POP/704

LES DELEGATIONS S'INQUIETENT DE L'IMPACT DES MIGRATIONS SUR LES CONDITIONS SOCIOECONOMIQUES DES PAYS

23 mars 1999


Communiqué de Presse
POP/704


LES DELEGATIONS S'INQUIETENT DE L'IMPACT DES MIGRATIONS SUR LES CONDITIONS SOCIOECONOMIQUES DES PAYS

19990323 L'impact des migrations internationales et internes sur les conditions socioéconomiques des pays a été mis en avant par plusieurs délégations lors de la conclusion ce matin du débat de la Commission de la population et du développement sur les mesures à prendre pour donner suite aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994), et la situation démographique dans le monde. Le manque de données sur les mouvements de population ne permet toutefois pas d'en mesurer exactement les conséquences. Les Philippines, dont un million de ressortissants travaillaient à l'étranger en 1985, ont mis l'accent sur le fait que le départ d'un tel nombre de travailleurs peut créer des problèmes économiques dans le pays d'origine. D'un point de vue social, on constate en outre la désintégration des familles affectées par ce phénomène. La représentante a demandé la réalisation d'une étude approfondie sur la situation des travailleuses migrantes qui, en raison de leur sexe, sont particulièrement vulnérables à l'exploitation. A la fois pays d'accueil, de destination et de transit de migrants, la Turquie a appuyé la tenue d'une conférence internationale sur les migrations et le développement. Parallèlement aux déplacements internationaux de population, de nombreux pays connaissent également des mouvements migratoires internes qui affectent négativement leur croissance urbaine. Ainsi, la Turquie qui a vu sa population urbaine tripler au cours des dernières années, a attiré l'attention sur les problèmes sociaux engendrés par le chômage croissant, la spéculation immobilière, les difficultés d'approvisionnement en eau et en énergie, et un niveau élevé de la pollution urbaine.

Les représentants des Philippines, de la Malaisie, de la Turquie, et le représentant de l'Organisation mondiale de la santé ont fait une déclaration. M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population, a répondu à leurs observations et commentaires.

La Commission a ensuite clôturé son débat sur ses travaux au cours des cinq années à venir, et sur l'exécution du programme et futur programme de travail du Secrétariat dans le domaine de la population. M. Chamie a présenté les rapports sur ces questions.

(à suivre - 1a)

- 1a - POP/704 23 mars 1999

Les représentants de la Suède, de la République de Corée, du Canada, et de l'Inde, ainsi que l'Observateur du Saint-Siège et la représentante de l'Organisation non gouvernementale "Eagle Forum" ont fait des commentaires. Il a notamment été suggéré de poursuivre les études concernant la mortalité. Commentant le projet "Initiative Internet pour la population", proposé par M. Chamie, les délégations ont insisté pour que les informations en matière de population soient accessibles à tous dans le monde entier.

Les représentants des Commissions économiques pour l'Afrique (CEA), et pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), ainsi que les représentants des Commissions économiques et sociales pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) et pour l'Asie occidentale (CESAO) ont également fait une déclaration sur ce thème. M. Sam Suharto, Chef du service des statistiques démographiques et sociales à la Division de statistique, et Mme Catherine Pierce, Directrice adjointe de la Division technique et des politiques du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ont répondu aux commentaires et observations des délégations.

La Commission poursuivra ses travaux vendredi 26 mars à 10 heures. Elle examinera les projets de résolution qui lui seront soumis, ainsi que l'ordre du jour provisoire de sa trente-troisième session. Mercredi, à 10 heures, la Commission se réunira en tant qu'organe préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui se tiendra du 30 juin au 2 juillet 1999 et sera consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement.

