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POP/702

LES DEFIS DEMOGRAPHIQUES, AGGRAVES PAR LES DIFFICULTES ECONOMIQUES, SE HEURTENT AU MANQUE DE RESSOURCES ET DE POLITIQUES ADAPTEES AUX BESOINS REELS

22 mars 1999


Communiqué de Presse
POP/702


LES DEFIS DEMOGRAPHIQUES, AGGRAVES PAR LES DIFFICULTES ECONOMIQUES, SE HEURTENT AU MANQUE DE RESSOURCES ET DE POLITIQUES ADAPTEES AUX BESOINS REELS

19990322 La Commission de la population et du développement entame les travaux de 32ème session

Les grandes tendances démographiques mondiales, tel le vieillissement de la population, dû à la baisse globale des taux de natalité et de mortalité, a des conséquences socioéconomiques importantes et pose des problèmes auxquels la communauté internationale doit trouver des réponses adéquates, ont souligné plusieurs délégations à l'ouverture, ce matin, des travaux de la Commission de la population et du développement. La résolution des questions démographiques, aggravées par les difficultés économiques dans de nombreux pays, se heurte à la fois au manque de ressources disponibles et de politiques répondant aux véritables défis. Ainsi, les besoins des adolescentes et des femmes en matière de santé génésique et leurs droits de procréation sont encore trop ignorés, faute de moyens appropriés, en particulier dans les pays en développement. Plusieurs délégations ont préconisé d'élargir la base des donateurs, la représentante des Etats-Unis suggérant de faire davantage appel au secteur privé pour financer les activités en matière de population.

Les représentants de l'Allemagne (au nom de l'Union européenne), des Etats-Unis, du Bangladesh, de la Thaïlande, de la Fédération de Russie, et de la Chine ont fait une déclaration.

La Commission avait auparavant entendu des déclarations liminaires de M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociale, de Mme Nafis Sadik, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales.

Les rapports dont est saisie la Commission pour l'examen de ces questions ont été présentés par M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociale, M. Larry Heligman, Sous-Directeur de la Division de la population, Mme Catherine Pierce, Vice-Directrice de la Division technique et des politique du FNUAP, M. Mohammed Nizamuddin, Directeur de la Division technique et des politiques du FNUAP, et Mme Hania Zlotnik, Chef de la Section des estimations et projections en matière de population de la Division de la population.

(à suivre - 1a)

- 1a - POP/702 22 mars 1999

Avant l'ouverture du débat, la Commission avait élu M. Robert Louis Cliquet (Belgique) à sa Présidence et Mme Gabriella Vokovich (Hongrie) à l'une de ses Vice-Présidences. En l'absence de candidats, l'élection aux autres postes de Vice-Présidents a été reportée.

La Commission a également adopté son ordre du jour provisoire et l'organisation de ses travaux (E/CN.9/1999/1 et E/CN.9/1999/L.1), tel que modifié oralement. En raison du manque de temps, elle a décidé d'examiner ensemble les points 3 et 4 de son ordre du jour, relatifs à la suite donnée aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement, et à la situation de la population mondiale, et d'annuler la réunion-débat sur la croissance, la structure et la répartition de la population qui devait se tenir ce lundi après-midi de 16 heures 30 à 18 heures. Mme Raj Karim, Présidente de 31ème session de la Commission, a présenté le rapport de la réunion intersessions du Bureau de la Commission, qui s'est tenue à Kuala Lumpur (Malaisie) les 28 et 29 septembre derniers. M. Chamie a indiqué que le Bureau avait recommandé, lors de sa dernière réunion intersession, d'examiner les thèmes suivants lors des prochaines sessions de la Commission : population et différences socioéconomiques à l'intérieur et entre les pays (2001); population et environnement (2002); et droits de procréation et santé génésique (2003). En 2004, le Bureau recommande de mettre l'accent sur la prochaine évaluation quinquennale, sans fixer un thème particulier.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

Documentation

Mesures à prendre pour donner suite aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement

Rapport succinct du Secrétaire général sur le suivi des questions de population à l'échelle mondiale (1999) : accroissement, structure et répartition de la population (E/CN.9/1999/2)

Ce rapport, élaboré par la Division de la population du Secrétariat, fait la synthèse des données récentes concernant l'accroissement, la structure et la répartition de la population, notamment l'accroissement de la population et ses composantes : évolution des structures par âge de la population, pauvreté, ressources vivrières et environnement. Il étudie l'évolution de la population du point de vue de l'importance numérique et de l'accroissement, dans le monde et dans les zones urbaines et rurales, l'évolution de la mortalité, de la fécondité et des migrations à l'origine des changements, ainsi que des politiques adoptées par les gouvernements pour résoudre les problèmes nationaux en matière de population et de développement. Il présente les tendances enregistrées à ce jour et l'évolution actuelle, ainsi que des projections pour 2150. Le rapport contient divers tableaux et figures, ainsi qu'une annexe sur la collecte, la disponibilité et la qualité des données.

La seconde moitié du XXème siècle a été une période marquante sur le plan démographique. C'est le cas en particulier du quart de siècle qui a suivi la Conférence mondiale des Nations Unies sur la population, tenue en 1974 à Bucarest. La population est passée de 4 milliards d'habitants à près de 6 milliards aujourd'hui. En même temps, le taux d'accroissement démographique est tombé de 2% par an en 1970-1975 à 1,3% aujourd'hui, le nombre moyen d'enfants par couple est passé de 4,5 à 2,7 et l'espérance de vie à la naissance a augmenté, passant de 56 ans à 65 ans. Le pourcentage de la population mondiale vivant dans des zones urbaines s'est accru, passant de 36% à 47%, et le nombre de mégapoles de 10 millions de personnes ou plus est passé de 5 à 18. Le nombre de personnes ayant quitté un pays pour un autre dépasse aujourd'hui 125 millions.

La transition démographique (c'est-à-dire la chute des taux de natalité et de fécondité) ne s'est pas faite de façon uniforme dans tous les pays. En 1974, elle était déjà bien entamée ou pratiquement achevée dans de nombreux pays alors qu'elle avait à peine commencé dans d'autres. En 1998, cette transition a eu lieu ou a lieu dans pratiquement tous les pays, mais ses phases et son rythme varient, et certains pays et régions enregistrent même des retours en arrière. A cause du syndrome d'immunodéficience acquise (sida) et d'autres nouvelles maladies pour certains pays, et de bouleversements politiques pour d'autres, les progrès réalisés en matière de santé et de réduction de la mortalité ont été inversés.

