopération interorganisations ainsi qu'entre les organismes des Nations Unies et les opérations de maintien de la paix. Nous examinons la possibilité de mettre sur pied des équipes d'intervention rapide capables de faire face aux situations de crise.

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Nous espérons mettre au point des logiciels destinés à renforcer le système de gestion de la sécurité. Nous nous penchons aussi sur certains problèmes moins connus qui se posent en matière de sécurité du personnel, tels que les normes de navigabilité et d'autres aspects des voyages par avion dans des situations marquées par une extrême instabilité.

S'il est impossible de se prémunir entièrement contre les individus déterminés à nuire à l'Organisation des Nations Unies, nous pouvons néanmoins prendre de nombreuses mesures et je tiens à vous assurer que nous examinons cette question avec toute la célérité requise et que nous persévérerons dans cette voie.

L'escalade des attaques lancées contre les Casques bleus des Nations Unies en violation du droit international humanitaire est un phénomène profondément préoccupant, tout comme l'est la baisse du moral du personnel. Je serais particulièrement navré si les fonctionnaires renonçaient à faire acte de candidature pour des missions sur le terrain.

Je suis sûr que tel ne sera pas le cas car je sais que nous sommes plus que jamais sensibles à l'appel du devoir et au défi que représente pour nous le fait d'être directement associés aux problèmes auxquels l'Organisation doit faire face dans le monde entier. C'est là notre place et il n'est pas question pour nous qu'il en soit autrement. En outre, nous devons bien sûr être capables de nous acquitter des missions que nous ont confiées les Etats Membres.

La protection et la sécurité du personnel est un problème non négociable. Le présent sommet offre une importante occasion de faire passer ce message et je tiens à féliciter une nouvelle fois les fonctionnaires des efforts qu'ils ne cessent de déployer. Je m'engage à saisir toutes les occasions qui me seront offertes pour mener ce combat et plaider cette cause devant les Etats Membres.

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