FEM/1055

DES REPRESENTANTS DES MECANISMES NATIONAUX DE PROMOTION DE LA FEMME EXPOSENT LES BONNES PRATIQUES DANS LEUR PAYS ET REGION

2 mars 1999


Communiqué de Presse
FEM/1055


DES REPRESENTANTS DES MECANISMES NATIONAUX DE PROMOTION DE LA FEMME EXPOSENT LES BONNES PRATIQUES DANS LEUR PAYS ET REGION

19990302 La Commission de la condition de la femme a tenu cet après-midi un dialogue dirigé avec cinq représentants des mécanismes nationaux sur les bonnes pratiques. Lors de son exposé, la représentante du Chili, au nom du groupe des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes a jugé que les pays de la région avaient, en fonction de leurs capacités respectives, respecté les engagements pris à Beijing. Les perspectives sexospécifiques ont été intégrées dans les activités des ministères intersectoriels et des commissions interministérielles. L'institutionnalisation des questions sexospécifiques a également eu lieu en République de Corée par le biais d'une commission pour les questions féminines, a précisé la représentante. Pour la représentante du Royaume-Uni, la mise en place des mécanismes institutionnels doit bénéficier du soutien de politiques appropriées, ce à quoi s'attache le pays.

En revanche, la représentante de la Slovaquie, qui a pris la parole au nom du Groupe des pays d'Europe orientale, a reconnu l'absence de politique claire en matière de promotion de l'égalité des sexes qu'elle a attribuée à l'impact du processus de transition que connaissent ces pays. La Zambie quant à elle, a expliqué sa représentante, en est toujours au stade de l'élaboration de politiques mais la reconnaissance des questions sexospécifiques s'est traduite par la place centrale qui a été accordée aux mécanismes institutionnels pertinents au sein du Gouvernement.

Les représentants des pays suivants ont posé des questions aux représentantes des mécanismes nationaux: Bangladesh, Croatie, Mexique, Ethiopie, Sénégal, Botswana, Viet Nam, Mali, Côte d'Ivoire, Philippines, Turquie, Inde, Ghana, Chine. La Présidente de la Commission, Mme Patricia Flor (Allemagne) et l'observatrice de la Suisse ont pris la parole.

La Commission a ensuite poursuivi son débat général et a entendu les représentants de la Colombie, des Etats-Unis, des Philippines, de la République islamique d'Iran et de l'Inde.

La prochaine réunion de la Commission aura lieu demain mercredi 3 mars à partir de 10 heures. La Commission entendra un exposé et participera à un dialogue avec le groupe d'experts chargé du thème "Les femmes et la santé".

Dialogue dirigé des représentants des mécanismes nationaux sur les bonnes pratiques

Exposés

Mme TERESA RODRIGUEZ (Chili), au nom du groupe des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes, et en sa capacité de Présidente de la Conférence régionale des femmes, a indiqué que dans cette région, la création de mécanismes nationaux a été initiée en réponse à la première Conférence mondiale sur la femme de 1975. Elle a présenté la situation et les caractéristiques des mécanismes actuels soulignant qu'il s'agit d'organismes autonomes qui font partie de l'appareil de l'Etat, d'instituts nationaux, des bureaux et des départements pour les femmes qui se situent dans des ministères sectoriels. Les mandats légaux varient d'un pays à l'autre.

En ce qui concerne les ressources humaines, la représentante a souligné le besoin de personnel, de fonctionnaires publics compétents et intègres, mais a reconnu certaines limitations en la matière. Dans le domaine des ressources financières, le niveau le plus stable est le budget national des pays à proprement parler. Dans ce contexte, la représentante a mis l'accent sur l'appui important de la coopération internationale. Elle a ensuite défini les différentes fonctions assumées par ces mécanismes nationaux. Certaines sont communes, telles que la promotion, la coordination. D'autres sont des fonctions spécifiques à chacun, telles que la fonction de recommandation et la fonction d'exécution. La représentante a observé que la fonction de contrôle et de surveillance est exercée par un nombre limité de bureaux. En résumé, elle a distingué les Secrétariats d'Etat, les bureaux généraux et les institutions publiques décentralisées.