( suivre)

- 3 - POP/702 22 mars 1999

La population mondiale, qui est de 5,9 milliards d'habitants en 1998, croît à un taux de 1,3% par an. Chaque année, le monde compte environ 78 millions d'habitants de plus. Près de 96% de l'accroissement annuel total de la population viennent des pays en développement. En 2050, selon les prévisions et projections démographiques officielles des Nations Unies, la population mondiale se situera entre 7,3 et 10,7 milliards d'habitants. La projection fondée sur la variante moyenne de fécondité, qui est souvent considérée comme la plus probable, donne pour la même année le chiffre de 8,9 milliards d'habitants. En raison des grandes différences entre les schémas de croissance, le pourcentage de gens vivant dans des pays développés est en baisse et devrait continuer de baisser considérablement. Alors qu'en 1970, environ un quart de la population mondiale vivait dans les pays développés, la proportion n'est plus que d'un cinquième en 1998. Selon la projection de l'ONU fondée sur la variante moyenne de fécondité, les pays développés ne compteront plus que pour 13% de la population mondiale en 2050. Les taux annuels d'accroissement démographique varient considérablement d'un pays à l'autre, allant des taux négatifs de certains pays d'Europe orientale aux taux extrêmement élevés de certains pays d'Afrique et d'Asie. Le nombre de pays de 100 millions d'habitants ou plus augmente rapidement. En 1998, la Chine était le pays le plus peuplé du monde avec 1 milliard 260 millions d'habitants, suivie par l'Inde avec 982 millions d'habitants. Venaient ensuite les Etats-Unis (274 millions), l'Indonésie (206 millions) et le Brésil (166 millions). D'après la projection des Nations Unies fondée sur la variante moyenne de la fécondité, l'Inde sera le pays le plus peuplé du monde en 2050 avec 1 milliard 530 millions d'habitants, suivie par la Chine ( 1 milliard 480 millions), les Etats-Unis (349 millions), le Pakistan (345 millions) et de l'Indonésie (312 millions).

Depuis 1970-1975, la fécondité mondiale totale a baissé de 39%, passant de 4,5 naissances par femme à son niveau actuel de 2,7 naissances par femmes. Même si la fécondité est devenue relativement modérée dans de nombreux pays en développement, avec un taux inférieur au taux de remplacement de la population dans certains pays, le nombre de naissances vivantes est considérable et progresse chaque année car les femmes en âge de procréer sont de plus en plus nombreuses du fait des taux de fécondité élevés du passé. Dans les pays en développement, le nombre moyen de naissances, qui était de 104 millions par an en 1970-1975, atteint 117 millions aujourd'hui. La fécondité continue de varier d'une région du monde à l'autre. Les taux de fécondité cumulée vont de 1,4 et 1,9 naissance par femme en Europe et en Amérique du Nord respectivement à 5,1 en Afrique. Pour l'Asie et l'Amérique latine et les Caraïbes, les taux se situent à des niveaux intermédiaires (2,6 et 2,7 naissances par femme respectivement).

( suivre)

- 4 - POP/702 22 mars 1999

Au niveau mondial, la baisse continue de la mortalité se traduit par un allongement de l'espérance de vie à la naissance qui est passée de 58 ans en 1994 à 65 ans aujourd'hui. Dans le même temps, la mortalité infantile chutait de 93 à 57 morts pour 1000 naissances vivantes. Ce sont pour une large part les interventions menées dans le domaine de la médecine et de l'hygiène pour lutter contre les maladies infectieuses et parasitaires qui ont permis depuis les années 60 de faire reculer rapidement, dans de nombreux pays en développement, les maladies transmissibles et, partant, la mortalité, en particulier chez les enfants. Mais la guerre contre les maladies transmissibles n'est pas gagnée. Au niveau mondial, les maladies infectieuses et parasitaires, les infections respiratoires, la malnutrition et la mortalité maternelle et infantile sont responsables de plus de 40% de tous les décès. Ces dernières années, le sida a fait des ravages dans un certain nombre de pays, particulièrement en Afrique subsaharienne. Dans 29 pays africains particulièrement touchés, l'espérance de vie à la naissance est inférieure de sept ans à ce qu'elle serait sans le sida. Dans neuf pays dont 10% des adultes ou plus sont porteurs du virus, l'espérance de vie est inférieure de 10 ans en moyenne à ce qu'elle pourrait être. On pense cependant que l'impact démographique du sida ne se fait pas encore pleinement sentir. Ainsi, d'ici la période 2010-2015, le sida fera perdre à ces neuf pays 16 années d'espérance de vie. Les pays les plus touchés sont le Botswana où le sida frappe un adulte sur quatre et le Zimbabwe, avec un adulte sur cinq infecté.

La fécondité ayant chuté dans un nombre grandissant de pays ces 30 dernières années, les migrations internationales ont désormais une incidence plus importante sur la croissance démographique. Pour les pays développés en particulier, la diminution des taux de fécondité enregistrée récemment est telle que, même minimes, les migrations internationales ont une incidence significative sur la croissance démographique. Entre 1970 et 1995, les pays occidentaux ont absorbé 35 millions de migrants en termes nets, ce chiffre représentant 28% de leur croissance démographique. En revanche, la perte de ces 35 millions de migrants a entraîné une perte inférieure à deux points de croissance démographique dans le reste du monde. Les pays africains sont de plus en plus nombreux à adopter des politiques démographiques et à intensifier leur action en matière de réduction de la croissance démographique. Par contre, un nombre de plus en plus important de pays européens s'inquiètent de la baisse de la fécondité ainsi que de la réduction et du vieillissement de leur population et lancent des politiques visant à modifier leur situation démographique et à augmenter la croissance de leur population.

Une conséquence inévitable de la transition démographique et de la baisse de la fécondité et de la mortalité a été l'évolution de la structure d'âge de la population. Dans les pays développés, la population est beaucoup plus âgée que par le passé, tandis que dans les pays en développement, la proportion d'enfants, de jeunes et d'adultes augmente rapidement.

( suivre)

- 5 - POP/702 22 mars 1999

L'évolution de la structure d'âge de la population aura probablement de graves conséquences économiques et sociales, notamment pour la croissance économique, l'épargne et l'investissement, la main-d'oeuvre et l'emploi, les plans de retraite, la santé et les soins à long terme, les transferts entre générations, la structure familiale et les conditions de vie. La préoccupation suscitée par les conséquences du vieillissement, jadis l'apanage des pays développés, touche désormais aussi les pays en développement. Un autre phénomène est la croissance rapide des zones urbaines. Vers juin 1998, 47% de la population mondiale vivait dans les villes. Cette population urbaine croît trois fois plus vite que la population rurale. C'est ainsi que la population mondiale devrait être à 50% urbaine d'ici à 2006, et aux trois cinquièmes environ d'ici à 2030. L'exode rural représente un type de migration interne parmi beaucoup d'autres.

