SG/SM/6966

CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, TENUE AU SIEGE DE L'ONU LE 23 AVRIL 1999

3 mai 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/6966


CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, TENUE AU SIEGE DE L'ONU LE 23 AVRIL 1999

19990503 Le Secrétaire général : Comme vous le savez, Gus Speth quitte le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) cet été pour prendre de nouvelles fonctions à l'Université de Yale. Au moment d'entamer son second mandat, il nous avait dit qu'il ne resterait que deux ans, estimant qu'il parviendrait à accomplir la tâche qu'il s'était fixée en six ans. Il l'a fait de façon magistrale.

Pendant six ans, Gus a été l'un des directeurs les plus efficaces et les plus éloquents du système des Nations Unies. Il a prôné un développement qui soit à la fois durable et axé sur l'expérience quotidienne des gens, et s'est dépensé sans compter pour traduire cette conception en actions concrètes et concertées, en particulier en Afrique.

Il a aussi été l'un des artisans du succès de mon programme de réforme, car il ne s'est pas contenté de réorganiser et de revitaliser le PNUD : il a aussi mis sur pied le Groupe des Nations Unies pour le développement avec les résultats que l'on sait, et a fait en sorte que les réformes introduites soient appliquées à l'échelle du système et que la cohérence soit renforcée là où elle importe le plus : au niveau des pays. Comme je le disais, je me suis beaucoup appuyé sur Gus pour faire aboutir la réforme et, de toute évidence, les gouvernements donateurs placent en lui la même confiance, puisque 13 d'entre eux se sont engagés cette année à accroître le montant des contributions qu'ils versent au PNUD.

Son départ laissera un grand vide. Je tiens à lui souhaiter le plus grand succès dans sa nouvelle carrière à l'Université de Yale, qui a bien de la chance.

Lorsqu'il s'est agi de trouver un remplaçant à M. Speth, j'ai pensé à trois choses : je voulais quelqu'un d'expérimenté, qui soit capable de diriger une grande organisation aux prises avec le changement et la nécessité de s'adapter à un monde en pleine mutation, et de continuer la tâche que Gus avait commencée. Je voulais aussi quelqu'un qui sache promouvoir avec force et éloquence les objectifs et les activités des Nations Unies en matière de développement, non seulement auprès des donateurs mais aussi de l'opinion publique. Enfin, il me semblait indispensable que la personne choisie puisse resserrer les liens entre le PNUD et la Banque mondiale.

J'ai trouvé en la personne de Mark Mallock Brown quelqu'un qui satisfait à ces trois critères. M. Mallock Brown, que je connais et admire depuis longtemps, a fait ses preuves à l'ONU et à la Banque mondiale. C'est un défenseur persuasif et inlassable de la cause du développement, à laquelle il a, d'une manière ou d'une autre, consacré toute sa carrière. Je me bornerai à rappeler ici avec quel succès il a rehaussé la présence de la Banque mondiale sur le continent européen, inspiré confiance aux bailleurs de fonds d'Europe et d'ailleurs, et convaincu le Congrès américain de payer les arriérés de contributions des États-Unis. Je ne doute pas qu'il parviendra, de la même façon, à renforcer les liens du PNUD avec tous les donateurs.

Mesdames et Messieurs, j'ai le plaisir de vous annoncer que ce matin l'Assemblée générale a confirmé la nomination de M. Mark Mallock Brown. C'est donc avec un très grand plaisir que je vous présente le futur Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement.

Félicitations M. Mallock Brown.

Bravo aussi à la Vice-Secrétaire générale, qui a mené le mouvement ce matin à l'Assemblée générale.

Mark, à vous la parole.

M. Mallock Brown : Juste quelques mots. Je voudrais commencer par saluer les amis dont je reconnais le visage dans l'assemblée et que je connais depuis le temps où j'ai commencé ma carrière, ici, à l'ONU. J'ai donc un peu le sentiment de revenir chez moi.