La représentante a noté que dans près de 60% des pays de la Région, le processus d'institutionnalisation de la perspective sexospécifique a été initié dans des ministères intersectoriels en dehors des mécanismes nationaux de promotion de la femme. Elle a ajouté que des commissions nationales de conseil dans les secteurs exécutif et législatif existent également. Un autre mécanisme transversal est constitué par les Commissions interministérielles qui permettent une introduction et une application efficace de la perspective sexospécifique dans les institutions gouvernementales. La représentante a donc estimé que tous les pays de la Région ont respecté, selon leurs capacités respectives, les recommandations des Nations Unies relatives à la promotion de la condition de la femme. Elle a conclu en soulignant l'importance des bureaux nationaux pour les femmes, comme acteurs indispensables dans les progrès pour le développement et la démocratie dans la Région.

Mme SUNG-JA CHANG (République de Corée) a expliqué que depuis sa mise en place, la nouvelle administration de la République de Corée a fait de la promotion de la femme une priorité. La détermination du Président Kim Dae-jung a mené à la création de la Commission présidentielle des affaires

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féminines qui est sous la supervision directe de la Présidence. La Commission est un organe administratif central qui est chargé de suivre la mise en oeuvre des programmes en faveur des femmes par les différents ministères et organes gouvernementaux. La Commission sert également à institutionnaliser la formulation et la coordination des politiques en faveur de femmes et à lancer des programmes de recherche sur l'élimination des pratiques discriminatoires. Les représentants des organisations non gouvernementales sont actifs au sein de cette Commission. Par ailleurs, six centres de coordination ont été établis au sein de Ministères afin de faciliter la mise en oeuvre des politiques. Une unité de soutien aux femmes a été établie dans d'autres ministères. Il existe également une Commission des affaires féminines à l'Assemblée nationale. L'engagement du Gouvernement en faveur de la promotion de la femme dans le domaine politique s'est traduit pas la nomination de trois femmes à des postes ministériels et la nomination d'une femme au poste d'ambassadeur de la République de Corée en Russie.

La représentante a par ailleurs expliqué que le Programme d'action de Beijing avait eu un impact "phénoménal" sur le pays. Dans le cadre du suivi du Programme, le Gouvernement a dégagé dix priorités au nombre desquelles l'adoption d'une loi sur le développement des femmes qui a vise à consolider les bases juridiques permettant de prendre des mesures institutionnelles et financières adéquates. Le Gouvernement a également établi le Plan pour les politiques en faveur des femmes pour la période 1998-2000 en vue de promouvoir le développement économique de la femme. En vue de développer les capacités de la femme en général, un Fonds de développement a été établi, qui devrait réunir 70 millions de dollars entre 1997-2002. La représentante a également évoqué l'adoption de nouveaux textes juridiques relatifs aux violences sexuels et à la protection des victimes, à la violence domestique, à la prévention des mesures discriminatoires fondées sur le sexe. La Loi sur l'acquisition de la nationalité qui a été amendée en vue d'éliminer les dispositions discriminatoires à l'égard des femmes permettra le retrait prochain des réserves de la République de Corée à l'article 9 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Abordant la crise financière asiatique, la représentante a expliqué que ce sont les femmes qui en subissent les conséquences, aggravant ainsi le phénomène de féminisation de la pauvreté. Le Gouvernement a mis en place des programmes de formation gratuits et des aides de base. La Loi sur l'aide à la création d'entreprise pour les femmes a été adoptée en janvier dernier. De plus un programme pour venir en aide aux femmes diplômées au chômage a été adopté.

Mme DANIELA ROZGONOVA (Slovaquie), au nom du Groupe pour le renforcement des mécanismes nationaux pour la promotion des femmes dans les Etats d'Europe orientale, a estimé que le comportement social de la population dans les Etats de l'Europe de l'Est a évolué assez rapidement. Les gouvernements ont reconnu tôt la nécessité d'encourager l'équilibre entre les sexes. Elle a cependant

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noté que le processus de transformation subit une pression sans précédent, liée au contexte historique. En conséquence, les gouvernements actuels souvent n'ont pas de politique claire pour l'égalité entre les sexes, tout en étant conscients de la nécessité d'agir, ainsi que du rôle que les hommes peuvent jouer à cet effet.

La représentante a rappelé que le Plan d'action de Beijing montre la nécessité d'une coopération internationale pour assister les pays en économie de transition. Il a donné l'impulsion pour la création de mécanismes nationaux qui permettent un éveil de l'attention portée au problème des droits de la femme. La représentante a signalé de nombreux obstacles qui ralentissent les progrès réels en matière d'égalité entre les hommes et les femmes. A cet égard, elle a regretté la vulnérabilité aux changements politiques, l'insuffisance des ressources humaines et financières, la marginalisation des questions qui touchent les femmes, les lacunes de la planification gouvernementale et l'absence de concept d'information publique et de relation avec les médias.

