En cours au Siège de l'ONU

CS/1050

LE CONSEIL INVITE LE HCR ET LES ORGANISMES D'ACTION HUMANITAIRE A PORTER SECOURS AUX PERSONNES DEPLACEES A L'INTERIEUR DU KOSOVO ET AUX ALENTOURS

14 mai 1999


Communiqué de Presse
CS/1050


LE CONSEIL INVITE LE HCR ET LES ORGANISMES D'ACTION HUMANITAIRE A PORTER SECOURS AUX PERSONNES DEPLACEES A L'INTERIEUR DU KOSOVO ET AUX ALENTOURS

19990514 La Chine et la Fédération de Russie s'abstiennent sur le projet de résolution

Se déclarant gravement préoccupé par la catastrophe humanitaire qui sévit au Kosovo (République fédérale de Yougoslavie) et aux alentours à la suite de la crise qui perdure, le Conseil de sécurité a adopté ce soir par 13 voix pour, o contre et deux abstentions (Chine et Fédération de Russie) la résolution 1239 (1999) par laquelle il invite le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et les autres organismes internationaux d'action humanitaire à porter secours aux personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo, dans la République du Monténégro et dans d'autres parties de la République fédérale de Yougoslavie, ainsi qu'aux autres civils touchés par la crise actuelle. Il demande que soit assuré l'accès du personnel des Nations Unies et de tous les autres agents humanitaires travaillant au Kosovo et dans d'autres parties de la République fédérale de Yougoslavie.

Le Conseil souligne que la situation humanitaire continuera de se détériorer en l'absence de solution politique de la crise conforme aux principes adoptés par les Ministres des affaires étrangères de l'Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la Fédération de Russie, de la France, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni le 6 mai 1999, et demande instamment à tous les intéressés d'oeuvrer à cette solution.

Les représentants des pays suivants, membres du Conseil, ont expliqué leur vote : Bahreïn, Malaisie, Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, France, Gambie, Namibie, Chine, Fédération de Russie, Argentine, Brésil, Pays-Bas et Slovénie.

Le Conseil a entendu le représentant de la République fédérale de Yougoslavie qui a expliqué la position de son gouvernement. Il a également entendu les représentants des pays suivants : Pakistan, Qatar, Arabie saoudite, Iran, Egypte, Ukraine, Bélarus, Cuba et Albanie. L'Observateur de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) a pris la parole.

En début de séance, le Président du Conseil de sécurité, M. Denis Dangue Rewaka (Gabon), au nom des membres du Conseil, a exprimé sa profonde sympathie et ses sincères condoléances aux familles de tous ceux qui ont perdu la vie depuis le début de la crise au Kosovo. Il a également exprimé sa très vive sympathie à toutes les victimes de cette tragédie. Les membres du Conseil ont ensuite observé une minute de silence.

Texte du projet de résolution S/1999/517

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 1160 (1998) du 31 mars 1998, 1199 (1998) du 23 septembre 1998 et 1203 (1998) du 24 octobre 1998, ainsi que les déclarations de son Président en date des 24 août 1998 (S/PRST/1998/25), 19 janvier 1999 (S/PRST/1999/2) et 29 janvier 1999 (S/PRST/1999/5),

Ayant à l'esprit les dispositions de la Charte des Nations Unies et guidé par la Déclaration universelle des droits de l'homme, les pactes et conventions internationaux relatifs aux droits de l'homme, la Convention et le Protocole relatifs au statut des réfugiés, les Conventions de Genève de 1949 et les Protocoles additionnels de 1977, ainsi que par d'autres instruments du droit international humanitaire,

Se déclarant gravement préoccupé par la catastrophe humanitaire qui sévit au Kosovo (République fédérale de Yougoslavie) et aux alentours à la suite de la crise qui perdure,

Profondément préoccupé par l'afflux massif de réfugiés du Kosovo en Albanie, dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, en Bosnie-Herzégovine et dans d'autres pays, ainsi que par le nombre croissant de personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo, dans la République du Monténégro et dans d'autres parties de la République fédérale de Yougoslavie,

Soulignant l'importance d'une coordination efficace des activités de secours humanitaire entreprises par des États, par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et par des organisations internationales pour soulager la détresse et les souffrances des réfugiés et des personnes déplacées,