L'incidence de l'accroissement de la population sur le rythme de développement économique fait l'objet d'une vive controverse. Les dernières décennies ont été marquées par de profonds revirements d'opinion sur la corrélation entre population et développement. D'une manière générale, on pense que l'incidence de l'accroissement rapide de la population varie considérablement selon les pays et la période considérée, et qu'elle est relativement faible par rapport à d'autres aspects de la prospérité économique. On s'accorde toutefois à reconnaître que, du fait de l'accroissement rapide de la population, de nombreux pays en développement ont davantage de difficulté à améliorer leur niveau de vie. La lutte contre la pauvreté, la fourniture de denrées alimentaires et la préservation de l'environnement sont intimement liées au mouvement de la population et au changement politique et économique. Comme dans un "cercle vicieux", l'accroissement rapide de la population peut exacerber chacun de ces deux aspects, par le cumul de performances médiocres. La rupture du rapport de corrélation peut être facilitée par les politiques gouvernementales qui favorisent la croissance des revenus, donnent des moyens d'action aux pauvres en améliorant leur éducation et leur santé, et encouragent à faire preuve de prudence dans l'allocation des ressources. Ces politiques peuvent donner lieu à des "cercles vertueux" caractérisés par le cumul de bonnes performances dans les trois aspects. Le changement économique et le mouvement de la population sont deux forces en interaction qui subissent l'influence des milieux institutionnels et des politiques gouvernementales. En conséquence, les politiques démographiques sont un élément capital du processus de prise de décisions indispensables pour promouvoir le développement économique et social, lutter contre la pauvreté et favoriser à long terme la bonne gestion de l'environnement, conclut le rapport.

( suivre)

- 6 - POP/702 22 mars 1999

Rapport du Colloque technique sur les migrations internationales et le développement de l'Equipe spéciale du Comité administratif de coordination (CAC) sur les services sociaux de base pour tous (E/CN.9/1999/3)

Le Colloque technique sur les migrations internationales et le développement s'est tenu à la Haye (Pays-Bas) du 29 juin au 3 juillet 1998. Il a permis de réaffirmer le fait que les migrations internationales posent des défis majeurs pour la communauté internationale, défis qui sont encore plus imposants en raison des perceptions négatives très répandues parmi le public au sujet des migrations internationales et du fait que les contributions importantes apportées par les migrants aux sociétés d'accueil sont en général reconnues d'une manière très limitée. L'un des facteurs qui ont contribué aux idées fausses si répandues au sujet des migrations internationales est le manque de données sur ces migrations.

Les estimations mondiales les plus récentes du nombre de migrants internationaux, qui datent de 1990, indiquent qu'il y avait à l'époque 120 millions de migrants internationaux, ce qui représentait environ 2% de la population mondiale. Globalement, les migrants internationaux représentaient 4,5% de la population des pays développés en 1990, par rapport à une proportion relativement stable de 1,6% pour les pays en développement. Toutefois, les migrants internationaux avaient tendance à être concentrés dans certains pays et certaines sous-régions. Un certain nombre de pays développés, notamment l'Allemagne et les Etats-Unis, avaient accueilli un grand nombre de migrants depuis 1985. Dans le monde en développement, outre les flux de réfugiés en Afrique et en Asie, un nombre considérable de travailleurs migrants avaient convergé vers les pays producteurs de pétrole d'Asie occidentale depuis 1985, et le Japon ainsi que les nouveaux pays industrialisés situés sur les bords de l'océan Pacifique étaient devenus des pôles d'attraction puissants pour la migration de main-d'oeuvre. En outre, la désintégration de certains Etats après la fin de la guerre froide avait entraîné d'importants mouvements de population entre les nouveaux Etats indépendants et également vers des pays tiers. La proportion de femmes dans les migrations internationales, bien qu'elle n'ait pas augmenté de manière significative en termes de pourcentage au niveau mondial (elle est passée de 47 à 48% du total des migrants entre 1965 et 1990), est devenue plus évidente dans certaines régions et certains types de flux.

Il ressort de l'examen de la corrélation entre les migrations internationales et le développement que le stade de développement auquel se trouvent les pays, en déterminant le degré de leurs relations avec l'économie mondiale, a une influence considérable sur les migrations internationales dont ils sont l'objet. Il semble aussi que l'intégration économique stimule les migrations. Les participants au Colloque ont aussi examiné dans quelle mesure des facteurs comme la pauvreté et la dégradation de l'environnement provoquent des migrations du Sud vers le Nord.

( suivre)

- 7 - POP/702 22 mars 1999

Une analyse économétrique établissant notamment des liens entre, d'une part, les niveaux de revenu et le déboisement dans les pays d'origine et, d'autre part, leurs taux d'émigration vers les pays développés a montré qu'un niveau bas de revenu réduisait l'émigration alors que des revenus dépassant un certain seuil font augmenter l'émigration. En outre, une augmentation des niveaux de déboisement a tendance à faire augmenter l'émigration. Etant donné les coûts élevés entraînés par les migrations internationales, la pauvreté réduit généralement la capacité d'émigrer à moins que d'autres facteurs ne forcent la population à entreprendre une "migration de survie". La dégradation de l'environnement a surtout un effet indirect sur la migration en affectant les conditions économiques, ce qui ultérieurement peut encourager les départs. Néanmoins, les causes environnementales peuvent être la cause directe de mouvements de population, dont la plupart ont tendance à se produire à l'intérieur des frontières nationales.

Les participants au Colloque ont également centré leur attention sur les interactions entre l'emploi irrégulier et les migrations internationales. Les migrations irrégulières et l'emploi irrégulier de migrants découlent du conflit entre une demande réelle de travailleurs non qualifiés et des politiques de migration restrictives qui interdisent ou entravent leur immigration. Dans les pays ayant une économie en transition, les transformations politiques et économiques qu'ils connaissent contribuent également à l'augmentation des migrations irrégulières. Pour être efficaces, les politiques de lutte contre les migrations irrégulières devraient adopter une approche globale fondée sur une meilleure compréhension du rôle économique du secteur informel, du besoin de main-d'oeuvre non qualifiée et des intérêts des employeurs qui recrutent des travailleurs dans des conditions irrégulières, a notamment recommandé le Colloque. De l'avis des participants, le meilleur cadre pour assurer la protection effective des travailleurs migrants est un partenariat entre les gouvernements des pays d'origine et des pays d'emploi.

