LE CONSEIL DECIDE DE PROROGER LE MANDAT DE LA MINURCA EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE JUSQU'AU 15 NOVEMBRE 1999 AU PLUS TARD
Communiqué de Presse
CS/1031
LE CONSEIL DECIDE DE PROROGER LE MANDAT DE LA MINURCA EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE JUSQU'AU 15 NOVEMBRE 1999 AU PLUS TARD
19990226 Il appelle les partis à prendre les mesures nécessaires pour sortir de l'impasse politique et demande instamment au Gouvernement d'honorer ses engagementsLe Conseil de sécurité a adopté ce matin à l'unanimité la résolution 1230 (1999) par laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA) jusqu'au 15 novembre 1999. Le Conseil exprime son intention de commencer la réduction du personnel de la MINURCA 15 jours après l'achèvement des élections présidentielles en République centrafricaine, la Mission devant prendre définitivement fin le 15 novembre 1999 au plus tard. Il décide aussi de revoir tous les 45 jours le mandat de la MINURCA, à la lumière des progrès constatés dans la mise en oeuvre des engagements pris par le Président de la République. Le Conseil exhorte le Gouvernement à continuer de prendre des mesures concrètes pour mettre en oeuvre les réformes politiques, économiques, sociales et en matière de sécurité. Il appelle tous les partis en République centrafricaine à prendre les mesures nécessaires pour sortir de l'impasse politique actuelle. Il appelle le Gouvernement à mettre en place dès que possible la nouvelle commission électorale afin d'organiser les élections présidentielles et à fixer un calendrier pour la tenue de ces élections.
Le Conseil autorise la MINURCA à exercer un rôle de soutien dans la conduite des élections présidentielles et à superviser la destruction des armes et des munitions confisquées sous son contrôle. Il demande instamment au Gouvernement d'honorer ses engagements, en particulier d'accélérer le processus législatif concernant la défense nationale et la structure des forces de défense; de continuer à exécuter le programme de démobilisation et de réinsertion; et d'établir un échéancier pour le programme de restructuration des forces armées. Il demande, en outre, au Gouvernement de se tenir à l'écart de tout conflit extérieur. Le Conseil prie le Secrétaire général de présenter d'ici au 31 mai 1999 des recommandations concernant une éventuelle présence de l'ONU en République centrafricaine après le 15 novembre 1999.
Les membres suivants du Conseil ont expliqué leur vote : France, Gambie, Pays-Bas, Chine, Etats-Unis, et Canada. Le représentant de la République centrafricaine a fait une déclaration.
(à suivre - 1a)
- 1a - CS/1031 26 février 1999
A la suite des violences ayant éclaté dans certains quartiers de Bangui après les élections législatives de novembre et de décembre derniers, le Secrétaire général avait recommandé dans son quatrième rapport la prorogation du mandat de la MINURCA jusqu'à la tenue des prochaines élections présidentielles qui doivent avoir lieu au deuxième semestre 1999. Ce rapport a été présenté dans notre communiqué du 18 février dernier.
Le Conseil était également saisi du troisième rapport établi par le Secrétaire général sur la MINURCA et de son additif.
