UNE DEMOCRATIE TRANSPARENTE ET UNE GOUVERNANCE RESPONSABLE SONT ESSENTIELLES POUR LE SUCCES DU DEVELOPPEMENT SOCIAL
Communiqué de Presse
SOC/4488
UNE DEMOCRATIE TRANSPARENTE ET UNE GOUVERNANCE RESPONSABLE SONT ESSENTIELLES POUR LE SUCCES DU DEVELOPPEMENT SOCIAL
19990518 Le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social et à l'examen de nouvelles initiatives - qui tient sa première session de fond du 17 au 28 mai 1999 - a entendu, ce matin, une déclaration préliminaire du Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales.Dans le cadre de son débat général, les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Equateur, Etats-Unis, Bangladesh, Algérie, Chili, Allemagne (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Pays-Bas, Canada, Tunisie, Egypte, République tchèque, République de Corée, Arabie Saoudite, Pérou, Maurice, Japon et Kazakhstan. Les Observateurs de la Suisse et du Saint-Siège ont pris la parole.
Les intervenants ont encouragé la coopération internationale en matière de développement social pour appuyer les mesures nationales et locales d'éradication de la pauvreté et d'intégration sociale. Ils ont souligné que la pauvreté n'est pas seulement l'absence de ressources, mais également un manque de participation à la vie politique et sociale. Il a été notamment souligné qu'une démocratie transparente et une gouvernance responsable sont essentielles pour le succès du développement social. A cette fin, la communauté internationale doit assister les pays à renforcer leur infrastructure de base et les encourager à adopter des régimes politiques démocratiques.
Le Comité préparatoire poursuivra son débat général, cet après-midi à 15 heures.
Examen et évaluation préliminaires de la mise en oeuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social
Déclaration préliminaire
M. JOHN LANGMORE, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales, a indiqué que les documents présentés montrent que de nombreux pays ont réorienté leurs stratégies et leurs politiques pour faire progresser la mise en oeuvre du Programme d'action de Copenhague. Plusieurs organisations internationales ont également travaillé à mettre en oeuvre les engagements correspondant à leurs activités. Mais les documents démontrent également que l'application des directives de Copenhague est hétérogène, et que les politiques nationales ne correspondent pas toujours de manière complète aux engagements du Sommet. M. Langmore a évoqué le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) intitulé "Remédier à la pauvreté" complétant les documents présentés. Il a fourni des exemples de stratégies et de politiques nationales mises en place par les gouvernements, ainsi que les modifications opérées par certaines organisations internationales pour répondre aux engagements pris à Copenhague. Cependant, les documents font également apparaître de nombreux obstacles, de natures interne ou externe. M. Langmore a exprimé le souhait que les débats au sein du Comité préparatoire permettront de fournir de plus amples informations sur chaque pays.
Débat général
M. RUDOLPH COLLINS (Guyana), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les principes de la Déclaration de Copenhague et du Programme d'action demeurent aussi pertinents que lorsqu'ils ont été adoptés en 1995. Dix engagements ont été pris par les Chefs de gouvernement face à la mondialisation. La préoccupation essentielle de nos Chefs de gouvernement visait à renforcer un engagement politique mondial et à identifier les ressources nécessaires pour répondre aux problèmes sociaux. En l'an 2000, à la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social, les Chefs de gouvernement devront répondre aux problèmes aggravés par la crise financière dont les conséquences sociales dévastatrices ont non seulement affecté des millions de personnes en Asie, mais également des régions qui ont subi une récession économique en raison de leurs liens avec l'Asie. La Banque mondiale a indiqué qu'à cause de la récession économique en Asie, les pays qui avaient prévu de réduire de moitié la pauvreté d'ici 2015, auront besoin de dix années supplémentaires pour réaliser cet objectif. Les engagements international en faveur de la réduction de la pauvreté, de la mortalité infantile et des nouveaux-nés par deux-tiers, et de garantir l'éducation primaire à tous les enfants d'ici 2015 sont maintenant compromis. La crise en Asie ainsi que celle qui a frappé l'Amérique latine ont mis en évidence la nécessité d'établir un cadre réglementaire pour les spéculations financières internationales et les flux de capitaux.
