POP/705

LA COMMISSION DE LA POPULATION ENTAME LES DERNIERS PREPARATIFS DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE SUIVI DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION

24 mars 1999


Communiqué de Presse
POP/705


LA COMMISSION DE LA POPULATION ENTAME LES DERNIERS PREPARATIFS DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE SUIVI DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION

19990324 La Commission de la population et du développement a entamé ce matin ses travaux en tant qu'organe préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994). Il est prévu que cette session extraordinaire se tienne du 30 juin au 2 juillet 1999, étant entendu que les principes et recommandations énoncés dans le Programme d'action ne seront pas renégociés. Présentant le rapport du Secrétaire général sur les mesures proposées pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la CIPD, Mme Nafis Sadik, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population, a émis l'espoir que la session extraordinaire parviendra à un consensus, et que ce consensus ne signifiera pas que chacun doit être d'accord avec chaque mot, ni que chaque disposition s'applique à tous. Un groupe de pays ne peut pas imposer une action aux autres et aucun groupe de pays ne peut interdire des actions que d'autres jugent nécessaires ou adéquates. Les politiques en matière de population sont et resteront des questions relevant de décisions nationales, a-t-elle insisté.

La Commission a entendu Mme Sadik qui a plaidé en faveur de la contraception d'urgence (pilule du lendemain) et d'un plus grand souci de la santé générale des femmes, en particulier les femmes enceintes. La maternité sans danger doit constituer un objectif prioritaire de tous les pays, a-t-elle dit, soulignant que l'un des facteurs clés pour réduire la mortalité maternelle est la réduction du nombre de grossesses non désirées et donc d'avortements.

Parmi les domaines d'action prioritaires, figurent, de l'avis des délégations, l'accès universel aux services de santé, la promotion de la santé génésique et du droit de procréation, la réduction de la mortalité infantile et maternelle, la fourniture de services de base et l'éducation. Pour réaliser pleinement les objectifs du Caire, un engagement politique renouvelé est essentiel, de même que le respect du niveau de ressources défini dans le Programme d'action. L'aide internationale est en effet, pour de nombreux pays, en particulier les pays en développement, une source de financement indispensable des programmes en matière de population.

(à suivre - 1a)

- 1a - POP/705 24 mars 1999

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine); Allemagne (au nom de l'Union européenne); Japon; Chine; Kazakhstan; Inde; République de Corée; Brésil; Bangladesh; et Indonésie.

Les rapports dont est saisie le Comité préparatoire ont été présentés par M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales; Mme Kerstin Trone, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP); et Mme Nafis Sadik, Directrice exécutive du FNUAP.

La Commission avait auparavant élu à sa Présidence M. Anwarul Karim Chowdhury (Bangladesh) et à ses Vice-Présidences Elza Berquo (Brésil); Ross Hynes (Canada); Armi Heinonen (Finlande); Jack Wilmot (Ghana); Patricia Durrant (Jamaïque); Ryu Yamazaki (Japon); Alexandru Niculescu (Roumanie); Jotham Musinguzi (Ouganda); et Mme Gabriella Vukovich (Hongrie) qui occupera également le poste de rapporteur.

La Commission a également adopté son ordre du jour provisoire (E/CN.9/1999/PC/1) et l'organisation de ses travaux (E/CN.9/1999/PC/L.1), telle que modifiée pour permettre à la Commission de la population et du développement de tenir sa dernière séance vendredi matin de 10 heures à 11 heures 30.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

Documentation

Préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale

Rapport du Secrétaire général sur l'examen et évaluation des progrès accomplis dans la réalisation des buts et objectifs du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/1999/PC/2)

Ainsi que l'a demandé la Commission sur la population et le développement à sa 31ème session, l'examen et l'évaluation portent plus précisément sur les chapitres du Programme d'action qui ont été les thèmes centraux des 29ème à 32ème sessions de la Commission, à savoir droits et santé en matière de reproduction; migrations internationales et développement; santé et mortalité; accroissement, structure et répartition de la population. Ce rapport d'examen et d'évaluation met en évidence d'importants changements d'orientation et de conception des programmes, à savoir la prise en compte des liens entre la population et le développement et l'intégration de l'élément démographique à l'ensemble du champ économique et social. Ces réorientations dont on trouvera l'illustration dans les sections suivantes, devraient dans les années qui viennent, produire pleinement leur effet d'accélération de la transition démographique et favoriser une croissance économique soutenue et le développement durable.

Le Programme d'action indique que "l'on ne saurait élaborer des politiques et des programmes, les mettre en oeuvre, en suivre et évaluer l'application sans données valables, fiables, à jour et qui tiennent compte du contexte culturel et soient comparables au niveau international". Il note en outre que "la quantité de données disponibles et les données de base, y compris les statistiques d'état civil concernant les naissances et les décès, restent de qualité inégale et fragmentaires et la continuité des séries chronologiques imparfaite". Cinq ans après la Conférence, la disponibilité, la qualité et la comparabilité des données nécessaires à l'examen et à l'évaluation ne se sont guère améliorées. La remarque s'applique notamment à de nombreux pays de l'Afrique subsaharienne, qui sont encore loin de réaliser les objectifs du Programme d'action, et à certains pays en transition d'Asie et d'Europe, où les conditions de vie semblent se dégrader. Les contraintes financières et autres ont déjà nécessité l'annulation ou le report de certains recensements qui fournissent les données de base des activités de planification nationales et de suivi des progrès réalisés.

Le Programme d'action considère la croissance comme une variable importante du développement. Il précise qu'afin d'atteindre l'objectif ultime qui est d'améliorer la qualité de l'existence des générations actuelles et futures, il convient de faciliter au plus vite la transition démographique vers un régime de faible natalité et de faible mortalité, et donc le ralentissement du taux d'accroissement démographique.