Texte du projet de résolution (S/1999/122)
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant ses résolutions 1125 (1997) du 6 août 1997, 1136 (1997) du 6 novembre 1997, 1152 (1998) du 5 février 1998, 1155 (1998) du 16 mars 1998, 1159 (1998) du 27 mars 1998, 1182 (1998) du 14 juillet 1998 et 1201 (1998) du 15 octobre 1998,
Se félicitant de la tenue d'élections législatives libres et régulières les 22 novembre et 13 décembre 1998,
Accueillant favorablement le rapport du Secrétaire général en date du 18 décembre 1998 (S/1998/1203) et son additif en date du 14 janvier 1999 (S/1998/1203/Add.1), ainsi que le rapport en date du 29 janvier 1999 (S/1999/98), et prenant note des recommandations qu'ils contiennent,
Prenant note de la demande adressée au Secrétaire général par le Président de la République centrafricaine, en date du 8 décembre 1998 (S/1999/116, annexe), et de la lettre que le Président de la République centrafricaine a adressée au Secrétaire général le 23 janvier 1999 (S/1999/98, annexe),
Rappelant l'importance des travaux du Comité mixte réunissant le Gouvernement et la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA) pour traiter de la question de la restructuration des Forces armées centrafricaines (FACA), et soulignant la nécessité d'adopter rapidement les projets de loi et de décret sur la défense nationale et la structure des forces de défense,
Réaffirmant le lien entre les progrès socioéconomiques et la consolidation de la paix en République centrafricaine et, dans ce contexte, prenant note de la lettre du Président de la Banque mondiale au Secrétaire général, en date du 23 décembre 1998 (S/1999/121, annexe),
Rappelant l'importance de la stabilité régionale et de la nécessité de consolider les résultats obtenus jusqu'ici, et en particulier d'aider le peuple centrafricain à affermir le processus de réconciliation nationale en prenant en compte le besoin de maintenir un climat de sécurité et de stabilité propice au redressement de la situation économique et au déroulement d'élections présidentielles libres et régulières,
Soulignant l'importance de la coopération et de l'entente entre le Gouvernement de la République centrafricaine, les législateurs nouvellement élus et les groupes politiques pour permettre le fonctionnement efficace de l'Assemblée nationale,
( suivre)
- 3 - CS/1031 26 fvrier 1999
Soulignant la nécessité pour le Gouvernement de la République centrafricaine de fixer les dates des élections présidentielles dès que possible, conformément à l'article 23 de la Constitution de la République centrafricaine,
1. Décide de proroger le mandat de la MINURCA jusqu'au 15 novembre 1999;
2. Exprime son intention de commencer la réduction du personnel de la MINURCA 15 jours après l'achèvement des élections présidentielles en République centrafricaine, la Mission devant prendre définitivement fin le 15 novembre 1999 au plus tard;
3. Décide aussi de revoir tous les 45 jours, sur la base des rapports du Secrétaire général, le mandat de la MINURCA, à la lumière des progrès constatés dans la mise en oeuvre des engagements pris par le Président de la République centrafricaine dans sa lettre au Secrétaire général en date du 23 janvier 1999;
4. Accueille favorablement l'intention du Secrétaire général de s'entretenir avec le Président de la République centrafricaine des dispositions à prendre en vue d'une éventuelle réduction progressive de la composante militaire de la MINURCA en prévision de l'achèvement de la Mission prévu pour le 15 novembre 1999, proportionnée aux progrès accomplis dans la restructuration des FACA et en prenant en compte notamment le besoin d'assurer la stabilité et la sécurité à Bangui;
5. Demande instamment à la communauté internationale d'apporter son appui à la restructuration des forces de sécurité de la République centrafricaine, notamment la Gendarmerie, grâce à des programmes d'assistance bilatérale et multilatérale, et réaffirme que le rôle de la MINURCA est d'apporter des conseils concernant la restructuration des forces de sécurité de la République centrafricaine et, dans ce contexte, de coordonner et de canaliser l'appui international apporté à cette fin;
6. Réaffirme avec force que la mise en oeuvre intégrale des Accords de Bangui et du Pacte de réconciliation nationale est essentielle à la paix et à la réconciliation nationale en République centrafricaine, et exhorte le Gouvernement de la République centrafricaine à continuer de prendre des mesures concrètes pour mettre en oeuvre les réformes d'ordre politique, économique, social et en matière de sécurité mentionnées dans le rapport du Secrétaire général en date du 23 février 1998 (S/1998/148), et d'honorer les engagements énoncés dans la lettre du 8 janvier 1998 adressée au Secrétaire général par le Président de la République centrafricaine (S/1998/61, annexe) et dans la lettre du 23 janvier 1999 adressée au Secrétaire général par le Président de la République centrafricaine;
( suivre)
- 4 - CS/1031 26 fvrier 1999
7. Appelle tous les partis en République centrafricaine, avec l'aide du Représentant spécial du Secrétaire général, à prendre les mesures nécessaires pour sortir de l'impasse politique actuelle, afin de renforcer le processus de réconciliation nationale;
8. Appelle aussi le Gouvernement de la République centrafricaine à mettre en place dès que possible la nouvelle commission électorale afin d'organiser les élections présidentielles et à fixer un calendrier pour la tenue de ces élections et à le respecter;
