En cours au Siège de l'ONU

FEM/1052

LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME OUVRE LES TRAVAUX SA QUARANTE-TROISIEME SESSION

1 mars 1999


Communiqué de Presse
FEM/1052


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME OUVRE LES TRAVAUX SA QUARANTE-TROISIEME SESSION

19990301 Les délégations soulignent que le Programme d'action de Beijing ne doit pas être renégocié

La Commission de la condition de la femme a ouvert ce matin les travaux de sa quarante-troisième session. M. Nitin Desai, Secrétaire général aux affaires économiques et social a insisté sur le caractère intersectoriel de la question de l'égalité entre les sexes qui nécessite de lier le travail de la Commission à celui de tous les autres organes des Nations Unies. De son côté, Mme Angela King, Conseillère spéciale auprès du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme et Présidente du Comité interinstitutions sur les femmes et l'égalité entre les sexes, a demandé à ce que des actions urgentes soient prises dans le domaine des femmes et de la santé, ainsi que dans celui des mécanismes institutionnels. La Commission de la condition de la femme doit mettre en lumière les besoins spécifiques des femmes dans le domaine de la santé et faire en sorte que les décideurs tiennent compte de ces facteurs.

La Commission a entamé son débat général sur les deux questions suivantes : Suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes centré sur les tendances nouvelles et approches novatrices des problèmes qui ont des répercussions négatives sur la condition de la femme ou sur l'égalité entre les sexes ; mise en train de l'évaluation d'ensemble de l'application du Programme d'action de Beijing. Dans ce cadre, les intervenants ont rappelé que le but de la session extraordinaire de l'Assemblée générale prévue en l'an 2000 à cet effet n'était pas de renégocier le Programme d'action mais de s'attacher aux actions supplémentaires pour en assurer sa mise en oeuvre. Ils ont évoqué notamment la mise en place de mécanismes d'intégration systématique d'une perspective sexospécifique et l'identification d'indicateurs d'évaluation des progrès réalisés. Ce point de vue a été partagé par la Présidente de la Commission, Mme Patricia Flor (Allemagne) qui a estimé qu'un consensus sur le domaine critique des femmes et de la santé ne pourra être obtenu qu'à condition de ne pas revenir sur le Programme d'action.

Le Ministre pour l'égalité de la Suède a pris la parole, ainsi que les représentants des pays suivants : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Allemagne (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Japon, Norvège, Côte d'Ivoire, Namibie, Italie. L'Observateur du Saint-Siège est aussi intervenu. Ont également participé au débat les représentants de l'Office des migrations internationales (OIM), de la Confédération internationale des syndicats libres, de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique, et de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale.

La Commission avait en début de séance élu M. Hassan Kassem Najem (Liban) au poste de Vice-Président en remplacement de Mme Karam Fadi Habib (Liban) qui se trouve dans l'impossibilité d'exercer ses fonctions. Mme Patricia Flor, Présidente de la Commission (Allemagne), présidera le groupe d'experts sur la santé tandis que Mme Nonhlanhla Mlangeni (Swaziland) présidera celui chargé des mécanismes institutionnels. Mme Marcela Nicodemos (Brésil) sera quant à elle responsable des projets de résolution. La Commission avait par ailleurs adopté son ordre du jour et programme de travail.

La Commission poursuivra son débat général cet après-midi à partir de 15 heures.

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Déclarations liminaires

Mme PATRICIA FLOR (Allemagne), Présidente de la Commission de la condition de la femme, a déclaré que le thème "La santé et les femmes" constituera l'un des domaines de préoccupation de la Commission. Le nombre de décès dus aux avortements à risque et la vulnérabilité des femmes face aux maladies infectieuses sont effrayants. Les Nations Unies ne sauraient ignorer le triste sort des femmes et des fillettes. La santé est un domaine crucial dans la mesure où elle suscite des questions qui sont source de division de part le monde. Il semble clair que nous ne pourrons atteindre un consensus sur cette question qu'à condition de ne pas renégocier le Programme d'action de Beijing. Il nous est également nécessaire de faire preuve de souplesse. Nous pouvons arriver à un accord en matière de santé si nous reconnaissons les menaces qui portent atteinte à la santé de la femme. L'autre domaine essentiel est le fonctionnement des mécanismes institutionnels nationaux qui sont essentiels pour la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. Je souhaiterais que nous accordions la plus grande attention à ce grand thème, a souligné la Présidente. Avec la "santé" et les "mécanismes institutionnels", la Commission aura achevé l'examen des douze domaines critiques identifiés à Beijing. Le débat général qui porte sur la mise en train de l'évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre du Programme d'action et sur les questions et tendances nouvelles, nous donnera l'occasion de prendre connaissance des initiatives et des échecs qu'ont rencontrés les pays dans leur mise en oeuvre du Programme d'action. Un résumé des débats sera présenté comme document de conférence à la Commission lorsqu'elle se sera constituée en Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale en l'an 2000. Pour ce qui est du projet de Protocole dont l'élaboration est confiée à l'un des deux groupes de travail de la Commission, la Présidente a expliqué que les points juridiques ont été déjà largement abordés et elle a souhaité que la Présidente du Groupe soit en mesure de présenter des résultats définitifs.

