POP/703

LES DELEGATIONS PLAIDENT POUR DES MOYENS FINANCIERS ACCRUS ET DE PLUS GRANDS EFFORTS D'EDUCATION POUR PROTEGER LES POPULATIONS CONTRE LA PANDEMIE DU SIDA

22 mars 1999


Communiqué de Presse
POP/703


LES DELEGATIONS PLAIDENT POUR DES MOYENS FINANCIERS ACCRUS ET DE PLUS GRANDS EFFORTS D'EDUCATION POUR PROTEGER LES POPULATIONS CONTRE LA PANDEMIE DU SIDA

19990322 l'augmentation de la mortalité masculine dans leur population

La Commission de la population et du développement a poursuivi cet après-midi le débat général sur la suite donnée aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement et sur la situation de la population mondiale. Les questions du vieillissement de la population, de la mortalité dans les pays en transition et des menaces que fait peser sur les jeunes et les adolescents la pandémie du VIH/sida ont été soulevées dans les interventions de plusieurs délégations.

Les représentants du Canada, de l'Afrique du Sud, du Mozambique et de l'Ukraine ont demandé que davantage de moyens soient consacrés à la protection des populations contre le sida, qui affecte les tranches les plus jeunes et les plus actives de la population, notamment dans les pays d'Afrique subsaharienne et de plus en plus en Asie et dans les pays en transition d'Europe de l'Est. Une meilleure promotion de l'éducation et de prestations sociales en matière de santé génésique dirigées vers les femmes et les jeunes aideraient à donner de meilleures chances d'avenir à ces tranches de population, ont estimé les délégués, appuyés par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), dont une monographie sur l'éducation et la population a été présentée à la Commission.

Concernant le problème préoccupant de l'accroissement du taux de mortalité observé dans les pays en transition, déjà évoqué par la délégation de la Fédération de Russie ce matin, le représentant de l'Ukraine a parlé des chiffres alarmants de la mortalité masculine, trois fois plus élevés que chez les femmes dans son pays, et la baisse dramatique du taux de natalité, qui ne couvre plus le nombre des décès. Les mauvaises conditions économiques et la dégradation de l'environnement expliquent en partie cette situation.

(à suivre - 1a)

- 1a - POP/703 22 mars 1999

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Japon, Norvège, Jamaïque, Pakistan, Suède, Inde, Canada, Ukraine, Afrique du sud, Mozambique et Niger. Les représentants de l'Organisation internationale des migrations, de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, et de la Fédération internationale des centres de quartiers (ONG) sont également intervenus.

La Commission a ensuite examiné l'exécution du programme de travail et le programme futur du Secrétariat dans les domaines de la population. M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population et Mme Raj Karim, Présidente de la 31ème session de la Commission ont fourni des précisions dans ce cadre.

En fin de séance, la Commission a élu à l'une de ses Vice-Présidences, M. Simon Arap Bullut du Kenya, qui occupera également le poste de Rapporteur de la Commission.

La Commission poursuivra ses travaux demain matin à 10 heures.

Suite donnée aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement, et situation de la population mondiale

Suite du débat général

M. HITOSHI HONDA (Japon) a indiqué que selon les dernières projections officielles, la population de son pays atteindra son maximum en 2007 et commencera ensuite à décliner. Ce déclin se poursuivra tout au long du XXIème siècle et la population passera de 126 millions de personnes, actuellement, à environ 100 millions en 2050, pour baisser ensuite jusqu'à quelque 67 millions de personnes en 2100. Ainsi, alors que la population a augmenté, tout au long du XXème siècle d'environ 830 000 personnes par an, on s'attend à ce qu'elle diminue de 60 000 personnes en moyenne au cours du XXIème siècle. Comme les autres pays industrialisés, le Japon doit faire face au vieillissement rapide de sa population. Le faible taux de fécondité provoque une diminution particulièrement importante de la population active et de la main-d'oeuvre du pays. Le taux actuel de fécondité se situe à 1,39, soit bien au-dessous du taux de 2,08 naissances par femme qui permettrait de maintenir le niveau actuel de population. En outre, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus, qui était de 14,6% en 1995, devrait atteindre 25% en 2015 et 32% en 2050. Face à ces tendances, le Japon s'efforce d'avoir une population active suffisante à long terme et de faire en sorte que la société japonaise fournisse le soutien adéquat aux personnes âgées.