La représentante a conclu en proposant la reconnaissance des étapes fondamentales suivantes pour assurer la réussite des mécanismes nationaux: placer les mécanismes sous la plus haute autorité possible, définir clairement les mandats, garantir la continuité des mécanismes nationaux, assurer des ressources financières et humaines suffisantes, et établir des liens de communication réguliers avec la société civile.

Mme FIONA REYNOLDS (Royaume-Uni) a expliqué que son pays a tenté d'ériger des mécanismes institutionnels qui soient soutenus par des politiques appropriées. Nous avons également développé de nouvelles approches pour traiter de questions anciennes. La représentante a passé en revue les divers organes oeuvrant pour la promotion de la femme. Elle a expliqué qu'il y a eu deux Ministères pour les femmes depuis mai 1997 dont l'un au rang de Cabinet, responsable devant le Parlement. Le Ministre est chargé de la coordination des questions féminines dans le gouvernement et a un rôle directeur dans ce domaine. Il a aussi un rôle de plaidoyer. La représentante a précisé que les politiques en faveur des femmes sont discutées dans le cadre de sous- commissions du Cabinet. L'Unité pour les femmes constitue un groupe de travail au sein du gouvernement. Elle combine des projets à court et à long termes et développe des projets à plus long terme relatifs aux modifications institutionnelles à apporter. Il existe également des Commissions pour l'égalité entre les sexes qui sont des organes indépendants et agissent comme des garde-fou. Elles jouent un rôle unique en permettant une meilleure utilisation des textes de loi.

Pour ce qui est de la Commission nationale pour la femme, la représentante a expliqué que celle-ci est un organe de conseil qui représente un million de femmes. Elle participe à la mise en place de politiques, travaille avec le Trésor d'Etat à l'évaluation des dépenses et au budget

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annuel, participe à la mise en place d'objectifs par le Gouvernement et encourage les différents départements à élaborer des rapports sur les questions liées aux femmes. La Commission joue également un rôle important pour ce qui est de la représentation de femmes dans le processus de prise de décision.

Mme PONGA (Zambie) a retracé l'évolution de la mise en place des mécanismes institutionnels en Zambie. Elle a estimé qu'il existe une reconnaissance de l'importance des questions sexospécifiques, traduite par le placement du mécanisme institutionnel au centre de l'autorité gouvernementale. Dans ce cadre, une Division de la question du développement et des questions sexospécifiques a été créée au sein du Cabinet, dirigée par un Secrétaire permanent. Cette Division a sa voix dans l'élaboration du budget national.

La représentante a noté que le mécanisme institutionnel doit être développé et renforcé pour que tous les niveaux de la société soient concernés. Pour cela la Zambie a besoin de ressources humaines et financières. Le besoin de formation et d'équipement se fait également sentir pour assurer la durabilité des progrès enregistrés. La Division étant encore nouvelle, la représentante a souligné qu'elle doit être mise à l'épreuve. Elle a également reconnu que la prise de conscience sexospécifique n'est pas encore largement ressentie sur le terrain. En effet, l'impact au niveau des attitudes, des convictions et des pratiques culturelles profondément ancrées, n'est pas encore suffisant. Pour ce faire, la représentante a souligné qu'un lien durable fort entre le niveau local et le niveau international est nécessaire. Il faut s'assurer que les questions discutées au niveau international soient pertinentes pour la population sur le terrain. Elle a également évoqué la question des statistiques ventilées par sexes, qui est actuellement à l'étude par le Bureau des statistiques.

En conclusion, la représentante a estimé que les liens entre gouvernements et les Organisations non-gouvernementales doivent être renforcés, et reconnus par les pouvoirs politiques. Elle a souhaité recevoir des informations sur les expériences d'autres pays d'Afrique et d'Asie, afin de pouvoir établir des comparaisons et de profiter des diverses expériences.

Commentaires et questions des délégations

Mme PATRICIA FLOR (Allemagne), Présidente de la Commission, a relevé que les exposés des représentants régionaux ont mis en avant la nécessité pour les mécanismes nationaux de disposer de mandats clairs. Elle a noté que, dans l'ensemble, ces mécanismes ont une fonction de coordination et de catalyseur. Ils fournissent les outils d'évaluation des impacts des programmes et plans nationaux ou encore des données ventilées par sexe. Le défi majeur qui se pose aux mécanismes nationaux est de savoir comment maintenir l'élan pour la promotion de la femme notamment en période de crise et de transition et

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comment faire en sorte que les priorités soient maintenues en des temps difficiles. Se pose également la question de savoir comment traiter des convictions et pratiques culturelles et initier les changements nécessaires à la mise en oeuvre du Programme d'action.

