POP/707

DES DELEGATIONS PLAIDENT POUR QUE LES TRAITEMENTS CONTRE LE SIDA SOIENT ACCESSIBLES A TOUS LES MALADES, Y COMPRIS DANS LES PAYS A RESSOURCES LIMITEES

25 mars 1999


Communiqué de Presse
POP/707


DES DELEGATIONS PLAIDENT POUR QUE LES TRAITEMENTS CONTRE LE SIDA SOIENT ACCESSIBLES A TOUS LES MALADES, Y COMPRIS DANS LES PAYS A RESSOURCES LIMITEES

19990325 La pandémie du VIH/sida et ses effets à long terme sur le développement et l'équilibre social des pays exigent des mesures rigoureuses et une assistance financière internationale aux pays les plus affectés pour lutter contre cette maladie, ont estimé plusieurs délégations au cours du débat, ce matin, de la Commission de la population et du développement. La Commission qui se réunit en tant que Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994), met en ce moment la dernière main aux préparatifs de cette session qui aura lieu du 30 juin au 2 juillet 1999. La représentante de la Fédération de Russie s'est plaint des coûts trop élevés des traitements contre le VIH/sida, qui sont inaccessibles aux malades des pays en transition ou en développement. Elle a lancé un appel à la communauté internationale pour que ces soins soient accessibles à ceux qui en ont besoin, sans que des considérations politiques Nord-Sud ou Est-Ouest entrent en jeu. Le représentant de la Thaïlande a renforcé cet appel, en demandant une aide pour que son pays qui est le plus affecté par la maladie en Asie et qui comptera un million de personnes atteintes en l'an 2000, puisse y faire face, la crise financière qu'il traverse ayant réduit ses ressources.

Evoquant les progrès réalisés et les obstacles rencontrés dans l'application du Programme d'action, le représentant de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a plaidé en faveur d'une approche multisectorielle et plus intégrée des questions de population. Tout en reconnaissant les avancées qui ont pu être faites, grâce à l'accent mis sur la santé génésique lors de la Conférence du Caire, il a jugé important de se pencher sur un autre aspect du Programme d'action qui est la relation entre la population et le développement durable. Cela exige l'adoption de politiques socioéconomiques et de développement durables et une attention accrue aux questions liées à la répartition des populations entre les villes et les campagnes, aux mouvements migratoires et au vieillissement de la population, a-t-il dit, en préconisant l'élaboration de politiques englobant tous ces domaines.

(à suivre - 1a)

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Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Norvège, Mexique, Venezuela, Cuba, Philippines, Fédération de Russie, Malaisie, Madagascar, France, Azerbaïdjan, Côte d'Ivoire, et Thaïlande. Le représentant de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) est intervenu.

Le Président du Comité préparatoire avait auparavant rectifié une erreur de nom en ce qui concerne l'un des Vice-Présidents de la Commission. Il s'agit de M. Matia Mulumba Semakula Kiwanuka (Ouganda) et non de M. Jotham Musinguzi (également de l'Ouganda), comme annoncé hier matin.

La Commission poursuivra ses travaux vendredi à 10 heures.

Préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale

Suite du débat général

M. INGE NORDANG (Norvège) a observé que l'amélioration des prestations sociales en Norvège a été favorisée par les bonnes conditions économiques que le pays a connues. Mais dans la plupart des pays du monde,il reste beaucoup à faire pour promouvoir les conditions qui sont offertes aux femmes et aux adolescentes en matières d'interruption volontaire de grossesse et de santé génésique. D'importants travaux de base ont été faits dans ce secteur grâce à la participation de la société civile. Concernant la mise en application du Programme d'action du Caire, les pays développés et les pays en développement devraient trouver des solutions durables en ce qui concerne le financement nécessaire. La pandémie du sida a atteint des proportions alarmantes dans certaines régions du monde, et elle menace de changer les taux de mortalité. Ceci aura des conséquences profondes dans le domaine socioéconomique en particulier en ce qui concerne les femmes et les jeunes filles qui sont les groupes les plus vulnérables. Le secteur de la prévention et de l'éducation en la matière devrait recevoir une attention particulière. Les femmes réfugiées sont dans des situations particulièrement vulnérables en ce qui concerne la santé de reproduction, en particulier dans le domaine des abus et les mauvais traitements sexuels dont elles sont couramment victimes. Les questions relatives aux situations sanitaires dans les zones en conflit sont encore malheureusement trop largement ignorées.