Pour assurer une population active suffisante, il faudrait garantir la participation égale des hommes et des femmes, a souligné le représentant. Partant, le Japon a élaboré en 1996 le Plan 2000 pour l'égalité entre les sexes, un plan national d'action pour la promotion d'une société égalitaire d'ici à l'an 2000. Ce Plan a pour objectif de réaliser l'égalité dans le milieu du travail, dans la famille et dans la communauté. La loi relative à l'égalité des chances dans le domaine du travail a, en outre, été renforcée et les infrastructures pour les enfants ont été améliorées. Des mesures sont à l'étude qui visent à prolonger l'âge de la retraite. A cette fin, des mesures ont été prises dans les domaines de la pension, des soins médicaux et des soins à long terme. Le Nouveau Plan pour les personnes âgées regroupe tous les services de santé et les programmes de sécurité sociale. Le Gouvernement japonais est en train de réviser les systèmes de pension et de santé et d'étudier de nouveaux moyens de les rendre plus efficaces en vue d'assurer un meilleur équilibre entre les bénéfices qu'ils doivent apporter et le fardeau qu'implique le soutien de tels systèmes.

La moitié environ de la population du Japon est concentrée dans les trois villes de Tokyo, Osaka et Nagoya. La concentration de la population et de l'industrie dans les principales zones urbaines crée un certain nombre de problèmes. C'est pourquoi, des Plans de développement régionaux ont été élaborés en vue de les régler et de réaliser un développement régional plus équilibré. Un nouveau Plan de développement national fondé sur des politiques de développement régionales a été adopté en 1998.

( suivre)

- 3 - POP/703 22 mars 1999

M. HELSE BRUNBORG (Norvège) a déclaré que le taux de fécondité de son pays reste limité au niveau voulu par les politiques démographiques mises en place depuis un certain nombre de décennies dans la plupart des pays d'Europe du Nord. Le taux de croissance engendré par ces politiques est satisfaisant, réussissant à maintenir l'équilibre de la pyramide des âges. Nous estimons sur un autre plan, qu'il n'est pas vraiment juste en matière de population de parler de pays développés et de pays en développement; on devrait dans ce secteur, plutôt parler de pays "plus développés" et de pays "moins développés". Nous estimons que les considérations à moyen et long termes devraient être plus prises en compte dans les analyses que nous présentent les rapports que nous examinons au cours de cette session. Il faudrait avoir de nouvelles approches dans l'élaboration des données et des statistiques que nous sommes appelés à discuter.

M. EASTON WILLIAMS (Jamaïque) a proposé des modifications aux intitulés des thèmes recommandés par le Bureau de la Commission pour ses prochaines sessions. Il a souhaité l'inclusion de la notion de dynamique au thème de l'an 2000, "Population, sexe et développement". Pour l'an 2002, il propose d'ajouter le mot "développement". L'intitulé du thème se lirait donc : "Population, environnement et développement". En ce qui concerne le thème des droits de procréation et de la santé génésique que le Bureau a recommandé d'examiner en 2003, la Jamaïque propose qu'il soit modifié comme suit : "droits de procréation et santé génésique des adolescents et de la jeunesse, et sida".

Le représentant a indiqué que son pays avait adopté une série de mesures et de programmes spécifiques en faveur des enfants, des jeunes, des femmes et des personnes âgées qui sont actuellement mis en oeuvre.

M. GHULAM SAMDANI (Pakistan) a déclaré que la tenue de cette réunion est importante pour la réussite de la session extraordinaire de la Commission de la population et du développement. La population du Pakistan, selon le recensement effectué en 1998 par son Gouvernement, est cette année, de 130 millions d'habitants, ce qui nous place au 7ème rang mondial, le taux de croissance de notre population étant de 4%. En l'an 2020, notre population pourrait donc atteindre 215 ou 220 millions d'habitants, ce qui est assez alarmant, car à ce rythme nous n'atteindrions un équilibre démographique soutenable que dans 70 ans. La fertilité a baissé dans les années 90 et la pression démocratique s'est sensiblement allégée, mais nous manquons encore cruellement de ressources pour faire face à nos besoins fondamentaux. Pour mettre en oeuvre le plan du CIPD, notre pays axe sa politique sur les priorités de son développement et sur les valeurs religieuses et culturelles de notre peuple. Notre Gouvernement veut mettre en oeuvre une politique d'amélioration de la vie quotidienne de tous les Pakistanais en réduisant la croissance incontrôlée de la population, et cette politique est de la responsabilité à la fois du gouvernement et de la société civile.