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné l'importance de la Commission de la condition de la femme en ce qu'elle a un rôle pionnier dans la connexion entre les questions de développement et les questions de droits de l'homme. Il a remarqué qu'elle influence aussi d'autres domaines dans le travail des Nations Unies en matière de développement. Tout en notant la lourdeur du programme de travail dans son ensemble, il a souligné l'importance de la question de la femme et du vieillissement.

Dans le cadre de l'examen de l'application du Programme de Beijing, M. Desai a insisté sur les problèmes financiers et leur impact humain. Dans les répercussions sur la vie quotidienne des individus, la dimension homme- femme est capitale, car on déplore une vulnérabilité disproportionnée des femmes. Lorsque les revenus des foyers diminuent, les femmes doivent gérer

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l'ajustement, par exemple. Dans le cadre des problèmes endémiques également, les femmes sont les plus touchées : la majorité des analphabètes du monde sont les femmes, par exemple. M. Desai a donc mis en valeur deux orientations du travail de la Commission, l'orientation vers le développement et l'orientation vers les droits.

Il a également remarqué que le thème central de la Commission est aussi le résultat de toutes les autres conférences, celle de Rio, celle du Caire, etc... A bien des égards, nous devons reconnaître que la question de l'égalité des droits homme-femme concerne tous les processus et nécessite de lier le travail de la Commission à celui de tous les autres organes, a-t-il indiqué. Dans ce contexte, il a affirmé avoir toujours estimé que l'égalité entre les sexes doit donc être traitée comme une question intersectorielle. Par ailleurs, M. Desai a souligné la nécessité de définir clairement les interlocuteurs au niveau des pays.

Mme ANGELA KING, Sous-Secrétaire général, Conseillère spéciale auprès du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme et Présidente du Comité interinstitutions sur les femmes et l'égalité entre les sexes, s'est déclarée encouragée par l'accent mis par M. Desai sur l'intégration des questions de sexospécificité dans les domaines économique et social. Le nouveau millénaire nous présente le défi de créer une communauté mondiale qui repose sur l'égalité entre les hommes et les femmes. Cette année alors que nous commémorons le vingtième anniversaire de la Convention sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, je demande à tous ceux qui ne l'ont pas fait de ratifier cette convention et aux Etats de lever leurs réserves. Les femmes aujourd'hui vivent plus longtemps mais elles ne vivent pas plus sainement, a regretté Mme King. Tous les ans, presque 600 000 femmes meurent par manque de soins de santé reproductive. Dans beaucoup de pays, elles sont plus exposées que les hommes à divers dangers et au stress en raison de la nature de leur travail. Elles sont également plus vulnérables aux maladies infectieuses. Leur rôle de mère, de maîtresse de maison et de travailleuse ne fait qu'aggraver leur situation.

Le Programme d'action de Beijing, a rappelé Mme King, établit plusieurs objectifs en matière de santé, y compris l'accès aux soins de santé de qualité des femmes et des petites filles, une réduction de 50% des risques de mortalité maternelle et l'accès à des soins de santé reproductive pour toutes les femmes.

Pour ce qui est du second thème sur les mécanismes institutionnels, Mme King a expliqué que l'analyse de ces mécanismes a révélé que leur efficacité est liée à d'autres paramètres ayant une influence sur les sexes au niveau national et aux engagements pris par les gouvernements à Beijing. Le Groupe d'experts qui s'est réuni à Santiago du 31 août au 4 septembre 1998 a estimé que pour garantir une prise en compte efficace des questions sexospécifiques, les mécanismes institutionnels devraient inclure et avoir

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des liens avec des unités institutionnelles qui se situent au plus haut niveau gouvernemental. Ces mécanismes institutionnels devraient également bénéficier de ressources financières adéquates. Des actions urgentes sont requises dans ces domaines, a souligné Mme King.

Le rôle de la Commission de la condition de la femme est de mettre en lumière les besoins spécifiques des femmes dans le domaine de la santé, de mettre un terme aux inégalités fondées sur le sexe dans le domaine de la recherche médicale, de faire en sorte que le financement des programmes de recherche prenne en compte les besoins des femmes, de faire en sorte que les femmes aient un accès à l'information et aux soins de santé sur un pied d'égalité et que les décideurs tiennent compte de ces facteurs.

La cinquante-troisième session de l'Assemblée générale et la session de fond de 1998 du Conseil économique et social ont clairement montré que les questions de parité entre les sexes font partie de l'ordre du jour des organes législatifs nationaux. L'Assemblée générale a souligné l'importance d'intégrer les questions de sexospécificité dans toutes les activités opérationnelles, dans le suivi des grandes conférences des Nations Unies et le rôle des organisations non gouvernementales dans la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. Mme King a par ailleurs fait part de plusieurs initiatives mises en place par les Départements des Nations Unies en coopération avec la Division de la promotion de la femme en vue de formuler des programmes et politiques qui prennent en compte les questions sexospécifiques.

