FEM/1053

LA FEMINISATION DE LA PAUVRETE ET LES INEGALITES FACE AU VIEILLISSEMENT SONT AU RANG DES NOUVEAUX DEFIS ESTIME LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME

1 mars 1999


Communiqué de Presse
FEM/1053


LA FEMINISATION DE LA PAUVRETE ET LES INEGALITES FACE AU VIEILLISSEMENT SONT AU RANG DES NOUVEAUX DEFIS ESTIME LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME

19990301 La Commission de la condition de la femme a poursuivi, cet après-midi, son débat général sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing en 1995 et plus particulièrement sur les tendances nouvelles et approches novatrices des problèmes ayant des répercussions sur la condition de la femme et sur l'égalité entre les sexes, ainsi que sur la mise en train de l'évaluation d'ensemble du Programme d'action de Beijing. Quatre ans après son adoption, celui-ci a gardé toute sa pertinence, ont souligné les délégations. Le Programme a permis de définir et de réaliser de nombreuses avancées grâce à, notamment, la mise en place d'une approche intégrée, étape décisive dans la promotion de l'égalité entre les sexes. Les délégations ont néanmoins insisté sur les nouveaux défis comme la féminisation de la pauvreté, les inégalités face au vieillissement ou encore la violence à l'égard des femmes qui appellent au renforcement des capacités d'analyse comparatives et d'intégration des droits de la femme et à la mise en place de nouveaux indicateurs. Le maintien des dispositifs traditionnels de promotion de la femme, tels les plans nationaux, conservent toutefois toute leur pertinence.

La Commission a entendu le Ministre de la famille, des affaires sociales et de la solidarité nationale du Sénégal ; le Ministre de la santé, des affaires familiales, des services sociaux et des questions sexospécifiques de Sainte-Lucie qui a pris la parole également au nom de la CARICOM ; le Secrétaire d'Etat chargé du multiculturalisme et de la situation de la femme du Canada ; et du Ministre des questions féminines du Paraguay. Sont également intervenus les représentants des pays suivants : République dominicaine, Kazakhstan, Chili, Indonésie, Israël, Cuba, Mali et Turquie ; ainsi que la Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et l'Observatrice de la Suisse.

Ont également participé au débat les représentants des commissions régionales, organisations et institutions suivantes : Commission économique pour l'Europe, Commission économique pour l'Afrique, Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), ONU/sida, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Conseil de l'Europe.

La Commission poursuivra son débat général demain, mardi 2 mars, à partir de 10 heures.

Suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes : questions et tendances nouvelles et approches novatrices des problèmes qui ont des répercussions négatives sur la condition de la femme ou sur l'égalité entre les sexes

Mise en train de l'examen et de l'évaluation d'ensemble de l'application du Programme d'action et préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale prévue pour l'an 2000

Suite du débat général

Mme AMINATA MBENGUE NDIAYE, Ministre de la famille, des affaires sociales et de la solidarité nationale du Sénégal, a déclaré qu'un consensus semble se dégager quant à l'interaction entre la promotion de la femme et le développement durable. Elle a rappelé que le Sénégal a élaboré son Deuxième plan d'action de la femme sénégalaise qui couvre la période 1997-2001 et qui porte sur cinq domaines qui visent la promotion économique des femmes, l'accroissement du taux de scolarisation des filles, le relèvement du niveau d'éducation des femmes, l'amélioration de l'état de santé des femmes et des petites filles, la valorisation du rôle et de la place de la femme dans la société, le renforcement de sa participation dans la gestion économique et le processus décisionnel et le renforcement des mécanismes de promotion de financement des femmes. Les stratégies retenues pour la réalisation des objectifs, a précisé la Ministre, reposent sur la recherche, l'information, la sensibilisation des populations, le plaidoyer auprès des décideurs et des leaders et la prévention des risques.

Au niveau de la santé reproductive, si des progrès notoires ont été enregistrés, le taux élevé de mortalité maternelle reste néanmoins un sujet préoccupation important puisque ce taux se situe autour de 510 pour 100 000 naissances.

Des initiatives ont également été prises dans le domaine de la promotion des droits de la femme et de la petite fille et ont été consacrées par le vote de lois pénalisant la violence à l'encontre des femmes, l'excision, le harcèlement sexuel, la violence domestique et la pédophilie. La représentante a réitéré l'engagement de son gouvernement d'apporter sa contribution au sein de la Commission et dans les autres organes des Nations Unies en vue de renforcer les mécanismes institutionnels de protection et de promotion de la femme, de garantir l'intégration d'une perspective sexospécifique dans les programmes du système des Nations Unies, de lutter contre la violence à l'égard des femmes et de promouvoir le respect des droits fondamentaux des femmes, y compris les femmes âgées et celles prises en otage lors des conflits armés.

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Mme SARAH L. FLOOD, Ministre de la santé, de la famille, des services sociaux et de l'égalité (Sainte-Lucie), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a d'abord évoqué le thème "Les femmes et la santé". Elle a souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes pour que les femmes soient mieux représentées dans les milieux du travail, tant en ce qui concerne l'accès aux emplois que les possibilités de carrière. Elle a également affirmé que les services de santé génétique devraient être accessibles à toutes les femmes, qui doivent être aussi informées sur les méthodes de contraception afin de faire un choix. Les complications au moment des accouchements et des avortements continuent à causer la mort de nombre de femmes de moins de vingt ans dans les pays de la CARICOM. Les grossesses précoces diminuent mais existent encore.

