En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6913

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL DE L'ONU, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES A NEW YORK, LE 2 MARS 1999

2 mars 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/6913


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL DE L'ONU, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES A NEW YORK, LE 2 MARS 1999

19990302

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : La dernière fois que j'ai rencontré le Comité exécutif de l'UNCA, on m'a demandé si je ne pouvais pas vous rencontrer un peu plus souvent cette année. Nous avons décidé que je m'adresserais à vous toutes les six ou huit semaines. Je suis donc ici pour répondre à la demande de ce groupe.

Vous vous souviendrez que la dernière fois que je me suis adressé à vous ici, dans cette salle, le 14 décembre dernier, j'avais dit que si l'on ne respectait pas ses engagements, si l'on ne redoublait pas d'efforts pour trouver des solutions pacifiques, il y avait de bonnes raisons de craindre le pire en 1999.

En fait, nous n'avons pas eu besoin d'attendre jusqu'en 1999 pour voir une reprise des actions militaires en Iraq. Au cours des deux premiers mois de l'année en cours, nous avons vu les combats reprendre et se poursuivre dans de nombreuses parties de l'Afrique, ainsi qu'au Kosovo et en Afghanistan. Pour les Nations Unies, le retrait des personnes chargées du maintien de la paix en Angola et, pour des raisons très différentes, de l'ex-République yougoslave de Macédoine, est très décevant.

Mais nous avons encore beaucoup de travail à faire et je suis heureux de pouvoir dire qu'il y a eu des événements encourageants et que certains d'entre eux sont appréciables car on les attendait depuis longtemps. Cette semaine, l'Érythrée a accepté les propositions de l'OUA pour mettre fin à la guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie. Il y a eu des élections présidentielles pacifiques au Nigéria, annonçant un retour à la démocratie et à l'administration civile. Hier, les cloches ont sonné pour célébrer l'entrée en vigueur de la Convention d'Ottawa sur les mines terrestres.

Comme vous le savez, au cours des dernières semaines, il y a également eu des événements prometteurs au Timor oriental. Je poursuis mes efforts pour que la Libye respecte les résolutions du Conseil de sécurité. Le Conseil lui- même fait des progrès en créant trois groupes de travail qui travaillent maintenant très dur sur la question iraquienne. Et en cette commémoration du cinquantième anniversaire de la Convention de Genève, le Conseil s'occupe également de la protection des civils en période de conflit armé. Mon personnel travaille sur le rapport qu'attend le Conseil pour la fin septembre.

J'ajouterai enfin que je suis tout particulièrement heureux de la bonne réception des propositions que j'ai présentées à la communauté des affaires à Davos, le 31 janvier. Il apparaît désormais clairement que les États à eux seuls ne peuvent résoudre tous les problèmes de l'économie mondiale d'aujourd'hui et que les Nations Unies doivent travailler en partenariat avec le secteur privé et les organisations non gouvernementales si l'on veut que l'humanité parvienne aux objectifs qu'elle s'est fixés dans les domaines tels que les droits de l'homme, l'environnement et les normes en matière de droit du travail. Les Nations Unies sont prêtes à faire tout ce qu'elles doivent faire.

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J'attends vos questions.

Question (interprétation de l'anglais) : Nous sommes heureux de vous voir ici. C'est la première conférence de presse cette année. Je vous souhaite la bienvenue au nom de l'Association des correspondants des Nations Unies.

La première question concerne l'opération de maintien de la paix et la participation du personnel dans une région donnée. En tenant compte de ce qui s'est passé récemment en Macédoine, en Iraq, en Afrique, qu'avez-vous l'intention de faire pour surmonter certains revers de la présence des Nations Unies dans une certaine région et qu'avez-vous dit aux États Membres pour éviter ce qui peut être décrit comme une tendance visant à essayer de remplacer la présence des Nations Unies par d'autres sortes de présence internationale sur le terrain?

Ma deuxième question concerne le statut de l'enquête sur la présence du personnel du maintien de la paix à Srebrenica selon la résolution de l'Assemblée générale sur la Bosnie-Herzégovine.