Prenant note avec intérêt de l'intention du Secrétaire général d'envoyer une mission d'évaluation des besoins humanitaires au Kosovo et dans d'autres parties de la République fédérale de Yougoslavie,

Réaffirmant l'intégrité territoriale et la souveraineté de tous les États de la région,

1. Salue les efforts déployés par les États Membres, par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et par d'autres organismes internationaux d'action humanitaire pour apporter aux réfugiés du Kosovo se trouvant en Albanie, dans l'ex-République yougoslave de Macédoine et en Bosnie-Herzégovine les secours dont ils ont un besoin pressant, et demande instamment auxdits États et organismes, ainsi qu'à quiconque est en mesure de le faire, d'apporter une contribution à l'aide humanitaire aux réfugiés et aux personnes déplacées;

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2. Invite le HCR et les autres organismes internationaux d'action humanitaire à porter secours aux personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo, dans la République du Monténégro et dans d'autres parties de la République fédérale de Yougoslavie, ainsi qu'aux autres civils touchés par la crise actuelle;

3. Demande que soit assuré l'accès du personnel des Nations Unies et de tous les autres agents humanitaires travaillant au Kosovo et dans d'autres parties de la République fédérale de Yougoslavie;

4. Réaffirme le droit qu'ont tous les réfugiés et personnes déplacées de rentrer chez eux en toute sécurité et dans la dignité;

5. Souligne que la situation humanitaire continuera de se détériorer en l'absence de solution politique de la crise conforme aux principes adoptés par les Ministres des affaires étrangères de l'Allemagne, du Canada, des États-Unis d'Amérique, de la Fédération de Russie, de la France, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord le 6 mai 1999 (S/1999/516), et demande instamment à tous les intéressés d'oeuvrer à cette solution;

6. Décide de demeurer activement saisi de la question.

Explications de vote

M. JASASIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a déclaré que la situation au Kosovo rappelle des événements semblables en Bosnie. Ceci démontre que les autorités serbes n'ont tiré aucun enseignement de cette tragédie. Elles recommencent en effet leurs actes avec la même férocité, provoquant le déplacement de la population de la région. Ces déplacements prennent plusieurs formes. Il y a en effet ceux qui vivent dans les montagnes, d'autres sont dispersés dans la région, d'autres sur les frontières et certains se sont réfugié dans les Etats voisins. Le représentant a insisté sur le nombre élevé des déplacés internes et réfugiés. Il s'agit d'une façon de vider le Kosovo de sa population.

Dans ce contexte, le représentant a estimé que la situation humanitaire nécessite une véritable tentative de remédier au problème. Les délégations de la Malaisie et du Bahreïn ont donc pris l'initiative de présenter un projet de résolution qui a recueilli l'assentiment du Conseil. Ce projet a été mis à l'examen aujourd'hui. Son but est d'attirer l'attention de la communauté internationale sur la situation humanitaire au Kosovo et de permettre au Conseil de passer en revue la situation au Kosovo du point de vue humanitaire. Il contient des éléments identiques aux autres résolutions des Nations Unies sur les facteurs nécessaires pour résoudre le problème des réfugiés. Il lance un appel aux Etats et aux organisations pour une aide en espèces et en nature.

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Le projet de résolution étant simple et clair et ne suscitant aucune controverse, il devrait être adopté par consensus, en vue d'améliorer la situation des réfugiés en attendant leur retour chez eux.

M. AGAM HASMY (Malaisie) a déclaré que sa délégation est heureuse d'avoir joué un rôle avec le Bahreïn pour parrainer le projet de résolution sur la situation humanitaire au Kosovo et dans les alentours. Le représentant a émis l'espoir que les efforts déployés par la communauté internationale et en particulier par le Secrétaire général permettront de trouver un règlement à la situation au Kosovo. S'il subsiste des divergences entre les membres du Conseil de sécurité sur certains aspects de la question, la situation humanitaire ne doit pas en souffrir. La délégation malaisienne estime que le règlement de la situation doit passer par le Conseil de sécurité. Il est nécessaire que le Conseil de sécurité appuie les efforts déployés dans le cadre de l'assistance humanitaire. Le projet de résolution constitue la première étape sérieuse pour ramener la crise au Kosovo devant le Conseil de sécurité. C'est une contribution de ses membres à l'unité du Conseil.