( suivre)

- 3 - POP/705 24 mars 1999

Au milieu de l'année 1998, la population mondiale était estimée à 5,9 milliards, dont 50,4% d'hommes et 49,6% de femmes. Elle augmente chaque année de 78 millions, soit un accroissement moyen annuel de 1,3%. Les quatre cinquièmes des habitants de la planète (4,7 milliards) vivent dans des régions peu développées, contre un cinquième (1,2 milliard) dans les régions développées. Malgré la baisse sensible des taux d'accroissement de la population, l'explosion démographique reste un sujet de préoccupation pour la majorité des pays en développement. Le ralentissement s'explique essentiellement par l'usage plus répandu de méthodes contraceptives efficaces qui permettent aux couples et aux individus de mieux planifier et espacer les naissances. Malgré l'expansion des services de planification familiale et autres services de santé de la procréation, la révolution du libre choix en matière de procréation n'est pas encore achevée et dans certains pays, elle commence à peine; les naissances non désirées et trop rapprochées sont encore monnaie courante. Concernant les naissances, plus des deux tiers des pays développés estiment que leur taux d'accroissement démographique est satisfaisant, mais quelques-uns, de plus en plus nombreux, s'inquiètent de la faiblesse de leur taux et de ses conséquences sur le développement socioéconomique. L'inquiétude concerne parfois moins le taux en lui-même que l'ampleur et la rapidité du vieillissement de la population, et aucune recette éprouvée ne peut-être proposée aux pays à croissance démographique insuffisante.

Au plan de l'éducation et de l'enseignement, malgré les progrès de la scolarisation à tous les niveaux, et malgré le recul de l'analphabétisme, 32 pays enregistrent encore des taux de scolarisation inférieurs à 50% dans le primaire et le secondaire combinés. Dans de nombreux pays, le secteur de l'éducation reste caractérisé par une forte déperdition scolaire, des effectifs par enseignant très élevés et des établissements scolaires insuffisamment équipés. L'hypertrophie des villes constitue l'un des phénomènes majeurs de la deuxième moitié du 20ème siècle, et en 2006 , pour la première fois dans l'histoire, les citadins seront plus nombreux que les ruraux. Cette répartition spatiale déséquilibrée provoque un certain nombre de problèmes, notamment dans les régions en développement, où elle entrave sérieusement les perspectives de développement durable. Un quart seulement des gouvernements sont satisfaits de la répartition géographique de la population de leur pays. Le Programme d'action recommande qu'ils renforcent les capacités et les compétences des villes et des municipalités en matière d'aménagement urbain. Ils pourraient envisager de décentraliser leur système, ce qui implique aussi de confier des prérogatives aux autorités territoriales et locales en matière de dépenses et de leur donner le droit de lever des impôts.

En conclusion, depuis la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), les taux de mortalité ont continué de baisser, et des programmes de santé en matière de procréation sont mis en oeuvre dans de nombreux pays. Quant aux migrations de populations, plusieurs -d'origine et d'accueil- ont pris d'importantes dispositions, en particulier au niveau régional, pour gérer les flux migratoires internationaux par des accords binationaux et multinationaux.

( suivre)

- 4 - POP/705 24 mars 1999

Des ressources sont nécessaires pour atteindre les objectifs fixés, mais l'expérience nationale montre que le succès de l'application du Programme d'action dans chaque pays dépend de façon décisive de l'autorité et de l'engagement du gouvernement ainsi que des priorités qu'il a définies.

Rapport du Forum international chargé de dresser un bilan opérationnel de la mise en oeuvre du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/1999/PC/3)

Le Forum international chargé de dresser un bilan opérationnel de la mise en oeuvre du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), s'est réuni à La Haye aux Pays-Bas du 8 au 12 février 1999. Il s'inscrit dans le cadre de l'examen quinquennal de l'application du Programme d'action de la CIPD, qui s'achèvera par la convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale qui aura lieu du 30 juin au 2 juillet 1999. Le Forum de la Haye a été organisé par le Fonds des Nations pour la population (FNUAP), et a abordé les questions soulevées sur la mise en exécution des recommandations du CIPD et a analysé les progrès réalisés et les problèmes constatés dans la mise en oeuvre du Programme d'action dans chaque pays. Le Forum avait quatre objectifs: examiner les enseignements tirés, les réussites ainsi que les obstacles et les difficultés rencontrés, afin de trouver des solutions qui favorisent la poursuite de l'application du Programme d'action; permettre aux pays bénéficiant d'un programme et se trouvant dans des situations analogues d'échanger leurs données d'expérience; réunir de multiples partenaires afin de recenser les actions qu'ils mènent en faveur de la population et du développement; et fournir des contributions techniques en vue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale. Une enquête mondiale menée par le FNUAP au milieu de l'année 1998 a fourni des éléments qui ont été incorporés dans le document de base établi par le Forum. Elle a permis d'analyser les réponses envoyées par 114 pays en développement et pays en transition, et 18 pays développés ont également répondu. Les données recueillies indiquent les progrès réalisées au niveau national dans la mise en oeuvre du Programme d'action.

Le Forum s'est réuni en séance plénière et dans le cadre d'une grande commission. Aux séances plénières, les chefs de délégation, parmi lesquels figuraient de nombreux ministres, ont dressé le bilan opérationnel de l'application du Programme d'action dans leurs pays respectifs, et les points importants soulevés en séance plénière ont constitué des contributions précieuses aux discussions que le Bureau a consacrées à l'élaboration des mesures proposées. La Grande Commission, pour sa part, s'est réunie six fois, et a examiné les questions de fond portant notamment sur l'égalité entre les sexes et la promotion de la femme; la santé génésique et les droits de la procréation; le renforcement des partenariats, et la mobilisation et la suivi des ressources pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la CIPD. Selon les constatations du Forum, d'importants progrès ont été réalisés en divers domaines: action des pouvoirs publics, nouvelle formulation des programmes, et renforcement du partenariat et de la collaboration aux fins de la mise en oeuvre du Programme d'action de la CIPD.

( suivre)

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Dans de nombreux pays, des modifications ont été apportées aux politiques appliquées, aux dispositions législatives et réglementaires et/ou aux institutions dans le domaine de la population et du développement et dans celui de la santé génésique et des droits en matière de procréation. les progrès dans ce dernier domaine ont été particulièrement nets dans les pays en transition. En outre, dans divers contextes, la démocratisation et les progrès de la transparence dans l'administration des affaires publiques, un surcroît d'activité des associations bénévoles, l'amélioration des communications et la modification des lois et des politiques appliquées permettent d'espérer l'adoption, à bref délai, d'une approche fondée sur la participation, seule garante du succès dans la mise en oeuvre du Programme d'action.

