LE CONSEIL SOUSCRIT A LA LIQUIDATION DE LA MISSION DE L'ONU EN ANGOLA ET SE DECLARE PRET A RENFORCER LES SANCTIONS IMPOSEES A L'UNITA
Communiqué de Presse
CS/1030
LE CONSEIL SOUSCRIT A LA LIQUIDATION DE LA MISSION DE L'ONU EN ANGOLA ET SE DECLARE PRET A RENFORCER LES SANCTIONS IMPOSEES A L'UNITA
19990226 Examinant la situation en Angola, le Conseil de sécurité a adopté ce matin à l'unanimité la résolution 1229 (1999) aux termes de laquelle il déplore vivement que la situation actuelle du pays sur le plan politique et sur celui de la sécurité ait empêché la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) de s'acquitter pleinement de son mandat, qui est arrivé à expiration le 26 février. En conséquence, le Conseil souscrit aux recommandations du Secrétaire général de procéder au retrait progressif et à la liquidation de la MONUA et des missions qui l'ont précédée dont la présence combinée couvre une période de près de dix ans. La tâche de liquidation dont l'achèvement devrait prendre plus de six mois exigerait la présence en Angola de spécialistes administratifs, logistiques et médicaux ainsi que le maintien pendant deux ou trois mois d'officiers d'état-major et de policiers afin de fournir une assistance au processus. Le reste du personnel serait rapatrié avant la fin du mois de mars 1999.Le Conseil affirme que l'Accord sur le statut des forces applicable à la Mission demeurera en vigueur jusqu'à ce que les derniers éléments de la Mission aient quitté le pays. Il prie le Secrétaire général de désigner un chargé de liaison avec le Gouvernement angolais en attendant la conclusion des consultations menées avec le Gouvernement au sujet de la configuration qu'aura la présence de l'ONU en Angola. Réaffirmant que la situation actuelle en Angola tient essentiellement à ce que l'UNITA a failli aux obligations que lui imposent le Protocole de Lusaka, le Conseil se déclare prêt à renforcer les sanctions imposées à l'UNITA concernant notamment l'embargo sur les armes, les déplacements de ses membres, le gel des avoirs financiers et la vente de diamants.
Le Ministre des affaires étrangères de la Zambie et le Vice-Ministre de l'Administration territoriale de l'Angola ont pris la parole devant le Conseil.
Aux fins de l'examen de cette question, le Conseil était saisi du rapport du Secrétaire général concernant ses consultations avec le Gouvernement angolais sur le maintien d'une présence multidisciplinaire des Nations Unies en Angola et sur la situation politique et militaire depuis le 17 janvier 1999.
Texte du projet de résolution (S/1999/203)
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant sa résolution 696 (1991) du 30 mai 1991 et toutes ses résolutions ultérieures pertinentes, en particulier les résolutions 864 (1993) du 15 septembre 1993, 1127 (1997) du 28 août 1997 et 1173 (1998) du 12 juin 1998, ainsi que les résolutions 1219 (1998) du 31 décembre 1998 et 1221 (1999) du 12 janvier 1999,
Rappelant les déclarations de son président en date des 23 décembre 1998 (S/PRST/1998/37) et 21 janvier 1999 (S/PRST/1999/3),
Se déclarant à nouveau résolu à préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Angola,
Réaffirmant que la situation actuelle en Angola tient essentiellement à ce que l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA), sous la direction de M. Jonas Savimbi, a failli aux obligations que lui imposent les "Acordos de Paz" (S/22609, annexe), le Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe) et ses propres résolutions pertinentes,
Se déclarant préoccupé par les incidences humanitaires de la situation sur la population civile angolaise,
Réaffirmant qu'une paix durable et la réconciliation nationale ne peuvent être assurées que par des moyens pacifiques, et mettant à nouveau l'accent sur l'importance que les "Acordos de Paz", le Protocole de Lusaka et ses propres résolutions pertinentes revêtent à cet égard,
Soulignant la contribution que l'Organisation des Nations Unies a apportée au maintien d'une paix relative en Angola ces quatre dernières années et déplorant vivement que la situation actuelle du pays sur le plan politique et sur celui de la sécurité ait empêché la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) de s'acquitter pleinement de son mandat,
Prenant note de la lettre datée du 11 février 1999, adressée au Secrétaire général par le Président de la République d'Angola (S/1999/166),