( suivre)
- 3 - SOC/4488 18 mai 1999
Le Groupe des 77 et la Chine encouragent toute action vigoureuse en ce sens. Ils appellent les institutions financières internationales et d'autres mécanismes pertinents à faire preuve de vigilance à l'égard des crises financières potentielles en vue d'y répondre de manière efficace et à temps. Les pays en développement doivent être en mesure de commercialiser leurs propres produits et bénéficier d'un traitement plus favorable dans les échanges commerciaux. Il faut faire des efforts plus efficaces pour alléger leur dette.
Le Groupe des 77 et la Chine demeurent convaincu de la nécessité absolue d'une approche globale et intégrée qui devrait inclure, au niveau international, les conditions pour permettre aux pays en développement de participer au commerce international.
Mme ROSANGELA ADOUM, Secrétaire d'Etat au développement social, Ministre de l'éducation et de la culture de l'Equateur, s'est associée à la déclaration faite par la délégation du Guyana au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Elle s'est interrogée sur ce qu'un ministre peut faire pour remplir les engagements pris lors du Sommet de Copenhague. Elle a estimé que la prise de mesures au niveau national seulement n'est pas suffisante. Le suivi de Copenhague doit être une occasion de créer une éthique internationale pour que la mondialisation ne soit pas faite au détriment des populations les plus pauvres, a-t-elle estimé. Cette éthique de solidarité doit permettre à la communauté internationale de prendre en compte les conséquences de chaque décision sur tous les pays, avec une attention spéciale pour les pays en développement. Mme Adoum a estimé qu'il faut fournir un appui et un encouragement aux politiques nationales qui favorisent le développement social.
Elle a en outre noté qu'une approche du développement social est une approche indissolublement liée au citoyen, et donc à la démocratie. La volonté politique des gouvernements en matière de promotion du développement social signifie donc que les gouvernement doivent permettre et promouvoir l'exercice des droits du citoyen. Ainsi, quand les démocraties présentent des faibles niveaux de développement social, on ne peut s'empêcher d'être sceptique sur leur réelle volonté politique. Mme Adoum a indiqué qu'en Equateur des progrès tangibles ont été accomplis grâce au cadre démocratique.
En ce qui concerne la question de la dette extérieure, elle détourne des fonds importants qui pourraient être consacrés au développement social. La solution consiste à briser le cercle vicieux qui a conduit à ce que la dette empêche le développement social. Dans ce contexte, la représentante a appelé au lancement d'un audit sur l'endettement. Ainsi l'éthique, la démocratie et la paix sont les trois piliers sur lesquels doit reposer le développement social, a-t-elle conclu.
( suivre)
- 4 - SOC/4488 18 mai 1999
MME BETTY KING (Etats-Unis) a souligné que la démocratie est au coeur du développement social. L'absence de démocratie peut contribuer à des souffrances humaines considérables. Les récents événements dans les Balkans ont illustré le fait que la protection des droits politiques, économiques et civils des personnes est fondamentale pour garantir un développement social important. Mme King a estimé qu'une démocratie transparente et une gouvernance responsable, le respect du droit et une presse libre et indépendante constituent les piliers d'un gouvernement efficace et d'une société stable qui sont nécessaires au succès d'un développement social durable axé sur les ressources humaines. En outre, une société civile active qui représente les intérêts de différents groupes et qui fonctionne librement dans une société démocratique est essentielle pour faire progresser et garantir les droits civils, économiques et politiques de chaque citoyen. A cet égard, Mme King a invité tous les Etats Membres à réaffirmer leur engagement en faveur du respect de ces principes. La communauté internationale doit pour sa part assister les pays à renforcer leurs infrastructures de base, les encourager à adopter des régimes politiques démocratiques et aider les pays en transition à instaurer la démocratie.
La délégation des Etats-Unis estime qu'il incombe en premier chef à l'Etat de créer un climat démocratique et stable qui permette à tous les citoyens de participer pleinement à la société et de garantir un accès équitable aux possibilités politiques et économiques afin que les citoyens soient en mesure de prendre des initiatives pour améliorer leurs conditions de vie. Il est essentiel d'investir dans les ressources humaines pour améliorer les conditions de vie de la population, de procéder à un partage équitable des possibilités et des avantages, de stimuler un emploi productif, de faciliter les échanges en matière d'informations et de garantir une meilleure coordination des donateurs. Les banques régionales de développement et les institutions financières internationales devraient oeuvrer ensemble pour assurer que les questions de politique sociale sont intégrées dans les programmes de chaque institution.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a précisé les attentes de sa délégation en ce qui concerne la session extraordinaire de l'Assemblée générale. Il a décrit les principes essentiels que devraient suivre, à son avis, les politiques nationales visant au développement social. Des politiques durables devraient viser à la construction de capacités, à la mise en place de services sociaux et à la protection des groupes vulnérables. L'élimination de la pauvreté doit être au centre des efforts, par le biais d'une approche visant à permettre aux pauvres de s'aider eux-mêmes. Les ressources doivent être utilisées de manière innovatrice et efficace, afin de produire des résultats plus satisfaisants à meilleur coût. Enfin, les gouvernements doivent travailler en collaboration avec la société civile et le secteur privé.
