LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO DEMANDE LE DEPLOIEMENT D'UNE FORCE D'INTERPOSITION LE LONG DES FRONTIERES COMMUNES DANS LA REGION DES GRANDS LACS
Communiqué de Presse
CS/1034
LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO DEMANDE LE DEPLOIEMENT D'UNE FORCE D'INTERPOSITION LE LONG DES FRONTIERES COMMUNES DANS LA REGION DES GRANDS LACS
19990319 Les participants au débat appuient la tenue d'une conférence régionale sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands LacsLe Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo, M. Léonard She Okitundu, a demandé ce matin le déploiement d'une force d'interposition le long des frontières communes dans la région des Grands Lacs, au cours d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans ce pays secoué par un conflit depuis le 2 août 1998. La plupart des intervenants ont apporté leur appui à une telle initiative pour autant qu'elle soit précédée d'un accord de cessez-le-feu et du retrait des troupes étrangères : Angola, Namibie, Zimbabwe et Tchad, alliées aux forces gouvernementales congolaises, et Rwanda et Ouganda, présents sur le terrain et soupçonnés de soutenir le mouvement rebelle. Les Etats-Unis se sont dit disposés à appuyer une opération de maintien de la paix en République démocratique du Congo à condition qu'elle soit dotée d'un mandat d'observation et de surveillance et non d'imposition de la paix et de maintien de la sécurité aux frontières du pays.
Le Ministre congolais a également appuyé, à l'instar d'autres délégations, la proposition de la France d'organiser une conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs à laquelle seraient invités les gouvernants et leurs opposants respectifs. Certains intervenants ont, en effet, estimé qu'à côté du non-respect des frontières, l'une des causes du conflit réside dans l'absence de progrès en matière de démocratisation et de réconciliation nationale dans les pays concernés. Le Royaume-Uni a suggéré d'organiser parallèlement ou dans le cadre de cette conférence, une conférence sur le développement économique de la région des Grands Lacs qui réunirait les principaux partenaires bilatéraux, l'ONU et ses institutions, l'Union européenne et les institutions financières internationales.
Pour l'Organisation de l'unité africaine (OUA), les principes directeurs d'un règlement du conflit en République démocratique du Congo sont le respect de l'intégrité territoriale et de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, et le règlement pacifique des conflits.
(à suivre - 1a)
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La Namibie a rappelé qu'à leur indépendance, les Etats africains n'ont pas seulement hérité des frontières coloniales mais du défi de maintenir l'intégrité territoriale et de réaliser l'unité nationale au sein de ces frontières. Répondant aux accusations de certaines délégations, dont le Zimbabwe, l'Ouganda et le Rwanda ont rejeté toutes les allégations de visées territoriales en République démocratique du Congo. Ils ont expliqué leur présence militaire par des raisons de sécurité, la République démocratique du Congo continuant d'abriter des groupes armés responsables d'incursions dans leur pays respectif. Ils ont invité la communauté internationale à prendre des mesures vigoureuses pour prévenir ce type de situation.
L'ensemble des intervenants s'est félicité des efforts de médiation de la communauté pour amener les parties au conflit à la table de négociations, en particulier des efforts de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) et de son Groupe de contact dirigé par la Zambie. Le Processus de Lusaka, né de ces efforts, établit un cadre visant à mettre fin au conflit par la cessation des hostilités, le règlement des questions de sécurité soulevées par les pays voisins, le retrait de toutes les troupes étrangères et l'organisation d'une table ronde réunissant tous les partis politiques congolais. A cet égard, le Ministre congolais des droits humains a annoncé que son Gouvernement a modifié sa position et a accepté de tenir des pourparlers directs avec les rebelles en vue de la signature d'un cessez-le- feu. Le Gouvernement s'est en outre engagé à accélérer le processus de démocratisation en encourageant l'organisation d'un débat national réunissant tous les partis politiques du pays. Evoquant les limites des efforts régionaux, la Zambie qui préside le Groupe de contact de la SADC, a appelé le Conseil à fournir un appui tangible aux initiatives africaines. Abondant en ce sens, l'Egypte a estimé que les efforts régionaux en cours ne dispensaient pas le Conseil de jouer son rôle, lequel ne peut devenir secondaire et se borner à entériner les résolutions des instances régionales.
Les membres suivants du Conseil ont participé au débat : Canada, Gambie, Argentine, Namibie, Brésil, France, Etats-Unis, Gabon, Slovénie, Pays-Bas, Bahreïn, Malaisie, Fédération de Russie, Royaume-Uni et Chine. Outre le Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo, le Ministre du Cabinet présidentiel du Rwanda et le Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda, les pays suivants ont pris la parole : Burkina Faso, Allemagne, au nom de l'Union européenne, Soudan, Japon, Zambie, Egypte, Libye, Kenya, Afrique du sud, Zimbabwe, Tanzanie, Burundi et Jamaïque. Le Ministre congolais des droits humains a fait des observations complémentaires.
La situation concernant la République démocratique du Congo
Déclarations
M. LEONARD SHE OKITUNDU, Ministre des droits humains de la République démocratique du Congo, a estimé que les efforts déployés par certains pays membres de l'ONU pour le règlement pacifique du conflit dans son pays auraient dû déjà être couronnés de succès si toutes les parties impliquées avaient fait preuve de bonne foi dans le processus de négociations. L'entêtement, l'intransigeance et la détermination du Rwanda et de l'Ouganda à demeurer sur le territoire congolais demeure le seul obstacle à la réalisation d'une solution pacifique à la crise congolaise. A ce stade, la République démocratique du Congo juge opportun de solliciter de la communauté internationale une plus grande implication dans la recherche d'une solution pacifique durable à ce conflit. Pour le Gouvernement congolais, la crise actuelle ne peut passer que par l'organisation d'une conférence régionale des pays des Grands Lacs réunissant gouvernants et opposants respectifs sous l'égide de l'OUA et des Nations Unies.
La République démocratique du Congo a sensiblement modifié sa position en faveur de négociations pour la signature d'un cessez-le-feu. Le Gouvernement vient de proposer un débat national devant réunir toutes les forces de la nation congolaise. Le niveau de ces concessions témoigne de la souplesse du Gouvernement à répondre aux exigences d'une solution pacifique à la crise qui secoue les pays des Grands Lacs. Toutes ces concessions n'ont pas connu de répondants similaires du côté des agresseurs qui n'ont admis que sous la pression du Conseil de sécurité, leur engagement militaire sur le territoire congolais et leur implication dans la guerre. La question de l'insécurité comme mobile de l'agression n'est pas chose nouvelle. Dans ce contexte, il faut souligner que l'Ouganda et le Rwanda n'ont fait aucun effort de rapprochement avec leurs opposants exilés et que ces derniers chercheront par tous les moyens à réintégrer leur société. C'est leur droit légitime. Au lieu de négocier, l'Ouganda et le Rwanda ont préféré porter leur guerre sur le territoire congolais et ses conséquences parlent d'eux-mêmes : 858 personnes tués à Kasika; 600 à Makobola et des centaines de morts récemment à Kamituga. Tous faits commis par l'Armée patriotique rwandaise. Devant la complexité de la situation et au regard des horreurs perpétrées, seule une ferme condamnation de la communauté internationale éviterait l'enlisement des négociations et la poursuite sur le terrain des atrocités de la guerre.
Le Gouvernement de la République démocratique du Congo est disposé à admettre le déploiement d'une force de maintien de la paix. Il souligne toutefois que l'efficacité d'un tel déploiement dépendra de l'intégration des exilés politiques dans leur pays respectif. La République démocratique du Congo demande une plus grande implication du Conseil de sécurité dans la recherche d'une solution pacifique au conflit en cours. Elle accepte de signer l'accord de cessez-le-feu suivi d'un déploiement à la frontière d'une force d'interposition lié à un calendrier précis de retrait des troupes d'agression. Elle s'attache résolument à rétablir l'Etat de droit et les libertés fondamentales sur toute l'étendue du territoire national.
( suivre)
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A cet égard, le Gouvernement vient de proposer l'organisation d'un débat national pour réunir toutes les tendances et les couches socio-politiques du pays, y compris les soit-disant rebelles. Le Gouvernement souscrit à l'idée de la France d'organiser une conférence internationale sur la paix et la sécurité dans la région et souligne que si les véritables mobiles du Rwanda et de l'Ouganda sont cachés à la République démocratique du Congo, ils ne peuvent l'être au Conseil de sécurité. Le Gouvernement congolais attend du Conseil qu'il constate l'agression armée contre la République démocratique du Congo et qu'il la condamne.
M. MICHEL DUVAL (Canada) a affirmé qu'une solution militaire ne saurait régler un différend essentiellement politique. Seules des négociations peuvent conduire à une solution durable et au rétablissement la paix dans la région, a-t-il précisé. Le représentant a déclaré que toutes les forces en présence doivent être parties prenantes d'un cessez-le feu dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. Le cessez-le feu devra être associé à un calendrier de retrait de toutes les forces étrangères engagées dans le conflit et à un mécanisme de supervision conforme aux Accords de Lusaka, a précisé le représentant.
Il a déclaré que sa délégation soutiendrait au sein du Conseil de sécurité l'adoption de mesures concrètes, durables et efficaces en vue d'un règlement politique du conflit. La situation humanitaire en République démocratique du Congo se détériore gravement, a indiqué le représentant qui a fait remarquer que le cessez-le feu, le mécanisme de supervision et l'aide humanitaire demeureront aléatoires s'ils ne sont pas suivis d'un dialogue entre les différentes composantes de la société civile et politique congolaise. Le représentant a insisté sur le fait que la mise en place de ces éléments est essentielle à la réconciliation nationale entre Congolais, à la reconstruction du pays et à sa stabilité, tout comme à celle de la région.
Le représentant a appuyé l'idée de la convocation, sous les auspices de l'ONU et de l'OUA, d'une conférence internationale sur la paix, la stabilité et le développement socio-économique de la région des Grands Lacs africains.
M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE (Gambie) soulignant que la région des Grands Lacs est devenue une poudrière et rappelant les allégations sérieuses de massacres et de violations des droits de l'homme, a rappelé aux parties leurs obligations de respecter et de protéger les droits de l'homme et le droit humanitaire, y compris les Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles de 1977. Nous leur demandons également instamment de permettre l'accès à l'aide humanitaire de ceux qui en ont besoin et de garantir la sécurité de tout le personnel humanitaire.
Compte tenu des implications régionales du conflit, la Gambie soutient fermement les initiatives diplomatiques régionales qui privilégient une solution pacifique du conflit. Dans ce contexte, a ajouté le représentant, nous rendons hommage aux efforts déployés par la Communauté de développement de l'Afrique australe, sous la direction du Président Chiluba.