( suivre)

- 4 - POP/703 22 mars 1999

Nous avons fait des progrès dans la généralisation des techniques de contraception, et nous poursuivons nos efforts en vue d'atteindre les normes internationales. Notre but est de sensibiliser les populations aux risques des grossesses non contrôlées et aux dangers des maladies sexuellement transmissibles. Nous tenons à réaffirmer notre attachement aux mesures en faveur des femmes et au respect de tous leurs droits humains et remercions dans ce cadre les ONG qui nous aident à mettre en exécution toutes les recommandations de la CIPD. Le Gouvernement de notre pays a renforcé ses activités en matière de coopération Sud-Sud et nous reconnaissons que pour mettre en application les différents aspects des recommandations de la CIPD, il nous faudrait davantage de ressources. Des investissements importants sont nécessaires en ce domaine et nous ne pouvons que nous féliciter des apports du secteur privé, qui pallient parfois aux insuffisances financières de l'Etat, dues aux difficultés économiques que nous traversons.

M. BERTIL EGERO (Suède) a fait des commentaires sur des rapports dont est saisie la Commission. En ce qui concerne le rapport sur les flux de ressources financières, il a souligné les difficultés rencontrées par les donateurs dans l'examen des données concernant l'allocation des ressources selon les divers domaines. M. Egero a proposé que la situation soit considérée comme un signe de progrès des donateurs qui adoptent une approche plus holistique. En ce qui concerne le rapport sur l'évaluation de la population mondiale, il a estimé que les notions de "pays plus développés" et de "pays moins développés" étaient dépassées. Ce matériel fourni par les rapports est important pour un grand nombre de personnes, donateurs, experts et enseignants. Il est donc essentiel d'en assurer la clarté, a-t-il dit. Soulignant le fait que certaines tendances démographiques sont actuellement communes à tous les pays, il a jugé anachronique la dichotomie entre pays avancés et pays moins avancés, en termes démographiques. Cela induit les utilisateurs des rapports en erreur, a-t-il dit. L'utilisation des notions de "pays développés" et "pays moins développés" a, en outre, une connotation politique. Partant, il a proposé de renoncer à cette classification.

M. Y. N. CHATURVEDI, Secrétaire au Département du bien-être familial du Gouvernement de l'Inde, a déclaré que l'urbanisation galopante et les déséquilibres de répartition spatiale de la population qu'elle entraîne sont ressentis en Inde, bien que la population du pays soit encore majoritairement rurale. Nous notons avec intérêt et souci l'impact croissant des migrations internationales de populations à la fois sur les pays de destination et sur les pays d'origine. Nous espérons que des études plus approfondies seront bientôt disponibles sur ce phénomène et nous remercions à ce propos le Secrétaire général pour le contenu du rapport du Symposium technique sur les migrations internationales et le développement. Nous pensons qu'en période de mondialisation, il serait difficile de concevoir des restrictions en matière de libre circulation du capital humain, qui en fait ne répond qu'à cet autre phénomène de la mondialisation de l'économie qu'est la libre circulation des capitaux.

( suivre)

- 5 - POP/703 22 mars 1999

L'Inde qui ne représente que 2,5% des terres émergées, comprend aujourd'hui 16,7% de la population mondiale, et nous sommes assez surpris de l'assertion selon laquelle : " malgré la mondialisation, les Etats continuent d'avoir d'énormes pouvoirs en matière de contrôle des migrations internationales", assertion que l'on retrouve dans l'un des rapports qui nous sont soumis. Nous soutenons sur cette question la conclusion selon laquelle de mauvais mécanismes de contrôle des migrations ne peuvent que susciter les phénomènes d'immigration de populations illégales, avec tous les risques qui les accompagnent.

