DSG/SM/41

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DE L'ONU, MME LOUISE FRECHETTE, AU SIEGE DES NATIONS UNIES A NEW YORK, LE 19 FEVRIER 1999

22 février 1999


Communiqué de Presse
DSG/SM/41


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DE L'ONU, MME LOUISE FRECHETTE, AU SIEGE DES NATIONS UNIES A NEW YORK, LE 19 FEVRIER 1999

19990222

Le porte-parole (interprétation de l'anglais) : Madame la Vice-Secrétaire générale a informé mercredi le Secrétaire général sur l'état d'avancement de la réforme de l'ONU et j'ai pensé qu'il serait intéressant que vous puissiez avoir les mêmes informations, ou l'essentiel de ces informations.

Vous avez reçu un document dont elle parlera également. Si vous ne l'avez pas, vous pouvez vous le procurer sur la table, à l'entrée. À la droite de la Vice-Secrétaire générale se trouve son assistante, Blanca Antonini.

La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l'anglais) : J'ai plaisanté lors du dîner des correspondants du Centre d'information des Nations Unies, en disant que ce que je faisais n'était pas très intéressant, comme je peux le voir à cette salle bondée. Quoi qu'il en soit, je pense qu'il y a un certain intérêt à présenter une vue générale du point où nous en sommes arrivés sur les propositions de réforme du Secrétaire général. Aujourd'hui, je vais simplement survoler avec vous les différentes dimensions du programme de réforme plutôt que de passer en revue dans le détail la suite des recommandations que nous avons présentées, comme vous savez, à l'Assemblée générale en automne dernier. Si vous êtes intéressés par un rapport détaillé — avec beaucoup d'informations factuelles, je suis sûre que Fred pourra vous donner les références de ce rapport.

Mes observations vont essentiellement porter aussi sur les éléments de la réforme qui concernent le Secrétariat et ceux qui sont placés sous l'autorité du Secrétaire général lui-même. Je traiterai de la réforme selon les cinq groupes de sujets que vous trouverez en première page du document, en commençant par le premier, qui concerne la direction stratégique et la cohésion à l'échelle du système. Vous verrez qu'il y est question tout d'abord du groupe de gestion des hauts fonctionnaires de l'Organisation des Nations Unies — qui englobe non seulement le Secrétariat mais aussi les fonds et programmes — qui se réunit une fois par semaine, ainsi que les différents comités exécutifs, qui regroupent les hauts fonctionnaires dans quatre secteurs d'activité principaux.

Il s'agit là je crois d'innovations qui sont beaucoup plus que simplement bureaucratiques. Elles ont sans doute fait davantage pour changer l'esprit et l'atmosphère de l'ONU que la presque totalité des initiatives prises par le Secrétaire général auparavant — car, pour la première fois en 50 ans, je crois, il y a des mécanismes simples et élémentaires qui permettent à tous de se sentir membres d'une même équipe. Et je pense qu'il vaut la peine de rappeler ces deux recommandations.

( suivre)

- 3 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

On a mentionné ici le rôle que je joue en tant que Vice-Secrétaire générale. Je n'en parlerai que brièvement. Je dirai simplement que la division du travail entre le Secrétaire général et moi-même est apparue très nettement et très rapidement. J'ai été frappée par le fait qu'il y a tout un vaste domaine d'activité qui incombe naturellement au Vice-Secrétaire général, et qui a beaucoup à faire avec la gestion interne, la coordination interne — en particulier dans le domaine des activités de l'ONU au niveau économique et social et du développement. Tandis que le Secrétaire général, lui, comme vous le voyez tous les jours, continue d'être le visage extérieur de l'ONU et s'occupe de toutes les questions de paix et de sécurité. Bien entendu, il continue d'avoir la pleine responsabilité de tout ce qui se passe à l'ONU. Les hauts fonctionnaires continuent, bien entendu, de lui présenter leurs rapports. Mais pour la partie pratique, au quotidien, je participe beaucoup à la gestion et à la coordination au quotidien de cette maison.