( suivre)
- 5 - SOC/4488 18 mai 1999
Au niveau international, le représentant a estimé que le partenariat doit s'exprimer par le biais d'une coopération internationale authentique. Les effets négatifs de la mondialisation sur le développement social doivent être pris en compte, en prenant garde de ne pas augmenter les disparités entre les pays. Les conflits internationaux et internes, qui détournent des ressources qui devraient être utilisées pour le développement social, doivent être prévenus ou résolus. La coopération régionale peut également jouer un rôle efficace dans la promotion du développement social. Le représentant a exprimé le souhait que la session extraordinaire de l'Assemblée générale permette l'échange d'expériences sur les bonnes pratiques en matière de développement social.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé qu'il faut éviter d'introduire de nouveaux engagements qui viendraient mettre en cause le consensus difficilement atteint à Copenhague ou de préconiser de nouveaux programmes d'action alors que les objectifs arrêtés ne sont pas encore atteints. Au titre des initiatives, le représentant a proposé l'utilisation de moyens de communication modernes pour des échanges d'informations et d'expériences, la sensibilisation des pays développés pour un accroissement de leurs échanges avec les pays en développement. Il a également demandé le renforcement, au sein du système des Nations Unies, de la mobilisation autour de la coordination sur les questions du développement. Il a en outre estimé nécessaire la définition du rôle de la Commission du développement social dans le suivi des résultats de la session de l'an 2000 et l'examen de son éventuel renforcement.
Le représentant a noté que les engagements pris à Copenhague n'ont pas été tenus dans leur intégralité, en raison surtout du manque de ressources et de l'impact sur les économies de pays en développement de facteurs aussi décisifs que la détérioration des termes de l'échange et les dysfonctionnements du système économique international. Il a donc estimé qu'il est indispensable et urgent que la communauté internationale en général, et les institutions financières en particulier, redoublent d'efforts en vue de créer un environnement beaucoup plus propice au développement.
M. JEAN-JACQUES ELMIGER (Suisse) a estimé que le problème du travail est une question clé de la dimension sociale de la mondialisation. Nous devrions nous concentrer sur la manière de créer un cadre de travail permettant la croissance économique et, en même temps, la création d'emplois et de bonnes conditions de travail.
Le représentant a en outre évoqué la question des services sociaux pour tous, qui inclut une assurance sociale de base. Dans un contexte marqué par des changements économiques rapides et des crises fréquentes, des filets de sécurité sont en effet nécessaires, et représentent une assurance relativement peu coûteuse de stabilité sociale et politique. De plus, le secteur privé doit avoir une responsabilité sociale, grâce à un dialogue sincère et ouvert entre le gouvernement et le monde des affaires pendant le processus de suivi. Enfin, un effort de cohérence et de coopération doit être fourni au niveau des organisations internationales.
( suivre)
- 6 - SOC/4488 18 mai 1999
Le représentant a estimé que des dissonances persistent à cause de l'inertie institutionnelle des différentes organisations au niveau international, et de l'éparpillement des responsabilités des ministères au niveau national. Il faudrait donc que les Nations Unies élaborent des principes concrets d'une politique sociale pour les organisations internationales au sein du processus de suivi du Sommet social mondial.
Le représentant a également suggéré que les institutions spécialisées des Nations Unies préparent des plans d'action concrets d'ici à octobre 1999, afin de définir des objectifs concrets de manière claire. Ces plans d'action permettraient au Comité préparatoire lors de sa prochaine session, de sélectionner les stratégies les plus appropriées et les plus innovatrices pour les soumettre à la session extraordinaire de l'Assemblée générale.