9. Autorise la MINURCA à exercer un rôle de soutien dans la conduite des élections présidentielles, en conformité avec les tâches déjà effectuées durant les élections législatives du 22 novembre et du 13 décembre 1998, reconnaissant la responsabilité majeure que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) aura dans la coordination de l'assistance électorale;
10. Autorise également la MINURCA à superviser la destruction des armes et des munitions confisquées sous son contrôle, comme l'a recommandé le Secrétaire général au paragraphe 29 de son troisième rapport sur la MINURCA en date du 18 décembre 1998;
11. Encourage les FACA à jouer, en plus grand nombre, un rôle de soutien accru à l'organisation des élections présidentielles, notamment en se déployant dans les sites électoraux pour appuyer le personnel de la MINURCA dans le maintien de la sécurité et la fourniture d'une aide logistique, et prend note dans ce contexte exceptionnel que les éléments concernés des FACA qui appuieraient ainsi la MINURCA opéreraient dans cette période de temps conformément aux règles d'engagement des Nations Unies;
12. Se félicite des engagement pris par le Président de la République centrafricaine dans sa lettre au Secrétaire général en date du 23 janvier 1999, et demande instamment au Gouvernement de la République centrafricaine d'honorer ces engagements, en particulier :
a) D'accélérer le processus législatif concernant la défense nationale et la structure des forces de défense en vue d'adopter pour le 1er avril 1999 au plus tard les projets de loi et de décret préparés par le Comité mixte réunissant le Gouvernement de la République centrafricaine et la MINURCA;
b) De prendre des mesures pour limiter la mission de la Force spéciale de défense des institutions républicaines (FORSDIR) à la protection des institutions républicaines et des hautes autorités de l'Etat, à l'exclusion de toute tâche de police et de maintien de l'ordre;
c) De continuer à exécuter avec l'appui de la MINURCA le programme de démobilisation et de réinsertion financé par le PNUD;
( suivre)
- 5 - CS/1031 26 fvrier 1999
d) D'établir d'ici au 1er avril 1999, conformément au calendrier établi par le Comité mixte réunissant le Gouvernement de la République centrafricaine et la MINURCA, un échéancier fixant les principaux éléments du programme de restructuration des FACA, notamment la nécessité de mettre en place un recrutement multiethnique et géographiquement équilibré, l'amélioration des conditions de travail, y compris le paiement des salaires et des arriérés, la fourniture d'une infrastructure, d'équipements et de matériel de soutien adéquats et le redéploiement de certaines unités restructurées en dehors de Bangui;
13. Demande aussi instamment au Gouvernement de la République centrafricaine de se conformer aux prescriptions des programmes de réforme économique et de consolidation financière convenus avec les institutions financières internationales;
14. Demande au Gouvernement de la République centrafricaine de se tenir à l'écart de tout conflit extérieur, conformément à l'engagement énoncé dans la lettre du 23 janvier 1999 adressée au Secrétaire général par le Président de la République centrafricaine;
15. Demande instamment aux Etats Membres de contribuer matériellement et financièrement au programme de restructuration des FACA pour en faciliter la mise en oeuvre rapide et exprime sa gratitude à ceux qui y ont déjà contribué;
16. Souligne que le redressement économique et la reconstruction sont des tâches essentielles pour le Gouvernement et le peuple centrafricains et qu'une assistance internationale importante est indispensable au développement durable de la République centrafricaine, insiste sur l'engagement de la communauté internationale en faveur d'un programme à long terme d'aide à la République centrafricaine et demande en outre instamment au Conseil économique et social, au PNUD, au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale et aux institutions financières régionales compétentes de contribuer à l'élaboration d'un tel programme;
17. Prie le Secrétaire général d'étudier, conformément à la déclaration de son Président en date du 29 décembre 1998 (S/PRST/1998/38), le rôle que l'Organisation des Nations Unies pourrait jouer dans la transition du maintien de la paix à la consolidation de la paix après le conflit en République centrafricaine, et le prie en outre de présenter à cet effet, d'ici au 31 mai 1999, en consultation avec le Gouvernement de la République centrafricaine, des recommandations concernant une éventuelle présence de l'ONU en République centrafricaine après le 15 novembre 1999, date d'achèvement de la MINURCA;
( suivre)
- 6 - CS/1031 26 fvrier 1999
18. Prie le Secrétaire général de présenter d'ici au 15 avril 1999, puis tous les 45 jours, un rapport sur l'exécution du mandat de la MINURCA, sur l'évolution de la situation en République centrafricaine et en particulier le processus électoral, sur les progrès accomplis dans l'exécution des engagements énoncés dans les lettres datées du 8 janvier 1998 et du 23 janvier 1999, adressées au Secrétaire général par le Président de la République centrafricaine, sur l'application des Accords de Bangui et du Pacte de réconciliation nationale, y compris les engagements relatifs au redressement économique du pays, à la restructuration des forces de sécurité et au fonctionnement de la FORSDIR;
19. Salue les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général et le personnel de la MINURCA en faveur de la promotion de la paix et de la réconciliation nationale en République centrafricaine;
20. Rappelle que les Etats Membres devraient d'urgence verser des contributions volontaires au Fonds d'affectation spéciale créé par le Secrétaire général pour financer les activités de la MINURCA;