Mme king a évoqué les résultats de la quatrième session du Comité interinstitutions sur les femmes et l'égalité entre les sexes. Elle a précisé que la session a été pour une part consacrée au phénomène de mondialisation en cours et ses conséquences sur les hommes et les femmes, à la question de la sécurité de l'être humain, à celle de la protection sociale, à la cohésion sociale, aux implications sexospécifiques du commerce et des mécanismes financiers internationaux, à la participation des femmes aux prises de décisions, en particulier dans les domaines de la science, de la technologie et des communications et la participation des hommes aux efforts d'autonomisation des femmes. Les membres du Comité ont adopté une approche qui repose sur l'exercice des droits de la femme comme cadre critique permettant de réaliser l'égalité entre les sexes. Un examen du système d'évaluation des Nations Unies de la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing au niveau des pays sera à l'avenir à l'ordre du jour du Comité. Celui-ci a d'autres projets comme la création d'une base de données ou la finalisation des recommandations relatives aux fonctions du point focal et l'organisation d'ateliers de travail.

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Pour ce qui est de la préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale prévue en l'an 2000, Mme King a relevé le fossé entre l'existence de mesures législatives et leur application, et la prise de conscience accrue de la violence à l'égard des femmes sans que des mécanismes appropriés n'existent. Elle a également noté les hésitations à considérer la femme comme un élément décisif dans les efforts d'élimination de la pauvreté. Peu a été fait pour les intégrer dans le processus de prise de décisions. Mme King a noté une prise de conscience accrue pour ce qui est du caractère inhumain des pratiques traditionnelles comme les mutilations génitales. Elle a attiré l'attention sur le taux élevé des adolescentes qui quittent l'école. Alors que de plus en plus de femmes entrent sur le marché du travail, leur rôle dans le secteur informel continue d'être ignoré. Mme King a également noté une régression des femmes dans le domaine de prise de décisions en particulier en politique.

Mme NOELEEN HEYSER, Directrice du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a indiqué que les actes de violence contre les femmes ne doivent pas être considérés comme des actes individuels, mais doivent être examinés dans le contexte familial, les institutions et les sociétés. Le combat contre la violence à l'égard des femmes est au coeur du travail de l'UNIFEM. Dans ce cadre, Mme Heyser a évoqué trois initiatives principales.

La première concerne le lancement d'une série de campagnes régionales pour éliminer la violence à l'égard des femmes et des fillettes, en vue d'introduire des modifications dans les politiques et la législation nationale. Ces campagnes se sont concentrées sur la prévention, la protection, les services et la justice en cas de violence. Elles ont également permis d'aborder des questions qui constituaient des tabous auparavant, et de mobiliser les volontés politiques.

La seconde initiative concerne le Fonds d'appui aux actions en vue d'éliminer la violence à l'égard des femmes, qui a fourni plus de 2 millions de dollars depuis 1997 pour soutenir 72 projets innovateurs dans le monde entier. Ce fonds est également appelé à jouer un rôle important pour permettre à l'UNIFEM de soutenir l'élan créé par les campagnes régionales.

Mme Heyser a enfin évoqué la vidéoconférence globale des Nations Unies qui se tiendra le 8 Mars 1999 sur le thème d'Un monde débarrassé de la violence contre les femmes. Elle connectera l'Assemblée générale à New York avec des sites à Nairobi, New Delhi, Mexico City et Strasbourg. Cette vidéoconférence fera état des stratégies innovatrices et des défis futurs du travail de prévention de la violence contre les femmes et les fillettes. En préparation de cette vidéoconférence, l'UNIFEM a lancé, en collaboration avec la Banque mondiale, une discussion sur Internet afin que des groupes du monde entier puissent partager leurs expériences et les stratégies qui ont prouvé

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leur efficacité. Ce Groupe de travail constitue un instrument d'apprentissage et prouve les possibilités offertes par la technologie moderne en faveur d'un nouveau type de mondialisation.

Mme Heyser a souligné, en conclusion, que la volonté politique, le développement des différents partenariats et la mobilisation des ressources nécessaires, permettent de former l'espoir d'un futur débarrassé de la violence contre les femmes et les fillettes.

Débat général

Mme JUNE PERSAUD (Guyana), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que le Programme d'action de Beijing a permis de mettre en lumière les sources de discrimination à l'égard des femmes et une mobilisation accrue en leur faveur. Il n'a pas toujours été aisé de planifier et de mettre en place des programmes permettant le changement. La volonté politique au niveau des gouvernements joue un rôle essentiel pour la démarginalisation des femmes. De plus, la mise en place des capacités permettant d'inclure les femmes au niveau institutionnel demeure essentiel pour que le changement puisse avoir lieu. Ceci est vrai dans les pays développés comme dans les pays en développement mais il faut noter que lorsque les technologies sont peu développées, les femmes en supportent les inconvénients. Dès lors, a souligné la représentante, nous devons promouvoir le développement dans tous les pays. Le déni de développement et de la pleine participation des femmes à tous les niveaux prive la société d'un capital humain important.