MME JOSEFINA BILBAO, Ministre des questions de la femme du Chili, a fait remarquer que les progrès souhaités à Copenhague n'ont pas été accomplis ou n'ont pas véritablement répondu aux attentes. Il semble que les ressources sont toujours rares et les besoins de plus en plus nombreux. Concernant l'évaluation et les indicateurs nécessaires pour évaluer les progrès accomplis, la délégation chilienne indique que son Gouvernement a réaffecté les ressources disponibles aux services sociaux consentis aux personnes âgées. Très souvent, les organes gouvernementaux adoptent des politiques unilatérales. Une approche intégrée permettrait de mieux garantir l'efficacité des mesures sociales et, en conséquence, un développement social durable.
M. DIETER KASTRUP (Allemagne), au nom de l'Union européenne, a estimé qu'outre les obligations nationales, l'appui de la communauté internationale à la fois aux niveaux bilatéral et multilatéral est important pour créer un climat propice au développement social. L'Union européenne encourage la coopération internationale en matière de développement social visant à appuyer les mesures nationales et locales liées à l'éradication de la pauvreté et à l'intégration sociale. Le processus de Copenhague a permis de mieux comprendre la notion de la pauvreté. La pauvreté ne signifie pas seulement une absence de ressources, mais également une absence de participation et de pouvoir de décision entraînant l'exclusion de la vie sociale. Dans le cadre de l'Union européenne, l'éradication de la pauvreté est inextricablement liée à la lutte contre l'exclusion sociale. L'exclusion est un phénomène étendu qui doit être réglé par des politiques de développement économique assorties de politiques d'intégration spécifique. Des mesures doivent être prises à un niveau approprié pour garantir des ressources suffisantes à chacun et pour promouvoir l'accès à l'éducation, la formation, l'emploi, le logement et les services de santé. De nombreux Etats membres de l'Union européenne mettent en oeuvre leurs propres stratégies d'éradication de la pauvreté et d'inclusion formulées en étroite coopération avec la société civile.
( suivre)
- 7 - SOC/4488 18 mai 1999
On note une tendance générale au sein de l'Union européenne à répondre aux causes sous-jacentes de la pauvreté et de l'exclusion sociale et à éviter les régimes de revenus qui séparent les personnes actives de celles qui ne le sont pas. L'Union européenne soutient qu'une société intégrée doit assurer que ses citoyens aient accès à l'emploi et contribuent au développement économique et social. Cette stratégie générale implique la poursuite et le développement d'une politique macroéconomique coordonnée, soutenue par un marché interne efficace, qui jettent les bases pour une croissance économique durable, un nouvel élan et un climat de confiance propice à favoriser l'emploi. Il est également essentiel que ces politiques soient mises en oeuvre conformément aux principes énoncés par le Traité d'Amsterdam. A cet égard, l'Union européenne reconnaît l'importance de l'éducation et de la formation principale pour améliorer les possibilités de recrutement. Le Sommet de Cologne de juin 1999 discutera du projet de pacte européen pour l'emploi visant à assurer que toutes les décisions prises par l'Union européenne aient pour objectif de parvenir à un haut niveau d'emploi.
M. KOOS RICHELLE (Pays-Bas) s'est associé à la déclaration de l'Allemagne faite au nom de l'Union européenne. Il a estimé que l'exercice "Copenhague+5" fournit l'occasion de dépasser la phase de conceptualisation pour évoluer vers la mise en place de stratégies opérationnelles, et identifier les techniques utiles à la mise en oeuvre des engagements de 1995.
Le Sommet de Copenhague a confirmé les politiques sociales déjà initiées par les Pays-Bas, a indiqué M. Richelle. Il leur a donné un nouvel élan, en particulier dans le domaine de l'élimination de la pauvreté. La politique socioéconomique néerlandaise s'est dès lors concentrée sur les stratégies d'emploi, plaçant la création d'emplois au centre de toutes les politiques du gouvernement. Le Gouvernement des Pays-Bas s'est également attaché au développement d'une société multi-ethnique, au maintien de l'aide sociale dans des temps de restrictions budgétaires, et à la cohésion sociale. Le Directeur général a affirmé que la politique de cohésion sociale aux Pays-Bas est assurée au plan local, puisque la politique locale permet une meilleure approche axée sur les situations spécifiques. La coopération avec tous les acteurs , y compris le secteur privé, est activement recherchée.