La représentante a évoqué d'autres aspects des problèmes de santé : les maladies sexuellement transmissibles, le sida, la ménopause. L'absence d'une information fiable et adéquate empêche les femmes de prendre les bonnes décisions en matière de santé, a-t-elle regretté. De plus, la longévité des femmes pose le problème des femmes âgées. Dans ce contexte, elle a estimé que des programmes doivent être mis en place pour couvrir leurs besoins. Par ailleurs, la violence domestique a des conséquences également sur l'état de santé des femmes. La représentante a indiqué que plusieurs pays de la région ont entamé une révision de leurs programmes de santé qui varient d'un pays à l'autre.

La représentante a ensuite abordé le thème des mécanismes institutionnels pour la promotion de la femme. Elle a reconnu la nécessité de mettre l'accent sur l'intégration d'une perspective sexospécifique à entreprendre dans la structure des gouvernements pour promouvoir l'égalité et le développement durable. Elle a indiqué que certains pays de la CARICOM ont pris un certain nombre de mesures dans ce sens. Cependant, les contraintes découlant du manque de ressources financières empêchent la région Caraïbe de développer ce type d'activités autant qu'elle le désire. Dans ce contexte, la représentante a insisté sur la nécessité de renforcer les alliances aux niveaux international et régional pour faire face aux défis du nouveau millénaire.

Mme CRISTINA AGUIAR (République dominicaine) a indiqué que, dans son pays, la création en 1992 de la Direction de la promotion de la femme a coïncidé avec la ratification de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes qui constitue un instrument important pour les actions de médiation des mécanismes de l'Etat et les membres de la société civile. Toutefois, il existe de nouveaux défis pour parvenir à l'égalité entre les sexes, a ajouté la représentante. Elle a cité le fort taux de prévalence de la pauvreté chez les femmes et les conséquences du vieillissement. Dans les pays en développement, la plupart des femmes sont pauvres et la majorité d'entre elles se trouve dans les zones rurales.

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En République dominicaine, le Code de famille et le Conseil sur le vieillissement sont quelques-uns des instruments importants pour traiter de ces questions. Nous attachons également une importance particulière à l'éducation. Le Gouvernement à également créé une Commission nationale de suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.

Mme AKMARAL KH. ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a informé la Commission des progrès accomplis dans son pays pour la promotion des droits de la femme. Le Programme de réforme politique et économique proposé en septembre 1998 par le Président du Kazakhstan fait de l'amélioration du statut de la femme un des éléments fondamental de la démocratisation et de la libéralisation politique. La représentante a indiqué que des femmes ont été nommées à deux des 15 postes ministériels dans le nouveau gouvernement, et que pour la première fois, une femme dirige l'Académie nationale des sciences. De plus, le Parlement du Kazakhstan a ratifié l'été dernier la Convention des Nations Unies sur toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

La représentante a évoqué les difficultés économiques rencontrées par les femmes durant la période de transition. Elle a dans ce cadre souligné la nécessité de renforcer les efforts internationaux pour améliorer la situation des femmes pendant cette période, en vue de faciliter l'application du Programme d'action de Beijing. En conclusion, la représentante a indiqué que la Journée internationale de la femme du 8 mars prochain sera célébrée dans son pays en tant que fête nationale.

Mme HEDY FRY, Secrétaire d'Etat chargée du multiculturalisme et de la situation de la femme du Canada, a rappelé la pertinence du Programme d'action de Beijing pour l'habilitation de la femme et a signalé l'appui total de son Gouvernement à l'orientation adoptée par le Secrétaire général dans son rapport à la Commission. Celui-ci a clairement souligné quelles étaient les ressources et les stratégies à privilégier pour sa mise en oeuvre, notamment la création d'un milieu favorable, le renforcement des capacités d'analyse comparative entre les sexes et d'intégration des droits fondamentaux des femmes. La représentante a réitéré l'appui de son pays à l'élaboration d'un protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Pour ce qui est de la situation propre au Canada, elle a expliqué que les stratégies transectorielles et la participation des intervenants extérieurs, notamment les organisations non gouvernementales, permettent des progrès réguliers et généralisés. La représentante a également évoqué la mise au point d'indicateurs économiques de l'égalité entre les sexes. Il faut établir en outre des liens entre les programmes sociaux et économiques et reconnaître leur interdépendance et dans ce contexte, le Canada a été un ardent défenseur de la prise en compte du point de vue des femmes et des hommes auprès de l'Organisation de coopération économique d'Asie-Pacifique (APEC). La déclaration ministérielle conjointe de l'APEC, soulignait,

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entre autres, les répercussions de la crise financière et économique sur les femmes. La représentante a par ailleurs indiqué que la santé des femmes et celle de leur famille, pierre angulaire des structures sociales, ne peuvent pas être sous-développé. Le Canada a par ailleurs reconnu que la capacité d'analyse comparative entre les sexes peut être améliorée et qu'il est possible de mettre au point de nouvelles méthodes et outils pour faire la promotion de l'égalité dans tous les domaines.