Mme HUQ (Bangladesh) a demandé à la représentante de la Zambie quels étaient les pourcentages respectifs d'hommes et de femmes dans la fonction publique et comment augmenter la participation des femmes. Quelles sont les réactions de vos homologues masculins ?

Mme SIMONOVIC (Croatie) a rappelé le lien important qui doit exister entre les ONG et les gouvernements.

Mme GONZALEZ (Mexique) a demandé au représentant du Royaume-Uni quelle était la méthode utilisée par les groupes de femmes et qui a mené aux progrès auxquels on assiste au sein du Gouvernement et à la plus grande représentation des femmes dans la fonction publique.

Mme HAILE MIKEAL (Ethiopie) a indiqué que dans son pays, l'organe de promotion de la femme est soutenu par un organe législatif mais des défis subsistent. Elle a demandé quels types de mécanismes était utilisés pour toucher les femmes directement.

Mme NDIAYE (Sénégal) a demandé aux représentants régionaux comment les différentes interventions en faveur des femmes étaient coordonnées.

Mme MOGEGEH (Botswana) a signalé que des succès ont été remportés en Afrique australe grâce à un travail de groupe. Elle a évoqué l'existence d'un groupe au Secrétariat de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADEC) qui se réunit régulièrement. Elle a souligné l'importance de permettre aux ONG d'apporter des contributions directes. Il est donc essentiel d'établir des objectifs communs, ce qui pour la région a été fait par la sélection de six domaines critiques. L'existence d'un consensus permet d'atteindre un niveau de réalisation plus élevé.

Mme TRAN MAI HUONG (Viet Nam) s'est interrogée sur les activités de surveillance de la mise en oeuvre des politiques relatives aux femmes. Elle a demandé au Chili de détailler les méthodes et les contenus de ces politiques de contrôle.

Mme SISSOKO (Mali) s'est adressée à la République de Corée sur la question de l'augmentation du pourcentage de participation des femmes au gouvernement. Ce taux de 30% a été demandé au Mali également, et a créé énormément de problèmes. Ce pourcentage a cependant été obtenu grâce à un consensus difficilement acquis. La représentante a désiré connaître la stratégie que la Commission présidentielle des affaires féminines veut mettre en place pour atteindre ce pourcentage.

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Concernant l'intervention de la Zambie, la représentante s'est interrogée sur le pouvoir de décision véritable des centres de coordination dont il a été fait état.

Mme DIENEBOU KABA CAMARA (Côte-d'Ivoire) a posé une question à la Grande-Bretagne concernant la coordination de tous les mécanismes évoqués. Elle a estimé que les mécanismes institutionnels doivent toucher toutes les femmes au niveau de la base. Comment dans les structures décrites les préoccupations des femmes rurales sont-elles prises en compte ?

Mme BENITEZ-REYES (Philippines) a posé une question à la République de Corée sur l'origine et la gestion des fonds demandés. Elle a également demandé un éclaircissement sur les méthodes d'éducation évoquées.

M. ESER (Turquie) a demandé des précisions sur l'élargissement des mécanismes nationaux, en soulignant que ceux-ci devraient être situés au plus haut niveau du gouvernement.

Mme AGGARWAL (Inde) a demandé à la représentante de la République de Corée des précisions sur le fonctionnement de la Loi sur la protection des femmes. Elle a également demandé comment la Loi sur la lutte contre le chômage des femmes diplômées avait été élaborée. La représentante a demandé par ailleurs à la représentante du Royaume-Uni quel était le délai prévu pour que le pays arrive à la parité entre les hommes et les femmes.

Mme GRANT (Ghana) a indiqué que le mécanisme national dans son pays a justifié le recours à des actions affirmatives et notamment à l'instauration d'un quota de 40% de représentation des femmes aux postes de décision. Le Gouvernement va nommer un Comité d'action affirmative qui dressera le profil des femmes fonctionnaires et identifiera à quels niveaux l'action affirmative est nécessaire.

Mme SCHULZ (Observateur de la Suisse) a demandé des précisions sur l'élaboration des mandats des mécanismes nationaux et a voulu savoir si les ONG y ont joué un rôle.