M. ROBERT PAIVA, représentant de l'Organisation internationale des migrations (OIM), a rappelé que l'un des objectifs du chapitre X du Programme d'action de la CIPD était de favoriser une meilleure coopération entre les pays d'origine et les pays de destination, en vue d'optimaliser les bénéfices de la migration pour les pays d'envoi et pour les pays d'accueil. Pour que ce dialogue soit fructueux, il doit être fondé sur des données de meilleure qualité et sur une meilleure compréhension de la dynamique des migrations, a- t-il dit. Le représentant a évoqué les travaux du Colloque de La Haye sur les migrations internationales et le développement auquel l'OIM a participé et a encouragé les gouvernements à étudier en profondeur ses résultats. L'OIM a lancé en 1997, un projet dont l'objectif est de construire un consensus international sur les éléments d'une gestion des migrations. Deux réunions internationales ont déjà eu lieu auxquelles ont participé des pays d'origine, de destination et de transit. Des questions difficiles, mais essentielles, comme le retour et la réadmission des migrants ont été abordées. De telles réunions constituent l'avancée la plus importante depuis la CIPD sur la voie d'un dialogue intergouvernemental régulier sur les migrations entre les pays d'origine, de transit et de destination, ainsi que le prévoit le Programme d'action.

Le représentant s'est félicité du suivi de la Conférence des Nations Unies sur les problèmes des réfugiés et des personnes déplacées dans les Etats de la Communauté des Etats indépendants, et du "Processus Puebla" qui réunit régulièrement tous les pays d'Amérique centrale et du Nord qui a produit des résultats intéressants depuis sa création en 1996. Il a cité le "Processus Manille", lancé en 1996 en tant que forum d'échange d'informations entre 17 pays, et les Consultations Asie-Pacifique, coparrainées par l'OIM et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Ces deux dialogues seront renforcés par un Symposium international sur la migration en avril à Bangkok. Soulignant l'importance de la coopération technique, le représentant a annoncé le lancement récent d'une nouvelle politique internationale de la migration conçue comme une formation régionale pratique à l'attention des fonctionnaires gouvernementaux de haut et de moyen rangs. C'est un excellent complément aux activités de coopération technique de l'OIM, a-t-il souligné.

( suivre)

- 6 - POP/703 22 mars 1999

Mme SALLY ANDREWS, (Canada) a déclaré que les taux de croissance démographique élevés, aggravés par la pauvreté, continuent notamment en Afrique subsaharienne, de préoccuper les gouvernements qui tentent d'améliorer le niveau de vie de leur population en créant des services sociaux de base et des possibilités d'emploi. La croissance démographique, suivie des incidences qui accompagnent l'urbanisation rapide, notamment quand il y a une augmentation de la production industrielle, et une consommation accélérée des ressources naturelles rares, est un facteur indiscutable de dégradation de l'environnement. La modification de la structure par âge de la population est, elle aussi, une source de souci majeur. La plus nombreuse génération jamais connue d'adolescents, passe en ce moment de l'enfance à l'âge adulte, créant des demandes sans précédent en matière d'éducation et d'emplois.

En Afrique subsaharienne toujours, et de plus en plus en Asie, le VIH/sida menace la santé et l'avenir des jeunes générations qui sont confrontées aux menaces de la maladie tout en devant assumer le rôle de population active de ces sociétés. Des efforts particuliers doivent être menés en faveur des ces jeunes, en termes d'éducation en matière de santé et d'autres mesures préventives. Concernant le troisième âge, nous apprécions le fait que la Commission mette en évidence le vieillissement de la population mondiale sous un angle positif. A cet effet, le Canada met en évidence, dans le contexte de la célébration de l'année internationale des personnes âgées, l'importance d'un dialogue entre les générations.

M. HOLUBOV OLEKSII (Ukraine) a indiqué que la situation économique et sociale dans son pays continuait à avoir un impact négatif sur le développement les tendances démographiques, entravant par exemple la reproduction. L'Ukraine comptait 50,1 millions d'habitants en janvier 1999. Le taux de natalité actuel est considéré comme insuffisant car, depuis longtemps, il ne favorise pas le renouvellement de la population. Le nombre de famille sans enfant ou avec un seul enfant n'a, en effet, cessé d'augmenter au cours des dernières années. En outre, le taux de mortalité a augmenté dans tous les groupes d'âges chez les hommes et chez les femmes de plus de 20 ans. Dans la population âgée de 20 à 50 ans, le taux de mortalité est de trois fois supérieur chez les hommes par rapport aux femmes.

