POP/706

COMMISSION DE LA POPULATION : LES DIVERGENCES SUR L'AVORTEMENT ET LES QUESTIONS LIEES A LA SANTE GENESIQUE A NOUVEAU AU COEUR DU DEBAT

24 mars 1999


Communiqué de Presse
POP/706


COMMISSION DE LA POPULATION : LES DIVERGENCES SUR L'AVORTEMENT ET LES QUESTIONS LIEES A LA SANTE GENESIQUE A NOUVEAU AU COEUR DU DEBAT

19990324 Aujourd'hui, 120 millions de femmes n'ont pas les moyens d'éviter une grossesse non désirée. Chaque année, 20 millions d'entre elles mettent leur santé et leur vie en danger en recourant à des avortements à risque. On enregistre, annuellement, 333 millions de nouveaux cas de maladies sexuellement transmissibles curables; quelque 5,2 millions de nouvelles infections par le virus du sida, dont la moitié parmi les jeunes de moins de 24 ans; et environ 450 000 nouveaux cas de cancer de l'utérus. Chaque minute, une femme meurt de complications lors d'un accouchement. Dans certaines parties de l'Afrique, une femme enceinte sur 16 risque de mourir faute de soins. Ces statistiques ont été données et après-midi par la représentante de l'Organisation mondiale de la santé, au cours du débat de la Commission de la population et du développement agissant en tant qu'organe préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994). La session extraordinaire aura lieu du 30 juin au 2 juillet 1999. Selon, l'OMS, entre 5 et 15% des maladies sont dues au manque de soins en matière de santé génésique. Il est reconnu que ce domaine doit bénéficier d'une haute priorité, ce qui exige l'adoption de mesures urgentes. Toutefois les divergences, apparues lors de la Conférence du Caire, ont refait surface au cours du débat, principalement sur la question du libre-choix des femmes et des hommes en matière de santé génésique et l'avortement.

L'Observateur du Saint-Siège a réaffirmé devant la Commission que la famille doit rester le cadre au sein duquel les êtres humains doivent recevoir une éthique en matière de sexualité et de santé sexuelle et a accusé la Conférence du Caire d'avoir promu une vision individualiste de la question, qui met de côté la cellule familiale, base de la société. Le Saint-Siège, d'autre part, a réaffirmé qu'il ne reconnaissait pas l'usage de la "pilule du lendemain" comme une technique de contraception, mais plutôt comme un acte abortif allant à l'encontre des législations de nombreux pays qui reconnaissent le droit à la vie et la protection du foetus.

(à suivre - 1a)

- 1a - POP/706 24 mars 1999

Si des délégations se sont rangées derrière les vues du Saint-Siège, d'autres ont plaidé en faveur du libre-choix d'individus informés et responsables en matière de santé génésique. Pour celles-ci, de même que pour l'organisation non gouvernementale des Catholiques pour le libre-choix, la contraception d'urgence ne provoque pas un avortement et doit être mise à la disposition des femmes, en particulier lorsque la grossesse est la conséquence d'un viol.

Les représentants des Etats-Unis, du Canada, de l'Argentine, du Guatemala, de la Zambie, de la Croatie, et de la Colombie ont fait une déclaration. Les Observateurs de la Suisse et du Saint-Siège, les représentants du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), de l'Organisation mondiale de la santé, et de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), et le Président de la Commission du développement social, M. Aurelio Fernandez, sont également intervenus. Les représentants des organisations non gouvernementales suivantes ont pris la parole: Forum des parlementaires asiatiques sur la population et le développement; Centre pour les droits et les politiques de reproduction; "Park Ridge Center for the Study of Health, Faith and Ethics"; Fondation mondiale pour la population; et Organisation des Catholiques pour le libre-choix.

Les travaux de la Commission reprendront demain matin à 10 heures.

Préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale

Suite du débat général

Mme JULIA V. TAFTS, Secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis, chargée de la population, des réfugiés et des migrations, a déclaré qu'au Caire, 179 gouvernements, dont le sien, s'étaient engagés à promouvoir une meilleure qualité de vie pour tous les peuples, en se basant sur les principes des droits de l'homme, de l'équité entre les sexes et du développement durable. Ces pays ont réaffirmé que les droits de la femme sont aussi tous les droits de la personne humaine, et qu'ils sont intrinsèquement liés à leur droit à jouir du niveau le plus élevé de santé possible, et que c'est donc une violation des droits de la femme que de vouloir leur nier l'accès à la planification de leurs familles. En 1994, le monde n'avait pas correctement anticipé l'impact dévastateur de la pandémie du VIH/sida. Nous devons aujourd'hui accorder la plus haute priorité à la prévention de cette maladie et des autres maladies sexuellement transmissibles. Nous pensons que l'usage des préservatifs et des produits microbicides doit être plus promu que dans le passé, et nous devons nous assurer que les droits des personnes atteintes par le sida soient respectés. Une attention particulière doit être accordée, d'autre part, à la santé reproductive des hommes, tout en les soutenant pour qu'ils assument leurs responsabilités en matière sexuelle. Les avortements illégaux continuent d'être un problème de santé majeur dans de nombreux pays, et nous estimons que tout doit être fait pour mettre pleinement en application les termes du paragraphe 8.25 du Programme d'action du Caire. La première étape doit être de renforcer le planning familial volontaire, et les prestations de conseil qui lui sont liés, ce qui permettrait de réduire le nombre de grossesses indésirées. Nous devons aussi nous assurer que les formations de santé soient pleinement en mesure de faire face aux complications des avortements, et là où il est légalisé, celui doit pouvoir s'effectuer sans difficulté, les lieux et les conditions où il s'effectue devant être rendus sûrs et accessibles aux femmes. Enfin, nous pensons qu'aucune femme ayant fait appel à l'avortement ne devrait faire l'objet de poursuites légales et judiciaires et en souffrir.

M. ROSS HYNES (Canada) a déclaré que le processus d'examen a clairement démontré que, pour atteindre les objectifs de la CIPD, ainsi que ceux des conférences et des sommets ultérieurs de l'ONU, la communauté internationale, les gouvernements et la société civile devront adopter une approche plus intégrée, soutenue et harmonisée en ce qui concerne les questions relatives à la population et au développement. De l'avis du Canada, il faut renforcer la mise en oeuvre du Programme d'action et déterminer les domaines qui demandent un suivi, en tenant compte des gains acquis dans les conférences et les sommets mondiaux ultérieurs et les progrès signalés au cours du processus préparatoire de la CIPD+5. Il faut s'efforcer de négocier un texte qui soit clair, axé sur les résultats et qui ait un sens pour le public.

( suivre)

- 3 - POP/706 24 mars 1999

Il faut mettre davantage l'accent non seulement sur les symptômes et les problèmes ayant trait à la population et au développement, mais aussi sur leurs causes profondes, comme la pauvreté, les violations des droits de la personne, l'inégalité des sexes, les injustices sociales et économiques, la migration et l'absence de bon gouvernement. Afin de suivre efficacement les progrès réalisés, il faut, le cas échéant, établir des points de repère et identifier des indicateurs ainsi que des données statistiques. M. Hynes s'est déclaré surpris que certaines recommandations importantes du rapport du Forum international de La Haye, telles que celles sur la mobilisations des ressources, ne figurent pas dans le rapport du Secrétaire général.

Le Canada souhaite que le document final du Comité préparatoire comporte des actions sur la santé génésique et le droit de procréation. A cet égard, il a souligné la nécessité de continuer à élaborer des méthodes et des indicateurs qui favorisent et s'assurent que les droits des femmes, notamment dans le domaine de la santé sexuelle et de la reproduction, soient respectés. Des mesures doivent être prises pour garantir la maternité sans risque, l'accès à la planification familiale, une meilleure santé génésique pour les adolescents et une action énergique contre l'augmentation constante des maladies sexuellement transmissibles et de l'épidémie du sida. Il faudrait cibler les ressources afin de renforcer les soins de santé primaires. Des mécanismes doivent être mis en place pour assurer la participation constante des collectivités dans le processus de prise de décision concernant la fourniture de services de santé intégrés et complets, comprenant les soins de santé sexuelle et génésique. Dans ce contexte, le Canada aimerait que l'on fasse des recommandations en vue de garantir des services de santé adéquats aux peuples autochtones et d'en assurer l'accès à ces derniers. De l'avis du Canada, le document final doit comporter en outre des actions les questions relatives à l'égalité et l'habilitation des femmes; l'évolution de la structure par âge et le vieillissement de la population; et aux migrations internes et internationales. A cet égard, le Canada préconise des mesures visant à remédier aux causes profondes des migrations, à faire respecter le droit d'asile et le principe du non-refoulement et à répondre aux besoins particuliers des femmes réfugiées, à favoriser l'intégration dans la société d'accueil des migrants légaux, et à prêter attention aux besoins d'aide et de protection des personnes déplacées dans leur propre pays. Pour le Canada, des actions dans le domaine de la population et l'environnement; des partenariats et du financement doivent également figurer dans le document final. A cet égard, le document devra mentionner la nécessité de créer de nouveaux mécanismes pour générer des ressources supplémentaires afin d'atteindre les objectifs de la CIPD. Le représentant a cité en exemple la coopération accrue entre pays du Sud, des outils plus efficaces pour alléger le fardeau de la dette extérieure, une augmentation du financement consenti par les institutions financières internationales et des partenariats renforcés pour mobiliser les ressources. Le Canada estime aussi qu'il faut se soucier d'augmenter le rôle des institutions du secteur privé dans la mobilisation de ces ressources.