Mme CAI CHANG (Chine) a souhaité recevoir de la part de la représentante du Royaume-Uni des informations supplémentaires sur la coordination de tous les organes chargés de la promotion de la femme. Elle a également demandé au représentant de la Zambie quelle mesures avaient été prises pour éliminer les stéréotypes.

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Réponse des représentants

Mme RODRIGUEZ (Chili) a indiqué que des conférences régionales entre ministres des différents pays de la Région ont été tenues pour aplanir les différents. Elle a convenu qu'il est nécessaire de placer les mécanismes institutionnels au plus haut niveau, mais elle a noté que cela dépend des lois de chaque pays. Concernant la question sur les outils de travail, il s'agit de plans nationaux, mais aussi régionaux et locaux. Une Plate-forme régionale a été mise en place, sur la base des expériences échangées. Pour la question des ressources humaines, l'accent a été mis sur la formation de fonctionnaires, pour laquelle des ressources spéciales sont allouées. Par ailleurs, la coopération internationale, en particulier en provenance des pays nordiques, a joué un rôle essentiel. La représentante a indiqué qu'un travail sectoriel transversal, qui s'intègre dans le courant des activités des ministères et des services publics, est mené. Dans ce contexte, les échanges avec les ONG sont essentiels.

Mme MSO XING-JA (République de Corée) a indiqué que les services publics fournissent les fonds, qui sont alloués à la suite d'un examen des demandes par un Comité spécial. Les ONG des femmes font des demandes de fonds en fonction de termes prioritaires fixés chaque année. Un rapport doit ensuite être fait pour rendre compte de l'utilisation des fonds alloués.

Pour lutter contre les stéréotypes encore présents dans la culture asiatique, divers moyens sont utilisés. L'éducation constitue évidemment le premier vecteur. Dans ce cadre, les manuels scolaires sont examinés par les femmes et éventuellement modifiés. Par ailleurs, les fonctionnaires du gouvernement peuvent recevoir une formation pour les aider à changer leur mode de pensée. La représentante a également évoqué la mise en place de week-end sur le terrain pour mener des activités de formation.

En ce qui concerne les femmes et les postes politiques, l'augmentation du nombre de femmes à ces postes constitue un très grand défi pour la Corée. L'objectif de 30% des comités nationaux a été fixé pour 2005. La représentante a indiqué que les fonctions soumises à un scrutin électoral sont les plus difficiles à pourvoir en femmes.

Mme ROZGONOVA (Slovaquie) a répondu aux questions sur l'expérience des ONG et leur participation aux mécanismes nationaux et a expliqué que le mécanisme national de la Slovaquie est constitué d'un comité de coordination dans lequel siègent des représentants de la société civile et les ONG spécialisées dans le plaidoyer sur les questions féminines. La Slovaquie a connu un développement "incroyable" de centaines d'ONG. Elle dispose d'un projet au niveau national intitulé "Centre national pour l'égalité" femmes financé par le Gouvernement et le PNUD sur deux ans et qui a été mis en place pour aider les ONG à mener des activités de plaidoyer.

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Mme PONGA, Représentante de la Zambie, a expliqué que le mandat du mécanisme national de la Zambie a été fortement influencé par les ONG. Tous les ministères et départements ont une ligne budgétaire sur les questions sexospécifiques et le pays a reçu un appui très ferme de la part de ses partenaires pour la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. La représentante a insisté sur l'importance de la formation visant à donner des compétences analytiques aux responsables chargés des questions féminines.

Mme FIONA REYNOLDS (Royaume-Uni) a reconnu que de grandes variations persistent d'un Département à l'autre du Gouvernement britannique, quant à la représentation des femmes aux postes de haut niveau. Un certain nombre de femmes ont le niveau nécessaire, a dit la représentante qui a espéré un changement très net d'ici 2005. Elle a rappelé que le Gouvernement britannique ne fonctionne pas sur un système de quotas, mais qu'il existe plutôt une tendance soutenue par le pouvoir politique à "faire progresser les choses". Cependant, les problèmes demeurent, les femmes étant initialement mal représentées.

En ce qui concerne l'attitude des hommes, la représentante a insisté sur la nécessité de ne pas créer de "ghetto" et de faire en sorte que l'ensemble de la société ressente les avantages à tirer de l'égalité des sexes. Pour ce qui est du rôle des ONG dans les nouveaux mécanismes, il est essentiel, et se situe en continuité des consultations préélectorales. Evoquant le problème de la coordination, la représentante a observé que le Gouvernement britannique possède une structure très forte pour permettre un processus collectif. De plus, les différentes unités travaillent sur des questions transectorielles. La représentante a cependant reconnu que la coordination constitue un défi en soi, surtout dans une période de décentralisation.