Au niveau de la coopération internationale, les Pays-Bas restent actifs dans la promotion du développement social, a indiqué M. Richelle. En ce qui concerne les services sociaux de base, les Pays-Bas sont engagés dans le suivi de l'Initiative 20/20. Récemment, la décision a été prise de concentrer l'assistance fournie à un nombre limité de pays, qui sont sélectionnés en fonction des critères suivants: niveau de pauvreté, politique socioéconomique nationale, et bonne gestion des affaires publiques. Dans ce cadre, la promotion de la propriété est au centre des efforts afin que les sociétés puissent se développer d'une manière durable. M. Richelle a insisté sur l'importance de l'engagement actif des institutions financières internationales dans la mise en oeuvre de politiques sociales. A cet égard, il a estimé très encourageante la demande du Comité du développement de la Banque mondiale de discuter avec les Nations Unies des principes directeurs d'une bonne politique sociale.
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- 8 - SOC/4488 18 mai 1999
M. ROSS HYNES (Canada)a souligné que la Déclaration de Copenhague demeure un plan d'action mondial très important et d'une grande pertinence pour le développement social. Les quatre dernières années ont vu se produire d'énormes changements. La vague récente de crises financières et économiques a suscité une inquiétude généralisée quant à l'impact social de la mondialisation. C'est pourquoi, des organisations internationales comme la Banque mondiale, l'Organisation internationale du travail et le G8 ont accordé une attention particulière à l'interaction des systèmes et des infrastructures économiques et sociaux.
Le Canada appuie la position prise par le Secrétaire général dans ses rapports sur l'évaluation préliminaire de la mise en oeuvre et sur les nouvelles initiatives proposées. Ces documents essentiels, exhaustifs et d'une grande pertinence, s'appuient sur les efforts actuels et reflètent les intérêts de nombreuses instances internationales. Ils mettent l'accent sur les moyens et les stratégies à adopter afin de mettre en oeuvre, sans les remanier, les engagements pris à Copenhague. De l'avis de la délégation canadienne, le Comité préparatoire doit établir clairement les objectifs qu'il souhaite atteindre dans le cadre du processus d'examen. Le Canada appuie sans réserve la position du Secrétaire général, à savoir que l'objectif n'est pas de renégocier les accords actuels, mais plutôt d'évaluer l'efficacité de leur mise en oeuvre à ce jour et d'envisager de nouvelles initiatives, en prenant pour cadre de discussion les dix engagements du Sommet de Copenhague. Les gouvernements et les autres partenaires sociaux doivent adopter une approche globale et intégrée au développement social. Il faudrait s'efforcer d'harmoniser les politiques sociales et économiques, de créer des partenariats et de faire preuve de cohérence dans les interventions aux niveaux macroéconomique et microéconomique.
Parallèlement, a fait remarquer M. Hynes, il faut respecter le fait que chaque pays fonctionne à partir d'un ensemble unique de systèmes, de conditions et d'expériences. Le processus préparatoire, ainsi que la session extraordinaire elle-même, peuvent offrir aux pays une occasion précieuse de partager leurs expériences, d'examiner les leçons qu'ils en ont tirées et, au besoin, de proposer des stratégies différentes ou améliorées. Les rapports nationaux qui doivent être soumis au plus tard cet été constitueront un point de départ vital à cette discussion. Il faudrait également tenir compte des progrès d'ensemble accomplis lors des conférences et des sommets mondiaux subséquents.
Convaincu que les gouvernements seuls ne peuvent assurer la mise en oeuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Copenhague, M. Hynes a souligné le rôle crucial des organisations non gouvernementales. A cet égard, il a appuyé les efforts des Nations Unies visant à favoriser une plus grande participation des ONG à ses travaux.
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- 9 - SOC/4488 18 mai 1999
M. ABDELLATIF BEN KILANI (Tunisie) s'est associé à la déclaration faite par le Guyana au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a rappelé les conséquences néfastes de la mondialisation sur le développement social. Le Gouvernement tunisien a réagi en mettant en place une pratique de prise en compte des aspects sociaux dans toutes les décisions politiques et économiques, a-t-il indiqué. Ainsi les principes de Copenhague ont été intégrés à la politique du Gouvernement tunisien. Dans le domaine de l'élimination de la pauvreté, les taux de population pauvre sont en baisse régulière. En ce qui concerne l'éducation, le représentant a affirmé que le taux de scolarisation est actuellement de 99% en Tunisie. Dans le domaine de la santé, un système de gratuité de soins a été institué au profit des familles nécessiteuses. Pour ce qui est du logement, un programme de promotion des logements sociaux a été lancé. De plus, les dernières années ont vu la concrétisation des programmes de construction d'infrastructures de base.