Je voudrais commencer sur une note personnelle et vous raconter quelque chose qui m'a beaucoup attristé et qui en dit long sur ce que je suis. Le week-end dernier, j'avais des sentiments très partagés concernant ma nomination. En effet, le vendredi, trois de mes amis très proches sont partis en Albanie pour Refugees International. Il y avait parmi eux une Française, une femme remarquable, qui travaille dans l'humanitaire et que je connais depuis 24 ans, depuis que nous avons travaillé ensemble à la frontière cambodgienne. Avant de partir, elle a téléphoné à la maison, ayant appris que j'avais été pressenti pour le poste d'Administrateur du PNUD. Elle a parlé à ma femme et lui a dit "On va changer le monde". Deux jours plus tard, elle et David et Penny McCall — David qui a travaillé avec moi du temps où j'étais consultant et que j'avais convaincu de devenir membre du Conseil d'administration de Refugees International — se sont tués dans un accident de voiture en Albanie.

Si j'ai partagé cette histoire avec vous, c'est parce que j'ai le sentiment d'être le candidat du Secrétaire général, mais aussi de tout un réseau de personnes, dont beaucoup sont présentes ici, qui ont en commun non pas de représenter des gouvernements mais de croire en ces grandes causes internationales que sont le développement, les droits de l'homme, l'aide aux réfugiés et l'action humanitaire.

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J'ai toujours été indépendant, et tous les postes que j'ai occupés, je les ai obtenus grâce à mon expérience internationale. Je n'ai jamais été le candidat de quelque gouvernement que ce soit; les seuls gouvernements pour lesquels j'aie jamais travaillé, ce sont ceux des pays en développement que j'ai eus comme clients quand j'étais consultant.

Je pense que c'est ça qui fait ma force. Je suis très fier que le Secrétaire général m'ait choisi. Je suis aussi très fier d'avoir travaillé pour la Banque mondiale ce qui, il y a quelques années à peine, aurait été considéré comme un handicap pour un candidat à la direction du PNUD. Cela montre bien ce que sont devenus les rapports entre le PNUD et la Banque mondiale. Cela témoigne aussi de ce qu'a accompli Jim Wolfensohn, et de tout ce que j'ai appris de lui. Aujourd'hui, les organismes des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods peuvent travailler ensemble, en bons partenaires, sous la direction de notre Secrétaire général et du Président de la Banque mondiale, pour relever les grands défis que sont l'atténuation de la pauvreté, le développement et l'amélioration de la qualité de la vie, partout et pour tous.

Je suis très fier d'avoir une nouvelle occasion d'apporter ma pierre à l'édifice.

Merci à tous.

M. Eckhard : Y a-t-il des questions?

Le Secrétaire général : Mark, il faut que je me sauve.

Question : Avez-vous déjà une idée précise de la façon dont les activités du PNUD et celles de la Banque mondiale pourraient s'articuler? Allez-vous en parler avec MM. Speth et Wolfensohn dans les prochains mois?

M. Mallock Brown : Certainement. Je travaille d'ailleurs là-dessus depuis plusieurs années et la coordination entre la Banque mondiale, l'ONU et le PNUD s'est très nettement améliorée. Mais il y a toujours de nouveaux problèmes à surmonter et c'est ce qui donne l'occasion de continuer à progresser. Donc, les choses continuent à bouger et j'espère que mon arrivée donnera une nouvelle impulsion à ce processus. Il faut tenir compte des avantages comparatifs des deux organisations. Le PNUD a ses points forts : il fait des dons et non des prêts; il a une grande expérience de l'assistance technique et, surtout, il a la confiance du Groupe des 77. Le PNUD est donc sur un pied d'égalité avec la Banque mondiale, il n'est pas en position d'infériorité.

Question : Vous avez été une des chevilles ouvrières de l'équipe chargée de la stratégie de communication de l'ONU. Comptez-vous faire la même chose pour le PNUD et travailler davantage avec les médias?