Mesures à prendre pour donner suite aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement et situation démographique dans le monde

Suite du débat général

Mme CARLA ABOUZAHR, représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré que les changements survenus dans la croissance de la population, sa structure et sa répartition, sont reflétés dans les modifications constatés au niveau épidémiologique et sont une part importante des efforts actuels du travail de l'OMS, qui est de surveiller et d'évaluer l'impact de ces tendances sur la santé et la mortalité. Par exemple, le vieillissement de la population est accompagné de changements des indices de mortalité et de morbidité, de modifications dans la fréquence des maladies transmissibles et non transmissibles et de besoins nouveaux en matière de santé. Pour attirer l'attention sur ces questions, l'OMS a décidé de dédier la Journée internationale de la santé de l'année 1999 à la santé du troisième âge. Nous nous sommes engagés, sur un autre plan, dans un programme majeur de soutien aux autorités nationales pour comprendre les différentes épidémiologies et les causes déterminantes des différentes maladies. L'analyse de données durables et fiables de santé et leur traduction en actions basées sur des évidences est indispensable dans un premier temps pour pouvoir mettre en exécution des interventions sanitaires à la fois curatives et préventives. Une de nos tâches au cours des prochaines années sera de réduire la mortalité excessive touchant les pauvres, et de mettre un accent sur la lutte contre le paludisme, la tuberculose et la mortalité maternelle qui constituent des obstacles au développement. Dans le même temps, notre organisation va s'atteler à mettre en place des politiques de lutte contre les nouvelles menaces contre la santé résultant de la crise économique.

Mme OFELIA M. TEMPLO (Philippines) a indiqué que, dans le cadre de l'application du Programme d'action de la CIPD, les Philippines avaient enregistré des succès, notamment en ce qui concerne la création d'organes, telles des Commissions nationales des femmes et jeunes. Des politiques spécifiques ont été adoptées, et il y a eu des changements dans la gestion du programme démographique du pays. Un changement institutionnel, qui met en avant le rôle de la société civile et des partenariats avec les ONG, a aussi vu le jour. Les Philippines ont l'un des taux de croissance de population les plus élevés de la région. On prévoit que la population doublera dans les années à venir. Les Philippines deviendront le 12ème pays en terme de taux de croissance démographique. La population sera dominée par les groupes les plus jeunes. Le nouveau programme démographique, adopté par le Gouvernement, met l'accent sur les couples, avec une attention particulière sur le taux de fécondité et à la prévention des grossesses précoces. Elle a mis l'accent sur le phénomène important des migrations. Les Philippines comptaient en 1985 environ 1 million de travailleurs à l'étranger. Partant, elle a souligné l'impact social à long terme de ces mouvements de population et s'est déclaré préoccupée par la vulnérabilité des femmes migrantes.

( suivre)

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Elle a souligné l'impact de la migration sur la famille qui peut souffrir de la désintégration. La tendance accrue de la migration des femmes à l'étranger est une question qui doit être traitée à l'avenir. L'impact macroéconomique du départ des travailleurs migrants doit être étudié car il peut être sources de problèmes dans le pays d'origine. La représentante s'est déclaré préoccupée par la crise asiatique qui aura des implications fortes sur la capacité des pays en développement à générer les ressources financières nécessaires aux activités en matière de population. Les Philippines continuent, pour leur part, à se tourner vers la communauté internationale pour financer leurs activités en matière de population.

Mme RAJ KARIM (Malaisie) a dit que les rapports examinés actuellement par la Commission serviront de repères à la plupart des pays pour les actions à mettre en oeuvre au cours du millénaire qui s'annonce. Les pays en développement ont des problèmes particuliers, dus aux taux de fécondité élevés qu'ils connaissent et à l'urbanisation rapide qu'entraîne leur croissance de population élevée. La réduction de la mortalité entraîne des répercussions socioéconomiques dans les pays concernés. Mais le fait de retarder de plus en plus la naissance du premier enfant dans les foyers urbains, peut être considéré comme un signe encourageant dans la mesure où cela entraîne le contrôle de la fécondité. Pour nous aider à concevoir des politiques plus sures, nous proposons que la Division de la population de l'ONU fournisse désormais des analyses démographiques par pays. Notre pays a une population jeune, qui continuera d'accroître au cours des années à venir, mais en même temps, nous voyons naître chez nous le phénomène du vieillissement, qui nous amène à mettre en place des politiques dont, pour le moment, nous n'avons pas les moyens financiers et humains du fait de la récession économique qui nous frappe. Du fait de cette crise, la baisse de la mortalité infantile et l'usage des méthodes de contraception que nous avons pu encourager au cours des décennies écoulées, sont remise en question. Concernant cette question, nous appuyons les déclarations du Dr Nafis Sadik pour donner plus de moyens à la santé des femmes et de adolescents.