( suivre)
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Nous pensons que le Processus de Lusaka peut constituer un cadre adéquat permettant de traiter de la question de la sécurité collective de tous les Etats de la région. Les pourparlers amorcés avec les rebelles sont un pas dans la bonne direction et doivent se poursuivre. Les négociations, dans ce contexte conflictuel complexe et difficile, constituent la voie à suivre et l'option militaire n'est certainement pas la meilleure solution. Les parties au conflit devraient prendre au sérieux le Processus de Lusaka et saisir l'opportunité qui se présente aujourd'hui avec cette réunion pour le réactiver. Les belligérants doivent parvenir à un cessez-le-feu qui pourrait ouvrir la voie à un rôle plus actif des Nations Unies par le biais d'une force de maintien de la paix. Ils doivent comprendre que sans un cessez-le-feu, la communauté internationale ne peut pas faire grand chose pour les aider.
M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a souligné que la première responsabilité de règlement du conflit en République démocratique du Congo revient aux protagonistes qui doivent montrer la détermination politique nécessaire. Toutefois, l'Argentine appuie les efforts régionaux et le processus de Lusaka. Elle appelle aussi le Conseil de sécurité à appuyer les efforts en cours. Pour l'Argentine, il importe d'abord d'obtenir des parties un cesse-le-feu qui devra être consolidé par le déploiement d'une force de maintien de la paix. Il faudra par la suite trouver les mécanismes d'un dialogue où tous pourraient participer. L'Argentine juge aujourd'hui nécessaire de réaffirmer le caractère intangible des frontières héritées de la colonisation comme un principe du droit international. En ce sens, le respect de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo est un principe fondamental qui doit être compatible avec la protection des minorités. L'Argentine réitère en outre le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat, principe contraire à toute intervention des forces étrangères.
L'Argentine réitère en outre que les violations graves des droits de l'homme qui se produisent en République démocratique du Congo sont le fond même du problème. Il s'agit là d'une source de préoccupation qui doit faire l'objet d'une condamnation ferme. L'Argentine demande une enquête qui doit conduire à des sanctions. Elle souhaite aussi que la convocation d'une conférence internationale dans la région des Grands Lacs débouche sur une analyse globale de la situation sur tous ses aspects.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déclaré que l'invasion de la République démocratique du Congo par l'Ouganda et le Rwanda a plongé ce pays dans une guerre dévastatrice qui a donné lieu à des combats interafricains sur le champ de bataille. Ce que l'on voit actuellement en République démocratique du Congo est le résultat d'ambitions expansionnistes et doit être condamné car il ne peut devenir la norme en l'Afrique. En 1995, les Etats membres de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) ont décidé de réagir collectivement à toute tentative de changer les gouvernements légitimes des Etats membres par des moyens militaires. La SADC a l'obligation d'assurer qu'un gouvernement légitime d'un de ses Etats membres ne soit pas renverser à la suite d'une invasion.
( suivre)
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La Namibie adhère à ce principe et croit en la non violabilité de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des Etats. C'est sur la base de ces principes sacrés qu'aux côtés de l'Angola et du Zimbabwe, la Namibie est intervenue en République démocratique du Congo, à la demande du Président Kabila et de son Gouvernement légitime. L'objectif unique de notre intervention est d'empêcher l'effondrement de l'appareil de l'Etat et la violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale d'un Etat membre de la SADC. L'implication de la Namibie se fait au nom de la démocratie, de la paix, des droits de l'homme et de la coopération régionale. Il importe de faire une distinction claire entre les troupes étrangères invitées en République démocratique du Congo et celles qui ne l'ont pas été.
En tant que combattants de la liberté, nous ne nous sommes jamais appuyés sur l'ethnicité pour remporter la victoire contre l'oppresseur, car nous ne savions que trop bien que l'apartheid colonialiste est au coeur du principe "diviser pour régner", a insisté le représentant. En tant qu'Africains, nous devons éviter la politisation de l'ethnicité car elle ne peut qu'être dommageable à l'unité africaine. Il faut aussi se protéger des tentatives de forces externes visant à exploiter l'ethnicité pour leurs propres objectifs. La Namibie se félicite des efforts visant à aider l'Afrique à faire face à ses problèmes économiques. Mais comment un développement durable peut-il prendre racine en Afrique et en particulier en République démocratique du Congo lorsque des efforts continus sont faits pour plonger davantage le pays dans le conflit ? Si les préoccupations de sécurité de tout Etat sont légitimes, il faut néanmoins s'abstenir de définir les besoins de sécurité au-delà de ses frontières, en dehors des cadres de l'ONU et de l'OUA. L'invasion non provoquée et la violation de la souveraineté de la République démocratique du Congo constituent un acte d'ingérence dans les affaires internes de ce pays. Le désir profond de la Namibie est d'aider à construire un environnement favorable à une vie politique normale en République démocratique du Congo. Le peuple de ce pays souffre depuis trop de décennies. Il a besoin d'espace et de temps pour reconstruire son environnement. La reconstruction de la République démocratique du Congo en tant qu'Etat indépendant, souverain, uni, pacifique, stable et prospère, est essentielle pour parvenir aux mêmes objectifs dans la région et dans le reste du continent africain, a souligné le représentant. L'OUA et la SADC continuent de déployer des efforts importants pour mettre fin au conflit. Le Sommet de Victoria Falls a été suivi d'une réunion des Ministres de la défense à Addis-Abeba qui avait pour objectif de définir les modalités, le calendrier, les ressources, ainsi que la surveillance, la vérification et le retrait des troupes, en coopération avec l'OUA. Malheureusement, ce processus s'est arrêté en raison de la réticence de l'Ouganda, du Rwanda et de leurs collaborateurs.
La Namibie a accueilli le 18 janvier dernier le sommet des pays impliqués dans le conflit en République démocratique du Congo qui avait pour objectif de procéder à un échange de vues sur les meilleurs moyens de coopérer en vue de la signature d'un accord de cessez-le-feu. La réunion a conclu qu'il fallait signer un cessez-le-feu le plus rapidement possible.
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Malheureusement, le sommet n'a été suivi que d'attaques continues sur les forces gouvernementales et alliées, ce qui ne peut être toléré. De l'avis de la Namibie, le moment est venu pour que le Conseil de sécurité s'implique activement conformément à ses obligations de maintenir la paix et la sécurité internationales. Tant que toutes les parties impliquées ne négocieront pas de bonne foi et n'honoreront pas leurs engagements, la guerre se poursuivra. Il est impératif qu'un accord de cessez-le-feu soit signé. La Namibie est encouragée par les développements positifs en ce qui concerne la libéralisation des partis politiques en République démocratique du Congo annoncée en janvier dernier par le Président Kabila. La guerre froide a pris fin mais pas l'intervention externe en Afrique, elle n'a fait que diminuer. Seule l'Afrique peut rendre le continent africain pacifique et prospère. La communauté internationale ne peut que l'y aider.
M. HENRIQUE VALLE (Brésil) a appelé à la cessation de toute ingérence en République démocratique du Congo et à la recherche d'une formule politique visant à promouvoir la réconciliation nationale. Tout en défendant le principe de non-ingérence, le Brésil reconnaît le droit d'un Etat menacé par une invasion étrangère de faire appel à une aide extérieure. Il faut faire la différence entre les forces étrangères en République démocratique du Congo qui ont été invitées par le Gouvernement et celles dont la présence dans ce pays reflète des motivations différentes. L'OUA et la SADC ont joué un rôle de premier plan dans les efforts visant à sortir de l'impasse actuelle en République démocratique du Congo. Toutefois, il est nécessaire que les différents acteurs manifestent une volonté politique renforcée. En outre, toute tentative de résoudre la situation en République démocratique du Congo devra prendre en considération la sécurité des autres pays de la région. La restauration de l'ordre et de la loi constituent également des conditions préalables à la pleine jouissance des droits humains et politiques. De l'avis du Brésil, il est aussi nécessaire d'appuyer et d'encourager les pays de la région à appliquer pleinement les principes de la Déclaration de Bata (Guinée équatoriale), adoptée en mai dernier et qui prévoit que le processus de démocratisation dans la région doit déboucher sur un système politique permettant à la volonté populaire de s'exprimer pleinement. C'est la seule voie qui permettra d'empêcher que le mécontentement intérieur ne mène au conflit armé. M. Valle a estimé qu'il fallait se pencher sur les aspects internationaux du conflit en améliorant les mécanismes de coopération entre l'ONU, l'OUA, la SADC et les autres organisations sous-régionales pertinentes. A cet égard, le Brésil appuie les efforts du Président Chiluba (Zambie) et défend la tenue d'une Conférence sur les Grands Lacs. Dans un discours devant le Conseil de sécurité en octobre dernier, le Secrétaire général de l'OUA, M. Salim A. Salim, a indiqué qu'il y a un consensus sur la nécessité de maintenir l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, sur la légitimité du Gouvernement du Président Kabila, sur la nécessité de créer un espace politique, en République démocratique du Congo, pour les forces de l'opposition, et sur la reconnaissance du fait que les préoccupations de sécurité de certains pays voisins de la République démocratique du Congo doivent être pris en considération, a rappelé M. Valle, estimant que ces quatre points doivent demeurer au centre de la recherche d'une solution.
( suivre)
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Un autre élément de toute solution est la volonté politique du Gouvernement de la République démocratique du Congo et de l'opposition d'entamer de véritables négociations qui permettraient la participation au processus politique de toutes les parties. La communauté internationale dans son ensemble devra fournir la coopération financière, technique et politique requise pour faciliter ce dialogue, a-t-il conclu.
M. ALAIN DEJAMMET (France) a déclaré que si les organisations régionales, l'OUA et les Nations Unies ne sont pas restées inactives depuis le début du conflit en République démocratique du Congo, force est de constater que leurs appels à l'arrêt des combats n'ont pas été entendus. Le représentant a affirmé que le débat organisé aujourd'hui à la demande du représentant permanent de la République du Congo oblige les membres du Conseil à rechercher les moyens de régler le conflit de façon pacifique. Sans évoquer les causes du conflit, multiples et sources de divergence entre les parties, le représentant a rappelé les effets de la crise actuelle : risque de déstabilisation politique dans la région, flux de réfugiés, violation du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat. Il a déploré ces violations et a appelé à leur cessation immédiate.