M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a déclaré que son pays appuie la présente résolution qui attire notre attention sur la question urgente de la situation au Kosovo et aux alentours : la condition de centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées et la nécessité d'assister le Haut Commissariat pour les réfugiés et les autres organismes humanitaires dans leurs efforts. Slobodan Milosevic est responsable de la crise humanitaire. C'est sa campagne de nettoyage ethnique, d'incendie de villages, d'exécutions d'hommes, de femmes et d'enfants, ainsi que les viols et les intimidations qui ont chassé des centaines de milliers de personnes de leur foyer. Cette crise peut être réglée de manière claire : Belgrade doit se conformer aux conditions déterminées par l'OTAN et aux principes adoptés par le G8 au sommet des ministres des affaires étrangères tenu à Bonn (Allemagne) le 6 mai 1999. Les Etats-Unis demeurent fermes sur leur détermination de continuer à exercer des pressions sur Milosevic et son gouvernement pour qu'ils mettent fin à leur campagne systématique planifiée de nettoyage ethnique et pour permettre le retour en toute sécurité de tous les réfugiés et des personnes déplacées dans leur foyer. Tous les efforts déployés au Kosovo et dans la République fédérale de Yougoslavie visent cet objectif.

Le nombre des réfugiés et des personnes déplacées kosovars dépasse maintenant le million. De nombreux Albanais ethniques au Kosovo sont sans abri. Les Etats-Unis ont contribué et continueront à contribuer aux efforts d'assistance humanitaire. Le Gouvernement des Etats-Unis met actuellement en place un camp à Fier (Albanie) pour abriter environ 20 000 réfugiés kosovars albanais. Il oeuvre actuellement à identifier d'autres sites pour accueillir jusqu'à 40 000 réfugiés. Les Américains, a fait observer M. Burleigh, ont déjà ouvert leurs portes à ces sans-abris, en accueillant déjà les 20 000 premiers réfugiés kosovars. La délégation des Etats-Unis appelle les autres pays à accueillir à titre temporaire des réfugiés Albanais du Kosovo. A cet égard, M. Burleigh a espéré que la mission humanitaire du Secrétaire général

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en République fédérale de Yougoslavie insistera sur la destruction au Kosovo. La mission peut assister considérablement dans la préparation du retour dans leur foyer des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo. L'équipe peut également déterminer les formes d'assistance humanitaire alimentaire et médicale qui sont essentielles. Il est essentiel que cette équipe ait un libre accès au cours de sa mission.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a indiqué que l'objectif du projet de résolution est de permettre aux habitants du Kosovo de retourner dans leurs foyers et de se remettre de la crise. Pour progresser vers une solution, il faut appliquer un projet de résolution qui mérite d'être soutenu.

M. MICHEL DUVAL (Canada) a appuyé de manière inconditionnelle la résolution et a estimé qu'il est approprié que le Conseil de sécurité examine la situation humanitaire au Kosovo et aux alentours.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a souligné l'importance du paragraphe 5 du projet de résolution qui énonce que la situation humanitaire continuera de se détériorer en l'absence d'une solution politique à la crise au Kosovo. Il a jugé remarquable que le Conseil indique ce soir quels doivent être les paramètres de cette solution politique. Il le fait, a poursuivi le représentant, en précisant que la solution doit être en ligne avec les principes définis le 6 mai par l'Allemagne, les Etats-Unis, le Canada, la Russie, la France, l'Italie, le Japon et le Royaume-Uni. Rappelant que ces principes sont ceux que sa délégation avait énumérés dans son intervention, le 8 mai, devant le Conseil, le représentant de la France a souhaité que ces principes reçoivent l'aval du Conseil et a indiqué que la France voterait en faveur du projet de résolution.