Elle a également insisté sur la nécessité de toucher les femmes au niveau local. De très bons contacts sont établis avec les femmes sur le terrain grâce aux ONG. D'autre part, une recherche est lancée dans l'ensemble du pays pour essayer de contacter les femmes qui ne sont pas en relation avec les ONG. En ce qui concerne les expressions locales du mécanisme national, la représentante a rappelé que la mise en place des mécanismes institutionnels n'en est qu'à ses premières étapes, et qu'on ne peut prévoir l'évolution future. Enfin, concernant les difficultés de parvenir aux objectifs quand il y a des contraintes budgétaires et des changements rapides, la représentante a remarqué que le problème constitue "une question dont nous n'avons malheureusement encore pas la réponse".

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Suite du débat général sur le suivi de la Conférence mondiale sur les femmes : questions et tendances nouvelles et approches novatrices des problèmes qui ont des répercussions négatives sur la condition de la femme ou sur l'égalité entre les sexes

Mme SOFIA GOMEZ (Colombie) a rappelé que la construction de la paix était la priorité du peuple et du nouveau Gouvernement colombiens. Ce dernier, ainsi qu'il l'a été exposé lors de la récente session du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, vient d'élaborer un Programme national de développement qui contient un plan pour l'égalité des chances entre les sexes, garantissant notamment la pleine participation des femmes dans tous les domaines. De l'avis de la Colombie, le domaine de la santé est l'une des principales responsabilités des gouvernements envers les femmes. D'ailleurs dès 1994, le pays a mis en place une réforme du système de sécurité sociale qui comprend à la fois des actions collectives de promotion et de prévention et des prestations de services tout au long de la durée de vie. Les populations rurales et urbaines les plus pauvres, les personnes déplacées et victimes de violence, les autochtones, les femmes chefs de famille, les adolescents et les enfants de moins de 5 ans sont les cibles prioritaires de cette politique. Le Ministère de la santé est en train d'établir un plan quinquennal relatif à la santé sexuelle et reproductive, a précisé également Mme Gomez. A tous ces projets s'ajoutent la nécessité d'améliorer la couverture du système général de sécurité sociale, puisque 4,6 millions de femmes n'y ont toujours pas accès.

Pour ce qui est des mécanismes institutionnels, Mme Gomez a indiqué que la Colombie s'efforce depuis 1990 d'institutionnaliser les thèmes des femmes et de la sexospécificité. Ainsi la Constitution de 1991 incorpore les principes fondamentaux des textes relatifs aux droits de l'homme signés par la Colombie, telle notamment la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Le processus de modernisation politique et institutionnel du pays a permis de donner une grande importance à la question de la participation des femmes, mais la situation demande des actions positives pour favoriser leur participation aux postes décisionnels, a reconnu la représentante. En 1995, la Direction nationale pour l'équité entre les sexes, organe administratif autonome ayant un budget propre, a été créée. Avec la réforme territoriale lancée en 1990, 32 centres de la femme, ayant des compétences juridiques, techniques et administratives variées, ont été instaurés dans les départements et les municipalités du pays, a également indiqué Mme Gomez.

Mme LINDA TARR-WHELAN (Etats-Unis) a fait siennes les recommandations du Secrétaire général des Nations Unies qui a souligné la nécessité de mettre en place une approche holistique qui repose sur les droits de l'homme et qui reconnaisse les bénéfices que tire la société de l'égalité accrue des femmes. Les cinq domaines de priorité identifiés, à savoir la volonté politique, l'édification des capacités, l'obligation réditionnelle, la coopération et

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le partenariat ainsi que l'aide aux femmes et aux petites filles fournissent un cadre approprié pour l'identification des actions nécessaires. Il faut noter que les Gouvernements et les organisations ont mis en place des programmes d'intégration de la problématique homme/femme. Néanmoins ces politiques ne sont pas nécessairement mises en oeuvre. Il convient donc dans une première étape de mettre en oeuvre les politiques existantes et de renforcer les structures. Puis en second lieu, les gouvernements et organisations seront à même d'élargir les politiques et les structures tout en reconnaissant la nécessité d'apporter des modifications institutionnelles pour permettre l'intégration des sexospécificités. L'institutionnalisation de l'intégration sexospécifique est un défi difficile à relever.