Le représentant a affirmé que l'on pouvait distinguer trois aspects du règlement du conflit. La conclusion d'un cessez-le feu, la mise en oeuvre d'un processus de réconciliation nationale en République démocratique du Congo et la conclusion des arrangements nécessaires pour garantir la sécurité et la stabilité de la région. En ce qui concerne la conclusion d'un cessez-le, qualifiée de question prioritaire, un travail important a été réalisé dans le cadre du processus de Lusaka, a indiqué le représentant qui a poursuivi en exhortant les parties à conclure effectivement cet accord. Il a émis l'espoir que les Nations Unies joueront pleinement leur rôle, en participation avec l'OUA, pour aider à l'application de l'accord. Le représentant a rappelé qu'il était nécessaire que les membres de l'Organisation appellent les parties à l'arrêt des combats, notant qu'une solution militaire ne pourrait constituer en même temps une véritable solution de la crise. Abordant le deuxième aspect d'un règlement du conflit congolais, le représentant a insisté sur la nécessité de mettre en oeuvre un processus authentique de réconciliation nationale. Il a invité le Président Kabila à organiser, conformément à sa proposition récente, un débat national. S'agissant du dernier aspect d'un règlement du conflit congolais, le représentant a insisté sur la nécessité pour les parties de négocier et de conclure les arrangements nécessaires pour garantir la sécurité, la stabilité et le développement futur de la région. Ces négociations devront être fondées sur des principes tels que le respect de l'intégrité territoriale, de l'indépendance politique, le rétablissement de l'autorité du Gouvernement de la République démocratique du Congo sur l'ensemble du territoire, le respect des droits de l'homme, énoncés dans la déclaration du Président du Conseil de sécurité du 11 décembre. Le représentant a demandé aux Nations Unies d'apporter l'aide nécessaire aux pays de la région pour la mise en oeuvre des objectifs précités, et a souligné l'utilité que pourrait avoir, le moment venu, une conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs.
( suivre)
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M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a souligné que lors du Sommet ministériel qui vient d'avoir lieu à Washington entre les Etats africains et les Etats- Unis, les participants ont reconnu la menace que fait peser le conflit congolais sur les récents acquis de l'Afrique. C'est la raison pour laquelle, à l'instar d'autres pays, les Etats-Unis déploient des efforts diplomatiques pour appuyer les efforts de médiation régionaux. L'approche américaine se fonde sur le principe de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo; la conviction qu'il n'existe pas de solution militaire aux problèmes de la région; et la conviction que les droits humains et humanitaires de tous les peuples de la zone du conflit doivent être respectés. Les Etats-Unis appuient tous les efforts de médiation, en particulier ceux des pays de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) dit Processus de Lusaka. Devant le danger que représenterait l'aggravation du conflit, les Etats-Unis appellent chaque dirigeant de la région et la communauté internationale à s'engager immédiatement à mettre fin aux tueries.
Pour les Etats-Unis, un dialogue entre le Gouvernement congolais et les rebelles est essentiel au règlement du conflit. Tout accord doit être suivi d'un processus politique global et de la création d'un mécanisme pour traiter des questions de sécurité intérieures et extérieures concernant la République démocratique du Congo et les Etats voisins. Alarmés par les récents massacres, les Etats-Unis sont profondément préoccupés par les risques d'un nouveau génocide dans la région. Ils appellent toutes les parties à respecter les droits de l'homme et le droit humanitaire international. Les Etats-Unis sont en outre particulièrement préoccupés par le caractère de plus en plus ethnique du conflit. La volonté de certains Etats de la région de collaborer militairement avec les membres des anciennes Forces armées rwandaises et des miliciens de l'Interahamwe est inquiétante, de même que les encouragements donnés par certains aux mouvements d'insurrection, comme l'UNITA, pour menacer et déstabiliser les Etats voisins de la République démocratique du Congo. Pour les Etats-Unis, tout accord signé entre le Gouvernement congolais, les rebelles et les autres Etats ne sera durable que si des moyens efficaces sont trouvés pour contenir ces groupes.
Le représentant a conclu en déclarant que son pays n'appuyera le déploiement d'une opération de maintien de la paix en République démocratique du Congo que s'il s'agit d'un mandat d'observation et de surveillance et non d'imposition de la paix et de maintien de la sécurité aux frontières congolaises. C'est un dialogue inter-congolais qui est aujourd'hui nécessaire, a ajouté le représentant en appelant à un processus politique ouvert et jouissant de la confiance de tous les Congolais. En contribuant à la naissance d'un tel processus, l'OUA et l'ONU peuvent jouer un rôle important pour la démocratie et la réconciliation en République démocratique du Congo.
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M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a estimé que la persistance de la crise en République démocratique du Congo constitue un sujet de grave préoccupation en ce qu'elle inflige d'indicibles souffrances au peuple congolais, ruine les efforts du Gouvernement pour la reconstruction du pays et menace la paix et la stabilité régionales. Il a par ailleurs indiqué que, dans cette région où les populations transfrontières jouent un rôle très important, le strict respect par les uns et par les autres du principe de non-ingérence permettrait d'instaurer un climat de confiance mutuelle, générateur de relations amicales plus solides. Le représentant a en outre observé que l'usage des armes complique la recherche d'un dénouement pacifique, et constitue une source de nombreuses souffrances humaines. Dans ce cadre, il a condamné les massacres des populations civiles perpétrés dans le Sud du Kivu, et a demandé que le Conseil prescrive une enquête internationale afin que les coupables soient retrouvés et traduits en justice.
Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devrait inviter les parties au conflit à signer sans plus tarder l'accord de cessez-le-feu dont elles ont déjà accepté le principe. Pour faire respecter ce dernier, les Nations Unies, en collaboration avec l'Organisation de l'unité africaine (OUA), devraient réfléchir sur le déploiement en République démocratique du Congo d'une force internationale neutre de maintien de la paix qui aurait pour rôle de surveiller les frontières, de démobiliser les groupes armés, de collecter et de détruire les armes et d'en contrôler les mouvements illicites. Le représentant a également appelé à l'organisation d'une conférence internationale sous les auspices des Nations Unies et de l'OUA, qui aiderait à éteindre les foyers de tension et à oeuvrer pour le renforcement de la paix dans la région des Grands Lacs.
M. DANILO TURK (Slovénie) a évoqué les différentes causes du conflit actuel en République démocratique du Congo. A ce titre, il a rappelé les espoirs déçus après les promesses non tenues par le nouveau Gouvernement de la République démocratique du Congo. De plus, l'intervention militaire récente de deux Etats voisins, bien que motivée par des soucis de sécurité apparemment sincères, a transformé la crise nationale en menace régionale à la paix et à la sécurité internationales. Le représentant a estimé qu'une solution militaire au conflit est très peu probable, et que le conflit peu potentiellement devenir une crise de long terme favorisant la diffusion de l'instabilité. De plus, cette intervention constitue un défi sérieux aux principes de base de la loi internationale en matière de souveraineté, d'intégrité territoriale et d'indépendance politique des Etats.
En conséquence, le représentant a estimé qu'il est impératif de mettre en place un cessez-le-feu, que des dispositions soient prises pour un retrait ordonné de toutes les troupes étrangères, et que l'autorité du Gouvernement de la République démocratique du Congo soit rétablie dans l'ensemble du territoire. Il a donc encouragé les dirigeants africains à redoubler leurs efforts pour un accord rapide de cessez-le-feu, avec l'assistance de l'Organisation de l'unité africaine, et du Secrétaire général des Nations Unies.
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En ce qui concerne les questions humanitaires, le représentant a condamné les massacres de population civile qui ont eu lieu principalement dans la province du Sud Kivu. Il a par ailleurs exprimé sa satisfaction concernant l'établissement d'un Ministère des droits de l'homme par le Gouvernement de la République démocratique du Congo. Dans ce contexte, il a observé que toutes les agences internationales pertinentes devraient pouvoir avoir accès à toutes les personnes détenues dans le territoire. Il a souligné que toutes les forces militaires, en accord avec le droit international, sont responsables de la situation humanitaire dans les territoires sous leur contrôle. Les restrictions au travail des organisations non gouvernementales, du personnel des médias et des organisations humanitaires doivent disparaître, a-t-il ajouté.
Le représentant a estimé que le Gouvernement de la République démocratique du Congo devrait créer les conditions nécessaires à une démocratisation reflétant les aspirations de tous les citoyens, et incluant la question essentielle du partage des pouvoirs. De plus, la communauté internationale devrait encourager le dialogue entre les dirigeants des pays de la région des Grands Lacs, sous la forme en particulier d'une conférence internationale. Cette conférence ne devrait pas constituer un événement unique, mais devrait prendre la forme d'un processus de prise en compte de toutes les questions critiques auxquelles les pays de la région font face. Le représentant a conclu en soulignant la responsabilité du peuple congolais lui- même et des autres pays de la région dans la résolution du conflit.
M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a exprimé sa profonde inquiétude face à la détérioration de la situation en République démocratique du Congo et s'est associé à la position de l'Union européenne présentée par le représentant de l'Allemagne.
Il faut trouver collectivement une voie de sortie à l'impasse dans laquelle se trouve le processus de paix, avant que le conflit ne se développe en véritable guerre aux proportions imprévisibles, a déclaré M. van Walsum. Nous sommes convaincus qu'une solution politique structurelle ne peut être trouvée qu'à travers un processus de négociation, a-t-il déclaré. Il a invité le Président Kabila à s'engager dans un dialogue avec toutes les parties au conflit. M. van Walsum a ajouté que le succès de ces négociations dépendra de la volonté politique dont toutes les parties feront preuve pour faire face aux questions cruciales. Sur le plan interne, un dialogue politique associant toutes les parties de la société congolaise doit être lancé sans délai. La délégation des Pays-Bas émet l'espoir que l'annonce par le Gouvernement de la République démocratique du Congo d'un débat national sur une nouvelle constitution ouvrira la voie à la progression de la démocratisation.
M. van Walsum a déclaré que, compte tenu de l'ampleur du conflit et des risques d'escalade, la communauté internationale doit s'impliquer davantage et faciliter par tous les moyens possibles le processus de paix. Les Pays-Bas estiment qu'un engagement plus actif de l'ONU et de l'OUA permettrait de faire avancer la cause de la paix et sont disposés à soutenir des négociations entre les parties au conflit ainsi que le dialogue national.
( suivre)
- 11 - CS/1034 19 mars 1999
M. van Walsum a ajouté qu'une Conférence internationale sur la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs devrait déboucher sur une paix durable dans la région. Le représentant a ajouté que la circulation illégale des armes est l'une des causes des conflits de la région. Les efforts en faveur de la paix ne pourront aboutir si la communauté internationale ne parvient pas à mettre fin à ces flux d'armes.