Principales mesures proposées pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/1999/PC/4)

L'objet de ce rapport est de présenter les résultats et les principales conclusions d'une série d'études détaillées, des progrès accomplis et des difficultés dans l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD). Le Programme d'action recommande une série de buts et d'objectifs étroits liés pour la période 1995-215, notamment assurer l'accès de tous à des services complets de santé en matière de reproduction, y compris de planification familiale et de santé en matière de sexualité; réduire la mortalité infantile, postinfantile et maternelle; et garantir l'accès de tous à l'enseignement primaire, en s'efforçant de supprimer l'écart entre les taux de scolarisation des garçons et des filles. Les programmes d'action approuvés par la suite en 1995 au Sommet mondial pour le développement social de Copenhague et à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, et en 1996, lors de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) à Istanbul et au Sommet mondial de l'alimentation à Rome, ont tous permis de réitérer, voire d'enrichir les buts et les objectifs du Programme d'action du CIPD.

Concernant les grandes tendances démographiques, tout au long des années 90, la mortalité infantile et postinfantile a connu une série de baisses appréciables concordant dans l'ensemble avec les objectifs du Programme d'action . Les progrès continuent pour ce qui est de la maîtrise des maladies évitables, de la vaccination d'un nombre croissant d'individus et de la lutte contre les maladies diarrhéiques, ainsi que de la promotion de l'allaitement maternel. La mortalité infantile a été ramenée de 68 à 62 pour 1.000 naissances vivantes de la période 1990-1995 à la période 1995-2000. Mais la mortalité maternelle reste, pour sa part, élevée en Afrique subsaharienne et dans certaines régions d'Asie, et l'espérance de vie a cessé de s'accroître, ou a même diminué, dans certains pays d'Europe de l'Est, -du fait de la recrudescence des tensions sociales, de l'aggravation de l'état nutritionnel des populations et de la détérioration des services sanitaires-, et dans certaines régions d'Afrique subsaharienne - en raison de la pandémie du VIH/sida-.

( suivre)

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Sur un autre plan, la plupart des pays en développement ne disposent pas des infrastructures sanitaires voulues pour desservir le nombre croissant de personnes âgées qui représentent un pourcentage de plus en plus important de la population, et des régimes de sécurité sociale de base font également défaut dans la plupart d'entre eux. Les pays devraient investir plus de ressources dans la recherche sur les conditions de vie des personnes du troisième âge. Ces travaux sont nécessaires pour poser les bases de politiques et de programmes permettant de répondre aux besoins de ce groupe d'âge, et notamment pour mettre en place des stratégies intéressant sa sécurité économique et sociale et pour dispenser en sa faveur des prestations de services d'un coût abordable et qui soient aisément accessibles et adaptés. Les personnes de plus de 60 ans devraient bénéficier de la part de la société civile, des ONG et du secteur privé, de débouchés professionnels afin de leur permettre de continuer à offrir au monde du travail et aux services d'utilité publique leurs compétences, ce, afin de promouvoir une plus grande solidarité entre les générations et d'accroître la stabilité de la société. Concernant les migrations internes et internationales de populations, on constate que dans les pays en développement, l'exode massif des populations des zones rurales vers les zones urbaines a créé de vastes mégapoles et d'immenses taudis périurbains. Ces migrations ont souvent pour effet d'aggraver les pressions qui s'exercent sur les marchés immobiliers, les infrastructures urbaines, les systèmes de transports et les services sociaux de base déjà saturés. En outre, la famine, la guerre civile et les conflits ethniques déplacent des groupes entiers de population. Pour résoudre les problèmes relatifs aux migrations internationales, de nombreux pays d'origine et de pays d'accueil ont entamé un dialogue et des négociations aux niveaux bilatéral et sous-régional. Plusieurs pays ont signé des accords de réadmission, qui permettent de protéger les droits fondamentaux des migrants, et d'autres ont lancé ou renforcé des programmes de réinstallation et de réinsertion pour réfugiés et rapatriés. Mais il est difficile de mettre en place de véritables processus de concertation du fait de l'absence de données et d'études fiables sur les flux migratoires, et en particulier, s'agissant d'évaluer les effets bénéfiques des migrations, de prendre les mesures qui s'imposent en matière de droits de l'homme et de santé et d'analyser les problèmes politiques et écologiques engendrés par les mouvements de population souvent imprévus et incontrôlables. Des initiatives devraient être prises par les gouvernements en vue de redoubler d'efforts pour préserver les droits fondamentaux des migrants, quel que soit leur statut juridique, en surveillant les violations des droits de l'homme et en imposant des sanctions aux violateurs de ces droits. Ces mesures devraient aussi s'efforcer de prévenir le trafic international de migrants, notamment de femmes et d'enfants vendus aux fins d'exploitation sexuelle.

( suivre)

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Concernant les questions de la pauvreté, de l'environnement et du développement économique, on constate que les pays sont de plus en plus exposés aux effets préjudiciables de la mondialisation, et les guerres et les rivalités ethniques qui dégénèrent en conflit, les catastrophes naturelles et l'inefficacité des structures gouvernementales n'ont fait qu'intensifier la pauvreté et la détérioration de l'environnement à laquelle contribuent aussi les déséquilibres des modes de production et de consommation. Pour répondre à ces menaces, les gouvernements des pays développés devraient engager des efforts pour sensibiliser le public à la nécessité de réduire leur consommation, promouvoir l'utilisation durable des ressources, et travailler de concert pour prévenir la détérioration de l'environnement. De leur coté, les gouvernements des pays en développement, avec l'aide de la communauté internationale et des donateurs, devraient intensifier le dialogue entre les organismes de planification, les ministères chargés de l'action sociale et les ministères des finances afin d'appeler l'attention sur les liens qu'il y a lieu d'instaurer entre les politiques macroéconomiques et les politiques sociales et de faciliter le processus. Ils devraient aussi s'efforcer de mieux faire prendre conscience aux responsables et aux décideurs des relations qui existent entre la population, la pauvreté, l'environnement, les ressources et le développement et d'améliorer les méthodes à suivre pour la formulation des politiques et le suivi de leur application.