Réaffirmant que la présence de l'Organisation des Nations Unies en Angola peut encore contribuer pour beaucoup à la réconciliation nationale, et notant que les consultations avec le Gouvernement angolais se poursuivent en vue d'obtenir son accord touchant les dispositions concrètes à prendre à cet effet,
Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 24 février 1999 (S/1999/202),
1. Note que le mandat de la MONUA vient à expiration le 26 février 1999;
( suivre)
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2. Souscrit aux recommandations formulées aux paragraphes 32 et 33 du rapport du Secrétaire général en date du 24 février 1999 concernant la liquidation technique de la MONUA;
3. Affirme que nonobstant l'expiration du mandat de la MONUA, l'Accord sur le statut des forces applicable à la Mission demeurera en vigueur, conformément à ses dispositions pertinentes, jusqu'à ce que les derniers éléments de la Mission aient quitté l'Angola;
4. Décide que la composante droits de l'homme de la MONUA poursuivra ses activités au cours de la période de liquidation;
5. Prie le Secrétaire général de désigner un chargé de liaison avec le Gouvernement angolais en attendant la conclusion des consultations menées avec le Gouvernement au sujet de la configuration qu'aura la présence de l'Organisation des Nations Unies en Angola;
6. Demande à tous les intéressés de coopérer aux activités d'assistance humanitaire que l'Organisation des Nations Unies mène sur tout le territoire angolais, sur la base des principes de neutralité et de non-discrimination, ainsi que de garantir la sécurité et la liberté de circulation du personnel humanitaire;
7. Constate avec une profonde préoccupation qu'il n'a pas été fait de progrès dans l'enquête sur les deux avions affrétés par l'Organisation des Nations Unies qui ont été abattus et sur la perte dans des circonstances suspectes d'autres appareils affrétés à des fins commerciales qui survolaient le territoire tenu par l'UNITA, et demande à nouveau à tous les intéressés, en particulier à l'UNITA, de coopérer pleinement à une enquête internationale immédiate et objective sur ces incidents et d'en faciliter la réalisation;
8. Souscrit aux recommandations formulées dans le rapport du Comité créé par la résolution 864 (1993) en date du 12 février 1999 (S/1999/147), se déclare à nouveau prêt à renforcer les mesures contre l'UNITA prévues dans les résolutions 864 (1993), 1127 (1997) et 1173 (1998) et demande à tous les Etats Membres d'appliquer pleinement ces mesures;
9. Décide de demeurer activement saisi de la question.
( suivre)
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Rapport du Secrétaire général sur la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) (S/1999/202)
Dans ce rapport le Secrétaire général fait le point sur les consultations avec le Gouvernement angolais concernant le maintien d'une présence multidisciplinaire des Nations Unies en Angola. Le rapport porte sur l'évolution de la situation entre le 17 janvier 1999, date du dernier rapport du Secrétaire général (S/1999/49) et le 23 février 1999. Aux termes du rapport, les combats continuent à faire rage dans plusieurs région de l'Angola, et une animosité ainsi qu'une méfiance profondes persistent entre le Gouvernement angolais et l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) dirigée par M. Jonas Savimbi. Le 27 janvier, l'Assemblée nationale angolaise a adopté plusieurs résolutions, dont une dans laquelle elle accusait la communauté internationale d'adopter une attitude de laisser- faire et de parti pris, qui favorisent le réarmement et les préparatifs de guerre de M. Savimbi. L'Assemblée a également réaffirmé la nécessité de mettre fin au mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA), et a déclaré dans une autre résolution que M. Savimbi était un criminel de guerre et un terroriste international devant être arrêté et poursuivi en justice. Ces résolutions ont été adoptées à l'unanimité, les députés de l'UNITA présents ayant voté en leur faveur. Concernant le processus politique, les élections présidentielles requises aux termes du Protocole de Lusaka seront annulées, après concertation entre le Gouvernement angolais et l'UNITA-Renovada, créée à Luanda en septembre 1998. Toutefois, l'UNITA-Renovada a tenu son congrès dans cette ville, du 11 au 14 janvier 1999 et a élu son nouveau président, M. Manuvakola. Le Congrès a réaffirmé son attachement au Protocole de Lusaka et déclaré l'intention de UNITA-Renovada de contribuer à l'application de toutes ses dispositions, et M. Manuvakola a demandé à l'ONU de reformuler sa politique concernant l'Angola.
