POP/709

LA REALISATION DES OBJECTIFS DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES EXIGE L'ADOPTION DE MESURES CONCRETES POUR RESOUDRE, ENTRE AUTRES, LE PROBLEME DE LA DETTE

26 mars 1999


Communiqué de Presse
POP/709


LA REALISATION DES OBJECTIFS DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES EXIGE L'ADOPTION DE MESURES CONCRETES POUR RESOUDRE, ENTRE AUTRES, LE PROBLEME DE LA DETTE

19990326 La Commission de la population, réunie en tant qu'organe préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994), a poursuivi ses travaux ce matin et a entendu les délégués qui ont notamment observé que de nombreux pays en développement éprouvent des difficultés à mettre en oeuvre les objectifs de la CIPD en raison de leurs faibles ressources. Ainsi, les représentants de la Jordanie, du Ghana, de la Tanzanie et de l'organisation non gouvernementale "Coalition des femmes pour la CIPD" ont demandé que la question de la dette soit sérieusement prise en considération dans les travaux de la Commission. Le service de la dette extérieure engloutit 40% des recettes budgétaires de l'Etat en Tanzanie et 25% en Jordanie, empêchant ces pays de consacrer leurs ressources déjà faibles à l'amélioration du bien-être de leur population, ont constaté les délégués. Sans une amélioration des règles du commerce extérieur et des conditions de la dette, les pays en développement ne pourront pas atteindre les objectifs du Programme d'action du Caire, a déclaré le représentant du Ghana. Abondant dans ce sens, la représentante de la Coalition des femmes pour la CIPD a plaidé en faveur de l'adoption de mesures concrètes pour annuler la dette, taxer les transactions financières mondiales et restructurer les institutions financières internationales qui, tout comme les donateurs internationaux et les gouvernements, doivent devenir plus transparentes et tenues responsables face aux populations concernées par les politiques qu'ils mettent en oeuvre.

La Commission a entendu outre le Ministre de la santé du Nigéria, les représentants des pays suivants : Sénégal, El Salvador, Fidji (au nom des Etats insulaires du Pacifique), Jamaïque, Ouganda, Ghana, Hongrie, Turquie, Népal, Jordanie, Bolivie, Tanzanie, et Belize.

(à suivre - 1a)

- 1a - POP/709 26 mars 1999

Le représentant du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), la Présidente du Comité spécial sur la population et le développement de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et les représentants des organisations non gouvernementales "Réseau de la santé des femmes d'Amérique latine et des Caraïbes" et "Coalition des femmes pour la CIPD", sont intervenus.

La Commission de la population se réunira cet après-midi à 15 heures pour adopter ses documents finaux. Elle poursuivra ses travaux en tant qu'organe préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale mercredi.

Préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale

Suite du débat

Mme PATRICIA FLOR, Présidente de la Commission de la condition de la femme, a déclaré que le Programme d'action de la Conférence du Caire contient des chapitres en matière de promotion de la santé féminine et se situe dans la foulée de la Conférence de Beijing sur la promotion des femmes. Aucune conférence internationale n'est isolée par rapport aux autres. Améliorer la condition de la femme est indispensable pour assurer à long terme le succès des programmes de population. Aussi bien le Caire que Beijing insistent sur la promotion des droits de la femme et il faudrait identifier les stratégies et initiatives devant aujourd'hui être mises en oeuvre en vue de faciliter et d'assurer la pleine application des recommandations des différents sommets. Concernant le travail de la Commission de la condition de la femme, bien que tout le monde accepte ses objectifs, il est trop tôt pour dire ce que sera son apport définitif lors de la session extraordinaire sur la mise en application du Plan d'action de Beijing, qui se tiendra en l'an 2000. Néanmoins la Commission de la condition de la femme a discuté il y a deux semaines, à New York, des questions les plus critiques concernant le domaine de la santé, et les conclusions auxquelles nous sommes parvenus seront adoptées le 1er avril, en réaffirmant la validité du chapitre C du Plan d'action de Beijing. La question du statut des femmes et des jeunes filles et leur capacité à prendre en charge leurs problèmes de santé reproductive a été au centre de nos débats. Nous avons jugé alarmant le fait que les petites filles soient plus facilement victimes d'infection par le VIH/sida en Afrique que les garçons. Ceci est dû à une raison simple : les filles sont victimes de violences sexuelles, et de ce fait, sont plus facilement infectées. De plus des croyances rétrogrades continuent d'exister quant aux bienfaits pour les hommes d'avoir des rapports sexuels avec une vierge, et les mutilations génitales sont encore, d'autre part, monnaie courante dans ces régions. Nous demandons que des actions vigoureuses soient lancées au niveau international pour mettre fin à ces comportements.