Un des éléments de changement présentés par le Secrétaire général a été bien sûr les changements structurels — la création du Département du désarmement, la simplification dans le domaine économique. Vous connaissez toutes ces choses. Je dirais que j'ai l'impression que ces changements ont fait leurs preuves. Bien sûr, lorsqu'on supprime des départements, qu'on les regroupe, qu'on les réorganise, il faut toujours quelques mois, évidemment, pour que les choses se mettent en place et qu'un nouvel équilibre s'établisse, mais je crois maintenant que tout cela est très clairement en place et que l'utilité de ces changements a été reconnue.

Je dirai encore un mot du CAC, le Comité administratif de coordination, présidé par le Secrétaire général, et qui regroupe les responsables de toutes les institutions spécialisées ainsi que des institutions de Bretton Woods, et bien entendu ceux de nos propres fonds et programmes. Ce Comité est beaucoup plus actif aujourd'hui qu'autrefois. Les directeurs des différentes entités onusiennes y participent à des discussions sur des questions de politique d'une importance fondamentale pour l'ensemble du système. Ce Comité est probablement beaucoup plus utile aujourd'hui qu'il ne l'était par le passé lorsqu'il portait presque exclusivement sur des questions administratives — et ce n'était pas toujours très exaltant.

Je crois qu'il est important également de savoir que les responsables des institutions de Bretton Woods participent à ces réunions et que nous avons, par conséquent, deux fois par an des réunions avec Michel Camdessus, avec Jim Wolfensohn, avec Ruggiero, ainsi qu'avec les responsables de toutes les institutions spécialisées.

La deuxième rubrique est liée à la gestion, à la qualité de la gestion. Comme vous le savez, nous nous sommes lancés dans un processus de réforme de notre système de gestion des ressources humaines, qui va probablement durer plusieurs années. Vous avez tous entendu parler de la lenteur et de la lourdeur de nos processus. Vous avez entendu parler des problèmes de moral du personnel subalterne.

( suivre)

- 4 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

Ce que nous voulons, c'est un réexamen approfondi de tout le système, de toutes les procédures — pour que nous ayons à la fois un système qui produise les compétences nécessaires, qui nous donne les moyens dont l'institution a besoin pour répondre aux défis actuels et futurs de l'Organisation, et qui permette également au personnel de faire une carrière satisfaisante. Nous ne sommes qu'au début de ce processus. Il nous faudra encore quelques années, je crois, avant de pouvoir refermer ce chapitre de la réforme.

C'est la même chose pour l'aspect budgétaire de la réforme. Comme vous le savez, l'une des principales recommandations du Secrétaire général concernait la transformation de la façon dont le budget est présenté et discuté à l'Assemblée générale — la budgétisation fondée sur les résultats, c'est cela que ça veut dire. Nous avons eu un premier échange avec l'Assemblée générale sur ces idées. On nous a demandé d'y retourner lorsque nous présenterons le prochain budget du prochain exercice biennal. Il continuera d'être présenté de la manière traditionnelle, mais illustrera en plus comment se présenterait une méthode de budgétisation différente dans au moins deux ou trois grands domaines du Secrétariat. C'est un processus qui prendra donc sans doute au moins un exercice biennal supplémentaire avant d'aboutir. Mais le processus est enclenché et nous y travaillons.

En ce qui concerne les mesures d'efficacité, je ne consacrerai pas beaucoup de temps à cette question. Je dirai simplement que dans les circonstances qui sont les nôtres aujourd'hui, nous devons trouver la souplesse et les ressources nécessaires pour faire face aux défis inattendus ou à un soudain accroissement de la demande, et ces mesures d'efficacité vont d'une simplification des processus à la mise en commun des services pour différentes unités du système. Je dirai que la recherche de mesures d'efficacité est un processus qui ne se termine jamais. Toutes les organisations cherchent à utiliser aussi bien que possible leurs propres ressources.