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Premièrement, je sais que dans certains milieux, l'on s'est préoccupé du fait que des organisations régionales et certains mécanismes régionaux font plus dans le domaine du règlement des conflits et du maintien de la paix. Je ne crois pas qu'il faille s'en préoccuper inutilement. La Charte autorise les organisations et les arrangements régionaux, et lorsqu'ils ont la capacité et peuvent jouer un rôle, je crois qu'il faut s'en féliciter et les encourager. Le problème qui se pose est qu'à part l'OTAN, les autres organisations régionales ne disposent pas de ces capacités et se trouvent donc face à des difficultés lorsqu'elles sont chargées de ces opérations. Le Conseil de sécurité lui-même, avec sa réticence à participer à des opérations de maintien de la paix suite à l'expérience de la Somalie, commence à examiner cette question d'un point de vue plus critique et l'esprit un peu plus ouvert. Une des régions que les membres du Conseil ont évoquée et où ils sont conscients de devoir éventuellement s'y engager, est la République démocratique du Congo. Je suis convaincu que le balancier reviendra à l'avenir, et je crois qu'il ne faut pas trop s'en préoccuper.

S'agissant de votre deuxième question, je ne peux vous donner une réponse détaillée. Je dois parler à mes collègues du maintien de la paix et d'autres pour voir où nous en sommes.

Le Modérateur (interprétation de l'anglais) : Nous avons 15 personnes souhaitant poser des questions.

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : J'essaierai de donner des réponses brèves.

( suivre)

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Question (interprétation de l'anglais) : Que pouvez-vous nous dire des perspectives de solution au problème de la Libye? Est-ce qu'ils remettront les deux suspects?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : J'ai rencontré l'Ambassadeur de la Libye hier pour parler de cette question et lui demander quelle était la réponse de son gouvernement. J'espère que nous la recevrons très bientôt. De toute évidence, il a été très troublé par les rapports parus dans la presse indiquant qu'il y a eu un ultimatum. Comme vous le savez, le Conseil de sécurité n'a pas donné d'ultimatum. Nous avons parlé d'une période de temps raisonnable pour que le Libye puisse répondre vu que ma dernière lettre leur a été envoyée le 25, un jour avant que le Conseil ne se réunisse. J'ai vu une dépêche aujourd'hui indiquant que le Président — dirigeant — Kadhafi a dit qu'il enverrait une réponse très bientôt. Je ne sais pas si vous l'avez vue mais j'espère que la réponse sera positive. Comme je l'ai dit, la semaine dernière, nous avons donné à la Libye les réponses, éclaircissements et explications qu'elle a demandés. Nous attendons à présent une décision pour aller de l'avant avec un procès. J'espère que cela se produira très bientôt.

Question (interprétation de l'anglais) : Quelle est votre réponse aux dernières informations du Washington Post — il y a eu d'autres informations au cours des derniers mois — selon lesquelles le Gouvernement américain a utilisé la Commission spéciale, institution des Nations Unies, pour tromper la Commission spéciale, l'ONU et les responsables de la Commission spéciale pour espionner en Iraq. Quelle est votre réponse et quelles sont les mesures que vous envisagez de prendre?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je voudrais redire ce que j'ai déjà affirmé à la presse, à savoir que je n'ai personnellement eu aucune connaissance directe de ces faits. Comme vous le savez, la Commission spéciale ne me fait pas rapport. Elle le fait au Conseil. Je pense que l'effort de désarmement de l'ONU en Iraq est une importante mesure de l'action internationale en matière de désarmement, et je veux espérer que nous tous, notamment le Conseil, tireront les enseignements appropriés de ce qui a eu lieu en Iraq et progresseront à partir de là.

Question (interprétation de l'anglais) : Êtes-vous choqué par ces faits?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : C'est une question que j'espère - comme je l'ai dit, le Conseil, qui est responsable de la Commission spéciale, devrait tirer les enseignements appropriés. Je sais que le Conseil n'a pas examiné la question. Mais j'espère que les enseignements en seront tirés. Naturellement, si vous posez la question sur le fait d'être choqué... Je note que M. Butler a indiqué — l'on a indiqué que Butler et Ekeus pourraient ne pas avoir eu connaissance de tout cela? Et naturellement, nous n'avons pas — nous nous sommes concentrés sur le désarmement et pour la mise en oeuvre de la décision du Conseil. Et nous aurions préféré que tous les concernés, dans le cadre de l'ONU, se concentrent sur cet aspect.