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M. Mallock Brown : Vous ne serez pas surpris d'apprendre que je compte faire beaucoup dans ce sens. Il est clair que les organisations internationales ne disposent pas d'une ferme assise nationale. Elles doivent donc faire des efforts constants pour se faire connaître et trouver des alliés.

Deuxièmement, je suis convaincu qu'aujourd'hui on ne peut vraiment faire bouger les choses qu'en menant des campagnes de sensibilisation à l'échelle mondiale et en ralliant le plus grand nombre à sa cause. Il ne s'agira pas simplement pour nous de nous faire connaître à travers la presse mondiale, mais de plaider en faveur du développement en nous associant à des ONG, à des personnalités politiques, à des parlementaires, à des groupes de réflexion dans le monde entier, et en faisant naître des mouvements d'opinion d'ampleur mondiale en faveur de nos objectifs.

Question : M. Wolfensohn, dont vous dites qu'il vous a tant appris, a fait observer que l'aide publique au développement n'a jamais été aussi faible. Que comptez-vous faire pour inverser cette tendance?

M. Mallock Brown : Il faut absolument l'inverser. La situation est inacceptable. Il faut procéder par étapes : mon expérience à la Banque mondiale, qui de ce point de vue est bien mieux lotie que le PNUD, me dit qu'il faut d'abord prouver aux gouvernements et aux parlementaires que nous sommes efficaces. C'est particulièrement difficile aux États-Unis, mais le problème ne s'arrête pas là. Il faut des résultats.

Deuxièmement, il faut obtenir l'appui politique voulu pour atteindre des objectifs réalistes, que ce soit dans le domaine de l'éducation ou de l'environnement. Il faut présenter les choses de façon à obtenir un appui aussi large que possible.

Donc, il faut inverser la tendance, mais je ne compte pas aller trouver les gouvernements pour leur demander d'accroître leur contribution sur le champ. Il nous faut faire un travail de fond pour être plus crédibles et seulement alors nous adresser aux gouvernements. Ce travail de fond ne doit pas se limiter à notre institution mais s'inscrire dans un mouvement mondial en faveur du développement, qui doit prendre de l'ampleur pour que les pays pauvres aient les moyens d'occuper la place qui leur revient dans la nouvelle société mondiale.

Question : Le Secrétaire général vient d'annoncer que 13 pays donateurs avaient augmenté leur contribution au budget du PNUD. Comment comptez-vous utiliser ces fonds supplémentaires?

M. Mallock Brown : J'aimerais pouvoir vous dire que nous allons financer de nouveaux programmes mais je crois savoir que le PNUD ne dispose pas encore de l'intégralité des montants inscrits à son budget. Cette initiative est une

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marque de soutien qui montre à quel point le travail de Gus Speth a porté ses fruits. Mais c'est loin de suffire. Il nous faut rallier un appui plus important et convaincre plus de donateurs, avant de songer à lancer de nouvelles activités. La tâche s'annonce ardue.

Fin de la conférence de presse (première partie)

DEUXIÈME PARTIE — LE TIMOR ORIENTAL

Le Secrétaire général : Mesdames et Messieurs, me voici de retour, avec encore de bonnes nouvelles à vous annoncer. Aujourd'hui est donc un jour faste, ce qui n'est pas si courant ces temps-ci.

Je suis heureux de vous informer qu'après une série d'entretiens extrêmement productifs et fructueux qui ont porté sur de très nombreux aspects, la République d'Indonésie et la République portugaise sont parvenues à un accord sur la question du Timor oriental. Cet accord a été parachevé et sera signé, en même temps que ses annexes, le 5 mai, à New York.

Deux autres documents ont été présentés aux délégations pour la première fois cette semaine. Ils portent sur les mesures de sécurité à prendre pour assurer le déroulement pacifique de la consultation populaire au Timor oriental et sur les modalités de cette consultation.

Le Ministre indonésien des affaires étrangères, M. Alatas, a indiqué que, bien que ces deux documents ne posent aucun problème de fond à la partie qu'il représente, il lui faudrait obtenir l'assentiment de ses autorités avant de pouvoir les signer.