La menace la plus grave pour la santé de la population vient du sida. Or, la majorité des séropositifs sont des jeunes. Récemment, l'Ukraine a connu une explosion de maladies vénériennes et l'ampleur de la population touchée est source d'inquiétude, ces maladies ayant un impact sur la reproduction. Les maladies infectieuses, ainsi que d'autres maladies ont fortement augmenté, au cours des dernières années, en raison de la dégradation de l'environnement, et en particulier de la catastrophe de Tchernobyl. L'Ukraine connaît un taux élevé de mortalité. Toutefois on constate une tendance à la baisse au cours des trois dernières années, en particulier en ce qui concerne la mortalité infantile. Les processus actuels affectent la longévité à la naissance. Ainsi, l'espérance de vie à la naissance a baissé de 4 ans et est actuellement de 62 ans pour les hommes et de 73 ans pour les femmes.

( suivre)

- 7 - POP/703 22 mars 1999

La situation socio-démographique en Ukraine est caractérisée par le vieillissement de la population, la baisse des naissances, la stabilisation des taux de mortalité, les problèmes de santé, le haut taux d'avortements et de maladies, l'impact de migrations importantes liées à la dégradation de l'environnement. Pour faire face à ces problèmes, le Gouvernement a pris plusieurs mesures et a lancé des programmes spécifiques dans le cadre des objectifs fixés par la CIPD, a-t-il indiqué.

Mme LUCI ABRAHMS (Afrique du Sud) a déclaré que son pays a soutenu sans réserve les conclusions et les recommandations de la Conférence du Caire, qui sont reprises dans la conception de la politique nationale sud-africaine en matière de population. Notre politique est articulée autour du développement humain, et nous voulons lier la croissance économique à des mesures de redistribution équitable de la croissance, notamment par des prestations sociales performantes à toutes nos populations. 46% des Sud-Africains vivent en zone rurale, un tiers de notre population a moins de 15 ans, et 5% étant classés dans la catégorie du troisième âge. Nous pensons que les demandes en matière d'emploi et de logement doivent être soigneusement considérées au moment de l'articulation des politiques démographiques. Des mesures spéciales doivent aussi être prises en faveur des femmes dont beaucoup sont chefs de foyers dans notre pays, mais continuent en moyenne de gagner seulement la moitié des revenus des hommes, à qualifications égales. Notre Gouvernement voudrait mettre l'accent sur la gratuité et la qualité des prestations fournies aux femmes, notamment dans le domaine de la santé reproductive. La santé reproductive des jeunes et des adolescentes est aussi une priorité, et nous faisons face à une pandémie du sida qui touche surtout les pauvres et les jeunes non éduqués. Les effets de cette maladie se répercutent sur le secteur économique, car elle touche une main-d'oeuvre jeune dans la toute la force de son âge. Nous avons aussi, d'autre part, lancé un programme de préservation de la qualité de l'eau dans notre pays, car la destruction de nos ressources aquifères a des impacts sévères sur la qualité de vie de nos populations, surtout dans les zones rurales et les quartiers défavorisés des nos grandes villes. Nous comptons développer les partenariats entre notre gouvernement et la société civile pour faire face à tous ces problèmes.

M. FERNANDO CHIMAR (Mozambique) a mis l'accent sur l'impact important du VIH/sida dans son pays qui est la cause d'un grand nombre de décès. Le sida a également pour conséquence de réduire l'espérance de vie à la naissance. Il a estimé que les rapports sur la population ne prennent pas suffisamment en compte l'impact de cette maladie dans certains pays et a plaidé en faveur de données plus précises.

M. GUSTAVO LOPEZ OSPINA, Directeur du projet transdisciplinaire "Education pour un avenir durable" à l'UNESCO, a déclaré que cinq ans après la Conférence du Caire, le monde doit rester convaincu que la croissance de la population est l'un des défis majeurs et urgents auxquels doit faire face la communauté internationale.