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Question (interprétation de l'anglais) : Je voudrais évoquer le Timor oriental. L'armée indonésienne a admis qu'elle a armé des civils, et des organismes indépendants tels que la Croix-Rouge rapportent que l'effusion de sang s'accroît. Je me demande premièrement, si vous suspectez le Gouvernement indonésien de vouloir fomenter des violences au Timor oriental pour faire échouer le processus d'indépendance ou, deuxièmement, voudrait-il voir un Timor oriental indépendant, dans le chaos et l'effusion de sang, en guise d'avertissement à d'autres provinces séparatistes en Indonésie? Et troisièmement, pensez-vous que le Président Habibie contrôle pleinement ses forces armées?

Le Secrétaire général : C'est plus une observation qu'une question. Je vais maintenant faire une observation sur votre observation.

Pour autant que je sache, les autorités indonésiennes ont toujours nié fournir des armes aux habitants du Timor oriental, qu'ils soient pour l'Indonésie ou non. J'ai d'ailleurs directement posé la question au Ministre Alatas lorsqu'il était ici, et il a nié cela.

Nous voulons espérer que la transition du Timor oriental, soit vers un statut autonome soit vers l'indépendance, se fera dans le calme et nous osons espérer que le Gouvernement de l'Indonésie comprend qu'il est dans son intérêt de travailler avec nous pour que la transition soit pacifique et pour que le départ se fasse dans la dignité. S'il y avait violence, je ne pense pas que ce serait dans l'intérêt ni de l'Indonésie ni de ses voisins, qu'elle soit ou non censée donner un exemple à telle ou telle région, et donc je ne vois pas qu'il s'agisse là d'une politique délibérée pour déstabiliser le Timor oriental.

Question : Monsieur le Secrétaire général, au nombre des points chauds que vous avez cités, vous avez oublié Haïti, dont la situation se détériore de plus en plus.

Le Secrétaire général : Je sais, cette situation est plutôt décevante. Nous avons essayé de travailler avec le Gouvernement et les représentants élus, mais, bien sûr, l'appui et la coopération des forces politiques sur place sont également nécessaires. Si les forces politiques et leurs dirigeants ne sont pas disposés à travailler ensemble dans l'intérêt de la nation, au lieu d'essayer de saper le travail des autres — au mépris des répercussions que cela peut avoir sur la société — alors je ne vois pas comment nous allons pouvoir progresser. Je ne suis pas satisfait de la situation en Haïti et je ne pense pas que quiconque puisse l'être. Je souhaite que les dirigeants pensent de temps en temps au peuple haïtien, à ses besoins et à son avenir et qu'ils développent un esprit de compromis et une attention aux besoins de leur peuple qui nous permettent d'avancer.

Question : Monsieur le Secrétaire général, vous avez parlé des élections présidentielles au Nigéria comme de l'un des événements positifs de l'année. Mais vous savez également que le candidat vaincu n'a pas accepté la victoire du vainqueur. En fonction des informations dont vous disposez, que répondriez- vous à ceux qui craignent que le Nigéria n'ait pas réellement passé à la seconde étape de sa transition?

Deuxièmement, pour ce qui est de la situation en Angola... Dans l'immédiat, la mission des Nations Unies est en train de procéder à un

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retrait. Si par quelque miracle, les parties acceptaient de s'entretenir et d'arrêter les combats, est-ce que l'Organisation des Nations Unies serait prête à envoyer une autre mission dans ce pays? Seriez-vous en mesure de recommander l'envoi d'une autre mission?

Le Secrétaire général : En ce qui concerne votre première question, je suis au courant du fait que M. Falae a mis en doute les résultats des élections mais je sais aussi que la commission électorale indépendante a déclaré M. Obasanjo vainqueur des élections et j'espère que les plaintes qui ont été exprimées concernant certaines irrégularités, quelles qu'elles soient, donneront lieu à une enquête dans le cadre du mécanisme juridique mis en place à cet effet. Dans l'intervalle, nous devrons vivre avec les résultats tels qu'ils ont été annoncés par la commission électorale, constituée dans les formes. J'ose espérer que tous les Nigérians travailleront avec le nouveau Gouvernement à faire de cette transition une réussite et à conduire le Nigéria vers la démocratie et la prospérité.