Je me réjouis d'avance de voir menée à bonne fin cette étape décisive le 5 mai de cette année, date à laquelle tous ces accords auront été signés. Je me félicite de l'esprit de coopération et du sens politique aigu dont ont fait preuve les deux ministres et qui nous ont permis d'accomplir de tels progrès.

Je me félicite aussi de ce que le Gouvernement indonésien ait réaffirmé qu'il entendait s'acquitter pleinement de ses responsabilités en ce qui concerne le maintien de l'ordre public et la protection des civils. Je tiens également à souligner qu'il incombe à toutes les parties qui ont signé cette semaine un accord destiné à mettre fin à la violence au Timor oriental de remplir sans tarder leurs obligations. La paix et la stabilité doivent régner au Timor oriental.

Je suis prêt maintenant à répondre à vos questions, à moins que les deux ministres ne souhaitent d'abord s'exprimer brièvement.

M. Gama : Monsieur le Secrétaire général, il importe au plus haut point à la partie portugaise que ces dispositions débouchent sur une solution durable du problème du Timor oriental et que la paix y soit rétablie pour que puisse s'y tenir une consultation sur l'avenir du territoire. L'application

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effective des accords que nous nous apprêtons à signer le 5 mai prochain doit contribuer d'une manière décisive à rétablir la stabilité et la paix dans le territoire, à désarmer les milices et à les priver de tout moyen d'aller à l'encontre de l'esprit de ces négociations, conduites avec un sens élevé de leurs responsabilités par M. l'Ambassadeur Marker et par le Secrétaire général de l'ONU.

Le Secrétaire général : Merci beaucoup. Ali.

M. Alatas : Merci, Monsieur le Secrétaire général. Je tiens moi aussi à dire combien nous sommes heureux d'être parvenus à un accord sur les documents que vous venez de mentionner. Le seul problème a été que les deux documents portant sur les mesures de sécurité et sur les modalités de la consultation qui sera organisée sous l'égide de l'ONU ne nous ont été soumis qu'au cours de la présente réunion. Bien que [inaudible] ces deux documents aient recueilli notre assentiment quant au fond, il me faudra en référer à mon gouvernement avant d'être en mesure de les approuver définitivement. Nous attendons donc avec beaucoup d'impatience de signer, le 5 mai prochain, l'accord principal et ses annexes sur le projet d'autonomie ainsi que les deux accords sur les mesures de sécurité et les modalités de la consultation.

En attendant, je voudrais faire part aux médias d'un événement très important qui s'est produit au Timor oriental. Toutes les parties concernées — d'une part, bien sûr, les forces armées, mais aussi les deux évêques du Timor oriental, toutes les parties antagonistes de l'un et l'autre bord, représentant tant les partisans de l'intégration que les indépendantistes, ainsi que les autorités locales, et ainsi de suite — ont répondu ensemble à l'appel lancé par notre commission nationale des droits de l'homme. Ils ont signé le 21 avril un accord de la plus haute importance, dont le texte est également à la disposition de la presse. C'est le signe, me semble-t-il, que nous saurons effectivement veiller à ce que règnent au Timor oriental des conditions propices à l'application des accords que nous venons de conclure au sujet de la consultation des Timorais orientaux sur le projet d'autonomie, projet dont le texte devrait lui aussi très prochainement, d'ici quelques jours, être rendu public.

J'attends donc avec la plus grande impatience le jour où, en signant cet accord, nous pourrons réellement faire avancer les choses, Monsieur le Secrétaire général. Une fois encore, je tiens à vous remercier sincèrement pour toute l'aide que vous-même et Monsieur l'Ambassadeur Jamsheed Marker avez apportée.

Le Secrétaire général : Comme Fred vous l'a dit, je vais devoir vous quitter pour aller accueillir un chef d'État. Mais, avant cela, je tiens moi aussi à rendre hommage à M. l'Ambassadeur Marker, négociateur hors pair, et à ses collaborateurs pour les efforts qu'ils ont déployés dans cette entreprise. Je crois qu'ils méritent vraiment toute notre gratitude pour le travail qu'ils ont accompli. Merci beaucoup.