La représentante a réaffirmé l'attachement du Groupe des 77 et de la Chine aux douze domaines identifiés par le Programme d'action de Beijing. Il est temps d'identifier les obstacles qui entravent la pleine mise en oeuvre du Programme. Pour cela, il nous faut mettre en place un programme orienté vers l'action. Il nous faire le point et décider comment avancer plus rapidement.

Mme CHRISTINE BREGMANN (Allemagne), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a indiqué que l'Union européenne estime qu'il faut évaluer les progrès accomplis dans les 12 domaines critiques de la Plate-forme de Beijing. Cette étude devrait utiliser toutes les ressources d'information possibles. Pour les évaluations futures, l'Union européenne suggère que la Division de la promotion de la femme des Nations Unies établisse un régime de repères qualitatifs et quantitatifs, afin de fournir un cadre de travail à la préparation des rapports établis à l'étape Beijing plus 5, et de servir de référence pour la mesure des progrès accomplis en 2005. L'Union européenne encourage également un processus préparatoire d'identification des stratégies qui pourraient améliorer l'application des mesures dans les 12 domaines critiques concernés. Ces stratégies devraient se regrouper en trois catégories. La première consiste à transformer la volonté politique en action. La seconde catégorie concerne la construction d'une capacité d'autonomisation des femmes. La troisième catégorie engage la société civile.

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Dans le domaine de l'identification des défis pour le futur, la représentante a indiqué que l'Union européenne souhaite que les nouvelles suggestions soient présentées comme des stratégies concrètes induisant une action. Elles devraient être considérées comme des compléments à la Plate d'action de Beijing dans les domaines qui posent des problèmes récemment apparus. La représentante en a défini deux. Le premier concerne la création ou le maintien d'un environnement permettant l'égalité et la pleine jouissance des droits de l'homme par tous. Le second concerne la construction d'un partenariat et d'un respect mutuel entre les hommes et les femmes.

En conclusion, la représentante a défini les attentes de l'Union européenne concernant la Session extraordinaire de l'Assemblée générale qui se tiendra en l'an 2000. Elle devrait adopter une déclaration politique courte pour réaffirmer son engagement à Beijing, et proposer un certain nombre de stratégies pour surmonter les obstacles rencontrés dans leur application.

Mme MARGARETA WINBERG, Ministre de l'égalité de la Suède, a estimé que l'existence d'un déficit démocratique où les femmes ne peuvent pas prendre part aux prises de décision ne saurait trouver de justification dans nos sociétés. Les politiciens doivent être les chefs de file du développement et donner l'exemple. Cette session de la Commission de la condition de la femme mettra un terme à quatre années d'un processus qui visait à transformer nos engagements pris à Beijing en action. Les deux thèmes de la santé et des mécanismes institutionnels sont essentiels pour l'égalité entre les sexes. Il existe en effet un lien étroit entre l'autonomisation des femmes, leur place dans la société et leur santé. Il est également important de garantir le respect des droits reproductifs des femmes et des hommes. Nous devons également faire face aux conséquences catastrophiques des avortement illégaux qui font leurs victimes parmi les femmes les plus pauvres.

La Ministre a estimé que l'intégration des questions sexospécifiques était un outil puissant. Elle a donné en exemple les activités mises en place par son gouvernement et a expliqué, par exemple, que les ministres sont responsables de la promotion de l'égalité entre les sexes. Au niveau régional, les Conseils d'administration doivent soumettre au gouvernement des plans stratégiques pour l'égalité entre les sexes. Au niveau local, des analyses sexospécifiques ont été mises en place systématiquement. Les organisations non gouvernementales ont également un rôle important à jouer. Parallèlement à ceci, des mesures spécifiques supplémentaires devront être prises pour renforcer le rôle des femmes sur le marché du travail et dans la société en général. Au sein des Nations Unies, il faut établir des mécanismes solides pour l'intégration des questions sexospécifiques. Nous sommes à cet égard encouragés par les efforts déployés par Mme Angela King et le Comité interinstitutions en vue d'intégrer ces questions dans toutes les activités des Nations Unies. La session extraordinaire de l'Assemblée générale

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en l'an 2000 ne doit pas être l'occasion de renégocier le Programme d'action de Beijing mais doit s'attacher aux actions nécessaires à sa mise en oeuvre. Un système efficace de repère sera nécessaire pour évaluer les progrès réalisés.

Mme YORIKO MEGURO (Japon) a déclaré que le Japon connaît à l'heure actuelle des changements majeurs qui incluent des difficultés économiques et le vieillissement de sa société. Pour répondre à ces changements et faire du XXIe siècle une période de prospérité, le Japon met tous ses efforts dans la réalisation d'une société égalitaire sur le plan de la représentation des sexes; une société où chacun, quel que soit son sexe, pourrait mettre en valeur toutes ses capacités. Nous pensons que le thème de discussion "Femmes et santé" est d'importance cruciale pour les femmes à toutes les étapes de la vie, et le concept de la santé reproductive et de ses droits a été introduit par les programmes nationaux et internationaux par le Gouvernement du Japon. Sur le plan domestique, cela s'est traduit par l'institution d'un programme de services intégrés dispensés aux femmes au cours de leur vie, de la naissance au troisième âge en passant par l'adolescence, la grossesse, l'accouchement et l'âge adulte.