21. Décide de rester activement saisi de la question.
Troisième rapport établi par le Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA) (S/1998/1203 et Add.1)
Dans ce rapport, en date du 18 décembre 1998, le Secrétaire général souligne que la présence de la MINURCA a eu un effet bénéfique sur la sécurité, et qu'elle a permis au peuple centrafricain de surmonter la grave crise dans laquelle se trouvait le pays. L'adoption du Pacte de réconciliation nationale a donné un élan considérable au processus de réconciliation nationale amorcé avec l'adoption des Accords de Bangui en janvier 1997. Dans une déclaration faite au 20ème Sommet franco-africain à Paris, les 27 et 28 novembre 1998, le Président Patassé a remercié le Conseil de sécurité de la création de la MINURCA, et il a souligné que la consolidation de la paix dans son pays passait par le maintien de le présence de la Mission des Nations Unies jusqu'aux élections présidentielles de 1999. Compte tenu des appels vigoureux lancés par le Gouvernement de la République centrafricaine et divers partis politiques de ce pays, le Secrétaire général invite, dans ce rapport, le Conseil de sécurité à envisager de proroger le mandat de la MINURCA selon la structure et les effectifs globaux actuels, y compris ses éléments politique, militaire et de police civile.
En ce qui concerne les élections législatives, la campagne, après son lancement le 7 novembre 1998 par le Président Patassé, s'est déroulée sans grands incidents, le Gouvernement et les autres parties concernées ayant régulièrement eu recours aux bons offices de la MINURCA et du Représentant spécial pour le règlement des différends.
( suivre)
- 7 - CS/1031 26 fvrier 1999
Compte tenu des engagements pris par le Président Patassé, dans sa lettre du 8 janvier 1998 (S/1998/61, annexe), pour appliquer les Accords de Bangui et entreprendre des réformes politiques, le Secrétaire général indique qu'il a recommandé au Conseil de sécurité la mise en place d'une nouvelle opération de la paix afin que le processus de paix dans le pays puisse continuer de progresser dans un environnement de sécurité. Cependant, au vu des résultats des élections législatives, qui donnent à penser que le pays demeure profondément divisé selon des fractures ethniques et régionales, il recommande un suivi attentif de la période post-électorale.
Dans l'additif au rapport, le Secrétaire général stipule qu'il a obtenu l'assentiment du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires pour l'utilisation d'un montant de 18,1 millions de dollars aux fins du fonctionnement de la Mission du 1er décembre 1998 au 26 février 1999 et de l'appui aux élections législatives. Le montant total des crédits ouverts par l'Assemblée générale et le Comité consultatif pour la MINURCA depuis sa création s'élèverait donc, à la publication de ce rapport, à 65,8 millions de dollars. Le coût de la prorogation du mandat de la MINURCA dans ses structures actuelles au delà du 26 février 1999 est lui, actuellement estimé à 62,1 millions de dollars. Ce montant est basé sur le calendrier de déroulement des élections présidentielles en République centrafricaine, prévues au cours du deuxième semestre de 1999, le processus électoral devant être terminé à la fin d'octobre et la Mission prenant fin 60 jours plus tard.
Explications de vote
M. ALAIN DEJAMMET (France) a estimé que le projet de résolution portant sur la prorogation du mandat de la MINURCA marque une étape importante dans la poursuite du processus de paix et de réconciliation nationale entamé en janvier 1997 avec la conclusion des Accords de Bangui. Les résultats obtenus depuis le début de son mandat sont importants. Les acquis de la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui ont été préservés et la République centrafricaine est restée "un îlot de relative stabilité dans une région déchirée par la guerre". Le représentant a également évoqué la bonne tenue des élections législatives les 22 novembre et 13 décembre 1998, la formation à l'issue de ces élections d'une première unité restructurée des Forces armées centrafricaines et la poursuite du programme de démobilisation.