Mme SAMIRA YENER (Turquie) a indiqué que la population de son pays, qui est actuellement de 62,9 millions d'habitants, se situerait entre 95 et 98 millions au siècle prochain. Elle a souligné qu'en dépit du déclin, le taux de fécondité reste élevé. La mortalité infantile a baissé en Turquie et était de 43 morts pour 1000 naissances vivantes début 1998. L'espérance de vie à la naissance est actuellement de 67,3 pour les hommes et de 67,8 ans pour les femmes. La mortalité a donc décliné en même temps que la fécondité. La population a été renouvelée dans les couches les plus jeunes de manière quasiment stable. La Turquie maintiendra sa population jeune au cours du prochain siècle. Les mouvements de migration dans les années 80 ont transformé le pays en pays d'émigration et de migration ou de transit qui accueille des immigrants provenant essentiellement d'Asie. On ne dispose toutefois pas de données précises à cet égard. En raison de cette situation, la Turquie appuie la tenue d'une Conférence sur les migrations et le développement. La Turquie a connu d'importants mouvements migratoires vers des zones urbaines. Le taux de retour est relativement important puisqu'il s'élève à 12,6% de tous les mouvements.

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La Turquie devient une société essentiellement urbaine, a expliqué la représentante. La population urbaine a triplé au cours des 30 dernières années et représente environ 60% de la population. Cet afflux de population est difficile à absorber et pose des problèmes sociaux importants, tels le chômage, la spéculation immobilière, des carences en eau et en énergie, et l'absence de services sociaux adéquats. Ce phénomène a des conséquences sur les systèmes écologiques. Le volume des déchets en a ajouté à la pollution urbaine. La Turquie, qui a accueilli la Conférence Habitat s'est toujours intéressée aux problèmes des établissements urbains. Le Gouvernement a mis en place un projet qui a pour objectif de réaliser un habitat durable. La pauvreté persistante, la dégradation de l'environnement et les inégalités entre les sexes ont des conséquences importantes sur la démographie et sont inversement influencés par des paramètres démographiques, a souligné la représentante, qui a préconisé la poursuite des recherches sur l'interaction entre la pauvreté et les changements démographiques.

M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales, commentant les interventions des délégués, a déclaré que l'ECOSOC et les commissions opérationnelles avaient insisté, lors de leurs dernières réunions, sur la coordination des activités au sein de l'ONU. C'est en respectant ces recommandations que la Division de la population a pu largement bénéficier des travaux des autres institutions du système en matière de population, que ce soit l'OMS, l'UNICEF, l'UNESCO, ou même les institutions de Bretton Woods. Suivant cette politique, nous continuerons de bénéficier des informations de ces institutions-secours. Concernant la question des migrations internationales, elle sera inscrite à l'ordre du jour de la 54ème session de l'Assemblée générale. Nous avons déjà établi sur cette question deux rapports, pour la publication desquels nous avons pu bénéficier des points de vue de nombreux Etats Membres. La question du vieillissement de la population quant à elle, n'est pas un problème exclusif de pays en développement, mais une question qui aura un impact sur toutes les sociétés du monde. Le Secrétariat en parlera largement dans les temps à venir, et nous attendons les rapports des délégations en la matière.