Je voudrais également féliciter le général Abubakar du travail qu'il a fait pour honorer ses engagements et de sa coopération fructueuse avec les Nigérians et la communauté internationale pour pouvoir réaliser cette transition en un laps de temps relativement court (huit mois environ).

S'agissant de votre deuxième question, si les parties se mettaient d'accord sur un règlement de paix et si le climat convenait pour qu'il y ait une présence des Nations Unies ou pour que l'ONU prenne d'autres mesures, je suis sûr que le Conseil réexaminerait alors sa position. Mais pour le moment, il ne semble pas y avoir de volonté en ce sens. Il semble que tout soit fait dans la direction d'une guerre totale.

Question : Ma question porte sur l'Angola. Comment envisagez-vous une présence humanitaire avec les combats qui continuent et qui ont déjà causé de nombreux morts, alors que l'ONU a été déclarée indésirable?

Le Secrétaire général : Certes, mais ils ont décidé d'accepter l'aide humanitaire et les fonctionnaires des droits de l'homme. Nous allons donc poursuivre nos efforts et notre travail si on le peut, si nous avons accès et s'ils travaillent avec nous. Si nous décidons que nous ne pouvons pas continuer notre travail avec les deux parties, nous devrions revoir la situation. Mais en tout cas, nous ferons de notre mieux.

Question (interprétation de l'anglais) : J'ai deux questions, mais vous pouvez y répondre par «oui» ou par «non».

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Première question : Est-ce que vous appuyez la création d'un tribunal international pour le Cambodge? Deuxième question : Est-ce que vous appuyez l'imposition plus que musclée par les États-Unis et la Grande-Bretagne du respect de leur zone d'exclusion aérienne en Iraq?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : S'agissant de la première question, comme vous le savez, j'ai reçu un rapport de mon équipe au Cambodge. Nous sommes en train de l'étudier. Le 8 mars, nous publierons le résumé des conclusions et des recommandations. Nous rendrons ce document public, et le 15 mars, je publierai l'ensemble du rapport dont des exemplaires seront transmis à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité. Pour ce qui est de savoir ce que je recommanderai ou ce que je ferai, nous étudions le rapport et je n'ai pas encore pris de décision. J'en discute avec mon personnel et avec l'équipe juridique.

En ce qui concerne la question de l'action américano-britannique en Iraq, une fois de plus, comme je l'ai indiqué s'agissant de l'ensemble de la question iraquienne, le Conseil est très actif maintenant et il s'en occupe. Je suivrai ce qu'il fera et j'attends qu'il indique la prochaine étape à suivre, en même temps que les résultats des groupes. Mais je crois qu'il s'agit d'une question qui relève plus du Conseil, qui est pleinement saisi du dossier, que du Secrétaire général.

Question (interprétation de l'anglais) : Vous avez parlé des forces politiques et des dirigeants. En Asie du Sud-Est, la situation évolue. Les Taliban sont assis à la table de négociations avec Lakhdar Brahimi. Les dirigeants indien et pakistanais se parlent, et s'engagent publiquement à régler leurs problèmes, y compris sur le Cachemire et [inaudible]. Que pensez- vous de ces deux situations? Envisagez-vous de vous rendre dans la région plus tôt que prévu ou de laisser que le bilatéralisme soit mené à bien?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je dirai tout d'abord qu'il s'agit d'événements très encourageants et j'ai été particulièrement heureux de la réunion entre le Premier Ministre Vajpayee et le Premier Ministre Sharif. J'espère que ce n'est que le début et que le dialogue va se poursuivre et que nous pourrons bientôt voir des résultats.

S'agissant de l'Afghanistan, comme vous le savez, M. Brahimi est sur place ou alors il y était récemment. Nous y avons envoyé deux missions de sécurité et j'ai autorisé ces deux missions à se rendre à Kaboul et à Badakhshan. Nous avons envoyé ces missions parce qu'il y avait une situation d'urgence. Nous réévaluons les résultats de notre propre retour d'Afghanistan et je ferai sans doute une annonce dans les 7 à 10 jours qui suivent, selon les rapports que j'aurais reçus.

Pour ce qui est de ma visite dans la région, j'envisage toujours de m'y rendre et je ne pense pas que cela soit directement lié aux pourparlers en cours. J'espère que cela se fera bientôt, mais je ne peux pas encore vous donner de date.