( suivre)

- 8 - POP/703 22 mars 1999

Nous devons reconnaître que la population est un facteur dans une équation complexe qui peut détenir la clef de la différence entre plus de prospérité pour tous dans un monde plus équitable ou plus de pauvreté, de dégradation de l'environnement et de tensions politiques de toutes sortes. Les politiques en matière de population doivent en conséquence faire partie d'une stratégie de développement humain durable comprenant la protection de l'environnement, la promotion du bien-être économique et la promotion du progrès social, dans lequel nous incluons l'amélioration du statut social des femmes. L'éducation est un facteur clef de la promotion du changement économique et social et du développement durable. Elle joue un rôle essentiel à la fois dans la préservation et dans le renouveau des valeurs et des croyances culturelles, y compris celles qui ont trait aux pratiques familiales et matrimoniales, et elle a un impact énorme sur le changement social et démographique.

L'UNESCO a produit dans ce cadre, une monographie sur les dynamiques de l'éducation et de la population, pour une mobilisation des esprits en faveur d'un avenir durable, cette production entrant dans le cadre du cinquième anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement. Cette monographie suggère que le défi à relever aujourd'hui est celui d'atteindre un équilibre entre la population, le développement et la capacité d'absorption de l'environnement naturel et social, et elle souligne l'impact particulier que peut jouer l'éducation des femmes. L'UNESCO invite tous les gouvernements, les institutions de l'ONU, les institutions financières et les ONG en particulier, à analyser le contenu de cette contribution, et par là, à renforcer le contrat social de la communauté internationale en matière d'éducation. Nous sommes aussi pleinement engagés en faveur de l'équité entre les sexes, et de la promotion de la femme, notamment par le respect de ses droits humains.

M. OUSMANE TANDINA (Niger) a indiqué que les trois quarts du territoire de son pays sont constitués de déserts et que la population est concentrée sur le dernier quart du territoire. Cette concentration, couplée à un taux de croissance de 3,2% par an, engendre des densités très élevées de population, malgré l'inégale répartition de celle-ci dans les divers département. Or, le Niger dispose de peu de ressources et connaît depuis plusieurs années une crise financière grave dont l'impact se fait sentir sur les services sociaux, notamment la santé et l'éducation. Dans ce domaine, il existe, en outre, une disparité entre les garçons et les filles en ce qui concerne la scolarisation et l'alphabétisation. La majorité de la population du Niger vit en dessous du seuil de pauvreté. La femme est la pièce maîtresse du système de sécurité alimentaire. Mais, les femmes, comme les jeunes, sont souvent exclus des processus de décisions. Le représentant a souligné l'importance de l'exode rural et la croissance rapide des villes qui posent de nombreux problèmes, notamment en termes sanitaires. Il a précisé que le taux de mortalité reste élevé en raison de la faible couverture sanitaire.

( suivre)

- 9 - POP/703 22 mars 1999

Face à cette situation, le Gouvernement nigérien a pris des mesures et élaboré une série de programmes visant à améliorer la situation. Ainsi, des commissions régionales de population ont notamment été créées qui sont chargées d'appuyer la mise en oeuvre de la politique nationale en matière de population. La société civile, ainsi que les ONG sont très actives dans le domaine de la population, en particulier pour ce qui est des services à la population et des activités en faveur de la promotion de la femme. Le Gouvernement a abandonné les plans à long terme et favorise actuellement les plans de réforme économique et d'ajustement structurel, a-t-il précisé.

Mme LUBIN, représentante de l'Association internationale des centres de quartiers, a déploré que personne ne semble reconnaître le vrai rôle que jouent les ONG dans l'assistance aux travailleurs migrants. Notre association est en ce moment active dans plus de 120 pays, et notre force vient du fait que nous sommes communautaires et que nous savons intégrer les migrants aux communautés auxquelles ils appartiennent à leur arrivée dans les pays d'accueil.