M. BABOUCARR BLAISE JAGNE (Gambie) a déclaré que la situation humanitaire tragique au Kosovo et aux alentours figure depuis un certain temps comme priorité de l'ordre du jour de la communauté internationale. La politique et la pratique du nettoyage ethnique et les déportations se poursuivent. Pire encore, il ne semble y avoir aucun signe indiquant qu'il est mis fin à ces pratiques. Il faut de manière urgente faire face à cette crise humanitaire et aux problèmes politiques sous-jacents car plus on retardera la recherche d'un règlement durable, plus les souffrances des réfugiés seront prolongées. La Gambie estime que les principes adoptés par le G8 constituent une base crédible pour une solution durable à la crise du Kosovo et appelle toutes les parties concernées à oeuvrer dans cette voie. La délégation gambienne salue les efforts accomplis par le HCR et les autres organismes humanitaires.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déclaré que suite au nettoyage ethnique et aussi à cause des actions militaires menées par l'OTAN, de nombreux réfugiés se retrouvent dans des pays voisins et dans d'autres parties de la RFY. Les actions militaires en cours ont gravement touché la vie de la population de la RFY. C'est pourquoi la Namibie s'est aussi portée coauteur du projet de

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résolution aujourd'hui soumis au vote du Conseil de sécurité. Le représentant a souligné que la situation humanitaire au Kosovo ne peut être séparée de la situation politique. En conséquence, le représentant a appelé à l'arrêt des hostilités comme seule manière de véritablement résoudre la situation humanitaire au Kosovo. Dans ce cadre, le Conseil de sécurité doit rétablir son autorité sur la situation, a-t-il estimé.

M. QIN HUASUN (Chine) a déclaré que la Chine s'inquiète profondément de la crise humanitaire dans les Balkans et se sent très proche des 700 000 réfugiés Kosovars qui se retrouvent sans toit et séparés de leurs proches. Comme le dit un proverbe chinois : entre le ciel et la terre il n'y rien de plus précieux que l'être humain et la bonne volonté n'existe pas si elle ne chérit pas la vie humaine. La Chine s'inquiète également du fait que, sans demander l'avis des Nations Unies et sans autorisation du Conseil de sécurité, les forces de l'OTAN, conduites par les Américains, ont lancé des attaques militaires contre la République fédérale de Yougoslavie (RFY), déclanchant ainsi une guerre régionale dans les Balkans. Ces derniers 52 jours, ces hostilités ont provoqué la pire catastrophe humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale. Les habitants de la RFY, y compris des Serbes, des habitants d'origine ethnique albanaise, des Hongrois et des Slovaques vivent dans des conditions misérables et inhumaines. Les raffineries de pétrole et les usines chimiques ont été rasées par les bombardements de l'OTAN, libérant des substances toxiques et des gaz polluants qui menacent la santé et la vie de centaines de millions de personnes, y compris des enfants, en RFY et dans toute l'Europe. Tous les ponts sur le Danube ont été détruits. Les systèmes d'approvisionnement en eau et en électricité ont été coupés et les stations de télévision ont aussi été prises pour cible. L'économie nationale et les infrastructures de la RFY ont été ravagées, avec un grand nombre de victimes civiles. Aujourd'hui encore, des missiles ont touché un camp de réfugiés au sud-ouest du Kosovo, entraînant la mort de plus d'une centaine de personnes. Cet incident nous trouble profondément.

Lors de sa campagne contre la RFY, l'OTAN a attaqué l'ambassade de Chine à Belgrade. Le 8 mai 1999 est une date très douloureuse, que les 1,2 milliard de Chinois n'oublieront jamais. Ce jour-là, l'OTAN, menée par les Américains, a férocement attaqué l'ambassade de Chine avec 5 missiles. Trois personnes ont été tuées et plus de vingt ont été blessées. Le bâtiment de l'ambassade a été gravement endommagé. Cet acte criminel est une atteinte à la souveraineté de la Chine et une violation sérieuse du droit international et des normes régissant les relations internationales. En dépit de cette tragédie, l'OTAN prétend que sa campagne aérienne va se poursuivre. Une telle perversité de la part de l'OTAN est un outrage qui devrait être sévèrement condamné par tous ceux qui ont un peu de raison et de conscience. En tant que victime, la Chine a toutes les raisons, à la fois légales et morales, de demander que l'OTAN cesse immédiatement et sans condition ces bombardements. L'arrêt immédiat de cette campagne de bombardements contre la RFY devrait être le préalable indispensable à tout règlement politique du problème du Kosovo, et également la condition minimale pour apporter une aide humanitaire aux Balkans. La

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délégation chinoise a proposé un amendement au projet de résolution, avec les mots suivants : "il faut mettre fin immédiatement à toutes les activités militaires." La Chine a remarqué que le projet de résolution fait référence aux principes énoncés lors du Sommet du G8 des ministres des affaires étrangères. Selon le représentant, la Chine ne peut pas accepter que le Conseil préjuge de ces principes dans sa résolution sans en discuter au préalable. Pour ces raisons, la Chine n'a d'autre choix que de s'abstenir sur ce projet de résolution.

