FEM/1077

LES EXPERTES DU COMITE S'INQUIETENT DES COMPORTEMENTS ET DES SCHEMAS TRADITIONNELS DISCRIMINATOIRES DONT SONT VICTIMES LES GEORGIENNES

9 juin 1999


Communiqué de Presse
FEM/1077


LES EXPERTES DU COMITE S'INQUIETENT DES COMPORTEMENTS ET DES SCHEMAS TRADITIONNELS DISCRIMINATOIRES DONT SONT VICTIMES LES GEORGIENNES

19990609 Elles demandent à l'Etat partie de fournir des précisions sur la situation des femmes en matière d'emploi et de santé

Poursuivant, cet après-midi, leur examen du rapport initial de la Géorgie, les expertes du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes ont insisté sur la persistance des stéréotypes et des comportements traditionnels qui, de leur avis, sous-tendent la discrimination dont les Géorgiennes sont victimes dans presque tous les domaines.

Ainsi, en ce qui concerne l'emploi des femmes, les expertes ont regretté l'absence de détails dans le rapport concernant l'application du droit du travail et les différences de salaires entre hommes et femmes. Plusieurs d'entre elles ont en outre mis en garde contre les effets pervers de certaines mesures "de protection" prises à l'intention des femmes. Par exemple, la disposition interdisant aux femmes de travailler dans un environnement qui n'est pas sain est louable à première vue, mais elle peut rapidement être utilisée contre les femmes en les empêchant d'avoir librement accès à certains emplois.

Les membres du Comité ont également eu de nombreuses questions sur la santé des femmes. Le manque de précision sur les effets de la privatisation du secteur de la santé, tant sur la qualité des soins fournis que sur les nouvelles conditions de travail pour les professionnels de ce secteur, a par exemple été déploré. Intervenant au moment où les difficultés économiques et financières sont très lourdes, on peut se demander en effet comment et où la population peut continuer à avoir accès aux soins de santé. Une experte a souhaité savoir pourquoi l'Etat partie a procédé à cette privatisation alors qu'il disposait d'un système de santé performant.

Les membres du Comité entendra les réponses de l'Etat partie à leurs questions vendredi prochain, à 15 heures.

Lorsqu'il se réunira demain, jeudi 10 juin, à partir de 10 heures, le Comité examinera les troisième et quatrième rapports périodiques du Royaume-Uni.

EXAMEN DU RAPPORT INITIAL DE LA GEORGIE

Poursuite des commentaires et questions des experts

Poursuivant l'étude de l'article 11 relatif à l'élimination de la discrimination dans l'emploi, Mme SALMA KHAN, experte du Bangladesh, a relevé l'absence de détails dans le rapport concernant l'application du droit du travail et les différences de salaires entre hommes et femmes. On constate qu'un fort pourcentage de femmes géorgiennes ont un emploi peu qualifié et que celles qui ont un niveau d'éducation élevé ont des difficultés à trouver un emploi. Quand les femmes travaillent dans l'agriculture, ce qui est le cas pour une majorité d'entre elles en Géorgie, elles sont contraintes d'accepter de faibles rémunérations, des conditions de travail difficiles et précaires, a fait remarquer l'experte, qui a demandé en outre si des mesures ont été prises pour faire face au chômage des femmes cadres. Des systèmes de garde d'enfants ont-ils été prévus ? Quels sont les services sociaux mis à la disposition des femmes ? Ont-elles accès aux loisirs ? Existe-t-il une loi contre le harcèlement sexuel ? a-t-elle interrogée.

Selon Mme CHARLOTTE ABAKA, experte du Ghana, le fait de refuser que les femmes travaillent la nuit, fassent des heures supplémentaires ou soient envoyées en mission constitue une infraction aux normes de l'Organisation internationale du Travail. De même, le rapport note que les femmes ne doivent pas travailler dans un environnement qui n'est pas sain. Cet argument, louable à première vue, pourrait être utilisé contre les femmes en les empêchant d'avoir librement accès à certains emplois, ce qui n'est pas normal.