Ces progrès encourageants ne doivent pas néanmoins occulter les difficultés sérieuses qui demeurent. Ce serait une grave erreur pour les autorités et les responsables politiques centrafricaines de croire que la seule présence de la MINURCA permettra de résoudre tous les problèmes que connaît le pays. En effet, a expliqué le représentant, la présence de la Mission est limitée dans le temps et la responsabilité de la réconciliation nationale incombe en premier lieu au Centrafricains. L'accomplissement des engagements pris par le Président de la République centrafricaine est essentiel et conditionne la présence continue de la MINURCA. Les progrès constatés dans le mise en oeuvre de ces engagements seront d'ailleurs revus tous les 54 jours, a rappelé le représentant.
( suivre)
- 8 - CS/1031 26 fvrier 1999
M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE (Gambie) a estimé que sans la présence de la MINURCA, les progrès réalisés n'auraient pas été possible. Avec un optimisme mesuré, nous pouvons dire qu'avec la poursuite de l'aide de la communauté internationale, les problèmes de la République centrafricaine pourraient trouver des solutions satisfaisantes. Il a ajouté que dans ce contexte, le maintien de la coopération de toutes les parties est absolument nécessaire. Compte tenue du fait que la situation est toujours instable, et qu'elle est exacerbée par le conflit voisin en République démocratique du Congo, et à la lumière des problèmes soulevés par le Secrétaire général dans son rapport, nous estimons qu'il serait prématuré de mettre un terme au mandat de la MINURCA. Nous accueillons favorablement les recommandations du Secrétaire général visant à proroger le mandat de la MINURCA jusqu'au 15 novembre 1999 tout en gardant à l'esprit qu'une telle prorogation est conditionnée par certains éléments.
M. ADRIAAN KOOIJMANS (Pays-Bas) a indiqué qu'il voterait pour le projet de résolution, en raison de la contribution positive de la MINURCA au processus politique en République centrafricaine. Les Pays-Bas se félicitent de ce que le projet de résolution intègre des aspects essentiel de la construction de la paix et de la reconstruction, comme par exemple un processus électoral transparent, la restructuration des forces armées et les réformes économiques. Il est toutefois indispensable que le Gouvernement continue d'oeuvrer en collaboration étroite avec le Conseil économique et social, le Programme des Nations Unies pour le développement et les institutions de Bretton Woods. Les Pays-Bas espèrent que les leçons importantes tirées de cette expérience pourront être mises en oeuvre ailleurs.
M. CHEN XU (Chine) s'est déclaré favorable à la prorogation du mandat de la MINURCA. La République centrafricaine a conservé une stabilité relative grâce à la coopération du Gouvernement, du peuple centrafricain et de la MINURCA alors que s'embrasaient des foyers de tension en Afrique. Cela montre que le Conseil de sécurité peut véritablement faire un travail concret. L'Accord de Bangui et le Pacte de réconciliation nationale sont à la base de la stabilité dans le pays et les diverses parties devraient s'engager à les appliquer. Nous estimons par ailleurs que certaines réformes engagées comme la restructuration des forces armées font partie des affaires intérieures du pays et le Conseil ne devrait pas s'y ingérer. Nous espérons que le Représentant spécial du Secrétaire général, lors de ses consultations, fera tout pour élucider les voeux du Gouvernement centrafricain. Le représentant a insisté sur l'importance du paragraphe 16 de la résolution et a appelé la communauté internationale à apporter une aide économique et sociale pour le relèvement du pays.
M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a indiqué qu'il se joignait au consensus en faveur de la prorogation du mandat de la MINURCA, en raison de la détérioration de la sécurité régionale en Afrique centrale. Les Etats-Unis sont toutefois gravement préoccupés par le rythme actuel des réformes en RCA et souhaitent la nécessité que les programmes coordonnés par le Gouvernement s'attachent à améliorer la situation politique, économique, sociale et militaire dans le pays.
( suivre)
- 9 - CS/1031 26 fvrier 1999
Le représentant a également insisté sur l'importance de ne pas relâcher les efforts en Afrique alors que les conflits se multiplient sur ce continent, et de renforcer la démocratie en Afrique centrale.