Le représentant a indiqué que ces progrès ont été réalisés grâce, entre autres, au Fonds de développement national, alimenté par les citoyens et les entreprises, et par l'Etat. Malgré ces progrès, beaucoup reste à faire, a-t- il reconnu. Dans ce cadre, le représentant a appelé au renforcement de la solidarité internationale au profit des pays en développement qui ont besoin de poursuivre leur développement social, tout en faisant face aux pressions de la mondialisation et de la dette extérieure.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a réaffirmé que le respect de la pluralité culturelle et religieuse est essentiel pour adopter des politiques sociales garantissant un développement social au profit de tous. La fracture sociale s'accentue en raison du chômage et de la pauvreté. Il a souligné la nécessité d'adopter une approche intégrée dans les programmes des institutions financières internationales. Les pays donateurs doivent continuer à jouer un rôle important pour contribuer au développement social des pays en développement, notamment en consacrant 0,7% de leur PNB consacré à l'aide publique au développement.
Dans le cadre de sa politique sociale, l'Egypte a cherché à utiliser au mieux ses ressources humaines, sans exclure le rôle crucial que pourraient jouer les femmes. Le respect des droits fondamentaux de l'homme est un des aspects de la politique sociale l'Egypte. Le rôle des Nations Unies ainsi que celui des institutions spécialisées est primordial dans la réalisation des objectifs de Copenhague.
M. LUDEK RYCHLY, Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de la République tchèque, a rappelé qu'après le Sommet de Copenhague, son pays a réalisé la transition vers une économie de marché, accéléré les procédures d'admission à l'Union européenne et a connu une période de croissance économique, ainsi qu'une phase de stagnation et même de déclin de son PNB. La République tchèque estime que la politique sociale doit être considérée comme une partie intégrante des stratégies économiques. L'économie doit poursuivre des objectifs sociaux et l'investissement dans la politique sociale doit être reconnue comme un investissement au développement économique.
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La politique sociale ne peut être limitée à une simple protection contre les risques sociaux. Au contraire, il devrait s'agir d'une véritable politique de ressources humaines, coordonnant les moyens et assurant une protection dans des domaines comme l'éducation, le logement et même les transports. La croissance économique est essentielle mais elle ne peut créer le plein emploi et préserver la cohésion sociale. Il ne faudrait pas sous- estimer le rôle des responsables politiques dans l'élaboration de politiques sociales. Mais les mesures sociales qui ne sont pas discutées avec les citoyens, notamment les partenaires sociaux, sont souvent faibles et ne sont pas acceptables par la population. La politique sociale devrait être fondée sur les objectifs à long terme. La délégation tchèque estime que le "Modèle social européen" - haut niveau de protection sociale, dialogue social et solidarité - constitue la base la plus efficace pour garantir la stabilité sociale et le développement économique. A cet égard, les Nations Unies et les institutions spécialisées doivent jouer un rôle crucial.
M. SUH DAE-WON (République de Corée) a estimé que les politiques en faveur du développement social devraient être élaborées et mises en oeuvre comme partie intégrante des politiques nationales macroéconomiques. Les Etats devraient poursuivre le développement économique et social comme deux piliers du processus de développement. La session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux résultats de la mise en oeuvre du Sommet de Copenhague ne procèdera pas à une évaluation finale des progrès accomplis. Il faudrait examiner et évaluer les progrès accomplis régulièrement. S'il est difficile d'obtenir des résultats tangibles, il est encore plus difficile de garantir leur durabilité. Toute évaluation devrait intégrer la volonté politique et les orientations. Elle devrait également refléter les efforts communs accomplis au niveau multilatéral.
Depuis le Sommet de Copenhague, la République de Corée a pris des mesures importantes pour s'acquitter de ses engagements. L'élaboration de stratégies a été axée pendant des années sur le développement économique, sans accorder une attention particulière au développement social. En conséquence, M. Dae-Won a réitéré que le Sommet mondial pour le développement social a servi de catalyseur pour réorienter les vues de son gouvernement en matière de développement national. Après le Sommet, la République de Corée a établi des programmes d'aide publique et d'assurance sociale. Ces programmes ont contribué à garantir des conditions de vie minimales pour les plus défavorisés.