M. RODOLFO TUIRAN, Secrétaire général du Conseil national de la population du Mexique, a appuyé les objectifs et les mesures inscrites au Programme d'action de la CIPD. Cet appui se traduit par les efforts du Gouvernement mexicain visant à intégrer le Programme d'action dans les programmes nationaux. Ainsi, un programme de lutte contre la violence à l'égard des femmes a été mis en place. Le consensus du Caire a permis d'enrichir la politique nationale en matière de population. Cette politique a toujours été considérée comme allant de pair avec le développement du pays. Les politiques de population et de santé accordent une attention particulière aux soins en matière de santé génésique. Dans ce domaine, le Mexique s'efforce de garantir un accès universel à des soins toujours plus larges et de qualité. Cette façon de concevoir les politiques en matière de population a également permis de réaliser des progrès profonds dans les secteurs légal et juridique. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire et il importe de faire preuve davantage de vigueur. A cette fin, le Gouvernement promeut des réformes institutionnelles pour que les différentes options en matière de santé génésique figurent dans les services mis à la disposition de la population.

( suivre)

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Le Mexique estime que l'un des domaines prioritaires nécessitant des efforts renouvelés est la satisfaction des besoins des garçons et des filles en matière de santé génésique, y compris la diffusion d'informations et la prestation de services correspondant à leurs besoins. Il est indispensable de faire participer les adolescents, leurs professeurs, leurs parents et toutes les institutions pertinentes à une véritable croisade de l'information pour que les jeunes disposent des moyens de protéger leur santé, a dit le représentant. Pour le Mexique, il est tout autant indispensable de redoubler d'efforts pour répondre à la demande insatisfaite concernant les moyens contraceptifs, y compris les contraceptifs d'urgence, afin d'éviter les grossesses non désirées et la mortalité qui en découle. La seule garantie pour réaliser les objectifs des programmes sociaux et de population est que le Gouvernement joigne ses efforts à ceux de la société civile de manière constructive, a poursuivi M. Tuiran. Les partenariats en ce sens ont engendrés des progrès importants au Mexique au cours des dernières années. Toutefois, pour renforcer les espaces de dialogue et de partenariat, il faut promouvoir une culture de la tolérance et du respect de l'autre. Au cours des 25 dernières années, le Mexique a réussi à institutionnaliser ses activités en matière de population et à assurer quasiment seul leur financement. Ces ressources n'en restent pas moins limitées. Partant, le représentant a appelé les pays de la communauté internationale à renouveler leur engagement à fournir les fonds promis lors de la Conférence du Caire afin de réaliser les buts et objectifs de la CIPD.

M. JACQUES DU GUERNY, Chef du service du programme de la population de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a estimé que le Programme d'action de la CIPD est révolutionnaire en matière de santé de la reproduction, en ce sens que c'est la première fois qu'un document d'action se base sur le concept large de santé reproductive et identifie la sexualité comme un aspect fondamental de l'existence humaine, tout en promouvant un engagement en faveur du renforcement du rôle social de la femme. Bien que le document du Caire mette l'accent sur la santé reproductive, il faudrait également noter l'importance qu'il accorde à la relation qui existe la population et le développement. A cet égard, il recommande de mettre en oeuvre des politiques socioéconomiques durables et à long terme, de stimuler la croissance économique en vue de réduire les situations de pauvreté que l'on observe de plus en plus dans le monde. Il est réaffirmé en outre dans le document que le droit au développement fait partie des droits intrinsèques de la personne humaine. Cinq ans après la Conférence du Caire, le réexamen du Programme d'action de la CIPD a surtout mis l'accent sur la santé génésique. Ce qui n'est pas mauvais en soi, mais toutefois cette attention accordée à la santé génésique a diverti les efforts qu'il fallait faire dans les autres domaines, conformément aux recommandations du Caire. Ainsi, les questions relatives au développement durable et à la population, notamment la croissance démographique incontrôlée des mégapoles n'ont pas reçu toute l'attention qu'elles méritent. Les questions des mouvements migratoires et du vieillissement n'ont pas reçu l'attention qu'elles méritent.