Présentation des rapports

M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, introduisant le rapport du Secrétaire général sur la revue quinquennale de la mise en application des objectifs du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), a observé que le monde vit une véritable révolution démographique à l'heure actuelle. C'est une période de transition démographique qui se caractérise par une modification des taux élevés de fertilité et de mortalité. Nous abordons désormais une phase de bas taux de natalité et de décès qui affectent tous les aspects de l'existence humaine. Cette transition a commencé il y a plusieurs siècles en Europe, et durant les 50 dernières années, nous avons connu la plus grande augmentation de population que notre monde ait jamais connue. L'espérance de vie a pour sa part augmenté, et les agglomérations urbaines de nos pays ont connu une croissance sans précédent, les habitants des villes devenant bientôt plus nombreux que ceux des zones rurales.

Concernant la stabilisation de la population mondiale, les choses semblent aller en ce moment dans la bonne direction. Des progrès sont faits dans la lutte contre la pauvreté, l'amélioration de la sécurité alimentaire et des soins de santé destinés aux populations. Les soins de santé reproductive, quant à eux, se répandent dans le monde et de plus en plus de couples ont accès à la contraception et au planning familial.

( suivre)

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De nombreux pays ont aussi pris des mesures en vue de mieux comprendre et gérer les migrations internationales de population, et les partenariats se multiplient pour une meilleure formulation de politiques gouvernementales et intergouvernementales sur ce sujet. Sur d'autres plans, de nombreux défis restent à relever, comme la lutte contre la pandémie du sida qui touche de plus en plus des populations jeunes et actives; la réduction de la mortalité infantile et maternelle; l'amélioration des prestations de soins de santé; la fourniture de services de base comme l'adduction d'eau potable et de rations alimentaires suffisantes aux populations, et la gestion de la croissance urbaine. L'éducation de tous les enfants du monde et la solution des problèmes que posent les migrations internationales restent aussi des questions auxquelles il faut trouver des réponses. Le manque de ressources se fait, quant à lui, ressentir ces dernières années, l'aide au développement international ayant fortement déclinée au cours des dernières décennies. En 1997, par exemple, il a été constaté que les pays de l'OCDE ont versé le plus bas niveau d'aide publique au développement depuis 1950, et pour ramener cette aide au niveau qu'elle avait atteint au niveau des années 90, il faudrait l'augmenter aujourd'hui de 50%.

Mme KERSTIN TRONE, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population, au nom du Président du Forum de La Haye, M. Nicolaas Biegman, a fait un compte rendu du Forum en observant que trois points ont reçu une attention particulière, à savoir la situation de la jeunesse, les actions à mettre en oeuvre contre la pandémie du sida et les ressources nécessaires pour mettre en application le Programme d'action de la CIPD. En ce qui concerne la jeunesse, elle a noté qu'1,5 milliard de jeunes n'ont pas accès à l'information sur la santé génésique et sur le sida. Nous pouvons les aider, et par là, faire la différence, notamment quand les familles ne peuvent fournir à leurs enfants les informations nécessaires. Les écoles peuvent jouer un rôle important dans la promotion de l'éducation sexuelle, une éducation que les populations ne devraient pas percevoir comme une source de permissivité et d'encouragement à la promiscuité. La pandémie du sida s'étend de plus en plus et touche aujourd'hui plus de 40 millions d'individus, et selon les études disponibles, 11 personnes sont chaque jour infectées par la maladie. La prévention de cette pandémie passe par l'usage généralisé des préservatifs auxquels beaucoup de populations n'ont malheureusement pas accès, ou par l'abstinence. Mais, dans certains pays, les femmes semblent sans défense face aux comportements culturels et les gouvernements devraient prendre des mesures en ce sens pour protéger les populations féminines. Concernant les ressources pour la mise en exécution du Programme d'action du Caire, il faudrait chaque année des investissements de l'ordre de 17 milliards de dollars, qui sont difficilement disponibles. Les pays en développement n'ont pas les moyens de la politique qui leur est préconisée, et les travaux ainsi que les efforts déployés seront vains si l'on ne trouve pas le financement indispensable pour la mise en application des recommandations du Caire. Sur ce point, faudrait-il peut-être faire appel aux entreprises et aux sources de financements privées.

( suivre)

- 9 - POP/705 24 mars 1999

Les questions de santé des femmes et de leurs droits ont été examinées à La Haye. La mortalité maternelle a été au centre des soucis du Forum. La pauvreté, la dette et la dégradation de l'environnement, de même que le vieillissement des populations ont aussi été discutés au Forum de La Haye, et compte tenu du consensus réalisé, cette session préparatoire peut contribuer à jeter les bases d'un processus de réponse à ces questions.

Mme NAFIS SADIK, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a estimé que l'une des réalisations principales de la CIPD était d'avoir redéfini le domaine de la population et transformé la perception de la population et de sa relation au développement. Elle a souligné, parmi les autres réalisations essentielles, le fait que l'acceptation du droit à la santé génésique avait pour la première fois introduit une dimension sexospécifique dans les politiques et programmes en matière de population, ce qui s'est notamment traduit par davantage d'actions contre la violence et l'oppression fondées sur le sexe, ainsi qu'en faveur du renforcement du rôle et des droits des femmes. Le partenariat devient la marque de succès des programmes et la participation des ONG a été cruciale dans la réussite de la CIPD et de nombreux succès depuis. Au niveau des pays, les politiques en matière de population sont aujourd'hui considérées comme ayant des liens avec les autres politiques nationales. Au niveau international, toutes les conférences qui se sont tenues au cours des cinq dernières années ont parlé de la CIPD. Grâce à la CIPD, lorsque l'on parle de la population aujourd'hui, on parle de la santé génésique des femmes et de leurs droits de procréation. On parle d'éducation et d'habilitation, d'égalité et d'équité. On parle du droit au développement personnel et du libre choix. On comprend aujourd'hui que le libre arbitre est au coeur du développement et que l'essence du libre arbitre est le pouvoir de choisir.