Une attention particulière a aussi été accordée à l'intégration économique, la mobilité sociale, les possibilités d'éducation et l'identité culturelle des étrangers résidents, des émigrants et de leurs enfants. Le principal problème traité fut la manière d'empêcher la marginalisation économique, sociale et culturelle des étrangers résidents, surtout lorsque cette marginalisation est liée à des facteurs ethniques ou raciaux. Il est ressorti qu'une stratégie globale à long terme est nécessaire afin d'assurer l'intégration socioéconomique des résidents étrangers de longue date, surtout en ce qui concerne leur position sur le marché du travail, leur accès aux possibilités d'éducation, et leurs perspectives de mobilité sociale. Les activités d'information et d'éducation visant à accroître la tolérance au sein du public ont été jugées cruciales à cet égard.

( suivre)

- 8 - POP/702 22 mars 1999

Bien que certains migrants aient tendance à s'installer à l'étranger, beaucoup d'autres sont revenus dans leurs pays d'origine. L'impact des migrations de retour varie toutefois selon les pays d'origine : dans certains cas, il semble que les migrants rapatriés n'ont apporté pratiquement aucune contribution au développement; dans d'autres cas, il semble y avoir des effets positifs. Les participants au Colloque ont aussi examiné l'évolution de l'accueil réservé aux demandeurs d'asile dans différentes régions du monde. Afin de préserver l'institution de l'asile mise à mal tant dans les pays du Nord que ceux du Sud, il semble essentiel d'assurer le respect des normes de base relatives aux droits de l'homme et de sauvegarder les principes fondamentaux tels que le droit d'asile en cas de persécution individuelle et le principe du non-refoulement. Pour faire face à cette situation nouvelle, il semble nécessaire de trouver une série de mesures adaptées à la diversité des besoins de protection, y compris l'utilisation de mesures souples comme l'octroi d'une protection temporaire. Il est également crucial de faciliter le retour. Pour parvenir à cet objectif, les pays d'accueil doivent nouer un dialogue constructif avec les pays d'origine en vue de négocier des solutions pratiques. A cet égard, le Colloque a noté que certains pays d'accueil avaient déjà conclu des accords de rapatriement avec certains pays d'origine. Il a également été noté que, dans les pays développés comme dans les pays en développement, il y a eu une érosion de l'appui du public à la protection des réfugiés et des demandeurs d'asile.

En conclusion de ses travaux, le Colloque a souligné l'importance d'une coopération internationale fondée sur un équilibre approprié entre les préoccupations des différentes parties. L'harmonisation internationale des politiques de migration et d'asile semble être un objectif à long terme, qui serait probablement atteint plus facilement au niveau régional, ont estimé les participants. L'attention a été attirée sur l'écart entre les droits officiels et le traitement réel des migrants. On a souligné la nécessité de créer des conditions favorisant la pleine participation des migrants à la société. Malgré la mondialisation, les Etats ont toujours des pouvoirs considérables pour contrôler les migrations internationales. Toutefois, des mécanismes de contrôle mal conçus ou une importance disproportionnée accordée au contrôle peuvent contribuer à un accroissement des migrations irrégulières. Personne ne souhaite être un migrant illégal. Le défi est donc de créer des conditions qui rendent cela inutile, ont souligné les participants. Enfin, la nécessité d'améliorer la collecte et l'analyse des données sur les différents aspects des migrations internationales a été mise en avant.

Rapport du Secrétaire général sur les flux de ressources financières devant concourir à l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (E/CN.9/1999/4)

Selon ce rapport, établi par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), l'aide extérieure aux activités en matière de population a augmenté de 54% par rapport à la période précédant immédiatement la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD, Le Caire, 1994).

( suivre)

- 9 - POP/702 22 mars 1999

Son montant total, qui était de 1,3 milliard de dollars en 1993, a été porté à un peu plus de 2 milliards de dollars en 1996, soit environ 35% de l'objectif de 5,7 milliards de dollars adopté au Caire pour la participation de la communauté internationale au financement du Programme d'action. Des données préliminaires indiquent qu'en 1997, l'aide totale dans le domaine de la population a été ramenée à un peu moins de 1,9 milliard de dollars. Si les contributions de certains donateurs ont augmenté en 1997, d'autres se situent à leur niveau de 1996 ou en deça. Des difficultés économiques ayant amené certains à réduire leurs budgets et leur aide publique au développement (APD), l'aide aux activités en matière de population est restée au même niveau ou a diminué.

Les flux de ressources financières intérieures émanant des gouvernements, des organisations non gouvernementales et de sources privées sont estimés pour 1997 à un peu moins de 8 milliards de dollars, soit un niveau légèrement inférieur à 1996. Un chiffre qui doit être considéré avec prudence car la base de données doit encore être améliorée. D'après les données relatives à l'aide extérieure et les dépenses intérieures, les ressources consacrées à l'ensemble des activités en matière de population en 1997 sont estimées provisoirement à 9,6 milliards de dollars au total.

Le dynamisme qu'avait suscité la CIPD, et qui s'était traduit par une progression importante entre 1993 et 1995 des flux de ressources financières consacrées aux activités en matière de population, semble donc être en perte de vitesse depuis 1996. Bien que certains donateurs aient continué de contribuer de plus en plus largement au financement des activités considérées, l'aide internationale est de manière générale en période de stagnation, un certain nombre d'autres ayant réduit leurs contributions ou les ayant maintenues au même niveau que l'année précédente. En 1996, l'aide internationale n'a pas dépassé le niveau atteint en 1995, soit environ 2 milliards de dollars, ce qui représente approximativement 35% des 5,7 milliards de dollars que la communauté internationale s'était fixé comme objectif au Caire et qu'elle devait apporter d'ici à l'an 2000 au titre de sa participation au financement du Programme d'action de la Conférence. Les premières données dont on dispose pour 1997 semblent indiquer que l'aide internationale consacrée aux activités en matière de population a diminué pour la première fois depuis la Conférence. Cette régression s'explique en grande partie par une diminution de l'APD, par des compressions budgétaires et par des taux de change défavorables.

Divers pays en développement ont témoigné de l'importance qu'ils accordent au Programme d'action en formulant, ou en révisant, des politiques nationales tendant à la réalisation des objectifs de la Conférence, en mettant en oeuvre des programmes à cette fin et en allouant des ressources aux activités correspondantes. D'après le compte rendu préliminaire de l'initiative 20/20, qui porte sur de nombreuses activités annexes en matière de population, les pays en développement affectent en moyenne 13% de leur budget national aux services sociaux de base et les pays donateurs consacrent environ 10% de l'APD au financement de ces services.