Répondant, en fin de débat, aux observations et questions des délégations, M. LARRY HELIGMAN, Sous-Directeur de la Division de la population, a souligné l'importance des données démographiques fournies par les gouvernements qui permettent d'affiner les analyses des tendances mondiales dans ce domaine. Aux délégations qui ont déploré le fait que le thème de l'éducation ne soit pas suffisamment pris en compte dans les rapports, M. Heligman a précisé que lors de sa session de 1996, le Conseil économique et social n'a pas estimé nécessaire que la Commission de la population et du développement examine ce thème au cours de cette session, car il relève de la Commission du développement social. Il est toutefois évident que l'éducation a un rôle important dans tous les domaines, a reconnu M. Heligman, en assurant qu'à l'avenir, la Division s'efforcerait d'y accorder une attention accrue. Les personnes âgées qui représentent une proportion de plus en plus grande de la population et les jeunes dont le nombre est également en augmentation dans certains pays constituent deux groupes d'âges dont les besoins sont souvent ignorés. La Division étudiera ces tendances et leur impact sur le développement, a-t-il dit. Il a convenu que les termes "régions développées" et "régions moins développées" étaient peut être dépassés. Il est peut être nécessaire de revenir sur ces définitions, a-t-il dit, et d'explorer les moyens d'aller de l'avant. Il a expliqué que le système informatique de la Division permet de présenter des agrégations venant des différentes régions. La Division travaille actuellement sur ce type d'agrégations afin de mieux refléter les changements de par le monde. Il a reconnu la nécessité de disposer de données plus à jour. S'agissant de la perception par les gouvernements des tendances démographiques actuelles, il a précisé que tant les pays qui connaissent des taux de croissance élevés que ceux où ces taux sont faibles se montrent préoccupés par l'impact de ces changements dans les années à venir.

( suivre)

- 10 - POP/703 22 mars 1999

M. MOHAMMED NIZAMUDDIN, Directeur de la Division technique et des politiques du FNUAP, a rappelé qu'après la Conférence du Caire, il y avait eu une augmentation de 30 à 35% des flux de ressources financières en faveur des activités en matière de population. Or, aujourd'hui, on en est à 1 million de dollars par an, soit bien loin de l'objectif fixé lors de la CIPD. S'agissant de la difficulté à désagréger les données relatives à l'allocation des ressources dans les différents domaines, il a indiqué que la Division s'efforcerait de remédier à cette situation. En ce qui concerne l'allocation des ressources, il a souligné le fait que certains pays avaient dépassé l'objectif fixé dans le cadre de l'initiative 20/20, mais que d'autres en étaient encore loin. Les 20% ne constituent pas une contrainte, mais un minimum à atteindre. Il s'agit de voir comment mobiliser des ressources. Depuis la CIPD, on constate une allocation accrue de ressources dans certains pays, en particulier pour les problèmes concernant les femmes. La baisse de l'aide publique au développement a toutefois une incidence sur les programmes sociaux. M. Nizamuddin a souhaité que le processus de la CIPD+5 permette de créer un élan en faveur de la mobilisation des ressources prévues dans le Programme d'action pour les activités en matière de population. Un grand nombre de pays en développement dépendent des ressources internationales pour mettre en oeuvre les engagements du au Caire, a-t-il précisé.

Mme CATHERINE PIERCE, Vice-Directrice de la Division technique et des politique du FNUAP, a déclaré au nom du FNUAP et du Colloque technique sur les migrations que les délégations qui ont pris la parole dans le cadre du débat général, ont en majorité, insisté sur la nécessité d'avoir davantage d'informations sur les flux de migration Sud-Sud et sur l'impact de ces migrations sur les processus de développement. Le calendrier des migrations et le retour des migrants dans leurs pays d'origine, de même que l'impact de leurs transferts financiers sur leur pays d'origine constituent autant de questions qui méritent d'être examinées. Le représentant du Bangladesh a attiré l'attention sur le sort des femmes migrantes et sur la perte en matière d'investissement que représente les migrations de personnels qualifiés du Sud vers le Nord. Les migrations internationales seront de plus en plus considérées de manière de plus en plus détaillée, et l'idée d'une conférence internationale sur ce thème lancée par le représentant du Bangladesh avait déjà été avancée lors de la Conférence du Caire. Nous pensons que les experts de la Division de la population auront beaucoup de choses à dire là-dessus. Depuis la dernière rencontre de La Haye aux Pays-Bas, il existe un besoin d'éclairer les opinions publiques sur certaines questions, comme celles des modalités d'asile et des transferts financiers liés aux migrations internationales. Le rôle que peuvent jouer la société civile et les ONG pour une meilleure acceptation des migrants est crucial, et peut aussi aider les travailleurs migrants eux-mêmes à mieux s'intégrer aux pays d'accueil. Nous pensons qu'il est possible de mieux protéger les droits humains des migrants, et nous pensons que le Colloque technique a été remarquable au niveau de la coordination entre organes de l'ONU et ONG.