Mme Sadik a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur les principales mesures proposées pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement. Elle a souligné que celui-ci ne visait pas à couvrir toutes les questions de développement. C'est ainsi que les questions de pauvreté, les questions sexospécifiques, environnementales ou d'éducation seront examinées en détail dans le cadre de l'examen du suivi des conférences internationales pertinentes. Les propositions d'actions ont été formulées en vue d'être largement acceptées. Nous espérons parvenir à un consensus lors de cette réunion, mais le consensus ne signifie pas que chacun doit être d'accord avec chaque mot, ni que chaque disposition s'applique à tous, a souligné Mme Sadik. Un groupe de pays ne peut pas imposer une action aux autres et aucun groupe ne peut interdire des actions que d'autres jugent nécessaires ou adéquates, pour autant qu'elles soient conformes aux principes internationaux. Les politiques en matière de population sont et resteront des questions relevant de décisions nationales, a-t-elle insisté.

( suivre)

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Mme Sadik a passé en revue les mesures proposées dans les différents domaines. En ce qui concerne les droits de procréation et la santé génésique, elle a souligné les difficultés liées au fait qu'il s'agit de termes nouveaux et non familiers, qui ne se traduisent pas facilement dans un certain nombre de langues. Cette situation a causé des malentendus en ce qui concerne le contenu de ces termes. Il doit être clair que ces termes ne contiennent rien de répugnant ou d'offensif moralement. C'est plutôt le contraire : ils représentent l'expression la plus haute de valeurs éthiques fondamentales auxquelles toutes les sociétés et toutes les cultures peuvent adhérer avec fierté, a-t-elle insisté. La contraception d'urgence a fait l'objet de discussions. Or, de nombreuses femmes ont besoin de ce type de contraceptif, y compris celles qui ont été violées. Lorsqu'elles ne peuvent pas se protéger, elles risquent en effet de recourir à un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions. Or, il existe un moyen bien connu et testé de protéger les femmes d'une grossesse, après les faits qui est la pilule du lendemain. L'Organisation mondiale de la santé et toutes les autorités médicales sont d'accord pour dire que cette pilule n'est pas abortive. Les contraceptifs oraux sont utilisés par des dizaines de millions de femmes pour prévenir les grossesses. Laissons-nous guider par la science et le bon sens dans nos débats sur la contraception d'urgence, a plaidé Mme Sadik, estimant particulièrement important que les services médicaux soient au fait de l'existence du contraceptif d'urgence et qu'il puisse être utilisé pour prévenir des grossesses, lorsque les femmes le souhaite.

Alors que l'on reconnaît que la famille est au centre de la société et bien que les mères soient révérées au centre de la famille, trop peu est fait pour protéger la maternité. Il faut accorder davantage d'attention à la santé générale des femmes et mettre à la disposition des femmes enceintes des soins médicaux. La maternité sans danger doit constituer un objectif prioritaire de tous les pays. Il semblerait que certaines délégations soient contre la maternité sans danger, a dit Mme Sadik, soulignant son incompréhension et souhaitant que ce ne soit pas le cas. L'un des facteurs clés pour réduire la mortalité maternelle est de réduire le nombre de grossesses non désirées et donc le nombre d'avortements, a-t-elle poursuivi. Comme le souligne le Programme d'action, l'avortement ne doit pas être promu en tant que moyen de planning familial, mais il faut qu'il soit clair que la seule façon de diminuer les avortements est d'assurer que des moyens de contraception modernes, sûrs et appropriés sont disponibles et accessibles à toutes les femmes qui le souhaitent, afin de pouvoir empêcher les grossesses non désirées, a-t-elle insisté.

Mme Sadik a jugé réalistes les propositions présentées dans le rapport du Secrétaire général. Elles se situent dans le cadre d'action des institutions et mécanismes existants, ne requièrent pas d'initiatives politiques exceptionnelles, ni d'avancées technologiques spectaculaires, ni de changements drastiques des valeurs humaines.

( suivre)

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Elles sont, au contraire, fondées sur la réalité d'aujourd'hui, reflétant des valeurs éthiques universelles. Avec une petite fraction de la richesse du monde, on garantirait aux pauvres et aux personnes désavantagées les privilèges et les conditions que les plus riches considèrent comme un dû. Ces propositions requièrent uniquement la volonté, un engagement renouvelé de tous les pays pour traduire les paroles en action, a conclu Mme Sadik.

Débat général

Mme JUNE A. PERSAUD, (Guyana), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les pays de ce Groupe parlent d'une seule voix concernant l'importance de la mise en oeuvre effective du Programme d'action de la CIPD. Nous reconnaissons que le principal obstacle à la pleine mise en exécution des recommandations du Caire est celui de la rareté des ressources financières. La Conférence du Caire avait spécifié les montants de ressources nécessaires, à la fois sur les plans nationaux et extérieurs, pour la mise en application du Programme. Mais nous tenons ici à tirer l'alarme sur la réduction dramatique des flux de ressources extérieures, que le plan du Caire avaient estimé à environ 5,7 milliards de dollars en l'an 2000. L'état actuel des ressources montre en fait que le déficit de ces estimations sera de 3,8 milliards, ce qui veut dire que 33% seulement des objectifs visés pourront être atteints. Dans le domaine de l'éducation de base pour tous les enfants, garçons et filles, nous pensons que si une aide adéquate leur était dispensée, les pays en développement pourraient atteindre cet objectif en l'an 2015.

Le groupe des 77 et la Chine entendent pleinement participer aux travaux de cette session préparatoire, et nous espérons que le processus en cours tiendra compte de nos apports et de nos expériences particulières, et que nos vues seront reprises dans les documents finaux. Pour une meilleure participation de notre Groupe aux travaux en cours, nous demandons que le programme de travail soit élaboré de manière à permettre aux petites délégations de participer à toutes les sessions, aussi bien celles de la plénière que celles des groupes de travail.

M. KLAUS-HENNING ROSEN (Allemagne), au nom des pays membres de l'Union européenne, des pays associés d'Europe centrale et orientale, de Chypre et de l'Islande, s'est félicité de ce qu'il n'y aura pas de réouverture des engagements pris lors de la CIPD. L'Union européenne est d'accord de mettre davantage l'accent sur le lien entre la santé le développement et sur la nécessité que les gouvernements investissent dans la santé et dans la santé génésique. Il faut accorder davantage d'attention à la satisfaction des besoins des plus pauvres dans le domaine de la santé et de la santé génésique. Il faut fixer davantage de jalons stratégiques pour l'action qui permettra d'atteindre les objectifs de la CIPD jusqu'en 2015, en particulier en ce qui concerne la santé maternelle, la prévention du HIV et les services de santé génésique. Il faut identifier des "champions mondiaux" de la santé génésique, du sida et de la santé maternelle pour renforcer le rôle de chef de file de l'ONU et pour parvenir à une plus grande cohérence au niveau du système.