M. RACHID AL-DOSARI (Bahreïn) s'est dit préoccupé par la poursuite du conflit en République démocratique du Congo qui menace la stabilité dans la région des Grands Lacs mais aussi dans l'ensemble du continent, étant donné les nombreuses parties en jeu. Le représentant s'est également dit préoccupé par la situation humanitaire qui résulte de ce conflit. Il a souhaité que son règlement ne se fasse pas par des moyens militaires, car seul une solution durable ne peut venir que d'un dialogue pacifique entre toutes les parties concernées. Le représentant s'est dit convaincu que les Etats de la région peuvent jouer un rôle important en encourageant les belligérants à signer un accord de cessez-le-feu. Pour le représentant, le processus de réconciliation nationale doit inclure tous les Congolais et mener à des élections démocratiques. Il s'est félicité du rôle de l'OUA en espérant que ses efforts seront couronnés de succès. Le représentant a conclu en soulignant l'importance des principes de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo ainsi que celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures du pays. Il s'est également dit favorable à la tenue d'une conférence sur la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs qui doit, a-t-il dit, conduire à des efforts de reconstruction économique et sociale des pays de la région.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a regretté l'implication d'un grand nombre d'acteurs dans le conflit en République démocratique du Congo qui amplifie les risques de conflit généralisé sur le continent africain. La situation dans le pays est particulièrement alarmante compte tenu de ses ramifications avec d'autres différends régionaux, compliquant ainsi les efforts de médiation. Nous sommes vivement préoccupés par le caractère transfrontalier du conflit et dans ce contexte, il est clair qu'il ne peut y avoir de solution sans que ne soient traitées les causes internes et externes de la situation. Nous soutenons pleinement les efforts de médiation du Président de la Zambie en vue d'amener les parties au conflit autour de la table de négociations et d'obtenir un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel qui ouvrirait la voie à un règlement négocié et au retrait de toutes les troupes étrangères. Des efforts de réconciliation nationale et de démocratisation, y compris la tenue d'élections libres et impartiales, doivent suivre. Nous estimons, a ajouté le représentant, que les efforts de médiation régionaux comme ceux déployés par l'Afrique du Sud, la Zambie et la Namibie, constituent l'approche la plus viable et méritent un appui ferme de la part de la communauté internationale. Le représentant a par ailleurs suggéré aux dirigeants africains de promouvoir des modèles de coopération africains qui ont prouvé leur efficacité lors d'un certain nombre de différends.
( suivre)
- 12 - CS/1034 19 mars 1999
Evoquant l'aggravation de la situation humanitaire, le représentant a estimé que le cycle de violence ne pourra être brisé que si les peuples de la région définissent de nouvelles relations entre ethnies fondées sur une réelle réconciliation. Il est néanmoins nécessaire de poursuivre les auteurs des massacres et des crimes contre l'humanité. Les relations doivent aussi s'établir sur la base du respect, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats. Les efforts internationaux en vue de promouvoir la paix et la stabilité, a ajouté le représentant, ne doivent pas passer outre l'ampleur des problèmes socio-économiques du continent qui doit bénéficier d'une approche holistique qui inclut non seulement des activité de maintien de la paix mais également de rétablissement de la paix et de consolidation de la paix après les conflits. Le Conseil de sécurité doit en coordination avec l'Organisation de l'unité africaine et les organisations sous-régionales, déployer tous les efforts en vue d'un cessez-le-feu immédiat et continuer d'examiner quel rôle les Nations Unies pourraient jouer lors de l'élaboration de mesures concrètes et durables de mise en oeuvre d'un cessez-le-feu et de consolidation de la paix après les conflits.
M. SERGUEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que le conflit en République démocratique du Congo devait être réglé par la voie pacifique dans le respect de l'intégrité territoriale de ce pays. Il a appuyé à cet égard les efforts déployés par l'OUA et la SADC et a rappelé la nécessité de respecter les principes de non-ingérence et de non-recours à la force. De l'avis de la Fédération de Russie, la base d'un règlement du conflit en République démocratique du Congo pourrait être le plan proposé par les pays de la sous-région qui prévoit la signature d'un cessez-le-feu, le retrait des troupes étrangères et des garanties de sécurité prou les Etats voisins. La Fédération de Russie estime que les modalités de participation des rebelles au processus de négociation régionale doivent être déterminées par les négociateurs régionaux et les autorités de la République démocratique du Congo. Sur le plan interne, il a préconisé l'organisation d'un dialogue national auquel participeraient toutes les composantes de la société congolaise.
De l'avis de la Fédération de Russie, les efforts doivent se concentrer dans un premier temps sur la signature d'un cessez-le-feu, car l'on risque une catastrophe humanitaire de grande ampleur, la propagation des combats, voire même la désintégration de la République démocratique du Congo. M. Lavrov a condamné les violations des droits de l'homme à caractère ethnique et a appuyé la tenue d'enquêtes sur ce type d'allégations. La Fédération de Russie estime opportun que l'Envoyé spécial du Secrétaire général se rende dans la région. Les modalités de l'envoi éventuel d'une mission de la paix dans la région ne pourront être établies qu'après la signature d'un cessez-le-feu, a souligné M. Lavrov qui a également insisté sur la nécessité de disposer d'une analyse approfondie de la situation. La Fédération de Russie appuie, elle aussi, la tenue d'une conférence des Grands Lacs, mais estime qu'il faut à cette fin un consensus de tous les Etats qui y participeraient. Le représentant a assuré que son pays continuera à oeuvrer en faveur d'un règlement du conflit en République démocratique du Congo en utilisant ses contacts avec l'OUA, la SADC, et tous les pays concernés.
( suivre)
- 13 - CS/1034 19 mars 1999
SIR JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a déclaré que les problèmes de la région devaient être traités de manière adéquate par le système des Nations Unies, sinon ce système se montrera incapable de répondre aux demandes qui lui sont faites. Pour sa part, le Royaume-Uni est disposé à faire un effort spécial pour aider les Africains, et en particulier l'OUA, à mettre fin au conflit en République démocratique du Congo. Le représentant a rappelé que lors de sa visite dans la région à la fin du mois dernier, l'Envoyé spécial du Premier Ministre, M. Tony Lloyd, Ministre d'Etat, avait constaté que les parties avaient une approche commune sur ce qui devrait être fait pour mettre fin aux combats. Personne, y compris les rebelles, n'a douté de la nécessité d'un dialogue pour tracer la voie vers un gouvernement qui inclut tous ceux qui sont concernés. Il existe également une large reconnaissance du fait que les préoccupations de sécurité des pays voisins sont sincères et doivent être prises en compte. Le Ministre a toutefois également constaté un manque flagrant de volonté politique et de créativité de la part des protagonistes pour mettre en place les prémices d'un règlement. M. Lloyd en a conclu que les principaux responsables de la guerre peuvent y mettre fin s'ils le veulent réellement. Le rôle de la communauté internationale et du Conseil est de susciter cette volonté. Nous disposons tous de ressources diplomatiques, politiques et financières qui pourraient faire une grande différence pour les gouvernements et les populations de la région et il existe d'énormes réserves de bonne volonté envers les peuples de ces pays, a souligné Sir Jeremy, en préconisant d'utiliser ces ressources pour construire une volonté de paix et de reconstruction économique parmi les dirigeants régionaux.
De l'avis du Royaume-Uni, il importe de parvenir en premier lieu à un cessez-le-feu, par un dialogue direct avec les rebelles. Il faut à cette fin, aider le Président Kabila et le peuple congolais à élaborer un cadre permettant un véritable dialogue politique constructif. Il faut ensuite procéder au retrait des troupes étrangères. A cet égard, Sir Jeremy a rejeté toute suggestion de partition du pays. Toutefois, les voisins de la République démocratique du Congo ne seront pas encouragés à se retirer si l'on ne crée pas des mécanismes crédibles qui permettront de désarmer les groupes rebelles, en particulier les ex-FAR et les Interahamwe, à leurs frontières, et d'assurer la sécurité des frontières à l'avenir. Il faut commencer à définir les possibilités d'arrangement à cette fin. L'ONU et certains Etats Membres peuvent apporter leur aide à cette tâche mais la contribution principale doit être africaine et régionale. Il faut ensuite un engagement international cohérent visant à stimuler, surveiller et maintenir ces processus. La résistance continue des parties aux efforts déployés par la SADC et l'OUA souligne la nécessité d'une plus grande implication et pression de l'extérieur. Le Conseil a déjà fait part de sa disposition à envisager les moyens d'appuyer la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu et d'un règlement du conflit. Le Royaume-Uni, avec d'autres partenaires, ont commencé à travailler sur les possibilités d'une présence de maintien de la paix. Il faut continuer à oeuvrer en ce sens, car ce que l'ONU et la communauté internationale pourront faire pour garantir un accord favorisera sa conclusion.
( suivre)
- 14 - CS/1034 19 mars 1999
Sir Jeremy a également souligné la nécessité d'un cadre permettant d'aborder les problèmes de la région des Grands Lacs dans son ensemble. Le Royaume-Uni appuie pleinement la tenue d'une conférence internationale sur la paix et la sécurité dans la région. Toutefois, une telle conférence ne portera ses fruits que si elle est soigneusement préparée, ce qui prendra du temps. Il faudrait donc y oeuvrer dès maintenant. Enfin, d'un point de vue économique, un règlement politique et la mise en place d'arrangements de sécurité permettront d'attirer des ressources pour le développement. C'est pourquoi, il faut prévoir aussi une conférence pour le développement économique de la région des Grands Lacs, qui réunirait les principaux partenaires bilatéraux, l'ONU et ses agences, l'Union européenne et les institutions financières internationales, qui serait intégrée à la conférence sur la paix et la sécurité. Pour parvenir à la réalisation de ces objectifs, Sir Jeremy a mis l'accent sur la nécessité d'un changement important dans la volonté politique de toutes les parties au conflit, et en particulier tous les dirigeants des pays de la région.
M. QIN HUASUN (Chine) a déclaré que son pays était profondément préoccupé par les développements du conflit en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs. Le représentant a fait part de l'inquiétude de son pays, face aux pertes en vies humaines et aux atteintes au droit de propriété et à leurs conséquences sur la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs ainsi que sur tout le continent africain. Il a déclaré que son pays, en tant qu'ami des pays et des peuples d'Afrique, était troublé par la durée du conflit dans la région des Grands Lacs.
Le représentant a rappelé que depuis le début du conflit congolais, la Chine avait toujours insisté sur la nécessité de parvenir à un cessez-le feu. Les parties concernées devraient trouver un moyen efficace de résoudre leur différend, par le biais de la négociation et d'un dialogue fondé sur un plein respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. C'est là le seul moyen de mettre fin aux conflits et de restaurer des relations de bon voisinage dans la région.