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Question : Au nom de l'Association des journalistes accrédités auprès de l'Organisation des Nations Unies, nous vous souhaitons la bienvenue.

La tâche la plus importante peut-être consiste à désarmer la milice et à assurer la paix et la tranquillité. Aux termes de l'accord, qui se chargera de superviser l'opération? L'ONU, ou l'Indonésie et le Portugal? Quels sont les mécanismes prévus?

M. Alatas : Dans l'accord qui a été signé par les parties concernées, on notera qu'il est question avant tout d'obtenir que toutes les parties, et non pas seulement ce qu'il est convenu d'appeler la milice, déposent les armes. Il faut que la presse internationale et la communauté internationale comprennent bien que le conflit auquel nous assistons au Timor oriental est un conflit entre deux groupes : ceux qui souhaitent l'indépendance et ceux qui ont accepté l'intégration. Telle est la situation depuis 23 ans. Elle se poursuit aujourd'hui et, malheureusement, s'exacerbe à mesure que nous approchons du jour où la population aura à se prononcer soit en faveur de l'autonomie, soit contre l'autonomie.

Il ne s'agit pas seulement de désarmer ce qu'il est convenu d'appeler la milice; cela ne ferait qu'embrouiller les choses. Il s'agit de désarmer les deux camps. Et c'est la prochaine étape, bien sûr, car il faudra également désarmer les Falintil, qui vivent dans les montagnes. Sinon, les groupes qui les combattent actuellement — les partisans de l'intégration — n'accepteront jamais de rendre leurs armes. Le problème est donc bien plus complexe. Heureusement, nous avons maintenant les moyens nécessaires, nous avons — et c'est très important — ce rassemblement de personnalités de premier plan, dont deux évêques, qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que, lorsque les armes auront été déposées, lorsque les hostilités auront cessé, nous puissions passer au désarmement, etc., et à la réconciliation. Mais, en attendant, la première tâche qui s'impose est de mettre en place au Timor oriental des conditions propices à l'application des accords que nous venons de conclure et qui seront bel et bien appliqués.

Question : Est-ce l'ONU qui va superviser le désarmement des parties en présence?

M. Marker : Nous attendons encore une confirmation définitive concernant les mesures de sécurité. Mais il est certain que l'ONU sera présente sur place. La forme exacte que prendra cette présence reste encore à définir. Quant à l'objectif, il est tout à fait clair : il faut mettre fin aux combats. Le moyen le plus rapide et le plus efficace d'y parvenir, c'est, bien sûr, le désarmement. Mais on peut aussi mettre fin aux combats par un cessez-le-feu. Il nous faudra voir sur place quelle est la situation. Cependant, je suis persuadé qu'une méthode efficace peut être trouvée et sera trouvée.

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Question : Pourriez-vous nous indiquer s'il vous plaît les grandes lignes des propositions — je comprends qu'il faut encore en référer à Jakarta — des propositions tendant à assurer une présence internationale dans la période précédant le scrutin. De quelle présence internationale s'agit-il?

M. Marker : Nous sommes en voie de mettre les détails au point. En fait, nous y avons travaillé ici toute la semaine dernière. Je ne suis pas en mesure de vous indiquer la nature ni la portée de cette présence. Nous nous en occupons nous-mêmes d'abord. Ensuite nous en parlerons avec les deux Gouvernements. Mais il est certain qu'il s'agit là d'un point d'une extrême importance. Nous en sommes bien conscients et nous y travaillons.

Question : J'aimerais savoir si la date de la consultation a été convenue et aussi s'il s'agit d'un scrutin du type "un homme, une voix, un jour".

M. Marker : En principe, il y a accord sur tous ces points. Mais vous devez attendre le 5 mai pour connaître les détails.