Exécution du programme et futur programme de travail du Secrétariat dans le domaine de la population

Présentant les rapports sur ce thème, ainsi que le projet de programme de travail pour l'exercice biennal 2000-2001 : Division de la population (E/CN.9/1999/CRP.1), M. CHAMIE a souligné que la Division, qui fait fonction de secrétariat de la Commission de la population, s'efforce de répondre aux besoins de celle-ci de manières scientifique, globale et équilibrée. La Division est apolitique et ne défend aucune idéologie, politique ou programme. Notre perspective est scientifique et mondiale, a-t-il insisté. En ce qui concerne les travaux des deux prochaines années, la Division entreprendra plusieurs études et analyses sur des sujets tels que la fécondité, la contraception, la mortalité, les migrations, l'urbanisation, la structure d'âge, les politiques démographiques, et la population et le développement. Elle compilera et diffusera des bases de données sur ces sujets.

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La Division prépare des estimations et des projections mondiales sur la population des zones rurales et urbaines et les agglomérations urbaines. Elle suit et évalue les tendances et politiques démographiques mondiales, organise des conférences internationales et des réunions d'experts et prend part aux activités de suivi. Elle fournit des services de conseil en matière de politiques, coordonne et diffuse les informations relatives à la population. La Division a aidé des pays en développement et des pays en transition à créer leurs propres site Web en vue de faciliter l'échange d'informations sur la population. Le défi, à cet égard, a souligné M. Chamie, est de rendre ces informations disponibles dans le monde entier. Partant, il a proposé de lancer une initiative, intitulée "Initiative Internet sur la population", dont l'objectif serait d'assurer l'accès à l'Internet à tous les professionnels et toutes les institutions chargées de questions de population d'ici à 2001.

Commentaires des délégations

M. BERTIL EGERO (Suède) a félicité la Division pour les résultats obtenus en ce qui concerne l'étude de certains phénomènes, comme le sida et l'évolution de la fécondité. Il a attiré l'attention sur d'autres questions importantes comme le paludisme, la sécurité alimentaire, et la réduction des terres agricoles et des ressources en eau qui a des impacts sur les perspectives agricoles, et a souhaité que des études complémentaires soient réalisées sur la mortalité infantile. Rappelant l'importance de promouvoir les travaux sur les projections démographiques sur la base d'autres scénarios de mortalité, il a souhaité que d'autres variantes soient prises en considération dans les projections à longs termes. Il a jugé nécessaire de mieux comprendre les incidences de la mortalité maternelle. Prendre en compte l'impact des taux de mortalité est essentiel pour mieux comprendre l'évolution des grandes tendances démographiques mondiales, a-t-il souligné, en proposant de consacrer une réunion spéciale à cette question.

Mme OH YOUNG JU (République de Corée) a préconisé la poursuite des études sur la question du lien entre l'interruption volontaire de grossesse et les avortements, d'une part, et les politiques de planning familial en place, d'autre part. Elle a jugé essentiel de continuer à étudier les liens entre les questions démographiques, environnementales, urbaines et relatives à la femme, dans le cadre du suivi des grandes conférences de l'ONU. Il faut traiter des domaines où les progrès ont été moins importants depuis Le Caire. La République de Corée souhaite que la CIPD+5 établisse un programme de travail qui permette de surmonter ces lacunes, a-t-elle dit.

Mme ELIZABETH CAPAZZI, représentante de l'Organisation non gouvernementale "Eagle Forum", a estimé que l'utilisation des bases de données sur l'Internet constitue un grand progrès et a souhaité que les informations ne soient pas uniquement disponibles pour les professionnels mais accessibles à tous.

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Mme DANIELE TESTELIN (Canada), évoquant la question de la diffusion de l'information par l'Internet, a demandé comment on pouvait renforcer les liens avec les autres organes et programmes de l'ONU en vue d'aider les pays qui le souhaitent à promouvoir leurs politiques démographiques.

M. JAMES T. McHUGU, Observateur du Saint-Siège, a souligné que les soins aux personnes âgées augmentent le fardeau de la population et sur les ressources des pays développés, ce qui a un impact négatif sur l'aide aux pays en développement. Partant, le Saint-Siège exhorte les pays à accorder une attention adéquate aux questions du vieillissement afin d'en minimiser les conséquences sur l'aide aux pays en développement.