( suivre)

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M. JACQUES MARTIN (Suisse) a déclaré que son pays souhaite que la santé reproductive et sexuelle soit intégrée le plus possible dans l'offre de santé primaire, et ne souffrent pas d'une approche verticale privilégiant un domaine ou un secteur particulier. La Suisse pense aussi que les mutations vécues par les familles devraient ressortir beaucoup plus dans les documents élaborés par le Secrétariat. Sur ce plan, il faudrait reconnaître que nombre de programmes sociaux s'adressent avec un bénéfice accru au cadre large du ménage et de la famille plutôt qu'à des individus. La communauté constituée par les adultes et les enfants, qui joue un rôle important et utile pour la sensibilisation, offre des avantages en matière d'encadrement, car elle permet de resserrer les liens entre générations. L'importance de la lutte contre la pauvreté et celle du développement économique sont bien relevés dans les documents que nous examinons. Si la baisse de la fécondité a un impact sur la qualité de la vie, la santé et la microéconomie (à travers l'emploi des femmes entre autres), les conditions économiques favorables à la création d'emploi influencent, dans l'autre sens, le nombre d'enfants qu'auront les femmes. Les modes de production et de consommation des pays dits développés doivent être, d'autre part, remis en question, car dans ces pays, les opinions publiques continuent d'exprimer des inquiétudes face à l'accroissement de population mondiale, entendant par là celle des pays du Sud, alors qu'elles devraient aussi s'inquiéter des risques que fait courir à la planète la poursuite de leurs modes de consommation, peu soucieux de la conservation de ressources pourtant de plus en plus rares.

M. ALDO OMAR CARRERAS (Argentine) a déclaré que la responsabilité première des politiques de développement et de population relevait de la compétence nationale pour autant que le libre choix des individus soit respecté. Le principe du volontariat sans contrainte aucune en matière de planification familiale est à la base du programme du Caire, a-t-il rappelé. De l'avis de l'Argentine, les politiques de population ne peuvent remplacer les politiques de développement mais en font partie, de même que les politiques socioéconomiques. Il a mis l'accent sur la nécessité de mieux répartir les ressources et a estimé que l'éducation doit être placée au centre du développement. Il importe aussi de protéger la famille et de donner un cadre plus adéquat à son développement. Evoquant les facteurs multiples qui influent sur la santé de la population, il a déploré les modes irrationnels de production et de consommation néfastes et a estimé nécessaire de chercher une convergence entre les politiques de développement et les politiques environnementales. A cet égard, il est important de susciter une prise de conscience dans les populations, a-t-il dit.

De l'avis de l'Argentine, la planification familiale n'a de valeur qu'en fonction de l'amélioration de la qualité de la vie. Les programmes de planification familiale doivent donc s'inscrire dans le cadre d'une politique de santé globale. Pour l'Argentine, la vie existe au moment de la conception. Dès ce moment, la personne a droit à la vie et ce droit est inviolable. L'Argentine ne peut donc accepter l'avortement comme faisant partie des questions relatives à la santé génésique, car il s'agit d'une atteinte au droit à la vie de la personne qui est la plus vulnérable puisqu'elle n'est pas encore née.

( suivre)

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Le représentant a rappelé l'adoption en 1995 par les pays d'Amérique latine d'une Convention qui stipule qu'en aucun cas, l'avortement ne peut constituer un moyen de planification familiale. Le représentant a également souligné la nécessité d'étudier l'impact des migrations sur les sociétés. Pays de réception des grands courants migrateurs, l'Argentine s'efforce de favoriser l'intégration des immigrants. Les politiques de migration doivent assurer une réglementation efficace des grands courants migratoires. Il faut adopter des mesures concrètes en vue de protéger les droits des migrants légaux. Le représentant a souligné la nécessité d'accorder l'attention voulue à la question du vieillissement de la population et aux soins aux personnes âgées. En ce qui concerne le financement, un engagement plus fort de la communauté internationale est essentiel.