Passant à l'Article 12 relatif à la santé, l'experte d'Israël, Mme CARMEL SHALEV, a félicité l'Etat partie pour l'adoption de la Loi sur les droits des patients. Elle a demandé à connaître la teneur de cette loi. Certains des renseignements fournis dans le rapport manquent de clarté. Ainsi il existe une Loi sur l'assurance médicale, mais les services visés par cette loi ne sont pas clairement présentés. Les services pré et postnataux sont-ils couverts, par exemple ? Dans l'affirmative, l'experte a souhaité savoir comment les autorités expliquaient l'augmentation des taux de mortalité maternelle et infantile, au vu de l'augmentation du nombre d'enfants morts-nés. Quel est le degré de priorité accordé aux soins prénataux offerts aux femmes dans une culture qui, par ailleurs, met tant l'accent sur la maternité, s'est-elle interrogée. L'experte s'est réjouie du partenariat conclu entre la Géorgie et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) afin de mettre en place une campagne sur la contraception, et de limiter ainsi le recours à l'avortement comme méthode anticonceptionnelle. Par ailleurs, puisque le rapport mentionne la condamnation de plusieurs personnes pour avoir pratiqué illégalement des avortements, elle a demandé à connaître les cas pour lesquels l'avortement n'est pas autorisé.

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S'inquiétant des chiffres sur la violence à l'encontre des femmes, Mme Shalev s'est également demandé si l'Etat partie envisage, à l'instar d'autres pays, de faire obligation aux professionnels de la santé de rapporter à la police les cas présumés de violence. Mme ABAKA a, quant à elle, désiré obtenir des statistiques concernant le tabagisme féminin. Toujours sur cet article, Mme SCHOPP-SCHILLING, experte de l'Allemagne, a regretté le manque de précision sur les effets de la privatisation du secteur de la santé, tant sur la qualité des soins fournis que sur les nouvelles conditions de travail pour les professionnels de ce secteur. Compte tenu des difficultés financières et économiques comment et où les patients peuvent-ils continuer à avoir accès à des soins désormais payants du fait de la privatisation ? L'experte a demandé pourquoi le Gouvernement géorgien avait décidé de privatiser le système de santé.

Sur l'Article 14 relatif aux femmes rurales, l'experte de la Chine, Mme FENG CUI, a estimé que compte tenu de la proportion importante des femmes employées dans le secteur agricole, le rapport ne fournissait pas assez d'informations. Existe-t-il une discrimination de facto à l'égard des femmes dans les zones rurales ? Dans quelle mesure, les femmes rurales ont-elles accès à l'éducation et aux soins de santé et sont-elles plus frappées par la pauvreté que les citadines ? Elle a regretté de plus que la délégation n'ait pas indiqué si elle avait des objectifs précis concernant cette partie de la population. L'experte du Burkina Faso, Mme AHOUA OUEDRAOGO, a, quant à elle, fait part de ses doutes devant l'affirmation faite dans le rapport selon laquelle il n'y a aucune discrimination entre les femmes rurales et les femmes urbaines. Il aurait fallu justifier cette affirmation en fournissant par exemple les chiffres du taux d'alphabétisation ou en indiquant s'il existe des programmes spéciaux pour favoriser l'accès des femmes au microcrédit.

Abordant l'examen de l'article 16, relatif au Code de la famille, Mme SAVITRI GOONESEKERE, experte du Sri Lanka, a souhaité savoir ce qui a motivé la législation géorgienne en la matière. Elle a souhaité avoir des précisions quant à l'éducation des femmes en matière juridique.

Mme EMNA AOUIJ, experte de la Tunisie, a déclaré avoir noté que l'Etat géorgien ne s'oppose pas aux mariages religieux. Elle a souhaité savoir si ces mariages sont nombreux et si le même code s'applique à tous, y compris à la communauté musulmane. L'experte a par ailleurs demandé si le divorce en Géorgie est un divorce judiciaire, c'est-à-dire prononcé devant un juge uniquement. Elle a demandé si le droit parental est partagé entre les deux époux et ce qu'il devient au moment du divorce, et souhaité savoir qui décide de la garde des enfants en cas d'absence de consentement mutuel entre les époux candidats au divorce.

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Réponse de l'Etat partie

Mme BERIDZE a remercié les expertes pour leurs remarques et fait savoir que sa délégation préférait attendre le vendredi 11 juin pour fournir des réponses. En réponse à une question de Mme Ouedraogo, Mme Beridze a fait remarquer qu'il n'y pas d'analphabétisme en Géorgie, ni dans les villes, ni dans les campagnes.

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