M. PRAVIN VISARIA (Inde) a préconisé de connecter autant que possible les utilisateurs potentiels de l'Internet et a souhaité que ce projet décrit par M. Chamie ne reste pas un voeu pieux. Soulignant le fait que de nombreux pays ont des difficultés d'accès à l'Internet, il a préconisé la réalisation d'un CD-Rom sur les données et informations actuellement disponibles.

Répondant aux commentaires et questions des délégations, M. CHAMIE a précisé que les différents scénarios concernant la mortalité étaient très importants. Les différentes possibilités sont à l'étude. Si certains démographes peuvent faire face à quelque 40 hypothèses, ce n'est pas le cas des hommes politiques qui ne peuvent en défendre plus de 4 à 5, a-t-il toutefois souligné. Il a assuré que les experts étudiaient la question. On ne peut pas supposer que la mortalité évoluera dans un sens seulement, a-t-il poursuivi. Il y a des phases de déclin et des phases de stagnation, comme on l'a vu par le passé. Cela vaut également pour la fécondité. Depuis la création de la Commission, la tendance en ce qui concerne la mortalité a été positive, mais il faut tenir compte aujourd'hui de l'impact de maladies comme le sida ou le paludisme. Il a assurer que la dimension démographique et les liens des diverses questions avec la population étaient pris en compte dans le suivi de toutes les grandes conférences mondiale. M. Chamie a insisté sur le fait que les informations de la Division sont disponibles pour tout le monde dans le monde entier. Pour ce qui est de la proposition relative à l'Internet, il a précisé qu'il s'agit d'en assurer l'accès à tous à terme. Il a affirmé que la demande de l'Inde pour la création d'un CD-Rom serait bientôt satisfaite.

Déclarations des Commissions régionales

Mme MAKINWA-ADBUYOSE, représentante de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), a dit que depuis la dernière réunion de la Commission de la population et du développement, la CEA s'est efforcée d'aider les responsables africains à réaliser que la dégradation de l'environnement conjuguée à un accroissement de la population perturbent le développement. Nous avons organisé des cours de formation et nous nous sommes efforcés à convaincre les responsables africains que les effets désastreux de la réduction de la production agricole constatée dans de nombreuses parties du continent devaient nous amener à mettre en oeuvre des politiques plus dynamiques et plus responsables en matière de population.

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- 7 - POP/704 23 mars 1999

La sécurité alimentaire doit être au centre des choix de modèles de développement durable, et nos recommandations semblent avoir été adoptées dans la conception des plans de développement actuels de pays tels que le Burkina Faso, Madagascar et la Zambie. Les modèles élaborés par la CEA ont, d'autre part, été adoptés, par plusieurs institutions africaines de recherche et de développement. Le Programme d'action de la CIPD est un des objectifs de réalisation que nous nous sommes assignés, comme cela se reflète dans la Déclaration de Dakar-Ngor, adoptée à l'issue du dernier Sommet sur la population tenu à Dakar au Sénégal. Nous sommes soutenus dans nos travaux par les différents instituts panafricains travaillant dans les domaines de la population et du développement. Les rapports établis par la CEA ont été repris lors du Sommet de Dakar et ont servi à identifier les obstacles qui se posent à la stabilisation de la population africaine et à la mise en place effective de politiques de développement durable sur le continent. La première réunion de la CEA sur le développement durable, qui a vu la participation de 37 Etats africains, s'est tenue à Addis-Abeba en Ethiopie, au mois de janvier dernier, et le rapport qui en contient les recommandations a été distribué aux délégués africains qui se sont rendus au Forum de La Haye au mois de février. Nous comptons soumettre nos travaux aux chefs d'Etat et de gouvernement dans notre rapport annuel sur l'Afrique qui leur sera soumis au prochain sommet de l'OUA, et le contenu de ce document constituera notre apport au Sommet "le Caire+5". En 1999 la CEA continuera à fournir des services consultatifs dans le domaine du traitement des données démographiques à ses Etats Membres. Nous le ferons en partenariat avec le FNUAP et aussi grâce à notre site Internet où on peut trouver tous nos documents et ceux du Sommet de Dakar.