( suivre)

- 12 - POP/705 24 mars 1999

Des appels à une action plus ferme dans les domaines de la santé maternelle, de l'égalité entre les sexes, et de la lutte plus ferme contre le sida doivent être lancés. Il faut renforcer l'accent sur les besoins spécifiques des adolescents en matière de santé génésique et sexuelle. Il faut reconnaître la nécessité de partenariats stratégiques à long terme entre les gouvernements, les organisations de l'ONU et les bailleurs de fonds. Il faut des politiques plus vigoureuses en ce qui concerne le vieillissement. Il importe également d'entreprendre une action politique plus ferme dans le domaine des migrations. Il est, en outre, essentiel de dégager des ressources nouvelles. Enfin, la situation dans les pays en transition qui connaissent de graves problèmes en ce qui concerne les taux de mortalité et de morbidité et dans le secteur de la santé, mérite toute l'attention et tout le soutien.

Pour l'Union européenne, les actions clés futures doivent être le principal souci lors de la préparation de la session extraordinaire. Face au vieillissement de la population qui représente un défi complexe, il faudra poursuivre les études et les recherches, identifier les priorités et s'attaquer aux incidences de ce phénomène dans tous les domaines. L'égalité entre les générations, et entre les sexes, mérite également davantage d'attention. Il faudrait fournir davantage d'appui aux personnes âgées pour qu'elles puissent jouer un rôle productif. Les avantages et les inconvénients en matière de migrations internes et internationales doivent être étudiés. Il faut renforcer la coopération entre les pays d'origine, de destination et de transit, poursuivre les études et rassembler les données disponibles sur cette question. Pour l'Union européenne, il est prioritaire de s'attaquer aux réseaux criminels qui se livrent au trafic de migrants.

La santé des plus pauvres doit recevoir une priorité plus élevée dans les projections de dépenses nationales, a estimé le représentant. L'éducation pour tous reste un objectif encore lointain. c'est pourquoi, il est urgent de reconnaître que l'éducation est au coeur de la promotion des femmes et des fillettes, et du développement. Trop de femmes, et surtout de femmes pauvres, se voient encore refuser le statut qui devrait être le leur tout au long de leur vie. Ce domaine doit être prioritaire dans le futur. L'examen de suivi doit se faire en parallèle avec la préparation de Beijing+5 et l'accent doit être mis sur la violence contre les femmes. Au coeur de cette question, résident le droit de procréation et la santé génésique. L'Union européenne préconise une action internationale plus concertée et plus cohérente sur les thèmes clés de la CIPD pour accélérer la mise en oeuvre du Programme d'action. Elle souhaite un engagement total des organisations de l'ONU et des organisations hors du système envers la réalisation des objectifs de la CIPD. Les gouvernements ont la principale responsabilité de créer un environnement favorable dans le cadre duquel les problèmes de population et de développement jouissent d'une plus grande attention. L'engagement politique est l'un des facteurs essentiels de progrès. A côté de cela, il faut veiller à assurer une mobilisation financière internationale. Il faudrait notamment redoubler d'efforts pour réaliser l'objectif de 0,7% de l'aide publique au développement. L'Union européenne, en tant que donateur majeur, estime qu'il faut surveiller les courants de ressources et améliorer l'utilisation des ressources disponibles pour obtenir un impact maximum.

( suivre)

- 13 - POP/705 24 mars 1999

M. RYUICHIRO YAMAZAKI (Japon) a déclaré que de nombreux changements se sont produits depuis la Conférence du Caire, il y a cinq ans en matière de tendances démographiques, changements qui sont plus préoccupants que nous ne l'avions pensé au départ. Les difficultés que connaît le monde doivent nous encourager à déployer davantage d'efforts et de moyens pour assurer la survie et la sécurité de l'humanité. Les menaces auxquelles nous faisons face comprennent les crimes et la violence, le trafic des femmes et des enfants, l'exode des réfugiés dans certaines parties du monde, les maladies infectieuses comme le VIH/sida, la pauvreté, les drogues, et la dégradation effrayante de l'environnement; toutes ces questions étant comprises dans le Programme d'action adopté au Caire. Le Japon a renforcé sa contribution dans la recherche de solutions à ces problèmes, en vue d'aider les pays en développement à mettre en application le Programme d'action du Caire. Nous avons lancé une initiative internationale sur les questions de la population et du sida en 1994, dans le cadre de laquelle nous comptons fournir des financements de l'ordre de trois milliards de dollars en l'an 2000. Ces ressources comprennent des prêts d'aide au développement, des donations et des opérations de coopération technique. Depuis 1994, le Japon a lancé des séries de projets en matière de population dans un certain nombre de pays, et nous avons été le plus grand donateur de fonds au FNUAP et aux programmes de planification familiale. Notre pays reconnaît, sur un autre plan, l'importance des initiatives locales lancées sur le terrain par les organisations non gouvernementales, ceci dans des zones où bien souvent les gouvernements et les institutions internationales ne sont pas capables de dispenser les services dont les populations ont besoin. Nous avons dans ce domaine intensifié notre soutien, dans le cadre de notre coopération bilatérale en matière de population. Au niveau national, le Japon, comme beaucoup de pays développés, devra faire face dans les années qui viennent, au vieillissement de sa population et à la réduction drastique de sa natalité. Selon nos statistiques nationales, 25% de notre population seront âgés de plus de 65 ans en l'an 2015, et ce chiffre devrait atteindre 32% en l'an 2050. La question du vieillissement de la population et celle du faible taux de fertilité sont des problèmes que le Japon essaiera de résoudre.