Ce qui est lié à cela évidemment, c'est la création de ce compte pour le développement, parce que le Secrétaire général a proposé d'affecter une partie des économies réalisées grâce aux mesures d'efficacité à un compte qui serait consacré au financement de projets pour les pays en développement. Cette proposition est toujours à l'étude à l'Assemblée générale. Il y a eu un certain nombre de discussions à ce sujet et je pense que nous y reviendrons en mars lorsque la Cinquième Commission reprendra l'examen des différentes questions.

Concernant les mandats limités dans le temps, c'est également une question qui est soumise à l'Assemblée. Là aussi, il y a eu plusieurs discussions. On en parle. Et il appartiendra à l'Assemblée de décider de ce qu'elle souhaite faire de cette proposition.

( suivre)

- 5 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

Ensuite, le renforcement des contrôles internes. Je dirai tout simplement que l'une des initiatives qui a précédé l'arrivée du Secrétaire général actuel, est la création du Service de l'inspecteur général. Je pense qu'après cinq ans, cette initiative a également fait ses preuves. Je crois que l'Organisation est beaucoup mieux équipée pour examiner et évaluer ces différents processus internes. Elle est mieux à même de faire des enquêtes lorsqu'il y a des accusations de fraude ou de mauvais fonctionnement. Et elle est beaucoup mieux équipée également pour apporter des améliorations et pour tirer les leçons des différentes évaluations qui sont réalisées.

Le troisième domaine où nous avons déjà quelques informations sur l'incidence de la réforme, est le rôle des Nations Unies dans le domaine économique et social, qui, comme vous le savez, est un des secteurs les plus dispersés de l'ONU. Il est dispersé pour ce qui est d'abord du nombre des services qui s'en occupent et également au niveau géographique. Un des principaux objectifs de la réforme consiste à faire en sorte que l'ONU puisse fonctionner de façon plus cohérente et plus unie. Et c'est dans le domaine économique et social qu'il est sans doute le plus nécessaire d'essayer de réaliser cette cohésion dans les activités de l'ONU.

Si vous regardez un peu ce qui se fait à l'ECOSOC depuis un an ou deux — c'est un grand service de l'ONU qui a souvent été critiqué pour ne pas jouer suffisamment le rôle que l'on est en mesure d'en attendre — vous verrez qu'il y a eu pas mal de changements depuis quelques années. Certains sont le résultat de notre propre travail au Secrétariat, où nous examinons les activités de l'ECOSOC et les appuyons de manière beaucoup plus intégrée. Il y a eu plusieurs cas de rapports à l'ECOSOC qui ont permis de réunir véritablement les différents secteurs du Secrétariat de l'ONU. Les Etats Membres, eux-mêmes, dans le même temps, ont pris certaines initiatives pour mieux préciser leurs propres discussions afin de pouvoir apporter à l'ensemble du système des directives plus précises. Vous êtes au courant de la réunion avec les institutions de Bretton Woods. Il y en aura une autre le 29 avril. La mise en place du débat consacré aux questions humanitaires dans les activités de l'ECOSOC également, qui est quelque chose de nouveau, a permis un bien meilleur dialogue entre les Etats Membres et les différents organismes humanitaires; ce qui permet, je crois, de recevoir d'excellentes indications de la part des Etats Membres pour les activités de l'ONU dans ce secteur.

En ce qui concerne le PNUE et Habitat — vous savez qu'un rapport par un groupe spécial avait été demandé par le Secrétaire général. Il est actuellement en cours d'élaboration. Vous avez certainement constaté à quel point Klaus Töpfer apporte une direction efficace au PNUE et à Habitat. Il y a eu certaines précisions notamment sur le mandat du PNUE et plusieurs simplifications ou améliorations administratives très intéressantes et utiles ont été apportées au sein du PNUE et d'Habitat. Cela a montré qu'au PNUE, comme ailleurs dans le système de l'ONU, on est vraiment décidé à changer les choses, à revitaliser l'Organisation.