Le représentant a déclaré que son pays appuie les efforts entrepris par les pays africains et les organisations régionales en vue d'assurer un règlement politique de la question congolaise. Il a affirmé en outre que le Conseil de sécurité devrait répondre aux requêtes légitimes et aux appels émanant des pays africains. Ces derniers, ainsi que les organisations régionales, devraient recevoir une assistance politique et financière leur permettant de résoudre leurs propres problèmes. Ils seraient alors plus à même de jouer un rôle efficace dans le règlement des conflits en République démocratique du Congo.
M. MICHEL KAFANDA (Burkina Faso), au nom de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a estimé que la confrontation en République démocratique du Congo par son caractère polymorphe, l'implication des pays de la région, et les enjeux qui motivent les belligérants, est porteuse de graves dangers dont les conséquences peuvent endommager tout l'édifice africain.
( suivre)
- 15 - CS/1034 19 mars 1999
S'agissant d'une situation inextricable, l'on comprend aisément pourquoi ni les rencontres de l'OUA, ni les efforts des pays de la sous-région n'ont toujours pas débouché sur un règlement concluant. L'OUA a pourtant posé des actes louables. En particulier, le dernier Sommet de son organe central du mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, qui s'est tenu le 17 décembre 1998, a eu à réaffirmer les principes directeurs qui seuls peuvent garantir un règlement durable de la crise congolaise. Le premier de ces principes est celui de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Pour l'OUA, le non-respect des traités frontaliers ouvrirait la boîte de pandore à partir de laquelle les contestations n'auraient pas de limites. Dans le cas de la République démocratique du Congo, cette exigence s'impose d'autant que la taille du pays - 2 345 000 km2 - et la dissemblance des populations peuvent être une source de vélléités irrédentistes.
Les Chefs d'Etat africains ont également réaffirmé "leur soutien au Gouvernement de la République démocratique du Congo" comme seul pouvoir légitime, c'est-à-dire représentatif de tout le peuple congolais. Il convient en conséquence que la rébellion dépose les armes dans le but de favoriser l'ouverture de pourparlers avec le Gouvernement. Par cet appel, l'OUA reconnaît que la négociation doit toujours prévaloir. A cet égard, il est heureux de constater une évolution positive qui montre que le pouvoir congolais semble s'être rendu à la réalité que seule une discussion avec l'opposition armée peut ouvrir la voie d'une véritable réconciliation nationale. Il semble que désormais ni le principe en lui-même, ni la question du lieu ne soient plus des obstacles à cette concertation entre Congolais. Pour terminer le représentant a affirmé que qu'il n'existe aucun antagonisme entre l'OUA et l'ONU. Les actions de ces deux instances se complètent. L'OUA attend la coopération avec les Nations Unies pour renforcer les capacités africaines en matière de logistique.
M. DIETER KASTRUP (Allemagne), au nom de l'Union européenne, a mis l'accent sur la complexité des origines du conflit en République démocratique du Congo tout en espérant que le débat tenu aujourd'hui par le Conseil de sécurité ne s'attarde pas sur des accusations mutuelles mais contribue à créer une approche tournée vers l'avenir visant la recherche de solutions et de résultats concrets. L'Union européenne, a dit le représentant, appuie les principes de l'intégrité territoriale et du respect de la souveraineté et de la sécurité de la République démocratique du Congo et de ses Etats voisins. Elle demeure préoccupée par la participation au conflit de plusieurs pays de la région, participation qui n'a pas conduit à la stabilité recherchée mais au contraire à une escalade dangereuse qui menace aujourd'hui la stabilité de l'ensemble de la région. L'Union européenne réitère, dans ce contexte, que le conflit en cours ne peut être résolu que par des négociations entre toutes les parties visant une solution politique au conflit, le retrait des troupes étrangères et le rétablissement de la paix, de la stabilité et de la démocratie en République démocratique du Congo et dans les pays voisins.
( suivre)
- 16 - CS/1034 19 mars 1999
L'Union européenne se félicite de la disposition du Président Laurent- Désiré Kabila d'entamer des négociations avec toutes les parties au conflit, y compris le mouvement rebelle et d'encourager la conclusion d'un accord de cessez-le-feu aussi rapidement que possible. L'Union européenne souligne la nécessité d'un processus politique qui doit se fonder sur les deux éléments liés aux problèmes de sécurité régionale et à la situation interne en République démocratique du Congo. Cette situation exige la tenue d'un dialogue politique entre tous les acteurs en vue d'établir une société démocratique.
L'Union européenne réitère aussi son appui à la tenue d'une conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement pour la région des Grands Lacs qui contribuerait à consolider l'accord de paix en République démocratique du Congo et la stabilité dans les pays de la région. Si l'Union européenne se félicite, à juste titre, des efforts régionaux de médiation, elle accueillerait avec satisfaction une plus grande implication de l'ONU et de l'OUA pour coordonner les différents efforts de paix. L'Union européenne appuie, pour sa part, les efforts régionaux notamment ceux de son Envoyé spécial dans la région des Grands Lacs, M. Aldo Ajello. Elle est disposée à étudier un programme de reconstruction en République démocratique du Congo en cas de cessation des hostilités et de progrès interne dans les domaines de la paix, de la démocratie et du respect des droits de l'homme. Dans l'état actuel des choses, l'Union européenne juge et jugera difficile de maintenir son niveau actuel d'assistance financière aux pays impliqués dans le conflit tant qu'ils persisteront dans l'option militaire. Naturellement, ces réticences ne touchent pas l'assistance purement humanitaire, a souligné le représentant en lançant une nouvelle fois un appel urgent au Gouvernement congolais, au mouvement rebelle et aux acteurs externes pour qu'ils entament des négociations sérieuses et constructives sur un règlement politique du conflit. Il a souligné, au nom de l'Union européenne, la nécessité d'un véritable processus de réconciliation et de démocratisation dans tous les Etats de la région.
( suivre)
- 17 - CS/1034 19 mars 1999
M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a rappelé que son pays a une longue frontière avec la République démocratique du Congo et entretient des relations commerciales importantes avec ce pays. Il a rappelé aux membres du Conseil leurs obligations en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Lorsque la République démocratique du Congo a informé le Conseil de l'agression dont elle a été l'objet, elle a invité celui-ci à s'acquitter de ses obligations, en condamnant l'agression, en demandant le retrait des troupes d'agression et en les contraignant à respecter la souveraineté de la République démocratique du Congo. Malheureusement, le Conseil n'est pas intervenu. Toutes les demandes de la République démocratique du Congo au Conseil se sont heurtées à une oreille de sourd. Il n'y a eu que de vagues déclarations. La position du Conseil en ce qui concerne la République démocratique du Congo est un témoignage de plus de la politique de deux poids et deux mesures qui caractérise ses travaux. La sélectivité du Conseil est connue. Parfois, il déplore, condamne et envisage de recourir au chapitre VII de la Charte, alors que dans d'autres cas similaires il se tait, a déclaré le représentant.
Pour le Soudan, il est incontestable que la République démocratique du Congo a subi une agression et qu'il s'agit d'une violation de la Charte de l'ONU. M. Erwa a donc invité le Conseil à assumer ses responsabilités en assurant la cessation des hostilités et le retrait des forces d'agression. Il s'agit de rétablir la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs. Les efforts du Conseil, en organisant cette réunion, sont méritoires mais le Gouvernement de la République démocratique du Congo déploie lui aussi des efforts, comme en témoigne la déclaration du Président Kabila visant à organiser une conférence à laquelle prendraient part toutes les parties. Le Soudan invite le Conseil à adopter une résolution visant à rétablir la paix en République démocratique du Congo et à faire taire les ambitions des agresseurs et des grandes puissances qui utilisent d'autres protagonistes pour parvenir à leurs objectifs. Le Soudan se félicite des efforts déployés par le Président zambien Chiluba, dans le cadre de la SADC, ainsi que de la participation de la République démocratique du Congo aux initiatives régionales, ce qui témoigne de son désir sincère de mettre un terme au conflit. Le Soudan est directement affecté par le conflit en République démocratique du Congo et subit son impact négatif à ses frontières sud qui souffrent déjà d'instabilité et d'intrusions étrangères. Le Conseil ne peut fermer les yeux sur ce qui se passe en République démocratique du Congo et doit aborder la question avec l'attention voulue, a conclu le représentant.
M. YUKIO SATOH (Japon) a rappelé que, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le conflit en République démocratique du Congo a provoqué le départ de 58 000 Congolais vers la Tanzanie et de 6 000 autres vers la Zambie, auxquels s'ajoutent de nombreux déplacés internes. La population de la République démocratique du Congo a besoin d'une aide humanitaire d'urgence. Or, le conflit en cours empêche la communauté internationale de fournir cette aide. C'est pourquoi, le Japon appelle instamment toutes les parties à cesser immédiatement les combats et à rechercher sérieusement les moyens de parvenir à un accord de cessez-le-feu.
( suivre)
- 18 - CS/1034 19 mars 1999
Le conflit doit être résolu par le dialogue pacifique et les négociations, et non par la coercition. Pour assurer la stabilité régionale, il est aussi impératif que tous les Etats concernés respectent leur indépendance politique mutuelle et s'abstiennent de s'ingérer dans les affaires internes des autres Etats. Le Japon appuie les efforts des pays voisins, ainsi que ceux de la SADC et de l'OUA, mais déplore le fait que ce processus de médiation régional ne fasse sentir ses effets que trop lentement.
On ne peut que souligner l'importance de parvenir rapidement à un cessez-le-feu, a poursuivi M. Satoh. Mais le conflit ne pourra être vraiment résolu que si l'on aide la République démocratique du Congo à se remettre sur pied. La communauté internationale ne doit pas se concentrer uniquement sur les moyens de mettre fin aux combats, mais doit aussi faire en sorte que la réhabilitation après le conflit soit un succès en termes de reconstruction de l'économie et de réconciliation entre les peuples. Ces deux objectifs doivent être poursuivis simultanément afin d'établir des bases solides pour la paix et le développement. La pauvreté constitue la menace la plus importante à la sécurité et ce que les pays africains souhaitent le plus ardemment, c'est la promotion du développement. Les efforts visant à empêcher, à gérer et à résoudre les conflits sont essentiels pour la stabilité et le développement de l'Afrique. Le Fonds pour la paix de l'OUA a besoin d'un soutien important à cette fin. Pour sa part, le Gouvernement du Japon a décidé récemment de contribuer à hauteur de 254 000 dollars à ce Fonds. Le représentant a encore mis l'accent sur le fait que les protagonistes des conflits en Afrique étaient en possession de grandes quantités d'armes, bien qu'ils n'aient pas la capacité d'en produire. En tant que pays qui interdit l'exportation d'armes, le Japon appelle tous les Etats à se demander si leurs propres actions ne provoquent pas une intensification des conflits en Afrique.