M. YANG KUIFU (Chine) a dit que son Gouvernement partage pleinement le point de vue de la CIPD selon lequel la population et le développement sont étroitement liés. Notre pays a mis en place une politique de développement économique et social durable qui intègre des considérations sur la population, les ressources et la protection de l'environnement. Notre Gouvernement a récemment tenu une conférence de travail sur la population et les ressources et l'environnement à Beijing. Cette réunion à laquelle prenaient part les décideurs de notre pays, a estimé que la question de la population est le problème clef à résoudre si nous voulons atteindre nos objectifs de développement durable. Notre pays met aujourd'hui en oeuvre dans ce domaine une politique globale et intégrée. La planification familiale est intégrée au développement des zones rurales, dans la lutte contre la pauvreté et l'aide que nous dispensons aux fermiers en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie.

( suivre)

- 14 - POP/705 24 mars 1999

Cette stratégie holistique situe la personne au coeur du programme et promeut des mesures d'information, d'éducation et de communication pour que des soins améliorés et adéquats soient de plus en plus accessibles aux populations. Le rapport du Secrétaire général montre que la mise en application du Programme d'action de la CIPD , est confrontée, notamment dans les pays en développement, à des obstacles politiques, et au manque de ressources financières. Ces barrières devraient être éliminées par une meilleure coopération internationale. Notre pays compte en ce moment 1,24 milliard d'habitants, et chaque année notre population s'accroît de 12 millions de personnes. La stabilisation de la population de la Chine est donc non seulement critique pour l'équilibre de notre nation, mais aussi pour l'équilibre du reste du monde, et dans ce cadre nous aimerions développer notre coopération avec les autres pays en vue d'une application harmonieuse du Programme d'action de la CIPD.

Mme AKMARAL ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a appuyé les recommandations du Secrétaire général concernant la poursuite de l'application du Programme d'action de la CIPD. Il s'agit d'une bonne base d'analyse et de discussion qui reflète les progrès et les obstacles rencontrés dans la mise en oeuvre du Programme d'action de la CIPD, a-t-elle dit. Le rapport traite dans une certaine mesure de la situation des pays en transition, sans toutefois aborder suffisamment les problèmes de population qui affectent l'Asie centrale. Lors d'une réunion régionale de suivi au Forum de La Haye qui s'est tenue les 11 et 12 mars derniers à Almaty, les participants ont examiné les perspectives de coopération en vue de la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire et ont préparé des propositions et recommandations en vue de la session spéciale de l'Assemblée générale. De l'avis des participants, la mention des catastrophes naturelles ne reflète pas suffisamment les problèmes liés aux conséquences à long terme sur la situation démographique dans son ensemble et la santé des populations affectées, en particulier la santé des femmes et leur fécondité.

Les pays de la région sont particulièrement préoccupés par la dégradation continue de l'environnement, en particulier les effets des essais nucléaires menés dans l'ancien site nucléaire de Semipalatinsk, l'enfouissement des déchets radioactifs de l'ancienne Union soviétique, l'assèchement de la mer d'Aral et l'augmentation du niveau de la mer Caspienne. En outre, les flux importants de réfugiés et de personnes déplacées qui font peser un fardeau important sur le développement des ressources humaines, constituent une question essentielle pour la région. Les participants au Forum souhaitent que ces problèmes soient pris en compte par la session spéciale. Ils ont, en outre, prié instamment le FNUAP à prendre ces priorités régionales en considération lors de la préparation des programmes de pays pour les cinq prochaines années. La région a également besoin d'une aide financière de la communauté internationale et du transfert de technologies et de connaissances. Il est important de réaliser l'objectif de 0,7% de l'aide publique au développement si l'on veut accélérer la réalisation du Programme d'action de la CIPD, a conclu la représentante.

( suivre)

- 15 - POP/705 24 mars 1999

M. Y. N. CHATURVEDI, Secrétaire au Département du bien-être familial de l'Inde, a dit qu'en Inde les soins de santé primaires sont dispensés à la fois par un système de santé gouvernemental et par des structures privées, qui sont devenues plus importantes que celles du Gouvernement. Notre politique en matière de procréation et de santé reproductive s'efforce de limiter le recours à l'avortement en mettant en place des programmes de contraception accessibles à la majorité des femmes. Nous voulons accorder la priorité à la participation des femmes et au partenariat en matière de santé génésique, et nous essayons aujourd'hui de réduire la mortalité maternelle, en mettant en place au niveau des districts des mesures d'assistance aux femmes et aux jeunes filles. L'éducation au niveau primaire nous semble fondamentale, notamment pour la petite fille, et nous mettons en place des programmes scolaires plus sensibles à leurs besoins.

Concernant la mise en place des recommandations de la CIPD, notre pays a pris des mesures en vue d'élaborer un système de soins décentralisé et de qualité qui soit accessible à tous sur le plan national. Nous pensons que les gouvernements doivent, d'autre part, travailler en vue de mieux comprendre les interconnexions entre la mondialisation de l'économie et les déplacements de populations qui génèrent des questions que nous ne connaissons pas auparavant en matière de santé et de population. Nous sommes un pays démocratique, résolu à augmenter les dépenses dirigées vers le développement social et il faudrait respecter les termes de l'Initiative 20/20 et assurer à tous les pays les ressources dont ils ont besoin pour la mettre en oeuvre.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a estimé que la session extraordinaire devait permettre de revitaliser les engagements pris lors de la Conférence du Caire. Parmi les questions nécessitant des mesures de mise en oeuvre complémentaires, il a mentionné la nécessité de renforcer la disponibilité des services de planning familial, en particulier dans les pays en développement, afin de faire baisser les taux de fécondité. Il faut veiller à réaliser l'engagement pris au Caire en faveur de l'accès universel aux soins de santé génésique d'ici à 2015. Il faut examiner l'impact des changements démographiques sur les structures socioéconomiques afin que les sociétés soient mieux équipées et que les institutions soient capables d'aborder un grand nombre de problèmes liés à l'évolution de la structure de la population. Des efforts complémentaires doivent être réalisés pour que les soins en matière de santé génésique deviennent une question politique prioritaire. Une approche plus globale doit être développée pour fournir des services adéquats dans ce domaine. La question de l'avortement dans de mauvaises conditions demeure un problème sérieux. Il faut d'urgence adopter des mesures préventives et fournir des services appropriés pour remédier à cette situation. Etant donné l'augmentation des activités sexuelles et des grossesses précoces, la santé sexuelle et reproductive mérite une attention particulière. A cet égard, les échanges d'informations et l'éducation en faveur d'un comportement sexuel responsable des adolescents doivent être promus de manière systématique.