( suivre)

- 6 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

Et en conséquence, le conseil d'administration du PNUE, qui s'est réuni la semaine dernière, a reçu très favorablement les recommandations de changement qui ont été présentées et traduites de manière très réelle, c'est-à-dire par un accord pour une augmentation des ressources accordées au PNUE. Je crois que c'est un bon signe.

Ensuite, les commissions régionales — là aussi, il s'agissait d'un domaine où des changements et des ajustements aux circonstances nouvelles étaient nécessaires. Toutes les commissions régionales sont passées par leur propre processus d'ajustement. Les Etats Membres ont récemment examiné ces commissions régionales en juillet à l'ECOSOC et ils ont donné un satisfecit pour les changements qui ont été apportés dans les commissions régionales. Nous sommes maintenant en train d'examiner la cohérence des mesures de l'ONU au niveau régional — c'est-à-dire la coordination et les liens qui existent ou n'existent pas entre les commissions régionales et les différentes instances régionales des divers organes de l'ONU. Pour ce faire, l'ECOSOC m'a demandé d'organiser des réunions au sein de chacune des commissions régionales — j'ai commencé à le faire il y a 15 jours à Genève — pour voir si nous pouvons améliorer la manière dont nous travaillons ensemble au niveau régional.

Le quatrième groupe a trait aux activités opérationnelles. Et je dirai que pour la vaste majorité des Etats Membres, il s'agit là sans doute évidemment de l'aspect de la réforme qui est le plus important, qu'ils peuvent voir et mesurer sur place car cela concerne la manière dont nous agissons sur le terrain, comment nous réagissons face aux situations d'urgence, comment nous appliquons nos programmes de développement. Le système des coordonnateurs résidents à été largement renforcé. Le coordonnateur résident joue aujourd'hui un rôle très important et il s'occupe de la totalité du système des Nations Unies. De la même façon, la recommandation concernant la mise en place d'un cadre commun d'aide au développement qui rassemble les différents fonds et programmes de l'ONU dans un cadre général. Nous avons lancé ces programmes dans 18 pays l'année dernière et nous en sommes actuellement à la première phase d'évaluation. Ce processus va maintenant être étendu à l'ensemble du système. Je crois que finalement, c'est la bonne manière de procéder. Ce qui nous semble intéressant, c'est que même si, dans un sens, cela ne concerne que les fonds et programmes qui présentent directement des rapports au Secrétaire général ou qui sont directement responsables vis-à-vis du Secrétaire général, en fait, dans bien des pays, les agences spécialisées — et dans certains cas, la Banque mondiale également — participent pleinement à ce processus. Nous sommes donc très heureux de la manière dont les choses évoluent. Et puis, bien entendu, il y a les Maisons des Nations Unies — où l'on essaie de rassembler toutes les entités des Nations Unies sous le même drapeau dans toute la mesure possible, et cela est très justifié d'un point de vue financier évidemment. Je pense que nous avons maintenant désigné 32 Maisons des Nations Unies.

( suivre)

- 7 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

Je ne dirai que quelques mots des réactions aux situations d'urgence, mais là aussi, nous agissons de manière plus cohérente, plus unifiée. La transformation de l'ancien Département des affaires humanitaires en Bureau du Coordonnateur s'est avérée être une véritable amélioration. C'est un rôle nouveau qui est fort bien assumé, à la satisfaction de toute la communauté humanitaire, d'ailleurs.

C'est un rôle qui a été fort bien rempli, à la satisfaction de toute la communauté humanitaire d'ailleurs. Un certain nombre d'améliorations notables ont été apportées au système, notamment une plus grande rationalité, une meilleure organisation dans les appels de fonds. Si ça vous intéresse, nous pourrons en parler plus tard.

De même, la manière dont nous traitons la consolidation de la paix après les conflits a toujours été un défi — comment nous rassemblons toutes les pièces? Là aussi, il y a eu un certain nombre d'améliorations à l'échelle du système, notamment des directives communes pour les représentants spéciaux du Secrétaire général, des précisions sur la manière dont ils sont en rapport avec la communauté humanitaire et du développement. En bref, dans ce domaine, on voit aussi une Organisation plus unifiée et plus cohérente.