Mme MARIA ROSA NODA (Guatemala) a déclaré qu'un accord de paix a mis fin il y a deux ans au conflit armé interne que vivait le Guatemala. Notre pays doit aujourd'hui faire face aux défis que constituent un retour à la vie normale et le respect des engagements internationaux contractés. Nous avons voulu que le Guatemala ne connaisse plus jamais de conflit, mais nous faisons aujourd'hui face à des catastrophes naturelles, tout en faisant des efforts pour notre développement et pour mettre en application le Programme d'action du Caire. Nous comprenons qu'un peuple bien éduqué a des chances de devenir prospère, et c'est pourquoi nous nous attachons à mettre en place un système d'enseignement performant. Nous nous attachons aussi à rendre service aux personnes du troisième âge, en encourageant les familles à ne pas abandonner les traditions culturelles de notre peuple, qui sont basées sur la solidarité familiales et le respect de l'âge. Notre Gouvernement veut préserver notre culture ancestrale tout en ouvrant de nouveaux espaces d'expression aux femmes, notamment en mettant en place des structures de microcrédit qui peuvent leur permettre de s'épanouir. Le Guatemala accorde une attention particulière à l'éducation des femmes et des filles, et notre politique est d'inciter les jeunes filles à atteindre au moins la classe de sixième. Il faudrait fournir davantage d'efforts pour canaliser toutes les énergies de notre pays dans le sens du développement durable, mais nous espérons qu'au nouveau millénaire nous aurons les moyens d'y parvenir.

M. JIM CARMICHAEL, représentant du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a appelé avec insistance les délégations à décider d'une action décisive pour inverser la tendance de l'épidémie du sida. Il a rappelé l'impact énorme et tragique de la maladie, non seulement sur les vies de millions de personnes dans le monde, mais aussi sur le développement social, économique et politique des nations. Le sida menace des pays qui se débattent déjà dans la pauvreté extrême, qui ont des ressources limitées et des systèmes de santé inadéquats ainsi que des systèmes sociaux insuffisants. Dans les pays les plus touchés, le sida est responsable d'une baisse importante de l'espérance de vie, de la diminution du revenu par habitant, de la réduction des bénéfices dans les secteurs recourant à une main-d'oeuvre importante, d'une diminution de la production agricole, ce qui fait peser une menace sur la sécurité alimentaire.

( suivre)

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Les pertes sociales et économiques dues au sida créent une spirale négative inversant les gains durement gagnés du développement et écartant une grande partie de la population mondiale du développement. Le sida perpétue le cycle de la pauvreté et marginalise davantage un nombre important de personnes qui se voient ainsi privées de leurs droit sociaux et économiques.

Des développements positifs ont déjà vu le jour en Asie et en Afrique, où les réponses nationales à la maladie ont augmenté en ampleur, en efficacité et en termes d'engagement. De nombreux pays s'attaquent aujourd'hui aux facteurs de risque et de vulnérabilité, tels l'inégalité entre les sexes, le manque d'éducation et d'opportunités, la pauvreté et la discrimination. L'ONUSIDA appuie les propositions du Secrétaire général et estime que pour atteindre l'objectif de réduire l'infection par le virus du sida dans la tranche d'âge 15-24 ans de 25% d'ici à 2005 dans les 25 pays les plus affectés, il faut un appui politique soutenu par des ressources adéquates. Il faut réformer et renforcer les systèmes de soins de santé primaire pour les rendre accessibles à tous; mobiliser de nouveaux partenariats avec tous les segments de la société; promouvoir la prévention; et réformer les structures socioéconomiques en vue de réduire les disparités entre les sexes et les disparités économiques. Il faut, en outre, redoubler d'efforts pour éliminer la discrimination dont souffrent les malades du sida car elle encourage la culture du silence, faisant ainsi obstacle à la prévention et la prestation de soins. L'ONUSIDA lance un appel à la communauté des nations et à l'ONU et ses partenaires pour qu'ils encouragent le dialogue sur les questions relatives au sida et se joignent à l'effort mondial d'élimination de l'épidémie.

M. GODFREY SIMASIKU, Vice-Ministre au Ministère des finances et du développement économique de la Zambie, a déclaré que la Zambie a vécu des conditions économiques défavorables depuis le milieu des années 70, et les services sociaux du pays ont souffert de la croissance rapide de la population conjugués aux effets de la crise de la dette. Malgré les efforts faits dans ce domaine, le fardeau de la dette nous est devenu insupportable. Nous appelons la communauté internationale à reconnaître que le poids de cette dette est insupportable et menace la stabilité des pays comme la Zambie. Malgré le manque de ressources, nous avons fait des efforts pour appliquer les recommandations de la Conférence du Caire. Nous luttons aujourd'hui contre la propagation de la pandémie du sida, et nous tâchons de trouver des solutions aux questions concernant la différenciation sexuelle, la jeunesse et la santé reproductive. Notre Gouvernement a promulgué à ce sujet une politique nationale de sexospécificité, de planification familiale et de santé maternelle. A l'avantage des femmes, nous mettons aussi en place une stratégie de promotion sociale dans le domaine de l'éducation destinée à respecter les engagements que nous avons pris vis-à-vis du Programme d'action du Caire.