Mme HAYDEE CARMAGNOLA DE AQUINO, Ministre des affaires féminines du Paraguay, a rappelé que son pays a créé une commission tripartite comme gage de l'engagement du pays en faveur de la promotion de la femme. Le nouveau Gouvernement a également adopté un Programme d'action national pour l'égalité des chances dont la mise en oeuvre a été entamée il y a un an. Le gouvernement actuel encourage une plus grande participation des femmes à tous les niveaux de la vie sociale, économique et politique du pays. Dans le cadre de la présidence de la République, le Secrétariat de la femme participe activement à fixer les objectifs pour les cinq prochaines années. La place importante des questions liées à la santé de la femme est reconnue. Au cours de cette année, un projet de loi a été présentée au Congrès sur cette question et des accords ont été signés avec les instances départementales pour ouvrir des bureaux de la femme. Nous suivons avec beaucoup d'intérêt l'examen de l'intégration d'une perspective sexospécifique au sein des Nations Unies et nous nous félicitons des progrès réalisés dans l'élaboration du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, a ajouté Mme Carmagnola de Aquino.

M. JUAN LARRAIN (Chili) a mis l'accent sur l'importance de l'Année internationale des personnes âgées, dont beaucoup sont des femmes. Il a informé la Commission des efforts accomplis dans son pays, pour élargir les services d'accouchement et de maternité. La participation du père est encouragée. Le représentant a assuré que les engagements de Beijing sont respectés au Chili. Pour lutter contre les grossesses précoces, il a souligné la nécessité d'assurer une éducation sexuelle. Ainsi, un programme intersectoriel coordonné par le Service national de la femme a été mis en place au Chili. La question a été introduite comme spécialité pédiatrique dans les facultés de médecine. Le représentant a expliqué que le Service national de la femme est un organisme public chargé des activités concernant la femme, qui a la personnalité juridique, et dont la directrice a un rang de ministre. Ce service est inséré dans le processus de modernisation et de décentralisation du gouvernement. Dans ce contexte, le représentant a insisté sur l'importance que la collaboration internationale a eu pour la mise en place de ce système.

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Mme AIDA GONZALEZ-MARTINEZ, Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), a demandé à tous ceux qui ne l'ont pas encore fait de ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Elle a rappelé que dans sa déclaration rédigée en 1998, la Commission a fait part de sa préoccupation quant aux réserves mises par des Etats parties à certains articles. Ces réserves constituent un frein à la pleine application de la Convention.

Le Comité, lors de sa dernière session, a adopté une recommandation générale relative aux femmes et à la santé. Nous espérons que celle-ci sera utile aux travaux de cette Commission, a-t-elle souligné. Le Comité a également recommandé que tous les centres d'information des Nations Unies disposent de tous les rapports soumis par les Etats parties. En outre, le vingtième anniversaire de l'adoption de la Convention nous donne l'occasion de mieux diffuser ce texte. L'application du Programme d'action étant lié à cette Convention, nous attachons une importante particulière à la tenue de la future session extraordinaire de l'Assemblée générale. Mme Gonzalez-Martinez a expliqué que lors de cette session, le Comité présentera un document de travail faisant le point des progrès réalisés. Ce document accordera une place prioritaire aux conséquences négatives sur la femmes du phénomène de mondialisation et à la persistance des stéréotypes, à la violence à l'égard des femmes et à leur pauvreté. Ce document contiendra des recommandations notamment sur le bien-fondé de mesures positives.

M. SUTJIPTOHARDJO DONOKUSUMO (Indonésie) a rappelé l'importance de l'application au niveau des pays du Programme d'action de Beijing. Il s'est réjoui de l'amélioration de la communication entre la Division pour la promotion de la femme et le Haut Commissariat des droits de l'homme, qui devrait favoriser les projets d'études concernant les droits de la femme. Le représentant a déploré la féminisation générale de la pauvreté.

Au point de vue national, il a informé la Commission sur la stratégie de mise en oeuvre du Programme d'action Beijing en Indonésie. Actuellement, les activités nationales se concentrent sur le thème de la violence à l'égard des femmes, et les problèmes de santé. Le représentant a rappelé que l'Indonésie connaît depuis plus d'un an une crise économique, mais a assuré qu'elle demeure attachée à atteindre les objectifs concernant la promotion des droits de la femme définis auparavant au niveau national et par la Conférence de Beijing.

Mme MINA WESTMAN (Israël) a indiqué que depuis la quatrième Conférence mondiale de Beijing, la condition des femmes en Israël s'est considérablement améliorée. En 1998, des avancées significatives ont été réalisées avec notamment l'adoption de la Loi sur la promotion et la condition de la femme. Le but de ce texte est de faire progresser la parité entre les sexes, de coordonner les organisations responsables de la condition de la femme,

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de promouvoir l'éducation et le respect de la législation en vigueur, de favoriser les actions de prévention de la violence à l'égard des femmes, de fournir au gouvernement les outils nécessaires pour atteindre ces objectifs et d'établir une autorité centrale pour la mise en oeuvre de ces principes. L'adoption de cette loi a mené à la réalisation de programmes de lutte contre la violence domestique au sein des forces armées israéliennes et des organes gouvernementaux.