( suivre)

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L'expérience de la FAO en matière de population indique que la communauté internationale doit se pencher sur ces questions et que les pays doivent mieux comprendre leur situation individuelle en la matière. Nous pensons que les objectifs ambitieux du Caire seraient mieux servis si des approches par secteur dans les stratégies de développement étaient remplacées par des actions plus intégrées et multisectorielles.

Mme ANNA ELIZA OSORIO (Venezuela) a appuyé les mesures proposées par le Secrétaire général visant à accélérer la mise en oeuvre du Programme d'action de la CIPD. Depuis la Conférence du Caire, le Venezuela a connu une situation difficile, la crise économique a perduré et s'est approfondie, ce qui a eu pour conséquence un accroissement de la pauvreté et une détérioration des soins de santé. Cette situation a provoqué une augmentation des taux de mortalité infantile et maternelle. L'abandon scolaire au niveau de base a également augmenté et l'objectif d'amélioration de l'éducation n'a pu être réalisé. Le nouveau Gouvernement et la nouvelle administration, en place depuis 50 jours, s'efforcent de réorienter les politiques publiques en faveur de la population. Les efforts seront centrés sur le développement humain durable, sur la base de l'égalité, de l'humanité et du respect des droits de l'homme, tout en accordant une attention particulière à la situation des femmes. Au Venezuela, le service de la dette représente actuellement environ 50% du PIB, ce qui limite les ressources disponibles pour les politiques publiques. Partant, la représentante a estimé nécessaire de mettre en place des mécanismes permettant de mobiliser de nouvelles ressources. On pourrait envisager de transformer la dette en investissements sociaux, a-t-elle notamment suggéré.

Malgré la situation difficile, le Gouvernement du Venezuela a adopté deux lois importantes relatives aux engagements du Caire au cours des dernières années. Il s'agit d'une loi sur la violence contre la femme et la famille, et d'une loi organique pour la protection de l'enfance et de l'adolescence. En matière de santé, l'Etat veut adopter des modèles intégrés visant à améliorer l'accès universel aux soins et aux services dans ce domaine. Le Venezuela s'est engagé à mettre en place des services de santé publique participatifs qui permettront aux femmes d'avoir leur mot à dire, en ce qui concerne notamment leurs besoins et la qualité des services offerts. Le Venezuela veut également encourager l'éducation en matière de santé sexuelle des adolescentes. Le taux de la mortalité due à la pandémie du sida a décuplé entre 1986 et 1994. On a, en outre, constaté une augmentation des cas de sida chez les femmes. Face à cette situation, le Gouvernement entend renforcer l'éducation sexuelle à l'école en mettant notamment en place des stratégies de prévention à l'attention des adolescents non scolarisés en vue de favoriser un comportement sexuel responsable. Les efforts des pays en développement en vue de mobiliser des ressources ne sont pas suffisants, a souligné la représentante, en appelant les pays donateurs à inverser la tendance à la baisse de l'aide au développement.

( suivre)

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M. RAUL TALADRID SUAREZ (Cuba) a déclaré que son pays partage la déclaration du Guyana au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Les recommandations du Caire ont eu l'avantage de mettre en place un cadre mondial de gestion des problèmes de la population. Cuba n'est pas venu remettre en question le consensus atteint. Nous n'avons pas une politique rigide en matière de population, et sans avoir des objectifs stricts de contrôle de la natalité, nous avons pu atteindre un niveau de population qui correspond à nos buts économiques et sociaux. Les femmes cubaines participent pleinement à la vie sociale et les Cubains, sans distinction de race, sont pleinement intégrés à la société. Nous encourageons une sexualité responsable chez les jeunes pour qu'ils puissent avoir plus tard une relation harmonieuse de couple et de famille. Notre espérance de vie est de 75 ans et le taux des naissances en institutions hospitalières est de 80%. L'avortement chez nous est légal, et n'est pas pratiqué comme un moyen de contraception. Sur le plan de l'emploi, nous offrons des emplois à toutes les catégories de notre population sans distinction d'âge. Notre taux de fécondité, qui est encore bas se maintient grâce à des prestations de nos services sociaux, bien que nous faisons face au défi de conditions économiques difficiles dues au blocus économique dont nous sommes victimes depuis 40 ans.