M. PATRICK MAZIMHAKA, Ministre du Cabinet présidentiel du Rwanda, a salué les efforts que de nombreux dirigeants ont déployé, avec l'appui du Conseil de sécurité pour trouver un règlement pacifique au conflit en République démocratique du Congo. Il a jugé opportun que le Conseil réaffirme son appui aux processus régionaux et en particulier au processus de la SADC, dans lequel l'OUA et l'ONU continuent de jouer un rôle majeur. Le Ministre a souhaité que le Président de la République démocratique du Congo soit encouragé à avoir foi en la fraternité de la SADC dont son pays est membre. Il a rappelé les termes du Processus de Lusaka qui demandent notamment des négociations entre toutes les partis politiques de la République démocratique du Congo et le règlement des questions de sécurité des pays voisins. Sur ces deux éléments, a estimé le Ministre, des progrès ont été enregistrés. L'OUA prépare en ce moment un accord de cessez-le-feu et son mécanisme de mise en oeuvre. Le Président Kabila, pour sa part, a annoncé à plusieurs reprises sa disposition à initier un dialogue avec les partis congolais. Les pays concernés par leur sécurité ont présenté leur des plaintes à un sous-comité établi à cet effet, et attendent que la République démocratique du Congo vienne discuter des questions liées à sa souveraineté et donner à ses voisins des garanties conformes au droit international. Ce sera là l'occasion de tester l'engagement de toutes les parties concernées en faveur de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des pays respectifs.
( suivre)
- 19 - CS/1034 19 mars 1999
La présence d'éléments armés rwandais, d'anciens membres des forces armées gouvernementales et des milices a été une pierre d'achoppement dans les relations entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. La sécurité du Rwanda est menacée par la présence des forces sur le territoire congolais, qui se sont organisées et armées avec le concours de la République démocratique du Congo. En acceptant cet état de choses, la République démocratique du Congo viole elle-même sa souveraineté. La sécurité du Rwanda est également menacée par le lancement d'attaques génocidaires contre le Rwanda, comme l'ont illustré récemment les tueries contre des touristes innocents par les forces du mal qui ne trouvent un appui qu'en République démocratique du Congo. La sécurité du Rwanda est donc menacée par le fait que la République démocratique du Congo viole ainsi la souveraineté du Rwanda alors que ces autorités adhèrent à une idéologie de génocide, qui constitue une violation du droit international. Les tentatives répétées de retirer à des nationaux leur culture rwandaise, les persécutions et les expulsions vers le Rwanda constituent une violation flagrante du principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. L'utilisation du territoire congolais pour livrer des armes et faire naître une idéologie fasciste auprès d'acteurs armés non gouvernementaux constituent une autre source de préoccupation. Citant des extraits du rapport du Secrétaire général pour étayer ces faits, le représentant a estimé que l'adhésion des autorités de la République démocratique du Congo aux thèses génocidaires a conduit à la crise de 1997-1999.
Pour le Rwanda, la paix passe par le règlement de la crise de gouvernance et de direction de la République démocratique du Congo; la neutralisation, le démantèlement et la lutte contre les armées non gouvernementales opérant à partir du territoire de la République démocratique du Congo; et la condamnation et la mise à l'écart de toux ceux qui ont adhéré à l'idéologie et aux actes de génocide dans la région. La situation décrite aujourd'hui constitue une agression de la République démocratique du Congo contre le Rwanda. Toutefois, le Rwanda préfère se joindre aux efforts de la région et de la communauté internationale dans la recherche de solutions durables aux problèmes de la République démocratique du Congo et de la région. C'est le seul moyen de prévenir la résurgence de l'état de guerre actuel et les violations massives des droits de l'homme. Le Rwanda appelle une nouvelle fois la République démocratique du Congo à user de ses droits souverains pour démanteler la douzaine de groupes armés qui opèrent à partir de son territoire et violent l'intégrité territoriale de ses voisins.
M. PETER L. KASANDA (Zambie) a déclaré que le conflit en République démocratique du Congo a des ramifications profondes pour la paix et la sécurité non seulement dans la région des Grands Lacs, mais aussi dans toute l'Afrique. Ce conflit oppose en effet non seulement le Gouvernement de la République démocratique du Congo à des éléments rebelles, mais aussi certains pays africains à d'autres. S'il n'est pas résolu rapidement, il s'étendra et fera peser une menace grave sur la paix et la sécurité internationales, a-t-il estimé. La République démocratique du Congo est un pays avec lequel la Zambie partage une très longue frontière.
( suivre)
- 20 - CS/1034 19 mars 1999
Tout développement dans l'un ou l'autre pays risque donc d'avoir un impact immédiat sur les intérêts sociaux, économiques et sécuritaires de l'autre. En témoigne déjà l'arrivée récente de 5 000 réfugiés de République démocratique du Congo en Zambie. Les dirigeants du sud de l'Afrique explorent les possibilités de mettre fin au conflit. A cet égard, la Zambie a été invitée, lors du second Sommet de Victoria Falls des chefs d'Etat régionaux en septembre dernier, à prendre la tête des efforts de médiation. Cela témoigne de la conviction profonde des dirigeants africains que seule une solution négociée peut garantir une paix durable.
Soulignant la complexité de la situation, M. Kasanda a préconisé de procéder avec précaution et patience afin de faire en sorte que la solution qui sera trouvée jouisse du soutien de toutes les parties concernées. L'effort de médiation est coûteux en termes d'investissements en temps, en énergie et en ressources. C'est pourquoi, la communauté internationale doit apporter son appui pour soutenir les efforts régionaux. A ceux qui disent, "laissez l'Afrique aux Africains, laissez-les résoudre leurs propres problèmes", la Zambie répond que l'Afrique n'est pas une île; elle fait partie du village mondial. L'Afrique fait partie de l'humanité et le progrès de l'humanité est lié au progrès du continent africain. Il est heureux que la Charte de l'ONU ne fasse aucune discrimination entre les conflits dans les différentes régions du monde. Tous doivent être traités de la même façon, a conclu le représentant. Il est essentiel, en raison des limites des efforts régionaux, que le Conseil appuie ces efforts de manière tangible. A cet égard, la Zambie appelle instamment le Conseil à mettre en place un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu lorsqu'un accord en ce sens aura été signé. L'implication du Conseil est essentielle pour établir une paix durable en République démocratique du Congo, a-t-il conclu.
M. ABDELAZIZ MAGED (Egypte) a souhaité que le débat serve à mettre en exergue des solutions concrètes pour parvenir à la paix et la stabilité dans la région. La situation en République démocratique du Congo exige que le Conseil, l'OUA et les parties concernées renforcent leurs efforts en vue de parvenir dans les plus brefs délais à une solution négociée. Celle-ci doit passer par le renforcement de la démocratie en République démocratique du Congo, le retrait des forces étrangères et l'organisation d'un dialogue national auquel participeraient toutes les forces de la société congolaise. Pour sa part, l'Egypte a déployé des efforts importants en vue d'encourager la signature d'un cessez-le-feu. Elle appuie les efforts régionaux en cours, ainsi que l'organisation d'une conférence internationale sur la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs. L'Egypte condamne les actes de violence commis contre les civils innocents et estime que les auteurs de ces crimes doivent être jugés. Le représentant a insisté sur la nécessité d'assurer la protection des civils, en empêchant la dissémination des armes, en particulier les armes légères et en mettant un terme à toutes les activités militaires et d'entraînements militaires.
( suivre)
- 21 - CS/1034 19 mars 1999
L'Egypte estime que le rapport du Secrétaire général sur la résolution pacifique des conflits en Afrique et les résolutions adoptées par la suite par le Conseil n'amoindrissent pas le rôle que celui-ci doit jouer dans la résolution des crises sur le continent africain, ainsi qu'en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il est regrettable de constater une tendance visant à ne pas adopter de mesures pour endiguer les crises en Afrique, mais à les étudier simplement dans le cadre de l'ensemble du continent africain ou le contexte des Grands Lacs, ou encore à décider que les efforts régionaux en cours dispensent le Conseil de jouer son rôle. Les efforts régionaux ne peuvent avoir la primauté et le rôle du Conseil ne peut devenir secondaire et se borner à enteriner les résolutions des instances régionales. Les crises complexes en Afrique ont montré l'inefficacité des mesures adoptées par le Conseil. C'est pourquoi, celui-ci doit reconsidérer leur efficacité et examiner chaque cas afin de ramener la paix et la sécurité sur le continent africain dans son ensemble, a conclu le représentant.
M. AMAMA MBABZI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l'Ouganda, a d'abord souligné la détermination de son pays à rétablir une paix durable dans la région des Grands Lacs comme l'ont montré ses dernières initiatives auprès de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC). Le Ministre a réaffirmé que son pays n'a aucune visée territoriale en République démocratique du Congo. Il recherche au contraire l'appui de la communauté internationale pour réaliser les objectifs de la paix dans la région des Grands Lacs. La crise en République démocratique du Congo a une origine complexe. Sur le plan extérieur, elle a commencé par le génocide de 1994 et la fuite dans l'ex-Zaïre des responsables du génocide et de centaines de milliers de réfugiés. Le Gouvernement de l'époque avait choisi d'aider les auteurs du génocide à se réorganiser en forgeant une alliance avec le Soudan pour pouvoir lancer des attaques contre le Rwanda mais aussi l'Ouganda. Agissant en légitime défense, le Gouvernement ougandais a exercé son droit de poursuivre les éléments armés sur le territoire congolais. Avec l'accession au pouvoir du Président Kabila, produit secondaire de l'acte de légitime défense, l'Ouganda espérait une stabilisation de la situation. Malheureusement, il n'en pas été ainsi.
Le Président Kabila a très vite indiqué qu'il n'était pas en mesure d'assurer la sécurité de ses frontières. Il a donc choisi d'inviter l'Ouganda a assuré lui-même sa sécurité par la signature d'un protocole le 24 avril 1998. Entre temps, en raison des contradictions politiques internes en République démocratique du Congo, une rébellion a éclaté le 2 août 1998. La réaction du Président Kabila a été de rechercher une assistance étrangère et de décider d'une intervention militaire unilatérale. L'intervention des belligérants était motivée par une prétendue invasion de la République démocratique du Congo par l'Ouganda et le Rwanda alors même qu'à ce moment, l'Ouganda n'avait que deux bataillons à l'intérieur de la République démocratique du Congo pour contenir ses groupes rebelles.
( suivre)
- 22 - CS/1034 19 mars 1999
L'intervention des alliés de la République démocratique du Congo ajoutant une autre dimension au conflit, en particulier depuis l'implication du Soudan, l'Ouganda n'a eu d'autres choix que de déployer des forces supplémentaires. Par conséquent, la dimension extérieure du conflit dans le cas de l'Ouganda comme dans celui du Rwanda, a été provoquée par des activités hostiles de la République démocratique du Congo.