M. ANDREI GRANOVSKY (Fédération de Russie) a estimé que la tournure tragique prise par les événements en Yougoslavie montre que les actions militaires de l'OTAN menées sans l'aval de l'ONU ont créé la catastrophe humanitaire actuelle. Il a évoqué dans ce cadre les bombardements dont sont victimes avec une régularité tragique des civils innocents. Les dommages occasionnés par ces frappes aériennes dissipent le mythe selon lequel l'OTAN mènerait cette campagne selon de grands principes humanitaires. L'action de l'OTAN entraîne au contraire le danger d'une catastrophe écologique, et la destruction des bases matérielles du retour des réfugiés dans leurs foyers. Il est également difficile de rester indifférent devant la catastrophe humanitaire, qui est une conséquence de la crise. Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité aurait dû se prononcer quant à l'action illégale de l'OTAN, mais cela n'a pas été possible en raison de l'opposition de certains Etats membres. La situation continuera à se détériorer tant qu'un règlement politique de la crise ne sera pas trouvé.

Par ailleurs, le représentant a regretté que certains amendements proposés par la Fédération de Russie n'aient pas été pris en compte notamment celui relatif à l'arrêt immédiat des frappes aériennes de l'OTAN. Aujourd'hui, une autre tragédie atroce a été provoquée par l'OTAN, qui a fait au moins 50 victimes innocentes. Le représentant a condamné résolument ce nouveau crime de l'OTAN. Il a observé que sans l'arrêt immédiat des frappes de l'OTAN, la crise pourrait s'étendre à toute la région des Balkans. Malheureusement le projet de résolution ne reflète pas ces préoccupations. La Fédération de Russie ne peut donc pas l'appuyer. Elle continuera à apporter une aide humanitaire non discriminatoire à toutes les populations de la République fédérale de Yougoslavie.

M. FERNANDO ENRIQUE PETRELLA (Argentine) a réaffirmé l'attachement de son pays à l'assistance humanitaire. Il a estimé que la résolution qui vient d'être adoptée répond aux besoins urgents des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo et aux alentours. Il est nécessaire qu'un règlement politique rapide à cette crise soit trouvé pour mettre fin à des souffrances qui durent depuis longtemps. Sa délégation lance un appel pour que le personnel des Nations Unies et autre personnel humanitaire bénéficient de la protection nécessaire afin qu'ils puissent s'acquitter efficacement et en toute sécurité de leur mandat.

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M. MOURA (Brésil) a estimé que la situation humanitaire au Kosovo est une préoccupation d'ordre mondial. Il a indiqué que sa délégation avait espéré que le projet de résolution ferait l'unanimité, afin d'assurer la cohésion du Conseil face à la crise. Il a donc regretté qu'on n'ait pu aboutir à un consensus sur le projet. Il a par ailleurs noté que les questions de fond qui permettraient d'apporter une solution ne sont pas encore traitées. Il a appelé dans ce cadre à une plus grande participation des Nations Unies et du Conseil de sécurité dans les efforts pour parvenir à un règlement.

Déclarations

M. VLADISLAV JOVANOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a affirmé que les attaques aériennes lancées par l'OTAN constituent une violation flagrante de la Charte des Nations Unies. La campagne de bombardement et de terreur contre la population civile a causé la détérioration de la situation humanitaire de 11 millions de personnes. Des quartiers entiers, des hôpitaux et même des ambassades sont la cible de ces attaques. L'OTAN commet un véritable génocide et détruit délibérément les infrastructures d'un pays. Des bombes ont anéanti des installations électriques, paralysant toute activité. On ne peut pas calculer les dégâts secondaires causés par ces actes barbares qui constituent un précédent dans l'Histoire. Les attaques aériennes lancées par l'OTAN constituent des violations flagrantes des Conventions de Genève. Le 14 avril dernier, un convoi de réfugiés regagnant leur foyer a été la cible de bombardements. Des camps de réfugiés ont subi les mêmes attaques. La République fédérale de Yougoslavie mérite certainement une aide humanitaire. Il est essentiel que le Conseil de sécurité se prononce immédiatement sur la cessation des attaques aériennes lancées par l'OTAN avant d'examiner les conséquences mêmes de ces attaques.