Un autre thème de discussion du groupe d'experts a trait aux "Mécanismes institutionnels pour l'avancement des femmes" et nous avons à y reporter des développements majeurs. Le Conseil permanent pour l'égalité des sexes établi au Japon en 1997, a été chargé par le Bureau pour la promotion de l'égalité des sexes, dirigé par le Premier Ministre, d'enquêter et de tenir des débats sur les politiques globales et les questions importantes, y compris notre loi fondamentale. Et nous pensons que la session que nous tenons ici, aujourd'hui, est importante dans la préparation de la session spéciale sur les femmes prévue en l'an 2000. En décembre 1998, notre Comité national pour la préparation de cet événement a été organisé, conformément à la décision du Président du Bureau pour le promotion de l'égalité des sexes.

Mme INGER JOHANNE WREMER (Norvège), rappelant que la santé est un domaine prioritaire pour le Gouvernement norvégien, a indiqué qu'un Comité national chargé de la question vient de publier un rapport approfondi qui met l'accent sur les aspects devant être améliorés. Ce rapport note en particulier que la recherche médicale est fondée sur des tests concernant les hommes et non pas les femmes. Le régime de sécurité sociale semble également se baser sur la vie professionnelle des hommes plutôt que celle des hommes et des femmes. Le rapport sur les femmes et la santé souligne la nécessité d'intégrer les perspectives sexospécifiques dans le processus de prise de décision. Il met également l'accent sur la relation importante entre les victimes de la violence et la mauvaise santé. De nombreux problèmes liés à la santé, tels que la dépression, l'insomnie et les désordres mentaux, peuvent être causées par des expériences traumatiques résultant de la violence ou d'abus. Le rapport recommande donc que les initiatives visant à lutter

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contre la violence familiale soient renforcées et coordonnées de manière plus efficace. Le Gouvernement norvégien élabore actuellement un plan d'action pour lutter contre la violence à l'égard des femmes dans différents contextes.

Le rapport insiste de nouveau sur les femmes et la santé et, avec la plate-forme d'Action de Beijing, formera la base de la stratégie norvégienne pour l'amélioration de la santé des femmes. La position des femmes sur le marché du travail et un partage plus équitable des responsabilités au sein de la famille auront une influence positive sur la santé des femmes. Il est donc nécessaire pour les institutions gouvernementales et les organisations non gouvernementales de renforcer leur rôle pour promouvoir l'égalité des sexes. Mme Wremer s'est déclarée convaincue que ce rapport constitue un élément clé des initiatives nationales visant à contribuer à améliorer la santé des femmes par le biais de la coopération internationale pour le développement.

L'autonomisation des femmes réside au coeur même du processus de l'égalité des sexes. Une politique globale d'intégration des perspectives sexospécifiques contribuera à réaliser cet objectif. De même, un mécanisme national efficace pour l'égalité des sexes et la promotion des femmes constituent un pivot dans la mise en oeuvre d'une telle politique.

Mme TIEZAN (Côte d'Ivoire) a souligné la situation insatisfaisante des droits de la femme dans les pays en voie de développement. Dans ce contexte, elle a demandé le renforcement des efforts internationaux afin que féminisation de la pauvreté soit enrayée.

Elle a évoqué les progrès réalisés en Côte d'Ivoire, en vue d'améliorer l' accès de la femme aux crédits, à la propriété et aux services sociaux. Elle a remarqué que l'élargissement de la participation de la femme à l'action politique constitue également une préoccupation du Gouvernement ivoirien, afin que la participation de la femme au développement ne se réduise pas à l'aspect économique. La représentante a évoqué l'adoption le 3 décembre 1998 de lois contre la violence à l'égard des femmes. Par ailleurs, des coopératives de femmes ont été créées pour qu'elles bénéficient des fonds mobilisés pour elles. Dans le domaine de la santé, des progrès remarquables ont été accomplis grâce à la multiplication des maternités. La représentante a indiqué qu'un Plan d'action pour la promotion de la femme 1999-2005 doit être prochainement adopté par le Gouvernement ivoirien, qui devrait permettre une meilleure définition des objectifs.

M. NETUMBO NANDI-NDAITWAH (Namibie), s'exprimant sur les mécanismes institutionnels que les gouvernements doivent mettre en place pour mettre en oeuvre les domaines critiques identifiés à Beijing, a déclaré que de tels mécanismes ne peuvent que refléter le développement économique et les conditions politiques et culturelles des pays et que, par conséquent, aucun modèle ne peut être prescrit. Le représentant a indiqué que dans son pays,

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le mécanisme institutionnel pour la promotion de la femme a été mis en place il y a neuf ans, peu après l'accession à l'indépendance de la Namibie. Le pays a établi un Département des affaires féminines sous la direction du Cabinet présidentiel et depuis 1992, la politique en la matière se fonde sur la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Constitution namibienne elle-même. De plus, dans le cadre de la politique de décentralisation lancée par le gouvernement, le Département des affaires féminines a ouvert six bureaux régionaux, assurant ainsi un réseau de communications entre le pouvoir central et les communautés de base. Intensifiant ses efforts, le Gouvernement a adopté en décembre 1998, un Plan quinquennal sur les politiques d'égalité entre les sexes. Ce Plan, assorti d'autres plans nationaux, identifie clairement la façon de rendre fonctionnels les politiques et programmes et de surveiller leur mise en oeuvre.