( suivre)

- 16 - POP/705 24 mars 1999

De l'avis de la République de Corée, il importe également de renforcer l'égalité entre les sexes et la promotion des femmes, sans quoi on ne pourra réaliser de réels progrès. Enfin, il faut revitaliser les engagements politiques en faveur de la mobilisation des ressources financières nécessaires pour la mise en oeuvre du Programme d'action.

Mme ELZA BERQUO (Brésil) a déclaré que la mise en application du Programme d'action du Caire a coïncidé au Brésil avec la mise place de nouvelles administrations aux niveaux fédéral et étatique. La période 1995- 1998 a été au Brésil celle de la consolidation de la démocratie, après la période d'instabilité 1989-1992. Dans la réforme opérée au niveau national en matière économique et social, le besoin s'est fait ressentir de mettre en place des mesures de lutte contre la pauvreté et d'assurer un meilleur fonctionnement des services sociaux. Mais depuis le mois d'octobre 1997, nos efforts dans ce domaine ont été affectés par la crise financière internationale, qui a entraîné l'adoption de mesures d'austérité. Mais, malgré ces revers, notre pays a cependant pu créer un environnement favorable à l'expansion et à l'amélioration des services de santé reproductive, et l'éducation a été reconnue comme une priorité pour laquelle nous nous sommes fixés des objectifs à atteindre aux niveaux primaire et secondaire jusqu'en l'an 2007, objectifs qui se situent au niveau de l'accès de tous à l'école et de l'amélioration des programmes enseignés. Notre gouvernement met aussi dans le même temps en place une nouvelle architecture nationale dans les domaines de la réduction de la pauvreté et de la réforme foncière et agraire, et nous procédons aussi à l'élaboration de programmes de formation destinées à notre main-d'oeuvre pour mieux l'adapter au nouvel environnement international.

M. AMANULLAH, Ministre d'Etat pour la santé et le bien-être de la famille du Bangladesh, a indiqué que son pays avait enregistré des succès remarquables dans la transition démographique malgré des difficultés économiques considérables. Ces succès ont été rendus possibles grâce, notamment, à un engagement soutenu du Gouvernement, une approche visant à fournir des services de soins primaires et de santé génésique, la collaboration active entre le Gouvernement et les ONG, le soutien de la société civile, le rôle proactif des médias, la promotion de l'éducation et, en particulier, celle des fillettes, et la promotion économique des femmes, par le biais notamment de programmes de micro-crédit. Le Bangladesh souhaite que ces progrès lui permette, en ce qui concerne le taux de fécondité, d'atteindre un niveau de remplacement de la population d'ici à 2005. De nombreux défis doivent toutefois encore être surmontés car 50% de la population est âgée de moins de 15 ans, la santé des adolescents constituant ainsi l'un des principaux défis.

Le Bangladesh a réalisé des progrès importants dans la mise en oeuvre du Plan d'action national qu'il a adopté à la suite de la Conférence du Caire. Toutefois, beaucoup reste encore à faire. Les contraintes financières demeurent le principal obstacle à la réalisation des objectifs fixés.

( suivre)

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Or, dans de nombreux pays, en particulier dans les pays les moins développés, le financement des programmes en matière de population dépend des donateurs et sans les ressources adéquates, le Programme d'action de la CIPD ne pourra être mis en oeuvre. Partant, M. Amanullah a appelé au renforcement des ressources du FNUAP.

M. SISWANTO AGUS WILOPO (Indonésie) a dit que son pays, le quatrième pays le plus peuplé du monde, accorde une attention spéciale aux recommandations de la Conférence du Caire. Nous sommes satisfaits des progrès effectués dans le cadre de la préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée général sur la population, a dit le délégué. Il existe des liens qui se renforcent mutuellement entre la population et le développement, et en Indonésie, nous pensons que toutes les politiques dans ces secteurs, doivent être basées sur le respect de la personne humaine. D'après les chiffres qui nous sont soumis, la population mondiale devrait atteindre les 6 milliards en l'an 2000. Mais nous aimerions qu'en dehors de ces chiffres globaux, on porte plus d'attention à la situation de chaque pays, des disparités croissantes se faisant de plus en plus jour entre pays développés et pays en développement. Concernant les politiques générales de développement et de la population, nous constatons que malgré les engagements pris lors des différents forums internationaux, et malgré notre ferme engagement à mettre en application le Programme d'action du Caire, la crise économique actuelle et ses conséquences politiques, environnementales et sociales posent des défis sérieux qui ont affecté toutes nos priorités et toutes nos prévisions à court et moyen termes. Mais nous tenons à remercier nos partenaires extérieurs, grâce à qui nos objectifs de mise en place du Programme d'action du Caire ont pu dans une certaine limite, être préservés. Il faudrait cependant, dans le cadre de la réalisation de ces objectifs, que la prochaine session extraordinaire réaffirme les engagements pris au Caire, au moment où les pays en développement, malgré les difficultés qu'ils rencontrent, ne ménagent pas leurs efforts en vue de respecter leur part du consensus. Nous demandons sur ce plan aux pays développés de tenir parole, car leur échec à fournir l'assistance en ressources à laquelle ils s'étaient engagés, a entraîné des conséquences sérieuses et négatives sur les nations du Sud. Le refus de verser les engagements financiers requis s'est traduit par la remise en cause des programmes destinés à la mortalité des enfants et des femmes enceintes, et le manque de moyens a laissé le champ libre à la propagation de la pandémie du VIH/sida.

Prenant la parole en fin de débat, Mme SADIK a estimé que les préparatifs de la session extraordinaire avaient pris un bon départ. Elle a déploré que certains groupes aient distribué des documents, imprimés indûment sur du papier à en-tête des Nations Unies, et critiquant le travail de l'ONU et de la communauté internationale et laissant entendre que certains ne savent pas quels sont les engagements pris par leur pays. Mme Sadik a invité les délégations à étudier soigneusement les documents qui leur sont soumis.

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