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Question (interprétation de l'anglais) : Dans le New York Times de ce matin, il y a un commentaire sur votre attitude par rapport au général Pinochet, selon lequel vous êtes préoccupé par l'arrestation du général Pinochet. Cela reflète t-il parfaitement vos opinions?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Tout d'abord, je ne sais pas d'où provient cette citation. Je crois que l'on découvre tant de confidents, de proches, de conseillers — dont la plupart me sont inconnus. Je ne sais donc pas qui a fait cette citation.

À l'évidence, ce n'est pas ce que je pense. Il me semble que chaque situation diffère et que les gouvernements traitent ces questions différemment. Les Sud-africains sont passés devant la Commission de la vérité; nous avons fait du bon travail en ElSalvador; cette semaine j'ai reçu la commission sur le Guatemala, et nous en avons distribué les conclusions. Ce qui est dans le document ne reflète pas mes vues. Comme je l'ai dit, je soumettrai le rapport au Conseil et à l'Assemblée générale le 15 mars. Ce rapport sera accompagné d'un mémorandum de présentation de ma part et j'espère que vous y trouverez mes vues.

Question (interprétation de l'anglais) : Que pensez-vous de l'affaire Pinochet?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je me suis adressé à la presse sur cette question. J'ai dit que c'était une question qui relevait du système juridique et que je ne voulais pas faire de commentaire ni dire quoi que ce soit susceptible d'avoir un effet sur une procédure en cours. J'ai également indiqué que ce qui s'était passé à Londres montrait en fait comment le droit humanitaire a évolué. Je n'ai rien à ajouter.

Question (interprétation de l'anglais) : Vous avez mentionné que la question de l'Iraq était entre les mains du Conseil. Mais dans le même temps, parce qu'on a souligné la valeur de l'UNSCOM comme étant un modèle pour les travaux en matière de désarmement des Nations Unies, pensez-vous qu'un organe de désarmement des Nations Unies puisse mener à bien ses travaux si des doutes pèsent sur cet organe ou s'il y a confirmation du fait que certains de ses membres ont fait de l'espionnage et peut-être même ont eu des agissements cachés en vue de déstabiliser des gouvernements?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Il ne fait aucun doute que ces allégations compliqueront les régimes de désarmement ou les efforts futurs si les gouvernements pensent que ce genre de choses peut se produire. Mais je pense que le Conseil devra en tirer les leçons qu'il faut et faire une évaluation de la situation.

Question (interprétation de l'anglais) : Pour ce qui est du Guatemala et de la Commission de la vérité, il y a eu beaucoup de suggestions selon lesquelles certains dirigeants militaires dans les années 80 — Rios Mont, Lucas García — sont le genre de personnage que les tribunaux pourraient bien

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poursuivre pour crimes, y compris pour génocide. Qu'en pensez-vous? Pensez- vous que c'est là un domaine qu'il faut creuser, ou, dans le droit fil de certains autres accords de paix dans le passé, qu'il faudrait plutôt mettre l'accent sur la réconciliation?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense que le rapport a été rendu public et que c'est en soi un fait favorable. Je salue les commissaires pour le travail sérieux qu'ils ont réalisé et pour la franchise et la détermination avec lesquelles ils ont travaillé. Nous avons publié un rapport et le Gouvernement et le peuple guatémaltèques en discutent. Bien entendu, les résultats ne sont pas juridiquement contraignants en tant que tels, et le Gouvernement devra donc décider des prochaines mesures à adopter.

Question (interprétation de l'anglais) : Vu le rapport dans le Washington Post, indiquant que les États-Unis utilisent l'UNSCOM aux fins d'espionnage, et la réponse que vous venez de donner comme quoi cela compliquera les efforts futurs, quelle sera, à votre avis, la procédure qui sera probablement adoptée au sein des Nations Unies en vue d'établir des directives empêchant cela? Comment pourrait-on traiter cela aux Nations Unies?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à cela. Il y a plusieurs entités des Nations Unies qui participent à ces travaux et je pense que chacune d'entre elles, de celles traitant des armes chimiques à l'AIEA et d'autres, devra évaluer la situation et déterminer les mesures à prendre pour assurer le caractère intègre de leur travail et pour s'assurer que le personnel se concentre sur la tâche qui lui est confiée.