Nous demandons que la communauté internationale nous aide dans notre lutte contre la pauvreté en stimulant plus de flux financiers d'investissement qui seraient dirigés vers notre pays et notre continent, et nous demandons que le prochain sommet du G7 se penche sérieusement sur l'idée de l'annulation de la dette extérieure des pays pauvres endettés.

( suivre)

- 7 - POP/706 24 mars 1999

Des initiatives devraient aussi être prises pour que les programmes d'ajustement structurel aient un visage humain, et soient sensibles aux véritables besoins sociaux et environnementaux de notre pays.

Mme CARLA ABOUZAHR, représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a expliqué que l'une des activités de l'OMS est d'établir des normes et de fournir des conseils techniques aux Etats Membres. Une information sûre ayant trait à la santé est essentielle à la prise de décisions adéquates dans ce domaine. Malheureusement, on manque de données dans certains domaines, par exemple en ce qui concerne la mortalité adulte. L'OMS invite les Etats Membres, les partenaires multilatéraux et bilatéraux et les ONG à conjuguer leurs efforts pour renforcer les capacités nationales à créer, analyser et utiliser les informations relatives à la santé. Les travaux normatifs et les conseils techniques de l'OMS sont le résultat d'un travail systématique de recherche et d'analyse des meilleures pratiques en matière de santé. Ainsi, l'OMS propose des approches participatives quant aux options relatives à la contraception. La contraception d'urgence, dont la forme la plus courante est une dose plus forte de contraceptifs oraux courants, peut être utilisée pour prévenir une grossesse non désirée à la suite de relations sexuelles non protégées. Les pilules d'urgence n'interrompent pas une grossesse.

L'OMS attache une grande importance à assurer que ses travaux sont fondés sur une analyse en profondeur des preuves disponibles. Cette approche aide à l'allocation des ressources et à assurer que ses interventions atteignent ceux qui en ont le plus besoin. L'un des exemples de l'utilisation de ces preuves à trait à la santé des jeunes. Les adolescents sont particulièrement vulnérables aux problèmes de santé, notamment aux maladies sexuellement transmissibles et aux grossesses précoces. Les recherches montrent que les jeunes manquent d'information sur la sexualité et la procréation, même lorsqu'ils sont sexuellement actifs. Par conséquent, chaque année un adolescent sur 20 contracte une maladie sexuellement transmissible, un avortement à risque sur 4 est subi par un adolescent, et quasi la moitié des interruptions volontaires de grossesse affecte le groupe d'âge des 10-25 ans. La santé du monde est dans les mains des jeunes d'aujourd'hui et cela dépend des informations qu'ils recevront des adultes. C'est pourquoi, il est essentiel de garantir l'accès des jeunes à l'information et à des services de santé adéquats pour encourager un comportement sexuel responsable. Au cours des dernières décennies, on a vu que les problèmes de reproduction peuvent être traités de façon adéquate même lorsque les ressources sont limitées. Diminuer la mortalité maternelle et les handicaps parmi les mères et les enfants, l'une des priorités de l'OMS, requièrent un série d'activités socioéconomiques, politiques, communautaires et sanitaires, incluant la prévention des grossesses non désirées, un personnel qualifié lors de l'accouchement et un accès aux soins adéquats en cas de complications. Toutes ces interventions peuvent être fournies à un coût inférieur à trois dollars par personne par an dans les pays à faibles ressources.

( suivre)

- 8 - POP/706 24 mars 1999

Rappelant les conséquences prévisibles si les besoins en matière de santé génésique ne sont pas satisfaits, la représentante a indiqué qu'aujourd'hui 120 millions de femmes dans le monde ne veulent pas être enceintes mais n'ont pas les moyens de prévenir une grossesse. Chaque année, 20 millions de femmes mettent leur santé et leur vie en danger en recourant à des avortements à risque. Il y a 333 millions de nouveaux cas de maladies sexuellement transmissibles curables chaque année. Quelque 5,2 millions de personnes sont infectées par le virus du sida chaque année, dont la moitié sont des jeunes de moins de 24 ans. Chaque année, il y a environ 450 000 nouveaux cas de cancer de l'utérus. Chaque minute, une femme meurt de complications liées à un accouchement. Dans certaines parties de l'Afrique, une femme enceinte sur 16 risque de mourir faute de soins. L'OMS estime qu'entre 5 et 15% des maladies sont dues au manque de soins en matière de santé génésique. C'est pourquoi, cette question doit être au coeur des efforts à déployer au cours des mois et années à venir.