C'est pour cette raison que les Etats-Unis ont accepté une nouvelle prorogation de la MINURCA jusqu'au 15 novembre. Le représentant a demandé que cette opération soit brève et soit utilisée par le Gouvernement comme une opportunité de mettre en oeuvre les réformes visant à la stabilisation à long terme. Cette tâche doit être réalisée par le Gouvernement et non par les forces de paix de la MINURCA a-t-il souligné. Les Etats-Unis tiennent le Président Patassé et son Gouvernement pour responsables de la mise en oeuvre des réformes prévues de longue date et de la réalisation des objectifs spécifiques mentionnés dans la résolution. Si le Gouvernement ne met pas en oeuvre ses engagements, les Etats-Unis, en consultation avec les autres membres du Conseil de sécurité, chercheront à réexaminer les avantages du bien-fondé du maintien d'une mission de paix en République centrafricaine jusqu'à la mi-novembre.
La résolution souligne clairement que la MINURCA prendra fin le 15 novembre 1999. Le Conseil et le Secrétariat de l'ONU doivent commencer à étudier les moyens d'assurer la transition sans heurts du maintien de la paix à une consolidation de la paix, a poursuivi M. Burleigh. Tout délai dans la planification de cette transition serait contre-productif et irait à l'encontre des intérêts des citoyens centrafricains. Il est vital que l'ONU prenne des mesures dès à présent pour formuler des programmes visant à la poursuite des réformes après le départ de la MINURCA. Les membres des "Amis de la République centrafricaine" et les fonctionnaires de l'ONU doivent étudier sans délai l'élaboration d'un mécanisme visant à assurer la poursuite de la restructuration économique, des réformes visant à la bonne gouvernance, de la démobilisation et de la restructuration militaire après le départ des forces de maintien de la paix.
M. ROBERT FOWLER (Canada) a déclaré que l'assistance de la MINURCA a été vitale dans la mesure où elle a assuré la stabilité nécessaire pour que la paix puisse s'instaurer fermement en République centrafricaine. Son rôle a également été crucial lors du déroulement sans entrave des élections législatives à la fin de l'année dernière. Toutefois, tous les objectifs n'ont pas encore été atteints et nombre de problèmes de sécurité et d'ordre économique ne sont toujours pas résolus. Les conflits des pays voisins pourraient, en outre, déborder en RCA et réduire à néant les progrès accomplis. Nombre de réformes économiques et financières convenues doivent encore être mis en oeuvre. Une autre étape vitale reste à franchir : la conduite des élections présidentielles. Le projet de résolution traduit ces réalités et fait suite aux recommandations du Secrétaire général. Le maintien de la présence de la MINURCA est essentiel au maintien de la paix et de stabilité en République centrafricaine. Le Canada entend y participer jusqu'à ce que ses objectifs fondamentaux soient atteints.
( suivre)
- 10 - CS/1031 26 fvrier 1999
Le Canada est cependant fermement convaincu que la responsabilité du maintien de la paix, de la relance économique et de la conduite d'élections libres et équitables incombe en premier lieu au Gouvernement, aux dirigeants politiques et au peuple centrafricains. Il exhorte donc la mouvance présidentielle et les partis d'opposition à coopérer étroitement afin que reprenne le type de dialogue politique constructif qui est indispensable au maintien de la stabilité en République centrafricaine.
Le Canada attend du Président Patassé qu'il honore ses engagement de se conformer aux Accords de Bangui et au Pacte de réconciliation nationale, et traduise ces promesses en mesures concrètes. Le succès, le mandat futur et le maintien de la présence de la MINURCA sont étroitement liés au respect de ces engagements, a-t-il conclu.
Déclaration
M. ANTONIO DEINDE FERNANDEZ (République centrafricaine) a déclaré que dans une démocratie, il est important pour le gouvernement et l'opposition de coopérer dans l'intérêt de l'Etat. Ceci doit être encouragé par le Conseil de sécurité. Il nous faut néanmoins être prudent et ne pas donner l'impression de microgérer le gouvernement en distribuant les postes ministériel ou parlementaire. Hier, a-t-il ajouté, la Cour constitutionnelle a statué sur le droit qu'ont les membres de l'opposition de passer dans la majorité présidentielle. Ainsi, la majorité remportée par le Parti du Président est maintenant un fait officiel. Le Groupe des Institutions de Bretton Woods a indiqué son accord au Gouvernement pour ce qui est du rétablissement de sa coopération économique. La première vice-présidence de l'Assemblée nationale a été proposée à l'opposition, a ajouté le représentant qui a par ailleurs assuré le Conseil de sécurité de la détermination de son Gouvernement à respecter les obligations découlant des Accords de Bangui et les engagements pris par son Président.
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