M. VAN WALSUM (Pays-Bas) a estimé qu'un jour le peuple serbe devra comprendre que l'intervention de l'OTAN n'aurait pas eu lieu si elle n'avait pas été précédée par huit ans de nettoyage ethnique. Le courage d'agir vient du dégoût ressenti face à ces pratiques, a indiqué le représentant.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a exprimé ses profonds regrets après les dommages causés à l'ambassade de Chine et à son personnel à Belgrade. La tragédie humaine qui se déroule actuellement au Kosovo est une source de profonde inquiétude pour le Pakistan et le monde entier. Le règne de la terreur imposé par les forces serbes au Kosovo a provoqué la mort de nombreux civils, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées. La politique de "nettoyage ethnique" de M. Milosevic a conduit plus d'un million de personnes a fuir le Kosovo pour se réfugier dans les pays voisins. Cet exode massif doit prendre fin et les souffrances des réfugiés doivent être soulagées grâce aux efforts de la communauté internationale, a estimé le représentant, ajoutant que le Pakistan a contribué modestement à ces efforts, à hauteur de 5 millions de dollars américains, et a fourni des tentes, des médicaments et du personnel médical. Il est choquant que si peu de temps

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après la crise de la Bosnie, nous assistions à une campagne de nettoyage ethnique et de haine menée par le même régime. Les auteurs de ces crimes ne doivent pas rester impunis, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre du Pakistan s'est récemment rendu dans les camps de réfugiés à Tirana et a également contribué aux efforts diplomatiques, en se rendant notamment à Moscou. Lors de tous ses contacts au niveau international, le Pakistan a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité de se saisir de cette crise et de mettre en place une force de maintien de la paix des Nations Unies au Kosovo. Le représentant a exprimé le souhait de voir le Conseil mettre rapidement en oeuvre la décision prise lors de la réunion du G8 d'établir une opération de maintien de la paix des Nations Unies au Kosovo. Le Conseil de sécurité doit entériner les propositions qui ouvriront la voie à la cessation du nettoyage ethnique au Kosovo; au retrait des forces yougoslaves de police, militaires et paramilitaires; à l'établissement d'une administration intérimaire de la province; au retour des réfugiés et à une solution politique établissant un statut d'autonomie pour le Kosovo.

M. AL-NASSER (Qatar) a rappelé que la communauté internationale a été choquée devant les atrocités subies par les Kosovars. Le nettoyage ethnique pratiqué par les autorités serbes constitue un affront à l'humanité tout entière, en particulier à la veille du nouveau millénaire. Il est essentiel que des efforts considérables soient déployés pour venir en aide aux réfugiés et personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo et aux alentours afin qu'ils retrouvent leur dignité et regagnent leur foyer en toute sécurité le plus rapidement possible. Le représentant a rappelé le Sommet de l'Organisation de la Conférence islamique qui s'est déroulé à Genève en avril dernier. Il n'existe aucune justification au retard de l'adoption de la présente résolution. Il est temps de mettre fin le plus rapidement possible aux souffrances des réfugiés et personnes déplacées kosovars.

M. SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a estimé que le nettoyage ethnique, les destructions de biens matériels et les déplacements de population forcés sont des actes qui vont à l'encontre du droit international et des droits de l'homme. Il est donc nécessaire que les pays de la communauté internationale joignent leurs efforts pour remédier à la crise humanitaire qui sévit au Kosovo. Le représentant a dénoncé les actes barbares perpétrés contre des femmes, des enfants et des personnes âgées notamment. Il a exprimé son soutien au droit des réfugiés de retourner sur leurs terres et d'y vivre dans la paix et la sécurité. L'Arabie saoudite apporte une aide aux réfugiés en coordination notamment avec le Haut Commissariat pour les réfugiés. Le représentant a estimé qu'il faut mettre fin à cet exode et au génocide pratiqué par les Serbes, ces derniers devant retirer leurs forces du Kosovo. Les criminels de guerre doivent être jugés, a-t-il ajouté.