Le 3 février, le Comité permanent de l'UNITA a publié de Bailundo une déclaration selon laquelle il n'était pas du tout d'accord avec l'évaluation des trois Etats observateurs (Etats-Unis, Fédération de Russie, Portugal) concernant la situation actuelle en Angola. L'UNITA a rejeté la faute du conflit actuel sur le Gouvernement angolais, et en particulier sur le Président Dos Santos qui aurait ouvertement déclaré la guerre à l'UNITA. Dans une lettre adressée le 18 février au Secrétaire général, M. Savimbi déclare que les dirigeants de l'UNITA souhaitent que la MONUA poursuive son mandat sous sa forme initiale et serve de témoin utile et facilite un rapprochement entre les parties. M. Savimbi ajoute aussi que le conflit actuel ne pourrait pas être réglé par les armes.
Concernant la sécurité du personnel des Nations Unies, une équipe d'enquête de l'ONU s'est rendue le 25 février 1999 sur les lieux de l'accident du vol 806A de l,ONU, qui s'est écrasé le 2 janvier 1999 à une trentaine de kilomètres de la ville de Huambo, contrôlée par l'UNITA. De nombreux impacts de balles ont été constatés sur la queue de l'avion, tombée sur une colline proche. Très peu de restes humains ont été retrouvés, la section de l'appareil abritant les passagers et l'équipage ayant été complètement détruite.
( suivre)
- 5 - CS/1030 26 fvrier 1999
En ce qui concerne la MONUA, son retrait progressif se poursuit et depuis le début de 1999, 325 observateurs militaires et de police civile ont été rapatriés. Le contingent namibien a été rapatrié le 22 février et la compagnie de transmission portugaise devrait quitter l'Angola avant la fin du mois de février 1999. Quant à la protection du matériel de l'ONU pendant la phase de liquidation commençant après l'expiration du mandat de la MONUA, on estime actuellement qu'il faudra environ 260 militaires pour fournir une protection fiable. Malgré l'adoption de la déclaration du Président du Conseil de sécurité adoptée le 21 janvier 1999 (S/1999/3) dans laquelle le Conseil se déclarait en faveur du maintien d'une présence multidisciplinaire de l'ONU en Angola, le Gouvernement angolais a fait savoir par une note verbale du 27 janvier, qu'à son avis, le maintien de cette force n'était plus nécessaire, et que l'ONU devait poursuivre ses activités par l'intermédiaire de ses institutions spécialisées, le PNUD en assurant la coordination. Le Président Dos Santos a par ailleurs souligné que son Gouvernement ne s'opposait pas à l'idée de désigner un représentant du Secrétaire général qui, depuis New York, se tiendrait en contact avec le Gouvernement angolais pour suivre l'évolution de la situation dans le pays.