Enfin, pour ce qui est du partenariat, vous aurez certainement remarqué que le Secrétaire général est quelqu'un de toujours très ouvert à l'égard des organisations non gouvernementales et de la société civile dans son ensemble. Mais il est également intéressant de voir comment les activités des différents organes de l'ONU s'ouvrent de plus en plus à des participants extérieurs. Le type de séance organisée dans le cadre de l'ECOSOC, par exemple, était fort rare il y a cinq ans encore. Ceci, je crois, est un signe d'une plus en plus grande ouverture.

Je voudrais dire quelques mots également à propos du monde des affaires. Le Secrétaire général avait indiqué qu'il voulait développer des liens entre l'ONU et le monde des affaires. Cela s'est fait par des contacts organiques avec des groupes tels que les chambres internationales de commerce, le Conseil des affaires pour le développement durable. Vous aurez pu constater qu'au Forum Dabos, le Secrétaire général a renforcé les contacts avec le monde des affaires et leur a proposé un pacte qui les engagerait à atteindre certains des objectifs fondamentaux de l'ONU.

Enfin, en ce qui concerne les sources de financement non traditionnelles, je crois que vous avez suivi la création de la Fondation à partir des dons de M. Turner. Voilà maintenant un an que cela fonctionne. La première année de financement a été entièrement attribuée. Nous espérons que ceci sera une première expérience qui servira à attirer d'autres contributeurs.

( suivre)

- 8 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

En conclusion, "la réforme est un processus et pas un événement" — cela vous dit quelque chose, mais c'est la réalité. Je crois que toute organisation en bonne santé doit toujours changer pour s'adapter aux réalités et aux défis auxquelles elle est confrontée. Ce n'est pas toujours nécessaire d'avoir un grand drapeau qui dit "réforme" pour savoir qu'il y a des changements positifs. Ces changements sont constants et cela continuera ainsi.

À cet égard, je voudrais simplement dire que l'Assemblée du millénaire devrait, nous l'espérons, être une nouvelle étape importante dans ce processus permettant à l'ONU de vraiment porter son attention sur les défis de l'avenir, donner à l'ONU les mandats et la structure et les ressources dont l'Organisation a besoin pour relever ces défis.

Question (interprétation de l'anglais) : Un des problèmes qui existe comme dans toute bureaucratie, au fil des ans, c'est la rivalité entre les institutions. Le Secrétaire général s'est-il penché sur ce problème? Comme nombre de ces agences sont plus ou moins autonomes, que peut faire le Secrétaire général?

La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l'anglais) : C'est pourquoi j'ai souligné l'importance fondamentale de ces mécanismes qui ont été mis en place dès le départ — la réunion du Groupe de hauts fonctionnaires chaque semaine, et les comités exécutifs. Chaque institution, il est vrai, en tout cas les fonds et les programmes, ont leur propre conseil d'administration; ils obtiennent les instructions des Etats Membres par cet intermédiaire. Mais il est possible d'établir une Organisation beaucoup plus cohérente, dans le même cadre constitutionnel.

Je crois que la clef de tout cela est d'avoir un partage d'informations beaucoup plus ouvert et faire de la place pour une harmonisation de la réflexion et des politiques. C'est à cela que servent ces réunions hebdomadaires. Cela fait une énorme différence. Quand vous pensez que par le passé, les chefs du PNUD et de l'UNICEF voyaient très rarement le Secrétaire général et ceux qui n'étaient pas à New York encore moins souvent. Ce n'est donc pas étonnant qu'il y ait eu un certain sentiment de rivalité, ou en tout cas de réel manque de dialogue. Maintenant, toutes les semaines, on se réunit tous autour de la même table. Ils peuvent être en contact avec le Secrétaire général. S'il n'est pas là, c'est moi qui préside la réunion.