( suivre)

- 10 - POP/702 22 mars 1999

L'estimation globale de près de 8 milliards de dollars, établie par le FNUAP, ne rend pas compte des grandes disparités qui existent entre les pays qui ne sont pas également en mesure de mobiliser les ressources internes nécessaires aux activités en matière de population. La plupart des pays en développement ne peuvent pas produire les ressources qui leur permettent de mettre en oeuvre leurs programmes en la matière. Dans le cas des pays les moins avancés ou des autres pays économiquement faibles, les ressources devront provenir en très grande partie de sources externes et être accordées à titre de dons ou à des conditions avantageuses.

Quant au financement nécessaire à la réalisation des objectifs de la CIPD, on est encore loin de l'objectif fixé, à savoir l'affectation d'ici à l'an 2000 de 17 milliards de dollars aux activités en matière de population. Pour y parvenir, il faudrait, compte tenu des chiffre de 1997, que les fonds apportés, qu'ils proviennent de sources internes ou internationales, augmentent considérablement. La mobilisation des ressources consacrées aux activités en matière de population et de développement doit figurer en bonne place dans les programmes de développement international. Les donateurs et les pays en développement devraient revoir leurs priorités et augmenter les budgets accordés à ces activités et aux secteurs apparentés. Il appartient aux donateurs de coordonner leurs politiques de financement et leurs méthodes de planification de façon à élargir l'impact et le rapport coût-efficacité de l'aide apportée aux programmes en matière de population. Les ressources financières étant limitées, il est également essentiel que les donateurs et les gouvernements veillent à ce qu'elles soient utilisées avec efficacité et rentabilité et conformément aux objectifs de la Conférence.

La situation démographique dans le monde

Rapport du Secrétaire général sur les tendances démographiques à l'échelle mondiale (E/CN.9/1999/5)

Le rapport examine la dimension et l'accroissement de la population dans le monde et dans les différentes régions, ainsi que les composantes démographiques - fécondité, mortalité et migrations internationales - qui déterminent ces tendances. Il est fondé sur les résultats de la 1998 Révision des estimations et projections démographiques mondiales établie par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l'ONU. Les données qui y sont annoncées confirment que les paramètres démographiques dans le monde présentent des variations très marquées. Alors que la population mondiale continue de s'accroître, les taux de croissance et les augmentations annuelles de la population sont en baisse. Dans la plupart des pays en développement, les taux de fécondité diminuent, de nombreux pays, en particulier dans les régions développées, ont enregistré de longues périodes de fécondité déficitaires. Un recul de la mortalité est observé dans de nombreux pays, mais pas dans tous. Les migrations restent un facteur important du mouvement de la population dans un grand nombre de pays.

( suivre)

- 11 - POP/702 22 mars 1999

Exécution du programme et programme du travail futur du Secrétariat dans le domaine de la population

Rapport du Secrétaire général sur l'exécution du programme et l'avancement des travaux dans le domaine de la population : Division de la population, Département des affaires économiques et sociales (E/CN.9/1999/6)

Ce rapport fait le point de l'avancement, pendant l'année 1998, des activités inscrites au programme de travail de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l'ONU dans le domaine de la population, et qui faisaient partie de sous-programmes concernant l'analyse des variables démographiques au niveau mondial; les projections démographiques mondiales; les politiques démographiques et le développement socioéconomique; le suivi, l'examen, l'évaluation, la coordination et la diffusion d'informations sur la population; et la coopération technique en matière de population. Il décrit également d'autres activités que poursuit la Division.

Note du Secrétaire général relative au Programme de travail proposé dans le domaine de la population pour l'exercice biennal 2000-2001: Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (E/CN.9/1999/7)

Le programme de travail a été établi conformément au plan à moyen terme pour la période 1998-2001 adopté par l'Assemblée générale. Il prévoit notamment d'entreprendre des activités pour donner suite à la Conférence internationale sur la population et le développement, de mener des travaux de recherche hautement prioritaires au niveau mondial et de diffuser le résultat de ces recherches avec le maximum d'efficacité et de fournir un appui fonctionnel à des projets de coopération technique dans le domaine de la population. Des extraits pertinents du budget-programme du Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies pour l'exercice biennal 2000-2001 du Département des affaires économiques et sociales figurent au document E/CN.9/1999/CRP.1. Le programme de travail doit encore être examiné par le Comité du programme et de la coordination, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires et la Cinquième Commission et doit être approuvée par l'Assemblée générale à sa cinquante-quatrième session.

Déclarations liminaires

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a indiqué que bien qu'un nombre croissant de pays soient entrés dans une phase de transition démographique, les chiffres ne traduisent pas encore entièrement cette transition, notamment pour ce qui est des conséquences de la pandémie du sida ou des guerres civiles. M. Desai a rappelé qu'au cours des dernières années, l'accent avait été mis sur le suivi coordonné des grandes conférences de l'ONU, par l'identification de thèmes communs, comme l'environnement propice, la disponibilité financière, ou l'élimination de la pauvreté.

( suivre)

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Partant, il a souligné la nécessité d'un travail analytique et opérationnel mieux coordonné. Il a rappelé le rôle du Conseil économique et social pour ce qui est de la synergie visant à faire avancer parallèlement les questions intersectorielles telles que la promotion de la femme ou la réduction de la pauvreté. Le Conseil économique et social a identifié, à cet égard, douze thèmes de travail. Cette année, il examinera les questions de coordination dans le cadre de l'élimination de la pauvreté. Une autre question importante qui sera examinée cette année par l'ECOSOC est celle des indices. Enfin, le 26 mars, le bureau de l'ECOSOC et le bureau de la Commission auront une réunion commune qui devrait permettre d'examiner ce que peut faire l'ECOSOC pour la Commission et le rôle de celle-ci dans le suivi coordonné des grandes conférences.

M. Desai a expliqué que le travail du Secrétariat en termes de coordination des activités s'articules autour des travaux des trois groupes de travail, les services sociaux de base, l'environnement propice et les services sociaux chargés d'examiner ces questions dans le cadre d'une conférence unique mais aussi du suivi coordonné des conférences du Caire et de Beijing. Pour le Secrétaire général adjoint, il importe de considérer ces conférences dans leur ensemble, comme un tout, afin d'élaborer une nouvelle approche du développement, une approche qui mette l'accent sur les thèmes intersectoriels et qui favorise l'émergence d'une nouvelle perspective du développement.