Mgr JAMES T. McHUGH (Saint-Siège) a déclaré que depuis la Conférence du Caire, le Saint-Siège a continué d'insister pour que la dignité de la personne humaine et les droits de l'homme les plus élémentaires soient promus et respectés, et en particulier le droit à la vie. Nous devons reconnaître que les êtres humains doivent être placés au centre des soucis du développement, et nous appelons au respect de toutes les religions et des valeurs éthiques et culturelles de tous les peuples. Le Saint-Siège réaffirme son engagement à aider à trouver des solutions aux questions qui se posent aujourd'hui. Le développement et notamment la réduction de la pauvreté et la fourniture de services sociaux incluant l'éducation, l'eau potable et les bonnes conditions de santé sont des impératifs à promouvoir. Nous répétons que le vrai développement ne peut pas seulement être réduit à sa dimension physique et qu'un souci permanent doit être accordé à l'éducation et au bien-être moral total de la personne. Le rôle de la famille comme base de la société est reconnu par l'ONU, et la responsabilité des êtres humains en ce qui concerne leur sexualité ne peut s'exprimer qu'à l'intérieur de la famille. De ce fait, la conception individualiste de la sexualité telle que discutée au Caire est un rejet de la famille.

Le Programme d'action de la CIPD réaffirme que la politique des Nations Unies ne devrait en aucun cas promouvoir l'avortement comme méthode de planning familial. Sous cette optique, l'usage de la "pilule du lendemain" est une méthode abortive, et ne doit pas simplement être considérée comme méthode de contraception. Le Saint-Siège estime que c'est là une méthode d'avortement camouflée comme moyen de contraception et qui va à l'encontre des législations nationales qui reconnaissent le droit à la vie et la protection du foetus dès le moment de la conception. Le Saint-Siège rejette aussi vigoureusement toutes les manipulations qui viseraient à reconnaître l'avortement sous le couvert de nouveaux droits de l'individu ou sous la promotion de politiques de santé génésique visant à dispenser des arrêts de grossesse sûrs. Nous attendons que soit préservé l'esprit de coopération qui a caractérisé jusqu'ici le travail de l'ONU, car un dialogue franc et direct est source de compréhension mutuelle.

( suivre)

- 9 - POP/706 24 mars 1999

Mme ALICA WERTHEIMER BALETIC (Croatie) a estimé que la dimension relative au développement exige des efforts continus dans les domaines des services de santé génésique, de l'égalité entre les sexes et de la promotion des femmes, en particulier dans le contexte actuel des contraintes imposées par la crise financière mondiale. Il faut poursuivre les efforts dans les domaines de la santé génésique et de la mortalité maternelle et assurer l'intégration d'une perspective sexospécifique dans l'élaboration des politiques. Il faudrait continuer à étudier les liens entre la population et le développement durable. Pour sa part, la Croatie est particulièrement préoccupée par le taux de croissance faible de sa population et ses conséquences à long terme sur le développement humain et socioéconomique. La transition démographique s'est terminée à la fin des années 1970, accélérée par l'impact de la migration d'une partie de la population. La situation actuelle résulte du déclin de fécondité et du faible niveau d'augmentation naturelle de la population, d'une balance migratoire négative, des conséquences de deux guerres mondiales, et de la guerre d'agression récente imposée au pays. Cette agression dans les années 1990 a contribué au renforcement de la détérioration des tendances démographiques. On estime que les victimes de la guerre et les déplacements massifs de population ont provoqué un déclin de la population de 3% entre 1991 et 1998, mais si l'on tient compte de la population vivant dans le pays, on constate une baisse de 6,2%. Cette diminution de la population s'est accompagnée d'une diminution du taux de natalité et d'une augmentation sensible du taux de mortalité.

Pour toutes ces raisons, la structure d'âge de la population est en train de se détériorer, avec un déclin du nombre et de la proportion des jeunes et l'augmentation du nombre et de la proportion des personnes âgées. Le nombre de personnes âgées augmentera encore au cours des dix prochaines années, faisant peser davantage de pression sur les fonds de pension, le système de soins de santé et les autres services sociaux. Pour relever les défis posés par ces changements, le Gouvernement a adopté un Programme national de développement démographique qui a pour objectifs de stimuler la croissance de la population et de réaliser une répartition plus équilibrée de la population, de décourager l'immigration vers l'extérieur et d'encourager le retour au pays. La priorité est d'assurer le retour des personnes déplacées et des réfugiés dans leurs foyers. A cette fin, la Croatie a besoin de l'aide internationale, qui bien que promise, est toujours attendue en quantité significative.