Dans le domaine de la santé, nous avons mené des études qui ont montré que les femmes arabes et les femmes ultra-orthodoxes se soustraient aux tests de dépistage du cancer du sein. L'Autorité pour la promotion de la femme s'efforce de les sensibiliser à l'importance de ces tests. Une loi relative au harcèlement sexuel sur le lieux du travail est entré en vigueur en 1998. Des programmes de formation professionnelle des femmes, en particulier les femmes arabes et ultra-orthodoxes, sont en cours de réalisation. Le Gouvernement encourage également les mères célibataires à avoir une activité professionnelle. Dans le futur, nous nous attacherons à la question de l'égalité de rémunération. La représentante a souligné la contribution importante des organisations non gouvernementales aux activités du Gouvernement en faveur des femmes.

Mme PATRICIA SCHULZ (Suisse) a déclaré que la Suisse, Etat fédéral, dispose à chaque niveau de mécanismes étatiques chargés des questions d'égalité. Il s'agit des Bureaux de l'égalité appartenant à l'administration et des Commissions de l'égalité composées de représentantes et représentants des organisations féminines, partis politiques, organisations d'employeurs et des salariés. Ces bureaux, a précisé la représentante, ont presque tous la même fonction : participer à l'élaboration du droit, informer, mener des études, conseiller les autorités et les particuliers. Tout en indiquant que ces organismes disposent en général de peu de moyens financiers et en personnels, elle a déclaré que leur force réside dans la collaboration poussée qui existe entre eux et avec les organisations non gouvernementales.

Le Bureau fédéral de l'égalité entre hommes et femmes, le plus grand et le mieux doté des bureaux en Suisse, a, dès ses débuts, noué des contacts réguliers avec les organisations féminines. Il organise une rencontre annuelle et thématique avec les organisations nationales, les contacts sont directs et pragmatiques. Depuis l'entrée en vigueur de la Loi fédérale sur l'égalité en 1996, le Bureau distribue des aides financières à des services de consultation et des projets de promotion de l'égalité dans la vie professionnelle.

Enfin, l'Observatrice de la Suisse a déclaré que le Bureau fédéral est actuellement engagé dans un nouveau projet visant à promouvoir l'égalité entre filles et garçons dans le domaine de la formation professionnelle par apprentissage en entreprise.

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Mme MAGALYS AROCHA DOMINGUEZ (Cuba) a déclaré que le Programme d'action de Beijing approuvé en 1995 lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes a conservé toute sa valeur et toute son importance au plan universel. La représentante a fait remarquer que même si des avancées significatives ont été réalisées avec l'adoption de politiques ou la mise en oeuvre de diverses actions, les conditions de vie de millions de femmes dans le monde continuent de se détériorer. Aussi, a-t-elle demandé aux gouvernements, aux organisations non gouvernementales et aux organes du système des Nations unies de poursuivre et d'intensifier leurs efforts afin de mettre en pratique le contenu du Programme d'action de Beijing. Cela nécessite avant tout une réelle volonté politique, a-t-elle estimé, ainsi que des moyens financiers et humains adéquats. La période de cette session extraordinaire devra relever un défi, celui de proposer les objectifs, les contenus et la structure de cette future Assemblée intitulée : "La femme en l'an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle". Deux ans après avoir mis au point un Plan d'action au niveau national nous organisons la semaine prochaine un Séminaire d'évaluation dans le cadre duquel chaque organisme de l'administration centrale de l'Etat devra rendre compte de sa gestion.

La représentante a affirmé qu'en dépit de l'embargo auquel son pays est soumis depuis 37 ans et des conditions de vie difficiles qui en découlent, les femmes cubaines connaissent une amélioration de leur condition aux plans économique, politique et social. Elles représentent 42,9% de la population active dans le secteur étatique, 66,6% des techniciens et professionnels de niveau moyen ou supérieur, 31,1% de ceux qui occupent des postes de direction politique ou administrative et représentent 27,6% des députés à l'Assemblée nationale.

La représentante a affirmé que son pays, en tant que membre important de la Commission économique pour l'Amérique latine (CEPAL), a participé activement aux préparatifs de la prochaine Conférence régionale et a rappelé que le défi majeur qu'il importe de relever consiste à traduire les mots en réalité, et cela pour tous : hommes et femmes.

Mme DEMBELE (Mali) a évoqué le Plan d'action pour la promotion de la femme 1996-2000 mis en place au Mali, conformément aux objectifs définis par le programme d'action de Beijing. Ce document, résultat d'un long processus participatif, s'inscrit dans le cadre d'une série d'orientations générales, notamment les suivantes : valoriser l'image de la femme dans la société malienne ; l'amener à s'impliquer davantage dans le processus démocratique en cours ; faire en sorte que les femmes puissent concilier leurs différents rôles. Dans ce cadre, l'accent a été principalement mis sur tous les domaines d'activités suivants : éducation, santé, promotion économique et politique, renforcement institutionnel de la promotion de la femme. La représentante a donné de nombreux exemples d'application de mesures dans chacun des domaines d'activités évoqués. Elle a en particulier indiqué la mise en place d'un Plan d'action pour l'élimination de la pratique de l'excision à l'horizon 2008.