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M. SEYED MOHAMMAD HADI NEJAD HOSSEINIAN (Iran) a exprimé ses condoléances au gouvernement et au peuple chinois pour les pertes en vies humaines causées par l'attaque contre l'ambassade de Chine à Belgrade. En sa qualité de Président du Groupe de contact de l'Organisation de la Conférence islamique en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, M. Hosseinian a exprimé une nouvelle fois ses préoccupations à l'égard de la détérioration de la situation humanitaire qui sévit au Kosovo et aux alentours. L'afflux des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo a choqué la conscience humaine. Les pays voisins qui généreusement accueillent les réfugiés, méritent à la fois l'appui moral et matériel de la communauté internationale. Les membres du Groupe de contact de l'OCI ont répondu à l'impératif du partage du fardeau en ces circonstances difficiles et continueront à le faire jusqu'à ce que les réfugiés et les personnes déplacées regagnent leur foyer en paix et dans la sécurité. La poursuite du conflit au Kosovo pourrait compromettre la paix et la sécurité déjà fragile dans les autres zones des Balkans.

Le Groupe de contact de l'OCI regrette que le Conseil de sécurité n'ait pu traiter de manière efficace de la crise au Kosovo et mettre fin à l'afflux des réfugiés albanais du Kosovo. Réitérant qu'il incombe en premier lieu de maintenir la paix et la sécurité internationales, le représentant a émis l'espoir que le Conseil de sécurité accélérera ses travaux en vue de s'acquitter de cette obligation en vertu de la Charte des Nations Unies. A son sommet, tenu en avril dernier, l'OCI a condamné fermement le nettoyage ethnique commis par les autorités serbes contre les kosovars albanais.

M. MAGED A. ABDELAZIZ (Egypte) a présenté ses condoléances au gouvernement de la Chine suite aux événements du 7 mai 1999. Il a estimé qu'étant donné l'incapacité manifestée par le Conseil de sécurité à prendre des mesures pour mener à la cessation de la tragédie au Kosovo, le besoin se fait d'autant plus impérieux d'intensifier l'aide humanitaire. L'Egypte est convaincue que le traitement de l'assistance humanitaire et le traitement de la question des populations déplacées relèvent de l'autorité de l'Assemblée Générale mais les circonstances portent à les traiter au sein du Conseil. Le projet de résolution a un but humanitaire, dissocié du règlement politique du conflit. Cependant, des considérations politiques ont retardé son adoption, sans pour autant qu'il ait été possible de parvenir à une décision unanime. Le message envoyé à la communauté internationale par les pays coauteurs du projet est que l'incapacité du Conseil de sécurité à assumer son rôle de protection de la paix et de la sécurité internationales ne doit pas l'empêcher d'assumer son rôle dans le domaine humanitaire. Le représentant a estimé qu'un règlement politique global dépend de la capacité du Conseil de sécurité à rétablir son rôle.

M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine), déclarant que son gouvernement a été choqué par le bombardement de l'Ambassade de Chine à Belgrade, a exprimé ses condoléances au gouvernement et au peuple chinois ainsi qu'aux familles de ceux qui sont morts ou ont été blessés lors du bombardement. Le représentant ukrainien, rappelant que son pays a toujours appelé à la cessation de l'usage

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de la force et à une solution politique au problème du Kosovo, a fait appel aux membres du Conseil de sécurité pour qu'ils interviennent immédiatement afin de mettre fin à toutes les actions militaires en RFY et aux alentours et pour trouver un règlement pacifique au problème du Kosovo.

M. Yel'chenko a estimé que l'adoption de la résolution sur la situation humanitaire au Kosovo est un pas dans la bonne direction. Il s'est félicité des principes généraux sur une solution politique à la crise au Kosovo adoptés par la réunion du G8 à Bonn. Le représentant s'est également félicité de la proposition du Secrétaire général des Nations Unies d'envoyer une mission d'évaluation des besoins humanitaires en RFY. Il a lancé un appel aux autorités yougoslaves et aux membres de l'OTAN pour que la sécurité du personnel humanitaire de l'ONU engagé dans cette mission ainsi que celle de tous les travailleurs humanitaires qui accomplissent leur noble tâche au Kosovo soit assurée. Il a rendu hommage aux efforts humanitaires du HCR, de toutes les autres institutions de l'ONU, des Etats participants au programme d'évacuation humanitaire et de tous ceux travaillant en Albanie et dans l'ex- République yougoslave de Macédoine. Il a rappelé que son gouvernement avait décidé d'envoyer de l'aide humanitaire à ces deux pays.