Cela a complètement changé l'attitude du système des Nations Unies. Demandez à n'importe qui, on vous dira que c'est tout à fait net, tangible. Cela ne veut pas dire qu'on a réglé tous les problèmes de double emploi, de rivalité, de concurrence, mais il y a une différence considérable dans la façon dont nous sommes en rapport les uns avec les autres, et par conséquent, dont nous traitons les problèmes, dont nous faisons rapport au Conseil de sécurité, dont nous agissons sur le terrain, dont nous réagissons aux situations d'urgence.

( suivre)

- 9 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

Question : Nous avons lu dans différentes interventions de cette année plus d'une soixantaine de discours sur toutes les questions allant de l'ONG, la réforme, à la Cour pénale internationale. La question qui nous intéresse pour le moment, c'est le discours que vous avez prononcé à l'Institut canadien des affaires internationales de Toronto, où vous paraphrasez le Secrétaire général et dites que "les structures de la mondialisation doivent s'appuyer sur les valeurs et les principes". Au cours de ce discours vous avez dit "Je n'ignore pas que l'adhésion proclamée des Etats à ces normes est souvent hantée d'hypocrisie. Mais comme l'a dit La Rochefoucauld, l'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu. Qu'est ce que cela signifie?

La Vice-Secrétaire générale : Je pense que j'étais en train de décrire une réalité. Le défi de la mondialisation, c'est d'harnacher les forces qui peuvent être positives et qui peuvent aider fondamentalement au développement des Etats et au bien-être des individus, mais de le faire d'une façon qui soit respectueuse des principes. Et quand je parle de respect des principes, je parle du respect des droits des individus, des principes d'équité. On croit voir une mondialisation sauvage qui va garder à l'écart une grande partie de la population du monde. Et je pense qu'il y a un danger réel. Ce que l'on voit dans le phénomène de mondialisation à l'heure actuelle, c'est qu'il y a un écart de plus en plus grand entre certains pays ou certains groupes qui progressent et qui bénéficient énormément du phénomène de la mondialisation et de ceux qui sont de plus en plus marginalisés. Ce à quoi je faisais référence, c'était à ce principe qui est très cher aux Nations Unies, qui est d'introduire cette dimension d'équité, cette dimension de droits humains dans le développement, et dans la machine économique, pourquoi pas?

Question (interprétation de l'anglais) : Pouvez-vous me dire un peu plus ce qui se passe lorsque l'équipe de M. Paschke termine une enquête. Vous leur faites faire une enquête dans les trois mois qui suivent le délit, cela peut être un falsificateur de documents ou quelqu'un ayant un conflit d'intérêt à propos de publications.

Dans les affaires jugées, très souvent non coupables, un an ou deux ans plus tard, même si la personne est innocente, c'est très long comme délai, étant donné que ce n'est pas comme si l'enquête devait commencer à zéro, car une grande partie du travail a déjà été faite. La personne est suspendue mais continue de percevoir son traitement. Tout ce temps me semble être tout à fait excessif et les décisions sont hautement douteuses, étant donné ce que ces enquêtes ont montré.

La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l'anglais) : Je ne voudrais pas me prononcer sur la qualité des décisions prises ou sur les jugements prononcés. Je dirais qu'un système de justice — notre propre système judiciaire interne — doit être équitable et donc aussi rapide que possible. J'ai entendu beaucoup de plaintes dues au fait qu'il faut parfois beaucoup de temps pour que certaines questions soient réglées.

( suivre)

- 10 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

Il y a toujours un dilemme. Je l'ai constaté dans l'administration nationale également où le souci d'une bonne procédure, du droit d'appel, de réexamen s'inscrit dans les procédures judiciaires, entraînant des délais qui sont parfois extrêmement pénibles pour des personnes qui, finalement, seront déclarées innocentes.