Question : J'allais en fait poser une question analogue. Mais puisque nous n'obtiendrons pas de réponse là-dessus, je me demande si le Ministre des affaires étrangères, M. Alatas, pourrait nous dire s'il a l'impression que son gouvernement va accepter l'accord qui a été élaboré. À l'heure actuelle, ce n'est qu'un projet d'accord. Êtes-vous optimiste, pessimiste, c'est-à-dire pensez-vous que l'accord sera accepté tel quel, que la date du 5 mai sera respectée et qu'il sera possible d'organiser un scrutin probablement en juillet, puisque cela semble être la date butoir?

M. Alatas : Eh bien, l'accord principal et son annexe ont été, je crois bien, réglés à titre provisoire, même si l'accord principal était encore en suspens au moment où je suis parti pour vous rejoindre. Il ne devrait donc pas y avoir de difficultés sur ce plan. J'espère que les deux nouveaux accords sur les dispositions en matière de sécurité et sur les modalités — et nous n'avons plus de difficulté à cet égard [inaudible] nous pouvons accepter le texte — ne soulèveront aucun problème quand je les présenterai au Gouvernement.

Mais, évidemment, je ne peux pas préjuger de ce que fera mon gouvernement. Je ne parle qu'en termes factuels : je dois présenter le projet au Cabinet et celui-ci, je l'espère, l'acceptera. Car, comme je l'ai dit, il y a déjà eu [inaudible] accord ici, à notre niveau.

Question : Êtes-vous toujours optimiste quant à la possibilité d'organiser le scrutin en juillet? Pensez-vous que les consultations pourront se tenir dans le courant du mois de juillet?

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M. Alatas : Eh bien, comme Monsieur l'Ambassadeur Marker l'a dit, nous avons un calendrier provisoire en tête, mais nous ne pouvons pour l'instant le révéler à la presse, car il fait partie des accords sur lesquels nous travaillons.

Question : Je me demande si M. Alatas a quelque chose à dire après les déclarations qu'a faites hier le Ministre des affaires étrangères de l'Australie, qui s'est déclaré en faveur d'une présence des Nations Unies, peut-être même d'une mission de maintien de la paix, dans le Timor oriental. Et je me demande aussi si M. Gama ne pourrait pas expliquer comment se présentait la situation sur le terrain dans le Timor oriental le dernier jour ou depuis la signature de l'accord de cessez-le-feu.

M. Alatas : Eh bien, je ne sais pas exactement de quelle déclaration vous parlez, mais pour ce qui est de la présence des Nations Unies, je crois que nous sommes depuis longtemps d'accord, d'une manière générale, pour dire que dès que nous atteindrons le stade où l'accord, celui-ci ou un autre, pourrait être mis en application, il faudra évidemment une présence des Nations Unies dans le Timor oriental pour en assurer l'exécution. Je ne vois donc aucun problème à ce niveau. Ce n'est plus maintenant qu'une question de mise en oeuvre technique : Comment, quand et de quelle manière l'Organisation des Nations Unies sera-t-elle présente? Tel est exactement le sujet du document sur les modalités, l'un des documents dont nous avons parlé.

Quant à ce que vous avez dit de la déclaration australienne sur les forces de maintien de la paix, je souhaite préciser que jamais les forces de maintien de la paix des Nations Unies n'ont paru problématiques quand il en a été question au cours de nos entretiens. L'ONU sera sur place; elle assurera une présence appropriée et je pense suffisante, mais cette présence peut prendre de nombreuses formes. Mais l'idée de force de maintien de la paix des Nations Unies n'a jamais soulevé de problèmes lorsqu'elle a été débattue.

M. Gama : Tout ce que nous savons est qu'il y a une tendance à la stabilisation, au moins dans la capitale, Dili, et que la signature de l'accord exerce un effet positif en ce qu'elle calme la situation. Mais dans d'autres régions de l'intérieur, il y a des incidents nouveaux qui ne vont pas dans ce sens positif : il y a des cas d'intimidation et même certains [inaudible] meurtres. D'autre part, j'ai exprimé à mon collègue indonésien les profondes préoccupations que m'inspiraient ces incidents et j'ai insisté sur la nécessité d'instaurer la paix et la stabilité dans le pays, d'arrêter et de désarmer les milices et de ne les encourager en aucune manière, de façon que les accords de paix puissent être effectifs et ne pas rester une simple formalité symbolique.