Question (interprétation de l'anglais) : Avez-vous reçu de M. Prakesh Shah des indications montrant que l'Iraq est disposé à autoriser des membres de la commission à procéder à l'évaluation du désarmement dans le pays?

Ma deuxième question est la suivante : la compagnie d'aviation à laquelle appartenaient les deux avions qui se sont écrasés en Angola a déposé un rapport auprès de Benon Sevan sur les deux incidents. Que pouvez-vous nous dire de plus sur ces accidents?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Pour ce qui est de votre première question, je n'ai reçu aucune assurance de M. Shah ou de qui que ce soit auprès des autorités iraquiennes quant à leur réaction ou leurs futurs plans pour ce qui est de la relation avec le Conseil de sécurité.

S'agissant de la deuxième question, nous poursuivons nos enquêtes sur les deux accidents d'avion et je n'ai pas d'autres détails à fournir pour le moment.

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Question (interprétation de l'anglais) : Il y a une crise en cours entre la Grèce et la Turquie au sujet des Kurdes. Des diplomates craignent même une guerre. Envisagez-vous d'intervenir d'une façon ou d'une autre et quelles sont les dernières nouvelles sur Chypre?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : J'espère qu'il n'y aura pas de guerre entre la Grèce et la Turquie. Nous avons tous suivi les développements après l'arrestation d'Ocalan ainsi que les relations entre la Turquie et la Grèce. Mais j'espère que cette période difficile, cette tension, sera surmontée et qu'elle ne conduira à aucun conflit.

S'agissant de Chypre, comme vous le savez, sur la base du travail que Dame Ann Hercus a fait, les missiles S-300 n'ont pas été déployés, ce qui a permis d'atténuer les tensions. Nous poursuivrons nos efforts pour trouver une solution au conflit. Ce n'est pas un conflit facile et comme vous le savez, il existe depuis un bon moment et il est devenu complexe pour diverses raisons. Mais nous espérons qu'au cours de cette année, nous pourrons faire avancer légèrement le processus suite aux initiatives que nous prenons. Mais je ne peux entrer dans les détails pour le moment.

Question (interprétation de l'anglais) : Comment se passe la recherche pour remplacer l'Ambassadeur Butler, qui a dit qu'il ne pensait pas continuer à l'expiration de son contrat? Sur le Cambodge, avez-vous eu des assurances du Gouvernement selon lesquelles il serait désireux de suivre la recommandation du panel pour un tribunal ou une commission sur le vérité? Êtes-vous préoccupé par le fait que le gouvernement et éventuellement certains membres du Conseil de sécurité, pourraient ne pas vouloir suivre cette recommandation?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Pour la première question, nous n'avons pas commencé à chercher en vue du remplacement de M. Butler.

Deuxièmement, j'espère recevoir le Ministre des affaires étrangères du Cambodge, la semaine prochaine, et je pourrai discuter avec lui personnellement de certaines questions que vous avez soulevées.

Question (interprétation de l'anglais) : Monsieur le Secrétaire général, s'agissant de la zone d'exclusion aérienne en Iraq, vu que l'ONU est l'organe international pour la prévention des conflits, etc., qu'envisagez-vous d'indiquer au Conseil dans votre prochain rapport sur le programme «pétrole contre nourriture» et la question de zone d'exclusion aérienne, surtout que le Coordonnateur humanitaire a indiqué que cela pourrait interrompre l'acheminement des produits autorisés en Iraq et celui du pétrole?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais): Si les indications montrent que l'acheminement du pétrole est interrompu, que le (?) en Turquie est interrompu, je pense, il y a 48 heures, et l'Iraq a indiqué que sa capacité avait été affectée par l'une des bombes, s'ils ne peuvent procéder à sa réparation et que la situation puisse affecter négativement la capacité de

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l'Iraq à pomper et vendre du pétrole, cela aura des effets négatifs sur les opérations humanitaires, vu que l'on n'aura pas suffisamment d'argent pour couvrir les coûts des opérations et il faudra donc en faire état au Conseil de sécurité dans notre prochain rapport. Si cela peut être réparé et pouvons poursuivre notre travail, cela sera également reflété. Mais je pense qu'en ce qui concerne l'application de la zone d'exclusion aérienne et cette zone elle- même, je pense vous avoir donné une réponse. C'est une question qui relève du Conseil.