Dans le contexte de la gestion des ressources humaines, je voudrais que l'on examine aussi le système judiciaire pour voir si on peut l'améliorer, le rendre un peu plus souple. Mais puisque vous m'avez interrogée sur ce qui advient du rapport de M. Pashke, puisque votre question a été formulée ainsi, je dirais qu'il s'agit d'individus; il y a des mécanismes d'obligation redditionnelle à l'égard des personnes. Mais il y a également un problème à l'échelle du système. Est-ce qu'on tire les leçons de tout cela? Est-ce qu'on adapte nos procédures pour un meilleur pouvoir de contrôle? Le fait est que c'est un rôle très important pour M. Pashke, et il est au moins aussi important de traiter de la question de la responsabilité individuelle pour s'assurer que nous avons un système qui évite la répétition de tâches. M. Pashke vous dira que le niveau de mise en oeuvre de ses recommandations est assez élevé et tout à fait comparable à ce qui existe dans une administration publique.

Question (interprétation de l'anglais) : L'Assemblée générale et ses Commissions, telles que la Cinquième Commission et d'autres, continuent-elles de "microgérer" la réforme?

La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l'anglais) : Il y a beaucoup de choses qui relèvent directement du Secrétaire général et qui ne sont pas confiées à l'Assemblée générale en vue d'une prise de décisions. Nous avons le devoir d'informer l'Assemblée et je crois que nous l'avons fait très fidèlement.

Il y a d'autres domaines où l'Assemblée générale doit prendre des décisions. Là, je crois qu'il faut une bonne compréhension entre le Secrétaire général et les États Membres sur les objectifs à long terme que nous cherchons à atteindre. Nous devons faire un bon travail en donnant aux États Membres une idée générale, et en retour, nous espérons pouvoir avancer sur l'ensemble des questions au lieu d'être bloqués par des détails.

Si on examine les rapports existants entre le Secrétariat et l'Assemblée générale sur ce genre de questions, ce n'est pas du tout différent de ce que vous pouvez trouver dans un pays entre le gouvernement et le Parlement. Il existe toujours des possibilités de discussion sur le niveau de contrôle, l'excès de contrôle et le niveau de gestion assimilable à la "microgestion". Je pense que c'est une relation dynamique.

( suivre)

- 11 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

Question (interprétation de l'anglais) : Est-ce que vous pourriez nous donner plus d'exemples où la réaction de l'ONU à des urgences est plus rationalisée? Vous avez cité le Bureau de la coordination des affaires humanitaires. Y a-t-il d'autres domaines où vous avez constaté la mise en oeuvre de ce genre de (inaudible)?

La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l'anglais) : J'ai parlé du Bureau de la coordination des affaires humanitaires car il a la responsabilité de réunir toutes les instances humanitaires. M. de Mello préside un Comité tout à fait unique dans le contexte de l'ONU — le Comité permanent interorganisations pour les affaires humanitaires — car il réunit tous les acteurs humanitaires de l'ONU mais aussi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), des organisations non gouvernementales et il a des liens avec la communauté des donateurs.

Lorsqu'il y a eu des améliorations, c'est surtout pour mettre en place des systèmes de coordination des actions humanitaires sur le terrain, acceptés par tous. Ainsi, en Sierra Leone, où nous avons été soudain confrontés à un grand défi, celui de répondre à des besoins humanitaires, une mission y a été dépêchée. Il existe un document d'orientation où tous les acteurs humanitaires du système des Nations Unies — et je pense que les ONG et les donateurs s'y associent spontanément. Nous savons donc mieux qui fait quoi et ce qu'on essaie de faire. En Afghanistan, nous avons également développé une approche concernant — je pense que nous avons du talent pour créer des titres ou des acronymes pas toujours utiles, car on essaie toujours de faire la même chose : trouver un modèle nous permettant de mieux travailler ensemble et agir effectivement avec les donateurs, les pays bénéficiaires, les ONG, ce que vous appelez .......(inaudible) ou un cadre stratégique pour certains pays.