M. DANIEL BLANCHARD, représentant de la Commission économique et sociale pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a déclaré que des réunions avaient a eu lieu à Santiago au Chili et à Port-of-Spain à Trinité-et-Tobago au cours de l'année écoulée pour discuter des questions relatives à la démographie. Un autre colloque aura lieu cette année à Santiago pour discuter spécialement de la question du vieillissement en Amérique latine et dans les Caraïbes. Concernant la question des migrations, nous allons organiser 3 ateliers cette année, qui discuteront notamment de la question des travailleurs migrants à la lumière des problèmes observés après l'ouragan Mitch. Ce sera l'occasion de faire le point sur les impacts des transferts financiers effectués par les travailleurs migrants vers leurs pays d'origine. En ce qui concerne la croissance démographique et la paupérisation des populations, due aux inégalités socioéconomiques et aux conséquences de la mondialisations sur les couches les plus vulnérables, nous nous efforçons de mettre en place des conseils aux gouvernements pour les aider à faire face aux problèmes nouveaux qu'ils rencontrent sur le plan social. Nous élaborons d'autre part une série de logiciels pour constituer des banques de données grâce aux informations provenant de différentes sources. De nombreuses municipalités et des gouvernements de notre sous-région participent activement à cette initiative, comme c'est le cas du Chili.

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Nous avons élaboré un cours sur l'analyse démographique et le développement, qui a été donné à de nombreux gouvernements aussi bien chez nous qu'en Afrique et nous espérons disposer de ressources extrabudgétaires pour pouvoir mettre en place des indicateurs de progrès socioéconomiques et pour pouvoir aider les pays à élaborer des documents de référence permettant aux femmes de mieux saisir les problèmes de développement et de tendances migratoires. Nous travaillons à l'identification des groupes les plus vulnérables en vue de déterminer leurs besoins les plus urgents dans l'articulation de politiques de développement durable.

M. NIBHON DEBAVALYA, Directeur de la Division de la population et du développement urbain et rural à la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), a dit que la CESAP a organisé en 1998 à Bangkok, en Thaïlande, une réunion de haut niveau qui a permis d'examiner la mise en oeuvre du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et celle de la Déclaration de Bali sur la population et le développement durable. Les recommandations de la réunion constitueront l'apport des pays d'Asie-Pacifique au sommet mondial "Le Caire+5". Le rapport et autres documents de la réunion de Bangkok sont actuellement disponibles sur le site Internet "Le Caire+5", et le rapport imprimé a été distribué au Forum de La Haye en février dernier et est disponible dans la documentation actuelle de la Commission de la population et du développement. Dans le domaine de la recherche sur la population, le travail de la CESAP s'est orienté vers les thèmes du renforcement des systèmes d'évaluation permettant de mesurer les progrès en matière de santé reproductive et de planification familiale, du renforcement des outils d'analyse et de recherche sur les femmes migrantes, de l'emploi, de l'instruction des familles face à la pauvreté, et des conséquences du vieillissement sur les familles asiatiques.

Au mois de mai 1999, la CESAP conduira des ateliers de formation au niveau régional sur l'amélioration des capacités nationales dans l'intégration et l'analyse des donnés et des indicateurs clefs d'évaluation de la santé génésique et des programmes de planning familial. Un autre atelier sera organisé à cette date en matière de circulation de l'information dans la zone Asie-Pacifique, et en juillet, août et septembre, nous organiserons des séminaires régionaux sur l'usage des moyens électroniques pour faire circuler l'information en matière de population et sur l'interprétation sexospécifique des données. Le but du travail de la CESAP dans ces différents domaines est de rendre les pays membres de la Commission autosuffisants en la matière.