Enumérant les organes chargés de promouvoir la condition de la femme, le représentant s'est arrêté sur les chiffres relatifs à la santé de la femme namibienne. Il a notamment indiqué que la Namibie est le pays au monde qui a le plus taux le plus élevé de grossesses précoces, avec 19,45% de filles enceintes et mères dès qu'elle atteignent l'âge de procréer. Le sida est également un problème de santé chez les femmes puisque 24% des femmes enceintes sont séropositives. Le Ministère de l'éducation et des services sociaux n'épargne aucun effort pour améliorer la santé des femmes et leur accès aux services de santé. La stratégie consiste notamment à introduire une approche de santé fondée sur les communautés de base.

Revenant sur la question de la grossesse chez les adolescentes, le représentant a insisté sur l'initiative du Ministère de la santé et du Ministère de la jeunesse de lancer un programme intitulé "Mon avenir est mon choix" destiné aux jeunes filles comme aux jeunes hommes. Il a terminé sa déclaration en rendant compte d'une autre initiative de son Gouvernement qui consiste à entamer un dialogue sur les questions spécifiques avec les Chefs traditionnels. Dans certains cas, les Chefs ont manifesté leur appui à l'égalité entre les sexes. Compte tenu de leur influence, l'éducation des Chefs sur la question de l'égalité entre les sexes ne pourra que contribuer à créer une culture où les femmes rurales en particulier pourront occuper leur place légitime dans la société.

Mme ELLEN LUKAS (Saint-Siège) a rappelé que pendant des siècles les institutions catholiques se sont consacrées à la prestation de soins de santé, en particulier aux femmes pauvres, là où il n'y avait pas d'autres institutions de soins. Aujourd'hui, l'Eglise compte un réseau mondial de 985 organisations catholiques nationales qui se consacrent à la promotion et la distribution de ressources financières pour le développement social et spirituel. Elle soutient 54 742 centres de soins de jour pour les filles et compte 100 231 institutions de soins de santé dans le monde, y compris des hôpitaux, des centres de crise pour les femmes enceintes, des refuges pour

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les femmes battues, des orphelinats. En août 1995, le Pape Jean-Paul II a invité les institutions catholiques à faire davantage d'efforts pour soutenir la promotion des femmes et des fillettes. Toutefois, lors de la Conférence de Beijing, le Saint-Siège a dû faire une réserve générale sur la Section relative à la santé figurant dans le Plan d'action, en raison principalement des ambiguïtés linguistiques en ce qui concerne la santé reproductive. Le Saint-Siège était aussi préoccupé par le fait que le Plan d'action met l'accent sur la santé reproductive au détriment d'autres problèmes de santé urgents. Aujourd'hui, la tuberculose, les maladies tropicales et le sida continuent de tuer les femmes et les hommes dans les pays en développement. Bien davantage doit être fait pour réduire l'impact de ces maladies, a souligné l'Observatrice. L'Eglise a approuvé le Planning familial naturel, extrêmement efficace lorsqu'il est bien utilisé, et soutient aussi tous les efforts visant à réduire la mortalité maternelle et infantile, ainsi que les initiatives visant à protéger les femmes de la violence et des abus.

En ce qui concerne les mécanismes institutionnels pour la promotion des femmes, le Saint-Siège est convaincu de l'importance de créer des dispositifs aidant les femmes à surmonter les distorsions historiques et les préjugés sociaux qui constituent des obstacles à leur promotion. Ces mécanismes ne doivent toutefois pas devenir captifs de groupes prônant une vision trop étroite des intérêts des femmes, a mis en garde Mme Lukas. Le Saint-Siège appuie ces mécanismes pour autant qu'ils n'excluent pas les préoccupations des femmes âgées ou d'autres femmes qui ne peuvent plus contribuer à l'économie et pour autant que les gouvernements oeuvrent à la promotion du bien-être réel des femmes et à leur dignité et les soutiennent tant dans leur rôle au sein de la famille que dans celui de salariée.

Mme INERAO (Italie) a estimé que le principal aspect de la Conférence de Beijing est d'avoir donné une perspective mondiale aux questions sexospécifiques. Le texte du Programme d'action de Beijing est un instrument puissant qu'il ne faut pas renégocier. La représentante s'est néanmoins demandée pour quelles raisons les politiques identifiées à Beijing avaient peu de poids sur le processus de prise de décision. Elle a évoqué les disparités énormes qui existent entre les femmes du Sud et du Nord, l'émergence du fondamentalisme religieux, les inégalités économiques qui ont pour point commun les attaques directes contre les femmes. Nous devons élaborer des stratégies communes pour lutter contre ces intégrismes qui doivent figurer en bonne place de la session extraordinaire de l'Assemblée générale.