M. OMAR DEMBA BA (Sénégal) a expliqué que la stratégie du Gouvernement sénégalais est définie dans le IXème Plan d'orientation pour le développement économique et social 1996-2001 qui repose entre autres sur les principes du respect des droits fondamentaux; la responsabilisation des individus face à leur procréation et aux exigences du développement national; la préservation de la cellule familiale en tant qu'entité de base de la société; le droit des personnes à choisir la taille de leur famille, à accéder à l'éducation objective en matière de population ainsi qu'aux moyens de maîtriser leur fécondité; la reconnaissance d'une interdépendance étroite entre la variable démographique et les facteurs économiques et socioculturels, impliquant une approche intégrée du développement; et le droit des enfants à la survie, la santé, l'éducation et la formation. Au Sénégal, le chemin à parcourir reste encore long dans des domaines aussi vitaux que la lutte contre la maladie et la pauvreté, l'éducation pour tous, l'accès aux services sociaux de base, la réduction des taux de mortalité maternelle et infantile.

( suivre)

- 3 - POP/709 26 mars 1999

Le représentant a déclaré que le manque de progrès dans la mise en oeuvre des objectifs de la CIPD s'explique principalement par la faible mobilisation des ressources. Pour la grande majorité des pays en développement en effet, les meilleures intentions et les politiques les plus raffinées resteront sans lendemain à défaut d'un appui conséquent, a-t-il dit.

Le représentant a insisté sur les droits à la santé et à l'éducation en tant que facteurs clés dans l'amélioration de la qualité de la vie. Une autre priorité est la promotion de la condition féminine et la lutte contre toutes les formes de pratiques nuisibles à l'épanouissement de la femme. c'est dans cet esprit que la législation sénégalaise interdit désormais, sous peine de sanctions pénales, les mutilations génitales féminines, a-t-il dit. Soulignant la diversité des situations à travers les pays, le représentant a déclaré que si le vieillissement constitue un problème pour certains, pour d'autres au contraire, sans doute la grande majorité - le défi à relever est celui de l'allongement de l'espérance de vie. Le représentant a exprimé ses réserves sur le paragraphe 15 du rapport du Secrétaire général sur les principales mesures proposées pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/1999/PC/4). En matière de politique et programmes sur le vieillissement, le Sénégal considère que la notion même de "pays les plus avancés" est contestable et ce qui est considéré comme une "meilleure pratique" dans une société donnée peut ne pas l'être forcément dans une autre, a-t-il dit, soulignant sa difficulté à accepter la recommandation sous cette forme.

M. RAFAEL FLORES Y FLORES (Salvador) a déclaré que son pays réaffirme son attachement au Programme d'action du Caire. Nous voulons cependant soulever des questions sur les principes et recommandations de la CIPD dont les principes ne seront pas renégociés. Il faut reconnaître l'intégrité de la personne, et les soucis de justice et de valeur morale doivent être respectés dans l'élaboration de toute politique. Nous sommes pour des familles fortes respectant les personnes âgées, et nous militons pour des initiatives fortes en faveur de la santé des adolescents, tout en respectant les particularités culturelles de chaque région du monde. Nous continuons à lutter pour la mise en oeuvre de mesures visant l'égalité entre les sexes, et nous sommes pour une meilleure représentation des femmes dans la vie sociale. De même, nous sommes sensibles aux demandes des jeunes, qui veulent être plus intégrés dans la vie des nations. Concernant les migrations, nous pensons qu'il faut réfléchir à leurs causes, notamment les catastrophes naturelles qui touchent notre partie du monde. Les pays d'accueil de migrants devraient, pensons nous, beaucoup plus respecter les droits des populations migrantes, et nous pensons que s'il y avait plus de justice économique sur le plan international, nos populations n'auraient pas besoin de quitter nos pays pour aller chercher leur survie ailleurs.