Question : Ce désarmement dont vous venez de parler, doit-il être immédiat, doit-on y recourir immédiatement? Les deux parties sont-elles d'accord pour que ce désarmement et les conséquences qu'il entraîne se produisent tout de suite?

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M. Alatas : Eh bien, si vous lisez le texte de l'accord qui a été conclu le 21 avril entre toutes les parties concernées, vous constatez qu'elles se sont entendues sur la cessation des hostilités, des violences de toutes sortes, etc., des provocations mutuelles, etc.

Un autre aspect important est qu'elles ont consenti à instituer une commission de la paix et de la stabilité, composée de représentants de tous ceux qui ont participé à la conclusion de l'accord, et à ce que cette commission soit chargée de plusieurs fonctions, entre autres de désarmer tous les groupes de combattants, etc. Elle fera bien autre chose aussi et je pense qu'elle entrera bientôt en fonctions. Comme je l'ai dit, le plus important, le plus urgent, même si le désarmement est l'objectif qu'il faudra poursuivre ensuite, c'est qu'il y ait au moins, même en l'absence de désarmement et même à titre temporaire, une armistice, c'est-à-dire non pas que l'on rende les armes mais au moins qu'on les dépose, qu'il y ait une cessation des combats et des hostilités et que s'instaure au Timor oriental d'une situation qui permettra la mise en oeuvre du processus de consultation.

Question : Est-ce que la Commission est en train de se former?

M. Alatas : La Commission de la paix et de la stabilité est actuellement en voie de constitution. Elle est en cours de création.

Question : M. Alatas, vous parlez d'un processus de désarmement. Devons-nous comprendre que s'il n'y a pas de force de maintien de la paix et si la présence de l'ONU doit être d'ordre civil et essentiellement liée à la consultation, la seule institution qui sera chargée d'assurer un désarmement en bon ordre sera encore l'armée indonésienne, qui s'est attirée des critiques, cela va sans dire, dans la sphère internationale à cause des événements récents?

M. Alatas : L'armée et la police indonésiennes sont résolues à assumer la responsabilité qui est la leur de maintenir l'ordre public, la paix et la tranquillité dans le Timor oriental. Et lorsque les Nations Unies seront présentes dans le pays, toutes les parties se consulteront évidemment, etc., mais il n'y aura pas de forces étrangères de maintien de la paix, chose dont il n'a jamais été question. Ainsi, je pourrai répondre oui, la responsabilité essentielle sera assumée par l'Indonésie.

Question : Donc, selon vous, la tâche principale de l'ONU sera d'ordre politique — c'est-à-dire qu'elle préparera la consultation — et ne sera en aucune manière une fonction de sécurité.

M. Alatas : Eh bien, l'ONU contribuera à la sécurité. C'est pourquoi nous avons ce document sur les dispositions de sécurité. Mais cela ne prendra certainement pas la forme d'une force de maintien de la paix des Nations Unies.

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Question : J'ai une question à poser à Monsieur l'Ambassadeur Marker. Pourquoi les Nations Unies ne proposent-elles pas d'envoyer une force de maintien de la paix au Timor oriental? Elles considèrent que c'est inutile à ce stade?

M. Marker : Comme vous le savez, l'Organisation des Nations Unies a activement participé aux négociations pendant tout le processus. Et comme vous pouvez le constater actuellement, ce processus se poursuit. Nous nous en tenons à ce que nous a dit, à ce qu'a compris le Gouvernement indonésien, à savoir que la situation resterait paisible. L'Organisation des Nations Unies ne peut pas d'elle-même envoyer une force de maintien de la paix. Cela suppose tout un processus, y compris des négociations avec le Gouvernement indonésien lui-même. Dans les circonstances actuelles, il ne nous a pas semblé nécessaire d'envoyer une force de maintien de la paix, de parachuter une foule de Casques bleus là-bas. Nous ne pensons pas que la situation le justifie. Il nous semble qu'il est beaucoup plus important de donner sa chance à la diplomatie. Et je pense que les événements ont jusqu'à présent peu ou prou justifié notre raisonnement.