Mme NAFIS SADIK, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré qu'à la suite de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), tenue en 1994, l'ancienne Commission de la population avait pris un rôle plus actif. Le nombre des membres de la Commission de la population et du développement s'est accru, passant de 20 à 47, et ses responsabilités comprennent désormais une assistance au Conseil économique et social dans l'évaluation, la revue et le contrôle de la mise en exécution du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD). Dans le respect des réformes proposées par le Secrétaire général, les commissions de l'ECOSOC jouent désormais un rôle plus actif dans la surveillance des retombées des conférences internationales et dans la revue des progrès accomplis et les échanges d'information. En tant que Secrétaire générale de la CIPD, nous nous sommes adressés à la Commission pour le développement durable et à la Commission du statut de la femme, et cette fin de semaine, les Présidents de ces deux Commissions prendront la parole devant le comité préparatoire de la session extraordinaire de la CIPD+5.

Le FNUAP a accentué sa coopération avec les commissions opératoires et les autres organes de coordination des Nations Unies, et dans la mise en exécution du Programme d'action de la CIPD, nous avons recherché des partenariats avec les autres agences et programmes de l'ONU, les ONG, les parlementaires, le secteur privé et les autres membres de la société civile. Plusieurs de ces organismes nous ont joints dans des séries de tables-rondes et des symposiums techniques organisés grâce à différents gouvernements.

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L'un de ses symposiums techniques était celui sur les migrations internationales, qui a contribué à une meilleure compréhension des phénomènes et des processus de migration et de leur répercussions sur le développement. D'autres réunions ont eu lieu, notamment à La Haye (Pays-Bas), où 177 délégués se sont retrouvés pour échanger leurs expériences, reporter les progrès accomplis en matière de population, et discuter des difficultés rencontrées dans la mise en place du Programme d'action. A Kuala Lumpur (Malaisie), le Bureau de la commission de la population et du développement a tenu pour sa part sa réunion intersessionnelle en septembre dernier. Nous avons constaté qu'en général, les pays se sont engagés dans la réalisation des objectifs du Programme d'action, ce que montre la revue opérationnelle du FNUAP, qui démontre que de nombreux Etats ont beaucoup fait dans le domaine de la conception de politiques de population responsables et innovatrices. Parmi les actions menées par le FNUAP, nous pouvons relever les activités de prévention contre la pandémie du sida dans 132 pays, l'encouragement à la promotion de programmes de protection de la santé reproductive des adolescents, la réduction de la mortalité maternelle dans le cadre de laquelle nous travaillons avec l'UNICEF et de nombreuses ONG. J'aimerais aussi citer les efforts que nous avons déployés en vue d'améliorer les prestations de santé destinées aux réfugiés et aux femmes déplacées dans les zones en conflit; nous travaillons dans ce domaine avec le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), la Croix-Rouge et le Croissant Rouge. D'autre part, la sexospécificité est un des soucis majeurs du FNUAP, et nous l'intégrons désormais à tous les programmes que nous soutenons ou promouvons.

M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales, a déclaré que si tous les experts sur les questions relatives à la population souhaitent que leurs analyses et extrapolations pour l'avenir soient correctes, il espère, pour sa part, que les projections actuelles soient fausses. On prévoit une population mondiale de quelque 9 milliards d'habitants d'ici 50 ans. L'Inde a la part la plus importante de cette croissance, suivie de la Chine, du Pakistan, de l'Indonésie et du Nigéria, ces pays représentant près de 50% de l'accroissement annuel mondial de la population. La population des régions les moins développées devrait ainsi passer de 4,8 milliards d'habitants à 7,8 milliards en 2050. M. Chamie a évoqué la baisse mondiale de la fécondité, prenant notamment en exemple la Chine, le Viet Nam et le Brésil. Le défi qui se pose actuellement pour les pays développés et certains pays en développement est de relever des taux de fécondité très faibles, situés en deça des taux de remplacement. Or, selon les projections actuelles, ces pays devraient rester sous les taux de remplacement au cours des années à venir. En conséquence, d'ici à 2050, les populations de 30 pays devraient diminuer. C'est le cas de l'Allemagne, qui devrait passer de 82 millions d'habitants à 73 millions; et de la Russie dont la population devrait passer de 147 millions d'habitants à 121 millions. Parallèlement, on constate un vieillissement global de la population mondial qui pose également des défis importants pour les gouvernements.

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En outre, a poursuivi M. Chamie, l'épidémie du sida a également des conséquences dramatiques sur les populations des pays les plus touchés dont l'espérance de vie s'en trouve diminuée. Selon les projections, d'ici à 2015, la population totale des 29 pays les plus touchés par le VIH/sida devrait être de 60 millions inférieure à ce qu'elle aurait été en l'absence du sida. Il existe toutefois des incertitudes concernant l'impact et la propagation de cette maladie, en particulier en Chine et en Inde. Pour ce qui est du monde dans son ensemble, l'espérance de vie à la naissance devrait augmenter de 10 ans au cours des 50 prochaines années, c'est-à-dire de 66 ans actuellement à 76 ans en 2050. M. Chamie a trouvé que cette projection est erronée et trop conservatrice. Nous devrions peut-être anticiper une longévité humaine de 100 ans. Il a indiqué, à cet égard, que selon le Professeur français Jean Bourgeois-Pichat, la longévité humaine pourrait atteindre 120 ans, voire même les 150 ans. Face aux défis que les conséquences des projections démographiques actuelles risquent de poser à l'avenir, M. Chamie a dit que la population mondiale se situera au-dessous de 9 millions en 2050; que les projections relatives au VIH/sida et au nombre de décès liés à cette maladie sont trop élevées; et que les projections relatives à l'espérance de vie se révèlent trop faibles.

Adoption de l'ordre du jour et autres questions d'organisation

Mme RAJ KARIM, Présidente de la 33ème session de la Commission, a fait une brève présentantion du rapport (ce rapport est publié en anglais sous la cote E/CN.9/1999/CRP.2) du Bureau sur sa réunion intersessionnelle tenue à Kuala Lumpur en Malaisie les 28 et 29 septembre 1998. Elle a dit que cette réunion avait discuté de l'ordre du jour proposé pour l'examen du programme et de la plate-forme de la Commission pour les cinq années à venir et a examiné le fonctionnement des commissions fonctionnelles du Conseil économique et social. Des recommandations ont été faites pour que la 33ème session de l'an 2000 examine de manière approfondie les questions de population et de développement. Celles liées à l'impact de la population sur l'environnement, puis celles concernant les droits de la reproduction et la santé génésique, pourraient être discutées au cours des sessions annuelles suivantes. Concernant les questions sensibles qui se posent en matière de politiques de population, le Secrétariat a d'autre part, préparé des projets de résolutions à déposer sous peu, pour éviter les longues négociations entre délégations avant les réunions envisagées. Nous sommes heureux de constater que le rapport présenté par le Bureau ait suscité des réponses de la part de certaines délégations et institutions.