( suivre)

- 4 - POP/709 26 mars 1999

M. SADIG RASHEED, Directeur des programmes du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a indiqué que dans le cadre du suivi de la CIPD, l'UNICEF concentre ses activités sur l'éducation des fillettes, l'égalité entre les sexes, les soins de santé primaire et la survie des enfants, la prévention et le contrôle du VIH/sida, et la réduction de la mortalité infantile. Les programmes du Fonds dans ces domaines reposent sur approche fondée sur les droits. Cette approche permet d'attirer l'attention sur des questions plus larges liées aux changements sociaux, aux politiques de développement, et à la législation. Dans ce processus, les enfants et les adolescents, dans la mesure de leurs capacités, et les femmes, doivent participer aux processus et décisions qui les concernent et affectent leur vie. Cela permettra, de l'avis de l'UNICEF, d'amener des changements réels et durables. Pour l'UNICEF, l'éducation des fillettes est un facteur clé de la réalisation des droits de la femme et de la fillette, car elle fournit à celles-ci davantage d'opportunités de faire des choix de vie indépendants. Aujourd'hui, le droit à l'éducation est nié à 130 millions d'enfants, dont deux tiers sont des fillettes. Près d'un milliard de la population mondiale, dont la majorité de femmes, est analphabète, a souligné M. Rasheed, en plaidant en faveur de la création d'un environnement favorable à la promotion de l'éducation des fillettes.

Pour réduire la mortalité maternelle et améliorer la santé de reproduction des femmes, il faudra adopter des approches plus larges. Des services de santé plus accessibles aux femmes doivent être mis en place, parallèlement à des actions visant à traiter les causes sociales et les facteurs, tels les coutumes et les pratiques, qui défavorisent les femmes et qui les discriminent. La pandémie du VIH/sida constitue un défi majeur qui menace les réalisations de la CIPD et aura un impact catastrophique sur les progrès en matière de santé des femmes et de développement, si des mesures ne sont pas prises. On estime que la moitié des nouvelles infections frappent les jeunes gens entre 15 et 24 ans. Le nombre d'orphelins du sida est actuellement de 8 millions et passera à 40 millions d'ici à 2010. Dans le Sud et l'Est de l'Afrique, les femmes portent de manière disproportionnée le fardeau de l'infection par le sida. Face à cette situation, il faudrait revoir les objectifs et les actions décidées au Caire, et de formuler des objectifs quantifiables et des jalons dans le temps pour arrêter la propagation de cette maladie. L'une des priorité de l'UNICEF est de réduire la transmission du sida de la mère à l'enfant. A cette fin, l'UNICEF, en collaboration avec l'ONUSIDA, soutient des campagnes d'information parmi les jeunes. Les investissement dans les services sociaux et l'habilitation des femmes sont les exigences centrales de la réduction de la pauvreté et d'un développement à visage humain; ils sont aussi les instruments qui permettront de faire tomber les barrières et de surmonter la résistance en ce qui concerne les questions d'égalité et de parité entre les sexes. Le représentant a souligné la nécessité de fournir davantage de ressources et de construire de nouveaux partenariats pour relever les défis de l'avenir.

( suivre)

- 5 - POP/709 26 mars 1999

M. LEPANI WAQATAKIREWA (Fidji), au nom des Etats insulaires du Pacifique, a fait part des conclusions de la réunion des Ministres de la santé des Etats insulaires du Pacifique en ce qui concerne le Programme d'action du Caire. Tout en appuyant les recommandations de la CIPD et du Programme d'action, les Ministres ont mis l'accent sur les caractéristiques uniques des pays de la région qui se reflètent dans le rôle central de la famille, l'importance des coutumes, des traditions, de la culture et de la religion, le lien important avec la terre et la mer, les défis liés à la vulnérabilité aux catastrophes naturelles, à la distance entre les diverses îles, à la diversité des ressources de base, des populations et des superficies terrestres, à l'héritage et aux systèmes de valeurs communs, et enfin à l'engagement envers le concept d'"îles saines". Parmi les domaines clés où davantage de progrès sont nécessaires, les Ministres ont identifié la nécessité d'intégrer les questions liées à la taille, la structure et la répartition de la population dans les processus de planification et les politiques de développement. Toutefois de nombreux pays souffrent d'un manque de personnel qualifié et de l'équipement approprié, ainsi que de l'absence de données qui permettraient de faciliter une planification plus adéquate. Depuis la CIPD, de nombreux progrès ont été réalisés en matière de santé génésique et de planification familiale dans les pays de la région. Parmi les défis que doivent encore relever ces pays, le représentant a cité la prévalence élevée d'infections et de complications, en particulier l'infécondité, et les taux importants d'anémie chronique.