M. AURELIO FERNANDEZ (Espagne), Président de la Commission du développement social, a dit que les services sociaux pour tous ont été la question la plus débattue par la Commission du développement social, de même, dans une moindre mesure, que la lutte contre la pauvreté et le développement durable en faveur des groupes les plus vulnérables. La Commission a adopté une série de conclusions concertées qui figurent dans les documents disponibles. Un consensus s'est fait entre pays en développement et pays développés en ce qui concerne la promotion des services sociaux, et à ce propos, on a proposé que l'éducation des populations soit intégrée aux stratégies de prestation de services sociaux.

( suivre)

- 10 - POP/706 24 mars 1999

Il faut veiller à développer beaucoup plus les partenariats, et de nombreux travaux sont en cours dans ce sens. Nous avons aussi adopté une résolution pour la mise en place d'un plan d'études sur le problème du vieillissement, en cette année de célébration des personnes âgées. Il y a de nombreuses convergences entre la Conférence du Caire et le Sommet de Copenhague, ce qui va dans le sens des recommandations de l'ECOSOC, qui à sa dernière session, recommandait plus de coopération et de coordination entre les Commissions opérationnelles et les grandes conférences. Le Sommet de Copenhague a pris des engagements en matière de lutte contre la pauvreté et de développement social, dont on trouve les grandes recommandations dans les documents présentés à cette Commission par le Secrétariat de l'ONU.

M. GUSTAVO LOPEZ OSPINA, représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a rappelé que lors de la CIPD, le Directeur de l'UNESCO a souligné que la famille est le noyau central de la société et doit jouir d'un rôle prépondérant dans le développement. La seule façon d'assurer le contrôle de la fécondité est de s'assurer qu'un choix judicieux a été fait sur la base d'informations fiables et exactes. Le représentant a souligné l'importance de l'éducation à cette fin. L'éducation, c'est bien plus que la scolarité, cela comprend tous les efforts visant à l'acquisition de connaissances et de savoir-faire, à l'acquisition d'attitudes, de valeurs et de comportements, à l'enseignement de techniques et de procédures, tant dans les écoles qu'en dehors des écoles, a- t-il dit, en évoquant la publication d'une monographie sur "les dynamiques de l'éducation et de la population : mobiliser les consciences pour un avenir durable". M. Lopez Ospina a rappelé l'objectif fixé par le Programme d'action qui est d'assurer l'accès universel à une éducation de qualité, en mettant l'accent sur l'éducation primaire, l'éducation secondaire technique et la formation professionnelle, de lutter contre l'analphabétisme et d'éliminer les inégalités entre les sexes dans l'accès à l'éducation. L'objectif est loin d'être réalisé, a-t-il souligné. Or, l'éducation des femmes a une incidence considérable sur la mortalité et la morbidité infantiles. L'éducation est l'un des meilleurs moyens de changer les attitudes traditionnelles et de créer des valeurs plus égalitaires. Elle joue un rôle critique dans le développement. C'est pourquoi, les efforts de l'UNESCO dans ce domaine sont axés sur la promotion de l'accès universel à tous les niveaux d'éducation, et sur l'amélioration de la qualité et de la pertinence de l'éducation. L'UNESCO est active aux niveaux national et international en faveur de la protection et du respect des droits de l'homme, de la consolidation de la démocratie, et de l'élimination de toutes les formes de discrimination. Dans ce cadre, elle a renforcé ses efforts en faveur des femmes qui sont devenues l'un des groupes prioritaires de ses activités. L'UNESCO promeut également l'éducation préventive en tant que l'un des meilleurs moyens de lutter contre le VIH/sida et l'abus de drogues.

( suivre)

- 11 - POP/706 24 mars 1999

M. JIRO MONTOYA (Colombie) a indiqué que la mortalité a baissé en Colombie, et que la mortalité infantile est passée à 29,8 pour 1 000 naissances, soit 50% en-dessous de la moyenne mondiale. La mortalité maternelle pour sa part, au cours de la période 1990-1995 se situait autour de 80 pour 10 000 naissances, et l'espérance de vie était de 64,3 ans pour les hommes et de 73,2 années pour les femmes. La Colombie considère comme prioritaire la réalisation de certains objectifs dans la mise en application du Programme d'action du Caire. Ces objectifs sont entre autres l'établissement de liens entre la population et les autres domaines du développement, et en particulier la réduction de la pauvreté, les migrations internationales, la préservation de l'environnement et la gestion des ressources. D'autres mesures indispensables concernent la création d'un environnement économique international viable, qui tienne compte des crises financières actuelles et de la chute des coûts des matières premières. Les pays développés devraient, d'autre part, faire davantage d'efforts pour aider à améliorer les capacités humaines dans les pays en développement en ce qui concerne la promotion de services de santé. C'est à cette condition que les pays défavorisés pourront mettre en place les stratégies dont ils ont besoin pour établir des politiques de population et de développement fiables et durables.