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Suite donnée aux recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement, et situation de la population mondiale

Débat général

Mme CHARLOTTE HOEHN (Allemagne), au nom de l'Union européenne, a dit que cette session de la Commission entre dans le cadre d'un programme qui s'étend sur plusieurs années et qui aborde toutes les questions relatives à la population. Le thème de cette année, "Croissance de la population, sa structure et sa répartition, avec un accent spécial sur la croissance économique et le développement durable, y compris l'éducation", n'est pas, nous semble-t-il, totalement couvert par le rapport 1999 sur la population dans le monde que nous avons devant nous. L'éducation est absente de ce rapport. Or, étant donné qu'elle est cruciale dans le renforcement des capacités et de la participation des femmes aux activités sociales, dans la prise en charge par les intéressées de leurs droits sexuels et reproductifs, et dans leur participation plus effective au développement économique, nous demandons que l'éducation soit un point focal d'analyse dans la préparation du rapport d'évaluation prévu l'an prochain sur le thème "Sexospécificité, population et développement". Le rapport d'évaluation sur la croissance de la population, sa structure et sa répartition que nous avons devant nous, contient beaucoup d'informations sur les tendances des changements démographiques, et il est intéressant, pour les perspectives du sommet "Le Caire+5" que les données sur ces tendances couvrent la période allant de la Conférence mondiale sur la population tenue à Bucarest en 1974 et se projetant dans l'avenir jusqu'en l'an 2050.

Ce rapport offre de surcroît des remarques intéressantes sur les raisons des changements des indices de fertilité et de mortalité, et il met en exergue les questions concernant l'urbanisation, tout en discutant des implications socioéconomiques et des défis posés par le vieillissement des populations. L'Union européenne pense à ce sujet que le vieillissement de la population et la solidarité entre générations sont des questions importantes qui doivent être attentivement examinées dans les prochaines revues d'évaluation des progrès effectués en vue d'atteindre les objectifs du Programme d'action de la CIPD en l'an 2004. Nous félicitons la Division de la population des Nations Unies pour le travail accompli cette année, et nous espérons que ces efforts seront maintenus au cours des prochaines années. L'étude effectuée sur les gouvernements qui promeuvent la croissance du revenu des populations, donnent la parole aux pauvres, les éduquent et leur dispensent des soins de santé et gèrent de façon prudente les ressources de l'Etat, est fort intéressante pour les preneurs de décisions au niveau international. L'Union européenne propose que le thème avancé pour l'an 2001 "Populations et différences socioéconomiques à l'intérieur des pays et entre nations", mette un accent particulier sur l'étude des liens entre la population et le développement, avec une attention spéciale accordée aux pauvres et au troisième âge, et qu'il s'intéresse à la prévalence du VIH/sida par différents groupes.

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En 2002, nous proposons que le thème "Population et environnement" soit débattu dans la perspective du processus de Rio, dans lequel les changements démographiques n'ont pas suffisamment été pris en considération. Quant à la session de 2004, la question des droits et de la santé reproductifs, devrait être examinée à la lumière de données internationales plus fiables et comparables comprenant la maternité sans risque, la santé reproductive des adolescents et la prévention du sida.

Mme MARGARET POLLACK (Etas-Unis) a estimé qu'à une époque où certains observateurs sont alarmés par le vieillissement de la population, le rapport sur la croissance et la structure de la population est le bienvenu. Ce rapport reconnaît les conséquences socioéconomiques inévitables pour tous les pays, de l'augmentation du nombre de personnes du troisième âge. Concernant les courants de migrations, nous félicitons la Division de la population et les autres centres de recherche pour le travail accompli dans la compréhension des migrations internationales. Mais nous aimerions avoir plus d'informations sur les liens entre les migrations et le développement économique. Notre pays est sensible aux problèmes posés par le respect des droits de l'homme de tous les immigrants, mais nous estimons aussi que la réforme du droit d'asile devrait se pencher sur la question de l'abus de ces droits par certains groupes ou individus. Nous voulons donner plus de chances aux immigrants légaux en leur ouvrant les portes de l'accession à la nationalité. L'intégration socioculturelle des populations migrantes est un de nos soucis, car nous estimons que les migrants à long terme sont une source inestimable de vitalité et d'énergie économique pour notre pays. Nous voulons leur offrir le meilleur cadre d'installation et d'expression possible de leur capacité.

Concernant les questions de financement des programmes à mettre en place dans les domaines de la population et de la santé reproductive, la pandémie du VIH/sida exige des gouvernements à allouer de manière urgente, des ressources additionnelles. Nous avons, dans ce cadre, besoin de nouveaux partenaires de financement qui soient fiables, en vue de mobiliser les ressources nécessaires. Les groupes et entreprises privés jouent de plus en plus un rôle important en matière de soutien et de mobilisation des ressources, et nous aimerions que des encouragements leur soient faits dans ce sens. Il faut cependant que les ressources actuellement disponibles soient mieux utilisées, ce qui peut être fait grâce à une meilleure coordination de l'action des donateurs et à une amélioration de l'exécution sur le terrain des programmes.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a jugé importantes les questions relatives aux migrations internationales et aux ressources nécessaires pour la mise en oeuvre du Programme d'action du Caire. La migration bien structurée est avantageuse aussi bien pour les pays d'envoi que pour les pays bénéficiaires, a-t-il dit. Une certaine incompréhension existe toutefois dans certains pays qui résulte des réticences à procéder à un examen en profondeur d'un processus qui pourrait être mutuellement bénéfique.

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Le Colloque de La Haye sur les migrations internationales et le développement a montré qu'il n'y a pas de soutien clair à la perception commune selon laquelle la cause principale de la migration est économique. Mais il a montré que les liens entre la pauvreté, la dégradation de l'environnement et les migrations internationales sont complexes et de nombreuses notions stéréotypées sont infondées. Notant le nombre croissant de femmes migrantes, particulièrement vulnérables à l'exploitation et au harcèlement, M. Chowdhury a souhaité que davantage d'attention soit accordée à cette question et a invité les pays d'accueil à renforcer leur protection. Le Colloque a contribué à une meilleure compréhension de la dynamique de la migration et de ses effets. Des études complémentaires sont toutefois nécessaires pour établir clairement l'impact des migrations sur le développement. Evoquant les résultats du Colloque, le représentant a insisté sur la nécessité de stimuler la coopération internationale, d'aborder de manière adéquate la question des mécanismes de contrôle mal conçus qui encourage l'immigration illégale, et de disposer de données fiables en matière de migration, qui permettront de rejeter un grand nombre de mythes. Partant, le Bangladesh soutient la tenue d'une Conférence internationale sur les migrations et le développement.