M. AKIL AKIL, représentant de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO), a déclaré que la Commission avait mis l'accent, au cours de l'année écoulée, sur les aspects démographiques du développement en aidant à l'élaboration de politiques démographiques adéquates. Les activités réalisées en 1998 ont été axées sur l'évaluation et le suivi des tendances démographiques dans la région et sur la coopération régionale avec un accent particulier sur la mise en oeuvre et le suivi du Plan d'action de la CIPD aux niveaux national et régional. La région continue de mettre à jour ses indicateurs et d'analyser les données.

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Ainsi, les données concernant les 13 Etats Membres ont été complétées. Un séminaire de formation sur la corrélation entre l'évolution démographique et le développement durable a été organisé. Il s'agissait de renforcer la compétence technique des Etats Membres. La Commission accorde une attention particulière à l'élaboration de politiques concernant la zone arabe, ainsi qu'à l'établissement d'une base de données concernant les femmes et les enfants. En coopération avec le FNUAP et la Ligue des Etats arabes, une conférence sur la mise en oeuvre de la CIPD a été organisée en septembre 1998. Elle a permis de faire le point des progrès réalisés et des contraintes rencontrées par les Etats Membres dans la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire. Dans le cadre de la préparation de cette conférence, un sondage a été réalisé auprès des pays. La participation des organisations non gouvernementales et la création de partenariats avec le secteur non étatique ont fait l'objet de débats importants. La Conférence a débouché sur un certain nombre de mesures visant à mettre en oeuvre pleinement les objectifs de la CIPD.

M. SAM SUHARTO, Chef du service des statistiques démographiques et sociales à la Division de statistique de l'ONU, a dit en répondant aux questions et aux observations des délégués et des représentants des Commissions économiques, que la Division de la statistique publiera désormais ses principes et recommandations en plusieurs langues, dont l'anglais, le français, le chinois et l'arabe. Nous travaillons avec le FNUAP et l'OIT pour élaborer des guides dans les domaines de compétence relevant de chacune de ces organisations, et ces manuels seront aussi publiés en plusieurs langues. En partenariat avec le FNUAP, nous menons des actions en vue d'aider les pays à mettre en place des outils statistiques fiables au prochain millénaire. Il a en été ainsi du contenu des réunions que nous venons de tenir dans les Etats de la CEI, dans les Etats du Pacifique et dans les Etats d'Afrique australe, et qui étaient destinées à aider les Etats Membres à concevoir des outils statistiques fiables en matière de population. La liste des actions et des travaux que nous avons tenus est disponible sur notre site Internet. La Division des statistiques a passé en revue les principes et recommandations en 1993, et nous avons revu les aspects cruciaux comme le stockage des données concernant les statistiques vitales. Une série de publications dans ce domaine a été publiée, en coopération avec le FNUAP, destinée à améliorer les données d'état civil et de statistiques vitales dans les pays qui en ont besoin, et nous travaillons en ce moment avec Habitat pour publier un ouvrage sur les statistiques en matière de logement et de cadre de vie.

Prenant à son tour la parole pour répondre aux commentaires et observations des délégations, Mme CATHERINE PIERCE, Directrice adjointe de la Division technique et des politique du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a souligné le rôle important des ONG en ce qui concerne l'étude des progrès réalisés dans la mise en oeuvre du Programme d'action de la CIPD. Le FNUAP continuera à appuyer la collecte de données et les recensements, et à travailler avec les commissions régionales. Soulignant la valeur du réseau mondial d'information en matière de population (POPIN), elle a affirmé qu'être connecté à l'Internet est essentiel au prochain siècle pour que chacun puisse avoir accès aux informations en matière de population.

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Le FNUAP a appuyé le POPIN depuis sa création, a-t-elle souligné. S'agissant des flux de ressources financières, elle a invité les Etats Membres à répondre aux questionnaires envoyés par le FNUAP et l'ONUDI. "Vous êtes nos premières sources d'information et devez nous aider", a-t-elle dit. Ces informations permettent de faire une analyse plus précise des flux de ressources en faveur des populations, a précisé la représentante.

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