M. SHIN SAKURAI, représentant du Forum asiatique des parlementaires sur la population et le développement, a déclaré que les parlementaires asiatiques qui représentent 60% de la population mondiale du Forum avaient joué un rôle de pionniers dans la mobilisation des parlementaires en faveur des questions de population. En collaboration avec d'autres forums régionaux, des conférences ont été organisées en vue de fournir un apport aux conférences des Nations Unies, des débats ont eu lieu sur les liens entre la population et le développement durable. De l'avis du Forum, les questions de population sont au coeur de toutes les autres questions. Le Forum international des parlementaires sur le suivi de la CIPD qui s'est tenu à La Haye a reconnu l'importance d'améliorer la santé génésique et l'habilitation des femmes dans la résolution des problèmes de population, ainsi que la nécessité de mobiliser davantage de ressources dans les domaines de la population et de la santé reproductive. La Déclaration qui a été adoptée appelle les gouvernements à accroître les ressources allouées problèmes de population.

Mme ANITA RAHAMAN, représentante du Centre pour les droits et politiques de la reproduction, a dit que ces droits ne sont pas des droits nouveaux. Ils reprennent une partie des droits fondamentaux de la personne humaine. On ne devrait pas, sans les comprendre, s'opposer aux soins dont ont besoin les femmes lors de la conception et de la maternité. Le droit à la maternité sûre fait partie des mesures que la communauté internationale doit promouvoir. Les droits de reproduction comprennent l'accès à la contraception, y compris le concept de la "pilule du lendemain", qui ne doit jamais être considérée comme une interruption volontaire de grossesse. Mais la femme a aussi le droit de mettre fin à une grossesse non désirée si elle le souhaite.

( suivre)

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Le Sommet du Caire a réaffirmé le droit des femmes à bénéficier de conditions d'interruption de grossesse sans risque. Les gouvernements doivent aussi veiller à satisfaire les droits et les besoins de santé des adolescents, et on devrait chercher à réduire les mariage trop précoces dus à des pratiques culturelles, et l'âge du mariage devrait être fixé au moins à 18 ans et donner aux adolescentes les moyens d'une sexualité sans danger.

M. LAWRENCE CONNEL, représentant de l'organisation non gouvernementale "Park Ridge Center for the Study of Health, Faith and Ethics", a expliqué que la religion compte et fait partie de l'idéologie. Elle décrit le sens de la vie humaine, et les doctrines religieuses ont un impact sur l'organisation sociale de nombreux pays dans le monde. L'influence de la pensée religieuse est importante dans la discussion des questions de population. Il faut donc reconnaître sa capacité à influer sur le Programme d'action. Ce serait une erreur d'essayer de faire taire les voix religieuses, car elles ne vont pas disparaître. Il est temps de les entendre, a-t-il conclu.

M. WOUTER MEIJER, représentant de la Fondation mondiale pour la population, a déclaré que le Forum de La Haye avait été un moment de succès en ce qui concerne les échanges entre les gouvernements, les institutions et la société civile qui travaillent dans le domaine du développement et de la population. Nous y avons discuté des problèmes et obstacles qui se posent à la mise en application du Programme d'action du Caire. L'engagement à faire respecter les droits de l'homme a été réitéré, et les ONG ont pu discuter avec les représentants des Etats et elles se réjouissent que l'on reconnaisse la nécessité d'un partenariat dont elles doivent être parties, et attendent que ce constat se traduise désormais dans les faits.

Mme FRANCES KISSLIN, représentante de l'Organisation catholique pour le libre-choix, a indiqué que l'organisation qu'elle représente, laisse aux femmes le choix en matière de santé génésique et engage les hommes et les femmes à prendre leurs propres décisions dans ce domaine. L'Organisation partage le combat de l'Eglise en faveur des pauvres et s'efforce de répondre aux besoins des femmes en matière de santé, d'éducation et de travail, dans le respect de leurs droits. Les droits et les besoins de la femme représentent les deux faces d'une même médaille, a-t-elle dit. Le Programme d'action du Caire a établi un juste équilibre entre les droits et les besoins dans le respect des croyances de tous. L'Organisation appuie les droits de l'homme et de la femme en matière de santé génésique et estiment qu'ils doivent suivre leur conscience en ce qui concerne l'avortement. La liberté est, en effet, la clé du destin. En dépit de la position de l'Eglise catholique et du Saint- Siège, l'Organisation catholique pour le libre-choix appuie la santé génésique. Il y a trop de femmes qui souffrent des conséquences d'avortements illégaux, de femmes catholiques qui sont attaquées sexuellement et qui ont besoin de moyens contraceptifs. L'Organisation est d'avis que les contraceptifs d'urgence ne provoquent pas un avortement.

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