Selon le représentant, il y a encore des controverses en ce qui concerne la prestation de services de santé génésique et de planification familiale aux adolescents. On reconnaît toutefois de plus en plus les risques en termes de pertes humaines liés à la morbidité et la mort prématurée des générations futures, et donc la nécessité urgente de traiter de ces questions. L'un des obstacles les plus importants, à cet égard, est le manque de recherches dans le domaine socioculturel et en ce qui concerne les comportements sexuels des adolescents. Le représentant a fait part des progrès réalisés et des obstacles rencontrés en ce qui concerne la promotion des femmes et l'égalité entre les sexes, la promotion des informations relatives à la santé sexuelle et génésique et la planification familiale. S'agissant de la mobilisation des ressources, les Ministres ont noté que les budgets des Etats insulaires du Pacifique étaient sous pression en raison de la récession économique dans la région et une diminution de l'aide internationale. Face à cette situation, les gouvernements ont été invités à augmenter la mobilisation des ressources nationales et à améliorer leur utilisation.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a dit que l'examen de l'évaluation de la mise en application du Plan d'action de la CIPD permet aujourd'hui de faire le point sur les succès ou les échecs des différents pays en ce domaine. Nous estimons que les rapports présentés par le Secrétariat sont une bonne base de travail. Notre souci est la promotion de services de santé destinés à la santé reproductive et génésique et à la lutte contre la pandémie du sida.

( suivre)

- 6 - POP/709 26 mars 1999

Des stratégies destinées à la lutte contre la pauvreté et la crise économique doivent aussi être mises en place : la sous-région des Caraïbes peut poursuivre ses efforts de mise en application du programme si elle en a les ressources. Nous sommes fortement handicapés par la mauvaise situation actuelle de nos économies, dont les conséquences portent un coup aux avancées que nous avions faites dans les décennies écoulées en matière de prestations sociales. La Jamaïque a mis en place un plan général d'action dans le domaine social, destiné à assurer l'égalité entre les sexes, à intégrer les personnes âgées dans la société et à réduire les taux de mortalité infantile et maternelle. Mais il est inquiétant pour la communauté internationale, que l'objectif de 17 milliards de dollars de ressources à réunir en vue de la pleine application des mesures essentielles du Programme du Caire, soit loin d'être atteint. Des mesures concrètes doivent être prises en vue de trouver une réponse à cette question.

Mme MARKELA CASTRO (Panama), Présidente du Comité spécial de la population et du développement de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, a présenté le rapport de la CEPALC sur la CIPD. Elle a souligné les limites dans la mise en oeuvre des engagements du Caire dans la région en raison de l'inégale répartition des revenus, de la pauvreté, de l'absence d'équité sociale et d'égalité entre les sexes, et des limites à l'exercice plein des droits des personnes. Des lacunes importantes ont été identifiées, notamment en ce qui concerne la santé génésique et la planification familiale. De l'avis de la CEPALC, la réalisation des objectifs du Programme d'action exige de recourir à des mécanismes intersectoriels et de viser les groupes sociaux les plus vulnérables. En ce qui concerne l'égalité entre les sexes et la promotion de la femme, il faudrait faire davantage d'efforts dans ce domaine en ayant pour objectif le changement des mentalités. A cette fin, il faudrait appuyer les organisations féminines. Des efforts sont également indispensables pour mettre fin à la violence contre les femmes. Les personnes et les couples doivent pouvoir exercer leurs droits à la reproduction et à la santé sexuelle sans limitation. Pour cela, l'information et l'éducation doivent être renforcées.

Il faudrait en outre améliorer les institutions qui doivent être conçues dans une optique participative. Cela contribuerait à augmenter l'efficacité des réformes des secteurs de la santé dans la région. Notant que la mortalité maternelle touche particulièrement les groupes les plus pauvres, la représentante a souligné que les indicateurs de mortalité infantile reflètent les inégalités sociales. Une meilleure offre de services de santé de la reproduction et de santé sexuelle contribuerait à la promotion de l'équité sociale et de l'égalité entre les sexes. Déplorant la baisse des flux financiers mondiaux dans la région, la représentante a estimé qu'il fallait prendre des mesures permettant de bénéficier d'une mobilisation de ressources extérieures plus généreuses. Des mécanismes de coordination aux niveaux national et régional doivent être mis en oeuvre pour mesurer les progrès accomplis, a-t-elle dit.

