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FAO/3716

MISE EN GARDE DE LA FAO SUR LES CONSEQUENCES A LONG TERME DE LA CRISE DU KOSOVO SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS LA REGION

14 avril 1999


Communiqué de Presse
FAO/3716


MISE EN GARDE DE LA FAO SUR LES CONSEQUENCES A LONG TERME DE LA CRISE DU KOSOVO SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE DANS LA REGION

19990414 Rome, 14 avril 1999 - La crise du Kosovo, outre ses conséquences humaines dramatiques, a dévasté l'agriculture et le secteur agro-alimentaire provoquant une forte diminution de la production, des approvisionnements et des disponibilités alimentaires, met en garde l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Dans un rapport spécial diffusé aujourd'hui, la FAO indique que "des milliers d'exploitations agricoles ont été détruites, paralysées ou abandonnées alors que la circulation des produits alimentaires a été affectée par les difficultés de déplacement". Déjà, en temps normal, précise la FAO, le Kosovo était une région à déficit alimentaire où la production et la productivité agricoles régressaient depuis plusieurs années du fait à la fois des conflits armés régionaux, de la configuration du terrain, de l'appauvrissement des sols et de la pénurie d'intrants.

Début avril, suite à l'escalade de la crise au Kosovo, le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) et le Directeur général de la FAO ont conjointement approuvé une prolongation de l'opération d'urgence EMOP (Emergency Operation) visant à la mobilisation d'une aide supplémentaire pour les populations affectées. C'est grâce à cette opération que l'aide d'urgence a pu être fournie aux personnes déplacées et aux réfugiés depuis septembre 1998.

"Toutefois", souligne la FAO, "sans une nette amélioration de la situation sur le plan de la sécurité, les opérations d'urgence ne bénéficieront qu'aux réfugiés ayant déjà fui le Kosovo. Les approvisionnements alimentaires pour les personnes déplacées à l'intérieur du Kosovo et pour le restant de la population devraient se détériorer gravement, et il ne fait aucun doute que la crise aura de graves répercussions sur le plan alimentaire à long terme".

En cas d'amélioration de la sécurité et de retour des personnes déplacées, la FAO estime qu'une aide massive de la communauté internationale sera nécessaire pour couvrir les besoins alimentaires du Kosovo et ce, jusqu'à ce que la production agricole et les flux commerciaux locaux se normalisent.

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"Les dégâts aux exploitations agricoles et aux infrastructures sont très lourds et le redémarrage de la production agricole, du transport et des échanges commerciaux nécessitera une assistance internationale importante et prolongée", souligne la FAO qui préconise la mise au point de plans alternatifs pour parer à toute éventualité.

Selon le rapport, l'éruption de violence, début 1998, a torpillé les récoltes successives. "Plusieurs champs de blé n'ont pu être semés ou ont brûlé, alors qu'une bonne partie des récoltes déjà rentrées ont été détruites par les incendies criminels qui ont ravagé villages, granges et silos. Pour l'heure, il est pratiquement impossible d'évaluer avec précision ce qui a pu être sauvé des récoltes céréalières de 1998, mais il est fort probable qu'elles soient à leurs niveaux les plus bas."

Quant aux perspectives pour la récolte 1998/99, elles sont également maussades non seulement du fait de la situation sur le plan de la sécurité mais aussi de la pénurie d'intrants et d'outils agricoles, souligne la FAO.

Selon le rapport, en temps normal, durant les mois de mars et avril, quelque 100 000 hectares sont plantés de maïs (principalement utilisé comme fourrage), 10 000 hectares sont plantés de céréales secondaires, 25 000 hectares de légumes et 20 000 hectares de fourrage. Or, il est à craindre que les semis de printemps aient été compromis et, dans ce cas, les prochaines récoltes seraient fort médiocres.

Avant la crise, la production annuelle de blé était d'environ 300 000 tonnes. Le Kosovo importait 200 000 autres tonnes des régions voisines pour couvrir ses besoins alimentaires.

Le rapport spécial de la FAO fait également état de pertes importantes de bétail, qui aggravent la pénurie alimentaire, alors que le récent regain de violence paralyse les opérations humanitaires.

A signaler enfin qu'à la suite de l'afflux de réfugiés en Albanie et en Macédoine, la FAO a dépêché le 7 avril une mission d'évaluation pour déterminer les besoins et identifier l'assistance technique nécessaire à la réhabilitation du secteur agricole.

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