La représentante a souligné en outre l'importance de créer des partenariats avec les ONG. Elle a insisté sur la portée de la mise en place d'instruments juridiques comme la Cour pénale internationale. Nous devons tout faire pour finaliser le protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes qui sera un témoignage de notre volonté de promouvoir le Programme d'action de Beijing.

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Mme CISSE, Confédération internationale des syndicats libres, a fait part de la préoccupation de la CISL à l'égard des problèmes liés à la santé et à la sécurité des travailleurs en général, et particulièrement des femmes travailleuses. Elle a revendiqué une politique pour la promotion de lieux de travail sûrs et sains par le biais d'une participation des travailleurs et des syndicats à la prise de décision des gouvernements et des institutions internationales à tous les niveaux. Au vu des statistiques désastreuses concernant la mortalité liée à la maternité, la CISL a décidé de célébrer le 28 avril 1999 sa quatrième journée internationale de deuil sur le thème des "Travailleuses", afin de montrer à quel point les travailleuses continuent d'être les principales victimes du développement non durable dans le monde. En conséquence, la représentante a estimé qu'une sensibilisation à l'égard des problèmes spécifiques des femmes et l'intégration d'une perspective sexospécifique dans le domaine de la santé et de la sécurité sont essentielles. Elle a demandé aux gouvernements de coopérer avec les organisations syndicales et patronales et les organisations non gouvernementales en vue de respecter leurs obligations conformément au Programme d'Action de Beijing. Mme Cissé a également informé de la tenue de la 7ème Conférence mondiale des Femmes syndicalistes qui regroupera environ 300 femmes syndicalistes de plus de 100 pays à Rio de Janeiro du 18 au 21 mai 1999 sur le thème "Femmes au travail au XXIe siècle : Revendiquons notre espace, conquérons notre place".

Mme NARCIRA ESCALER, Office pour les migrations internationales, a fait part de modifications dans les schémas de migrations où les femmes et les petites filles sont de plus en plus nombreuses. Néanmoins, il existe une méconnaissance de la part des responsables de la santé des caractéristiques de ces nouveaux mouvements de migration. Les pays d'accueil des populations migrantes devraient revoir leur politique et programmes préventifs et curatifs. Le rôle de l'Office pour migrations dans les situations d'urgence, de conflit et dans le domaine de la recherche, est de plus en plus important quand ces situations impliquent des femmes et les enfants. De 1985 à 1990, le taux de croissance du nombre de femmes migrantes est devenu plus élevé que celui des hommes migrants, en particulier en Afrique. Malheureusement, ces femmes ont reçu peu d'attention alors que leur condition de santé est inférieure à celle des hommes. A la lumière de l'évolution des flux migratoires, l'Office estime qu'il est nécessaire de définir une approche plus moderne et plus rentable de l'évaluation médicale des travailleurs migrants. Nous travaillons également à l'harmonisation des normes législatives en matière de santé. Le troisième domaine de travail de l'Office est l'accès aux soins de santé des populations déplacées tandis qu'un quatrième domaine d'action est la formation et l'éducation des professionnels de la santé.

Mme FATIMA SBAITY KASSEM, Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale, a expliqué que dans le cadre du suivi des conclusions concertées de l'ECOSOC de juillet sur l'intégration de perspectives sexospécifiques, la Commission a mis en place un Groupe de travail sur cette question.

- 14 - FEM/1052 1 mars 1999

Le groupe a formulé un plan d'action. Des points de liaison sur les questions de parité entre les sexes ont été créés dans chaque division et cet élément de parité entre les sexes a été intégré au programme de travail pour 2000-20001 et dans le Plan à moyen terme en cours d'élaboration. La Commission continuera à constituer une base de données sur les indicateurs, politiques et mesures ayant un impact sur les questions d'égalité sur lesquelles est prévu de lancer une campagne d'information. Les thèmes prioritaires figurant dans le cadre du Programme d'action régional, pauvreté, famille et participation politique, font partie systématiquement des activités de la Commission dans la mesure où les dimensions économiques, politiques et culturelles d'un développement global visent les femmes et les hommes dans tous les aspects de leur vie.

Mme THELMA KAY, Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique, a indiqué que la crise économique actuelle a mis en exergue la situation de vulnérabilité des femmes dans la région. Un nombre croissant de femmes est affecté par la fermeture d'usines ou doivent se plier à des conditions de travail inacceptables auparavant. Les conséquences économiques de la crise rendent très difficile le maintien des progrès accomplis dans la région en matière d'allégement de la pauvreté, et ont entraîné une aggravation de la criminalité à l'égard des femmes, ainsi que leur exploitation sexuelle. En conséquence, la crise menace les droits de la femme à des conditions de vie décentes et à un futur assuré.

Mme Kay a noté que de nombreux pays de la région ont formulé des politiques nationales et des plans d'actions nationaux pour les femmes. Elle a également précisé les défis majeurs auxquels les femmes de la région font face, incluant notamment l'impact de la mondialisation sur les femmes, la protection sociale et la sécurité, la faiblesse de leur accès à la science et à la technologie.