M. FAWZI SHOBOKSHI (Arabie Saoudite) a indiqué que son Gouvernement s'efforce de promouvoir le développement social, notamment par le biais de services aux populations vulnérables. Un organisme de sécurité sociale existe depuis 1962. La protection sociale comprend le versement de retraites et de pensions aux veuves et aux orphelins, une aide aux handicapés. Ce système est complété par un ensemble d'actions entreprises par des organisations charitables basées sur la loi islamique, qui fournissent une aide aux nécessiteux. Le représentant a indiqué également que la loi relative au travail prévoit l'emploi de personnes handicapées, et une aide aux chômeurs.
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En ce qui concerne la santé publique en Arabie saoudite, le représentant a affirmé que le nombre de médecins et d'infirmiers employés par le Ministère de la Santé et le nombre d'hôpitaux sont en augmentation régulière. La vaccination couvre 92% de la population grâce à la réalisation de plusieurs campagnes. Le représentant a expliqué que son gouvernement s'efforce de concilier les exigences de la loi islamique et les principes établis lors du Sommet de Copenhague.
M. EDGARDO MOSQUEIRA MEDINA, Ministre délégué à la Présidence du Pérou, a rappelé que la paix à l'intérieur et à l'extérieur des frontières est nécessaire au développement social. Ainsi, le Pérou a été pacifié au début des années 90, et a trouvé un accord sur ses frontières avec l'Equateur la semaine dernière. Dans le domaine économique, la gestion responsable de l'économie péruvienne a permis une réduction significative de l'inflation, permettant la création d'une grand nombre d'emplois. De plus, des ressources plus importantes peuvent être consacrées à la mise en oeuvre des engagements pris à Copenhague. Le Ministre a ainsi fait état de différents programmes et projets lancés par le Gouvernement péruvien, qui concernent trois domaines d'action principaux. Les investissements nécessaires ont été faits pour briser le cercle vicieux de la pauvreté, notamment en augmentant les services d'éducation, de santé et de nutrition pour tous les Péruviens. Dans le domaine de la promotion économique, le gouvernement oeuvre pour développer la capacité nationale d'autodéveloppement en encourageant la production de biens et de services, et l'accès à un marché plus large qui permettra d'obtenir des revenus plus importants. De plus, des réformes institutionnelles ont permis aux plus pauvres d'accéder à la propriété. Enfin, pour la promotion de la citoyenneté, le Gouvernement s'efforce de faciliter l'accès aux mécanismes de règlement des différends, et de renforcer une culture fondée sur les droits et les devoirs, ainsi que la participation active, des citoyens.
Le représentant a affirmé que ces programmes ont permis une réduction significative de la pauvreté. L'augmentation des dépenses sociales du gouvernement a été cruciale pour parvenir à cette situation, a-t-il noté. Il a cependant rappelé que les efforts nationaux ne sont pas suffisants, et que la coopération internationale doit jouer un rôle important dans la mise en oeuvre des objectifs de Copenhague.
M. VED PRAKASH BUNDHUN, Ministre de la sécurité sociale de Maurice, a indiqué qu'en dépit de sa volonté politique, le Gouvernement mauricien ne pourra réaliser les objectifs de Copenhague en l'an 2000. Les mesures prises par le Gouvernement visent notamment à mettre l'accent sur des domaines de pointe, comme la technologie applicable en cardiologie. Par ailleurs, le Gouvernement facilite l'accès au crédit afin de promouvoir des activités génératrices de revenus pour les Mauriciens.
M. YUKI KUMAMARU, Ministre des affaires sociales du Japon, a noté qu'en dépit des efforts inlassables déployés en vue d'éradiquer la pauvreté, de garantir l'emploi et l'intégration sociale, ces questions continuent de susciter de graves préoccupations, en particulier dans les pays en développement et dans les pays confrontés à de graves difficultés économiques.
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A sa session extraordinaire, l'Assemblée générale devrait insister sur ces questions centrales, en accordant une attention particulière aux expériences nationales et en déterminant de nouvelles initiatives. En avril 1998, le Gouvernement japonais a parrainé un colloque international sur le thème "Initiative de santé face à la crise économique en Asie : approche axée sur les ressources humaines", pour discuter des mesures pouvant être prises. Ce colloque a été essentiel pour sensibiliser au rôle de la coopération internationale en faveur des populations vulnérables. En octobre 1998, la seconde Conférence internationale sur le développement en Afrique, tenue à Tokyo, a réussi à donner un plus grand élan au développement économique et social de cette région du monde. Des objectifs et actions spécifiques ont été définis dans le Plan d'action de cette Conférence.