M. ALYAKSANDR SYCHOV (Bélarus) a salué la décision du Conseil de sécurité de se pencher sérieusement sur la situation humanitaire au Kosovo et aux alentours. Les attaques aériennes lancées par l'OTAN contre un pays souverain et contre l'ambassade de Chine à Belgrade constituent des violations flagrantes du droit international. La crise humanitaire ne peut être enrayée alors que l'OTAN poursuit sa campagne de bombardements contre un pays souverain. Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à faire cesser les attaques aériennes. Ce n'est que par un règlement politique qu'il sera possible de mettre fin à la situation qui sévit au Kosovo.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a estimé encourageant que le Conseil de sécurité utilise ses facultés réduites pour s'occuper de la situation humanitaire catastrophique au Kosovo. Il a affirmé que Cuba offre toute sa coopération pour soulager les souffrances des populations de la République fédérale de Yougoslavie, en particulier en ce qui concerne l'aide aux réfugiés kosovars. Il a estimé qu'il serait utile de disposer de chiffres précis sur les réfugiés accueillis par différents pays participant à l'effort humanitaire. Il a rappelé les autres crises humanitaires terribles existant actuellement, qui ne reçoivent pas l'attention nécessaire de la communauté internationale. Le représentant a ajouté que les bombardements de l'OTAN ont des conséquences dramatiques également. Dans ce contexte, il a réaffirmé la condamnation énergique par son gouvernement du bombardement de l'Ambassade chinoise à Belgrade et a demandé une enquête et la sanction sévère des responsables.

M. AGIM NESHO (Albanie) a appuyé fermement la résolution que le Conseil de sécurité vient d'adopter. Sa délégation exprime ses remerciements aux délégations de la Malaisie et du Bahreïn pour les efforts inlassables qu'elles

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- 12 - CS/1050 14 mai 1999

ont déployées en vue de l'examen de cette question. Depuis la deuxième guerre mondiale, c'est la première fois qu'une tragédie comme celle que connaît aujourd'hui le Kosovo se produit. Des centaines de milliers d'Albanais du Kosovo ont été déportés par la force. L'Albanie exprime sa gratitude aux Etats-Unis, aux pays de l'Union européenne et aux pays arabes qui se sont portés au secours des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo et aux alentours. La tragédie au Kosovo ne pourra prendre fin sans l'intervention de la communauté des pays civilisés. L'Albanie salue les initiatives prises par la communauté internationale en vue de faire face à cette situation.

M. AHMAD HAJI HOSSEINI, Organisation de la conférence islamique, a rappelé que le Groupe de contact de l'OIC sur la Bosnie et le Kosovo, réuni au niveau ministériel à Genève le mois dernier, avait regretté que le Conseil de sécurité ait été incapable de s'acquitter de sa responsabilité au Kosovo, conformément à la Charte des Nations Unies. Depuis lors, les efforts diplomatiques des Ministres des affaires étrangères du Groupe de contact de l'OIC, visant à trouver une solution fiable à la crise au Kosovo, ont été intenses et ont conduit le Groupe de contact à soutenir le projet de résolution présenté actuellement devant le Conseil de sécurité. Ce projet de résolution soulève, en particulier, l'aspect humanitaire particulièrement inquiétant de la crise du Kosovo. Une réponse positive et opportune serait un pas significatif dans le secours porté au peuple du Kosovo qui souffre à l'heure actuelle.

M. DANILO TURK (Slovénie) a estimé que la présente résolution exigeait un appui politique de tous les membres du Conseil de sécurité. Il est important que cette résolution énonce clairement les priorités. Le texte contient un potentiel important qui permettra au Conseil de jouer un rôle pour régler la situation au Kosovo. La résolution prévoit un règlement d'ensemble. Ce règlement doit être défini dans un cadre approprié. Le représentant a émis l'espoir que dans un avenir très proche, il sera possible pour le Conseil de sécurité de participer au processus de paix au Kosovo.

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( suivre)

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