La représentante a en outre souligné l'importance des partenariats entre les secteurs public et privé dans la mise en oeuvre des politiques. Elle a par ailleurs indiqué le soutien de son pays à la recommandation du Secrétaire général sur les femmes et les petites filles. Nous devrions sur ce sujet nous attacher à mettre en oeuvre des mesures de prévention ainsi que de protection et promouvoir le rôle des femmes et des petites filles en tant qu'agents du changement plutôt que comme victimes. Abordant les conséquences du phénomène de mondialisation, la représentante a estimé que les défis qui se posent à la Commission de la condition de la femme seront d'identifier les moyens permettant à chacun de bénéficier des retombées de ce phénomène. Elle a par ailleurs indiqué que cette année encore les Etats-Unis présenteront un projet de résolution sur les femmes en Afghanistan qui met l'accent plus particulièrement sur la santé des femmes et des petites filles afghanes.

Abordant les domaines critiques de la santé et des mécanismes institutionnels, la représentante a souligné que la collecte d'informations par sexe et la réalisation d'analyses n'est pas seulement une questions intersectorielle mais une nécessité intersectorielle. La diffusion de statistiques ventilées par sexe est indispensable pour nous permettre d'améliorer nos connaissances. Pour ce qui est de la santé, elle a souhaité que la Commission s'attache à d'autres thèmes comme la santé des femmes âgées, handicapées, la pandémie du Sida, l'abus du tabac, la violence à l'égard des femmes ou les dangers environnementaux. Pour pouvoir traiter de la santé des femmes de façon efficace, il est nécessaire de prendre en compte tout le cycle de la vie de la femme.

Mme AMELOU BENITEZ-REYES (Philippines) a déclaré que l'aube du millénaire est porteuse de nouveaux défis pour le mouvement en faveur de l'égalité des sexes aux Philippines. Nos trente années d'activisme pour faire des politiques d'équité sexuelle un souci de tous les jours dans les actions gouvernementales, se sont déroulées à un rythme lent mais progressivement soutenu, a affirmé la représentante. Malgré les obstacles, nous sommes en train de faire des percées dans l'institution de mandats politiques, la multiplication des soutiens, et le développement d'outils pratiques pour la vulgarisation des concepts de "développement et équité sexuelle".

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Des mécanismes institutionnels réceptifs au programme lié à ce concept ont été mis en place, et nous poursuivons maintenant assidûment la mise en exécution du Plan philippin pour un développement sensible à l'égalité des sexes. Ce plan, qui va de l'an 1995 à l'an 2025, couvre la période de trente années que nous prévoyons en vue de matérialiser notre vision d'une société d'égalité entre les sexes.

Ce Plan est aussi notre principal outil de mise en application du Plan d'action de Beijing, et depuis 1995, notre pays a mis en place une nouvelle politique budgétaire, en demandant à toutes les institutions gouvernementales de mettre de côté un minimum de 5% de leurs ressources budgétaires annuelles pour la réalisation d'initiatives en faveur de la parité dans le développement. Pour que le Plan d'action de Beijing soit effectivement appliqué et ressenti sur le terrain, notre gouvernement a mis en place des stratégies pilotes pour diffuser le concept de respect de la sexospécificité dans le développement au niveau des planificateurs locaux et régionaux. Cette initiative, qui couvrait au départ trois régions, a été étendue à sept autres, particulièrement dans le centre et le sud du pays, où la pauvreté et le sous- développement sont les plus graves.

Mme PAIMANEH HASTAIE (République islamique d'Iran) a plaidé en faveur de la protection et du soutien aux familles afin que celles-ci continuent à être le berceau où se développe des individus en bonne santé, cultivés et productifs socialement. Au niveau international, elle a appelé à trouver des solutions aux problèmes auxquels doit faire face l'institution familiale, comme la guerre, la pauvreté, la violence, la décadence morale et l'impact perturbateur des changements sociaux. L'Iran est favorable à des efforts accrus en vue d'améliorer les conditions économiques et sociales des familles. L'ONU constitue le forum adéquat pour l'échange d'idées et d'expériences à cet égard, a estimé la représentante, en appelant au renforcement du Service chargé des questions de la famille au sein du Secrétariat afin de faciliter sa contribution aux délibérations pertinentes des autres organes de l'ONU concernés. Mme Hastaie a estimé que toutes les dimensions du développement devaient être prises en compte lors de la session extraordinaire en l'an 2000. Il faudra, a-t-elle dit, faire une distinction entre les obstacles majeurs à la promotion des femmes, comme la pauvreté, les violations des droits de l'homme, et la violence, et les moyens de promouvoir les droits des femmes, comme leur habilitation, le rôle des femmes dans le développement, ou encore la santé et l'éducation des femmes.