Question (interprétation de l'anglais) : Monsieur le Secrétaire général, vous avez récemment nommé l'Ambassadeur Vorontsov en tant que Représentant spécial dans les pays de la CEI. Avez-vous des tâches particulières que vous pourriez confier à l'Ambassadeur Vorontsov, et quand commencera-t-il son travail?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je voudrais d'abord dire qu'il ne va pas se concentrer considérablement sur les pays de la CEI. Nous agissons dans cette région et avons occasionnellement besoin de conseils, à la fois sur la façon de traiter avec Moscou et dans les pays avec lesquels nous traitons. Et nous voulions une personne expérimentée qui puisse nous donner des conseils de façon périodique. Je voudrais dire que la nomination de M. Vorontsov est sur une base de as — and when — employed, donc lorsque des conseils sont fournis. Ce n'est pas un poste à plein temps qui exige sa venue ici ou l'ouverture d'un bureau à Moscou ou ailleurs dans la région. Mais nous le contacterons de temps en temps pour des conseils.

Question (interprétation de l'anglais) : Êtes-vous encouragé par ce que vous avez entendu de...

Question : Trouvez-vous encourageantes les informations provenant de M. Kadhafi? Y voyez-vous un signe favorable?

Mais ma question est en fait sur l'Iraq. Vous avez joué un rôle en Iraq. Il est un peu curieux que maintenant vous ne parliez plus que de «Conseil». C'est vous-même qui avez dit : «Nous voulons appliquer les résolutions du Conseil de sécurité». Pourquoi ne pas approcher les États-Unis sur la question de l'espionnage fait par la Commission spéciale ou de l'espionnage de la Commission spéciale par les États-Unis? Et pourquoi ne pouvez-vous pas nous dire votre sentiment sur la question de la zone d'exclusion aérienne — existe- t-elle sur la base de résolutions du Conseil de sécurité? A-t-elle ou non l'aval du Conseil de sécurité?

Le Secrétaire général : Pour ce qui est de la Libye, comme je l'ai dit, je n'ai pas eu d'informations directes du dirigeant Kadhafi lui-même. J'ai lu ces informations dans la presse. Si elles sont exactes, elles représentent en effet un signe encourageant.

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Sur la question de l'Iraq, soyons clairs. La question de l'Iraq a toujours relevé du Conseil. Je suis intervenu personnellement en février dernier parce que nous avions un problème pour accéder aux palais. Au cours de mes négociations avec les dirigeants iraquiens, j'ai pu obtenir un accès — cela a ainsi fonctionné pendant quelque cinq mois, après quoi nous en sommes revenus au point de départ. Évidemment, j'ai essayé d'inciter les autorités iraquiennes à respecter et à respecter entièrement les résolutions du Conseil de sécurité par des moyens pacifiques. Mes efforts, de toute évidence, ont été jugés insuffisants, et l'on essaie maintenant d'autres approches. Nous devons maintenant attendre et voir ce qu'il en ressort.

C'est donc à ce propos que j'ai dit que le Conseil s'occupait de la question iraquienne. Le Conseil a mis en place trois groupes sur le sujet.

Pour ce qui est de la zone d'exclusion aérienne, le Conseil sait cela depuis le début. A-t-il accepté la situation par son silence? A-t-il entériné [l'existence de la zone]? Pose-t-elle un problème au Conseil? Les 15 membres travaillent ici dans cet immeuble avec nous, vous pouvez le leur demander.

Question : Mais allez-vous ou non faire une démarche?

Le Secrétaire général : Je ne ferai pas de démarche. Je pense que le Conseil doit s'occuper de cela.

Question : Étant donné les accusations d'espionnage lancées contre la Commission spéciale et étant donné qu'il est plutôt clair maintenant que la politique des États-Unis est favorable à un changement à la tête de l'Iraq, qu'est-ce qui peut inciter les Iraquiens à s'engager de nouveau dans le sens d'une coopération quelconque avec l'Organisation des Nations Unies? Et pensez- vous que la politique des États-Unis sape les efforts de désarmement de l'ONU en Iraq?

Le Secrétaire général : C'est une très bonne question. Je pense que vous êtes prêt à prendre le relais, Fred, et je ne voudrais pas vous retarder. Mais c'est une très bonne question.

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