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Cependant, la représentante a estimé que de nombreux progrès restent à accomplir pour la promotion des droits de la femme au Mali. Elle a assuré la Commission de la volonté des autorités de promouvoir ces droits. A travers le Plan d'action pour la promotion de la femme 1996-2000, elle a estimé que le gouvernement du Mali prouve sa solidarité avec tous les objectifs définis dans le Programme d'action de Beijing.

Mme SENAY ESER (Turquie) a expliqué que des campagnes populaires sont actuellement en cours en vue d'éliminer les articles discriminatoires envers les femmes dans le Code civil et d'accroître leur représentation dans les gouvernements central et locaux. Une commission de suivi a été formée récemment par le Parlement en vue d'accélérer la mise en oeuvre complète de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et un pas important a été fait par le Ministre d'Etat pour les affaires féminines en vue du retrait de la réserve de la Turquie à cette Convention. Un train de réformes a été préparé par un groupe d'experts en ce qui concerne le Code civil. En vue d'éliminer la violence à l'égard des femmes, une "Loi sur la protection de la famille" a été adoptée en 1998 qui prévoit une meilleure protection des victimes de la violence, y compris les enfants. Le Gouvernement turc a, en outre, rendu obligatoires les 8 premières années d'enseignement primaire avec pour objectif d'accroître le taux d'alphabétisation des femmes jusqu'à 100%.

Sur le plan de la santé, le Gouvernement s'est engagé à faire baisser la mortalité infantile et maternelle de 50% d'ici à l'an 2000. Depuis la Conférence de Beijing, des progrès importants ont été enregistrés dans le domaine de la santé reproductive et plusieurs mesures ont été prises en vue d'améliorer le niveau de santé des femmes et des enfants. Un Plan stratégique national sur la santé des femmes a été lancé. Le choix volontaire informé constitue l'une des stratégies principales du planning familial. L'accent a été mis sur la participation communautaire et sur de nouvelles approches en ce qui concerne la prestation des services de santé. L'impact de ces programmes se reflète de manière positive dans les statistiques les plus récentes. Ainsi, l'espérance de vie à la naissance est passée à 70 ans pour les fillettes; le taux de fertilité a diminué à 2,6 par femme; et le taux de mortalité infantile a baissé jusqu'à 42,7 pour mille naissances vivantes.

La représentante a mis l'accent sur le soutien constant de son pays à l'INSTRAW, mentionnant en particulier la nomination en octobre 1997 du Dr. Yakin Ertürk, d'origine turque, à la tête de l'Institut. Mme Eser a estimé qu'il fallait d'urgence se pencher sur la question de l'avenir de l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), menacé par le faible niveau de fonds dont il dispose. La Turquie estime que l'efficacité de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes sera renforcée par l'adoption d'un Protocole additionnel fort, lequel marquera une étape vers la reconnaissance, la promotion et la protection des droits humains des femmes et montrera l'engagement de la communauté internationale à cet égard.

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M. PATRICE ROBINEAU, Commission économique pour l'Europe (CEE), a souligné le poids que les difficultés actuelles des pays en économie de transition font porter aux femmes, en raison de leur position sur le marché du travail et de leur rôle dans la famille. Il a évoqué la tenue d'un séminaire à Varsovie en octobre 1998 par le Groupe de travail sur les femmes des organisations non-gouvernementales, en collaboration avec le Secrétariat de la CEE. Lors de ce séminaire, les ONG ont proposé des directives pour améliorer la situation des femmes face aux difficultés actuelles, et elles ont souligné la nécessité de promouvoir conjointement les droits sociaux et les droits économiques qui sont interdépendants. Le représentant a indiqué que la conclusion du séminaire de Varsovie a insisté sur la nécessité de renforcer la sensibilisation aux questions sexospécifiques dans les structures gouvernementales d'une part, et les relations entre les gouvernements et les ONG féminines qui pratiquent déjà l'égalité des sexes dans leurs activités locales d'autre part.

Le représentant a noté que la CEE a récemment accompli des progrès notables, dans le domaine de l'intégration des ONG et dans celui de la publication d'études et de recherches portant sur les questions relatives aux droits de la femme. Il a informé la Commission de la tenue prochaine d'une réunion de toutes les organisations concernées par les questions sexospécifiques dans la région de la Communauté économique pour l'Europe. Cette réunion fera office de préparation régionale pour le bilan de l'application du Programme d'action de Beijing prévu en l'an 2000.

Mme EIMI WATANABE, Administrateur adjoint et Directeur du Bureau des politiques du développement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), indiquant que le personnel du PNUD vient de créer en son sein un Groupe d'hommes chargé d'explorer la contribution des hommes au processus d'émancipation de la femme, a souligné que pour le PNUD, les questions d'égalité entre les sexes et la promotion de la femme ne relèvent pas seulement des droits de l'homme mais constituent surtout le thème central de l'élimination de la pauvreté. Pour le PNUD, une approche juste de la pauvreté n'exige pas seulement des réponses concrètes aux besoins immédiats mais une stratégie pour traiter des inégalités économiques et autres qui sont à la base de la pauvreté. En conséquence, les stratégies d'élimination de la pauvreté doivent comprendre les questions du statut peu élevé de la femme et de l'absence de promotion de sa condition.