Déclarations
M. HIGINO CARNEIRO, Vice-Ministre de l'Administration territoriale de l'Angola, a déclaré que la réunion du Conseil aurait pu être une excellente occasion pour les Angolais, les Nations Unies, l'Afrique et la communauté internationale en général, de célébrer la fin d'une Mission de paix. Malheureusement cela n'est pas possible en raison de la position du chef de l'UNITA qui s'est évertué à anéantir les espoirs de paix nés de la signature du Protocole de Lusaka en 1994. En trahissant les efforts de paix, le chef de l'UNITA a montré que personne ne peut compter sur lui pour résoudre le conflit étant donné que ses ambitions avouées demeurent incompatibles avec les objectifs de la communauté internationale. Le chef de l'UNITA entend bien poursuivre sa campagne pour s'emparer du pouvoir par les armes aussi longtemps qu'il continuera de bénéficier de l'appui de certains pays. Pour l'Angola, seuls un plus grand engagement de la part de la communauté internationale et la création d'un mécanisme plus efficace de contrôle des sanctions imposées à l'UNITA permettront de neutraliser militairement M. Savimbi. Il faut faire cause commune pour réaliser les objectifs communs et mettre fin à la guerre qui sévit dans le pays depuis 30 ans. Le Gouvernement angolais lance un appel aux pays voisins de l'Angola pour qu'ils rompent tout contact avec le chef de l'UNITA et qu'ils mettent fin à leur soutien. En ce qui concerne la Zambie, l'Angola est convaincu que les efforts engagés mèneront ce pays à faire preuve de plus de vigilance. L'Angola est également convaincu qu'à la suite du nouveau cadre de coopération entre l'Angola et les Nations Unies, des mesures plus strictes seront prises pour neutraliser M. Savimbi. L'Angola espère que des sanctions en matière de télécommunications seront imposées à l'UNITA dans un avenir proche. Après des consultations tenus à New York avec les membres de la communauté internationale, et les membres du Conseil de sécurité, en particulier, les propositions les plus adaptées à la situation seront présentées au Gouvernement central, a conclu le Vice-Ministre.
( suivre)
- 6 - CS/1030 26 fvrier 1999
M. S. K. WALUBITA, Ministre des affaires étrangères de la Zambie, a fait part des préoccupations de son Gouvernement quant aux allégations formulées par le Gouvernement angolais selon lesquelles la Zambie fournirait un appui militaire et logistique à l'UNITA. Il a rappelé qu'ayant accédé parmi les premiers à l'indépendance, la Zambie s'est toujours efforcée de fournir un sanctuaire à tous les mouvements de libération luttant pour l'indépendance de leur pays, aussi bien au MPLA qui gouverne aujourd'hui l'Angola qu'à l'UNITA. C'est dans cet esprit que la Zambie alliée à la communauté internationale s'est largement investie en faveur des négociations entre le MPLA et l'UNITA qui ont debouché sur la signature du Protocole de Lusaka. Le Ministre s'est déclaré surpris de la persistance des accusations formulées par l'Angola, alors qu'après enquête des Nations Unies, et notamment du Comité des sanctions, et de l'OUA, ces accusations ont été prouvées sans fondement. La Zambie a même invité le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à envoyer une nouvelle mission d'enquête.
M. Walubita a regretté que le processus de paix en Angola ait échoué du fait du refus de l'UNITA de satisfaire pleinement aux dispositions du Protocole de Lusaka. A cet égard, l'attitude de l'UNITA est inacceptable, a affirmé le Ministre, ajoutant que l'échec du processus de paix est d'autant plus lamentable que les deux tiers du Protocole ont d'ores et déjà été mis en oeuvre. De l'avis de la Zambie, en dépit des obstacles, le Protocole de Lusaka demeure le meilleur cadre d'un règlement pacifique du conflit angolais et l'abandonner équivaudrait à une véritable tragédie pour la communauté internationale. C'est pourquoi, alors que le Conseil de sécurité envisage de retirer la MONUA, aucun effort ne devrait être épargné pour éviter tout vide conduisant à une aggravation de la situation et de la stabilité de l'Afrique australe. Le Ministre a réaffirmé que son pays satisfaisait pleinement au régime des sanctions imposé à l'UNITA par le Conseil de sécurité.
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( suivre)