Mme OFELIA TEMPLO (Philippines) a affirmé que le programme démographique des Philippines avait subi de grands changements au cours des dernières années. Ce programme a été peaufiné en fonction du Programme d'action de la CIPD, avec un accent particulier sur la réduction de la pauvreté et l'amélioration des soins de santé génésique. De l'avis des Philippines, traiter les problèmes des jeunes est essentiel car c'est sur la jeunesse que repose l'avenir du monde. Il faut développer des programmes visant à satisfaire leurs besoins dans le respect de la Convention relative aux droits de l'enfant, a préconisé la représentante. Etant donné la structure jeune des pays en développement, ce domaine doit bénéficier d'une grande priorité. Préoccupées par la question des migrations, les Philippines appuient les propositions visant à améliorer la situation des travailleurs migrants. Il importe, à leur avis, de traiter des aspects sociaux des mouvements de population, de la féminisation des migrations et des coûts des migrations internes. Elle a préconisé l'élaboration de programmes permettant de créer des opportunités économiques dans les régions d'origine des migrants. Les mesures qui seront prises en vue de l'application future du Programme d'action doivent reposer sur la coordination entre les différents secteurs, a estimé la représentante, tout en soulignant la nécessité de renforcer les partenariats. Elle a lancé un appel en faveur d'un partenariat continu et d'une aide de la communauté internationale des bailleurs de fonds.

Mme IRINA ZBARSKAYA (Fédération de Russie) a dit que son pays est attaché aux objectifs du Programme d'action de la CIPD qui met l'accent sur la résolution des questions de population dans le contexte plus large du développement durable. Certains problèmes n'ont cependant pas suffisamment fait l'objet d'attention au Caire et nous pensons que le rapport du Secrétaire général peut servir de base de négociations sur certains points, et que les conclusions devraient mettre l'accent sur les questions socioéconomiques.

( suivre)

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Les crises financières qu'ont connues plusieurs régions du monde ont mis à mal notre capacité à exécuter quelques-unes des recommandations. La Russie prend cependant des initiatives pour améliorer la santé reproductive, ce qui a permis de réduire la mortalité infantile et de réduire le nombre d'interruptions volontaires de grossesse de 20%. Nous sommes cependant alarmés par la croissance de la mortalité élevé chez les hommes d'âge adultes et les jeunes gens. S'agissant des migrations, nous sommes en faveur de mesures efficaces pour faire face aux migrations de population forcées, dues à des conflits et à celles à caractère économique. Nous pensons que les organisations internationales et régionales doivent apporter plus de concours à la lutte contre le VIH/sida. Notre pays en souffre, et les moyens de traitement actuellement sont inaccessibles à de nombreuses nations, dont la nôtre. La communauté internationale devrait, sur ce plan, mettre en place des analyses politiques qui ne soient plus basées sur des différenciations Nord- Sud ou Est-Ouest. Concernant les ressources, nous pensons que les objectifs du Caire resteront théoriques tant que la question du financement ne sera pas réglée.

Mme RAJ ABDUL KARIM (Malaisie) a indiqué que son pays a mis en place, à la suite de la Conférence du Caire, un Plan national d'action sur la population et le développement fondé sur la coexistence pacifique des différentes ethnies et le respect du libre-choix des individus. Ce Plan sera réexaminé et intégré dans un Plan national stratégique sur la population et le développement 2001-2020. Ce plan doit permettre d'intégrer les questions de population dans les programmes de développement et d'environnement durables, de réduction de la pauvreté, et de prestation de services sociaux de base. Il vise à réduire en outre les inégalités entre les sexes, à améliorer la qualité de la vie, et accorde la priorité requise aux groupes vulnérables et désavantagés. De l'avis de la Malaisie, le droit de reproduction est un droit de base des femmes et des adolescentes. Partant, le Gouvernement a mis en place une vaste infrastructure de services de santé, comprenant des services de santé génésique qui sont intégrés dans les services de santé primaire et fournis à un coût abordable pour la population. La mortalité et morbidité maternelles ont continué d'être une priorité du Gouvernement qui s'efforce de promouvoir la maternité sans risque. Cet objectif est actuellement réalisé à 80%, grâce à un personnel qualifié.