Par ailleurs, pour mieux comprendre la relation complexe entre les facteurs macro-économiques et leur impact sur les femmes et les hommes, le PNUD s'est concentré sur les moyens d'intégrer une dimension sexospécifique à ses politiques macro, à ses méthodologies et aux outils de programmation et de contrôle. D'autre part, le PNUD travaille avec l'ONU et les autres institutions spécialisées pour formuler de nouveaux indicateurs et renforcer les statistiques du marché du travail pour mieux prendre mieux en compte la contribution des femmes au revenu national.

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Conscient de l'impact du SIDA sur les femmes et de son lien avec le développement, le PNUD a mené, au cours des trois dernières années, des ateliers sur le développement et le SIDA dans plus de 30 pays en même temps qu'il a mis tout en oeuvre pour intégrer ces questions au processus de planification stratégique, notamment dans le domaine de la gouvernance, du développement institutionnel et de l'environnement. Pour faire que les 134 programmes par pays appuient la mise en oeuvre du Plan d'action de Beijing, le PNUD a, cours de l'année dernière, envoyé des spécialistes des questions sexospécifiques dans 17 de ses bureaux extérieurs. Ces derniers aident les Coordonnateurs résidents à assurer le suivi de Beijing sur le terrain. En outre, des ateliers ont été organisés à l'intention du personnel des bureaux extérieurs et des partenaires gouvernementaux du PNUD pour renforcer l'efficacité des programmes de développement humain durable. Partant, des progrès remarquables ont été accomplis dans l'appui aux Plans d'action nationaux relatifs au Programme d'action de Beijing.

Le PNUD a également entamé un travail novateur relatif à l'impact des mécanismes nationaux de promotion de la femme sur les programmes de développement, et ce, dans 5 pays pilotes - Bangladesh, Jamaïque, Maroc, Ouganda et Vietnam -. Les enseignements tirés de ces études ont été largement diffusés. Le PNUD continue son travail dans le domaine de la promotion de la participation des femmes aux plus haut niveaux de gouvernement et de prise de décision. Il appuie pour ce faire les réseaux des femmes parlementaires et politiciennes ainsi que divers programmes de renforcement des capacités, notamment des ateliers, des conférences et des formations spécialisées. La diffusion des meilleures pratiques se fait par le biais du Sous-groupe de travail interinstitutions sur les meilleures pratiques que le PNUD préside aux côtés de l'UNIFEM.

Mme SOUAD ABDENNEBI, Commission économique pour l'Afrique (CEA), a rappelé qu'au cours de l'année 1998, la Commission a poursuivi la mise en oeuvre du Programme d'action africain. Une conférence internationale a été organisée en avril-mai lors du quarantième anniversaire de la Commission et elle a donné lieu à la création d'un Comité des femmes africaines pour la paix et le développement, l'établissement d'un Fonds pour les femmes et le développement, l'adoption de stratégies innovatrices pour promouvoir l'autonomisation de la femme. Des stratégies visant à intégrer les questions sexospécifiques dans les programmes et politiques économiques, politiques ont également été élaborées par la Conférence.

La Commission économique pour l'Afrique s'est maintenant engagée dans le processus préparatoire de la Sixième conférence régionale africaine sur les femmes qui se tiendra en novembre 1999. Par ailleurs, la Commission a réalisé une étude sur le statut d'accession des Etats africains à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La Commission organise régulièrement des réunion de sensibilisation à ce texte.

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La représentante a évoqué par ailleurs le problème grave de la pandémie du virus HIV/sida qui a un impact désastreux sur le tissu social et culturel et la productivité du continent africain. Dans le monde en développement, le taux de mortalité lié au sida est évalué à 40% à l'horizon 2020. Les femmes sont les plus vulnérables à ce phénomène qu'elles ne contrôlent pas. Pour parvenir à l'émancipation économique, les femmes doivent accorder la plus grande priorité au problème du sida.

Mme ANNE DAWSON-SHEPHERD, Coordinatrice principale pour les femmes réfugiées du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué que le HCR lancerait de nouvelles initiatives en 1999 dans le cadre de ses responsabilités au titre du Programme d'action de Beijing. Evoquant les défis auxquels doit faire face le HCR en ce qui concerne l'égalité entre les réfugiés femmes, hommes, filles et garçons, la représentante a souligné la nécessité de mesurer l'impact des interventions sur les relations entre les sexes afin d'aborder de manière efficace les inégalités. Le HCR s'efforcera en 1999 d'améliorer son approche de la violence à l'encontre des femmes réfugiées, y compris la violence familiale. A cet égard, la représentante a souligné la nécessité d'assurer la sécurité des victimes. Des solutions efficaces ne peuvent toutefois être trouvées que si l'on traite des causes profondes du problème. Il faut donc approfondir la compréhension de l'impact du conflit, de la fuite et de l'exil sur les hommes et les femmes. Le HCR concentre aussi ses efforts sur les besoins spécifiques des petites filles et des petits garçons, en particulier ceux qui sont enrôlés dans les armées. Il juge essentiel d'assurer leur accès égal à une vie normale et à l'éducation si l'on veut enregistrer des progrès en faveur de la paix au siècle prochain.