( suivre)

- 11 - POP/703 22 mars 1999

Mme HANIA ZLOTNIK, Chef de la Section des estimations et projections en matière de population de la Division de la population, a déclaré que les préoccupation soulevées face aux projections de mortalité par certains délégués, notamment en ce qui concerne le sida, se basent sur des estimations qui ne sont qu'hypothétiques. Ces projections résultent d'un programme de travail basé sur des évaluations touchant toutes les catégories d'âge. Au cours des deux dernières années, on a fait une étude dans ce domaine sur les groupes âgés, mais l'absence de renseignements fiables sur le troisième âge dans les pays les moins avancés, rend impossible de vraies estimations sur la mortalité des personnes âgées. Les projections de mortalité se heurtent donc au manque de données sûres et fiables, ceci même dans les pays développés. Les analyses fluctuent donc selon les informations disponibles, notamment en matière de VIH/sida. Nous n'avons pu que nous fier aux données fournies par le Secrétariat de l'ONU qui, nous le reconnaissons, peuvent être incomplètes selon les zones étudiées. Pour ce qui est des migrations internationales, je tiens à rappeler qu'il y a un an, la Division de la statistique a énoncé des directives et des recommandations qui sont, suivies dans l'élaboration de nos études. Concernant les indices de fécondité, nous ne pouvons pas réellement prendre en considération les baisses de taux énoncées aux niveaux nationaux, tant que ces baisses ne se confirment pas d'abord sur le long terme.

Exécution du programme et futur programme de travail du Secrétariat dans le domaine de la population

M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales, a présenté les recommandations du Bureau de la Commission en ce qui concerne ses travaux au cours des cinq prochaines années. Il a rappelé que le thème proposé pour l'an 2000 est "Population, sexe et développement". Pour 2001, le thème suggéré est "Population et différences socioéconomiques à l'intérieur et entre les pays". En 2002, la Commission étudiera le thème "Population et environnement" et 2003 "Droits de procréation et santé génésique". M. Chamie a indiqué que la Division avait pris note des propositions d'amendements à ces thèmes. Pour 2004, le Bureau a proposé que l'on se penche sur l'évaluation future, sans thème particulier. Les recommandations du Bureau figurent dans le document E/CN.9/1999/CRP.2, paru uniquement en anglais.

Mme RAJ KARIM, Présidente de la 31ème session de la Commission, a précisé que les thèmes proposés étaient basés sur le travail des commissions techniques et les thèmes communs des grandes conférences. Elle a estimé que d'autres questions intersectorielles devraient également être abordées de façon plus détaillée l'année prochaine, telles le droit de procréation, le sida et l'éducation des fillettes. Elle a souhaité que les résultats des travaux de la Commission de la condition de la femme qui se réunit généralement avant la Commission de la population, soient mis à la disposition des délégations.

( suivre)

- 12 - POP/703 22 mars 1999

Elle a expliqué que le Bureau avait estimé nécessaire d'examiner à nouveau le thème des droits de procréation car les pays n'ont pas encore eu la possibilité de faire part de leur expérience et des stratégies qu'ils ont mises en oeuvre en matière de santé génésique. L'examen de ce thème permettra de faire le bilan de la question lors de la CIPD+5, a-t-elle dit.

M. CHAMIE a expliqué que malgré les efforts déployés en vue de coordonner les travaux de la Commission de la population avec ceux des autres commissions, il est parfois difficile d'organiser des réunions en coordination avec d'autres commissions en raison des jours fériés et des disponibilités des salles. Il s'est réjoui des initiatives des pays qui ont organisé des réunions sur des thèmes spécifiques et a souhaité que cette tendance se poursuive. En réponse à une question de la représentante de la Fédération de Russie, M. Chamie a assuré que les circonstances régionales seraient prises en compte, et en particulier les situations spécifiques des pays en transition. Il indiqué avoir pris note des chiffres alarmants en ce qui concerne la mortalité, en particulier celle des hommes. M. Chamie a convenu, avec le représentant de la Malaisie, de la nécessité de poursuivre le travail dans le domaine de la morbidité. Cinq ans est effectivement une période trop courte pour pouvoir tirer des conclusions en ce qui concerne les tendances démographiques, a-t-il dit, en reconnaissant que les problèmes relatifs à la morbidité se heurtent à un manque de données.

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