Au niveau national, l'Iran a élaboré un Plan national d'action axé sur les mécanismes institutionnels pour la promotion des femmes, les droits humains des femmes et les médias. Ce Plan met l'accent sur l'importance de promouvoir les services de soins de santé génésique, de développer la recherche dans le domaine de la santé des femmes et de faciliter leur accès aux services médicaux et d'urgence en particulier dans les zones rurales

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et moins privilégiées, ainsi que de garantir le respect et le bien-être des femmes handicapées. Parmi les mesures prises par le Gouvernement dans le domaine de la santé, la représentante a cité le programme de vaccination des étudiantes contre la rougeole; la tenue d'un atelier sur la santé des fillettes et des jeunes filles; la sensibilisation de l'opinion publique aux problèmes liés à l'accroissement rapide de la population; l'introduction dans les universités d'un cours sur le planning familial et le contrôle démographique; la création de 100 nouveaux centres médicaux dans les zones rurales; l'augmentation du nombre de centres de maternité au cours des deux prochaines années; la mise en place d'un plan de prévention du cancer du sein et de l'appareil reproductif; et la promotion des activités de planning familial. Le Gouvernement a aussi établi un Centre pour la participation des femmes, une Commission de la femme, de la famille et de la jeunesse au sein du Parlement, un Bureau des affaires féminines au sein du Ministère de la justice, ainsi qu'un Département spécial des affaires féminines dans divers ministères. Il a en outre élargi la Commission des affaires féminines au niveau national, ainsi que les coopératives de femmes.

Mme KIRAN AGGARWAL (Inde) a, en ce qui concerne la condition des femmes dans son pays, d'abord donné les chiffres sur l'alphabétisation de la population féminine indiquant que le taux est passé de 39% en 1991 à 50% en 1997, avec des progrès légèrement plus marqués dans les zones rurales. Dans le but de renforcer sa politique visant à changer l'attitude de la société à l'égard de la fillette, le Gouvernement a décidé d'imposer l'enseignement gratuit pour les filles et ce, jusqu'à l'université. En ce qui concerne la participation des femmes au processus de prise de décisions, des amendements apportés à la Constitution garantissent aux femmes un tiers des sièges élus. Aujourd'hui près d'un million de femmes sont membres d'organes politiques locaux. L'implication accrue des femmes dans le processus décisionnel a ainsi conduit les principaux partis politiques à s'engager à réserver aux femmes un tiers des sièges au Parlement et dans les législatures des Etats fédérés. Une loi en ce sens est actuellement examinée par le Parlement. De son côté, le Gouvernement étudie la possibilité de réserver aux femmes un certain pourcentage des postes gouvernementaux.

Si les progrès sont encourageants en matière d'éducation et de participation au processus de prise de décisions, en matière de santé, en revanche, les progrès sont plus lents. Des avancées considérables ont néanmoins été constatées en ce qui concerne les taux de mortalité maternelle et infantile. Le taux de mortalité infantile a ainsi baissé de 129 en 1971 à 72 en 1996 alors que le taux de mortalité maternelle est lui passé de 468 en 1980 à 420 en 1994. De plus, le taux de malnutrition grave chez l'enfant est passé 15% entre 1975 et 1979 à 79 à 8,5% entre 1988 et 1990. En 1997, l'Inde a adopté un programme visant la survie de l'enfant et la sécurité de la mère mais traitant aussi des maladies sexuellement transmissibles comme le SIDA. Le programme se concentre particulièrement sur la santé des femmes en âge de procréer.

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En ce qui concerne l'autonomie économique des femmes, le microcrédit est apparu en Inde comme une innovation remarquable. Un accent particulier est également mis sur la formation et la promotion du secteur coopératif. En matière de droits, des lois ont été édictées pour prévenir la prostitution et le trafic des fillettes ou encore le harcèlement sexuel sur les lieux de travail. Certains Etats ont également pris l'initiative de créer des Commissions pour les femmes et un Département distinct pour le développement des femmes et de l'enfant.

Terminant sur la question de l'examen du Programme d'action de Beijing en l'an 2000, la représentante a proposé que les efforts portent sur une évaluation de la contribution des femmes au développement; l'augmentation de la productivité des femmes et l'élimination des obstacles à l'accès aux instruments de production; la fourniture de services de planification familiale; l'amélioration de la santé des femmes; un accès élargi à l'éducation; l'égalité des chances; et un partage accru des expériences nationales.

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