La Malaisie envisage d'autres modèles de prestations de services de santé génésique en vue de traiter les problèmes émergents des jeunes et des adolescents en matière de santé sexuelle et génésique, ainsi qu'en ce qui concerne les questions sexospécifiques, la violence, les abus, les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/sida. Grâce à des fonds extrabudgétaires, des programmes d'éducation et de formation ont été mis en place à l'attention des adolescents et des parents en vue de les aider à prendre des décisions et faire des choix appropriés et d'encourager un comportement responsable. Des fonds extrabudgétaires ont également été alloués en faveur de l'extension des programmes en faveur des femmes désavantagées, telles les femmes chef de famille, les femmes pauvres ou celles vivant dans des circonstances difficiles.

( suivre)

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La Malaisie reconnaît le rôle de l'institution familiale et l'importance des familles dans le développement socioéconomique. Partant, un Plan stratégique pour le développement de la famille et les parents a été élaboré. Face à la transition démographique que connaît le pays, on a développé des politiques relatives à la main-d'oeuvre productive et compétente qui reconnaissent la participation des femmes et la contribution des personnes âgées. Les gouvernements ne peuvent réaliser seuls les objectifs du Programme d'action, sans la collaboration, la coopération et des consultations avec tous les secteurs. Si la Malaisie a réussi jusqu'à présent à gérer les effets de la crise économique, d'autres pays ont un besoin urgent de ressources, a dit la représentante qui a lancé un appel insistant en faveur de la mobilisation de ressources, étant entendu que la priorité doit être accordée aux pays qui ont les plus grands besoins.

M. JEAN DE DIEUX VICTORIEN RANDRIANASOLO (Madagascar) a déclaré que son pays a adopté un Programme national de population non seulement pour l'application de sa loi nationale sur le développement durable et la population promulguée en 1990, mais aussi pour une meilleure mise en exécution du Programme d'action de la CIPD. Des activités en faveur de l'équité entre les sexes et de plus de pouvoir aux femmes, ont été initiées dans le cadre de la réalisation du Programme d'action et du respect des recommandations du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et du Sommet de Beijing. En ce qui concerne la santé de la femme et de l'enfant, on constate que la multiplication des centres de santé de base, des installations de pharmacies communautaires de base, l'institution d'un système de recouvrement des coûts et une campagne en faveur de l'allaitement maternel, jointes à la planification familiale, sont des repères saillants de notre programme sectoriel de santé. En matière de mobilisation des moyens et des ressources, notre pays fait des efforts pour répondre aux directives de l'initiative 20/20 au profit des services sociaux, en particulier dans le secteur de l'eau et de l'assainissement, avec le soutien des organes de l'ONU.

M. JEAN GAEREMYNCK (France) a estimé que le contexte général des travaux du Comité préparatoire doit être celui d'une volonté clairement réaffirmée de relever le montant consacré à l'aide publique au développement. Et que, dans ce cadre, doivent prendre place, pour une part substantielle et en augmentation, les actions de coopération en matière de population. Il a estimé que les évaluations des flux financiers faites par le Secrétariat devaient être considérées avec précaution, eu égard aux difficultés méthodologiques qu'elles soulèvent. De l'avis de la France, il est primordial de poser en principe que le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales est le socle nécessaire à tout programme de coopération, spécialement en matière de population. Il faut, à cet égard, faire une mention particulière de l'égalité des hommes et des femmes. La maîtrise de l'évolution démographique est une variable-clé du développement durable. Or, s'engager dans la réduction de la mortalité maternelle, promouvoir la maîtrise de la fécondité, et, plus généralement, progresser dans la santé de la reproduction, c'est avant tout promouvoir les femmes, accroître leur autonomie, les rendre actrices de leur histoire.