Le Japon estime que l'approche axée sur les ressources humaines constitue une base fondamentale pour le développement social. C'est une approche qui entre dans le cadre d'une perspective globale de sécurité humaine, reconnaissant le respect des droits de l'individu. Le Gouvernement japonais qui estime qu'il s'agit d'un élément clé indispensable dans l'élaboration de politiques sociales, organisera prochainement la tenue d'un colloque sur le thème "la sécurité humaine au centre du développement".
Mme AKMARAL KH. ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a déclaré que dans son pays le processus de transition est marqué par une désorganisation et un manque de synchronisation des processus de restructuration de la société, en raison de la prédominance des priorités économiques sur les priorités sociales. Malgré les difficultés économiques récentes, le Gouvernement du Kazakhstan continue ses efforts pour la mise en oeuvre d'une stratégie nationale qui s'achèvera en 2030, pour se conformer aux décisions prises lors du Sommet de Copenhague. La représentante a fait état dans ce cadre d'un projet de programme visant à assister les pauvres et les sans-abri. Des projets de programmes de microcrédit ont également été formulés. L'emploi indépendant est promu par le biais de la mise en oeuvre du Programme d'Etat pour le développement des petites et moyennes entreprises, pour lequel un accord a été atteint avec le Fonds monétaire international (FMI). En ce qui concerne l'éducation, une nouvelle loi est actuellement à l'examen au Parlement, qui vise à mettre en place un nouveau système scolaire pour l'avenir. Des efforts sont également accomplis pour renforcer le système médical, dans le cadre d'un Programme intitulé "Santé publique".
La participation de sociétés étrangères dans la mise en oeuvre des programmes constitue un nouvel aspect pour la résolution des problèmes sociaux au Kazakhstan. Ainsi, une entreprise qui a construit une usine de tuyaux en plastique a fourni une assistance active aux habitants de la région dans la lutte contre la tuberculose. Malgré les difficultés budgétaires, le Gouvernement du Kazakhstan a indexé les niveaux d'imposition de la population, et cherche activement des moyens d'utiliser les ressources existantes de manière aussi efficace que possible.
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De plus, les organes exécutifs locaux connaissent une extension de leurs pouvoirs, puisque qu'ils gèrent de manière indépendante le budget correspondant à l'unité administrative et territoriale qu'ils dirigent. Dans ce contexte, les dirigeants administratifs des régions ont reçu l'autorité nécessaire pour définir les niveaux d'assistance sociale.
La représentante a estimé qu'une coopération étroite et un partenariat avec les organisations internationales du système des Nations Unies et avec les institutions de Bretton Woods, permettra de mettre en oeuvre les principes établis au Sommet de Copenhague
Mgr DIARMUID MARTIN, Observateur du Saint-Siège et Secrétaire du Conseil pontifical pour la justice et la paix, a affirmé que la personne humaine doit être au centre de tous les efforts de développement. Dans ce contexte, la pauvreté peut être définie comme l'incapacité des personnes à réaliser pleinement leur potentiel, pour des raisons extérieures. De plus, le Sommet de Copenhague fait référence à tous les peuples et demande la participation des tous les individus et de toutes les nations. La session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre des résultats du Sommet de Copenhague doit répondre de manière utile à la question de la responsabilité sociale du secteur privé. Il faudrait trouver des moyens pour développer des codes de conduite qui tiennent compte des conséquences sociales des activités du secteur privé. Ces codes de conduite doivent inclure la protection des principes fondamentaux en matière d'emploi. Le secteur privé doit également assumer des obligations pour garantir la protection de certains intérêts communs. La croissance économique est essentielle pour assurer la durabilité des progrès sociaux. Le développement social peut constituer un facteur décisif pour encourager l'instauration de la paix. Malheureusement, les conflits armés et le budget consacré aux armes constituent les causes les plus graves de la pauvreté dans le monde d'aujourd'hui. Les dirigeants mondiaux doivent réaliser que la sécurité des pays est liée avant tout à la sécurité de leurs populations.
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