Si une meilleure compréhension des questions sexospécifiques est essentielle pour l'avenir, le HCR est amené à répondre rapidement et de manière efficace aux urgences humanitaires. Dans ces situations, des vies doivent être sauvées et il y a souvent peu de temps pour l'analyse. C'est pourquoi celle-ci doit devenir automatique. A cette fin, il est important d'améliorer les outils. Il ne suffit pas, en effet, de fournir des lignes directrices, l'expérience pratique sur le terrain est tout aussi importante. A cet égard, le Comité interinstitutions du Comité administratif de coordination sur les femmes et la parité entre les sexes, ainsi que le Sous- Groupe de travail sur "L'intégration de la parité entre les sexes dans les urgences humanitaires" du Comité permanent interinstitutions, fournissent des forums essentiels pour les échanges de vues sur les moyens d'aborder les questions d'égalité entre les sexes pour les populations relevant du HCR, a estimé la représentante. En 1998, le HCR a intégré l'analyse sexospécifique dans son Système de gestion des carrières. Cette année, les représentants du HCR et leurs équipes devront intégrer une perspective sexospécifique dans leurs objectifs de travail. Le défi le plus important est toutefois celui des ressources. Trop souvent les politiques d'égalité entre les sexes entrent en compétition avec d'autres questions importantes. Aussi longtemps que

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l'on restera convaincu que ces questions ne peuvent être traitées qu'après que les priorités liées à la préservation des vies ont été résolues, elles resteront marginales dans les activités au coeur du mandat du HCR, a souligné la représentante.

Mme MARGARET MCCAFFERY, Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, a donné un compte-rendu du travail de la CEPAL concernant les questions liées à la parité des sexes. Elle a tout d'abord évoqué l'adoption par les membres de la CEPAL d'un sous-programme sur "l'intégration de la perspective sexospécifique dans le développement régional", à inclure dans le programme de travail régulier pour 2000-2001. Elle a également noté l'adoption du Consensus de Santiago, résultat de la septième conférence régionale sur la femme. La Commission a travaillé activement à la collaboration entre tous ses membres et le secrétariat de la CEPAL afin de mettre en place un système d'indicateurs qui permettra de fournir une assistance pour l'élaboration des politiques nationales.

La représentante a indiqué que tous ces efforts tendent également à préparer la réunion de l'Assemblée générale devant se tenir à New York en l'an 2000. Dans ce contexte, il est envisagé d'avancer la date de la huitième session de la Conférence régionale, prévue pour janvier 2000 à Lima.

Mme SOPHIE PIQUET, Conseil de l'Europe, a estimé que le droit au libre choix en matière de sexualité et de procréation doit être considéré comme faisant partie intégrante des droits de la personne humaine et afin de mettre ce principe en oeuvre, le Conseil de l'Europe a préparé un projet de recommandation dont une partie importante est consacrée aux mesures relatives aux adolescents des deux sexes. S'il est adopté, le texte constituera une mise en pratique des idées et concepts figurant dans le Programme d'action de Beijing, et représentera, au niveau européen, le premier essai de définition et de codification des droits en matière de sexualité et de procréation, a déclaré Mme Piquet. Elle a ajouté que deux autres projets de recommandations étaient actuellement en cours de préparation concernant la protection des femmes et des fillettes contre la violence et la lutte contre la traite des êtres humains aux fins d'exploitation sexuelle.

Pour parvenir à l'égalité de facto, de nouvelles stratégies sont apparues, parmi lesquelles l'approche intégrée de l'égalité, a poursuivi Mme Piquet. A cet égard, en Grèce à l'automne prochain aura lieu une réunion d'experts et de personnalités politiques afin d'examiner comment, à partir de projets précis, l'approche intégrée peut être mise en oeuvre dans divers domaines spécifiques. Mais l'approche intégrée ne dispense pas pour autant de mettre en place et de développer des mécanismes plus traditionnels pour promouvoir l'égalité, tels l'établissement de dispositifs institutionnels et de plans d'égalité au niveau national ainsi que l'évaluation des actions positives, a ajouté la représentante. En ce qui concerne les défis du futur,

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elle a estimé que c'est en protégeant les droits des fillettes et des jeunes femmes d'aujourd'hui que l'on pourra contribuer à mettre en place une égalité réelle demain. C'est pourquoi le thèmes "fillettes et jeunes femmes" sera traité lors d'un forum d'information organisé au début de l'an 2000, qui constituera l'une des contributions du Conseil de l'Europe à l'examen de haut niveau lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies en juin 2000.