Sur le plan interne, il suffit de réaliser que la base politique de l'AFDL du Président Kabila n'est composée que de quatre groupements politiques, émanant tous de la partie orientale du pays. Par incapacité ou négligence, le Président Kabila a toujours refusé d'étendre cette base, nourrissant ainsi la frustration des partis politiques. Le mouvement rebelle actuel trouve son origine dans cette frustration. Contrairement au pessimisme ambiant, l'Ouganda estime que des progrès ont déjà été enregistrés dans la voie de la paix. Ainsi, il est désormais acquis qu'il convient d'oeuvrer à un cessez-le-feu; à la cessation des hostilités, à l'immobilisation des troupes en République démocratique du Congo; au règlement des préoccupations de sécurité des pays voisins; au lancement de négociations politiques incluant les rebelles; au déploiement d'une force d'interposition en République démocratique du Congo; au retrait de toutes les forces étrangères conformément à un calendrier élaboré conjointement par l'ONU et l'OUA et sous le contrôle de la force d'interposition, et à l'organisation d'une conférence réunissant tous les ayants droit à l'intérieur du pays sous les auspices de l'OUA. Les divergences ne concernent que les modalités de la table ronde des partis politiques et le moment auquel il convient de demander le désarmement des rebelles. Le Ministre a conclu en attirant l'attention sur le massacre des touristes étrangers dans son pays pour appeler la communauté internationale à décourager certains pays à accorder un asile aux groupes armés.
M. ISA AYAD BABAA (Jamahirya arabe libyenne) a souligné la nécessité de redoubler d'efforts pour mettre fin au conflit en République démocratique du Congo et parvenir à une solution durable pour la région. Il a appuyé les efforts déployés au niveau régional et, en particulier ceux du Président zambien Chiluba. Les problèmes de l'Afrique sont le résultat de facteurs historiques hérités du passé, notamment les frontières définies par les autorités coloniales en fonction de leurs propres intérêts, a-t-il dit. Pour résoudre les conflits sur le continent africain, la Libye préconise la recherche, dans le cadre de l'OUA et en dehors de toute ingérence étrangère, de solutions fondées sur le consensus. A cette fin, le Président Kadhafi a convoqué une série de réunions auxquelles ont participé de nombreux dirigeants africains, et notamment une réunion entre les parties congolaise qui s'est tenue en Libye. Récemment, le Président Kadhafi a mené des contact en vue de la convocation d'un sommet africain sur les conflits qui affectent le continent. Le sommet africain prévu en juillet en Algérie devrait permettre de redoubler les efforts pour atteindre cet objectif, a dit le représentant. Il a déploré le fait que malgré les divers sommets régionaux visant à trouver une solution au conflit et malgré le fait que toutes les parties soient disposées à y mettre un terme, les efforts déployés n'ont pas encore abouti.
( suivre)
- 23 - CS/1034 19 mars 1999
De l'avis de la Jamahirya arabe libyenne, toute solution doit être fondée sur l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats, sur le dialogue entre les parties et la non-ingérence dans les affaires internes des pays. M. Babaa a souligné la nécessité de trouver une solution au conflit dans le cadre de l'OUA afin d'éviter toute ingérence extérieure. Il a préconisé le déploiement de forces africaines chargées de garantir la sécurité des frontières extérieures de la République démocratique du Congo, ainsi que la convocation d'une conférence de paix entre les Etats concernés pour conclure des accords de cohabitation pacifique. L'ONU devra, pour sa part, s'efforcer de trouver des solutions aux problèmes des réfugiés et soutenir les solutions de l'OUA, y compris par la fourniture d'un soutien matériel. Le représentant a plaidé en faveur de la poursuite des réunions africaines en vue d'encourager la poursuite du dialogue entre les parties en conflit, de parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat et de trouver une solution juste et durable au conflit. Il s'est félicité de la volonté manifestée par le Président Kabila d'ouvrir un dialogue avec toutes les parties.
M. NJUGUNA M. MAHUGU (Kenya) a déclaré que son pays demeure gravement préoccupé par la situation en République démocratique du Congo. Pendant de nombreuses années, la situation n'a pas évolué en dépit des efforts diplomatiques régionaux et bilatéraux concertés. Sa délégation se déclare convaincue que la communauté internationale doit jouer un rôle plus actif et empêcher que le conflit ne s'intensifie. Le conflit en République démocratique du Congo pourrait s'étendre aux sous-régions orientale, centrale et du sud avec des conséquences inévitables pour l'ensemble de la région d'Afrique et même au-delà. Conscients de ce fait, les présidents du Kenya, de la Tanzanie et de l'Ouganda ont souligné, en octobre 1998, l'urgence pour la communauté internationale de répondre de manière globale à la situation en République démocratique du Congo. Ils ont formulé les recommandations suivantes pour faciliter un règlement rapide : la cessation immédiate des hostilités, la tenue immédiate de négociations en vue d'un accord de cessez- le-feu et du retrait des troupes, l'adoption de mesures visant à répondre aux préoccupations en matière de sécurité des pays voisins, un dialogue politique entre toutes les parties y compris les groupes marginalisés, ainsi qu'une force de maintien de la paix internationale neutre placée sous les auspices des Nations Unies et de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Ces recommandations sont toujours valables aujourd'hui.
Le Kenya croit fermement au respect de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. C'est pourquoi, il appelle toutes les parties concernées à réaffirmer leurs engagements en faveur d'un règlement pacifique et à oeuvrer sans réserve en vue de réaliser cet objectif. A cet égard, la délégation kenyane est très encouragée par les efforts déployés au niveau régional par la Zambie, le Mozambique et la Tanzanie en vue de régler ce conflit. Tout en notant que cette initiative a déjà entraîné des progrès, M. Mahugu a émis l'espoir qu'elle permettra de parvenir à un règlement pacifique durable. Le Kenya appuie fermement cette initiative et encourage la communauté internationale à apporter un appui plus concret.
( suivre)
- 24 - CS/1034 19 mars 1999
Le Conseil de sécurité ne peut renoncer à ses obligations de maintien de la paix et de la sécurité internationales, y compris en Afrique. On ne devrait pas envisager de faire porter le fardeau de la mise en oeuvre de l'accord de paix à une force purement régionale, sans la contribution de la communauté internationale, dans un différend aussi complexe que celui qui prévaut en République démocratique du Congo. C'est dans ce contexte que le Kenya estime la proposition française de tenir une conférence internationale sur la paix, la stabilité et le développement socio-économique dans la région des Grands Lacs, comme une initiative positive et constructive.
M. PIETER VERMEULEN (Afrique du Sud) a déclaré que si le conflit ne prenait pas fin rapidement, il pourrait s'étendre davantage et toucher davantage de sections du continent. Pour l'Afrique du Sud, le conflit plonge ses racines dans les nombreuses années de mauvaise gestion et de corruption de l'ex-Zaïre. Depuis l'éclatement du conflit en République démocratique du Congo, le Gouvernement sud-africain a adopté une position cohérente et claire, fondée sur la conviction que seules des négociations impliquant toutes les parties peuvent assurer une paix durable dans le pays. Le Gouvernement sud- africain reste convaincu que les résultats du Sommet de la SADC, qui s'est tenu à Prétoria le 23 août 1998, fournit le cadre adéquat pour une solution négociée au conflit. Ce Sommet a appelé à un cessez-le-feu, la cessation des hostilités, le retrait des forces étrangères impliquées dans le conflit, et des négociations entre tous les habitants de la République démocratique du Congo en vue de rétablir un gouvernement démocratique dans le pays. Dans ce cadre, l'Afrique du Sud a soutenu les efforts déployés par le Président zambien Chiluba au nom de la SADC et a participé activement aux pourparlers régionaux visant à définir les termes d'un cessez-le-feu et les modalités de son application.
De l'avis de l'Afrique du Sud, il existe une dimension externe et une dimension interne au conflit. La première priorité est la signature d'un document de cessez-le-feu par tous les belligérants, suivie par l'établissement d'un mécanisme international de surveillance approprié sous les auspices de l'OUA et de l'ONU. Ce cessez-le-feu devra être suivi par le retrait de toutes les forces étrangères de la République démocratique du Congo dans le cadre d'une procédure agréée qui prendra en considération la levée des menaces militaires contre le Gouvernement actuel de la République démocratique du Congo, ainsi que des garanties de sécurité pour les pays voisins. Un autre aspect crucial est l'engagement de tous les belligérants envers la paix et la stabilité en République démocratique du Congo, ainsi que dans la région d'Afrique centrale dans son ensemble. A cette fin, tous les partis politiques de la République démocratique du Congo doivent être autorisés à participer aux négociations visant à l'établissement d'un gouvernement national représentatif. Au point de vue régional, l'Afrique du Sud estime qu'une conférence internationale sur la région doit accorder une attention particulière au renforcement de l'appui international à la reconstruction et au développement de la République démocratique du Congo.
( suivre)
- 25 - CS/1034 19 mars 1999
L'Afrique du Sud est également fortement préoccupée par la détérioration globale de la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo qui prévaut dans la plupart des régions du pays où se déroule le conflit. Elle appelle tous les belligérants à respecter les accords et conventions internationales relatives à une situation de conflit et à assurer le respect des droits de l'homme, en particulier les droits de la population civile.
M. MISHECK MUCHETWA (Zimbabwe) a déclaré qu'une doctrine proche du fascisme, mais plus pernicieuse, se manifestait actuellement dans la région des Grands Lacs où deux voisins de la République démocratique du Congo ont décidé d'envahir ce pays pour des soit-disant raisons de sécurité. La "thèse de la sécurité" est un prétexte utilisé par l'Ouganda et le Rwanda pour démembrer la République démocratique du Congo dans un effort visant à établir un "Grand Rwanda". L'Ouganda et le Rwanda veulent acquérir par la force les régions orientales de la République démocratique du Congo et créer un Etat qu'ils appelleront "Ruwenzori". En violation flagrante de la souveraineté nationale, de l'unité et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, les envahisseurs ont nommé des "gouverneurs" et d'autres fonctionnaires, créant des frontières artificielles à l'intérieur du territoire de la République démocratique du Congo, délivrant et exigeant des visas et se livrant à la contrebande du bois, de l'or et de diamants hors de la République démocratique du Congo. L'Ouganda et le Rwanda qui sont membres de l'OUA et de l'ONU et donc liés à leurs principes, ont décidé de violer le droit international et doivent être condamnés pour cet acte, a dit le représentant. Il a expliqué que le Zimbabwe, l'Angola, la Namibie et le Tchad répondant aux appels de détresse du Gouvernement légitime de la République démocratique du Congo, aident actuellement ce pays à maintenir son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale. Par principe et en pratique, les pays de la SADC ne tolèrent aucun recours à la force pour s'emparer du pouvoir.