Mme Kay a indiqué que toutes ces questions, ainsi que l'évaluation de l'application du Plan d'action régional de Djakarta pour la promotion de la femme en Asie et dans le Pacifique et du Programme d'action de Beijing, seront étudiées lors d'une réunion intergouvernementale initiée par la CESAP du 26 au 29 octobre 1999.

- 15 - FEM/1052 1 mars 1999

Documentation

SUIVI DE LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES : QUESTIONS ET TENDANCES NOUVELLES ET APPROCHES NOVATRICES DES PROBLEMES QUI ONT DES REPERCUSSIONS NEGATIVES SUR LA CONDITION DE LA FEMME OU SUR L'EGALITE ENTRE LES SEXES

Rapport du Secrétaire général sur les femmes et le vieillissement : problèmes, perceptions et politiques (E/CN.6/1999/3)

Le rapport indique que la féminisation des groupes de personnes âgées est un phénomène mondial. Dans presque tous les pays, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Mais bien que majoritaire au sein de la population du troisième âge, les femmes ne sont pas traitées sur un pied d'égalité avec les hommes. Elles pâtissent toujours d'un accès inégal à la richesse, à la propriété et aux ressources. Ces inégalités reposent souvent sur des dispositifs juridiques et politiques. Les femmes âgées sont également victimes des effets de la mauvaise nutrition, de l'inadéquation des soins de santé et des systèmes de protection ainsi que des dangers environnementaux. Fort peu d'études ont été consacrées jusqu'ici aux femmes et à la gérontologie, constate le Secrétaire général. De façon générale, les études sur le vieillissement insistent sur la discrimination fondée sur l'âge pour ne prêter qu'une attention sporadique à celle liée au sexe. Il conviendrait par conséquent d'examiner et d'analyser de plus près les répercussions du vieillissement sur les inégalités entre les sexes.

Les inégalités liées à l'âge et à l'identité sexuelle vont de pair avec la pauvreté, ajoute le Secrétaire général. La pauvreté des femmes âgées n'est pas un hasard. Il s'agit d'un phénomène multidimensionnel dans la mesure où il trouve son origine dans les multiples inégalités dont les femmes sont victimes tout au long de leur existence. Il est toutefois rare que des études intégrées sur la pauvreté et le vieillissement tiennent systématiquement compte de l'appartenance sexuelle. Pour ce qui est de la santé et des soins aux personnes âgées, il apparaît que les femmes souffrent beaucoup plus que les hommes de maladies chroniques et d'incapacités en fin de vie. Elles sont souvent plus isolées au soir de leur vie.

Les femmes âgées contribuent à l'économie mondiale. Dans le secteur structuré, elles représentent 25% de la population âgée économiquement active. En dépit de la diversité des contextes à l'échelle mondiale, les femmes âgées continuent d'être économiquement actives. Le secteur non structuré absorbe également un grand nombre de femmes âgées. Nombre d'entres elles travaillent dans des exploitations agricoles familiales ou s'investissent de plus en plus au foyer. Avec la propagation de la pandémie du Sida, les grands-parents seraient ceux qui s'occupent le plus des "orphelins du sida". Bien que la contribution des femmes âgées demeure importante, nombre d'entre elles, notamment celles qui sont pauvres et défavorisées, restent ignorées des décideurs des pays développés et des pays en développement.

- 16 - FEM/1052 1 mars 1999

Pour combler le déficit informationnel, améliorer la condition de vie des femmes âgées, leur état de santé et combattre les stéréotypes les concernant, le Secrétaire général recommande notamment aux gouvernements, aux organisations intergouvernementales et non gouvernementales, y compris les institutions de recherche de : promouvoir la recherche sur l'interaction entre pauvreté, vieillissement et identité sexuelle ; intégrer l'analyse sur la situation des femmes âgées à la recherche et aux études portant sur tous les aspects de la condition de la femme ; modifier les textes législatifs discriminatoires à l'encontre des femmes, dans les domaines de la propriété et des droits de succession ; élaborer et mettre en oeuvre des politiques visant à assurer un revenu minimum et des filets de protection sociale aux personnes âgés ; fournir aux femmes âgées atteintes de maladies chroniques des services d'aide à domicile ; élargir les paramètres de la recherche médicale pour tenir compte de l'hétérogénéité des femmes âgées ; encourager les femmes âgées à mettre sur pied leur propre réseaux et groupes d'appui ; appuyer leur participation aux activités éducatives ; oeuvrer pour combattre par l'école, la famille, le milieu du travail, les médias et la publicité, les idées fausses et les stéréotypes péjoratifs sur le vieillissement ; promouvoir des services local d'aide sociale pour leur permettre de trouver des nouveaux modes de participation à la vie communautaire et internationale.

Ordre du jour et organisation des travaux

L'ordre du jour provisoire et le calendrier des travaux de la Commission est contenu dans le document E/CN.6/1999/1.

La Commission est également saisie d'une lettre datée du 9 février 1999, adressée à la Présidente de la Commission de la condition de la femme par le Président du Conseil économique et social (E/CN.6/1999/8) relative au renforcement du rôle de mécanisme de coordination et de supervision de ses commissions techniques par l'ECOSOC.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.