( suivre)

- 7 - POP/709 26 mars 1999

M. MATIA SEMAKULA KIWANKA (Ouganda) a déclaré que l'Ouganda a participé activement à la Conférence du Caire et a noté que la Conférence a promis d'inclure les jeunes et les femmes dans toutes les initiatives qu'elle prendrait en matière de population. Notre Gouvernement pense également que la mise en place d'un environnement social adéquat sera favorable à l'expression des capacités de tous les hommes et femmes de notre pays, a-t-il dit. Nous avons intensifié la lutte contre le VIH/sida au cours des dernières années, notre Président lui-même étant au centre des initiatives que prend notre pays en la matière. Si le sida existe toujours chez nous, les multiples efforts que nous avons déployés, aidés par nos amis, ont permis cependant de faire baisser le taux d'infection. Concernant les adolescents, sur ce problème, les mesures de prévention et d'éducation que nous avons élaborées ont porté leurs fruits. Concernant la promotion des femmes, il faut savoir que notre Gouvernement a pris des mesures énergiques en leur faveur. Notre Vice- Président est une femme, et des règlements existent pour qu'au niveau de toutes les représentations et administrations nationales et régionales, les femmes soient présentes à tous les niveaux de gestion. Nous sommes aussi pour la promotion des filles, notamment dans les domaines de l'éducation et de la santé. Sur un autre plan, la prévalence des contraceptifs est passée de 5% à 15% en moins de cinq ans. Mais malgré les efforts que nous déployons en matière de santé génésique et reproductive, nous avons besoin du soutien constant de nos amis.

M. GEORGE BENNEH, Président du Conseil nationale de la population du Ghana, a indiqué que dans le cadre de sa politique en matière de population, le Ghana traite notamment de la question de la croissance urbaine et des problèmes qui y sont associés. Parallèlement, des Comités régionaux de conseil de population ont été établis dans dix régions afin de servir de points de liaison pour la planification, la coordination, le contrôle et l'évaluation efficaces des programmes de population. Il est prévu que ces Comités prennent entièrement en main les programmes régionaux et se sentent suffisamment motivés pour trouver eux-mêmes les ressources nécessaires à leur mise en oeuvre. Des mesures ont, en outre, été prises en vue de promouvoir l'égalité entre les sexes, l'équité et la promotion des femmes. Les mutilations génitales féminines ont été interdites et la pratique de confiner les fillettes comme punition pour des "crimes" commis par des membres de leur famille a été criminalisée. Le Ghana est convaincu que l'accès universel à l'éducation de base demeure une condition fondamentale pour réaliser de vrais progrès sur la voie d'un développement humain durable.

Depuis 1994, des lignes directrices visant à guider la mise en oeuvre des programmes dans les domaines de la santé reproductive et de la santé sexuelle ont été mises en place. La santé de la reproduction a été introduite dans les soins de santé primaires et tout un éventail de services est désormais disponible. Le Ghana reconnaît le droit des individus et des couples à planifier leur famille. C'est pourquoi des stratégies, comprenant l'information et l'éducation, ont été élaborées en vue de générer une demande de méthodes de planification familiale. La plupart des personnes infectées par le virus du sida appartiennent au groupe d'âge des 20-35 ans.

( suivre)

- 8 - POP/709 26 mars 1999

Ce groupe reçoit donc une attention particulière et la stratégie nationale de lutte contre le sida est en cours de révision. Comme la plupart des pays en développement, le Ghana fait face à un manque important de ressources, en raison notamment de politiques visant la stabilité macroéconomique conçues dans l'espoir de contenir les effets du fardeau de la dette et des difficultés d'accès aux marchés extérieurs. Les obstacles auxquels les pays en développement doivent faire face sont le manque de ressources humaines qualifiées, le manque de données démographiques pour la planification, la distribution inéquitable du personnel des services de santé, l'accès inégal aux services cliniques, en particulier dans les zones rurales, et les ressources limitées. Sans une amélioration fondamentale de l'environnement extérieur en matière de commerce et d'allégement de la dette, les efforts des pays comme le Ghana ne permettront pas de réaliser les objectifs du Programme d'action, même si nos partenaires font davantage pour tenir leurs engagements en ce qui concerne l'aide publique au développement et le Programme d'action, a-t-il dit.