Mme AURORITA MENDOZA, ONU/SIDA, soulignant que le sida est devenu une réalité tragique pour des millions de femmes, a cité des chiffres selon lesquels, à la fin de 1998, quelque 34,4 millions de personnes vivaient avec la maladie; 43% des adultes contaminés étaient des femmes et 85% des femmes infectées vivaient en Afrique. Elle a souligné particulièrement qu'en Afrique subsaharienne, les femmes infectées sont plus nombreuses que les hommes. Poursuivant, la représentante a déclaré que si auparavant l'accent était mis sur le comportement individuel, il est reconnu aujourd'hui que des facteurs extérieurs encouragent les comportements à risque et rendent la prévention plus difficile, en particulier chez les jeunes femmes. Ces facteurs incluent la pauvreté, la discrimination, le manque d'éducation, l'accès inadéquat aux ressources productives et aux avantages sociaux, et l'existence de normes sociales désavantageuse. Ces facteurs ont en fait comme résultat la subordination des femmes. Le sida n'est donc plus seulement une tragédie personnelle mais s'est vite transformé en une menace dangereuse sur la croissance économique et le développement des pays pour lesquels les femmes sont une ressource précieuse.

Pour la représentante, les enseignements tirés de la lutte contre l'épidémie du sida exigent une amélioration de la condition sociale et économique des femmes. Un environnement favorable d'équité entre les sexes s'impose d'emblée. Pour ONU/SIDA, la question du sida doit être mis au rang de priorité au plus haut niveau politique. Il faut ensuite réduire la discrimination liée au sida et aux maladies sexuellement transmissibles par la promotion des droits de la femme dans le contexte des droits de l'homme et la transformation des normes, valeurs, pratiques et croyances. Il faut aussi appuyer la promotion des technologies de prévention telles que les microbicides et les préservatifs féminins. Il faut enfin renforcer les capacités des système de santé pour assurer aux femmes une certaine qualité des soins qui reconnaisse leur rôle multiple dans la société et leurs besoins au cours des cycles de vie.

Mme BREDA PAVLIC, Directrice de l'Unité pour la promotion du statut de la femme et l'égalité des sexes à l'UNESCO, a déclaré qu'il est dommage que la quête d'une vie paisible pour tous les hommes et femmes soit aujourd'hui devenue une aspiration humaine fortement menacée. La recherche de la paix est centrale aux actions de l'UNESCO, et articulée dans son programme pour "une culture de la paix", qui est un effort conscient de rejet de la culture de la violence qui prévaut à l'heure actuelle, et qui va de la violence domestique

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aux conflits armés. Nous pensons que les femmes sont la principale partie prenante à ce sujet, et cependant, elles sont, à quelques rares exceptions, exclues des questions concernant la paix et la sécurité, à la fois dans leur société et au niveau mondial. En collaboration avec d'autres organismes de l'ONU et les principales organisations intergouvernementales et non gouvernementales, les efforts de l'UNESCO sont orientés vers l'aide aux femmes dans toutes les régions du monde, et notamment en Afrique, pour articuler leur rôle dans la construction de la paix et les aider à s'organiser à cet effet en renforçant leurs capacités à communiquer, à s'unir et à construire des partenariats par delà les frontières.

Pour défendre leurs droits humains, les femmes et les filles ont d'abord besoin de connaître ces droits et les moyens de les défendre. Aider à diffuser et vulgariser la Convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes, parmi les femmes et les filles et parmi les membres des professions juridiques, est l'objectif de la dissémination par l'UNESCO de ce document, sous la forme d'un "passeport pour l'égalité". Les femmes étant largement absentes des institutions visant à assurer un processus démocratique, l'Union interparlementaire, l'UNESCO et la Division de la promotion de la femme organiseront conjointement une réunion sur le thème "Perspectives sur la démocratie: les femmes font-elles la différence?". Elle se tiendra au siège de l'UNESCO à Paris du 1er au 3 décembre de cette année, et tout en traitant de plusieurs questions, abordera notamment le rôle de la communication et des médias de masse dans le soutien ou le blocage de la participation des femmes aux organes de prise de décision démocratiques.

Mme SISSEL EKAAS, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a insisté sur la nécessité d'établir l'égalité des sexes dans le secteur de l'agriculture afin d'assurer une sécurité alimentaire pour le 21ème siècle. Elle a estimé que la discrimination au niveau de l'accès et du contrôle de la terre reste un des aspects les plus problématiques de la promotion des droits de la femme. Elle a informé la Commission sur le Plan d'action pour les femmes dans le développement (1996-2001) mis en place par la FAO pour répondre aux problèmes des femmes dans les milieux ruraux. Elle a indiqué également que la FAO assiste les Etats Membres dans l'application du Programme d'action de Beijing, à travers la recherche, des activités de soutien technique, et des directives politiques. Elle a rappelé la célébration en octobre 1998 de la Journée mondiale de l'alimentation, sur le thème "les femmes nourrissent le monde".

La représentante a informé la Commission de la tenue d'une exposition spéciale organisée par la FAO le 8 mars, et de la lancée d'un site Web sur la sécurité alimentaire et l'égalité entre les sexes. Cette année marque également le cinquantième anniversaire de l'établissement au sein de la FAO d'une unité spéciale pour les femmes dans l'agriculture. En ce qui concerne les femmes et la santé, la représentante a attiré l'attention de la Commission sur les dangers encourus par les travailleurs de l'agriculture, qui sont en majorité des femmes, liés à l'utilisation de pesticides, d'outils inadéquats, ainsi que sur l'impact du sida sur les communautés rurales.

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