Question : M. Alatas, hier vous avez employé le terme de "référendum", ce qui nous a surpris.

M. Alatas : Dans quel contexte?

Question : En fin de journée, au moment où vous répondiez aux questions des journalistes. Vous nous avez surpris. Cela va-t-il vraiment se produire? Un référendum?

M. Alatas : Je ne me souviens pas d'avoir employé le terme de "référendum" et si je l'ai fait, je suppose que c'est dans les mêmes termes que d'habitude, à savoir que nous n'acceptons pas un référendum. Cela n'a pas changé. Notre position fondamentale est que nous n'acceptons pas de référendum.

Question : Monsieur le Premier Ministre, vous avez dit que la date de la consultation est également prévue dans l'accord provisoire. Pensez-vous que votre gouvernement, le Cabinet ou le Parlement, acceptera formellement cette date?

M. Alatas : Depuis le tout début des négociations nous avons proposé, nous avons conseillé, d'essayer de mettre en oeuvre le processus de consultation avant un certain jour du mois d'août. C'est nous qui voulons procéder aussi vite que possible, mais nous devons tenir compte des dispositions d'ordre logistique que l'ONU devra étudier puis mettre en oeuvre, etc.

Ainsi donc, ne pensez pas qu'il nous sera difficile de respecter une date aussi proche. C'est nous qui avons proposé [que cela se fasse le plus tôt possible], si possible en juillet. D'ailleurs, on négocie actuellement

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les points techniques : que peut-on faire avant l'expiration du délai pour lancer le processus, que faudra-t-il prévoir au niveau du personnel, et au niveau du matériel, etc. Nous sommes convenus d'une date, mais nous ne pouvons malheureusement pas la révéler encore. Je peux vous dire que c'est une date qui correspond tout à fait avec la position que nous soutenons depuis toujours, à savoir que la consultation doit avoir lieu le plus tôt possible, avant la fin du mois d'août.

Question : M. Alatas, pouvez-vous nous dire quel sort attend M. Gusmao?

M. Alatas : Quel sort? Eh bien, nous avons dit à plusieurs occasions que M. Gusmao sera libéré dans le cadre de la solution d'ensemble. Il ne peut donc pas être libéré à l'avance, comme beaucoup l'ont exigé, il le sera dans le cadre de la solution qui sera apportée. Nous devons donc en reparler et déterminer à quel moment de la mise en oeuvre de cette solution il pourra bénéficier d'une grâce spéciale.

Question : Est-ce que cela figure dans l'accord, par exemple qu'il doit être libéré le 5 mai, au moment de la signature?

M. Alatas : Non, pas encore, il n'y a pas d'accord encore. On n'en a pas non plus parlé.

Question : Je m'adresse à Monsieur l'Ambassadeur Marker. Je sais, Monsieur l'Ambassadeur, que vous ne pouvez pas nous expliquer la forme et la structure qu'affectera la présence de l'ONU, mais si nous supposons que la signature a lieu comme prévu le 5 mai, combien de temps après le personnel de l'ONU, personnel civil sans doute, arrivera-t-il effectivement dans le Timor oriental?

M. Marker : Nous sommes en train d'y travailler. Nous avons pris par avance tous les premiers arrangements. Il faut bien le faire. Après cela, c'est une simple question de logistique. Je ne peux pas vous en dire plus parce que nous sommes en train d'y travailler encore. J'espère être ici la semaine prochaine pour chercher avec mes collègues ce que nous pouvons faire. Mais il est sûr, à mon avis, que nous aurons le feu vert le 5 mai. Pour l'instant, le feu est au rouge et à l'orange.

Fin de la conférence de presse.

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