Mme GABRIELA VUKOVICH (Hongrie) a dit que le rapport présenté par le Secrétaire général est une représentation équitable des conclusions du Caire. Nous sommes préoccupés par la mortalité infantile et le vieillissement qui ont des proportions inquiétantes. La Hongrie pense que la famille devrait être mise au centre des actions destinées à appliquer les recommandations de la CIPD. Il importe de promouvoir la solidarité entre les générations au sein de la société et au sein de la famille. Le défi du vieillissement doit être relevé en tenant compte des droits des membres de la société à tous âges, tout en respectant la dignité des personnes âgées. Ceci doit se traduire par l'élaboration et la mise en oeuvre de plans destinés aux soins des personnes du troisième âge ainsi qu'à leur bien-être économique.

M. FEZA OZTURK (Turquie) a déclaré que la structure de population de la Turquie avait connu de profonds changements au courant de ce siècle. Dès le début de la mise en place de programmes de planification familiale dans le pays, un consensus s'est fait sur l'impact de la population sur le développement économique et social. Nos gouvernements ont pris conscience de l'impact des problèmes de population sur l'économie et se sont rendus compte qu'une approche unique dans ce domaine n'était pas la plus indiquée. La Turquie a renforcé les directives du Plan d'action du Caire en mettant en place des mesures spéciales au plan national. Celles ci sont : le Plan national en faveur de la préservation de l'environnement, les Plans en faveur de la promotion de la femme et de la protection de l'enfant, et celui en faveur de la santé féminine et de la lutte contre le VIH/sida. Ces différentes initiatives ont été conçues en faisant largement appel à la participation de la société civile et à celle des autres acteurs de la vie nationale. Nous pensons qu'aucune politique de population ne peut réussir si elle n'est pas prise en charge par les populations elles-mêmes, et par le secteur privé et les ONG. Ceci doit se refléter à la fois dans les processus de prises de décisions et de mise en exécution des mesures adoptées.

( suivre)

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M. ANANTA RAJ PANDEY (Népal) a souligné les liens entre la croissance de la population, la pauvreté, la détérioration de l'environnement, la violence sociale et l'instabilité politique et socioéconomique. Il a plaidé pour que la plus haute attention soit accordée à cette situation. Il a souligné la nécessité d'un engagement politique renouvelé dans les objectifs convenus au Caire. Au Népal, la population a plus que doublé depuis 1961, ce qui a créé de grandes difficultés du point de vue de la disponibilité des ressources tant naturelles qu'humaines, ainsi qu'en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté. Le taux de fécondité est à la baisse et les besoins en matière de contraception sont loin d'être satisfaits. La répartition inégale de la population en raison de la topographie, rend difficile la couverture de tout le pays en ce qui concerne la prestation de services sociaux. Le Népal a fait des progrès pour réduire la mortalité infantile et maternelle et renforcer l'accès à l'éducation. Toutefois, il est encore loin d'avoir réalisé des progrès similaires à d'autres pays d'Asie. En outre, le Népal doit oeuvrer à l'accélération du développement avec une base de ressources limitées.

Mme EMILY NAFFA (Jordanie) a dit que concernant la promotion de la femme, malgré l'acceptation par de nombreux gouvernements du Programme du Caire et malgré les mesures prises par certains gouvernements en vue d'assurer une représentation des femmes au niveau de leurs organes nationaux, celles-ci restent sous-représentées au niveau de prise de décisions de la plupart des nations. Nous demandons donc que tous les pays respectent les recommandations du Caire et de Beijing en matière de droits de la femme. 60% à 70% des pauvres de la planète continuent d'être sont des femmes, ce qui est totalement inacceptable. Le problème de la dette devrait être sérieusement discuté, car comment voulez-vous qu'un pays comme le notre consacre 25% de ses ressources budgétaires au service de la dette extérieure et puisse sérieusement s'occuper de son bien-être social? Dans un univers économique plus juste, des emplois devraient être promus en faveur des classes les plus défavorisées, et notamment en faveur des femmes, et ces emplois ne devraient pas être des occupations provisoires, mais durables et qui permettraient de stabiliser davantage les sociétés.