( suivre)

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Une telle exigence comporte des conséquences concrètes en termes d'éducation. Mais il faut bien prendre conscience de ce que s'engager dans cette voie, c'est toucher au statut de la femme dans son ensemble, c'est aborder aussi le respect de sa personne, la liberté de choix dans le mariage, l'accès à la vie professionnelle et à l'initiative économique, à la responsabilité citoyenne et à la vie politique. Une telle approche est susceptible d'exercer un effet d'entraînement sur la société toute entière, a- t-il estimé.

De ces priorités, a poursuivi M. Gaeremynck, découlent des actions concernant le renforcement de l'égalité : appui aux projets de textes des instances internationales, actions en vue de permettre aux femmes de jouer un plus grand rôle dans la vie de leur pays, analyse des effets induits par les projets de coopération sur les rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes. S'agissant de l'éducation, les programmes visent à combattre la sous- scolarisation des filles. A cet égard, il importe de rechercher des formations efficaces, rapides et moins coûteuses pour les Etats et les familles. Ces formations doivent être conçues, sur le plan technique et pratique, pour déboucher sur des métiers utiles à la société et dispenser de solides notions en matière de santé, de sexualité, d'hygiène, de nutrition. En matière de santé, il est essentiel de favoriser par tous les moyens l'accès des populations aux médicaments essentiels, par exemple en favorisant la reconversion des circuits pharmaceutiques nationaux et l'introduction sur le marché des médicaments génériques essentiels. Il y a lieu évidemment de prêter une attention particulière à la santé de la reproduction, en adoptant des programmes visant à intégrer la planification familiale aux actions de santé, et en montrant le lien entre la promotion d'une sexualité sans risque et la prévention des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/sida. A ce sujet, la France estime qu'il faut favoriser les initiatives visant à soutenir les efforts des pays plus particulièrement exposés à l'épidémie du sida. Parmi les autres sujets importants, le représentant a mentionné des actions dans le domaine de l'état civil et des recensements de population.

M. ELDAR G. KOULIEV (Azerbaïdjan) a dit que sa délégation appuie toutes les recommandations faites dans le sens de la poursuite du Programme d'action du Caire au cours des années à venir. Des échanges de vue productifs ont eu lieu au Forum de La Haye, ce qui a permis aux gouvernements, à la société civile et aux ONG de partager leurs expériences. Depuis notre indépendance au début des années 90, nous nous sommes heurtés aux problèmes de la mise en marche d'une nouvelle administration, et de la construction de nouvelles structures économiques, et nos efforts ont été compliqués par l'agression que nous avons subi de la part de l'Arménie. Notre Produit national brut a lourdement chuté et une inflation galopante a vu le jour dans notre pays. Mais aujourd'hui nous tâchons de redresser la barre, en faisant des efforts pour construire un Etat démocratique respectueux de l'épanouissement des droits de ses citoyens et de leur bien-être. Notre pays connaît une baisse de sa natalité, mais aussi une augmentation de la mortalité et de la morbidité des personnes âgées et des autres groupes vulnérables, ces faits étant aggravés par la crise économique que nous traversons.

( suivre)

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Nous voulons mettre en place une politique fiable de gestion de notre population et nous remercions, ici, l'ONU et le FNUAP qui nous apportent une aide appréciable dans ce domaine. Nos problèmes sont ceux que rencontrent tous les pays en transition de notre région. Nous connaissons une dégradation rapide de notre environnement, due aux retombées des essais nucléaires qui ont eu lieu pendant longtemps dans notre sous-région, et nous devons aussi faire face à l'assèchement des mers intérieures qui bordent notre pays.

M. JEAN-MARIE AKPOUE, Directeur du Bureau national de la population de la Côte d'Ivoire, a indiqué qu'à la suite de la Conférence du Caire, son pays a adopté un plan d'action pour la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence. Ce plan est fondé sur le développement d'un environnement favorable et la création d'un cadre institutionnel de mise en oeuvre; l'opérationnalisation du concept de santé de la reproduction, y compris la planification familiale et la santé sexuelle; une politique de promotion de la femme; un renforcement du partenariat avec les ONG; et la mobilisation des ressources pour la mise en oeuvre des programmes de population. Une Déclaration de Politique nationale de population a été adoptée en mars 1997. Elle a pour objectif de maîtriser la croissance naturelle de la population; maîtriser les mouvements migratoires internes et internationaux; parvenir à une adéquation entre l'offre et la demande liées aux besoins essentiels de la population; valoriser la famille et améliorer le statut des femmes et des jeunes; contribuer à l'amélioration du cadre de vie des populations et la sauvegarde de l'environnement; développer les capacités de conception et de gestion des programmes de mise en oeuvre de la politique nationale de population.