C'est d'ailleurs l'aspect moteur — et probablement le plus fort — de la réforme. Je suis très encouragée par le fait que nous avons maintenant des réactions positives qui nous parviennent de certains de nos critiques, des pays donateurs, par exemple, qui ont demandé, depuis des années, à ce qu'on agisse avec plus de cohérence. "Essayez de travailler ensemble." Aujourd'hui, ils constatent qu'il y a une différence. Des ONG, qui sont nos partenaires sur le terrain, ont également constaté que nous travaillons mieux ensemble.

Question (interprétation de l'anglais) : Le Secrétaire général a dit, il y a deux mois, qu'il était temps de s'arrêter de "harceler" l'Organisation au sujet de la réforme et qu'il fallait la laisser reprendre son travail. Pourriez-vous nous parler des relations, en termes de réforme et d'initiatives, entre le Secrétariat et l'Assemblée. De façon réaliste, que reste-t-il à réaliser et quand pourrait-il se faire? Une budgétisation avec résultats et des échéances n'ont pas été bien accueillies par l'Assemblée. Je ne sais pas s'il est réaliste d'espérer la mise en oeuvre de ces aspects d'ici la fin de la cinquante-troisième session.

( suivre)

- 12 - DSG/SM/41 22 fvrier 1999

La Vice-Secrétaire générale (interprétation de l'anglais) : Il faut rappeler que la réforme n'est pas simplement une question de réductions. Lorsque le Secrétaire général a dit à plusieurs reprises que l'on a beaucoup réduit et qu'il ne faut pas penser uniquement à cet aspect du budget, cela ne veut pas dire qu'il n'est pas déterminé à continuer d'améliorer l'efficacité de l'Organisation. J'espère d'ailleurs que le but de cette rencontre est de montrer que ce qu'il s'est engagé à faire, il y a un peu plus d'un an, commence à donner des résultats. Il y a des questions qui ont été présentées à l'Assemblée générale et qui y sont toujours à l'examen.

S'agissant de budget basé sur des résultats, il faudra — et c'est compréhensible — plusieurs exercices biennaux pour que cela se concrétise. Dans le monde, il y a très peu de pays qui ont des budgets basés sur les résultats au sens strict du terme. Seuls quelques pays ont pu le réaliser. Je crois que nous pouvons tirer satisfaction du fait que la première présentation à l'Assemblée a été bien reçue, qu'elle a demandé à voir davantage et à développer plus largement ce concept pour le prochain examen. Nous espérons que pour l'exercice biennal 2002-2003, l'on pourra s'orienter vers une formule de budgétisation pleinement basée sur les résultats.

Question (interprétation de l'anglais) : Il existe des dizaines d'Etats Membres à qui l'on refuse le droit de vote à l'Assemblée en vertu de l'Article 19, et il y en a un, les Etats-Unis, qui doit plus de un milliard. Comment pouvez-vous espérer donner à l'Organisation une solide base financière avec un problème aussi répandu et aussi profond que celui du versement des contributions par les Membres ?

La Vice-Secrétaire générale : Si, par là, vous entendez que le fait que les Etats-Unis ont d'importants arriérés de paiement à l'Organisation a une influence sur notre engagement à l'égard de la réforme et de l'amélioration de l'Organisation, et si cela influence la vision réellement positive que l'on essaie d'avoir pour l'Organisation, et sur les ambitions que l'on peut avoir quant à son rôle potentiel — bien sûr que cela a une influence. Et je pense que le Secrétaire général l'a dit plus d'une fois, tout comme moi — cela a indubitablement une influence. C'est quelque chose que les États Membres devront régler entre eux.

Ce que je veux dire, c'est que si c'est un facteur, ce n'est cependant pas la seule chose qui compte. Il y a beaucoup d'autres excellentes raisons pour que le Secrétaire général et son équipe souhaitent continuer d'améliorer l'Organisation. Ce que nous faisons n'est pas uniquement fait en réaction ou même nécessairement en liaison avec des conditions créées ou avec l'existence d'un problème financier. Il y a je crois au Secrétariat un attachement à l'excellence, une détermination à faire ce que nous faisons avec les ressources dont nous disposons, et à le faire le mieux possible.

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