Mme CARMEN BASSAURE (Bolivie) a déclaré que des progrès sensibles ont été réalisés dans le pays dans le cadre de la mise en oeuvre des objectifs de la CIPD, en particulier en ce qui concerne la réduction de la pauvreté. La Bolivie a adopté un Plan de développement économique et social qui intègre la variable démographique et prévoit notamment la protection des minorités, la participation de la société civile, la promotion de l'égalité entre les sexes, et l'amélioration de la condition des femmes. Des services nouveaux, comme la planification familiale, ont été créés. On a mis en place des services juridiques intégrés qui s'occupent des cas de violence familiale. A la fin de cette année, un plan sera mis en oeuvre avec l'Institut de la statistique afin de collecter des données ventilées par sexe.

( suivre)

- 10 - POP/709 26 mars 1999

Les conclusions du Forum international de La Haye ont été largement diffusées en Bolivie et des mesures ont été prises pour assurer le suivi du Programme du Caire. Malgré quelques réalisations grâce aux ressources nationales, il est indispensable que la communauté internationale réponde aux demandes d'urgence des pays en développement, à savoir davantage d'appui à la mise en place des politiques visant à développer pleinement le potentiel de ces pays.

M. DEBO ADEYEMI, Ministre de la santé du Nigéria, a déclaré que le Nigéria avait particulièrement à coeur la réalisation des objectifs du Plan d'action de la CIPD. Les organisateurs de cette session méritent nos félicitions pour les voies qu'ils ont ouvertes à la collaboration et au dialogue entre les ONG et les gouvernements. Nous étions à la Conférence du Caire et au Forum de La Haye, mais comme vous le savez, la crise politique que vivait notre pays ne nous a pas permis de mettre en place les recommandations de ces sommets. Notre pays a connu des mesures d'embargo, qui heureusement, prennent fin grâce aux derniers changements politiques survenus ces derniers temps. Nous remercions le FNUAP pour l'aide qu'il n'a cessé de nous dispenser, et nous sommes conscients de l'acuité de certains problèmes, comme ceux touchant à la migration des populations, à la santé de la reproduction et aux problèmes que rencontrent les jeunes. En tant que pays pacifique et qui accueille des réfugiés de sa sous-région, nous aimerions que la question des réfugiés soit mieux traitée par la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la population. De même, en tant que pays africain conscient de sa spécificité culturelle et de celle de son continent, le Nigéria demande que la question du vieillissement de la population soit abordée en faisant attention aux différentes sensibilités et valeurs des différents peuples de la planète.

Mme MABEL BIANCO, représentante du Réseau de la santé des femmes d'Amérique latine et des Caraïbes, a souligné la nécessité de veiller à fournir des soins de santé spécifiques aux femmes tout au long de leur vie. Elle a appelé l'attention sur le fait qu'au cours des 5 derniers jours, des milliers de femmes sont mortes faute d'accès à des soins obstétriques, d'avortements dans de mauvaises conditions, et de l'infection par le virus du sida. En outre, des milliers d'enfants sont morts au cours des derniers jours à la suite de complications lors de l'accouchement, de maladies transmises par leur mère, de manque de soins. Le Programme d'action doit continuer de s'élargir grâce à des mesures concrètes. Les pays qui ont des réserves sur certains points ne peuvent empêcher les progrès, eu égard à ce que cela représente pour la vie des femmes, des enfants et des fillettes, a-t-elle insisté.

( suivre)

- 11 - POP/709 26 mars 1999

M. DAUDI N. MKAKAWAGO (Tanzanie) a dit que son pays s'associe à la déclaration faite par le Guyana au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Les discussions actuelles permettront de faire le point et d'améliorer les stratégies de mises en place du Plan d'action de la CIPD. La Tanzanie, en ce qui la concerne, a formulé une politique de la population en 1995 et une série de législations en la matière. Une telle politique avait auparavant été discutée avec les ONG et la société civile et qui a été adoptée et mise en place au niveau national. Sur le plan de l'éducation populaire, et de l'information en faveur de la prévention, nous avons aidé les médias de notre pays à créer une association de journalistes spécialisés dans le traitement des questions touchant à la santé reproductive et au VIH/sida.