Le Plan national de développement sanitaire auquel est intégré le Programme national de la santé de la reproduction cible plus particulièrement les femmes vivant dans les zones rurales et les bidonvilles urbains, les jeunes et les réfugiés de guerre. Il a notamment pour objectif d'intégrer la santé de reproduction et la planification familiale dans toutes les infrastructures sanitaires; d'accroître le taux de prévalence des contraceptifs; de réduire la mortalité maternelle; d'améliorer la santé de la reproduction des adolescents; d'améliorer les soins de santé de la reproduction en faveur des réfugiés libériens; de réduire la prévalence croissante des maladies sexuellement transmissibles et du sida chez les femmes; et de renforcer les activités d'information et d'éducation sur la santé de la reproduction. Pour le renforcement des capacités, il est prévu d'augmenter le nombre des services de santé de la reproduction et de planification familiale, d'améliorer la qualité de ces services, d'accroître la prévalence des contraceptifs tout en développant le marketing social dans les milieux à fortes fécondités, et d'intégrer progressivement des volets prioritaires de la santé de la reproduction dans le Paquet Minimum d'Activités. Le Directeur a reconnu que son Gouvernement est résolument engagé sur la voie du succès, mais que toutefois des efforts restent à faire afin d'atteindre tous les objectifs fixés, notamment dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'emploi, de l'environnement, de la parité entre les sexes, de la coordination et du suivi des activités.

( suivre)

- 10 - POP/707 25 mars 1999

C'est pourquoi, la Côte d'Ivoire compte sur ses partenaires du développement pour une mobilisation plus grande autour de la Déclaration de politique nationale de population adoptée en mars 1997, et ceci, grâce à un appui additionnel aux efforts du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

M. DAMRONG BOONYEN (Thaïlande) a dit que la plupart des pays ont connu à la fois des difficultés et des avantages dans la mise en place des politiques préconisées par la Conférence du Caire. Pour vraiment réussir à atteindre les objectifs préconisés, il faut à la fois avoir une bonne gouvernance et une société civile active, impliquée dans le processus et structurée. Notre pays est le plus touché par le sida en Asie, malgré nos efforts et les moyens que nous avons mobilisés dès le début de l'épidémie. Nous voulons aujourd'hui impliquer beaucoup plus la population dans la lutte contre ce fléau. Selon les estimations, un million de personnes seront touchées dans notre pays par le VIH/sida en l'an 2000, et nous devons penser à l'éducation des jeunes et à la mise en place de services sociaux et de soins préventifs et curatifs qui puissent s'occuper des adolescents, principales victimes de la pandémie. Avec une population de presque 61 millions d'habitants, notre pays s'est attaché à respecter ses engagements envers le Programme d'action de la CIPD. Nous sommes en train de concevoir à cet effet et de mettre en oeuvre une stratégie intégrant les nouvelles approches de santé de la reproduction dans nos structures actuelles de planification familiale. Notre réseau de services sociaux est, grâce à Dieu, bien structuré et nous n'avons besoin que de l'adapter aux nouvelles demandes. Notre Gouvernement est de ce fait, en train de réviser et d'ajuster les stratégies de mise en application de notre nouvelle politique, et d'évaluer les problèmes naissants pour les intégrer dans la perspective plus large du plan national de développement de la Thaïlande. Pour donner une idée de nos capacités actuelles en matière de services, plus de 95% des naissances s'effectuent avec l'assistance de personnel médical qualifié, et nous accordons aujourd'hui plus que par le passé l'attention aux femmes, notamment dans les domaines de la grossesse sans risque, de la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, et de la lutte contre la violence dont les femmes sont victimes.

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