De l'avis du Zimbabwe, l'une des causes de conflits en Afrique est le non-respect des frontières des autres Etats. Le représentant a donc appelé le Conseil de sécurité à s'opposer sans équivoque à l'expansionnisme, sous peine d'envoyer des signaux erronés aux Etats envahisseurs, similaires à ceux de la politique d'apaisement qui a permis à Hitler de poursuivre son rêve expansionniste. De nombreux Congolais sont devenus des déplacés internes, d'autres sont massacrés et les ressources naturelles du pays sont pillées par l'Ouganda et le Rwanda. Il n'est pas étonnant que l'Ouganda soit devenu un pays exportateur d'or, alors qu'il est bien connu que la nature ne lui a pas fait don de ce précieux métal, a dit M. Muchetwa. Le représentant s'est demandé si le silence de la communauté internationale n'encourageait pas les Etats envahisseurs à penser que leur agression est tolérée. Il a assuré que les forces alliées en République démocratique du Congo n'avait pas d'agenda.
( suivre)
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Elles sont prêtes à se retirer lorsqu'un cessez-le-feu sera entré en vigueur et que les pays envahisseurs auront retiré leurs forces de la République démocratique du Congo, et qu'une force de maintien de la paix de l'ONU sera mise en place le long de la frontière de la République démocratique du Congo avec ces pays. Les forces alliées en République démocratique du Congo sont sensibles aux préoccupations de sécurité des pays envahisseurs et sont convaincues qu'une solution peut être trouvée par le biais de mécanismes autres que la violation des frontières d'autres Etats. Cette philosophie expansionniste ne répondra pas à ces préoccupations de sécurité, a-t-il souligné.
M. Muchetwa a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts de l'OUA et de la SADC en vue de la conclusion d'un cessez-le-feu et à faire pression sur les envahisseurs pour qu'ils donnent une chance à la paix en République démocratique du Congo. Le Zimbabwe appelle à un retrait inconditionnel des forces d'invasion de la République démocratique du Congo et demande au Conseil et à la communauté internationale de veiller au maintien de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. La population de ce pays doit être laissée à elle-même pour établir sa paix et sa démocratie, et entamer le processus de développement dans la paix. L'une des causes majeures du conflit armé dans la région des Grands Lacs est la politique d'exclusion générant les flux de réfugiés qui est menée par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi. C'est pourquoi, le Zimbabwe estime qu'il faudra au moment approprié organiser une conférence internationale sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la région, sous les auspices des Nations Unies et de l'OUA. Une telle conférence doit réunir tous les gouvernements de la région, ainsi que les parties avec lesquelles ils sont en conflit, a déclaré le représentant.
M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a déclaré que pour son pays l'impact immédiat du conflit en République démocratique du Congo a été l'arrivée continue de réfugiés. Si besoin est, ce conflit prouve une fois encore que ce sont les civils innocents et en particulier les femmes et les enfants, qui portent le fardeau le plus lourd des hostilités. Le peuple congolais a trop souffert au cours de ces dernières années et la communauté internationale se doit de lui apporter sa contribution pour faire cesser les hostilités et permettre la recherche d'une solution, par le biais du dialogue et dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. Tout en reconnaissant les difficultés que rencontrent le processus de Lusaka lancé par la SADC, le représentant a souligné que l'objectif du processus reste de faire accepter un projet d'accord de cessez- le-feu qui tient compte des préoccupations de sécurité de la République démocratique du Congo et de ses voisins.
Tous les protagonistes du conflit ont été appelés, a dit le représentant, à réaliser la futilité qu'il y a à rechercher une paix durable au son des canons. Une paix durable ne pourra être réalisée qu'à travers un règlement politique. L'initiative africaine de cessez-le-feu vise à servir de base à une solution politique du conflit. Elle établit un cadre pour mettre fin à la guerre de manière diplomatique.
( suivre)
- 27 - CS/1034 19 mars 1999
La cessation des hostilités, a dit le représentant, implique des négociations et des compromis qui exigent à leur tour un degré considérable de réconciliation parmi les parties au conflit. C'est ce processus de réconciliation que la communauté internationale doit encourager et appuyer.
M. GAMALIEL NDARUZANIYE (Burundi) s'est déclaré convaincu que seule la voie pacifique et le dialogue peuvent initier une solution durable à tout conflit et a indiqué que son pays apporterait toute sa contribution et son concours pour que cette voie triomphe. L'idéologie de l'extermination et du génocide qui a conduit au plus grand génocide de cette fin de siècle, au Rwanda, propage encore ses métastases dans toute la région. En appelant l'arrêt immédiat des hostilités et l'ouverture d'un dialogue entre les parties, il sera tout aussi nécessaire et urgent d'initier dans toute la région des Grands Lacs une véritable culture de la paix qui remette à l'honneur les valeurs universelles des droits de l'homme. Malheureusement, force est de constater que des armées entières défaites et des milices de tout genre circulent dans la région, concluant ici et là des alliances momentanées qui sèment la terreur et propagent la même idéologie de l'extermination et du génocide. Des bandes de criminels n'hésitent pas à se proclamer héros de la libération au-delà des frontières et des fonds se constituent pour alimenter les réseaux de trafics illicites d'armes entretenant ainsi une guerre transfrontière sans fin dans la région. Evoquant le document soumis au Conseil de sécurité par la République démocratique du Congo et portant sur les violations des droits de l'homme dans l'Est de ce pays, M. Ndaruzaniye a estimé qu'il aurait été plus honnête et constructif de soumettre un rapport complet sur les violations des droits de l'homme dans le pays, plutôt que d'allonger la liste des "agresseurs" externes, dans un profond conflit interne en République démocratique du Congo.
Il faut que le discours de la paix prenne le pas sur celui de la haine et de la violence, a poursuivi le représentant. Pour que la sécurité règne, il faut nécessairement réprimer le crime, car l'instabilité du voisin peut être une source permanente de déstabilisation de la zone partagée, a-t-il dit. Il a réaffirmé le soutien de son pays aux initiatives régionales de l'OUA et a appelé l'ONU et la communauté internationale à apporter une action complémentaire là où les initiatives régionales montreront leurs limites, notamment aux niveaux matériel et organisationnel. Parmi les autres problèmes qui méritent l'attention, le représentant a cité les déplacements forcés des populations, la circulation illicite d'armes dans la région, la séparation des combattants et des civils non armés, l'accroissement du nombre d'enfants non accompagnés, la prolifération des milices aux objectifs variés et divergents. Une profonde réflexion doit se poursuivre sur ces phénomènes afin d'aider les Etats à mettre en place les mécanismes adéquats pour y répondre, a estimé le représentant.
( suivre)
- 28 - CS/1034 19 mars 1999
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré que le conflit en République démocratique du Congo fait peser une lourde menace sur la sécurité de ce pays mais aussi sur la région des Grands Lacs dans son ensemble. La Jamaïque appuie donc l'appel à la cessation immédiate des hostilités et réaffirme son appui à l'unité, la stabilité et l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo conformément aux dispositions pertinentes de la Charte des Nations Unies et de la Charte de l'OUA. La Jamaïque est en outre favorable à la tenue d'un conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans la Région des Grands Lacs sous les auspices des Nations Unies et de l'OUA. Elle encourage la communauté internationale à montrer son ferme engagement en faveur du règlement du conflit en appuyant les initiatives de maintien et de consolidation de la paix dans la région. La Jamaïque souligne la nécessité d'une solution pacifique à la crise en cours pour permettre le lancement d'un processus de démocratisation et de reconstruction dans la République démocratique du Congo. La solution à la crise résidant dans un effort de coopération accru, à l'échelle régionale, la Jamaïque accueille avec satisfaction les initiatives diplomatiques de la SADC. Elle demeure convaincue que le règlement pacifique du conflit dépend largement de la volonté politique des parties concernées qui doivent faire preuve de la souplesse et de l'esprit de compromis nécessaires à une paix durable.
Intervenant en réponse aux propos tenus par certaines délégations au cours du débat, le Ministre congolais des droits humains a rappelé que la République démocratique du Congo a demandé la tenue d'un débat sur la situation dans ce pays dans une logique constructive et non polémique. Le Ministre s'est donc abstenu de répondre aux accusations non fondées proférées par les délégations concernées en soulignant toutefois que l'agression dont son pays est victime constitue une rupture de la paix et une menace grave à la sécurité de la région. Il a donc expliqué qu'il était du devoir de la République démocratique du Congo d'interpeller le Conseil dont le rôle essentiel, a-t-il rappelé, est de préserver la paix et la sécurité internationales. La République démocratique du Congo, a affirmé le Ministre, est un pays pacifique où vivent harmonieusement quelque 450 ethnies différentes. Malgré cette grande diversité, le peuple congolais ne connaît ni la culture raciste ni la culture génocidaire. Le terrain de prédilection de telles cultures est ailleurs, a dit le Ministre en ajoutant que le conflit dans son pays trouve notamment son origine dans les velléités hégémonistes des dirigeants des pays concernés. La République démocratique du Congo, a-t-il rappelé, était déterminée à poursuivre son processus de démocratisation qui s'est vu perturbé, pour des raisons connues, par l'agression. La République démocratique du Congo est néanmoins déterminée à poursuivre ce processus et c'est dans ce cadre qu'il faut placer le débat national, entre tous les partis politiques, que vient de demander le Président Kabila. Contrairement à ce que certains ont avancé, a poursuivi le Ministre, l'agression des pays concernés est bien antérieure à la présence des forces alliées qui sont intervenues à la demande du Président Kabila, au nom de son droit souverain, reconnu d'ailleurs par la Charte des Nations Unies et la Charte de l'OUA.
( suivre)
- 29 - CS/1034 19 mars 1999
Ayant dit cela, le Ministre a expliqué qu'étant donné que les agresseurs font valoir les questions de sécurité, la République démocratique du Congo demande au Conseil de sécurité d'assumer sa responsabilité et de prendre les mesures pour rétablir l'intégrité territoriale du pays et assurer la sécurité dans la région. Pour le Ministre, le Conseil doit recourir aux articles pertinents de la Charte, faute de quoi l'agression constituera un dangereux précédent qui foulera aux pieds les principes sacrés qui sont à l'origine de la création de l'ONU. Il faut mettre fin à la guerre pour apaiser les souffrances du peuple congolais qui attend réellement l'implication du Conseil de sécurité, a conclu le Ministre.
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