La population de notre pays est jeune, les moins de 20 ans représentant 60% de sa population. Nous axons nos efforts sur des actions spéciales touchant les secteurs de l'éducation et de l'égalité entre les sexes, et nous renforçons la place des femmes dans le monde économique, les filles recevant désormais des programmes de formation destinés à mieux les préparer à la vie active. Notre Gouvernement est soucieux d'impliquer la société civile et les ONG dans toutes nos actions de développement, et nous nous efforçons de faire appel à des ressources extérieures pour compléter nos propres moyens. Mais 40% des ressources budgétaires de notre pays sont chaque année engloutis par le service de la dette extérieure. Nous demandons que cette question soit discutée par cette session, car ses effets touchent négativement toutes les perspectives de mise en oeuvre du Programme du Caire. Nous aimerions que les documents de conclusion de nos travaux reflètent clairement les problèmes que crée la dette. Concernant la question des migrations, notre pays est assailli par le flot de réfugiés en provenance des pays voisins, et nous demandons que la communauté internationale nous apporte l'aide dont nous avons besoin pour faire face à leurs besoins.

Mme VANITA NAYAK MUKHERJEE, représentante de la coalition des femmes pour la CIPD, a expliqué qu'il s'agit d'une coalition de 68 ONG représentant toutes les régions du monde. La coalition des femmes a proposé des amendements au projet de conclusion et espère qu'il en sera tenu compte. La représentante a souligné l'importance du respect des droits de l'homme, de la santé génésique et des droits de reproduction ainsi que les liens entre la santé, le développement et les droits. Le droit à la santé sexuelle et de reproduction doit être respecté pour tous les groupes sans aucune discrimination. 600 000 femmes meurent chaque année en raison de complications liées à une grossesse et 330 millions de personnes sont infectées chaque année par les maladies sexuellement transmissibles. La coalition des femmes demande à tous les gouvernements d'agir pour mettre un terme à la morbidité et à la mortalité maternelle. La volonté politique doit être présente car cela ne coûte pas cher, a souligné la représentante. Les maladies sexuellement transmissibles et le sida se multiplient rapidement parmi les adolescents. Pour faire face à cette situation, il faudra écouter les représentants des jeunes et allouer les ressources nécessaires pour tenir compte de leurs besoins.

( suivre)

- 12 - POP/709 26 mars 1999

Il faut, en outre, garantir aux femmes le droit de choisir entre différents contraceptifs. Une autre priorité est le lien entre la santé, le développement et les droits. Les droits de la femmes ne peuvent être dissociés de ses besoins. Les droits humains de la femme, y compris la liberté, la sécurité et le développement, ne peuvent être réalisés que si le droit de décider de la fécondité et de la sexualité sont respectés. La coalition des femmes demandent aux pays de tenir leurs promesses faites au Caire et de mobiliser des ressources pour mettre en oeuvre les objectifs du Programme d'action. Elle leur demande de prendre des mesures concrètes pour annuler la dette, taxer les transactions financières mondiales, et restructurer les institutions financières internationales pour les rendre davantage responsables face aux besoins humains. Les donateurs internationaux et le secteur privé, de même que les gouvernements, doivent être transparents et tenus responsables envers les populations concernées par les politiques qu'ils mettent en place, a-t-elle dit.

Mme MLYRTLE PALACIO (Belize) a dit que son pays aimerait que la question des migrations internationales soit traitée sur de meilleures bases de connaissance, étant donné que cette question se pose autrement d'un pays à l'autre. Belize connaît de forts flux de migrations constitués surtout d'hommes sans éducation supérieure ou qualifiée, dont beaucoup viennent de pays développés. Dans le même temps notre propre population émigre vers les pays de notre hémisphère et notamment vers les Etats-Unis, sans que cela ait une influence financière quelconque sur les ressources financières de notre pays. Sur le plan social, l'analphabétisme est en hausse et l'exode rural s'accentue, en même temps que la base ethnique de notre société change, la majorité de la population, autrefois noire, devenant aujourd'hui métisse. Les populations autochtones de Belize sont, quant à elles, aujourd'hui victimes de violences contre leur culture et leurs droits fonciers, les terres étant de plus en plus spoliées par des migrants étrangers. Nous aimerions que les droits des peuples autochtones soient pris en considération dans l'examen de la question des phénomènes migratoires.

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