S'agissant des ressources nécessaires à la mise en oeuvre du Programme d'action de la CIPD, M. Chowdhury a déploré que la tendance à augmenter les ressources en faveur des activités en matière de population, qui avait vu le jour après la CIPD, ait été freinée. Il est significatif que les ressources nationales ont été plus facilement disponibles que les ressources internationales, a-t-il souligné. Il a attiré l'attention sur le fait que la plupart des ressources étaient mobilisées dans quelques grands pays. Cela montre la nécessité d'élargir la base de mobilisation des ressources. Il est préoccupant de constater que les pays les plus pauvres soient ceux qui éprouvent le plus de difficultés à attirer les ressources nécessaires alors qu'ils constituent précisément, ceux qui ont le plus besoin de ces ressources. La communauté des donateurs joue un rôle important dans le financement des activités de population dans les pays en développement. Les ressources devraient être disponibles à des taux de faveur ou en tant que dons pour les pays les moins développés, et tous les pays devraient s'efforcer d'atteindre les objectifs fixés lors de la Conférence. Des ressources accrues devraient aussi être mises à la disposition du FNUAP, a-t-il dit.

M. DAMRANG BOONYEAN (Thaïlande) a dit que les difficultés économiques et la dégradation de l'environnement que connaissent la plupart des pays en développement sont, entre autres, à la base des souffrances des plus pauvres. Malgré les difficultés, nous mettons l'accent en ce moment sur un développement durable pouvant bénéficier à toutes les couches de la population. Notre pays a pu mettre en place des programmes sociaux permettant la diminution des taux de mortalité et de fécondité. Nous essayons de mettre en place des politiques de coordination en vue de pallier aux conséquences négatives de la crise financière que nous traversons.

( suivre)

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Concernant les migrations de population, un grand nombre d'immigrants venus en Thaïlande durant notre période de croissance économique sont malheureusement aujourd'hui sans travail, et nous constatons un retour des tendances négatives qui pourraient nous amener à plusieurs années en arrière dans le secteur des prestations sociales. Mais la Thaïlande compte cependant respecter le Programme d'action de la CIPD, en mettant notamment en oeuvre des politiques favorables aux femmes, aux filles et aux couches de population les plus vulnérables.

Mme DRINA ZBARSKAYA (Fédération de Russie) a indiqué que les problèmes démographiques que connaît son pays sont exacerbés par les problèmes liés à la transition. Dans l'ensemble, l'ampleur des changements n'est pas suffisamment marquée et l'on ne peut parler d'une amélioration de la situation démographique. L'augmentation des naissances et la diminution des décès au cours des dernières années a permis de réduire la perte naturelle de population. Les progrès accomplis dans le traitement de certaines maladies ont fait baisser la mortalité. Une différence très importante subsiste toutefois entre les taux de natalité et de mortalité. Selon des évaluations préliminaires, le nombre d'habitants devrait être de 146,3 millions personnes en 1999, soit une diminution d'environ 2 millions de personnes. Le flux migratoire des pays étrangers compense à 40% les pertes naturelles mais il diminue aussi régulièrement. De plus en plus, se pose le problème de la migration forcée, c'est-à-dire de migrants économiques cherchant des emplois et se trouvant en situation illégale. Entre 1989 et 1993, le taux de natalité est passé de 2 à 1,4 naissances par femme. En 1998, ce taux était de 1,24 naissances par femmes.

La représentante a souligné qu'au cours des dernières années, le nombre d'enfants et d'adolescents a diminué, alors que l'on constate une augmentation du nombre de personnes âgées. Selon les prévisions, ces tendances se poursuivront au cours du prochain siècle. Un des problèmes démographiques les plus graves est celui de la mortalité, en particulier celle des hommes actifs qui connaissent l'un des taux de mortalité les plus élevés du monde. Par ailleurs, chaque année, plus de 1,8 millions de personnes sont infectées par des maladies sexuellement transmissibles (MST). La Russie est particulièrement préoccupée par la forte augmentation de la syphilis. Un autre problème est l'augmentation des toxicomanes. L'influence de la crise démographique sur la situation économique est importante et ces tendances démographiques négatives sont à leur tour exacerbées par les difficultés économiques du pays, a souligné la représentante. La Russie s'efforce toutefois de développer activement une politique démographique d'Etat, en prenant des mesures en faveur de la santé de la population, en particulier celle des femmes et des enfants. Pour mettre cette politique en oeuvre, la mobilisation de l'aide extérieure est toutefois indispensable et la Russie espère pouvoir compter sur l'aide de ses partenaires bilatéraux et des organisations internationales, a conclu la représentante.

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M. JANG KUIFI (Chine) a dit qu'il est important d'examiner les tendances démographiques des différentes parties du monde pour pouvoir élaborer des politiques fiables pour le siècle prochain. La population de la Chine est restée assez stable grâce à des politiques de santé et de reproduction responsables; l'espérance de vie moyenne des femmes et des hommes est satisfaisante, mais la structure par âge de la population subit un changement rapide, dû à la fois aux changements des taux de fécondité par tranche d'âge chez les femmes et au vieillissement de la population. La modernisation et l'urbanisation jouent sur l'évolution démographique de notre pays, le développement économique de ces dernières décennies qui a joué en faveur de la croissance urbaine étant à la source des dernières évolutions. Notre pays a fait des efforts appréciables pour réduire ses taux de fécondité par régions, mais nous devons faire face parfois à des situations difficiles à gérer. Sur le plan économique nous sommes en train de restructurer notre appareil de production, ce qui entraîne une forte demande et des besoins en matière d'éducation. Au siècle prochain, nous risquons de connaître un doublement de notre population par rapport aux chiffres actuels, et notre Gouvernement est soucieux de mettre en place les bases d'un développement durable susceptible de soutenir cette croissance. La politique de notre gouvernement va dans le sens de l'encouragement et de la juste rémunération des durs travaux de nos populations, et nous voulons sauvegarder le niveau actuel des prestations sociales que nous leur dispensons.

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